Du Nouveau parti anticapitaliste aux curés de Lannion et Perros-Guirec, des régionalistes bretons à la droite LR en passant par des écolos farouchement contre la 5G, tous se sont donnés rendez-vous samedi 4 juillet sur le quai d’Aiguillon. Le Trégor vient soutenir les salarié·es de Nokia, menacé·es de perdre leur emploi au terme d’un énième plan destructeur.
Les représentant·es des huit organisations syndicales du pays se serrent sur la petite estrade couverte installée devant La Poste. Plus de 3.500 regards se tournent vers ces élu·es du personnel, transformé·s en leaders de la lutte pour la survie du site et peut-être bien plus que cela.
Les cheveux blancs font de la place à Pauline Bondon, une ingérieure de 24 ans dont le rêve était « depuis toute petite, de vivre en Bretagne, près de la mer ». La jeune femme raconte le sentiment de trahison mêlé de sidération face aux manoeuvres opaques de la firme finlandaise. Avec son compagnon, elle se prépare à quitter la sous-préfecture « et ses petits commerces ».
Le ciel retient ses larmes, tandis que la manif’ s’étire sur les deux rives du Léguer. « No-kia, no-jobs, no future », « Keep Nokia Jobs in Lannion »… certaines pancartes s’écrivent dans la langue internationale des affaires. Leur portée doit traverser les frontières. Comme en d’autres temps de sinistre mémoire, la presse nationale a d’ailleurs fait le déplacement jusqu’à cette « Silicon Valley » ouverte à tous vents.
Un groupe de sonneurs et une fanfare accompagnent la procession qui remonte la rue des Augustins direction la mairie. Elle ammorce ensuite sa descente vers l’imposante bâtisse qui fait face à l’avenue Ernest-Renan. Sur son fronton, trois mots se détachent dans une calligraphie d’un autre siècle : téléphone, poste, télégraphe.