Voilà probablement un site internet qui serait interdit rapidement si la loi « Haine » dont on vous parle dans cet article venait à être promulguée. Le site Sans attendre demain répertorie de nombreux sabotages ayant lieu en Europe et félicite les auteur·ices de ces derniers.
Récemment c’est un sabotage coordonné contre le réseau à fibre optique dans le Val-de-Marne (à Ivry-sur-Seine et Vitry-sur-Seine) qui a défrayé la chronique : 20.000 logements et entreprises auraient été privés d’Internet pendant plusieurs jours selon un plan « méthodique et organisé ».
D’après Le Parisien, destinataire d’une note des renseignements assurément très « confidentielle », les enquêteur·ices s’étonnent de l’absence de traces et de l’efficacité de nombreux sabotages du réseau internet ou des antennes relais ayant eu lieu ces derniers temps (plus d’une trentaine) et accusent l’« ultragauche ». D’ailleurs, le parquet antiterroriste n’est pas saisi mais, pas loin !
Ce n’est pas la première fois que la presse agite le spectre de cette « mouvance radicale, qui englobe notamment ultrajaunes et black blocs ». Faire frissonner le bourgeois ne fait apparemment pas de mal aux ventes. En tout cas pas à celles du Point, qui a encore cet hiver consacré à cette menace un long dossier, ridiculisé par le chercheur en sciences politiques Nicolas Sigoillot sur son blog.
Il est vrai que de nombreux·ses militant·es anarchistes prônent l’action directe et le sabotage depuis bien longtemps et on peut trouver des manuels de destruction des antennes-relais sur des sites du réseau Mutu. Est-ce suffisant ? On peut se demander si de nombreux sabotages ne sont pas plutôt liés à une forte contestation des antennes 5G en train d’être déployées dans toute l’Europe. C’est la piste privilégiée en Angleterre où des critiques construites de la fuite en avant technologique rencontrent des théories du complot sur le lien entre les ondes et la propagation du Coronavirus.
Tentons d’autres conjectures. Si les coupes sont dignes de professionnels, ne pourraient-elles pas être l’oeuvre de prestataires en mal de contrats ? Après tout, les habitué·es des chroniques judiciaires savent que certaines revendications peuvent être opportunistes. Tout autant qu’elles peuvent nourrir le récit policier, au moment d’imposer des mesures chaque jour plus liberticides.
Ce qui est certain, c’est que les services s’intéressent à toute action à caractère anticapitaliste. De gros moyens sont dépensés pour protéger les intérêts prétendument stratégiques du pays, comme le montre le traitement des antinucléaires à Bure, nous parlions dans la Gazette des confiné·es #12. On ne peut pas en dire autant quand des militantes kurdes se font assassinées en plein Paris. Un article de Paris-Luttes info affirme que 43 assassinats politiques ayant eu lieu en France sont restés impunis. Un sujet qui ne fait pas non plus les gros titres.