Les arguments contre la tenue d’examens en lignes sont irréfutables. De nombreux étudiant·es sont dans des situations de stress psychologique et de précarité économique indiscutables et de nombreuses alertes surgissent à ce sujet comme cette tribune publiée dans Le Monde ou cette enquête détaillée réalisée à la fac de Nanterre.
Dans ces conditions, organiser la continuité pédagogique ou même la tenue d’examens est criminel tant que les conditions matérielles de survie ne sont pas garanties pour tou·tes les étudiant·es. C’est une cause de suicides.
On peut aussi déplorer des morts par manque de soins notamment chez les étudiant·es étrangèr·es qui sont particulièrement vulnérables.
Si vous connaissez des personnes en difficulté, la Gazette tient à vous informer que des aides ponctuelles (ASAP) sont disponibles pour les étudiant·es (pour plus de renseignements, le numéro créé après qu’un étudiant s’est immolé à Lyon pour dénoncer la précarité étudiante n’est pas gratuit…). Des initiatives de solidarités existent comme cette caisse de solidarité nationale pour les étudiant·es et précaires de l’université. Enfin, il existe des ressources d’aides psychologiques pour tou·tes.
À ces conditions de survie parfois difficiles s’ajoutent des inégalités d’accès à internet, à un ordinateur, à un endroit calme pour travailler pendant le confinement.
Mais pourquoi nage-t-on en plein délire avec le maintien des examens qui est décidé quasiment partout de manière désordonnée ? Le collectif des Facs et Labos en lutte va jusqu’à dire que le bateau coule dans un communiqué appelant lui aussi à la validation automatique. À Nantes, le président l’a annoncé ; à Tours, la seule information disponible est cette interview.
Le ministère dit que ne pas évaluer met en danger la qualité des formations, on se demande pourquoi…
La vraie raison est probablement à chercher dans le manque d’enseignant·es dans ces universités devenues « autonomes » financièrement depuis 2007 : comment ne pas sélectionner si l’on manque déjà de personnel quand on sélectionne ? C’est ce que dénonce le collectif des Précaires de l’université de Nantes en même temps que la marchandisation des savoirs et la dématérialisation des métiers de l’enseignement.
Rien n’arrête les technocrates, ils vont jusqu’à prétendre que le numérique bouscule le modèle de l’école traditionnelle et aimeraient bien vendre l’école aux Gafam…
Car ne nous trompons pas, ce qui se joue n’est pas provisoire : pour des raisons économiques, cela fait longtemps que les gouvernements souhaitent généraliser les cours à distance et les examens à distance (voir la stratégie numérique du ministère en 2015 ou ce rapport d’un groupe d’”experts” en 2016 sur l’école primaire).
Cette année peut être comprise comme un coup d’essai à grande échelle pour ces nouvelles modalités d’enseignement et d’évaluation. Alors ne tombons pas dans le panneau et ne cédons pas à la stratégie du choc : il est urgent de refuser tout examen en ligne et d’exiger la validation automatique !