Voilà, le travail bâclé de la Caf
En octobre, la Caisse d’allocations familiales (Caf) a mis en ligne une websérie publicitaire qui met en scène six jeunes gens évoluant entre un canapé de salon et un bar américain. Quatre épisodes de 3 min 45 sont sortis sans grand tapage. C’était oublier le mauvais esprit des internautes qui, vicieux, ont fait remonter les vidéos jusqu’à nous.
J’attendais le versement de mes APL, demandées depuis juillet, quand la Caf s’est invitée chez moi par l’entremise d’une URL. Tout heureux de dépenser quelques minutes de mon temps, à défaut de dépenser quelques sous de mon compte, j’ai assisté au fabuleux spectacle offert par la websérie Voilà. Bien conscient qu’un tel divertissement ne pouvait pas disparaître comme tant d’autres dans les tréfonds de Youtube, j’ai décidé de vous en faire profiter.
À mi-chemin entre les meilleurs programmes de NRJ12, la crème des productions d’AB et les publicités à sketch de la Maaf, Voilà est le résultat d’une collision entre une institution éloignée de ses bénéficiaires et une agence radine en bonnes idées.
Remplie de stéréotypes, la série fait passer le casting de Koh-Lanta pour un reflet fidèle de la société française. Entre l’ado geek et voyeur portant une GoPro autour du cou, le semi-dément sur roulettes à la chemise aussi improbable que la coiffure, l’apprentie NKM fan d’électro, le comédien raté transi du petit chaperon rouge et la cosplayeuse qui se rêve en conseillère robotisée, la galerie de personnages est aussi improbable que le lieu du tournage : un appartement témoin Ikéa, dans lequel les bouteilles de bière n’ont pas d’étiquette.
Ces gens vivent-ils dans notre dimension ?
Voilà, comprendre vois-là, c’est-à-dire “ne regarde pas ici, mais là-bas, sur le site de la Caf”, n’a aucune prétention pédagogique. Comme la messagerie vocale rayée de toute bonne administration surchargée, la série rabâche que pour connaître ses droits, il faut “faire une simulation sur Caf.fr”. Pour des réponses sur les retards de versement chroniques de la Caf, on attendra.
Cette impayable parodie, qui se rapproche plus de Yolo que de Friends, est portée par des dialogues que l’on imagine avoir été rédigés par un somnambule en mode écriture automatique. Remarquez que l’incroyable rebondissement de l’épisode 4, (une mise en abyme digne de la Vache Qui Rit), qui nous apprend que la série est écrite et tournée par le détraqués big brother de 17 ans, offre au moins une perspective d’éclaircissement.
Il ne manque plus que les rires enregistrés pour sublimer ce chef-d’œuvre de mauvais goût. Gageons que les réalisateurs de Trinity Films Renaud Chabert et Frank Willocq y penseront pour la prochaine saison.
Le sujet me passionne et fera dorénavant figure de référence !