« Peine avant l’heure », « objets d’une traque d’État », « laboratoire de la répression », « épée de Damoclès », les mots choisis par les militant·es de Bure pour décrire la répression qu’iels subissent sont forts. Pourtant, ils semblent justifiés au regard de l’ampleur de ce qu’iels subissent : écoutes téléphoniques massives, interdiction de se contacter entre proches, lutte permanente contre l’intériorisation des contraintes du contrôle judiciaire tout en se méfiant de tout pour ne pas finir en prison comme un de leurs camarades a pu l’expérimenter pendant quatre mois à partir du 19 juillet 2019.
Une tribune récente de militant·es de Bure, « Pour que cesse le confinement de nos luttes et de nos amitiés », essaie de donner du sens à ce que signifie pour une personne d’être interdite de contacter ses proches, obligée de prévoir l’ensemble de ses déplacements pour éviter de se croiser, etc. Ce mardi 19 mai, trois militant·es de Bure interdit·es de rentrer en contact entre elleux ont participé à une discussion en direct sur Facebook, un geste symbolique fort qui, on l’espère, n’aura pas de répercussions judiciaires.
La doctrine d’Etat qui consiste à ne pas laisser de nouvelles Zad s’installer durablement annoncée par Edouard Philippe en 2018 se confirme. On se souvient de l’expulsion du bois Lejuc à Bure, en février 2018, puis de la destruction d’une partie de la Zad de Notre-Dame-des-Landes en avril de la même année. Plus récemment, l’Amassada a été expulsée le 8 octobre 2019 et la Zad de la Dune le 8 avril 2020 pendant le confinement. Que faire quand la répression s’abat sur les militant·es et nous enlève nos lieux d’organisation et de lutte ?
En attendant de trouver des réponses à cette question complexe, n’oublions pas de soutenir les militant·es qui subissent la répression judiciaire. Voici une liste loin d’être exhaustive :
L’Amassada appelle à soutiens pour un procès le 10 juin à Rodez suite à des interpellations lors d’une manifestation de réoccupation.
La Zad de la Dune appelle à organiser et à souder nos réseaux dans la solidarité, selon son communiqué.
Le collectif Intersquat de Lyon rappelle que de nombreuses procédures d’expulsions sont toujours en cours.
Le site Zad Nadir recense de nombreux articles dans sa rubrique anti-répressions.