La situation dans le camp de Moria, sur l’île de Lesbos, en Grèce, était déjà catastrophique avant le confinement. CQFD alertait dans son numéro d’avril sur les incendies, les violences fascistes et la répression menée par le gouvernement conservateur grec.
Au début du confinement, la militante de l’ONG Mare liberum, Sabrina Lesage rappelait sur son blog Mediapart que le camp prévu pour accueillit 3.000 personnes en hébergeait en fait 20.000, dans des conditions d’hygiène abominables.
Le confinement a par ailleurs accentué le contrôle des déplacements des migrant·es et stoppé l’activité des bateaux qui se portent à leur secours sur la Méditerranée. Début mai, l’un de ces bateaux a pu reprendre la mer mais les migrant·es qu’il a secouru·es n’ont pas pu être débarqué·es en Italie. D’autres bateaux italiens ont été saisis par la police pour des révisions techniques qui semblent infondées.
Il ne semble pas y avoir actuellement de cas avéré de Covid-19 dans le camp de Moria. Le gouvernement a par ailleurs commencé récemment à transférer des personnes hors de Lesbos (un peu moins de 400 début mai). Mais tout cela est loin d’être suffisant pour améliorer la situation.
À Moria, une partie des migrant·es se sont organisé·es entre elleux en une Moria Corona Awareness Team. Celle-ci a, entre autres, lancé la couture de masques et écrit une lettre à l’Union Européenne dans laquelle est listé ce dont les migrant·es ont besoin sur l’île : l’eau courante (elle n’est pas accessible plus de quatre heures par jour en ce moment), une gestion des déchets, de la nourriture, la sécurité, une éducation…
« Le problème, ce n’est pas le Coronavirus, le problème c’est Moria », titrait Sabrina Lesage.
Bastamag à travers un article et Arte dans un court reportage, soulignent la situation particulièrement précaire des femmes dans le camp de Moria. Elles souffrent d’autant plus du manque de médecins, d’hygiène, de sécurité. Elles sont plus vulnérables face aux agressions et appeler la police, comme ailleurs, ne sert à rien.