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Une douzaine sur les ondes #2 – spécial Cannes

Une fois Cannes débarrassée des images de son tapis rouge, du Grand Journal et des yachts plaqués or, on parle enfin de cinéma. Si un média peut mieux que tout autre délaisser les dorures pour traiter vraiment du 7e art, c’est bien celui qui stimule l’imaginaire, c’est bien la radio. Voici ce qu’il ne fallait pas rater de la douzaine cannoise sur les ondes.

La meilleure initiative web touchant au festival n’est pas sonore, mais elle est due à Radio France. Le groupe public a dépêché les dessinateurs Catherine Meurisse (à La Déviation, on l’aime bien) et Erwann Surcouf sur la Croisette pour qu’ils croquent les scènes de la vie médiatique cannoise. Un reportage dessiné dans les coulisses, à l’image du travail réalisé par Mathieu Sapin pendant la campagne présidentielle. Erwan Surcouf avait déjà collaboré avec Boulet pour couvrir le festival 2012 dans les mêmes conditions. Ses anciens dessins sont visibles sur son blog.

Pour avoir parcouru les mêmes chemins cannois que Meurisse et Surcouf, sans y trouver plus qu’eux ma place, je peux vous garantir que leurs dessins touchent juste. Les scènes cocasses décrites ne sont même pas caricaturales, tant ce festival offre à chaque coin de couloir des situations qui sortent de l’ordinaire. Leur travail se savoure sur ce site, par ordre chronologique et complété par des tweets de festivaliers, eux aussi souvent bien sentis. La meilleure trace à garder de ce grand cirque. À moins que vous ne préfériez les billets quotidiens d’Antoine Guillot sur France Culture.

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Le cinéma inspire souvent les réalisateurs… de radio. Ainsi, cette liste d’émissions au noms évoquant des films, proposée par Le Transistor.

Les archives d’Arte Radio nous permettent de faire un bon dans le passé. Encore faut-il savoir que les reportages d’Arte ont une décennie, car les indices sont minces pour le deviner. Les photo-amateurs sur escabeau qui n’ont pas mis les pieds dans une salle obscure depuis trente ans, les professionnels du cinéma qui se plaignent de la piètre qualité du marché, les critiques qui se souviennent, nostalgiques, du temps où Cannes était une fête avant d’être une salle des ventes géante, etc. Tous sont encore présents aujourd’hui. Cannes, serait-ce éternellement mieux avant ?

Depuis 2003, Arte a semble-t-il lâché l’affaire de la radio pendant le festival pour se concentrer sur le nautisme.

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Parmi les émissions qui parlent de cinéma à la radio, on ne peut pas zapper Le Masque et la plume, émission créée neuf ans après le premier festival de Cannes, c’est-à-dire il y a 58 ans !

Le concept des chroniqueurs qui éparpillent les sorties de la semaine façon puzzle a fait des petits chez les cinéphiles. Je citerai en priorité Extérieur nuit, chaque mercredi, à 20 h, sur Radio Campus Paris. L’occasion de faire un clin d’œil à cette radio associative étudiante qui fête cette semaine ses quinze ans.

Ses chroniqueurs iront peut-être un jour sur Télérama Radio pour opérer le même exercice, dans l’émission Séance tenante, dont plusieurs numéros ont été réalisés pendant Cannes 2013.

Petite annonce : cherche le nom d’une émission entièrement consacrée aux sorties cinéma, écoutée par hasard à Bruxelles, un début d’après-midi, en décembre, sur une radio associative aux moyens limités (la diffusion avait été interrompue soudainement, puis le top horaire de 14 h avait été remplacé par celui du 21 h). L’émission, très longue, interminable même, valait autant par la passion de ses chroniqueurs que par leur savoureux accent. S’agissait-il de Radio Alma, Radio Panik, Radio Campus ou d’une autre station ? Merci d’éclairer ma lanterne. #passérieuxsabstenir

Petit détour par les alpages pour finir. Vous aurez le plaisir de découvrir l’émission Chinese Theater sur la RTS. Catherine Fattebert revient sur des films qui ont marqué leur art, chaque samedi et dimanche. Un très bon prétexte pour réviser l’Histoire. Ce dimanche, c’est “The Servant”, de Joseph Losey, qui est à l’honneur.

Cette chronique reprendra son format normal dimanche prochain. En attendant, si vous me lisez de nuit, n’oubliez pas d’allumer France Info pour écouter sa bande son spéciale musique de films !

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L’art de Catherine Meurisse

Connaissez-vous Catherine Meurisse ? Non ? Allez un petit effort… Vous avez peut-être déjà croisé son nom dans les pages de Charlie Hebdo et d’autres titres car elle est dessinatrice de presse. Parallèlement, elle réalise des publications en solo ou en collaboration, à l’image de l’édition anniversaire 2010 du Petit Larousse, en illustrant des mots de la langue française. 

En 2008, elle fut saluée par ses pairs pour Mes hommes de lettres, une bande dessinée qui met en scène les grands noms de la littérature française avec une certaine dose d’humour. EN mars 2012, elle est revenue avec un nouvel opus toujours autant bourré de talent. Cette fois-ci le bébé se prénomme Le pont des Arts et revient sur les relations parfois amicales, passionnées ou tumultueuses, qu’ont pu entretenir peintres et écrivains français à travers différentes époques.

Le pont des Arts © Catherine Meurisse

C’est ainsi qu’au fil de ces 110 pages, nous sommes amenés à croiser un Charles Baudelaire en pleine visite guidée nous apprenant la différence entre un chef-d’œuvre et une croûte, plus loin nous saurons enfin pourquoi le vol de La Joconde a fait gagner un poème à Guillaume Appolinaire. Marcel Proust, Pablo Picasso, Denis Diderot, et j’en passe, sont également du voyage.

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Divertissante et enrichissante, cette BD ne se veut pas élitiste, loin de là, c’est justement un moyen efficace de s’instruire pour éviter les biographies fleuves de grandes figures françaises ou la file d’attente devant le musée.

Catherine Meurisse, tout en gardant son style, a reproduit avec soin de nombreux tableaux (Le bain turc d’Ingres, Impression, soleil levant de Claude Monet, Un enterrement à Ornans de Gustave Courbet). L’idéal est de lire l’une des dix histoires présentes et de pianoter ensuite sur son ordinateur le nom des œuvres rencontrées au cours de sa lecture pour en savoir plus, les comparer avec les traits de la dessinatrice.

À la fin de la bande dessinée vous trouverez également un index des personnalités citées pour ne pas se perdre durant la visite. Le pont des Arts, un véritable concentré d’anecdotes pour enfin briller au Trivial Pursuit et remporter ce fichu camembert marron.

Le Pont des Arts, Catherine Meurisse, Éditions Sarbacane, 2012, 19,90 €.

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