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Fabrice Nicolino témoigne contre les pesticides

Dans « Pesticides : Révélations sur un scandale français », paru en 2007, Fabrice Nicolino, journaliste pour Charlie Hebdo, revenait sur l’exploitation des découvertes chimiques de la Seconde Guerre mondiale par l’agriculture intensive.

Plus de cinquante ans après les révélations de la scientifique américaine Rachel Carson, les dangers des pesticides pour la santé n’empêchent pas leur utilisation massive, en particulier en Bretagne.

Le 20 octobre dernier, Fabrice Nicolino témoignait au tribunal de Guingamp (22) en faveur de sept « faucheurs », poursuivis pour avoir dégradé des produits à base de glyphosate (dont le Roundup de Monsanto) dans des jardineries des Côtes-d’Armor.

« Depuis 1962, on sait que les pesticides sont dangereux »

« Au point de départ, après la Seconde Guerre mondiale où il fallait nourrir la France – il y avait des tickets de rationnement jusqu’en 1949 -, l’agriculture était ruinée. La découverte de molécules chimiques qui paraissaient miraculeuses comme le DTT a entraîné un véritable enthousiasme dans les milieux agricoles, dans les milieux de recherche, l’Inra venait de naître.

Pendant une quinzaine d’années ça a été la « belle vie » si j’ose dire. Ces molécules nouvelles ou redécouvertes sur fond de guerre mondiale ont permis à l’agriculture de se débarrasser de beaucoup de ravageurs des récoltes, donc ça paraissait être formidable, jusqu’au moment où en 1962, une Américaine, Rachel Carson, océanologue, grande vulgarisatrice, écrit un livre sensationnel qui s’appelle « Printemps silencieux », dans lequel elle révèle que les pesticides, le DDT au premier chef, sont des poisons terribles pour tous les organismes vivants : les oiseaux, mais aussi les hommes.

Entreprise de désinformation

Le livre de Rachel Carson, marque le commencement d’une période de très mauvaise foi, où l’industrie chimique devenue puissante, qui a beaucoup d’intérêts commerciaux à défendre se lance dans des entreprises de désinformation pour tromper l’opinion pour essayer de lui faire croire que les pesticides ne sont pas dangereux.

On peut dire que depuis 1962, on sait que les pesticides sont dangereux pour la santé, mais l’industrie chimique, qui a des moyens collossaux, dont le chiffre d’affaires souvent dépasse celui d’Etat de la planète, l’industrie chimique, celle des pesticides, essaye de cacher par tous les moyens la vérité simple, scientifique sur la dangerosité des pesticides. »

Complément

La présidente du tribunal correctionnel de Saint-Brieuc a décidé de saisir la Cour de justice de l’Union européenne avant de se prononcer sur d’éventuelles sanctions contre les militants anti-glyphosate jugés à Guingamp. Elle a donc accepté les cinq questions préjudicielles posées par l’avocat des accusés, à la grande satisfaction de ceux-ci, et n’a pas rendu de délibéré le 15 décembre.

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Beaucoup de pas grand chose

Puisque tout le monde parle de canicule, voilà une lecture qui se marie très bien avec des températures oscillant entre 37 et 41°c. En vrai, elle se marie à n’importe quelle saison, pourvu que vous ayez le sens de l’humour pour apprécier cette série autobiographique, « Les Petits riens », qui se décline en albums et dont le 7e volume vient de paraître.

Dans « Les Petits riens », Lewis Trondheim prend la vie comme elle va et fait de toutes ses petites anecdotes, drôles, rageantes, belles ou attristantes, des pépites.

Chacune est mise en relief par un auteur qui est à l’image du slogan de la collection Shampooing, dans laquelle paraissent ses « petits rien » aux éditions Delcourt : « Shampooing c’est pour les grands qui savent rester petits et les petits qui veulent devenir grands. » Et voilà tout est dit. On regarde la vie comme on farfouille dans sa boîte aux trésors, tout vaut le coup d’être accepté et raconté pour peu qu’on y accorde un peu d’importance.

Ça passe par ce petit buisson sec, gros comme le point qui roule, porté par le vent comme dans les westerns, que Lewis Trondheim regarde. Il se félicite de cette mini touche d’exotisme dans sa rue. Passage piéton - Les Petits riens de Lewis Trondheim tome 7 - Un arbre en furie - La Déviation

C’est aussi cette conversation avec ses vieux copains dans un bistrot, pour savoir combien d’entre eux collectionnaient les petites billes qu’il y a dans les cartouches d’encres des stylos plumes… en fait ils la faisait tous cette collection. Alors Lewis s’interroge sur le réel intérêt de la chose. En fin de soirée, il décide de donner un nom à cette collection puisqu’il n’en trouve visiblement pas sur internet : la parvapilaphilie ! Et de conclure que « ces années d’accumulation stérile auront au moins servi à ça ».

Charlie Hebdo

Il s’amuse de tout. Ses anecdotes font sourire, parfois rire un peu jaune ou rire tout court.

Le plus souvent c’est tout simplement vrai, pas de fausses notes mais une sincère autodérision. Pas de rancœur, pas de jugement ou de méchanceté.

Les petits riens de Lewis Trondheim 4. Mon ombre au loin

La violence n’est pas non plus absente dans ces « petits rien ». Résultat, on se prend parfois une claque.

Entre deux pages qui font sourire on tombe sur celle-ci par exemple : Lewis trondheim évoque les évènements de janvier en disant « depuis trois jours qu’il y a eu l’attentat, plus personne n’envoie ses bons vœux pour 2015 »… Il réfléchit en regardant par la fenêtre et ajoute : « je me demande quel va être le délai décent pour que ça reprenne… ».

Il se dit dans une autre page que s’il avait su que Wolinski allait être exécuté à la kalachnikov pour ses dessins, il ne se serait pas pris le chou avec lui lors des votes pour décerner les grands prix du festival d’Angoulême et aurait même voté pour Manara, pour lui faire plaisir.

Ce sont des remarques et des regrets doux amers qui passent d’autant mieux que l’auteur se représente sous la forme d’un faucon anthropomorphisé. Sa famille, ses amis et les autres personnages ont également des têtes d’animaux.

Les Petits riens de Lewis Trondheim - Tome 7 planche 14244  -  La Déviation

Le volume 7 s’intitule « Arbre en furie ». Il nous raconte les vélos prioritaires d’Amsterdam ; le monde parallèle des pâtes Barilla ; la découverte de la faune du Québec. C’est léger et c’est comme un miroir qui transfigure notre routine et la rehausse d’un peu de couleur, d’odeur, de sensations. Les imprévus deviennent des surprises ; les retards, des occasions de rencontres, et les virées au supermarché sont dignes des tribulations d’un aventurier.

* Le titre de l’article est inspiré de l’invariable verso de chaque volume des « Petits riens ».

Les Petits riens, Lewis Trondheim, éditions Delcourt, collection Shampooing, « Arbre en Furie », 125 pages, 9 juin 2015, 9,90 €.

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L’Arabe du futur, de la Libye à la Syrie

Riad Sattouf on le connaissait dans un registre plus humoristique, avec « la vie secrète des jeunes » publié pendant 10 ans dans Charlie Hebdo ou les aventures de Pascal Brutal chez Fluide Glacial pour lesquelles il avait déjà reçu un Fauve d’Or à Angoulême en 2010. Ce coup ci pas de grosse brute ultra musclée testostéroné et adepte de la bagarre. Non, cette fois, Riad Sattouf nous prend par la main et nous fait rapetisser pour se retrouver à la hauteur du petit Riad, tête blonde et chevelue, adulée de ses parents, dont les 6 premières années d’enfance vont le balader de la Libye de Khadafi à la Syrie d’Hafez Al Assad, on fait même un saut chez sa grand mère maternelle en Bretagne.

Il y a de quoi être surpris donc par ce périple vécu par un enfant, né d’une union entre un syrien venu étudier en France et une bretonne, rencontrée sur les bancs de la Sorbonne mais c’est à Tripoli qu’a grandi Riad Sattouf à la fin des années 70, où son père, Abdel-Razak Sattouf, avait été nommé professeur.

extrait

L’arabe du futur

En fait cette histoire, si elle est racontée par le petit Riad, est véritablement celle de son père, utopiste vouant un culte aux Khadafi, Assad et Hussein et autres grands dictateurs arabes, symboles de modernité et de puissance et meilleur barrage à ses yeux aux obscurantismes religieux… Un utopiste défenseur du panarabisme qui espère que le peuple, une fois éduqué, se libérera des dictateurs…lui qui ne rêve que d’une chose rester vivre dans le monde arabe pour éduquer lui aussi « l’arabe du futur ».

illu arabe du futur

C’est un récit à travers les yeux d’un enfant… mais ce n’est pas toujours rose.

Après la Libye et un court retour en France, Riad part vivre dans le village natal de son près de Homs. Là, parce qu’il a les cheveux longs et blonds il se fait appeler Le Juif. On découvre une société qui, dès l’enfance est obsédée par Israël, qui s’unit autour de la haine d’Israël et on assiste à un après-midi où il va jouer avec ses cousins. On est à hauteur des yeux des enfants en permanence et là on découvre les petits soldats en plastique. Ceux qui représentent les syriens sont dans des positions intrépide et héroïque tandis que les soldats israéliens sont dans des positions fourbes… l’un brandit même un petit drapeau blanc alors qu’il a un couteau dans son dos.

Cette scène comme plein d’autre, nous est montré à la fois avec l’innocence d’un enfant et la pudeur d’un adulte qui ne veut pas noyer ses souvenirs sous une couche indigeste d’analyses géopolitiques qui feraient perdre toute l’essence de cette bande dessinée.

Si le regard posé est candide, on ne nous laisse quand même pas complètement à l’abandon… l’humour se glisse entre les pages à la fois sous forme de texte court en haut des cases qui apportent des indices pour redonner le contexte politique ou via des petits commentaires simplement écrit au bout d’une flèche griffonée et qui nous rappellent par exemple que le chantier dessiné là bas au fond de la case, est abandonné depuis des années.

“L’arabe du futur” est un récit efficace en noir et blanc, qui nous balade  entre l’innocence attendrissante de Riad et la société virile et totalitaire qui lui fait face … et cette lutte permanente de son père, Hafez, coincé entre les coutumes de son pays natal et son envie d’émancipation. L’Arabe du Futur

L’arabe du futur tome 1, de Riad Sattouf est paru aux éditions Allary
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Ne faisons pas le deuil de notre liberté

Éditorial – Notre tristesse est immense et nos mots de solidarité bien peu de choses après l’attaque qu’a subi la rédaction de Charlie Hebdo ce matin.

Cet attentat est une flèche empoisonnée tirée dans le cœur de notre démocratie déjà vacillante. À cette heure, tout semble indiquer que ses auteurs sont des fanatiques islamistes. Des terroristes, qui par définition, souhaitent semer la confusion avec l’espoir de déclencher une nouvelle guerre des civilisations.

Aucune liberté n’est un acquis, encore moins celle de la presse, même dans un pays en paix.

Nous surpasserons cet événement en refusant le piège de l’emballement. S’il marquera sans doute notre décennie, n’en faisons pas un tournant. Refusons les amalgames, le repli et la spirale destructrice de la haine.

En 1574, Étienne de la Boétie écrivait dans son discours de la servitude volontaire :

C’est le peuple qui s’assujettit et se coupe la gorge : qui, pouvant choisir d’être sujet ou d’être libre, repousse la liberté et prend le joug, qui consent, qui consent à son mal ou plutôt le pourchasse.

Justine Briot, Geneviève Canivenc, Célia Caradec, Gary Dagorn, Romain Deschambres, Sylvain Ernault, Héloïse Kermarrec, Klervi Le Cozic, Cécile Nougier, Hervé Quillien, Vincent Tréguier

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