La crise du Covid fragilise les plus pauvres partout dans le monde et menace donc tout particulièrement les pays africains. C’est dans ce contexte qu’Emmanuel Macron fait resurgir un vieux serpent de mer, la promesse de l’annulation de la dette de ces pays. Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, plus frileux, appellent simplement à la suspension des paiements.
A la fin des années 1990, l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) avait consisté à financer la lutte contre la pauvreté et annuler la dette de certains pays à la condition qu’ils appliquent des politiques imposées par la Banque mondiale, supposées mener à une « bonne gouvernance démocratique », mais consistant surtout en la privatisation de nombreux secteurs de l’économie, ne laissant que peu de marges de manœuvre aux pays concernés en suivant des méthodes employées notamment au Chili, laboratoire du néolibéralisme.
Ces contraintes avaient contribué à l’augmentation des inégalités et même à un « nivellement par le bas » des ressources. La libéralisation a par ailleurs diminué les revenus des États, les poussant à nouveau dans des spirales d’endettement.
Ce précédent et la conscience de la profonde injustice de cette dette imposée au moment de la décolonisation poussent des associations comme la Ligue panafricaine – Umoja à dénoncer la soudaine générosité occidentale : les pressions imposées pour payer les créancier·ères, le soutien aux gouvernements dictatoriaux, ne sont-ils pas à l’origine de la faiblesse des services publics en Afrique, et en particulier du système de santé ?