C’est loin d’être la première fois que les Afro-américains se révoltent aux États-Unis. Entre 1966 et 1973, le Black Panther Party (BPP) multiplie les actions. Ce mouvement non-mixte sans personnes blanches, d’inspiration marxiste-léniniste, publie en 1967 son programme en dix points qui fait toujours référence aujourd’hui.
« 7. Nous voulons un arrêt immédiat de la BRUTALITÉ POLICIÈRE et des MEURTRES de Noir·es.
10. Nous voulons des terres, du pain, des logements, l’éducation, des habits, la justice et la paix. »
Le cofondateur du BBP, Bobby Seale, affirme en 1966 l’importance de la lutte des classes :
« Dans notre perspective il s’agit d’une lutte des classes entre une classe ouvrière prolétarienne massive et la petite classe dominante, minoritaire. Les gens de la classe ouvrière de toutes les couleurs doivent s’unir contre la classe dominante oppressante et exploitante. Alors laissez-moi être à nouveau emphatique – nous croyons que notre lutte est une lutte de classes et non une lutte de races. »
Un article du Monde diplomatique datant de 1995 revient sur la répression extraordinaire mise en place contre les Panthères. En 1968, le célèbre directeur du FBI Edgar Hoover considère que le Black Panther Party est « la plus grande menace qui soit contre la sécurité interne du pays ». Cette déclaration fait suite à une note interne de 1967 appelant à « démasquer, briser, fourvoyer, discréditer, ou au moins neutraliser les activités des organisations nationalistes noires ». Les moyens déployés sont considérables : infiltrations, propagande publique, provocation de rivalités entre factions, etc.
L’article du « Diplo » note que « pour la seule année 1970, 38 militants sont tués lors de raids organisés par les polices locales contre les bureaux du BPP ». Fred Hampton, leader du Black Panther Party en Illinois, est assassiné dans son lit en 1969. Il avait 21 ans et son garde du corps était un membre infiltré du FBI.
Par ailleurs, la répression s’est poursuivie devant les tribunaux. Une erreur judiciaire, sur fond de témoignages par un indicateur du FBI, envoie Geronimo Pratt, un membre influent du Black Panther Party, en prison pendant 27 ans. L’abandon des charges est prononcé deux ans après sa libération. Un autre militant, jugé coupable pour le meurtre d’un policier, est encore en prison depuis son jugement en 1982.
Soyons certain·es que, aujourd’hui aussi, les programmes contre-insurrectionnels fonctionnent à plein régime.