Le conseil scientifique sur le Covid-19 fait-il encore de la science ?

Être scientifique, ce n’est pas avoir des titres et des diplômes ; c’est avoir une méthode, des faits, et, bien souvent, des doutes.

Dans ses trois premiers rapports, le conseil scientifique s’appuyait sur une large bibliographie. Dès le quatrième, ses seules références semblent être Santé publique France et des sondages d’opinion, et ce alors que de nombreux papiers de recherches sont publiés chaque jour sur le Covid-19.

Or, la science n’est pas neutre ; le choix des données qu’un·e scientifique juge pertinente ou non est éminemment politique.

200419 - Les Nouveaux chiens degarde Gilles Balbastre et Yannick Kergoat Epicentre Films - La Déviation
Les experts, chiens de garde médiatiques, manipulent fréquemment les chiffres pour dépolitiser des questions. Attention à l’avalanche des chiffres dans les médias !

Ainsi, le conseil scientifique fait porter ses espoirs sur les tests de dépistage PCR (Polymerase chain reaction), pour déconfiner ou pour isoler les contaminé·es dans les Ehpad et prisons. Pourtant, des études mentionnent 30 % de faux négatifs[1] parmi les malades ayant des lésions pulmonaires au scanner (donc des taux de virus sans doute plus élevés que les personnes peu ou pas symptomatiques), voire plus de 50 % au premier test pour des personnes testées plusieurs fois.

De même, on n’a encore aucune donnée sur la fiabilité d’un éventuel test sérologique. Si ces examens sont utiles à l’hôpital pour prendre en charge une personne, à titre individuel, fonder ses espoirs dessus à l’échelle populationnelle, sans mentionner leurs failles pourtant bien démontrées, relève d’un idéal techniciste un peu naïf et malheureusement très répandu parmi les chercheur·euses.

Ne pas citer ses sources a d’autres conséquences.

Dans le rapport du 2 avril, le conseil scientifique estime ainsi qu’au maximum 10 ou 15 % des habitant·es des départements les plus touchés ont contracté le Covid-19, sans que l’on sache comment le calcul a été fait, les tests sérologiques n’étant pas disponibles à grande échelle.

C’est là que la lacune bibliographique se fait pesante : en effet, si les premières séries qualitatives chinoises donnaient des taux de mortalité allant parfois jusqu’à 2 %, en Islande, où le dépistage a été massif, et donc où l’on est moins passé à côté de patient·es peu ou pas symptomatiques, le taux de mortalité est de l’ordre de 0,3 % (néanmoins, la population islandaise n’est pas forcément totalement comparable à la population française).

Dans le Haut-Rhin, avec une population de 764.000 habitant·es et 548 mort·es au 12 avril, si on pense que 2 % des personnes touchées par le virus en meurent, on arrive à la conclusion que 3,6 % de la population du département a été touchée. Mais si on prend un taux de mortalité à 0,3 %, on arrive à un taux de personnes contaminées de 24 % ; si on ajoute, par exemple, 40 % de faux négatifs, on peut arriver jusqu’à 40 % de personnes contaminées, peut-être plus si on avait des données exhaustives concernant les Ehpad.

200419 - Professeur Yves Montagner conspirationnisme sur Cnews - La Déviation
On peut être prix Nobel et raconter n’importe quoi, comme l’a illustré Luc Montagnier, un des découvreurs du VIH, avec sa théorie complotiste sur la fabrication du Covid-19 dans un laboratoire chinois.

Selon la manière dont les calculs sont faits, dont les données pertinentes sont choisies, on peut conclure que l’action du gouvernement est efficace ou au contraire que le confinement a échoué. La science ne peut pas toujours fournir immédiatement des données univoques, et le doute doit parfois primer…

Les faux négatifs du test PCR viennent non pas des laboratoires mais du prélèvement lui-même : il s’agit d’enfoncer un coton tige très profondément dans les narines, ce qui est très douloureux et souvent difficile si le ou la soignant·e n’a pas l’habitude de le faire. Certain·es patient·es pourraient également n’avoir que très peu de virus dans les sécrétions nasales. Les prélèvements pulmonaires, qui consistent à injecter de l’eau dans les poumons pour récupérer le virus, sont nettement plus compliqués à réaliser.

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