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Un carnaval de têtes à claques

Images exclusives d’un défilé polémique. Les 13 et 14 juillet 2016, Nuit Debout Lannion organise un carnaval révolutionnaire et coupe des têtes, provoquant l’ire du Parti socialiste et du préfet des Côtes-d’Armor. Était-ce justifié ? À vous de juger.

Au quatrième mois de mobilisation contre la loi Travail et au 84e jour de présence quotidienne devant la mairie de Lannion pour Nuit Debout, quelques militants organisent un « carnaval révolutionnaire », annoncé dans la presse.

Le 13 juillet, avant le traditionnel bal des pompiers du quai d’Aiguillon, puis le 14 juillet, les militants baladent une charrette dans laquelle sont installés des poupées représentant le président de la République, François Hollande, son premier ministre, Manuel Valls, la ministre du Travail, Myriam El Khomri, le président du Medef, Pierre Gattaz, et la députée PS de Lannion-Paimpol, Corinne Erhel (décédée un an plus tard d’un arrêt cardiaque, en plein meeting pour Emmanuel Macron).

Seule Corinne Erhel sera épargnée par L’Ankou, le « serviteur de la mort » dans la mythologie bretonne.

Le 19 juillet, le Parti socialiste des Côtes-d’Armor publie un communiqué pour « condamner une mise en scène macabre […] une incitation à la haine et à la violence ».

Dans la foulée, le préfet des Côtes-d’Armor, Pierre Lambert, condamne à son tour « cette mascarade faussement républicaine. Un dépôt de plainte est envisagé pour diffamation publique et outrage à l’encontre de personnes dépositaires de l’autorité publique. […] Toute manifestation nouvelle, susceptible de troubler l’ordre public, organisée à Lannion et à l’initiative des auteurs de ces actions, sera strictement interdite. »

Nuit Debout Lannion reçoit notamment le soutien de la section de Bégard du NPA et de laGauche indépendantiste bretonne.

Plus tard, Myriam El Khomri témoigne lors du documentaire sur Nuit Debout diffusé par France 5 avoir vécu cette décapitation symbolique, dont elle a été informée, comme une « intimidation ».

Finalement, Nuit Debout Lannion poursuit ses actions sans être inquiété. Aucun militant n’est poursuivi pour ce carnaval et ceux traînés devant le tribunal pour des rassemblements sur le parvis de la mairie de Lannion ou sur les rails de la ligne TGV Paris-Brest sont relaxés lors de procès organisés à Guingamp.

À ce jour, en décembre 2017, Nuit Debout Lannion continue de se réunir chaque semaine, participe au Front social Lannion-Trégor, qui s’oppose au contre-réformes Macron. Le groupe informel s’inscrit dans de nombreuses luttes contre l’extraction de sable en baie de Lannion, les projets miniers en Centre-Bretagne, les accords de libre échange, l’extrême-droite, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou l’austérité budgétaire dans les hôpitaux publics.

Mise à jour le 2 décembre 2017

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Le milieu breton chante contre la loi Travail

Nuit Debout Lannion organise un deuxième fest-noz, le 30 juin 2016, en plein mouvement contre la loi Travail. Un mois après une première soirée festive, ce sont encore plus d’une centaine de Trégorrois.es qui viennent écouter, notamment, le jeune groupe Sparfell.

Cette fois, la mairie n’a pas accordé d’autorisation pour installer la scène sur la place du Centre et les militants doivent poser leurs tréteaux au bord du Léguer, sur le parking de Günzburg, sur le quai d’Aiguillon. Le maire, Paul Le Bihan, a même interdit par arrêté les rassemblements quotidiens devant l’hôtel de ville, au prétexte d’un bris de vitre pourtant condamné par les manifestants et dont l’auteur n’a pas été identifié.

La police nationale verbalise régulièrement ces derniers, qui répondent en se présentant ballonnés dans la salle du conseil municipal. Ils obtiendront gain de cause à l’automne au tribunal de police de Guingamp.

Dans le même temps, des opérations de blocage des voix ferrées sur la ligne Paris-Brest se multiplient en lien avec des syndicalistes autour de la gare de Plouaret pour accompagner le mouvement de grève et de blocage économique.

C’est dans ce contexte de tension, alors que le gouvernement utilise à plusieurs reprises l’arme constitutionnelle du 49.3 pour passer en force le recul des droits des travailleurs à l’Assemblée nationale, que des groupes de musique traditionnelle bretonne tels que Sparfell (vidéo), Aija, Morvan/Paugam, Veillon/Riou, Awenn & Enora, Urvoy/Le Dissez/Bléjean ou War-Sav se succèdent bénévolement sur la petite scène montée en plein air par des techniciens sympathisants.

Radio Debout Lannion ouvre son antenne sur le web depuis un camion installé derrière l’estrade, pour donner la parole à celles et ceux qui veulent la prendre.

Mis à jour le 7 janvier 2018

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Veillée d’arme à Lannion contre l’extraction de sable

Le mouvement Nuit Debout Lannion a reçu la nouvelle association Peuple des Dunes de Batz à Bréhat et le collectif Grain de sable dans la machine, lors de sa permanence quotidienne, le vendredi 27 mai 2016, à partir de 19 h 30, devant l’Hôtel de Ville.

François Luce et Yves-Marie Le Lay (par ailleurs président de Sauvegarde du Trégor) ont expliqué les conséquence néfastess pour l’environnement et l’économie trégorroise d’une extraction de sable en baie de Lannion.

Le groupe multinational Roullier, par sa filiale la Compagnie Armoricaine de Navigation (Can), a obtenu le droit de pomper du sable à quelques kilomètres seulement de Trébeurden et de la côte de Granit Rose, à partir de l’automne 2016. Le rejet de la population, exprimé lors de manifestations qui ont rassemblé jusqu’à 5.000 personnes à Lannion, n’a pas suffi, jusqu’ici, à faire reculer l’Etat.

Si le Peuple des dunes originel se place désormais sur un terrain uniquement judiciaire pour contester l’extraction, le Peuple des dunes de Batz à Bréhat et le collectif Grain de sable comptent notamment mener des actions visant l’image de Roullier et de ses filiales alimentaires grand public.

Notons que malgré l’opposition à ce projet exprimée par la députée PS de Lannion-Paimpol, Corinne Erhel, celle-ci a récemment rejoint le mouvement d’Emmanuel Macron « En marche », alors que c’est le ministre de l’Economie qui a signé le décret d’autorisation.

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Nuit Debout Lannion mobilise en chansons

Le premier Fest-Noz du mouvement « Nuit Debout Lannion » s’est tenu le 26 mai 2016, lors de la trente-sixième soirée d’occupation de place de la Mairie.

Les jeunes et prometteurs groupes traditionnels bretons War-Sav et Sparfell, notamment, ont fait danser jusqu’à 300 personnes, pour cet événement placé sous le signe de la lutte contre le projet de loi Travail, du gouvernement Valls.

Une caisse de grève a été mise en place pour soutenir le mouvement. Le matin-même, une centaine de manifestants ont répondu à l’Appel de Plouaret en bloquant la circulation des trains pendant six heures sur l’axe Paris-Brest.

Trois-cents personnes se sont aussi réunies à midi devant la Maison de l’emploi, à Lannion, à l’appel de l’intersyndicale, qui compte construire la grève dans le plus grand nombre d’entreprises du territoire trégorrois.

La « Radio Debout Lannion » a émis en parallèle, depuis un appartement surplombant la place pour sa cinquième émission en direct, consacrée à l’actualité du mouvement social et aux questions de précarité. Un vif débat s’est engagé sur la priorité que représente l’écriture d’une nouvelle Constitution.

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Nuit Debout Lannion déborde les syndicats

Près de 300 personnes ont manifesté dans les rues de Lannion (22), le 17 mai 2016 contre le projet de loi Travail du gouvernement Valls. Une partie du cortège a organisé une marche funèbre et musicale pour enterrer le code du travail, à l’initiative du mouvement Nuit Debout Lannion.

Certains manifestants chantaient des slogans contre la députée PS de Lannion-Paimpol Corinne Erhel, sur la musique de Merci Patron, des Charlots, bande originale du film éponyme produit par le journal militant de gauche Fakir et réalisé par le journaliste François Ruffin.

Sur la vidéo, le défilé passe sur le quai du Maréchal-Foch, près du centre Sainte-Anne. Les manifestants se trouvent ensuite devant la sous-préfecture. Le faux-cercueil sera plus tard balancé dans le jardin de Sophie Yannou-Gillet, sous-préfète. Enfin, les derniers manifestants réalisent une opération escargot sur le rond-point de Saint-Marc, avant de rallier les ronds-points Coppens et de Boutil, qui se trouvent sur l’axe Lannion-Guingamp.

Mis à jour le 6 janvier 2018.

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Manifestant blessé à Nantes : une seconde vidéo confirme la violence policière

« Manifestation : des incidents près du pont de la Motte Rouge à Nantes », titre sobrement Presse Océan. « La manifestation dégénère : 19 interpellations, 5 blessés », compte Ouest-France. Au vu des images que nous nous sommes procurés, une question se pose : dans l’escalade de la violence, la police arrose-t-elle le feu avec de l’essence ?

20160324 - Violences policières à Nantes - 26

Cette vidéo amateur inédite que nous nous sommes procurés avec l’accord son auteur a été tournée le 24 mars entre 14 h et 14 h 30, depuis un appartement situé sur le boulevard Amiral-Courbet, entre les arrêts de tram Motte-Rouge et Saint-Félix. Des manifestants, pour la plupart âgés d’une vingtaine d’années, quittent alors le centre-ville pour rejoindre l’université. Les bâtiments Censive et Tertre de la faculté de sciences humaines sont bloqués depuis l’aube.

L’homme violenté par des policiers se fait appeler Max. Âgé de 32 ans, il est animateur socioculturel et milite pour de nombreuses causes, à Nantes. Un ami à lui nous décrit un « mec très calme, posé. Jamais violent. » Après avoir été conduit au CHU, il a été placé en garde à vue.

Première vidéo mise en ligne dans la nuit du 24 au 25 mars sur Facebook :

Une autre amie nous apporte le témoignage de Max et nous précise qu’il a reconnu posséder des bombes de peinture qui n’auraient pas servi. Il n’avait, vendredi matin, pas porté plainte, mais ignorait la saisie de l’IGPN par la procureure de la République, Brigitte Lamy.

« [Max] était en train de donner du sérum physiologique à deux étudiantes aveuglées par le gaz lacrymo quand il a vu arriver un véhicule de gendarmes mobiles. Ils ont commencé à traverser la voie de tram tous les trois, mais visiblement pas assez vite au goût des agents de la CDI [Compagnie départementale d’intervention, NDLR] qui les ont chargé pour les repousser alors qu’ils étaient déjà en train de partir…
Ensuite on voit ce qu’il se passe sur la vidéo. Les policiers qui l’ont frappé ont ensuite appelé les pompiers, et attendu leur arrivée auprès de Max, assis au sol, sans lui donner ne serait-ce que de quoi éponger son sang. Max, une fois dans le véhicule des pompiers, un fourgon de police continuera à le suivre.
Les agents le suivront encore jusqu’au service des urgences, où M. ne sera séparé d’eux que par un rideau, et soigné en entendant leurs conversations. Il exprimera d’ailleurs son malaise en disant quelque chose du genre « vous me mettez en insécurité, vous me tapez dessus et vous me suivez jusqu’à l’hôpital » Le médecin lui fera sept points de suture. Puis les policiers le feront monter dans leur propre véhicule avant d’appeler leur hiérarchie, visiblement pas convaincue par la nécessité d’une garde à vue. Max les entendra dire : « ça fait 1 heure 30 qu’on poireaute pour le mettre en GAV, on ne va quand même pas le relâcher. »
Un second coup de fil et les agents seront satisfaits. M. sera donc placé en garde à vue et interrogé, il reconnaîtra être en possession d’un mégaphone mais les policiers ne trouveront aucun délit à lui mettre sur le dos. Il passera pourtant la nuit en cellule, car « la nuit porte conseil ». Le lendemain, après une nouvelle tentative d’interrogatoire, il sera finalement libéré. Sans convocation ni rappel à la loi. »

Les vidéastes amateurs nous disent être encore restés une demi-heure à leur fenêtre avant de quitter les lieux à cause du gaz lacrymogène. Un véhicule de police a fini par obstruer leur vision. Encore selon eux, des pompiers sont intervenus. Nous ne savons pas encore ce qui s’est produit ensuite.

Mise à jour du 26 mars, 11 h 30 : Presse Océan nous apprend que cette vidéo a déclenché hier l’ouverture d’une enquête par la police des polices, l’IGPN, saisie par le parquet. Nous pouvons rajouter que les auteurs de cette vidéo n’ont pas encore été contacté.

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Dans la matinée, au moins 6.000 manifestants ont défilé contre la loi Travail. C’est plus que les 9 et 17 mars et plus que dans n’importe quelle autre ville de France, si l’on s’en tient aux chiffres du ministère de l’Intérieur.

Plusieurs centaines de personnes ont refusé l’ordre de dispersion, devant la préfecture, et sont entrées en conflit avec les policiers, déployés en nombre tout au long du parcours.

Cette vidéo fait écho à celle qui montre un policier ascéner, le même jour et dans le même contexte de lutte, un coup de poing à un élève de seconde près du lycée Bergson, à Paris.

Elle s’ajoute à une long liste de faits rapportés par des militants depuis le début de cette mobilisation sociale : l’irruption de CRS dans un amphi de Tolbiac où débutait une assemblée générale le 17 mars, une manifestation dispersée à coups de matraques à Lyon le même jour ou encore une réunion empêchée dans les mêmes circonstances à Strasbourg.

Elle rappelle aussi le lourd déploiement policier du 22 février 2014, dans ces mêmes rues nantaises, lors d’une manifestation de grande ampleur contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Nous avions publié une série de témoignages qui soulignaient la provocation d’un tel dispositif.

Le 27 novembre 2007, Pierre Douillard lycéen de 17 ans, est éborgné par un tir de LBD (flash-ball tireur de balles de défense), dans les jardins du rectorat, lors d’un rassemblement anti-LRU. Après six ans de procédure, le tireur Mathieu Léglise est définitivement relaxé.

Le collectif né à cette occasion liste les affaires de violences policière. On y retrouve hélas la mort de Rémi Fraisse, tué par un jet de grenade assourdissante, le 25 octobre 2014, à Sivens. Des témoins ont affirmé devant les juges que l’étudiant toulousain avait les bras en lair, abonde justement Mediapart.

Les manifestants sont-ils de plus en plus violents ? Une chose est sûre, les policiers sont de plus en plus armés.

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Quand ville et vie se mêlent

Les quartiers changent, évoluent. Souvent, on oublie leur passé, leur architecture, leurs caractéristiques. Les destins qui s’y jouent sont pleins d’incertitudes, de rebondissements. Parfois, le souvenir de ceux-ci s’altère. Un effacement des vies et des lieux fusionné de manière émouvante dans la bande dessinée À Marée haute.

La bande dessinée s’ouvre par une citation de Julien Gracq. Dans la page suivante, une grue Titan apparaît. Peu après, c’est l’usine Béghin Say qui est représentée. Autant d’éléments symboliques qui plantent le cadre de À Marée haute : la ville de Nantes et plus particulièrement son île éponyme.

C’est là, dans ce lieu en pleine mutation, que se joue l’histoire de Fabrice et sa grand-mère Suzanne. Lui est un adolescent qui a fait des anciens chantiers navals son terrain de jeu. Elle est une personne âgée, ancienne habitante du quartier, et l’une des nombreuses petites mains qui ont œuvré dans la zone portuaire.

Une BD issue du cinéma

Tous les deux sont des témoins privilégiés d’une lame de fond : la tombée en désuétude puis la gentrification d’un ancien quartier industriel. Une histoire d’autant mieux racontée qu’elle est en grande partie autobiographique. « Le jeune homme c’est moi. Il y a 80 % de vécu dans ce récit. Ce sont mes souvenirs, mon enfance durant laquelle j’ai vu un quartier changer », détaille Aurélien Boulé, le scénariste.

A Marée Haute - Planche 01 - La Déviation

Longtemps resté dans les cartons – huit ans environ – son projet était à la base destiné pour le cinéma via un court-métrage. « Mais les lieux ont beaucoup évolué et c’était difficile de mettre en image ces changements. Le choix a donc été fait de l’adapter en bande dessinée », relate ce Nantais de 31 ans.

Malgré tout, le lien avec le cinéma est visible au fil des pages. « J’ai souhaité donner un rythme particulier au récit. Il y a parfois des enchaînements de planches faits comme des travelling. On a voulu garder ce mouvement », précise le vidéaste de profession. Ainsi, une large place est laissée au dessin. Souvent le dialogue s’efface. Ce sont les images qui font le récit et évoquent le temps qui passe.

Les saisons défilent sous le pinceau de Paulette Taecke, artiste belge, qui a pris part pour la première fois à une bande dessinée. « Je l’ai rencontré quand j’étais en Belgique. C’est une peintre connue en Flandre, une spécialiste de l’univers maritime et des ports », explique Aurélien Boulé. Il a fourni à l’artiste des photos de Nantes comme support de travail.

« Histoire universelle »

À Marée Haute - Planche 02 - La DéviationLe Tripode, le Hangar à banane se dessinent sous ses traits. Le terroir local est aussi mis en lumière avec la représentation des rigolettes nantaises. Des marqueurs forts, supports d’un travail de mémoire, mené par Fabrice auprès de sa grand-mère. Si les images de l’ancien quartier s’effacent, il en est de même pour la vie de Suzanne. Désorientée, la vieille dame perd la mémoire. Une tragédie mal vécue par l’adolescent. Mais les deux protagonistes vont resserrer leurs liens et s’unir pour un dénouement à la fois poétique, tragique et plein d’espoir. Une illustration du quotidien vécu par de nombreuses personnes.

« Si l’histoire est nantaise, elle se veut la plus universelle possible. Il est possible de la transposer dans de nombreux endroits du monde », argue le scénariste. Pas besoin de connaître Nantes donc pour s’imprégner de cette bande dessinée. Mais il est vrai que sa résonance est d’autant plus forte si on a déjà eu l’occasion de se promener près des Machines de l’île et du célèbre Grand Éléphant, symbole s’il en est de l’évolution de l’île de Nantes.

À marée haute, d’Aurélien Boulé et Paulette Taecke, Sixto Editions, 70 pages. 16,90 €.

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Beaucoup de pas grand chose

Puisque tout le monde parle de canicule, voilà une lecture qui se marie très bien avec des températures oscillant entre 37 et 41°c. En vrai, elle se marie à n’importe quelle saison, pourvu que vous ayez le sens de l’humour pour apprécier cette série autobiographique, « Les Petits riens », qui se décline en albums et dont le 7e volume vient de paraître.

Dans « Les Petits riens », Lewis Trondheim prend la vie comme elle va et fait de toutes ses petites anecdotes, drôles, rageantes, belles ou attristantes, des pépites.

Chacune est mise en relief par un auteur qui est à l’image du slogan de la collection Shampooing, dans laquelle paraissent ses « petits rien » aux éditions Delcourt : « Shampooing c’est pour les grands qui savent rester petits et les petits qui veulent devenir grands. » Et voilà tout est dit. On regarde la vie comme on farfouille dans sa boîte aux trésors, tout vaut le coup d’être accepté et raconté pour peu qu’on y accorde un peu d’importance.

Ça passe par ce petit buisson sec, gros comme le point qui roule, porté par le vent comme dans les westerns, que Lewis Trondheim regarde. Il se félicite de cette mini touche d’exotisme dans sa rue. Passage piéton - Les Petits riens de Lewis Trondheim tome 7 - Un arbre en furie - La Déviation

C’est aussi cette conversation avec ses vieux copains dans un bistrot, pour savoir combien d’entre eux collectionnaient les petites billes qu’il y a dans les cartouches d’encres des stylos plumes… en fait ils la faisait tous cette collection. Alors Lewis s’interroge sur le réel intérêt de la chose. En fin de soirée, il décide de donner un nom à cette collection puisqu’il n’en trouve visiblement pas sur internet : la parvapilaphilie ! Et de conclure que « ces années d’accumulation stérile auront au moins servi à ça ».

Charlie Hebdo

Il s’amuse de tout. Ses anecdotes font sourire, parfois rire un peu jaune ou rire tout court.

Le plus souvent c’est tout simplement vrai, pas de fausses notes mais une sincère autodérision. Pas de rancœur, pas de jugement ou de méchanceté.

Les petits riens de Lewis Trondheim 4. Mon ombre au loin

La violence n’est pas non plus absente dans ces « petits rien ». Résultat, on se prend parfois une claque.

Entre deux pages qui font sourire on tombe sur celle-ci par exemple : Lewis trondheim évoque les évènements de janvier en disant « depuis trois jours qu’il y a eu l’attentat, plus personne n’envoie ses bons vœux pour 2015 »… Il réfléchit en regardant par la fenêtre et ajoute : « je me demande quel va être le délai décent pour que ça reprenne… ».

Il se dit dans une autre page que s’il avait su que Wolinski allait être exécuté à la kalachnikov pour ses dessins, il ne se serait pas pris le chou avec lui lors des votes pour décerner les grands prix du festival d’Angoulême et aurait même voté pour Manara, pour lui faire plaisir.

Ce sont des remarques et des regrets doux amers qui passent d’autant mieux que l’auteur se représente sous la forme d’un faucon anthropomorphisé. Sa famille, ses amis et les autres personnages ont également des têtes d’animaux.

Les Petits riens de Lewis Trondheim - Tome 7 planche 14244  -  La Déviation

Le volume 7 s’intitule « Arbre en furie ». Il nous raconte les vélos prioritaires d’Amsterdam ; le monde parallèle des pâtes Barilla ; la découverte de la faune du Québec. C’est léger et c’est comme un miroir qui transfigure notre routine et la rehausse d’un peu de couleur, d’odeur, de sensations. Les imprévus deviennent des surprises ; les retards, des occasions de rencontres, et les virées au supermarché sont dignes des tribulations d’un aventurier.

* Le titre de l’article est inspiré de l’invariable verso de chaque volume des « Petits riens ».

Les Petits riens, Lewis Trondheim, éditions Delcourt, collection Shampooing, « Arbre en Furie », 125 pages, 9 juin 2015, 9,90 €.

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La Déviation débarque à Garorock !

Cette année l’équipe de « La Déviation » vous embarque dans ses bagages, direction le lotégaronneu, à Marmande (avec l’accent un peu chantant s’il vous plaît) pour vivre notre rencard Garorock, « le Garo » (pour les intimes), ce rendez-vous qui a dépassé la majorité l’an passé et qui s’impose comme un des festivals majeurs du Sud-Ouest, en passe de rejoindre les plus grands, avec plus de 60.000 visiteurs attendus cette année.

En tout cas, ce qu’on peut déjà vous dire c’est que cette année, à Garorock il y aura…

Une exclu

Le festival est la seule date du rappeur américain A$AP Rocky. Cela fait parait-il quatre ans que le directeur du festival, Ludovic Labordie, essayait de l’avoir dans sa programmation. Ce jeune rappeur américain, combine le hip-hop alternatif, le rap underground et expérimental pour emmener son public dans son univers tranchant.

Un retour

Les deux rappeurs trash et kitsch de Die Antwoord avaient retournés la plaine de la Filhole en 2013, et ils n’ont pas fini de vous bousculer. Elle, ne dépasse pas le mètre 60, mais sa micro-frange et sa voix de poupée punk étiolée par l’hélium fascinent. Lui ? Il en impose grâce à ses grimaces de « redneck » livide et tatoué. Déjà très connu sur toutes les scènes du monde, Die Antwoord (« la Réponse »), composé de zef, de rave et de hip-hop alternatif, est un mélange de plusieurs cultures différentes.

Des incontournables (enfin les nôtres quoi)

THE JON SPENCER BLUES EXPLOSION Des riffs de blues sortis d’outre tombe, une fuzz à couper au couteau, ça déménage pour l’un des seuls groupes faisant honneur au nom du festival, un peu de rock, beaucoup de blues, une goutte de punk et paf : ça donne TJSBE.

SIRIUSMODESELEKTOR –  Des monstres de la musique electro, instigateurs du mouvement underground des 90’s à Berlin, ces trois artistes sont des références en matière d’innovation et une source d’inspiration pour nombres de DJ’s depuis plus de vingt ans. On a du pot c’est l’une de leur rares dates en France ! (à voir : le documentaire sur Modeselektor)

DUB FX – Il s’est fait un nom dans la rue, mélangeant les styles et les instruments. un beat boxer de génie, une maîtrise technique des pédales d’effet et des instruments qui laissent coi, une voix inoubliable. Cet autodidacte mérite pleinement qu’on s’intéresse à lui !

PAUL KALKBRENNER – On ne présente plus la tête d’affiche du festival, Paul K. fait de la minimale qui prend aux tripes, à chaque morceau une impression rassurante de déjà entendu, et des mélodies qui restent en tête. Allez-y et frissonnez de plaisir , pourquoi s’en priver ?

De la technologie

Cette année, les festivals font leur entrée dans le monde connecté avec les bracelets électroniques et c’est le festival Garorock qui ouvre le bal des puces à nos poignets avec un « GaroPass » : un bracelet connecté en RFID. Il s’agit d’une méthode d’identification par radio fréquence, développée par la société Intellitix, pour mémoriser et récupérer des données à distance en utilisant des marqueurs appelés « radio-étiquettes ».

Moins de files d’attente, une meilleure gestion des stocks et pas d’argent à circuler dans les stands boissons, à vue de nez les arguments sont nombreux.

Le festivalier pourra en outre lier son profil Facebook ou Twitter à son profil RFID et ainsi, mettre à jour ses statuts Facebook grâce aux bornes et devenir « amis » avec son voisin de queue pour les toilettes avec qui il viendra de passer quinze minutes à refaire le monde en serrant la vessie (ben oui ne rêvons pas, le bracelet connecté ne fait pas pipi pour vous). Sans oublier l’application Spotify, l’un des nombreux sponsors de l’événement à prendre de la puissance avec cette technologie. Elle enverra aux festivaliers une playlist des concerts entendus dans la journée.

okok badge

Espérons que les données (que ce soit celles de nos consommations au bar ou notre page Facebook) resteront traitées en interne, comme l’a annoncé le directeur du festival. On imagine déjà les prochaines statistiques : « écouter Soja inspire-t-il la consommation d’alcool, si oui plutôt bière blonde ou mojito ? », « en quoi Buraka Som Sistema se prête à la pratique du selfie ? »

Des œuvres d’art

La 19e édition de Garorock accueille un espace land art sur la plaine de la Filhole. Le festival a invité Vincent Saedi, un ancien machiniste de la célèbre compagnie Royal Deluxe pour la décoration du camping et la construction d’un personnage monumental, ainsi que l’artiste-peintre Mickaelle Delamé pour la réinterprétation des visuels des années passées (2007, 2011, 2014…).

On pourra découvrir aussi, un peu partout, des œuvres à base de matériaux recyclés réalisés avec les habitants de l’agglomération marmandaise.

Pour le reste, le mieux c’est d’aller voir vous-mêmes. Et tout est bien expliqué ici !

 

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Dimanche à Art Rock : Shakaponk, Selah Sue, Set & Match

Album photo – Trois lieux pour trois ambiances ce dimanche 24 mai. La classe de Dominique A en lever de rideau, tout d’abord, magnifiquement mis en lumière, dans un grand théâtre qui incite au solennel. La fougue des rappeurs montpelliérains de Set & Match, ensuite, déchaînant leur jeune public devant une scène malicieusement coincée entre le conseil départemental et la préfecture. La grandiloquence téléphonée de Shakaponk, enfin, sur la grande scène bientôt rangée dans les camions.

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Samedi à Art Rock : Christine & TQ, Yelle, Castelbajac…

Album photo – Où est le hype à Saint-Brieuc en ce deuxième jour d’Art Rock ? Manifestement plus au vieux théâtre pour cette reprise des standards de Kraftwerk par un orchestre de chambre que sur la grande scène lors du très classique concert pop british de Citizens!, aussi vite vu qu’oublié. Davantage encore chez Christine & The Queens, dont la somme des détracteurs équivaut au degré d’adhésion face à la performance de JC de Castelabajac et Mr No élevée au carré.

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Sur le podium de Poulain-Corbion, difficile de départager les tenues de Nili Hadida, de Lilly Wood & The Prick, collection été au Mali, et Julie Budet, de Yelle, en combinaison quasi-intégrale de plongée (à moins qu’il ne s’agisse d’un hommage au Zentaï japonais… Moui, c’est même sans doute ça après réflexion.)

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Vendredi à Art Rock : The Dø, Placebo, De Crecy…

Album photo – Pas de round d’observation pour Art Rock. La cité briochine, qui sort du coma un week-end par an, a la dalle. À tel point qu’il faut deux heures aux sans-culottes pour rejoindre la grande scène, posée sur ce que la ville avait de mieux à son héros de la Révolution, Jean-François-Pierre Poulain de Corbion* : un parking. Ce soir, Izia, Blues Pills et Coelly étaient programmés, mais j’ai raté la première et les deux autres ne se sont pas pointés.

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* Des recherches récentes tendent à prouver que ce magistrat assassiné par les chouans contre la cathédrale en 1799 avait finalement plus à voir avec Patrick Balkany qu’Arlette Laguiller. Donc l’un dans l’autre…

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