Lieux sordides qui témoignent de la politique répressive menée par les gouvernements successifs en matière d’immigration, les centres de rétention administrative sont des foyers majeurs d’infection au covid-19. Ulcéré·es, les sans-papiers retenus se révoltent. Le Défenseur des droits demande leur libération et questionne l’existence de ces CRA, alors qu’aucune expulsion ne peut être envisagée.
Le 11 avril au soir, les sans-papiers détenu·es dans le centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) occupent la cour du bâtiment et bloquent la promenade pour protester contre leurs conditions de détention, notamment après qu’une personne porteuse du coronavirus est temporairement enfermée dans le centre, risquant de contaminer nombre de prisonnièr·es.
Les détenu·es (ainsi que les policièr·es du centre) ne disposent ni de masque, ni de gel hydro-alcoolique. La répression policière s’abat sur le CRA le lendemain matin, et plusieurs détenu·es sont déporté·es vers d’autres centres en France, menaçant d’y répandre l’épidémie.
Le 12 avril, au CRA de Vincennes (Val-de-Marne), des affrontements éclatent entre sans-papiers et policièr·es, ces dernièr·es refusant le transport d’un détenu malade à l’hôpital ; les détenu·es obtiennent finalement gain de cause.
Le 25 mars, la demande de fermeture des CRA pour circonstances exceptionnelles déposée par plusieurs associations dont le Gisti devant le Conseil d’État avait été rejetée. Le ministre de l’Intérieur soutenait alors que « la condition d’urgence n’[était] pas remplie et que ne [pouvait] être retenue aucune carence de l’autorité publique de nature à constituer une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale, dès lors que les mesures de rétention actuellement en cours sont nécessaires et proportionnées, que des mesures de prévention ont été prises et que l’accès aux soins en rétention est garanti ».
On voit ce qu’il en est dans la réalité des faits…
Le tribunal administratif de Paris a reconnu mercredi 15 avril les carences des autorités dans la gestion du CRA Vincennes. Seulement, il n’a ordonné qu’une fermeture de ce centre pendant quatorze jours, entraînant des transferts vers Mesnil-Amelot.
Addendum du samedi 18 avril
Le Défenseur des droits a réitéré sa recommandation de fermer les centres de rétention administrative et de libérer tous les sans-papiers.
Dans un communiqué publié le samedi 18 avril, Jacques Toubon explique avoir interrogé le ministre de l’Intérieur au sujet de la pertinence et de la légalité de ces lieux de privation de liberté, « alors que les perspectives d’éloignement de ces personnes avaient disparu à court terme du fait de la fermeture des frontières ». Il s’appuie notamment sur les derniers constats de la rapporteuses générale des lieux de privation de liberté.
Il observe aussi que « le choix des autorités de reporter les placements en rétention vers le centre du Mesnil-Amelot apparaît comme une option dangereuse pour la santé des personnes retenues comme des personnels qui y travaillent ».
Pour plus d’infos, on vous invite à consulter le suivi détaillé sur Paris-luttes.