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Il n’y a pas que le rugby dans la vie

Comme tous les quatre ans, l’ovalie prend sa revanche l’espace d’une Coupe du Monde. Ses valeurs de respect, d’humilité, de solidarité, d’effort et de convivialité sont plaquées à la figure des footeux. Oui mais voilà, sans le football, point de rugby !

A l’origine, il y avait la soule. Une pratique sportive née de notre côté de la Manche, qui colonisa petit à petit les îles Britanniques par le biais de Guillaume Le Conquérant. Des siècles et des siècles plus tard, le jeu se modernisa, perdit en violence et gagna des règles. Dans les publics schools, on parla alors de football, puis de rugby pour sa variante pratiquée avec les mains. Une légende attribue la naissance de ce sport à William Webb Ellis et à son jeu de main révolutionnaire, 163 ans avant Maradona. Si cette histoire n’est qu’une fable, le théâtre du schisme se trouve néanmoins planté. En 1963, la Fédération anglaise de football naît dans un pub. Les partisans du ballon porté quittent la négociation et créent huit ans plus tard la Rugby Football Union.

Dès lors et pour aller plus loin, les passionnés de ballon rond sont invités à consulter le DonQui Foot du journaliste Hubert Artus. Son dictionnaire paru aux éditions Don Quichotte multiplie les entrées sur l’histoire du football. A l’image d’Albert Camus qui écrivit que “le football, c’est pour les gens de gauche ; le rugby c’est pour ceux de droite”, l’auteur privilégie les icônes de Sedan aux étoiles du Real. Dans ce livre que l’on dévore aussi vite que Messi traverse une défense, les figures qui marquèrent la planète foot s’entremêlent. On y slalome entre Alfredo di Stefano, Pierre Chayrigues, Éric Cantona, Guy Roux, Lucien Laurent et Just Fontaine. Les palmarès n’ont pas leur place dans cet ouvrage à la hiérarchie très subjective dans lequel les grands oubliés côtoient les stars éternelles.

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Au-delà des grands noms, Hubert Artus s’intéresse aux phénomènes qui ancrent le football dans la société. La “fièvre verte” qui emporte la France de l’après-68, la lutte anti-hooligans sous Thatcher, le Red Star et ses résistants communistes, le Qatar son gaz et sa Coupe du Monde, Rupert Murdoch et le foot business, la Colombie sous cocaïne, ils trouvent tous leur place dans cette encyclopédie. Nourris par un travail de recherche qu’on devine méticuleux, certains articles sur le football ouvrier ou la naissance du football féminin, sa mort et sa renaissance, sont de véritables perles.

L’auteur y dépeint surtout les tourments d’un sport mondialisé, qui survécut aux tranchées de la Grande Guerre, fut pratiqué de chaque côté du rideau de fer puis dans les stades post-apartheid d’Afrique du Sud. Sans concession, mais avec l’amour du maillot, des bad boys et du beau jeu, Hubert Artus réussit à satisfaire les amateurs comme les néophytes. Gageons même qu’il réussira à convaincre les rugbymaniaques les plus fermés, du moment qu’ils se donnent la peine d’ouvrir le DonQui Foot.

Donqui Foot – Hubert Artus

  • DonQui Foot, Hubert Artus, Don Quichotte, 496 pages, 19,90

Par Sylvain Ernault

Journaliste professionnel basé à Lannion, dans les Côtes-d'Armor, j'ai cofondé le média d'enquêtes « Splann ! » afin d'éclaircir les zones d'ombre de la société bretonne. Sur « La Déviation », j'écris sur les luttes sociales, les atteintes à l'environnement et parfois, encore, sur les festivals. Vous pouvez suivre ma revue de presse quotidienne à travers mes profils sur les réseaux sociaux.

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