Yves-Marie Le Lay a fait reconnaître cette semaine par la justice administrative le préjudice écologique causé par les marées vertes en baie de Saint-Brieuc. Une victoire qui intervient au moment où le film « Les Algues vertes » de Pierre Jolivet séduit un large public au cinéma. Début juin, nous avions réuni le lanceur d’alerte breton et le réalisateur pour une interview croisée, lors d’une avant-première organisée à Plestin-les-Grèves (22).
Étiquette : cinéma
Passer de journaliste pigiste à héroïne de film, c’est la trajectoire inattendue suivie par Inès Léraud, dont trois années de vie sont portées sur grand écran dans « Les Algues vertes », de Pierre Jolivet. Méthode de travail, risques, engagements… Nous l’avions rencontrée le 2 juin 2023, lors d’une avant-première organisée dans le cinéma associatif de Callac (22).
Les Algues vertes est sorti en salles le 12 juillet 2023.
Lors de la projection des « Algues vertes », ce jeudi soir, au cinéma de Lannion (Côtes-d’Armor), des membres des Jeunes agriculteurs attendaient les lanceurs d’alerte à la sortie. Insultes, menaces, intimidations : c’est une avant-première sous pression qui s’est déroulée dans l’une des villes où le film de Pierre Jolivet et Inès Léraud a été tourné. Je vous raconte.
Il est 20 h 45 lorsque la séance des « Algues vertes » démarre, dans la salle n°1 des Baladins, à deux pas de la gare de Lannion. Laurent Lintanf et Laurence Perron viennent d’introduire cette séance très spéciale, coorganisée avec la LPO Bretagne, devant 279 spectateurs.
Les militants Nupes du Trégor présentent rapidement le plateau d’intervenants qui viendra répondre aux questions du public quand les lumières se rallumeront : Yves-Marie Le Lay, lanceur d’alerte sur les marées vertes, Pierre Philippe, l’urgentiste que les autorités ont ignoré lorsqu’il a averti sur le danger mortel de l’hydrogène sulfuré dès 1989, Serge Le Quéau, syndicaliste et membre du Cese, sans qui l’affaire des intoxiqués de Nutrea-Triskalia n’aurait sans doute jamais été révélée, Viviane Troadec et Ludovic Brossard de la LPO Bretagne, et Benoît Allain, éleveur laitier membre de la Confédération paysanne.
« On se retrouvera ! »
Les réservations sont closes depuis trois jours. « Aujourd’hui on a reçu cent appels », explique le guichetier à des retardataires qui devront attendre la sortie nationale, le 12 juillet. Au milieu des curieux et des familles venues voir Indiana Jones, se trouve un groupe de jeunes hommes qui n’est visiblement pas là pour l’amour du 7e art.
Il s’agit de membres des Jeunes agriculteurs, émanation de la FNSEA. Certains sont éleveurs de porcs ou de lapins près de Tréguier. Convaincus que le film dessert leurs intérêts. Le ton monte rapidement contre Yves-Marie Le Lay, l’inlassable pourfendeur de agro-industrie, connu comme le loup blanc. Il était suppléant de la candidate LFI-Nupes défaite au second tour des législatives, à Lannion, l’an dernier. Ce que l’un de ses contempteurs ne manquera pas de relever.
Il est convenu que je dîne avec les intervenants au Breizh Shelter, le restaurant qui fait face du cinéma. Puis que je tienne une table de presse dans le hall pour Splann !, l’ONG d’enquêtes journalistique en Bretagne cofondée avec Inès Léraud en 2021 (soutenez-vous !).
Du hall, nous arrivons sur les marches, à la demande des responsables du cinéma qui sentent que la situation peut déraper. En effet, le plus bavard et probablement le plus costaud des huit gaillards ne cesse d’affirmer à Le Lay : « On se retrouvera ! » Quarante ans et une tête séparent les deux hommes.
Mon téléphone arraché des mains
J’interviens dans ce qui est devenu une esclandre publique pour mettre des mots sur la situation : une intimidation qui vise à faire taire. Je fais valoir ma qualité de journaliste. Lorsque j’annonce vouloir filmer la scène, le meneur de la bande saisit mon téléphone, m’intimant l’ordre d’effacer la vidéo. Ce dont je n’ai pas l’intention. J’arrache finalement mon appareil, le tirant de fort mauvaises mains, après trente secondes confuses qui auraient pu mal se finir.
Les deux groupes se séparent. Avec les organisateurs et intervenants, nous gagnons le restaurant. Les JA restent un moment sur le parvis des Baladins, avant de s’installer en terrasse. Il y a une vitre entre nous et des serveurs compréhensifs. Entre temps, la police nationale, appelée sur les lieux, est allée discuter avec l’équipe du cinéma et les agriculteurs. J’ai également parlé avec les fonctionnaires, qui me conseillent d’être « prudents ». L’une des agents est munie d’une « caméra piétonne ».
Il est convenu qu’une patrouille revienne à l’heure où il nous faudra regagner le cinéma. Une précaution pas tout à fait inutile, puisque si quelques amis ont été prévenus, pour pouvoir témoigner, Le Lay essuie de nouvelles insultes en traversant la terrasse.
Pendant ce temps, le mot a commencé à circuler. Tweet de soutien de Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’EELV, textos et coups de fil aux copains. La députée LFI de Guingamp, Muriel Lepvraud, a même prévenu le préfet Rouvré. A Carhaix, Inès Léraud et Morgan Large expliquent les faits au public carhaisien. Mais dans la salle lannionnaise surchauffée et coupée du réseau mobile, où les applaudissements succèdent au générique de fin, les spectateurs ignorent encore qu’une scène supplémentaire de « l’histoire interdite » vient de se jouer.
C’est donc lors d’échanges avec les invités que la salle apprend stupéfaite que pour la première fois depuis le début des projections-débats des « Algues vertes », soit facilement plus de 50 séances, des membres de la profession agricole ont voulu régler leurs comptes avec certains des protagonistes.
D’ailleurs, la porte de sortie du cinéma est gardée par deux policiers. Autre grande première de la soirée.
Finalement, peut-être las de faire le pied de grue, les agitateurs ont quitté les abords de la salle vers 23 h. Côté public, certains ont eu beaucoup plus de mal à décrocher.
Il semble par ailleurs qu’une énigme ait été résolue ce soir.
L’utilitaire blanc photographié la veille rue Savidan par des participants au rassemblement contre la dissolution des Soulèvements de la Terre – fourgon portant une inscription au feutre visant nommément Yves-Marie Le Lay -, était garé ostensiblement près du cinéma, ce jeudi soir. Avec un écriteau jaune sur le toit portant la mention « convoi exceptionnel ». Dans la journée, Yves-Marie Le Lay m’avait confié : « Signature évidente de la FNSEA. »
Yves-Marie Le Lay compte porter plainte
Contacté ce vendredi midi, Yves-Marie Le Lay annonce son intention de porter plainte « au nom de tous les lanceurs d’alerte qui vivent dans la peur et n’osent pas témoigner publiquement ».
Pris à partie le premier dans le hall du cinéma, un éleveur lui a reproché de s’être introduit dans son élevage de lapins, avec L214. Si le président de Sauvegarde du Trégor-Goëlo-Penthièvre témoigne bien dans une vidéo de l’association antispéciste mise en ligne le 24 janvier 2021 (ci-dessous), il n’a pas participé au tournage réalisé dans l’exploitation et publié trois jours plus tôt.
Article mis à jour le 30 juin 2023 à 13 h 50 afin d’ajouter la mention du dépôt de plainte envisagé par Yves-Marie Le Lay.
Ils sont taquins ces écologistes. Dans la lignée des projections des « Algues vertes » de Pierre Jolivet et Inès Léraud programmées à l’Assemblée nationale, au Sénat et au Parlement européen, les camarades de Marine Tondelier espéraient tendre une toile au conseil régional de Bretagne. Mais à l’impossible, nul n’est tenu.
« Il est primordial d’organiser une diffusion [des “Algues vertes”] au sein de l’hémicycle régional », plaide la cheffe de file des écologistes, Claire Desmares, le 12 juin. Après un premier refus essuyé en commission permanente, l’élue persiste dans un courrier adressé directement au président (ex-PS) Loïg Chesnais-Girard (pdf). « Cette histoire est la nôtre, et cela représenterait un symbole important vis-à-vis de toutes les associations qui se battent contre la prolifération des algues vertes depuis des années. »
Sans réponse à l’approche du débat sur l’eau prévu le 29 juin, le groupe écologiste rend publique son initiative le 22 juin, forçant l’exécutif régional à se positionner. Ce dernier joue la carte de l’égalité de traitement. « En 2022, la Région Bretagne a financé plus d’une centaine de films ou documentaires, ayant tous un intérêt pour la Bretagne, chiffre le cabinet du président. Il n’est pas équitable de demander la diffusion d’un documentaire ou d’un film, plutôt qu’un autre. »
Et n’allez pas penser que le sujet mette mal à l’aise la (fragile) majorité. « Les élus régionaux ont été invités à se rendre dans la baie de la Fresnaye, en avril dernier, pour étudier la mise en œuvre du plan de lutte contre la prolifération des algues vertes […] et un débat politique a déjà eu lieu dans l’hémicycle », fait valoir le service presse.
Lors de la session d’octobre 2022, Loïg Chesnais-Girard avait en effet déclaré n’avoir « aucun problème avec le film ». Ce jour-là, le Lamballais Stéphane de Sallier-Dupin avait, au nom du groupe LR, tancé la subvention de 250.000 € accordée par la collectivité, à la suite d’un avis favorable d’un comité d’experts indépendants. « Un jeu de massacre » et « une balle tirée dans le pied », s’étranglait le lieutenant de Marc Le Fur, aka le député des cochons.
« On ne doit pas avoir peur, y compris de certains excès de parole, y compris par moment de certaines caricatures », lui avait répondu l’ex-maire de Liffré (35). De là à autoriser une avant-première à l’Hôtel de Courcy, il y a un pas que l’hériter de Jean-Yves Le Drian ne franchira pas.
Et n’allez pas penser que le sujet mette mal à l’aise la (fragile) majorité. « Les élus régionaux ont été invités à se rendre dans la baie de la Fresnaye, en avril dernier, pour étudier la mise en œuvre du plan de lutte contre la prolifération des algues vertes […] et un débat politique a déjà eu lieu dans l’hémicycle », fait valoir le service presse.
Lors de la session d’octobre 2022, Loïg Chesnais-Girard avait en effet déclaré n’avoir « aucun problème avec le film ». Ce jour-là, le Lamballais Stéphane de Sallier-Dupin avait, au nom du groupe LR, tancé la subvention de 250.000 € accordée par la collectivité, à la suite d’un avis favorable d’un comité d’experts indépendants. « Un jeu de massacre » et « une balle tirée dans le pied », s’étranglait le lieutenant de Marc Le Fur, aka le député des cochons.
« On ne doit pas avoir peur, y compris de certains excès de parole, y compris par moment de certaines caricatures », lui avait répondu l’ex-maire de Liffré (35). De là à autoriser une avant-première à l’Hôtel de Courcy, il y a un pas que l’héritier de Jean-Yves Le Drian ne franchira pas.
Du drame qui frappa sa famille, Édouard Bergeon tire une fiction coup de poing racontant le glissement de l’agriculture française vers un productivisme qui broie les hommes. Nous avons rencontré le réalisateur du film « Au nom de la terre » lors de son passage à Lannion.
« Un agriculture met chaque jour fin à ses jours. » Édouard Bergeon martèle cette statistique récemment réévaluée par la Mutuelle sociale agricole (MSA). Il y a vingt ans, c’est son père qui disparaissait en avalant des pesticides. Ultime étape d’une dépression causée par l’impossibilité de maintenir à flot l’exploitation familiale.
Incarné par Guillaume Canet dans « Au nom de la terre », le père d’Edouard Bergeon se confronte au grand-père, hostile aux agrandissements de la ferme bien qu’il ait le premier suivi la course aux rendements.
Alors que l’écologie trône au centre des préoccupations, le réalisateur s’adresse aux consommateurs pour accompagner la transition des agriculteurs vers des pratiques plus respectueuses de la nature et des hommes.
Cinéma : Qui a peur de Vagina Wolf ?
Interview – À 40 ans passés, Anna Margarita Albelo endosse les casquettes de réalisatrice, DJ, journaliste et militante féministe et LGBT. Son premier long-métrage de fiction “Qui a peur de Vagina Wolf ?” (sortie en salles le 19 mars) n’est pas seulement le remake lesbien de la pièce de théâtre d’Edward Albee “Who’s afraid of Virginia Woolf ?”, c’est aussi et avant tout l’histoire d’une réalisatrice vivant dans le garage d’une amie qui, le jour de ses 40 ans, n’a toujours pas réalisé le film dont elle rêvait.
Ce dimanche n’aura pas vu le soleil sans raison. Dans les couloirs des cinémas Studios de Tours, le sourire d’Anna Margarita Albelo attire toutes les bonnes humeurs. Elle est venue aujourd’hui présenter son premier long-métrage de fiction au festival Désir Désirs.
Du côté de l’organisation du festival, c’est un véritable bonheur d’accueillir un film LGBT qui respire autant de joie. Un film à l’image de sa réalisatrice. Je suis allé à sa rencontre.
La Déviation – « Qui a peur de Vagina Wolf ? » promet un film lesbien qui ne l’est finalement pas tant que ça. Pourquoi est-il aussi facile de se reconnaître dans Vagina Wolf ?
Anna Margarita Albelo – C’est un film à double tranchant. Je me suis demandée comment écrire un film qui parle à tous. Et je crois que j’ai réussi avec mon film à rester fidèle aux différentes identités de ces femmes lesbiennes et à offrir ce film au public le plus large possible.
Si tu veux, aujourd’hui, pour une réalisatrice comme moi, il s’agit de trouver sa place devant le grand public et de trouver les financements pour diffuser le film en salle et à la télévision. Toucher plus de monde, c’est aussi toucher des jeunes excentrés, en dehors des grandes villes ou de la culture.
J’ai produit ce film moi-même, en coproduction avec un producteur français. Plus de 400 personnes ont participé au financement en apportant 27.000 $. La production s’est faite de manière hybride. Pour moi c’est énorme, car ça veut dire que tous ces gens ont cru en mon scénario et en mon travail de réalisatrice. Même le simple fait d’être aujourd’hui en France est incroyable. Je n’aurais jamais pensé être distribuée. Mon plus grand désir, c’est de continuer à être intègre tout en m’adressant au grand public.
Le film met en scène deux producteurs prêts à donner 4.000 $ pour votre film avec quelques réserves : le film doit être sexy.
L’un des problèmes avec le cinéma lesbien, c’est qu’en général c’est un cinéma très sexy qui excite les hommes hétérosexuels… entre guillemets hein ! Si tu fais un film lesbien et qu’il n’y a pas de scène de cul et de belles actrices sexys, c’est difficile de trouver de l’argent. Pourtant il faut soutenir le cinéma.
Je crois qu’en France, on a très bien compris qu’il fallait soutenir le cinéma d’art et essai indépendant. Si le Centre national du cinéma ne donnait pas d’argent, on ne produirait qu’à peine 10 % de la production indépendante. Car qui donnerait cet argent ?
La sexualisation des gays et des lesbiennes est un problème.
En plus de ça, dans le film, les deux producteurs sont gays. Ce ne sont pas des hétéros qui disent “on veut voir des lesbiennes baiser”. Moi, ça fait quinze ans que je fais des films et que je parcoure les festivals LGBT. C’est la même réalité pour tous. C’est toujours du militantisme que de proposer un film lesbien intelligent qui ne parle pas forcément de cul.
Par exemple, La vie d’Adèle marche très bien et j’en suis contente car je pense que ça donne de la visibilité aux histoires lesbiennes, malgré le fait que ce film soit réalisé par un homme. Car le problème c’est que l’on regarde ces films avec ces scènes de sexe sans jamais penser que l’on pourrait faire sans. La sexualisation des gays et des lesbiennes est un problème. Je pense venir en complément à cette production. Je veux apporter un autre regard.
Est-ce que l’expérience de cette réalisatrice qui vit dans le garage d’une amie pour financer son film est l’expérience d’autres réalisateurs ?
Aux États-Unis, c’est l’histoire du cinéma indépendant depuis toujours. Même John Cassavetes a réalisé ses films indépendants de cette façon dans les années 1970 car Hollywood ne voulait pas produire ses films.
Oui, je suis le cliché de la réalisatrice qui vit dans un garage, qui veut faire un film et qui fait tout avec trois fois rien. Malgré le peu d’argent qu’on avait, on désirait tout de même une production de la plus grande qualité possible. Je ne voulais pas qu’on dise “Ah ! Encore un film lesbien fabriqué avec deux bouts de ficelle !” et que ça soit cet élément là qui nous ferme les portes de la distribution.
Avec mon équipe, qui n’est pas exclusivement lesbienne puisqu’il y a des gays et des hétéros, nous voulions montrer que ce n’est plus un cinéma ghetto. J’adore le cinéma underground, et j’en ai fait. Mais mon évolution, c’est d’accéder au grand public. Et surtout avec de l’humour. Parce que ça n’est pas toujours facile d’être lesbienne et féministe.
On a tous en tête le stéréotype de la nana pas drôle, agressive, méchante et bornée. Pourtant ça fait 25 ans que je suis féministe et lesbienne et que j’adore la comédie. J’utilise la comédie pour trouver une universalité entre nous. Ici il s’agit de l’histoire d’une nana qui veut faire un film. Mais ça aurait pu être l’histoire d’un mec qui veut construire un bateau ou d’une femme qui veut construire une maison pour sa famille. On a tous des buts et ce film démontre qu’on peut y arriver malgré un environnement hostile.
L’évolution du cinéma lesbien que vous évoquez, c’est la votre ou celle de la production lesbienne ?
Je pense qu’il y a de moins en moins de films lesbiens car il est de plus en plus difficile de trouver de l’argent. Et ça n’a jamais été facile. Ça, c’est juste la réalité. Mais on est plusieurs, à l’international, à continuer à faire des films et à y mêler nos vies… J’ai quand même vécu dans un garage.
L’intérêt, c’est de continuer à communiquer avec le monde. Il y a énormément de gens qui n’ont pas fait leur coming-out. Et ce n’est qu’à la télévision ou dans le cinéma grand public qu’ils peuvent voir des tranches de culture gay ou lesbienne.
Si tu dis que tu es lesbienne, les gens pensent tout de suite à deux femmes en train de baiser.
Certaines personnes ont peur d’aller dans les festivals et librairies LGBT, ou tout simplement d’en parler autour d’eux. Et en même temps quand tu découvres ton homosexualité, les images que tu voies sont très sexualisées. Si tu dis que tu es lesbienne, les gens pensent tout de suite à deux femmes en train de baiser. Il faut s’approprier cette sexualisation des identités et proposer d’autres alternatives.
Quel regard portez-vous sur les dernières manifestations françaises autour des questions du genre ?
Je suis étonnée car lorsque j’ai fini l’université, j’ai immigré en France en 1993, et j’ai vécu ici pendant seize ans. Aux Etats-Unis, on associe la France aux droits de l’homme. On voit la France comme un pays avant-gardiste car il y a beaucoup d’artistes et de têtes pensantes en avance sur leur temps. Et en même temps il y a une culture très conservatrice.
Je n’avais pas imaginé qu’elle pourrait en arriver au point d’organiser les Manifs Pour Tous.
Du coup j’ai amené mon grand costume de vagin en France pour la sortie du film. Je vais manifester devant l’Assemblée nationale et devant le siège social du PS avec une pancarte et des slogans pour la PMA et tout simplement pour l’égalité.
La devise de la France, c’est tout de même Liberté, Égalité, Fraternité. Et tu te rends compte que certains ne comprennent pas ce qu’est l’égalité. Si tu commences à choisir qui est égal et qui ne l’est pas, ça n’est plus l’égalité. Je suis juste étonnée de voir que c’est en France qu’il y a ce débat et qu’il faut combattre des gens qui pensent que l’égalité est une histoire de sélection.
Qui a peur de Vagina Wolf, d’Anna Margarita Albelo, avec Anna Margarita Albelo, Guinevere Turner, Janina Gavankar, 1 h 24, Local Films, 2014.
J’attendais La Vie rêvée de Walter Mitty avec tellement d’impatience que la bande originale et ses trésors nordiques n’avaient déjà plus aucun secret pour moi avant sa sortie en salles le 1er janvier. À la fois drôle et poétique, cette cinquième production de Ben Stiller est LA solution pour commencer 2014 du bon pied.
Walter Mitty (Ben Stiller) a une vie bien rangée. Voilà seize ans qu’il travaille pour le prestigieux magazine Life où il est responsable des archives photos. Salarié modeste et effacé, il n’a jamais trouvé le courage d’approcher sa collègue Cheryl (Kristen Wiig), pour qui il fond littéralement.
Sa plus grande réussite jusqu’à présent, c’est son amitié épistolaire avec Sean O’Connell (Sean Penn), un photographe mondialement connu. Il est son contact privilégié au sein du magazine et Sean a toujours loué le talent de Walter pour le traitement de ses photographies.
Seulement un jour, tout bascule : Life cesse sa diffusion pour ne devenir qu’un site internet. Walter Mitty va alors se lancer dans la quête d’un cliché mystérieusement perdu, destiné à illustrer l’ultime couverture du journal. Lui qui a toujours réfréné ses envies d’aventures va devenir un héros digne des plus beaux reportages de Life. Finies “les déconnections” pendant lesquelles il se rêvait aventurier et super-héros. Place à la réalité. Et quelle merveilleuse réalité !
C’est sur les terres du Groenland, d’Islande et d’Afghanistan que Walter Mitty part à la recherche de Sean O’Connell. Je vous préviens, les paysages sont à tomber et vous donneront qu’une envie : remplir votre sac de 60 L (ou votre petite mallette) pour la première destination venue.
Les paysages présents à l’écran m’ont rappelé pourquoi je ne cesse de parler de ce pays avec une telle passion depuis plus de 6 ans. Seyðisfjörður, Grundarfjörður, Stykkishólmur… Toutes ces villes ont servi de décors grandeur nature pour accueillir le périple de Walter Mitty. Et quand Ben Stiller vous fait croire que Walter est au Groenland ou en Afghanistan, il n’en est rien, c’est toujours l’Islande qui crève l’écran avec la ville d’Höfn ou les sommets enneigés du parc national de Vatnajökull.
Scénario, OK. Décors, OK. Humour, je ne reviendrai pas dessus, on peut compter sur le talent de Ben Stiller pour amuser la galerie.
Non, la cerise sur le gâteau c’est bien la bande originale du film.Personnellement, elle m’a captée de la première seconde à la dernière. Pêle-mêle, on retrouve les Islandais d’Of Monsters and Men, le groupe suédois Junip et leur chanteur José Gonzalez, mais aussi d’autres noms moins nordiques comme David Bowie, Rogue Wave, Rogue Valley.
L’une de mes scènes préférées restera sans doute le passage où l’on entend Wake Up d’Arcade Fire. Ce moment marque le saut de Walter Mitty vers de nouvelles aventures. Magique.
Donc si vous ne l’aviez pas encore compris, je vous encourage grandement à voir La Vie rêvée de Walter Mitty pour faire plus ample connaissance avec cet anti-héros parfait et irrésistible. Alors certes, on pourra reprocher à Ben Stiller de ne pas exploiter plus le côté psychologique de son personnage, mais la recette miracle fonctionne, on sort de la salle détendu, avec le sentiment d’avoir passé un très bon moment.
On reste dans la comédie légère, mais ce feel-good movie est une grande bouffée d’air frais dont je ne peux dire que du bien. Walter Mitty est incroyablement génial tout simplement.
La Vie Rêvée de Walter Mitty, de Ben Stiller, avec Ben Stiller, Kristen Wiig, Shirley MacLayne, 1 h 54, 20th Century Fox, 2014.
Et si nous nous prenions pour les jurés d’un prix cinématographique ? France Télévision et la Scam nous permettent cette expérience, grâce au concours de mini-documentaires vidéo Infracourts, pour lequel le public est appelé à voter. Nous relevons le défi.
Le comité de présélection a gardé 30 films parmi les 468 qui lui ont été adressés. Aujourd’hui, 28 restent en compétition. Tous doivent répondre à la problématique imposée : “qu’est-ce qu’on attend ?” et durer moins de 3 min 15.
Les internautes peuvent voter sur cette page jusqu’au 5 janvier pour décerner le prix du public. Le règlement indique que le lauréat recevra un contrat d’aide à l’écriture pour une forme documentaire et qu’il rencontrera des professionnels du documentaire.
Sylvain Ernault
J’ai regardé la totalité des films d’une traite, sans m’attarder ni sur le total des votes déjà attribués, ni sur les noms des auteurs et sans savoir à l’avance de quoi il en retournait.
Mon coup de cœur c’est La tente suspendue de Barthélémy Olivier. C’est le portrait de Kader, un sans-abris qui vit près de la Place de la République, à Paris, donc près du canal Saint-Martin, mais aussi du 4 étoiles Crowne Plaza.
Un bonnet vert vissé sur la tête, assis près de quelques journaux, Kader regarde les Parisiens passer, sans aigreur, a priori sans envie. Certains le saluent, discutent et plaisantent avec lui. L’homme n’est pas en colère, il est plutôt amusé par ceux qui lui ont apporté un gros matelas dont il ne fera rien. Il est surtout désabusé et n’attend plus rien de la vie.
Bathélémy Olivier a posé sa caméra près de Kader avec modestie, sans ajouter un mot. Il a rencontré l’humain que la ville déshumanise. Même si Kader affirme s’être lui-même exclu, on y voit processus de mise au ban que subissent ceux qui n’aiment pas les normes.
J’aime ce documentaire parce qu’il raconte une histoire actuelle, sans truchement, car on ne pourra pas dire que le film est mis en scène.
C’est le premier film du concours que j’ai visionné, je m’efforce de penser que ça n’a pas influencé mon choix.
Dans une toute autre forme, j’ai également apprécié Foi, espérance et efficacité, par l’association ACTE Cinéma.
Comme dans L’attente suspendue, les documentaristes traitent de la question du mal-logement en France, en présentant cette fois la cité du Haut-du-Lièvre, à Nancy. C’est un quartier de grandes tours qui abritent des logements sociaux depuis les années 1950.
La barre la plus impressionnante du “Haudul”, et, disons-le, la plus monstrueuse aussi, fait 400 mètres de long, compte quinze niveaux pour 917 logements. Le quartier comporte en son point central une prison, ce qui vue du ciel rend, comme vous pouvez l’imaginez, l’ensemble architectural des plus esthétiques, dans le style jardin à la française.
Le discours politique de critique sociale du documentaire est affirmé. Il s’inscrit dans un montage original. Le tout dure deux petites minutes. Ici, le temps court n’est pas un handicap. Il devient même un allié, sans pour autant faire du film un clip militant, car il appelle surtout à réfléchir.
Mon dernier vote va vers Jules (1918 -), de Julien Cabon et Marina d’Été.
Beaucoup de films traitent de la fin de vie des anciens dans cette sélection. Signe des temps moroses ? Ce n’est donc pas un sujet original. Toutefois ce film sort de l’ordinaire car son héros et personnage unique est tout à fait atypique.
Jules Ollivier – nous dirons Jules pour respecter la simplicité de l’homme – a 95 ans. Il se considère lui-même “dans l’antichambre de la mort”, bien qu’il ne “soit pas pressé”. Il est originaire de Gouarec, un village costarmoricain du Kreiz Breizh dont la page Wikipédia est illustrée par une photo du cimetière.
Sur la tombe de son père devant laquelle Jules va se souvenir, la croix est catholique. Mais Jules ne croit pas à l’au-delà. Il croit en revanche à l’amour, bien que le temps de chien “n’y soit pas très propice”. Chantant Carmen, il vit toujours, en quelques sortes, avec sa femme.
Cet homme singulier, toujours vif , ce “caractère breton” délivre paradoxalement face à la mort un message d’espoir, à la manière des vieux sages, dont Stéphane Hessel était l’un des plus éminents représentants. J’aime ce portrait émouvant sans être larmoyant.
Jules (1918 – ) est co-réalisé par Marina d’Eté, ancienne étudiante en journalisme de l’IUT de Lannion, c’est-à-dire l’école de laquelle je sors. Je pensais l’exclure d’office de mes coups de cœur pour conflit d’intérêt, mais comme je trouve qu’il est vraiment bon, je le laisse, tout en vous avertissant.
Justine Briot
Pour apprécier au mieux les 28 films restants en compétition, j’ai fractionné mes instants de visionnage en trois fois. Je les ai regardés dans l’ordre, sans me soucier des votes déjà obtenus et du sujet qui allait être traité.
Mon coup de cœur revient à 52 km réalisé par Nicolas Djian et Arthur Rifflet. Alors que la question des migrants revient régulièrement à la Une avec l’île de Lampeduza, ce mini-documentaire nous rappelle que dans le Pas-de-Calais, ils sont toujours autant à espérer et à attendre un départ pour l’Angleterre. La page du centre de Sangatte s’est peut-être tournée le 16 décembre 2002, mais les migrants sont toujours présents et se réfugient le long du littoral dans des abris de fortune.
Pour ce migrant syrien, son “5 étoiles” français, c’est une tente. Il passe ses journées à attendre la bonne opportunité pour gagner les terres britanniques.
Malgré le froid, les doutes et la peur, il sait qu’en Syrie ses proches comptent sur lui. “J’ai parcouru plus de 6.000 km depuis mon départ mais ce sont les 52 km les plus difficiles qu’il me reste à franchir”. Un constat implacable.
Par sa musique, ses images mais aussi son titre, c’est ce mini-documentaire qui m’a le plus touché, peut-être parce que je connais Calais et ses rues. Il me fait inévitablement penser au film Welcome de Philippe Loiret, même lieu, même espérance. Ce film en 2009 m’avait profondément touchée, il en est de même ici en un peu plus de 3 minutes.
En deuxième position, c’est ma corde artistique qui a vibrée. Place à Louise Traon et son film La pose. Un mini-documentaire tout en simplicité où Alice, modèle de nu, nous explique avec ses mots comment elle est arrivée à dévoiler son corps aux regards d’inconnus pendant de longues heures.
Pour la jeune femme, cette action permet de “revenir à une certaine naissance”. D’elle, nous ne connaîtrons que son prénom, ses formes et quelques détails de son visage. C’est à travers les statues réalisées ce jour-là par les élèves de l’atelier d’art de Rrose Sélavy qu’on peut mettre un visage sur cette voix. J’ai beaucoup aimé ce parti pris.
Autour d’elle, on entend les murmures du prof et des élèves. Les yeux vont et viennent. Comme elle le conclut si bien : “Je sens une énorme énergie, mais je ne sens pas pas un regard posé sur moi et c’est plutôt rassurant”.
Pour finir, mon dernier vote est pour l’un des premiers films que j’ai visionné : Entre elle et moi de Yann Belguet. Il est le premier a avoir retenu mon attention à la fois car il n’y a aucun mot de prononcé, mais aussi pour l’émouvante fin qu’il réserve.
À l’intérieur, assise sur différents sièges, à différents instants de la journée, une femme attend. Mais quoi ? Le mystère reste entier. Son regard est fuyant, elle semble absente et réagit peu aux bruits qui l’entourent : on comprend par certains détails qu’elle souffre d’un handicap.
Alors que la même séquence semblait se dessiner à nouveau un sourire vient éclairer son visage. Une belle déclaration d’amour et de tendresse d’un frère pour sa sœur.
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Tous les livres mènent à Saint-Malo
Du 18 au 20 mai, la cité malouine s’est une nouvelle fois faite l’hôte du festival des Étonnants Voyageurs, un incontournable des salons littéraires pour tous les mordus d’aventures et de découvertes. Aux côtés des livres, films, expositions et débats ont rythmés cette 24e édition, placée sous la thématique du « monde est un roman » et faisant honneur au continent africain. Instants choisis.
Tout avait pourtant si bien commencé niveau temps : le soleil réchauffe de ses rayons l’atmosphère matinale de ce samedi 18 mai. Hélas, ce plaisir n’est que d’une courte durée, ce qui donne l’opportunité aux Parisiens d’affirmer de curieuses théories climatiques concernant cette bonne vieille Bretagne. Je n’ai rien contre les habitants de la capitale, mais si ils pouvaient laisser leurs remarques désagréables et sourire un peu plus, ça ne ferait du mal à personne. D’ailleurs sur le quai Duguay Trouin, des bretonnes quinquagénaires se moquent gentiment d’une jeune, le téléphone vissé à l’oreille : « J’ai eu un mal fou à sortir par Porte d’Auteuil, effroyable j’te raconte pas ! ».
Les allées du salon littéraire sont bien calmes, chez les différents éditeurs, on prend soin d’aligner les livres et de bien organiser les rayons, les nouveautés bien en avant. Ça sent le papier neuf, une odeur rassurante. Les pages terminent de dormir les unes contre les autres avant d’opérer des ballets consultatifs avant l’acte d’achat. Les festivaliers les plus pressés se renseignent sur les horaires des dédicaces. Il ne faudrait pas rater son auteur favori ou décevoir le petit dernier venu avec son livre d’aventures enfantines pour « avoir un nouveau dessin dessus ».
Dans le palais du Grand Large, tout est prêt. Les équipes de France Inter sont déjà en direct pour l’émission On va déguster, comme chaque samedi à 11 heures. « On pensait qu’au Canada on vivait dans un igloo », confie Kim Thuy au micro. L’auteure d’origine vietnamienne a depuis ses dix ans découvert mille et une choses au sujet du Québec. Cette citation pourrait illustrer parfaitement la philosophie du festival Étonnants Voyageurs, pendant lequel les rencontres de cultures et d’horizons différents sont de mise.
Je serais certainement venu à Saint-Malo avant, si j’avais su que c’était aussi beau. Arnaldur Indridason
L’après-midi se déroule au cinéma Le Vauban, avec un cap pointé vers l’extrême nord du monde. Une occasion de revenir sur le travail de Jean Malaurie et de visionner les Derniers rois de Thulé, un montage de films tournés par Malaurie entre 1969 et 1976, retraçant l’évolution de la condition du peuple inuit. Puis, ce fut LA rencontre de ces trois jours avec Jørn Riel, l’auteur taquin danois venu nous conter un ou deux racontars supplémentaires dont il a le secret. Rires et sourires garantis.
« Vous ne le connaissiez pas encore ? », s’étonne ma voisine, véritable connaisseuse de son travail. Lundi, ce seront de nouveaux lecteurs qui découvriront ce personnage, lors de deux lectures faites avec passion par l’acteur Dominique Pinon. Cette séance du café littéraire est bondée comme toutes les autres. Les places assises sont rares dans le Palais du Grand Large, surtout le dimanche et le lundi, la faute à un temps bien gris et venteux, ambiance machine à laver grandeur nature.
« Je serais certainement venu à Saint-Malo avant si j’avais su que c’était aussi beau », confie Arnaldur Indridason. Le maître du polar islandais (en tee-shirt durant les trois jours, alors que tout le monde frissonne avec un pull) est aussi présent pour cette édition 2013, et c’est aux côtés du souriant Deon Meyer et de Percival Everett que l’îlien a confié quelques secrets vis à vis de son héros, le policier Erlendur. « Ce n’est pas vraiment le genre de type qui vous amuse beaucoup, il est dépressif, pour ne pas dire chiant, traduit Éric Boury, le traducteur de tous les romans d’Indridason parus en français et présent à ses côtés durant tout le festival, mais il y a quand même des moments bien sympas avec lui. »
Lundi, juste avant de reprendre un train direction Londres, le volubile Joann Sfar embarque tout le monde dans son imaginaire au cours d’une conférence qui se tient dans la bien nommée Maison de l’imaginaire, dans l’intra-muros. « Avant d’être un auteur, je suis un lecteur, un spectateur, un observateur », explique l’auteur français qui ne cesse de multiplier les projets et dont le premier roman, L’Éternel, aborde le quotidien d’un vampire. « Je ne suis pas un touche à tout, je raconte simplement des histoires », continue ce passionné qui aura bientôt 42 ans.
Difficile de faire court pour un week-end chargé en rencontres et en coup de cœurs divers et variés. J’aurai certainement l’occasion de présenter des travaux d’invités plus en détails dans les semaines à suivre. Mais, incontestablement, je prendrai à nouveau mon billet pour une prochaine édition des Étonnants Voyageurs. Cette première immersion fut plus que concluante.
L’écume des jours reste dans le vague
Depuis le 24 avril, L’écume des jours est enfin sur grand écran. Dans cette adaptation du chef-d’œuvre de Boris Vian, l’imaginatif Michel Gondry peine à toucher le spectateur, faute à la trop grande présence d’effets visuels dont il est friand, frôlant l’abus.
Lecture obligatoire lors des études pour certains, découverte sur le tard pour d’autres, il est certain que L’écume des jours, œuvre la plus connue de Boris Vian, est la voie royale pour plonger dans l’univers bien particulier de l’auteur.
Cette bulle de poésie courant sur 68 chapitres, Michel Gondry n’y est pas resté insensible. Le réalisateur évoque même avoir eu un déclic lors de sa première lecture et en être ressorti avec une imagination et une créativité renforcée. Si tout ça a pu l’aider à concevoir l’inclassable et sublime Eternal Sunshine of the Spotless Mind, je n’ai qu’une chose à dire : ” Merci Boris ! “.
La trame de l’histoire est fort simple et Boris Vian, avec un sens du résumé exemplaire, la décrivait comme ceci : “Colin aime Chloé, Chloé tombe malade, elle meurt. Colin ne pourra pas vivre longtemps.“
L’intrigue du roman se situe dans un univers réaliste, mais parsemé de touches fantastiques. Ici, les nénuphars sont des maladies, les murs rétrécissent quand la fin est proche et les expressions de la langue française comme “prendre dix ans en une semaine” sont plus vraies que nature. Un défi visuel et sonore qui n’a pas freiné l’imaginatif Gondry.
Trop de génie, tue le génie
L’écume des jours est donc une grande histoire d’amour débordante de jazz, de tendresse et de démesure. Mais malheureusement, la démesure, le réalisateur en abuse pendant une heure et demie. La cascade d’inventions, la myriade de trucages et le puits de créativité sans fond finissent par nous donner une sérieuse indigestion visuelle.
Pourtant pris une à une, ces techniques “gondryennes” frôlent le génie dans certaines scènes.
Le “pianocktail”, cet instrument farfelu que tout bon amateur de boissons rêverait d’avoir, n’aurait pu être mieux transposé à l’écran. De même pour les mets que dégustent Colin et ses amis, ils sont tous réalisés en matériaux textiles, confectionnés par la brillante Bénédicte Charpiat. Et que dire de ce Duke Ellington à la trompette lors des premières minutes du film ou de ces prototypes de véhicules créés par Peugeot tout spécialement pour le film?
Ce trop plein de bonheurs visuels éphémères débouche sur une absence cruelle d’émotions, elles y sont étouffées. De même pour le jeu des acteurs. Romain Duris (Colin), Audrey Tautou (Chloé), Omar Sy (Nicolas), Gad Elmaleh (Chick), les acteurs les plus bankables du moment nous ont habitué à mieux. Au final, le spectateur risque de n’éprouver que très peu d’intérêt pour les personnages.
“Ce qui m’intéresse ce n’est pas le bonheur des hommes, c’est le bonheur de chacun“, évoque Colin dans ces deux œuvres. Alors Michel, si tu me permets, je quitte la salle obscure pour revenir au bon vieux livre papier, c’est mon bonheur à moi. Sans rancune.
L’écume des jours, Michel Gondry, avec Romain Duris, Audrey Tautou, Omar Sy, Gad Elmaleh, Charlotte Le Bon, Aïssa Maïga. Distribution StudioCanal. En salles depuis le 24 avril.
L’ignorance pousse souvent à la bêtise, parfois à la tolérance. C’est la seconde issue, bien plus optimiste, que développe la Suisse Maria Nicollier, habituée des documentaires, dans sa première fiction. Comment trois Japonais se méprennent sur le christianisme et font de l’âne un animal sacré au pays du soleil levant.
La comédie de la réalisatrice genevoise nous transporte loin des alpages, mais sous les cerisiers, dans un pays où Maria Nicollier a longtemps vécu et tourné des documentaires, notamment sur le mariage à la sauce occidentale en 2004. C’est d’ailleurs de nouveau un mélange des cultures, traité avec un regard tendre, qu’elle propose aux spectateurs. Nous l’avons rencontrée à l’issue de la projection de Chasse à l’âne – Roba Gari en japonais – en compétition européenne au festival du Film court de Brest vendredi 16 novembre.
Sylvain Ernault – Votre comédie raconte l’histoire de trois Japonais qui cherchent à manger de l’âne sur leur île. D’où vient ce scénario loufoque ?
J’ai eu l’idée du scénario en Roumanie, parce que j’ai été voir un ami roumain et effectivement il voulait manger de l’âne, de la viande d’âne. Ils sont allés chercher un âne, qui s’appelait Igor, mais finalement ils n’ont jamais osé le tuer, même si c’étaient des chasseurs. Donc finalement le scénario vient d’une histoire véritable, mais je l’ai transposée au Japon, pour la simple raison que les Japonais n’ont rien de chrétien et j’avais envie qu’ils aient un regard sur nous. Je trouvais marrant d’utiliser l’âne, qui est dans la crèche de Jésus. Alors après comment est venue cette association d’idées ? C’est un peu difficile de vous dire pourquoi et comment , mais le fait est que j’ai vécu quand même pas mal d’années au Japon et que je parle japonais, donc c’est aussi une source d’inspiration et mon lieu de tournage de prédilection.
C’est la première fiction que vous avez tourné. Avant vous aviez réalisé des documentaires au Japon ?
J’ai tourné des documentaires, des reportages, des news… J’ai tourné beaucoup de choses au Japon, mais jamais de fiction, c’est ma première fiction et pour moi ça allait de soi que j’allais la tourner au Japon en fait. Je pense que c’est plus facile de tourner au Japon qu’en Suisse, parce que déjà les acteurs sont tellement friands de tourner à un niveau international et j’ai pu faire un casting extraordinaire, c’est à dire j’ai vu à peu près 200 acteurs pendant une semaine, un très bon cru. Alors qu’en Suisse ça aurait été beaucoup plus difficile d’avoir les meilleurs acteurs pour un court métrage.
…pour un court-métrage, qui reste un genre qui est peut-être un genre mineur en Suisse et au Japon. D’ailleurs comment on perçoit le film court au Japon ?
C’est aussi un genre mineur je pense, c’est aussi très difficile d’avoir l’argent pour un court. Mais je pense que si les acteurs se sont intéressés à mon film, c’est avant tout parce qu’il était international et que pour une fois ils pouvaient tourner avec des étrangers et que la réalisatrice parlait japonais, donc ça leur permettait de faire ça parce que la plupart des acteurs ne parlent pas anglais. Mais c’est aussi un genre mineur et très difficile à défendre au Japon.
“J’ai beau avoir vécu au Japon, je ne comprends pas toujours les Japonais”
Et d’ailleurs mon film je savais que soit il allait bien fonctionner en Europe et dans le reste du monde, soit au Japon. Bon, soit pas du tout, hein, ça aurait été une autre option (sourire). Et effectivement il fonctionne très bien en Europe et aux États-Unis, mais très très mal au Japon. Alors voilà, maintenant vous dire pourquoi, comment ? Comme quoi j’ai beau avoir vécu au Japon, je ne comprends pas toujours les Japonais.
Célia Caradec – Dans le film on voit un Français un peu tourné en dérision, est-ce que c’est quelque chose que vous avez pu ressentir là-bas, des a priori sur les Européens, sur les Français ?
Oui, alors c’est vraiment par rapport à mon vécu, c’est plus les étrangers qui veulent être plus japonais que japonais. Et en fait je me moque plus des étrangers qui vivent là-bas, et je trouve que les Japonais, mes protagonistes, ont bien raison de rire de lui. C’est ces étrangers qui se disent tout d’un coup maître de thé ou vivent vraiment à la japonaise, d’une façon que les Japonais ne connaissent plus. Le Japonais moderne ne vit plus vraiment sur des tatamis à genoux et à se courber à peu près toutes les vingt secondes, à part dans des milieux très très traditionnels, donc là je ris un peu de mon vécu effectivement et des étrangers qui vont jusqu’à se brider les yeux.
SE : Connaissiez-vous la région dans laquelle le film a été tourné avant d’y tourner Chasse à l’âne ?
Je ne connaissais pas du tout cette partie du Japon avant, qui est dans la préfecture de Nagano, là où ont été tournés des Jeux Olympiques (en 1998, NDLR), c’est à dire au nord de l’île principale (Honshū, NDLR), mais c’est le seul endroit où j’ai trouvé un âne, parce que tous les autres ânes étaient dans des zoos et pour les Japonais c’était hors de question de sortir leur âne du zoo et j’allais pas tourner le film dans un zoo, donc c’est le seul endroit où j’ai trouvé un âne et un propriétaire qui était prêt à me prêter, enfin plutôt à me louer son âne.
Et lui qu’est-ce qu’il faisait avec son âne ? Il lui faisait brouter l’herbe aussi ?
Oui oui, il adorait son âne et c’est vrai c’est une bonne question parce qu’il n’y a tellement pas d’âne au Japon que c’était vraiment quelqu’un de très original finalement. Pourquoi il avait un âne ? Je ne sais toujours pas, mais il l’aimait beaucoup et il en prenait bien soin et on avait besoin de lui pendant le tournage parce que l’âne sans lui ne voulait rien faire.
C’était un Japonais lui, pas un Français ni un Européen ?
Non, non, alors toute la régie et une grosse partie de l’équipe c’étaient des Japonais. Mais toute l’équipe technique je l’ai prise de Suisse, c’étaient des Suisses, notamment parce que j’ai eu des fonds de soutien de l’État suisse. C’est donc évident qu’il faut des salaires suisses. Donc j’ai pris une grosse équipe avec moi, on était sept à prendre l’avion, ce qui était quand même un coût considérable.
Parlons justement d’économie, par rapport à votre parcours d’ex-documentariste, est-ce que c’est plus difficile de financer un documentaire ou une fiction ?
Une fiction est quand même beaucoup plus chère, c’est ça qui est plus difficile. Même un court métrage de fiction m’a coûté beaucoup plus cher qu’un documentaire de 83 minutes. Donc c’est évident que c’est une contrainte énorme de trouver l’argent pour une fiction c’est beaucoup beaucoup plus difficile et je pense que c’est pour ça que j’ai mis aussi longtemps à faire le pas et à passer dans la fiction.
“Même un court métrage de fiction m’a coûté beaucoup plus cher qu’un documentaire de 83 minutes”
C’est beaucoup plus cher déjà, pour la simple raison qu’il faut des acteurs et qu’il faut les payer et puis ensuite il faut une équipe technique beaucoup plus conséquente. Un documentaire on peut presque se permettre suivant le genre de partir caméra à l’épaule, une fiction non.
Et en Suisse quelle sont les aides ?
Alors en Suisse, il y a une aide étatique culturelle, qui est assez importante, qui reste difficile à obtenir, comme chez vous en France. Ensuite il y a différentes aides je dirais régionales, comme chez vous aussi. Après il y a des aides automatiques, si vous obtenez les autres aides. Donc en fait c’est un peu “celui qui commence à avoir de l’argent a toujours plus d’argent, celui qui n’a pas d’argent au départ n’a pas d’argent du tout”, donc c’est un peu quitte ou double. Et pour ce film j’ai tout de suite eu l’aide étatique, ce qui fait que d’autres fonds ont découlé et j’ai réussi assez facilement à boucler mon budget, mais ça m’a pris un an quand même.
Entre le début de l’écriture et le tournage, c’est ça un an ?
Ah non là c’est deux ans.
CC – Quel est votre ressenti par rapport à ce festival du Film court, où vous venez pour la première fois ?
Ce que j’aime bien avec Brest par rapport aux autres festivals que j’ai fait aussi avec ce film-là, c’est que c’est très tourné vers le public et il y a vraiment des salles importantes pour un public important et visiblement ils font une très bonne publicité, parce qu’il y a du monde et c’est toujours très agréable de voir des salles pleines, donc pour ça c’est vraiment génial. Ensuite, on est très bien accueillis. Souvent j’ai été prise dans des festivals de court et de long. Donc le court, malgré tout, est un peu en seconde zone et être pris dans un festival où ce sont que des courts, c’est assez agréable parce qu’on est un peu plus mis en valeur je dirais.
J’imagine que vous êtes attentive aux réactions des spectateurs ? Comment vous l’avez vécu ?
L’angoisse c’était la première en public. Parce que finalement, il y a des moments comiques dans mon film, mais est-ce que les gens vont rire à ces moments-là, est-ce qu’ils ont compris mon humour ? Et c’est la grande angoisse des comédies. Et finalement les gens rient vraiment au moment voulu et ça c’est un immense plaisir et puis après il y a un effet de salle. Parfois les gens réagissent beaucoup moins, parfois beaucoup plus. Cette dernière projection je l’ai trouvée assez bonne, les gens réagissaient pas mal, n’étaient pas trop timides de rire. Et puis après il y a les surprises, où tout d’un coup les gens rient à des moments où vous ne pensiez pas que c’était drôle (rires) donc ça c’est toujours assez amusant.
“Les gens réagissaient pas mal, n’étaient pas trop timides de rire.”
SE – Vous avez d’autres projets de fiction et si oui est-ce que ce sera dans la comédie ?
Ce sera surement une comédie, parce que je crois que je ne serais pas capable de faire autre chose. Et j’espère un long métrage bien sûr, vu que j’ai quarante ans, faut que je me dépêche, pour les fonds, parce que plus on est vieux, plus c’est difficile de trouver des fonds ! (rires)
Trailer de Chasse à l’âne
Chasse à l’âne, Maria Nicollier, avec Shohei Sekimoto, Yuki Okamoto, Shoichiro Akaboshi, 15 minutes, Suisse-Japon, Rec Production, 2011.
“Découvrir Claire a été un petit miracle”
C’est dans la galerie d’expo du Quartz que je rencontre Nicolas Guiot. Quelques minutes seul à seul dans cette grande pièce pour partager une première bière d’après-compétition, un étage sous le tumulte de la soirée privée où le jeune réalisateur belge aurait pourtant toute sa place. Lors de la cérémonie de clôture du Film court de Brest, il vient d’aller chercher le prix du meilleur premier film pour Le Cri du Homard et le prix d’interprétation de son actrice Claire Thoumelou. Un nouveau succès mérité en festival pour son drame psychologique sur la guerre, présélectionné pour Cannes 2013.
On a senti que vous étiez très touché quand vous êtes monté à deux reprises sur scène, dont la première fois pour le prix d’interprétation décerné à la jeune Claire Thoumelou.
Effectivement, le prix d’interprétation m’a particulièrement touché. C’est la première fois d’abord qu’on a un prix d’interprétation. J’ai toujours considéré que le film reposait en grande partie sur les comédiens même si il y a beaucoup de travail par ailleurs, mais c’est un film de comédiens. Et surtout Claire, la petite qui avait sept ans sur le tournage. On me dit souvent qu’elle est formidable, mais j’ai l’impression qu’elle paye un peu le fait d’être un enfant et que les jurys ont du mal à primer un enfant. Ont du mal à considéré ça comme un travail. Alors qu’elle a travaillé et elle joue effectivement.
Comment avez-vous trouvé Claire Thoumelou ? Avait-elle tourné avant et va-t-elle tourner de nouveau ?
Claire c’est une histoire très particulière puisque j’avais une autre petite comédienne prévue, qui nous a lâché pour diverses raisons une semaine avant le tournage. On n’avait pas de plan B. On a casté en urgence sept-huit petites filles, dont Claire, donc je l’ai découverte six jours avant le tournage et ça a été un petit miracle parce qu’elle est même mieux que celle qui était prévue au départ. Elle n’avait jamais fait de cinéma et je pense qu’elle n’a pas de projet en court pour le moment, mais je crois qu’elle a très bien compris comment ça se passait, comment on jouait, comment on se comportait devant une caméra.
L’histoire du film Le Cri du homard ce sont des retrouvailles familiales russes, qui se déroulent en France. Tout tourne autour du grand frère, qui rentre de la guerre en Tchétchénie et de la petite sœur. Comment vous est venue cette idée ?
L’écriture de scénario est venue d’un docu que j’ai vu sur Arte, qui parlait de ces jeunes soldats russes qui revenaient de Tchétchénie, qui étaient complètement détruits (Les Corbeaux blancs, NDLR). Après le fond m’intéresse, fondamentalement la thématique du silence, du trauma, de l’impossibilité de raconter ce qu’on a pu vivre dans des cas aussi extrêmes m’intéresse. Il se trouve que c’était russe parce que c’est parti de cette histoire-là. Et puis je voulais ancrer le film dans une réalité identifiable, en tout cas quelque chose très réaliste. Et la guerre de Tchétchénie était une des guerres contemporaines qui s’étaient passées pas très loin de chez nous. Mais au-delà de ça c’était vraiment la thématique de l’impossible reconversion, l’impossible réadaptation de ces gamins quand ils reviennent de là, après ce qu’ils ont subi et infligé puisque je pense qu’ils ont tous fait des choses abominables, comme quasiment n’importe quel être humain pourrait le faire dans certaines circonstances, si on leur permet de le faire.
“La thématique du silence, du trauma, de l’impossibilité de raconter ce qu’on a pu vivre dans des cas aussi extrêmes m’intéresse.”
Vous en tant que réalisateur, d’où venez-vous ? Qu’est-ce que vous aviez fait avant ce premier film et quels sont vos projets ?
Moi au départ, ça fait longtemps que je voulais réaliser. Mais j’ai étudié la philosophie et puis je voulais rentrer dans une école de cinéma qui s’appelle l’Insas à Bruxelles, où je n’ai pas été pris, du coup de je me suis retrouvé à faire un master à l’université en écriture de scénario. Et après ça mon but c’était de rentrer absolument dans ce milieu, en tout cas d’intégrer ce milieu et j’ai fait beaucoup de petits boulots, beaucoup de régie, qui est un boulot très ingrat, mais un boulot très intéressant par ailleurs parce qu’on est très clairement dans la réalité du cinéma. On est loin des théories universitaires etcétéra, on est vraiment sur le terrain, on voit ce que c’est de faire un film. Et puis j’ai fondé ma boîte de production qui s’appelle Ultime Razzia Productions avec deux amis, pour nous produire nous-mêmes au départ et voilà. Ça a pris du temps, mais je suis arrivé à ce que je voulais faire au départ, c’est à dire réaliser, mais je continue à produire par ailleurs.
Le Cri du homard, c’est un film qui a muri pendant combien de mois où d’années avant d’être diffusé pour la première fois ?
C’est un projet qui a muri très longtemps, puisque j’ai écrit la toute première version il y a cinq ou six ans. Je l’avais laissé de côté parce que je me disais que c’était trop compliqué pour un premier film. Et puis j’y suis revenu parce que ça me taraudait et je l’ai compliqué d’ailleurs, parce qu’au départ il faisait quinze pages, puis c’est devenu un film de quinze-trente-cinq pages ; une page c’est une minute en général dans un scénario. Et puis je me suis dit, “allons-y, tant pis”. En sachant que c’était quand même risqué, le pari était assez risqué, j’ai eu la chance de tomber sur des co-producteurs, puisque je me produisais moi-même au départ, mais j’ai eu la chance de tomber sur des co-producteurs qui y ont cru aussi et on y est arrivés, mais c’est vrai que c’était assez casse-gueule et après coup j’ai eu quelques sueurs froides quand j’y repense parce que c’était un projet assez compliqué.
“J’ai écrit la toute première version il y a cinq ou six ans.”
Mais ça s’est extrêmement bien passé, ça a été beaucoup de préparation, quasiment un an de casting, de recherche de comédiens, des années pour des recherches de financement et beaucoup de post-production aussi. On a passé quasiment six mois en montage, pas à temps plein, mais par intermittence. Pendant six mois on a réécrit complètement le film au montage, ça a été un gros gros boulot oui.
Les festivals c’est un grand moyen de se faire connaître du public, la télévision aussi. Comment ça se déroule de ce côté-là ?
Alors à ce niveau-là ça se passait assez bien. Moi en étant producteur je m’étais fixé dès le départ la limite de trente minutes, parce que je savais qu’au-delà de trente minutes c’est juste inexploitable. On passe à un format de moyen métrage qui est quasiment inexploité et pour lequel il n’y a quasiment pas de festival. On est à trente minutes, tout juste. Après ça se passe plutôt bien jusqu’à présent, c’est à dire qu’on a déjà eu quelques prix et on a RTBF, qui est une chaîne belge, qui l’a acheté et TV5 Monde. Donc ça se passe plutôt bien étant donné la durée.
Et les projets, vous ne m’avez pas dit, sur quoi vous travaillez…
En tant que réalisateurs ? Je n’ai rien pour le moment. Là j’ai des projets en tant que producteur, mais je n’ai pas encore de projet concret en tant que réalisateur. Mais on vient de le terminer, enfin on l’a terminé au mois d’avril, c’est un peu récent.
Trailer du Cri du Homard
Le Cri du homard, Nicolas Guiot, avec Claire Thoumelou et Anton Kouzemin, 30 minutes, Belgique-France, Ultime Razzia Productions, 2012, César du meilleur court-métrage 2013.