Un peu partout en Europe, des enfants auraient développé à la suite de l’infection au Covid-19 une atteinte proche de la maladie de Kawasaki. Cent quarante-quatre cas auraient été recensés en France, dont un mortel chez un garçon de neuf ans à Marseille.
La maladie de Kawasaki est une vascularite, c’est-à-dire une attaque des vaisseaux sanguins par les cellules du système immunitaire. Les vaisseaux sanguins étant présents dans tout l’organisme, les vascularites donnent des symptômes assez variés, qui peuvent toucher divers organes. La maladie de Kawasaki est ainsi caractérisée par une conjonctivite, une modification caractéristique de la langue poétiquement décrite comme une « langue framboisée », une forte fièvre et, surtout, dans les cas graves, une atteinte cardiaque. La maladie peut en effet causer une inflammation du muscle cardiaque, la « myocardite », et surtout des anévrismes des coronaires, c’est-à-dire des dilatations des artères qui approvisionnent le muscle cardiaque en sang.
Au niveau de ces dilatations, les artères sont plus fragiles et peuvent se rompre comme un tuyau d’arrosage dont on aurait limé la paroi. Le traitement de la maladie consiste à stopper l’action du système immunitaire qui s’est emballé ; l’évolution est en général favorable.
On ne sait pas exactement à quoi est due la maladie de Kawasaki ; néanmoins on suppose qu’il s’agit de la rencontre entre un enfant génétiquement « prédisposé » et une source d’inflammation (en général, une infection virale banale, comme les enfants en ont souvent à cet âge) qui va entraîner l’emballement du système immunitaire.
Pourquoi les pédiatres suspectent-ils que les nouveaux cas de maladies de Kawasaki soient liés au Covid ? Parce qu’elle ne ressemble pas à la maladie de Kawasaki « classique ». Les enfants atteints actuellement ont entre cinq et 20 ans, alors que la maladie de Kawasaki frappe habituellement entre six mois et cinq ans. Par ailleurs, le Kawasaki est assez rare en Europe (contrairement à l’Asie), il est donc inhabituel d’avoir autant de cas en si peu de temps.
Enfin, d’après des publications chinoises mais aussi des retours du terrain que nous avons, des cas de myocardite ont été constatés chez de jeunes adultes testés positifs au Covid-19. Si cette affection peut occasionner des douleurs thoraciques et une fatigue de plusieurs semaines, elle guérit habituellement sans séquelle.
Pas de panique néanmoins : 144 cas, dont un seul mortel, cela reste peu pour une maladie qui a autant diffusé dans la population en si peu de temps. À titre de comparaison, 20.000 enfants naissent chaque année avec une malformation cardiaque en France. Comme le souligne la Société française de pédiatrie, le risque de développer une forme grave reste faible chez l’enfant et il faut réfléchir aux implications d’un confinement sur leur développement psycho-affectif. D’un autre point de vue, nous ne savons pas vraiment à quel point les enfants peuvent transmettre la maladie, et donc si leur retour en classe peut mettre en danger leur entourage familial…