L’industrie du tabac fait partie des entreprises capitalises les plus meurtrières. Pour vendre leurs produits, on sait depuis longtemps que les industriels ont utilisé de nombreuses techniques de propagande : par exemple, en instrumentalisant le féminisme pour augmenter leurs ventes, en achetant des publicités cachées dans les films ou en semant le doute scientifique sur la nocivité de la cigarette.
On n’est donc pas surpris·es de voir que les cigarettiers essayent de profiter de la crise du Covid-19 pour redorer leur blason : ainsi les industriels communiquent sur le fait qu’ils cherchent actuellement un vaccin. De futurs sauveurs de l’humanité à n’en pas douter. Peut-on se permettre de critiquer la privatisation des laboratoires de recherche pour faire de la publicité à des industries aussi meurtrières ?
Et une autre information enrage le milieu antitabac : le communiqué de presse récent sur l’hypothèse que la nicotine servirait à la lutte contre le Covid-19 repris sans aucune précaution par la presse française.
On souhaite rappeler à ce stade qu’il ne s’agit que d’un communiqué de presse, et qu’il s’agisse de l’hypothèse d’un neurobiologiste ou d’un boulanger ne change pas le statut de cette hypothèse : il n’y a actuellement aucun début de preuve sur le fait qu’elle puisse être vraie si ce ne sont des observations trop légères pour communiquer dessus. Cela n’a pas empêché les médias de la relayer sans précaution et il y aurait eu une ruée sur les patchs anti-nicotine dans les pharmacies.
La Gazette souhaite rappeler qu’il est prouvé que la nicotine est nocive et que, même dans le cas où elle aurait un effet positif contre le Covid-19 – ce qui est loin d’être prouvé -, le rapport bénéfices-risques a de grandes chances d’être en défaveur de la nicotine dans l’état actuel des connaissances.
Un article d’Acrimed remarque justement que dans cet emballement médiatique ont été oubliées deux informations particulièrement importantes. D’abord, le fait qu’aucune étude concluante n’a été publiée et ensuite le fait que l’auteur, Jean-Pierre Changeux, a eu des liens avec l’industrie du tabac il y a une dizaine d’années. Les industriels affirment que cela n’est plus le cas aujourd’hui.
Ne cédons pas trop rapidement au complotisme sur ce sujet, néanmoins on peut quand même fortement regretter l’absence de recul des médias et cela peut avoir de graves conséquences car la cigarette tue. Il est tout à fait possible que ces informations encouragent des gens à continuer de fumer ou même à commencer à fumer, ce qui arrange bien l’industrie du tabac.
Si vous voulez arrêter de fumer et de donner de l’argent à ces entreprises destructrices, n’oubliez pas qu’il existe des sites web pour aider comme Tabac info service et des alternatives aux drogues les plus courantes. Faisons cependant attention à ne pas tomber pour autant dans la culpabilisation stérile des fumeur·euses alors qu’il existe de nombreux déterminants sociaux à la pratique tabagique.