Vieilles Charrues, quelle croissance ?
Infographie – Ma dernière petite dataviz, comparant les entrées des principaux festivals musicaux en 2012, vous a semble-t-il plu. Je remets donc le couvert, avec cette fois un comparatif de la fréquentation du taulier de tous les festoches français, les Vieilles Charrues.
Infographie mise à jour le 20 juillet 2015 avec les chiffres de l’édition 2015.
L’analyse ci-dessous a été écrite avant l’édition 2013.
Le mastodonte breton prie les dieux de la pluie et du vent pour que la Bretagne soit épargnée, du 18 au 21 juillet. Son succès en dépend en partie, car à moins de trois semaines des hostilités, aucune journée n’est sold-out. Il faudra donc compter sur des coups de tête de dernière minute pour faire au moins aussi bien que l’an passé.
Malgré une croissance que l’on entend dire constante depuis ses origines, le festival a pourtant déjà connu des périodes de creux.
2001, les Charrues dans l’espace
Après des ventes exponentielles les années suivant sa naissance, il connaît son apogée en 2001. Le cru reste encore dans les esprits pour son affiche de rêve – Noir Désir, Les Têtes Raides, Ska P, Matmatah, – et la prestation exceptionnelle de Manu Chao jusqu’au bout de la nuit. L’humidité ambiante et les difficultés pour approcher les scènes n’enlèvent rien au spectacle, ponctué par un sensationnel feu d’artifice.
L’édition des dix ans ne dure que trois jours et constitue encore aujourd’hui un plus haut en terme de fréquentation à la journée.
Stagnation puis nouvel essor
Les quatre années qui suivirent ne sont pas du même tonneau. Étendu sur quatre jours, le festival accueille moins de public, même si il demeure le premier festival français. La jauge est réduite pour que les conditions de vie restent acceptables sur le site. Les événements sont de plus en plus nombreux dans la région et les Terre-Neuvas voisins semblent même, à terme, pouvoir contester cette suprématie régionale et nationale.
En 2006, pour ses quinze ans, le festival est allongé d’un jour. Johnny Hallyday remplit presque à lui seul la soirée du jeudi. Le succès est au rendez-vous et l’expansion est de nouveau en marche. Elle ne sera qu’à peine freinée par une édition 2007 en demi-teinte, en raison des annulations en série et à la pluie.
Avec des festivaliers abonnés au rendez-vous, une organisation de plus en plus rodée, toujours appuyée sur une armée de petites mains bénévoles et une stratégie de communication payante, qui s’adresse d’abord aux locaux, un second sommet est atteint lors d’un nouvel anniversaire, celui des vingt ans. L’ouverture des quatre scènes dès le jeudi (14 juillet) et la présence de Scorpions et Snoop Dogg aidant.
Néanmoins, l’équilibre financier peut chaque année être remis en cause, car ce sont les entrées qui financent principalement l’édition qui suit. Les cachets des artistes ayant tendance à augmenter et les normes de sécurité et d’hygiène étant de plus en plus contraignantes, l’avenir n’est jamais assuré pour l’association des Vieilles Charrues.
Les chiffres sont issus du blog non officiel des Vieilles Charrues, qui tient la compta des entrées depuis de nombreuses années maintenant.
Petite correction, Muse était là le jeudi soir de l’édition 2010, et non pour les 20 ans qui ont eu lieu en 2011.
C’est corrigé, merci Nico. Pour être tout à fait précis, les 20 ans c’était en 2012, la 20e édition en 2011.
Graphique mis à jour. Pour rappel, il s’agit des entrées totales.
En 2014, dans le détail, ça donne 225.000 entrées totales, 175.000 payantes (seuil de rentabilité estimé à 170.000 par les orgas), soit 15.000 places payantes de plus qu’en 2013.
On dit merci Stromae, merci les Arctic Monkeys aussi (pour le vendredi puis le samedi).
Reste que le festival a fait mieux à 5 reprises si on compare les moyennes de remplissage par jour.
En considérant que le festival a pris sa vraie dimension à partir de 1998 en déménageant à Kerampuilh, l’édition 2014 se classe 6e sur 17. L’édition 2013 était 12e ex-eaquo sur 17.
Ce bilan comptable ne saurait refléter l’évolution de la qualité de la programmation, même si on peut estimer qu’il y a des relations entre les deux. C’est évident. Mais ça va mieux en le disant.