Puisque Macron le veut, il en sera ainsi : les écoles rouvriront le 11 mai. Avec un protocole sanitaire dense, mais néanmoins épuré au cours de versions successives. Le 30 avril, le Café pédagogique notait bien que les personnels de l’Éducation nationale devaient recevoir deux masques par jour de travail… et le 3 mai, parmi l’allègement des règles sanitaires, il repère que cette distribution de masques a disparu et qu’ils ne doivent plus obligatoirement être portés en cours.
En revanche, ça ne s’allège pas pour les enfants, qui, à part rester assis à une table, ne pourront pas faire grande chose. Une tribune d’enseignant·es et d’intervenant·es à l’école n’hésite pas à qualifier les règles auxquelles les enfants seront soumis de maltraitance et à dénoncer une « expérience de psychologie sociale à grande échelle ».
Ces règles placent aussi le personnel éducatif dans une position intenable et particulièrement paradoxale : en faisant respecter les règles du protocole de sécurité, les enseignant·es, Atsem et AESH nient les besoins des enfants et des bases pédagogiques. Et s’il ne les fait pas respecter, il se met en faute.
Ce qu’il faut à l’État, ce ne sont pas des personnels de l’Éducation nationale, ce sont des matons.
Les enseignant·es sont par ailleurs bien conscient·es que le positionnement du gouvernement en faveur de la réouverture des les écoles pour des questions de justice sociale n’est que du flan : il s’agit bien plus de remettre les parents au boulot. Des argumentaires contre la réouverture des écoles sont développés et les personnels de l’Éducation nationale s’organisent aux côtés d’autres secteurs, notamment en tenant des assemblées générales interprofessionnelles à distances, qu’on peut suivre sur un réseau social bien connu (sans compte).
Et finalement, les enseignant·es s’adressent aux parents et à toustes les autres, puisque ni leur ministre ni le gouvernement n’est capable de prendre conscience de ce que signifie réellement enseigner.
« Nous vivons dans un univers bien plus riche, bien plus imprévisible : le « ?réel ? » ?! Et dans ce réel, les enfants, comme les adultes, ne respectent pas toujours les règles. Les enfants attendent avec impatience de retrouver leurs camarades. Qui peut sérieusement imaginer qu’ils seront capables, huit heures par jour, de respecter tous les gestes barrière, toutes les consignes données, toutes les mesures de protection et toutes les distances de sécurité ?? Qui peut sérieusement penser que les enfants pourront réprimer leurs envies et leurs besoins de contact, de chaleur, de câlins et d’humanité ? »