Dans la famille talentueux mais discret, je demande Kelly Pratt. En février dernier, cet américain sortait son premier album Natives accompagné de son tout jeune groupe Bright Moments. Il n’en est pourtant pas à ces premières gammes.
Multi-instrumentiste, Kelly Pratt peut vous jouer de la trompette, de la flûte, du bugle, du tuba ou encore du cor d’harmonie, histoire de mettre de l’ambiance durant une soirée entre potes, ou plus, c’est à voir. Ainsi en 2007 et 2008, il a collaboré avec Arcade Fire lors de leur tournée mondiale pour promouvoir Neon Bible, le second opus des Canadiens.
Pour compléter son carnet d’adresses, on peut également citer Émilie Simon, Coldplay, Harlem Shakes ou encore Herman Düne. Des noms sympathiques sur les lignes d’un CV.
Depuis 2006, il fait également régulièrement équipe avec Zach Condon, le leader du groupe folk américain Beirut. À la première écoute de Natives, on ne peut d’ailleurs s’empêcher de faire un rapprochement en terme de son avec ces derniers : des sonorités d’Europe de l’est sont présentes sur certaines pistes.
Cependant, Bright Moments ne peut être réduit à une simple copie de Beirut. Là où Zach teinte ses chansons de mélancolie et de paroles graves, Kelly et son groupe de Brooklyn mettent le cap vers l’optimisme et des lendemains heureux. En voiture, en vélo, en bateau à moteur ou à voile ou en avion, le voyage est au bout de ces dix pistes au noms évocateurs (Travelling Light, Tourists, The Sailor, Travelers…).
Une invitation au voyage
L’album s’ouvre sur les applaudissements de Tourists, un son entraînant, morceau idéal pour sillonner les routes de campagne, tout comme Travelling lights, un peu plus tard sur l’album. Milwaukee Protocol et Travelers, véritables hymnes à l’été, nous transportent en terres slaves entre fanfares et cuivres. Avec ses tonalités électro, le titre Behind the Gun, très accrocheur, est l’ovni réussi du disque.
Mention pour les deux interludes, Ghost Dance I et II, doux, poétiques et rêveurs. Drifters, la piste numéro cinq au tempo plus lent est d’une élégance rare. Lightning se veut régressif avec l’utilisation d’instruments jouets avant d’atteindre The Sailor, titre profond à l’image de l’ensemble de l’album : éclectique.
Paru sous le label Luaka Bop durant l’hiver dernier, il n’est pas trop tard pour faire l’acquisition de Natives. Le beau temps tarde, alors autant le faire venir dans nos têtes par ce mélange de pop, de folk et d’influences balkaniques. Une envie de liberté, de grands espaces à l’approche de l’été ? Bonne pioche !