Le nouvel album des Daft Punk Random Access Memories était l’un des albums les plus attendus de l’année. Attendu est un mot faible d’ailleurs, fantasmé serait plus approprié. Huit ans que les fans attendent le successeur de Human After All, huit ans !
L’impatience était d’autant plus énorme que les chroniqueurs des sites web qui ont eu l’occasion d’écouter le CD sont pour la plupart clairs : “C’est l’album de l’année”. Avant de sortir, l’album est déjà un mythe. Un teaser d’une trentaine de secondes au festival Coachella dévoile le premier extrait de l’album : Get Lucky. On y voit Pharrell Williams (NERD), le très chic Nile Rodgers, ainsi que nos deux robots préférés à la section rythmique (c’est un remake de Robot Rock non ?). Alors que vaut-il cet album après ce boucan ?
J’ai envie de dire “tout ça pour ça !”. Attention je ne dis pas que l’album est mauvais, non. Juste qu’il n’est pas si exceptionnel que ça. Certes les invités font rêver : Gonzales, Nile Rodgers, Pharrell Williams, Panda Bear (Animal Collective) ou encore Julian Casablancas. Mais mince, pourquoi sous-utiliser tout ce petit monde ? Le cas-ablancas par tout y est… Sauf la folie des Animal qui fait tout leur charme. C’est dommage, on aurait bien aimé voir les Daft bousiller les oreilles de leurs auditeurs à la Radiohead, genre “on s’en fout, on est les Daft Punk, on a fait nos preuves et maintenant on fait ce qu’on veut en changeant de tempo toutes les deux secondes”.
Pour le reste de l’album RAS. On apprend juste que les Daft Punk savent faire dans le slow robotique (Within, The Game of Love et Touch), qu’ils veulent faire revenir le funk et les costumes à paillettes à la mode (Beyond, Lose Yourself to Dance et Get Lucky) Mais non, au lieu de ça on a affaire à une chanson très plan plan. Signalons quand même deux titres épiques Giorgio by Moroder et Contact, où on a réellement le droit à des montées d’adrénaline électro rock digne de ce nom.
Bref, on sort avec une demi molle de ce Random Access Memories, plus basé sur l’organique que l’électronique et où les seules manifestations des Daft Punk sont des voix vocodées immondes. Par pitié les gars, arrêtez ça, ou si l’un d’entre vous a subi une trachéotomie dites-le, je serai sans doute plus compatissant. Les deux furies épiques Contact et Giorgio by Moroder sauvent un album d’un duo qu’on a connu plus inspiré. Cet album est surtout un mashup entre Albator (pour les mélodies futuristes) et du disco, des styles à la mode il y a – au bas mot – trente ans.
Par moment, je n’ai pas eu l’impression de chroniquer le même Random Access Memories que les autres journalistes, sur lequel ils s’astiquent. À croire qu’ils étaient obligés, selon un contrat de treize pages en anglais, de dire du bien de l’album. Ce Random Access Memories est loin de ce que Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo peuvent faire, parce que ce groupe reste (qu’on l’aime ou pas) le duo électro le plus connu du monde, celui qui a réussi à faire naître des vocations dans ce genre musical en France, qui est pour le meilleur ou le pire, l’une des scènes les plus en vue de l’électro mondiale.
Random Access Memories, un mashup entre Albator et du disco – La Déviation