L’IUT de Lannion va-t-il cuire à l’étouffée ?

Hervé Chuberre est représentant du personnel (SNPREES-FO) à l’IUT de Lannion. Professeur de physique à l’Enssat, il nous explique les raisons de l’entretien sollicité auprès de la sous-préfète, Christine Royer, et du rassemblement organisé simultanément sous ses fenêtres, le jeudi 25 octobre 2018.

L’avenir de l’Institut universitaire de technologie trégorrois s’écrit en pointillés. L’établissement public fait les frais d’une politique austéritaire qui devrait s’amplifier. Rennes 1, dont il dépend, a été placé sous tutelle du rectorat, et donc du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche dirigé par Frédérique Vidal, à cause d’un déficit atteignant 2,8 millions d’euros cette année.

Un plan social à Rennes 1

Ce jeudi, le conseil d’administration de l’université a validé le plan de retour à l’équilibre présenté par son président David Alis. Il prévoit la suppression de 120 postes, dont 28 enseignants-chercheurs, sur un total de 3.300 personnels, d’ici la rentrée 2021. La masse salariale représente 213 millions d’euros sur un budget de 283 millions.

Yann Le Page, secrétaire de la CGT-Ferc, calcule même que 274 postes seront économisés, grâce au non renouvellement de contractuels.

« Cette amputation fait suite au plan de 100 suppressions de postes en cours depuis 2016 » et s’ajoute « à la baisse de 25 % sur les cinq dernières années des crédits affectés par l’université aux formations et laboratoires de recherche, et prévoit une baisse supplémentaire de 15 % alors que, sur la même période, le nombre d’étudiants ne cesse d’augmenter (+ 12 %) », renseigne l’intersyndicale, qui organisait également un rassemblement dans la capitale bretonne.

Dans une interview accordée à Ouest-France, David Alis demande un soutien financier du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche pour payer les fonctionnaires et rénover le parc immobilier de l’université.

Menace sur le DUT journalisme

Les conséquences se feront particulièrement sentir à Lannion. Selon la trajectoire dessinée par le PREQ, en septembre 2019 et par comparaison avec la rentrée 2015, l’IUT aura perdu 13 % de ses personnels. Dans le même temps, les dotations versées par l’université auront baissé de près de 50 %.

Six postes d’enseignants-chercheurs sur 70 pourraient disparaître en 2019 (8,6 % de l’effectif), plus trois postes non-enseignants sur 36 (8,3 %).

Certaines filières sont déjà fragilisées. Le département information-communication a perdu trois maîtres de conférence en quelques années, d’abord gelés, puis supprimés. Il pourrait encore voir partir trois contractuels et un professeur d’anglais.

Le DUT journalisme vient pourtant d’être confirmé comme l’une des quatorze formations nationales reconnues par la CPNEJ, au même titre que l’ESJ Lille, le Celsa ou le Cuej. Avec Cannes, Lannion est la seule école à recruter des étudiants en journalisme au niveau bac. Un choix revendiqué par les enseignants, qui y voient une manière d’apporter de la diversité dans une profession où la reproduction sociale joue à plein.

Département de sciences sociales isolé dans une université qui se tourne de plus en plus vers les sciences dites dures. Campus situé dans une petite ville éloignée des lieux de pouvoir dans un contexte de métropolisation. Le particularisme lannionnais semble aujourd’hui en grand danger, à cause du tarissement de ses ressources.

L’Enssat, l’école d’ingénieurs de Lannion qui dépend de Rennes 1, est également concernée. C’est pourquoi la prochaine assemblée générale sera commune aux deux établissements, après les vacances de la Toussaint. Encouragés par la sous-préfète, la délégation compte élargir sa recherche de soutiens locaux en contactant les industriels locaux, tels que Nokia ou Orange.

Disclaimer
L’auteur a étudié pendant trois ans le journalisme à l’IUT de Lannion. Il y intervient aujourd’hui comme vacataire d’enseignement.

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