Quand on a 30 ans et qu’on est en bonne santé, on trouve le temps long.
Quand on a 70 ans, on a la menace, brandie par le président du conseil scientifique puis balayée par l’exécutif, que le temps du confinement soit encore rallongé, pour sa propre sécurité. Toutefois, l’avocat en droit du travail Jacques Hardy rappelle qu’obliger les seniors à se confiner relèverait d’une mesure discriminatoire ; le droit de la santé précise clairement que le corps médical ne peut imposer des soins sans le consentement de la personne (sauf soins psychiatriques), chacun·e dispose de son propre corps et peut décider ou non de prendre des risques. Les plus grands risques étant peut-être l’ennui et la solitude.
Quand on a 90 ans, le confinement, c’est comme du temps volé aux peu d’années qui restent à parcourir.
Quand on a 15 ans et qu’on est géré par l’ASE (Aide sociale à l’enfance), les temps sont durs. Comme l’explique cette tribune, de nombreux enfants, confinés chez leurs parents ou en chambres d’hôtels, ne rencontrent plus leurs éducateur·ices que par Whatsapp. Et les centres manquent de personnel, forcé·es de rester chez elleux pour garder leurs propres mômes.
Quand on a quelques jours, qu’on est né·e prématuré·e pendant le confinement, la peur des soignant·es peut priver de la présence de ses parents, du contact en peau à peau, de l’allaitement, comme raconté dans cette tribune de la présidente de SOS préma.
Du coup, même quand on a 30 ans et qu’on est en bonne santé, on se dit qu’il est peut-être temps de chercher des solutions différentes, non coercitives. Temps aussi de nous confronter aux fractures générationnelles et à notre propre peur de vieillir, et de nous demander : dans quelle société voudrions nous fêter nos 70, 80 ou 90 ans ?