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“Être original et faire découvrir des artistes rares”

Rock FanchLa huitième édition des Indisciplinées se tient à Lorient jusqu’au 10 novembre. Le festival accueille entre autres Christophe, Fauve, Colin Stetson, Dominique A ou encore Rone. J’ai rencontré pour l’occasion Thierry Houal, programmateur du festival.

Avant de commencer, peux-tu nous faire un rapide historique des Indisciplinées ?

C’est la huitième édition d’un  festival, dont la première correspondait aux dix ans de l’association MAPL (qui gère le Manège et les Studios de répétition à Lorient).  Le festival, historiquement concentré sur l’Espace Cosmao Dumanoir, a évolué peu à peu d’une programmation assez grand public vers des esthétiques plus ciblées et vers les artistes émergents tout en restant ouvert à tous les publics.

La configuration a évolué aussi  avec la volonté de ne pas rester figé sur une formule trois soirs dans une grande salle avec ses trois têtes d’affiches et d’aller à la rencontre de tous les publics sur l’ensemble du territoire de l’agglomération lorientaise.

Quelle est la programmation de cette huitième édition ?

On s’étend un peu et nous investissons d’autres lieux, mais nous démarrons au Manège avec un grand nom des musiques expérimentales : Colin Stetson et un espoir tout droit venu de Manchester : MONEY qui vient de faire une première partie remarquée de Alt-J à l’Olympia.

Thierry Houal - Crédits Le Télégramme - Régis Nescop 2010
Thierry Houal, programmateur des Indisciplinées – Crédits Le Télégramme – Régis Nescop 2010

Nous serons accueillis pour la première fois au Théâtre du Strapontin à Pont-Scorff avec  un spectacle rare de Dominique A. Puis, retour au Manège pour deux soirées : l’une épique avec le hip-hop aventureux de Ghostpoet et de Young Fathers et l’autre dantesque avec les très très attendus A Place to Bury Strangers,  Wall of Death et les Lorientais de Death Engine.

Ensuite nous entamerons un beau week-end avec nos traditionnelles soirées à Cosmao Dumanoir avec notamment, le vendredi 8 novembre, une soirée placée dans les mains de grands espoirs français : FauveGriefjoy, Superpoze et The Lanskies.

Le lendemain le samedi 9, soirée electro pop de haut niveau avec Wampire, Is Tropical, Aluna Georges et Rone. Mais aussi le dimanche 10  un après-midi en famille après le traditionnel  déjeuner dominical au Théâtre du Blavet avec Panique au Bois Béton et le soir un mythe de la chanson, Christophe qui suscite beaucoup d’engouement.

Sans oublier les concerts concoctés par Jean-Baptiste Pin au Galion (Tigerbells et Cherry Bones) pour le festival Off.

Quels sont tes coups de cœurs pour cette année ?

Il y en a beaucoup, mais je dirais que j’ai une affection particulière pour Wampire et Young Fathers, mais aussi les Lorientais Death Engine et  Noir Statues, vainqueur du tremplin.

Comment se construit une telle programmation ? C’est au coup de cœur ou alors tu suis plutôt les programmations de ce qu’il se passe ailleurs en même temps que vous (Festival des Inrocks par exemple) ?

Beaucoup de paramètres entrent en ligne de compte. L’actualité bien sûr, et il est vrai que le festival des Inrocks mais aussi le Pitchfork aux mêmes périodes nous offrent quelques opportunités. Cela reste marginal. Cette année, deux ou trois artistes sont concernés et surtout des artistes en développement.

A contrario, nous ne pouvons pas aujourd’hui lutter sur certains autres points avec ces festivals. La très grande partie de la prog’ se fait tout de même indépendamment. Pour donner un exemple récent, l’an dernier par exemple Alt-J était programmé bien avant qu’ils soient prévus aux Inrocks. Il y a des artistes à ne pas louper et des groupes sur lesquels on insiste énormément et d’autres sur lesquels on est à l’origine d’une tournée française.

Si les groupes sont là, c’est qu’artistiquement ils présentent un intérêt.

Pour construire la programmation, au-delà des aspects financiers et promotionnels, on aime tous les groupes présents et s’ils sont là c’est qu’artistiquement ils présentent un intérêt de ce point de vue-là.  C’est très important d’essayer d’être original et faire découvrir des artistes rares sur scène…

Nous essayons de nous positionner en amont de l’actualité : proposer des concerts que le public n’aura pas vus sur les festivals en été ou dans les salles au printemps précédent. Il arrive très fréquemment de faire l’impasse sur un groupe très porteur ou qu’on adore pour ces raisons et de miser plutôt sur de futures pépites.

Thierry, tu es aussi programmateur pour la salle du Manège. Comment vient la décision de mettre un groupe à l’affiche des Indisciplinées plutôt qu’à un concert au Manège ?

On essaye d’être cohérents entre les deux lieux, voire les trois, puisque pour la diffusion nous avons un troisième espace aux Studios. Sur le festival, clairement, nous programmons surtout les artistes étrangers ou les artistes que nous ne pourrions pas faire sur une saison classique du Manège.

Nous pouvons nous permettre des “gros” artistes, mais aussi des beaucoup plus petits qui ne font que les festivals hors Paris. De l’autre coté, la renommée des Indisciplinées rejaillit sur le Manège, à la fois en termes d’exposition, de vivacité et d’appel d’air pour le public. Le festival permet de faire passer à grande échelle un discours tourné vers l’émergence et le développement d’artistes qui est notre quotidien à MAPL, à la fois sur la diffusion, l’accompagnement et l’ensemble du projet.

Cette année deux monstres de la chanson française (Christophe et Dominique A) viennent en solo dans des lieux plus intimes (Théâtre du Strapontin et Grand Théâtre), ça fait deux grosses prises dans des concerts qui se veulent unique… Ça doit forcément faire plaisir, non ?

Je suis un grand fan depuis toujours de Dominique A et il n’était jamais venu sur les Indisciplinées. C’est donc une grande joie de l’accueillir, qui plus est sur un projet comme Y Revenir.

Christophe, c’est un honneur. Il a un parcours assez exceptionnel et ce qui le prouve ce sont les retours que l’on a  déjà. Je n’ai jamais entendu autant de réactions enthousiastes sur un artiste programmé au festival et ce de la part de toutes les générations.

On retrouve un tremplin à  l’affiche au Manège, il te semble important de valoriser la scène locale ?

Nous le voyons comme un vecteur pour mettre l’accent sur notre scène locale. On peut le voir comme un énième tremplin, mais cela resta aujourd’hui plus que jamais une opportunité réelle pour les groupes de se produire dans des conditions professionnelles.

Aucune différence dans l’accueil entre un groupe débutant et un groupe réputé.

Nous ne faisons d’ailleurs aucune différence dans l’accueil entre un groupe débutant et un groupe réputé. Nous repérons aussi régulièrement des artistes que nous ne connaissons pas.

Les Indisciplinées se déroulent dans divers lieux à Lorient (Manège, Espace Cosmao Du Manoir et Grand Théâtre), ainsi que dans les localités environnantes (Pont-Scorff et Inzinzac Lochrist). Le festival doit rayonner sur tout le bassin lorientais selon toi ?

Complètement, il est essentiel de créer un dynamisme et d’engager des partenariats cohérents avec les autres structures du territoire,  de créer du lien  autour du festival et d’aller à la rencontre de tous les publics et de ne pas se cantonner à proposer des concerts dans une salle dans la ville-centre.

On retrouve aussi divers styles musicaux (rock, rap, électro…) mais aussi un spectacle pour enfants, c’est important d’inclure tous les publics dans le festival ?

Le festival est identifié sur “pop électro, hip-hop rock”, mais c’est une définition de principe, et en réalité aucun style n’est exclu. Il y a cette année le retour du metal, non parce que c’est la mode, mais parce qu’il y a une vraie scène française pleine d’audace et d’énergie et  d’inventivité.

Et spectacle pour enfant, et bien oui les musiques actuelles concernent tout le monde. Les Stones ont 70 ans, le hip-hop 35 ans. Au festival il y a des grands-parents, des parents et donc forcément des enfants.  Que l’on puisse proposer des spectacles (création d’artistes du pays de Lorient et spectacle proposé en partenariat avec Les Salles Mômes et le Trio..s, Soul Béton puise dans les musiques urbaines et décrit un univers contemporain) qui correspondent sociologiquement à tout un pan de la population est important. Le succès de ces après-midis en est la preuve.

Peux-tu aussi nous parler du blog “Les Résidents” le blog qui regroupe divers webzines (Bikini Mag, Les Imposteurs…) sur le thème des Indisciplinées ?

L’idée de ce blog est de rassembler les initiatives  pertinentes et de qualité, d’entités et personnes prescriptrices en Bretagne pour offrir une surface d’expression communautaire autour du festival qui ne soit pas lisse. De gagner ainsi en épaisseur en proposant un regard critique et esthétique réel en complète autonomie.

Un rêve pour les années à venir en termes de programmation ?

Beaucoup trop. Mais puisqu’on rêve, c’est surtout d’être un jour un passage obligé pour les artistes en devenir…

Un scoop pour Rockfanch ?

Fauve évidemment, très attendu,  présentera pour une des premières fois dans l’ouest des morceaux de son prochain album

Consultez la programmation des Indisciplinées 2013 sur notre site.

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« Les Ogres de Barback nous ont directement contacté »

Le Pont du Rock détient l’une des plus belles programmations du grand Ouest. Chaque scène a sa pointure. Tenez plutôt : Kavinsky pour l’électro, Wax Tailor pour le hip-hop, Arno côté rock, Les Ogres de Barback pour la chanson française et The Bellrays pour le soul-punk.

C’est injustement que le festival, qui se déroulera les 26 et 27 juillet à Malestroit dans le Morbihan, reste dans l’ombre des plus grands, malgré son ancienneté. Tout ça pourrait bientôt changer. Interview de son programmateur, Tony Brulé.

Pourrais-tu nous raconter rapidement l’histoire du plus ancien festival breton de l’été, le Pont du Rock ?

Tout commence par un pont. Celui du 15 août 1989. Une bande de potes décident de secouer la torpeur de leur village, le Roc-Saint-André (à environ 10 km de Malestroit) en organisant un festival. Ils fondent une association, Les enfants du Roc’k en hommage à l’émission du même nom, diffusée sur Antenne 2 dans les années 1980.

Le festival se déroule au Roc-Saint-André jusqu’en 1992. Après deux années sans, il réapparaît en 1995 à Malestroit, avec la fusion de deux associations : Les Enfants du Roc’k et Malestroit Arts et Culture pour créer Aux Arts Etc., qui organise le festival jusqu’à aujourd’hui.

Le Pont du Rock au Grand Journal de Michel Denisot (détournement) - La Déviation
Mais non ! Le Pont du Rock n’a pas besoin de reconnaissance parisienne pour exister. (détournement chopé sur Facebook)

Comment le Pont du Rock a-t-il réussi à tenir aussi longtemps ?

Si le festival continue à exister, c’est par la motivation de nos membres et de nos bénévoles. On est des passionnés de musique et on continue à prendre énormément de plaisir à organiser notre festival.

Peux-tu nous présenter la programmation ?

Cette année, on a voulu mélanger des artistes confirmés comme Olivia Ruiz, Arno ou Wax Tailor à des groupes moins médiatisés. On a également voulu équilibrer la soirée du vendredi avec celle du samedi.

Le vendredi avec Wax Tailor, Kavinsky, Stupeflip et Breton entre autres, on n’avait jamais réussi jusque-là à caler une telle soirée et le samedi on a également une très belle prog’ avec Olivia Ruiz, Les Ogres de Barback, Arno et Féfé par exemple. On est très fiers de tous les groupes calés et pour nous, chaque groupe a été pleinement choisi. Il n’y a pas eu de choix par défaut.

Le visuel de cette année nous annonce une affiche rugissante. Qui, pour toi, est digne d’un tigre sur l’affiche ?

Le tigre cette année irait bien aux Jim Jones Revue, étant donné leur sauvagerie sur scène, un pur moment de Rock’n Roll.

La troisième scène c’est une manière pour vous de vous faire un peu plaisir en programmation avec des coups de cœurs ?

Le côté découverte nous a vraiment motivé et c’est pour ça que l’on a ajouté cette troisième scène sous chapiteau, car depuis quelques temps nous étions un peu frustrés de ne pas pouvoir caler certains groupes, faute de place.

Des groupes comme Birth of Joy, The Struts ou Little Trouble Kids n’auraient pas pu être programmés s’il n’y avait pas eu ce chapiteau.

En parlant de coups de cœurs, quel est LE groupe que tu attends de pied ferme cette année à Malestroit ?

Pour l’édition de cette année, j’ai déjà vu presque tous les groupes sur scène à part Carbon Airways, donc je dirais eux, même si tous les autres sont bons sur scène, ce qui est aussi un critère dans nos choix.

Souvent, les têtes d’affiche étrangères arrêtent leur tournée aux Vieilles Charrues.

Quelles sont les difficultés pour mettre en place une programmation comme la vôtre ?

Les difficultés pour notre programmation viennent en partie de notre date (26 et 27 juillet, NDLR), car beaucoup de têtes d’affiche étrangères ne sont pas en tournée fin juillet. Souvent, elles arrêtent leur tournée aux Vieilles Charrues et pour ceux qui y sont encore, ils jouent au Paléo Festival en Suisse le même week-end que nous.

Souffrez-vous de la concurrence des autres festivals et si oui, comment ?

Avec les autres festivals bretons, cela se passe bien, en général on réussit y à s’arranger.

La journée du vendredi était déjà vraiment bien… Et vous nous annoncez Kavinsky et Breton pour enfoncer le clou, pas mal non ?

Oui, on a eu de la chance de pouvoir caler ces deux artistes, même si cela nous à pris un certain temps, on voulait bien clôturer notre programmation et je pense que l’on y est parvenu.

L’association a-t-elle d’autres activités que le Pont du Rock sur l’année ?

Dans l’année, on organise le tremplin pour le festival, car pour nous, il est nécessaire de pouvoir aider un jeune groupe à se faire connaître.

Un scoop pour RockFanch ?

Pour l’édition de cette année, ce sont les Ogres de Barback qui nous ont directement contacté pour venir jouer et depuis le temps que l’on voulait les faire, on était assez flattés qu’ils nous choisissent.

Découvrez toute la programmation du Pont du Rock 2013.

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“Quand on s’ennuie, on remixe des titres qu’on aime”

La France n’a pas que Mireille Mathieu et les Daft Punk qui s’exportent à l’étranger. Colt Silvers, dont l’album Red Penda est sorti en mars, commence à se faire un nom en outre-Rhin, où son indie rock à tendance électro est salué. Colt Silvers voyage comme ils nous font voyager. Le groupe revenait de la Grande Muraille de Chine quand Nicolas, alias Liet, le bassiste, nous a répondu. Y étaient-ils allés caresser les pandas ?

Pourquoi ce nom de Colt Silvers ?

Je ne sais plus… haha. Évidemment, c’est une référence à l’homme qui tombe à pic. On est fans. On préfère cette orthographe différente pour le côté cinéma, l’argent ajoute du danger. Le “Colt”, c’est le revolver certes, mais aussi le poulain. On est fascinés par les chevaux. On aime bien faire revenir ces thèmes, en clin d’œil.  Silver Horses, c’est notre pamphlet sur l’album, le titre qui nous définit en opposition. Dans le clip d’As We Walk, Tristan met fin à ses jours avec un Colt argenté. Mais il n’y avait pas de balles dedans, hein.

Comment s’est formé le groupe ?

On s’est rencontrés au Festival du film fantastique de Strasbourg il y a cinq ans. Les premières discussions tournaient autour des zombies et de l’électro. On avait eu d’autres projets avant, chacun de son côté. Mais celui-là est passionnel, on s’aime vraiment.

Quelles sont vos influences ?

Notre influence majeure est le cinéma. On est très sensibles à l’image et l’imaginaire. Les films de Spielberg, Aronofsky, Gondry… L’année dernière on a créé un ciné-concert sur Blade Runner, c’était comme s’attaquer à un monstre pour nous. On aime les mélodies grandioses, qui te transportent. Sur Red Panda, on a eu recours à des orchestrations et des arrangements classiques pour certains titres. Après, tout ça est mêlé à notre background rock. On a grandi avec les sons de The Cure, Depeche Mode, Bowie, Peter Gabriel… puis on a écouté Daft Punk, The Faint, TV On The Radio…

Je ne sais pas si la France est exclusive, mais en tout cas, nous, on ne l’est pas.

Vous venez de Strasbourg, c’est rare de voir un groupe éclore là-bas. De la scène alsacienne on ne connaissait que Matt Pokora nous ?

Tu oublies Cookie Dingler là ! Ecoute, on espère que ça va se généraliser, et on fait tout pour au sein de notre label Deaf Rock Records, qui est plutôt un collectif quand on y pense. On essaye de faire les choses bien, entre potes, mais de manière professionnelle. Ça fait 3 ans maintenant qu’on en vit. Il se passe vraiment des trucs cool à Strasbourg, il y a énormément de bons groupes qui ne demandent qu’à exploser.

Le truc aussi ici, c’est qu’on joue sur les deux tableaux, il y a l’Allemagne juste à côté et on y tourne beaucoup, notre musique marche à fond là-bas. Alors je sais pas si la France est exclusive, mais en tout cas, nous, on ne l’est pas. Ça commence à bien prendre et ce n’est que le début on espère.

Vous aimez les pandas ?

Red Panda Network - La Déviation
On en profite pour faire un signe de la patte à tous nos lecteurs pandas. Ne lâchez rien !

On a un peu bloqué sur le panda roux, qui est une espèce vraiment à part. Plus proche du raton-laveur que du panda en fait. On aimerait en avoir un, mais c’est impossible. On est en contact avec le Red Panda Network, et on a fait apparaître une femelle du zoo d’Amnéville dans As We Walk. C’était super long à tourner, elle était super timide. Le soigneur l’attirait près du crâne, lentement, avec des grains de raisin. On était fascinés.

De quels groupes français (ou étrangers) vous sentez-vous les plus proches musicalement parlant ?

On se sent très proches de 1984, on se retrouve sur beaucoup de points dans notre façon d’écrire. On a d’ailleurs écrit le titre Youth avec Étienne, le chanteur. De manière plus générale, on aime l’approche des Shoes, très esthétique. Woodkid aussi, même si on n’a toujours pas écouté l’album. Et plus simplement, on a toujours aimé Daft Punk, Phoenix, Air…

Les Inrocks ont dit de vous que vous étiez la “Réponse française à Alt-J”, que pensez vous de cette comparaison ?

Alt-J, c’est très, très différent quand même. Mais on aime beaucoup leur album, alors tant mieux. Je trouve ça plus justifié pour Foals à la limite.

Vous avez même remixé leur titre Breezeblocks. Comment vous est venu l’idée ? Vous êtes fans du groupe ?

Quand on s’ennuie, on aime remixer des titres qu’on aime. Breezeblocks est super catchy, avec cette vibe hip-hop, mais ce chant qui reste très mélancolique. On voulait creuser.

Un scoop pour Rockfanch ?

As We Walk n’est pas le seul clip qu’on a tourné ce mois-ci !

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Random Access Memories, un mashup entre Albator et du disco

rock-fanch-banniere-miniLe nouvel album des Daft Punk Random Access Memories était l’un des albums les plus attendus de l’année. Attendu est un mot faible d’ailleurs, fantasmé serait plus approprié. Huit ans que les fans attendent le successeur de Human After All, huit ans !

L’impatience était d’autant plus énorme que les chroniqueurs des sites web qui ont eu l’occasion d’écouter le CD sont pour la plupart clairs : “C’est l’album de l’année”. Avant de sortir, l’album est déjà un mythe. Un teaser d’une trentaine de secondes au festival Coachella dévoile le premier extrait de l’album : Get Lucky. On y voit Pharrell Williams (NERD), le très chic Nile Rodgers, ainsi que nos deux robots préférés à la section rythmique (c’est un remake de Robot Rock non ?). Alors que vaut-il cet album après ce boucan ?

J’ai envie de dire “tout ça pour ça !”. Attention je ne dis pas que l’album est mauvais, non. Juste qu’il n’est pas si exceptionnel que ça. Certes les invités font rêver : Gonzales, Nile Rodgers, Pharrell Williams, Panda Bear (Animal Collective) ou encore Julian Casablancas. Mais mince, pourquoi sous-utiliser tout ce petit monde ? Le cas-ablancas par tout y est… Sauf la folie des Animal qui fait tout leur charme. C’est dommage, on aurait bien aimé voir les Daft bousiller les oreilles de leurs auditeurs à la Radiohead, genre “on s’en fout, on est les Daft Punk, on a fait nos preuves et maintenant on fait ce qu’on veut en changeant de tempo toutes les deux secondes”.

daftpunk_saintlaurentPour le reste de l’album RAS. On apprend juste que les Daft Punk savent faire dans le slow robotique (Within, The Game of Love et Touch), qu’ils veulent faire revenir le funk et les costumes à paillettes à la mode (Beyond, Lose Yourself to Dance et Get Lucky) Mais non, au lieu de ça on a affaire à une chanson très plan plan. Signalons quand même deux titres épiques Giorgio by Moroder et Contact, où on a réellement le droit à des montées d’adrénaline électro rock digne de ce nom.

Bref, on sort avec une demi molle de ce Random Access Memories, plus basé sur l’organique que l’électronique et où les seules manifestations des Daft Punk sont des voix vocodées immondes. Par pitié les gars, arrêtez ça, ou si l’un d’entre vous a subi une trachéotomie dites-le, je serai sans doute plus compatissant. Les deux furies épiques Contact et Giorgio by Moroder sauvent un album d’un duo qu’on a connu plus inspiré. Cet album est surtout un mashup entre Albator (pour les mélodies futuristes) et du disco, des styles à la mode il y a – au bas mot – trente ans.

Par moment, je n’ai pas eu l’impression de chroniquer le même Random Access Memories que les autres journalistes, sur lequel ils s’astiquent. À croire qu’ils étaient obligés, selon un contrat de treize pages en anglais, de dire du bien de l’album. Ce Random Access Memories est loin de ce que Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo peuvent faire, parce que ce groupe reste (qu’on l’aime ou pas) le duo électro le plus connu du monde, celui qui a réussi à faire naître des vocations dans ce genre musical en France, qui est pour le meilleur ou le pire, l’une des scènes les plus en vue de l’électro mondiale.

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« Des noms un peu fou, comme DJ Serpent Noir Sarkozy »

Une plage, du bon son et (parfois) du beau temps, en pleine Franche-Comté ? Aux Eurockéennes de Belfort bien sûr. Pour ses 25 bougies, le festival s’étend sur quatre jours, du 4 au 7 juillet. 100.000 festivaliers sont attendus pour réitérer le record de l’an dernier. Les grands noms des nineteens seront accompagnés par une solide scène française, même si les Eurocks jouent face à plus forts qu’eux, comme nous l’explique sans langue de bois son programmateur Kem Tatot.

Comment as-tu réussi à monter la programmation des 25 ans des Eurockéennes ?
Pour monter une affiche de festival, ça prend une année, voire un peu plus, notamment pour les têtes d’affiches, où là on commence les tractations avant d’avoir fini la programmation de l’édition en cours. Donc oui, c’est quasiment le travail d’une année complète.

On a aussi un travail de recherche que l’on fait pour les programmations. Des artistes qu’on préfère attendre de programmer l’année suivante parce qu’on pense qu’ils sont trop jeunes, on attend de les voir évoluer, ou simplement parce qu’on a d’autres priorités à ce moment-là.

kem-lalotAvez-vous souffert de la concurrence des festivals en face de vous ?
La concurrence vient principalement de deux gros festivals : le Rock Werchter (Belgique) et le Roskilde Festival (Danemark) ce week-end-là, qui sont deux énormes poids lourds européens. Ce sont eux qui choisissent les dates des artistes et aussi ceux qui les intéressent. Après, tous les autres festivals comme le Beauregard, les Eurockéennes ou le Hove en Norvège prennent un peu ce qu’il reste.

La notoriété des Eurockéennes est établie désormais depuis 25 ans, on existe dans la tête des agents, des groupes, qui du coup viennent facilement chez nous. Ça vient plutôt d’histoire de routing ou de gros sous lorsque certains groupes ne viennent pas. L’affiche peut aussi faire la différence et décider certains groupes à venir au final en voyant les groupes programmés à leurs côtés. Blur, on a le fait qu’ils soient déjà venus, donc ils nous connaissent. Mais l’affiche leur plaisait également.

L’ajout d’un quatrième jour c’est juste pour cette année ou ça va être durable ?
Pour le moment, ce serait juste pour les 25 ans. Un cadeau qu’on fait aux festivaliers avec un forfait au prix abordable (129 € le pass quatre jours, NDLR). A priori on est parti juste pour cette année, mais si ça se passe bien pourquoi ne pas adopter la formule par la suite.

Pourquoi le choix du Mexicain sur l’affiche ?
inrocks-mexicainC’était pour clôturer un triptyque qu’on avait commencé avec des personnages rebelles ou révolutionnaires sur l’affiche. On a eu Mohamed Ali l’an passé, c’était d’ailleurs une photo assez particulière,  prise pendant un combat au Nigeria. Et là pour finir le triptyque on a choisi Zapata. De plus, la photo nous plaisait bien parce qu’on a l’impression qu’il est habillé de manière très actuelle.

Tu pourrais nous présenter la programmation dans ces grandes lignes ?
C’est très difficile ! J’ai du mal à en parler comme ça juste en sortant des groupes. L’idée c’était vraiment d’avoir une affiche éclectique ce qui est de mise sur chacune de nos éditions. Cette année, pour les 25 ans, on a une tendance à programmer des groupes qui ont marqué les années 1980–1990 comme Blur, Jamiroquai ou les Smashing Pumpkins.

On essaye toujours d’un autre côté d’être moderne dans les choix des groupes et peu importe leur style. On a tout de même une tendance en ce moment à revenir dans le old school, comme un groupe qu’on a programmé The Strypes, un groupe anglais qui sonne très seventies malgré leurs seize ans de moyenne d’âge. À les écouter on se croit avec les Yardbirds ou les Stones d’il y a quarante ans. C’est incroyable de voir les jeunes repartir comme ça.

Un coup de cœur dans la programmation ?
Impossible d’en dire un seul… Je peux en citer un par jour si tu veux. Le jeudi ce serait Gary Clark Jr, un bluesman d’Austin qu’on a découvert au South by Southwest et qu’on a pas pu faire venir l’an dernier parce que c’était un peu compliqué. Du coup on est vraiment ravis de l’accueillir cette année, certains le voient comme le nouveau Hendrix, ce qui est selon moi un peu exagéré mais sur scène c’est incroyable et il envoie du gros son !

Le vendredi ce serait plutôt Trash Talk, un groupe de hardcore de San Francisco, qui a la particularité d’être signé sur un label hip-hop avec Odd Future, qui sont des amis à eux. Selon moi, c’est inratable pour les fans du genre, parce que ça va être une des grosses sensations de l’année.

Le samedi on a Valérie June une américaine qui fait un mélange de country et de soul dans la veine du  groupe Alabama Shakes, qu’on avait programmé l’an passé à Belfort.

Enfin, le dimanche on aura le groupe Neurosis qui me tient beaucoup à cœur parce que ça fait depuis 2001 et mon arrivée aux Eurockéennes que j’essaye de les programmer. Ce groupe a vraiment révolutionné la scène metal dans les années 1990, ils ont débarqués avec un son nouveau avec des riffs très lourds et lancinants. On ne sort jamais indemne leur concert. Ils clôtureront la scène de la Plage le dimanche et j’en suis ravi.

Des projets spéciaux de prévus pour les 25 ans ?
Non, ce sera plutôt le quatrième jour où on aura certainement des guest qui viendront pour jouer avec des artistes mais là on travaille dessus actuellement. On a aussi un projet assez fun qui s’appelle le Club des Justiciers Milliardaires d’Abidjan, c’est une réunion d’artistes de la scène ivoirienne. Ils ont pris des noms assez fous pour réaliser ce projet comme DJ Serpent Noir Sarkozy par exemple. Ils ont bien délirés pour faire ça, ce sera vraiment fun. Mais autrement on a pas de projet spécial 25 ans à part entière.

La Plage à Pedro c’est un projet qui s’est monté suite à la tempête de l’an dernier ?
Oui, tout à fait. On avait monté ce projet l’an passé avec Pedro Winter. Il y avait un line up bien précis avec des groupes électro mais pas que… On est plutôt sur une soirée avec les coups de cœurs de Pedro Winter. On a vu toute la programmation avec lui et ça aura lieu de 18h30 à 3 heures du matin avec Dinosaur Jr, un groupe de grunge, mais aussi de l’électro comme Kavinsky et Cassius.

On fait aussi ainsi un gros clin d’œil aux dix ans du label Ed Banger de Pedro. C’est quelqu’un qu’on apprécie beaucoup, un musicien français qui est un passeur de sons hors pair avec une grosse culture musicale.

Comment est venue l’idée du retour des anciens gagnants du tremplin ?
En ce moment on bosse sur une nouvelle formule de notre opération tremplin appelée Repérages. On a dû le mettre en stand-by cette année pour préparer ce projet qui est ambitieux. On a eu besoin de bien voir les choses avant de le lancer en septembre 2013.

Après on s’est dit que c’était dommage de n’avoir aucun groupe régional sur les 25 ans avec l’absence de tremplin. Du coup on a eu l’idée de regarder dans le rétroviseur des tremplins depuis dix ans et de prendre quatre groupes (Electric Electric, Chapelier Fou, Oy et Yules) qui sont passés chez nous avant. Voir ce qu’ils ont pu faire comme bonhomme de chemin, soit en trouvant un tourneur, en signant un album ou en jouant à l’étranger.

Justement en parlant d’Electric Electric vous avez déjà essayé de programmer leur projet en quadriphonie « La Colonie de vacances » avec aussi Pneu, Marvin et Papier Tigre ?
C’est trop compliqué pour nous de faire ça aux Eurockéennes, ça demande une installation complexe. On aurait pu le faire à un moment donné, mais ça aurait voulu dire leur laisser une scène pendant trop de temps de préparation pour monter la Quadriphonie pour leur montage… et on ne peut malheureusement pas se le permettre.

Les Eurockéennes font partie de l’association « De Concerts ». Est-ce qu’il y a une  sélection de groupes faites au sein de l’association ?
Chaque année tous les festivals se réunissent et on propose tous deux groupes qui nous paraissent essentiels mais ce n’est pas forcément des groupes français. On va plutôt au coup de cœur. Après on met ça sur une base de données et chaque festival peut aller puiser s’il le souhaite des infos sur ces groupes… et ensuite on sélectionne entre un, deux… voir sept ou huit projets pour certains ! C”est une bonne manière de faire circuler des infos et découvrir des groupes.

Quels sont les groupes proposés par les Eurockéennes cette année ?
On a proposé Art District (présent aux Répérages l’an dernier) et JC Satan.

Un scoop pour Rockfanch ?
Je pense que ce sera lors du concert de la Plage à Pedro qu’on aura le plus de surprise, mais pour le moment rien n’est défini, c’est surtout dans sa tête en fait !

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This is not a Love Song festival, la Route du Rock comme modèle

On connaissait de Nîmes son festival au cœur d’arènes. Voici qu’il faut maintenant compter avec un nouvel rendez-vous très alléchant. This is not a Love Song, festival indé, investira la nouvelle salle Paloma du 22 au 25 mai. Son directeur Fred Jumel nous dessine l’affiche.

D’où est venue l’idée de créer ce festival ?
L’idée est née de la rencontre entre les membres de Paloma et l’association Come On People, nous étions fans des mêmes groupes et nous sommes très vite projetés sur ce que nous pourrions monter ensemble avec l’arrivée d’une nouvelle salle sur Nîmes.

Fred Jumel, directeur de Paloma, la nouvelle salle de concerts de Nîmes métropole dédié aux musiques actuelles.
Fred Jumel, directeur de Paloma, la nouvelle salle de concerts de Nîmes métropole dédié aux musiques actuelles.

Au niveau de la programmation, nous sommes séduits depuis de nombreuses années par des festivals comme le Primavera à Barcelone, La Route du Rock à Saint-Malo et aussi plus récemment par des événement comme le Pitchfork à Paris.

Nous étions cependant convaincus qu’un festival « à taille humaine » restait le meilleur moyen d’apprécier des groupes exceptionnels : pas trop loin de la scène, avec une bonne qualité acoustique, dans un environnement ludique, entre amis avec une ambiance « bon enfant ». Un festival qui ne se prend pas au sérieux, qui ne se revendique pas comme LE nouveau défricheur de « talents », mais capable de présenter autant nos nouveaux coups de cœur, curieux et insolites, que les références attendues mais néanmoins exceptionnelles de la musique Indie.

Pourquoi ce nom de This is not a Love Song ? Un hommage au groupe Public Image Limited (PiL) ?

C’est une blague, nous ne savions pas quoi mettre, nous avons établi des listes de noms tout aussi décalés les uns que les autres. Nous cherchions des titres d’albums qui nous avaient marqué, des morceaux qui font référence sans être convaincu de ce que nous listions. Puis This Is Not A Love Song est sorti, comme ça tout seul, en référence à PiL évidemment, mais aussi pour le sens que cela évoque. On a trouvé ça drôle et l’avons gardé.

Peux-tu nous présenter la programmation de ces quatre jours de festival ?

Quatre jours présentés comme une année test mais déjà ambitieuse, une programmation de rêve, originale et explosive avec du lourd et du très lourd, des groupes indé de la scène électro, hip hop, pop, rock et folk. Une touche de fraîcheur dans les festivals qui mise sur la nouvelle scène indé, avec des groupes émergents ou confirmés.

Une grande salle, un club, un patio à ciel ouvert, de la bière fraîche, un rosé pamplemousse, quelques grillades et des artistes comme Égyptian Hip Hop, Connan Mockasin, Death Grips, Animal Collective, The Intelligence, Nick Waterhouse, Amon Tobin, Birth of Joy, Miles Kane, Dinosaur Jr, Jesse Boykins III, Guards, TNGHT, Daniel Johnston, The Breeders, Fauve, La Femme et bien d’autres encore !

Un coup de cœur dans les artistes ?

Pas facile, nous sommes un collectif et chacun aura ses propres coups de cœur, ils seront tous différents, mais pour ma part ce sera Hanni El Khatib, TNGHT, Death Grips, Nick Waterhouse, The Intelligence…

Pour la construction de la programmation avoir la Villette Sonique et le Primavera le même weekend ça été un avantage ou un inconvénient ?

Nous n’avons pas choisi cette période par hasard, beaucoup de groupes sont présent en Europe fin mai et permettaient de proposer un choix affiné de ce que nous avions envie de porter. Ce n’est donc pas un inconvénient, charge à nous d’articuler la programmation artistique, la manière de la poser, de la présenter différemment, pour avoir notre propre identité et de ne pas ressembler aux autres propositions.

Des souhaits de programmation pour les années qui viennent ?

My bloody Valentine, The Cure, et … non je blague ;-)

Un scoop pour Rockfanch ?

Nous sommes en train de travailler sur un contest skate qui pourrait se dérouler sur le parvis devant Paloma en journée, ça va rouler !

Rock Fanch

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« On va de plus en plus entendre parler de Gaël Faye »

La programmatrice du Bout du Monde, Marie Clavier, nous commente l’affiche du festival, version 2013, qui se tiendra les 2, 3 et 4 août. Entre jolies prises, telles que Ska-P, Jacques Higelin ou Kool & The Gang, belles promesses comme Watcha Clan ou Gaël Faye et projets avortés, à l’image de Tracy Chapman, Dionysos et Damon Albarn. Où l’on apprend, entre les lignes, que Rokia Traoré, “l’une des plus belles voix de l’Afrique de l’Ouest”, présente le 19 juillet aux Vieilles Charrues, sera du voyage. Mais chut… Interview.

Pouvez-vous nous présenter l’affiche 2013 du festival du Bout du Monde ?

Cette année, pour sa quatorzième édition, le Bout du Monde reste fidèle à ce qu’il a toujours été : un lieu de métissage et de rencontres, un festival où se côtoient les grands noms de la scène internationale et de belles découvertes des quatre coins du monde.

Ainsi, on pourra retrouver des géants de la scène française : Jacques Higelin ou Cali, également un grand nom du blues de Chicago, le groupe Taj Mahal, les papes disco-funk de Kool & The Gang, les espagnols de Ska-P, qui reviennent à la charge suite au mouvement des Indignés, les papis du reggae d’Israël Vibration, etc.

Autant de grosses pointures qui côtoieront des pépites telles que les Marseillais de Watcha Clan qui symbolisent la fusion alternative entre cultures du monde et électro, jungle, des voix féminines aussi envoûtantes que marquées comme Sandra Nkaké, digne descendante de Nina Simone ou Myriam Makeba, Amparo Sanchez, ancienne chanteuse d’Amparanoïa, amie de Manu Chao, qui redonne ses lettres de noblesse à la chanson espagnole, Yasmin Levy, israélienne émouvante et charmeuse…

Côté projet spécial, Manu Dibango et Cheick Tidiane Seck présenteront un programme spécial « Hommage au Mali », projet qui fera sens au regard de la situation actuelle de ce pays d’Afrique de l’Ouest. Enfin, et la liste n’est pas exhaustive, bien au contraire, il y aura une création entre le franco-congolais Ray Lema et l’Orchestre symphonique universitaire de Brest, projet jusque là inédit, qui rassemblera pour l’occasion plus de 80 musiciens sur scène !

Il y a t-il des changements par rapport à l’édition 2012 ?

Nous restons sur les mêmes bases que les années précédentes : la capacité d’accueil ne change pas, on reste à 20.000 personnes par jour, soit 60.000 en trois jours, afin de garder une taille humaine et conserver la convivialité qui caractérise l’événement ! Chacun doit être accueilli dans les meilleures conditions, les améliorations sont donc de l’ordre de l’offre faite aux festivaliers !

Cette année, on agrandit les structures de repos couvertes avec tables et bancs, on reconduit la proposition de mise à disposition de casques de protection auditive pour les enfants, on proposera aussi un bar à yaourts (avec Malo). On a noté que l’offre d’une restauration alternative a beaucoup de succès auprès de nos festivaliers (bar à soupes lancé en 2011, bar à fruits en 2009…).

Des coups de cœur dans cette programmation ?

Oui, une formation canadienne qui oscille entre afrobeat, soul, funk et jazz, The Souljazz Orchestra, un groupe qu’on voit peu en Europe et qui est le fer de lance d’un mouvement musical particulièrement brillant et inventif, basé sur une section de cuivres ravageuse, des claviers et basses vintage… ça risque d’être un grand moment. Il y a aussi le brésilien Criolo, adoubé par Caetono Veloso, ce chanteur est un ancien éducateur des rues de Sao Paolo, qui s’est mis au hip-hop pour arriver peu à peu à un slam chaloupé, inspiré des rythmiques et musiques brésiliennes (bossa, samba…). C’est très très bien produit et l’instrumentation est inventive et vraiment très belle et très variée. Le concert est donc très prometteur !

A vrai dire, nous programmons vraiment au coup de cœur, donc tous les artistes invités cette année ont fait l’objet d’un choix tout particulier et nous sommes vraiment ravis de les accueillir… c’est donc difficile de n’en retenir que quelques uns !

A la sortie du festival 2012 on avait parlé de Tracy Chapman, Dionysos ou de Damon Albarn. Était-ce seulement des rumeurs ou il y a eu des contacts ?

C’étaient des envies des organisateurs, mais cela n’a pas pu se concrétiser. Damon Albarn est un musicien qui connait très bien la scène musiques du monde, particulièrement les musiciens africains et c’était ça qui nous intéressait… mais cette année, il ne tournera qu’avec Blur ! Pour Tracy Chapman, la prise de contact était très avancée, mais elle a dû annuler toute sa tournée en Europe ! Dommage ! Nous n’abandonnerons pas et réessayerons à l’avenir ! Nous sommes assez tenaces de ce côté-là !

L’an dernier vous avez sorti Asaf Avidan avant tout le monde. Un coup de cœur à nous faire découvrir dans la programmation ?

Je pense qu’on va de plus en plus entendre parler de Gaël Faye, le MC franco-burundais, membre du groupe Milk Coffee and Sugar, il a un parcours très intéressant… déraciné du Burundi dans sa jeunesse, il a outrepassé le choc de l’exil pour en faire sa force et sa marque de fabrique. Sa musique est énergique, percutante, marquée par plusieurs cultures et les arrangements sont très réussis. En effet, il sait particulièrement bien s’entourer : Guillaume Poncelet a signé ses arrangements (Ben L’Oncle Soul, Electro Deluxe, Beat Assailant), il a collaboré avec Oxmo Puccino ou Hocus Pocus, etc.

Comment s’organise le festival pour trouver des têtes d’affiche. Vous voyagez beaucoup ?

Nous nous rendons à beaucoup festivals : Printemps de Bourges, Transmusicales, Babel Med, et surtout, nous écoutons énormément d’albums et suivons de très près l’actualité discographique. Nous sommes aussi sensibles aux conseils, ou recommandations diverses et variées qu’on peut recevoir, cela va du mail de festivalier à la discussion autour d’un café avec des amis. A vrai dire, nous ne nous limitons pas du tout et ne nous interdisons rien !

Pouvez vous nous parler des créations de cette année avec Ray Lema et Lyannaj notamment. Comment se sont mises en place ces rencontres ?

En ce qui concerne le projet avec Ray Lema, il a été présenté en 2009 au Brésil, à l’occasion de l’année de la France au Brésil. Son répertoire a été arrangé pour l’Orchestre de Sao Paolo. Plusieurs années après, nous avons rencontré sa manageuse qui nous a parlé du projet incidemment… Ray Lema, installé en France, souhaitait vraiment monter ce programme avec un orchestre français. En parallèle, nous sommes très sensibles aux initiatives locales et à ceux qui font bouger la Bretagne… c’est le cas de l’Orchestre Universitaire de Brest, dirigé par Jean-Philippe Brun, que nous connaissons bien et qui est très actif par chez nous. Nous avions aussi l’envie de faire jouer un symphonique sur la scène du festival depuis très longtemps ! Toutes les conditions étaient donc rassemblées pour prendre ce pari un peu fou !

La création Lyannaj-Névé est née de la rencontre entre des musiciens bretons, dont Hervé Le Lu et des musiciens Guadeloupéens. Ils ont décidé de fusionner les cultures du fest-noz et du lewoz pour une album.

Vous connaissez des festivals découvertes de world music à l’instar des festivals rock et électro qui ont les Transmusicales par exemple ?

Babel Med à Marseille !

J’avoue que j’ai pas tout compris au niveau de l’artiste “fantôme” du vendredi, c’est une affaire d’exclu par un gros festival, c’est ça ?

Oui, en fait, ce qu’on peut dire, c’est que c’est une des plus belles voix de l’Afrique de l’ouest ; elle sort un nouvel album et a beaucoup d’actu. Effectivement, un festival voisin ne souhaite pas que nous communiquions dessus avant le 20 juillet. Il souhaitait une exclusivité, nous avons réussi à la faire sauter à la condition de ne pas dévoiler le nom avant fin juillet. Nous déplorons ce genre de procédé, mais il était important pour nous de présenter cette artiste cet été, nous avons du nous incliner. No comment !

Est ce qu’un tremplin pourrait voir le jour à Crozon pour le Bout du Monde ?

Par forcément, cela implique une logistique particulière… Par contre, dans le cadre du soutien de la Fondation Orange, un vote va être mis en place autour de la thématique « voix du monde ». Plusieurs artistes seront en compétition et seront soumis au vote en ligne par les festivaliers. L’artiste retenu se verra offrir 5.000 € de soutien pour la création et la diffusion de sa musique.

Concernant les trois derniers noms de l’affiche. Ils seront annoncés quand ?

Quand nous aurons finalisé la programmation ! Nous souhaitions attendre un peu pour annoncer et valider certains artistes, car nous avions des envies et des projets mais souhaitions les voir en live avant de les programmer… ça ne tardera pas !

Des souhaits de programmation pour les années à venir ?

En 2012, le groupe américain Pink Martini avait dû annuler sa venue… on aimerait beaucoup les voir revenir pour une tournée européenne, qui pourquoi pas, passerait par la presqu’île de Crozon ? Et puis, Tracy Chapman, qui représente vraiment l’artiste qui plairait à tous nos festivaliers, sans exception… mais nous sommes tenaces et patients ! L’espoir est permis !

Découvrez la programmation du festival du Bout du Monde en un seul coup d’œil ici.

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