La vitrine spécialement conçue pour l'occasion par les salariés de la librairie Chapitre.
Reportage – Depuis l’annonce de la liquidation judiciaire de l’enseigne Chapitre le 2 décembre, les 57 librairies françaises avaient deux mois pour trouver acheteur. Le 10 février, le tribunal de commerce de Paris a statué la fermeture définitive de 23 d’entre elles. Depuis, la CGT, syndicat majoritaire des salariés, appelle à l’occupation des lieux afin d’obtenir la réévaluation des primes de licenciement.
Pour les salariés des enseignes de Lyon, Boulogne ou encore Tours, le dernier chapitre n’a pas eu le dénouement espéré. Parmi les 23 librairies qui ont dû fermer leurs portes lundi soir, neuf sont actuellement occupées d’après la CGT. J’ai rencontré les occupants à Tours.
Mardi 11 février 2014, 16 h. “L’heure tranquille” est un nom qui sonne parfois comme une malédiction pour le centre commercial qui accueille les 17 salariés de l’enseigne Chapitre tourangelle. Ils ne sont pas nombreux à arpenter la galerie commerciale en ce jour pluvieux. Seuls quelques rares passants marmonnent leur soutien à la vue des drapeaux CGT, et des doux messages à l’attention des patrons du groupe.
“Il n’y a jamais eu autant de clients qu’en ce moment”
À l’intérieur, Damien, libraire spécialisé BD, polar et science fiction, est seulement accompagné d’une militante CGT. Ils gardent le fort pendant que le reste de l’équipe rencontre Marie-France Beaufils, maire communiste de Saint-Pierre-des-Corps et sénatrice d’Indre-et-Loire. “Il n’y a jamais eu autant de clients qu’en ce moment”, blague Damien.
La librairie n’a jamais réellement décollé depuis son installation en 2009. “L’heure tranquille” serait-elle trop tranquille ? Damien acquiesce. Le climat désertique de ce centre commercial ne permettait pas d’espérer une potentielle reprise de l’activité.
De l’extérieur, les passants découvrent la situation des salariés.
Depuis lundi soir, ils sont “quatre, allez cinq salariés” à participer à cette occupation. Douze manquent à l’appel. “Ils ne se sentent pas concernés, ils ont tourné la page”, regrette Séverine, libraire ultra-mobilisée. On ne la verra que quelques courtes minutes. Elle court partout pour mobiliser médias et politiques.
Une prime de 880 €
À l’origine, ce sont les salariés de Montbéliard qui les ont appelés pour leur proposer d’organiser cette mobilisation. “C’est un mouvement qui est venu des salariés syndiqués”, précise Damien. Car à Tours, aucun n’appartient à la CGT.
Il n’y aura plus de reprise possible, ils n’y ont jamais cru. Mais les conditions de départ ne sont pas satisfaisantes. Avec cinq ans d’ancienneté, un salarié comme Damien partira avec une prime de 880 €. La direction a été intransigeante. Les primes ne dépasseront pas les minimums légaux.
Seulement pour Damien il s’agit d’un non-sens. “Le stock restant des 23 librairies représente 11 millions d’euros et nos dirigeants préfèrent embaucher des intérimaires qui seront payés 50 % de plus pour emballer le stock. Ça veut dire qu’il y a bien de la trésorerie. Selon lui, les salariés qui avaient été licenciés plus tôt en 2012 à Saint-Nazaire avaient pu partir avec près de 20 000 euros d’indemnités. Aujourd’hui, la stratégie des occupants est bien de garder les stocks et d’empêcher l’arrivée des intérimaires.
La militante CGT en profite pour lire “Astérix chez les pictes”. De quoi militer dans la détente.
Jeudi prochain, un CE exceptionnel se tiendra pour éventuellement étudier la réévaluation des indemnités. “On n’a pas fixé de montant précis, mais partir avec moins de 1 000 euros, il y a un malaise”, confie notre hôte, même s’il ne croît pas un seul instant que les négociations aboutiront positivement.
L’occupation continuera-t-elle ? Damien hésite à se prononcer. La fatigue se ressent déjà et les soutiens semblent trop peu nombreux. Pourtant la CGT a envoyé ses délégués départementaux.
“Si on s’ennuie, on a de la lecture”
Aucune manifestation n’est prévue pour le moment, mais la ministre et ancienne députée de Tours Marisol Touraine doit se rendre dans sa ville. Pour la syndicaliste, c’est l’occasion d’attirer l’attention au sein d’une autre mobilisation. Pendant ce temps, on s’occupe comme on peut. On s’informe sur La Rotative, le webzine engagé local.
“Des amis vont nous ramener un Scrabble, et puis si on s’ennuie on a de la lecture”. Avant de partir Damien m’invite à découvrir la sélection littéraire très spéciale qu’ils ont mis en exposition dans la vitrine. “Le livre pour trouver votre travail”, “Manifeste des chômeurs heureux” ou encore “Avant de disparaître”.
Si la fin de partie des salariés de Chapitre ne connaît pas de fin heureuse, elle aura au moins le mérite d’être bien documentée.
C’est une bande dessinée engagée que signent le dessinateur Alexis Horellou et sa compagne Delphine Le Lay. Le récit d’une part de l’histoire contemporaine de la Bretagne, racontée du côté des militants antinucléaires. Ces militants, ce sont les habitants de Plogoff, ce village de la Pointe du Raz, qui s’est soulevé, il y a plus de trente ans, contre l’implantation d’une centrale nucléaire sur ses terres.
C’est l’histoire érigée en légende des Plogoffites. De leur prise de conscience des dangers de l’atome, au moment où la Bretagne se lasse de laver ses côtes souillées par le pétrole, au renoncement de l’État sous la nouvelle présidence Miterrand, en 1981. Des années marquées par des combats épiques contre les forces de l’ordre, des rassemblements géants qui marquent les débuts de l’écologie politique, mais aussi des coup de blues et des trahisons. “Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait“, aurait pu écrire d’eux Mark Twain. Delphine Le Lay souhaitait mettre en valeur cet exemple de résistance populaire. Interview.
Sylvain Ernault – Vous êtes originaire de Quimper, mais vous n’aviez qu’un an lors des événements de Plogoff. Qu’est-ce que cette lutte représente pour vous ?
Delphine Le Lay est née à Quimper en 1979. Après de multiples expériences professionnelles, elle rencontre Alexis Horellou, dessinateur de bandes dessinées, à Bruxelles, en 2007. Elle met ainsi le pied dans le monde la BD.
Delphine Le Lay – C’était vraiment une légende pour moi Plogoff, le petit village d’irréductibles qui avait résisté à l’envahisseur et qui était sorti vainqueur ; ça n’allait pas très loin, mais ça faisait rêver. Et puis il y a deux ans, il y a eu évidemment la catastrophe à Fukushima et puis en même temps Plogoff fêtait ses trente ans. Là, j’ai entendu une émission de radio qui retraçait les événements. Ça m’a éclairé et ça m’a enthousiasmé bien plus. J’ai découvert une mobilisation, un acte de désobéissance civile très fort et qui était arrivé à une victoire.
Votre ouvrage s’inscrit dans un corpus déjà assez riche, il y a déjà eu un film, des reportages télé, des livres…
…Mais pas encore de BD. Voilà c’est chouette, on est contents de compléter le tableau. J’ai lu, je le pense, tous les ouvrages qui existent sur le sujet et chacun apporte, je trouve, un éclairage différent sur les événements. Il y a deux reportages (télé, NDLR) et chaque personne qui s’est intéressée au sujet pour un média ou pour un autre apporte quelque chose de différent et j’espère qu’on apporte aussi un éclairage par la BD.
Vous avez été surprise de la violence de l’opposition entre les antinucléaires et les policiers, lors de l’enquête d’utilité publique, au printemps 1980 ?
Oui, c’est même choquant. Le film des Le Garrec (Des Pierres contre des fusils, NDLR) est vraiment étonnant. Je le dis assez souvent, même c’est vrai que si notre génération n’avait eu que les témoignages des gens qui ont vécu les événements, moi je ne les aurai pas cru. Je me serais dit “oui bon, l’émotion prend le dessus. Ils ont cru qu’ils allaient mourir mais c’était pas vrai“. En fait quand on voit les images et le son du film des Le Garrec on se dit “mais c’est dingue“, c’est vraiment des scènes de combat et d’affrontements hyper violents et qui n’ont pas eu lieu qu’à Plogoff. Dans d’autres endroits aussi.
“Trois ans après Creis-Malville,
ils faisaient la même à Plogoff.
C’est dingue, c’est énervant en fait.”
À Creis-Malville il y a eu un mort, et c’était trois ans avant les événements à Plogoff, et quelqu’un était déjà tombé, un manifestant sous les grenades offensives des gardes mobiles. Trois ans après, ils faisaient la même à Plogoff et c’est dingue, c’est énervant en fait. Du coup c’est chouette si cette histoire peut en réveiller d’autres et se transmettre.
De nombreuses pages sont sans dialogue, laissant parler les images qui sont souvent très fortes. Elles laissent aussi une grande place aux paysages.
Nicole et Félix Le Garrec ont écrit la préface de votre BD. Ils sont donc les auteurs d’un film, réalisé pendant la guérilla rurale qui s’est tenue pendant l’enquête d’utilité publique dans le canton de Plogoff en 1980. Comment ont-ils apprécié votre ouvrage ?
Eux, je crois qu’ils sont contents de passer le flambeau, d’après ce qu’ils mettent dans leur préface. Et puis ils sont contents qu’on s’y soit intéressés. Ils y voient un intérêt que des jeunes générations, qui n’ont pas connu les événements, s’emparent du sujet et le racontent. Et puis à la fois que ce soit une BD parce que c’est aussi un médium qui est approché par d’autres générations, par des gens qui ne se sont peut-être pas intéressés par le sujet et qui par la BD vont y venir.
Après, j’ai des retours de gens qui ont vécu les événements et la plupart disent qu’ils s’y retrouvent bien et ils reconnaissent bien les événements et l’ambiance de l’époque et, du coup, on est contents de ne pas avoir trahi les personnes, que ce soit juste.
Vous rencontrez de nouveaux témoins des événements depuis la sortie du livre ?
J’ai rencontré des gens en dédicace. Alexis est allé à Rennes et ensuite, ensemble, on est allés à Brest et à Quimper. On a rencontré des gens qui ont vécu les événements, même parfois très proches. Il y a un tas d’anecdotes qui sont revenues et que j’ignorais, donc je crois que je n’ai pas fini d’en apprendre sur le sujet. Je crois qu’il y a autant de Plogoff que de gens qui ont vécu les événements. C’est assez marrant.
“Un deuxième tome ?
C’est une idée que je laisse à d’autres.
Mais bon, pourquoi pas ?”
J’ai découvert un tas de documentation supplémentaire. On pourrait presque faire un autre livre, avec tout ce que je recueille en dédicaces pour l’instant (rires).
Un deuxième tome, c’est une idée !
Une idée que je laisse à d’autres. Mais bon, pourquoi pas. Il y a encore beaucoup à dire sur le sujet, j’ai dû quand même faire des choix et je n’ai pas pu tout raconter. Déjà tout ce que je savais, je n’ai pas pu tout raconter, alors tout ce que j’ignorais et que j’apprends maintenant, c’est très riche.
Vous avez des contacts avec des policiers qui se sont opposés aux Plogoffites, parfois violemment, pendant l’enquête d’utilité publique ?
Non, je n’ai pas de contact. Je n’ai pas cherché à en avoir parce que leur point de vue était mis en images dans le documentaire de Brigitte Chevet, qui a fait un reportage vingt ans après les événements, et qui est allée à la rencontre de différents acteurs de tous bords. Donc ça rend son reportage très intéressant.
Bon, j’avais ce point de vue là, je devais choisir une trame, donc je suis restée sur ma lignée de départ. Par contre, des gens qui ont vécu les événements m’ont dit que de leur point de vue – c’est un témoignage qui revenait souvent – certains gardes mobiles n’étaient pas bien d’être là.
C’était compliqué pour eux à vivre, ils étaient là parce que c’était leur métier et qu’ils devaient le faire, mais ils étaient mal à l’aise et pas très heureux d’être là. Ça, je l’ai mis dans l’histoire parce que ça me semblait important. Ça revenait beaucoup. C’était pas eux les méchants, en tout cas pas tous (rires), malgré les apparences.
Les violences policières et le désiquilibre d’armement avec les manifestants antinucléaire est abondamment illustré.
Plogoff reste une lutte emblématique pour les écologistes et altermondialistes bretons. Comment vous l’expliquez ?
Même au niveau national ça reste le combat populaire contre le nucléaire qui a été finalement victorieux. Il n’y a pas eu de centrales à Plogoff. Après, c’est à mettre un peu en demi-mesure parce qu’il y a eu un certain nombre d’éléments qui se sont bien accordés et puis une conjoncture qui a fait qu’en fin de lutte, la victoire est arrivée.
La mobilisation n’a pas été aussi simple que ça. C’est pas comme je le pensais enfant, une bande d’habitants de Plogoff qui ont jeté quelques cailloux à la tête des CRS et les CRS qui ont dit “d’accord on s’en va“. Ça a été, évidemment, bien plus complexe que ça, bien plus long et il y a eu beaucoup d’acteurs qui ont tissé la mobilisation, mois après mois, années après années et puis le contexte politique de la fin avec l’élection de Mitterrand qui a fait que l’opportunité était là, après cette résistance, de finalement mettre un terme au projet.
“C’est plein d’espoirs et, en même temps,
on se rend compte que c’est compliqué,
le pouvoir est quand même très fort.”
Donc ça reste une lutte emblématique au niveau de la Bretagne, mais aussi hors de la Bretagne ; et au niveau du nucléaire et au niveau de toutes les oppositions qu’on peut avoir envie de faire vivre. Celle-ci a abouti par plein d’événements intéressants. C’est pas si simple de réussir une mobilisation comme ils ont réussi la leur. Il a fallu pas mal d’ingrédients qui se connectent les uns avec les autres et au bon moment pour arriver à ça. C’est plein d’espoirs et, en même temps, on se rend compte que c’est compliqué, le pouvoir est quand même très fort.
Mitterrand avait promis que Plogoff ne se ferait pas, mais vous rappelez que depuis 1982, 39 réacteurs ont été mis en service en France.
Malgré des oppositions aussi, des gens se sont opposés partout où des centrale devaient être construites et dans les territoires frontaliers des centrales. Le Luxembourg, l’Allemagne, l’Italie, la Suisse ont soutenu la France dans ces oppositions. Pour le coup, ça ne s’est pas passé comme à Plogoff…
Plogoff, ce furent aussi des fêtes et des manifestations géantes, tenues sur ce bout du monde qu’est la Pointe du Raz.
Malgré la promesse de Mitterrand, d’autres projets de centrales ont été sérieusement étudiés en Bretagne. Finalement, c’est la catastrophe de Tchernobyl qui a réglé la question. Dans ce flou, comment avez-vous décidé de poser le crayon ?
Le nucléaire est bien présent en Bretagne, en particulier à l’Île Longue, près de Crozon. Cliquez sur l’image pour l’agrandir. Crédits Sortir du Nucléaire
Le sifflet de l’arbitre, c’était clairement Mitterrand, malgré le fait qu’il y a eu des rebondissements après ça, la fin n’a pas été aussi simple que ça effectivement. Pour installer quelque chose en Bretagne, depuis c’est compliqué. Je pense qu’on montre les dents assez facilement sur ce territoire là, surtout qu’il y a quand même du nucléaire en Bretagne, militaire ou civil.
Dans l’écriture de la BD, ça s’arrête à 81. En 81, Mitterrand dans ses propositions il y a une proposition qui a trait aux énergies. Ça coupe là et après on arrive à 2012, puisque c’est en 2012 qu’on a terminé notre album. On fait le bilan de la situation énergétique en France, avec 39 réacteurs nucléaires depuis et puis un référendum qu’on attend toujours, des crédits alloués aux énergies renouvelables, des choses comme ça. C’est un bilan finalement assez gris par rapport aux promesses.
Aujourd’hui, Notre-Dame-des-Landes représente une nouvelle lutte des écologistes en Bretagne. Vous avez pensé en faire une BD ?
Non, peut-être dans trente ans, on verra, pour l’instant déjà je ne connais pas très bien le sujet, je sais qu’il y a des parallèles de faits, mais qui ne sont pas évidents non plus. Et puis, il y a un collectif qui a sorti une BD sur Notre-Dame-des-Landes aussi.
Il n’est jamais question de Radio Plogoff dans votre BD. Pourquoi ?
Oui c’est vrai. Non, malheureusement. J’ai quelques regrets de gens que j’ai vite fait mentionné, mais qui avaient une part plus importante que celle que je leur ai laissée dans le bouquin et la radio en fait partie. J’ai eu assez peu d’infos a priori sur ce sujet et du coup je n’en ai pas cherché davantage. J’avais beaucoup beaucoup de choses et c’est passé à côté. Comme Jean Kergrist, le “clown atomique”, ça fait partie des personnages forts de l’histoire que j’ai à peine montré. J’espère qu’ils ne m’en voudront pas trop !
Sur Radio Plogoff, j’ai trouvé très peu d’infos dans les livres. Et puis les gens qui m’ont parlé de Plogoff ne m’ont pas trop parlé de la radio, sauf à dire qu’il y avait une radio. Je ne sais pas qui l’animaient, je ne sais pas combien de temps par jour, par semaine, je n’en sais rien du tout.
Votre prochain projet de BD, il a un rapport avec l’actualité, les luttes…
On a tout le temps plein de projets avec Alexis, mais celui qui, a priori, se fera le plus facilement c’est aussi une forme de mobilisation et c’est aussi en Bretagne. Mais bon, pour l’instant je ne sais pas exactement sous quelle forme ni rien, donc je n’en parle pas tout de suite. Le premier livre qu’on avait fait (Lyz et ses cadavres exquis, NDLR) va être réédité par un autre éditeur et assorti de la suite et fin de l’histoire, donc en 2014 normalement le bouquin sortira, avec 100 pages supplémentaires.
Le couple sera en dédicace, à Lannion, le 25 mai, de 15 h à 18 h, à la librairie Gwalarn.
Plogoff, Delphine Le Lay et Alexis Horellou, Delcourt, mars 2013, 14,95 €.
Comme tous les quatre ans, l’ovalie prend sa revanche l’espace d’une Coupe du Monde. Ses valeurs de respect, d’humilité, de solidarité, d’effort et de convivialité sont plaquées à la figure des footeux. Oui mais voilà, sans le football, point de rugby !
A l’origine, il y avait la soule. Une pratique sportive née de notre côté de la Manche, qui colonisa petit à petit les îles Britanniques par le biais de Guillaume Le Conquérant. Des siècles et des siècles plus tard, le jeu se modernisa, perdit en violence et gagna des règles. Dans les publics schools, on parla alors de football, puis de rugby pour sa variante pratiquée avec les mains. Une légende attribue la naissance de ce sport à William Webb Ellis et à son jeu de main révolutionnaire, 163 ans avant Maradona. Si cette histoire n’est qu’une fable, le théâtre du schisme se trouve néanmoins planté. En 1963, la Fédération anglaise de football naît dans un pub. Les partisans du ballon porté quittent la négociation et créent huit ans plus tard la Rugby Football Union.
Dès lors et pour aller plus loin, les passionnés de ballon rond sont invités à consulter le DonQui Foot du journaliste Hubert Artus. Son dictionnaire paru aux éditions Don Quichotte multiplie les entrées sur l’histoire du football. A l’image d’Albert Camus qui écrivit que “le football, c’est pour les gens de gauche ; le rugby c’est pour ceux de droite”, l’auteur privilégie les icônes de Sedan aux étoiles du Real. Dans ce livre que l’on dévore aussi vite que Messi traverse une défense, les figures qui marquèrent la planète foot s’entremêlent. On y slalome entre Alfredo di Stefano, Pierre Chayrigues, Éric Cantona, Guy Roux, Lucien Laurent et Just Fontaine. Les palmarès n’ont pas leur place dans cet ouvrage à la hiérarchie très subjective dans lequel les grands oubliés côtoient les stars éternelles.
Au-delà des grands noms, Hubert Artus s’intéresse aux phénomènes qui ancrent le football dans la société. La “fièvre verte” qui emporte la France de l’après-68, la lutte anti-hooligans sous Thatcher, le Red Star et ses résistants communistes, le Qatar son gaz et sa Coupe du Monde, Rupert Murdoch et le foot business, la Colombie sous cocaïne, ils trouvent tous leur place dans cette encyclopédie. Nourris par un travail de recherche qu’on devine méticuleux, certains articles sur le football ouvrier ou la naissance du football féminin, sa mort et sa renaissance, sont de véritables perles.
L’auteur y dépeint surtout les tourments d’un sport mondialisé, qui survécut aux tranchées de la Grande Guerre, fut pratiqué de chaque côté du rideau de fer puis dans les stades post-apartheid d’Afrique du Sud. Sans concession, mais avec l’amour du maillot, des bad boys et du beau jeu, Hubert Artus réussit à satisfaire les amateurs comme les néophytes. Gageons même qu’il réussira à convaincre les rugbymaniaques les plus fermés, du moment qu’ils se donnent la peine d’ouvrir le DonQui Foot.
De l’accord pour la construction d’une centrale nucléaire en Bretagne en 1975, à l’abandon du projet par François Mitterrand tout juste élu en 1981, la Bretagne vit six années d’une lutte antinucléaire intense, dont l’affaire de Plogoff est le sommet.
La chronologie animée que nous vous proposons dans ce dossier n’est qu’un court résumé des principales dates du conflit qui oppose d’un côté le gouvernement Giscard et EDF et de l’autre les habitants de Plogoff avec les militants antinucléaires français. Les événements de Plogoff se déroulent au printemps 1980, pendant l’enquête d’utilité publique que les habitants refusent fermement.
Conseil de lecture : le diaporama est conçu pour être lu la première fois d’une traite, sans intervenir manuellement, afin de profiter de l’ambiance sonore qui correspond aux images. Vous pouvez ensuite revenir sur certains passages pour approfondir des informations grâce aux boutons en forme de croix.
Gérard Borvon, , ’10 mai 1981, le jour où Plogoff a gagné’, S-eau-s, 4 octobre 2007, <http://seaus.free.fr/spip.php?article230> [Page consultée le 25 juin 2011]