Des voix féministes s’élèvent pour revendiquer un nouveau rapport au monde dans cet après-confinement.
Une première tribune, relayée sur de nombreux sites Mutu, appelle ainsi à un plan d’urgence féministe. Cette tribune montre à quel point les revendications féministes, anticapitalistes et solidaires sont à même de participer à des transformations écologiques, sociales et économiques nécessaires, et de participer à la lutte contre les rapports de domination, d’oppression et d’exploitation de notre société. Elle appelle ainsi à une journée de mobilisation le 8 juin, trois mois après la journée du 8 mars.
Une autre tribune prend l’angle de l’éco-féminisme. Les signataires affirment que l’émergence du coronavirus est le résultat d’une exploitation industrielle et capitaliste de la nature et nous rappellent que ce sont majoritairement les femmes qui sont exposées dans la crise. Depuis la perspective éco-féministe, les autrices invitent ainsi à la construction d’un monde qui ne nous détruirait ni nous humain·es, ni les autres êtres vivants et notre environnement.
Ces tribunes paraissent aujourd’hui pour faire porter des voix qu’il est souvent difficile d’entendre tant notre monde reste un monde d’hommes blancs. Les luttes et réflexions féministes ne se sont pas arrêtées pendant le confinement. Tout autant que d’autres domaines en lutte, des groupes ou individu·es féministes ont produit des réflexions sur la situation des femmes, des trans’, des queers… Comme par exemple les nombreuses émissions de radio regroupées sur Radiorageuses (et notamment le podcast de Détournement féministe en local sur Tours).
On peut citer aussi cette analyse sur le féminisme de la crise très documentée et retranscrite depuis une émission de radio, qui aborde les nombreuses conséquences du confinement pour les dominé·es de notre société. Plusieurs pistes pour des actions féministes sont proposées comme repenser le soin ou repenser la peur.
Construire à partir de ces vécus semble essentiel et, au sein de l’université, une contribution collective propose un retour sur les pratiques qui ont été adoptées pendant le confinement au sein de l’enseignement supérieur et de la recherche, afin d’en faire un outil réflexif et une mémoire pour la suite.
Cette semaine, on fait un petit tour des appels féministes pour s’organiser, on se motive contre l’extrême droite, contre Parcoursup, contre le numérique obligatoire dans l’enseignement et on s’enjaille à reprendre le vélo. On s’interroge aussi sur la production scientifique : seconde vague ou non ? Municipales ou non ? Et enfin, on soutient les journalistes en lutte en Bretagne contre les agro-censeurs.
Refusons le retour à la normale, rejoignons les luttes féministes
Des voix féministes s’élèvent pour revendiquer un nouveau rapport au monde dans cet après-confinement.
Une première tribune, relayée sur de nombreux sites Mutu, appelle ainsi à un plan d’urgence féministe. Cette tribune montre à quel point les revendications féministes, anticapitalistes et solidaires sont à même de participer à des transformations écologiques, sociales et économiques nécessaires, et de participer à la lutte contre les rapports de domination, d’oppression et d’exploitation de notre société. Elle appelle ainsi à une journée de mobilisation le 8 juin, trois mois après la journée du 8 mars.
Une autre tribune prend l’angle de l’éco-féminisme. Les signataires affirment que l’émergence du coronavirus est le résultat d’une exploitation industrielle et capitaliste de la nature et nous rappellent que ce sont majoritairement les femmes qui sont exposées dans la crise. Depuis la perspective éco-féministe, les autrices invitent ainsi à la construction d’un monde qui ne nous détruirait ni nous humain·es, ni les autres êtres vivants et notre environnement.
Ces tribunes paraissent aujourd’hui pour faire porter des voix qu’il est souvent difficile d’entendre tant notre monde reste un monde d’hommes blancs. Les luttes et réflexions féministes ne se sont pas arrêtées pendant le confinement. Tout autant que d’autres domaines en lutte, des groupes ou individu·es féministes ont produit des réflexions sur la situation des femmes, des trans’, des queers… Comme par exemple les nombreuses émissions de radio regroupées sur Radiorageuses (et notamment le podcast de Détournement féministe en local sur Tours).
On peut citer aussi cette analyse sur le féminisme de la crise très documentée et retranscrite depuis une émission de radio, qui aborde les nombreuses conséquences du confinement pour les dominé·es de notre société. Plusieurs pistes pour des actions féministes sont proposées comme repenser le soin ou repenser la peur.
Construire à partir de ces vécus semble essentiel et, au sein de l’université, une contribution collective propose un retour sur les pratiques qui ont été adoptées pendant le confinement au sein de l’enseignement supérieur et de la recherche, afin d’en faire un outil réflexif et une mémoire pour la suite.
L’extrême droite est-elle en train de gagner l’hégémonie culturelle ?
La liste des pays dirigés par un chef d’extrême droite s’allonge : Brésil, États-Unis, Hongrie, Inde, Russie, Israël, Pologne, Turquie… Mais on ne peut se contenter de regarder ces victoires électorales pour visualiser l’avancée de l’extrême droite. Face à une remise en question du régime politique actuellement dominant, le néolibéralisme, c’est tout le bloc bourgeois dominant qui se rapproche de positions extrémistes sur l’immigration, la sécurité, etc.
Pendant la crise du Covid-19, l’extrême droite institutionnelle et médiatique s’est rangée unanimement derrière le populisme d’Eric Raoult, chantre de l’hydroxychloroquine ; Valeurs actuelles y a consacré une cinquantaine d’articles, Gilbert Collard a eu plus de 500.000 vues dans une vidéo complotiste à ce sujet et Marine Le Pen a défendu également ce médicament.
Pourtant, il est tout à fait possible que cette défense d’Eric Raoult ne soit pas retenue contre l’extrême droite : elle est loin d’être la seule à l’avoir fait et elle a suivi un large mouvement populaire extrêmement présent sur les réseaux sociaux, comme l’affirme une enquête de France Info. Mais est-ce que l’extrême droite s’est rangée derrière l’hydroxychloroquine par opportunisme politique ou a-t-elle suffisamment d’influence sur les réseaux sociaux pour avoir contribué à l’essor de ce mouvement ?
Car l’influence culturelle de l’extrême droite se ressent sur la toile : elle compte de nombreux médias assez consultés même s’il est difficile de se fier aux statistiques d’audience sur internet tant elles peuvent être manipulées. L’ouverture d’un nouveau média d’extrême droite comme celui d’Onfray, évolution logique de sa trajectoire de radicalisation, fait la une de nombreux journaux…
Mais l’extrême droite n’est pas seulement médiatique ou politique, elle s’appuie sur des militant·es de terrain organisé·es en groupes fascistes extrêmement dangereux. Récemment, on peut parler de l’attaque de radio associative près de Saint-Étienne et d’un local associatif à Montpellier.
Si en France les derniers meurtres commis par l’extrême droite remontent à plusieurs années (Clément Méric en 2013 et Hervé Rybarczyk en 2011), de l’autre côté du Rhin, une recrudescence inquiétante des agressions, attentats et assassinats (avec préméditation) commis par des néo-nazis contre des personnes d’origine extra-européenne ou des élu·es favorables aux migrant·es, a défrayé l’actualité ces derniers mois.
De nombreux groupes antifascistes font un travail de fond remarquable pour identifier ces militant·es, trouver leurs lieux de rassemblements, les liens qu’iels ont entre elleux. Un exemple : un groupe antifasciste lyonnais vient de publier une enquête détaillée sur le nouveau local fasciste à Lyon, Terra Nostra, qui s’est ouvert sur les cendres du Bastion social, organisation fasciste interdite par l’État en 2019.
En Bretagne, les journalistes se rebellent contre l’omerta entourant la toute puissante agro-industrie
Parmi la flopée de tribunes sur le « monde d’après » qui remplissent les pages opinion des journaux, l’une d’elles n’était pas prévue au programme. Près de 500 journalistes se lèvent contre l’omerta qui règne sur les questions agroalimentaires en Bretagne. Adressée au président de région, elle pointe en creux les trusts qui asservissent les agriculteurs, le rôle d’auxiliaire de police assumé par le FNSEA mais aussi les chefferies qui plient devant l’adversité.
« Pour le respect de la liberté d’informer sur l’agroalimentaire », tel est le titre de la lettre ouverte publiée lundi 25 mai par Mediapart. Le président PS du conseil régional de Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, et ses vice-présidents chargés de la culture, de l’agriculture et de les langues de Bretagne sont destinataires de ce courrier cosigné au 30 mai par 450 journalistes.
La démarche est rare dans cette profession fragmentée, d’autant plus qu’elle associe des plumes de médias locaux et nationaux. A de rares exceptions près, les noms connus du grand public s’abstiennent de tout soutien, tandis que nombre de pigistes prennent le risque de se griller auprès des employeurs.
L’initiative revient d’ailleurs à de jeunes journalistes de Bretagne, déjà confronté·es au mur dressé par les industriels et parfois même à des intimidations. C’est la révélation d’une série de pressions subies par l’autrice de la bande dessinée « Algues vertes : l’histoire interdite » qui a servi d’étincelle.
Ses 46.000 exemplaires écoulés la placent en position confortable pour apporter la contradiction aux tenants du « modèle agricole breton ». A condition ne pouvoir s’exprimer ! Ainsi, le Salon du livre de Quintin l’a rayée de sa liste d’invités. Sa présidente était candidate aux municipales en compagnie de Jean-Paul Hamon, salarié de la chambre d’agriculture des Côtes-d’Armor (FDSEA) et du fils du « député des cochons » (LR) Marc Le Fur. Une pure coïncidence épinglée par Le Canard enchaîné.
Le chef de l’exécutif et ses vice-présidents se défendent de toute intervention directe, ce qui est d’ailleurs fort probable tant la longueur de la laisse semble intériorisée par les acteurs qui dépendent de subventions publiques. Cette ultime preuve d’auto-censure n’en déclenche pas moins l’initiative des journalistes, soutenue par les trois premiers syndicats de la profession ainsi que plusieurs clubs de la presse dont celui de Bretagne.
Il est trop tôt pour qualifier cette affaire de tournant, mais incontestablement les langues se délient. Des journalistes de France 3, Ouest-France et Le Télégramme conviennent publiquement « qu’il est difficile d’informer correctement sur l’agroalimentaire », que « des articles sont censurés et des sujets pas abordés de peur de fâcher les annonceurs ». Mais censurés par qui, si ce ne sont les hiérarchies ?
Si la région peut facilement répondre aux demandes plutôt sages qui lui sont formulées – ce à quoi elle s’emploie d’ailleurs en gardant probablement un œil sur le calendrier électoral -, le plus dur reste à venir : dévoiler les dessous d’un système qui exploite la terre et les travailleur·ses. Mettre à nu ses circuits de financement, ses réseaux politiques et ses arrangements avec le droit du travail.
Fervente porte-étendard du productivisme depuis l’après-guerre, la FNSEA n’a pas l’intention de rendre les armes. Fière d’avoir installé dans le débat l’idée que les journalistes se livreraient à un « agribashing », elle a obtenu du gouvernement la création d’observatoires départementaux pilotés par les préfets et même la création d’une cellule de gendarmerie nommée Demeter chargée de la surveillance des « menaces émanant de groupuscules hostiles à certains secteurs d’activité agricole ». Celle-ci amalgame explicitement les actions d’associations antispécistes comme L214 ou DxE aux vols d’engins, dans une pure logique de criminalisation du militantisme.
Pas question de laisser filmer impunément des cochons cannibales, des fois que les images du JT coupent la faim à quelques consommateur·ices devant leur plateau de charcuterie ! Et tant pis si cela répond au droit d’être informé des citoyen·nes !
Utilisez votre Coup de pouce vélo chez votre atelier de réparation solidaire local
Le gouvernement donne un chèque de 50 € par vélo utilisable pour acheter des pièces indispensables du vélo et/ou payer un·e réparateur·ice de vélo pour la main d’œuvre. La Gazette a testé comment ça marche et vous conseille d’en profiter pour financer les ateliers vélo d’auto-réparation locaux ! Vous aurez malheureusement besoin d’un téléphone portable et d’une pièce d’identité car on n’arrête pas le flicage…
Première étape : se préinscrire sur le site de Coup de pouce vélo. Un numéro de téléphone est indispensable et vous devez donner à ce moment votre identité.
Deuxième étape : prenez rendez-vous avec votre atelier de réparation solidaire favori. On peut consulter le site de L’Heureux cyclage qui propose une superbe carte des ateliers participatifs et solidaires. Demandez en passant si vous pouvez utiliser le Coup de pouce vélo à cet atelier.
Troisième étape : allez à votre rendez-vous et réparez votre vélo avec l’aide des personnes présentes. Développez en passant votre « vélonomie » c’est-à-dire votre autonomie dans l’entretien et la réparation de votre vélo.
Quatrième étape : pour payer l’adhésion (si vous n’êtes pas déjà adhérent·e), les pièces et la main-d’oeuvre, utilisez votre chèque en donnant le numéro de dossier à l’atelier. Iels prendront en photo votre vélo pour assurer que vous n’utilisez pas deux chèques pour le même vélo à deux endroits différents et noteront votre nom. Vous recevrez alors par SMS un code de confirmation que vous devez donner à la personne gérant l’atelier et c’est ensuite fini !
Notons le problème suivant : vous ne pouvez utiliser votre chèque qu’en une fois et seulement jusqu’à décembre : cela n’est pas très pratique si vous voulez faire plusieurs petites réparations ou acheter des pièces à un endroit différent de là où vous voulez réparer votre vélo. Et sachez que vous ne pourrez pas utiliser votre chèque pour acheter des casques, gilets, lumières amovibles ou antivols.
Les articles scientifiques qui arrangent le pouvoir ne tardent jamais à se retrouver placardés dans la presse mainstream. Le dernier en date est un article de statistiques (en anglais) supposé prouver que les municipales n’ont pas eu d’impact sur la diffusion du Covid, à partir des chiffres de participation. Le Monde, Le Parisien, RTL, 20 minutes, l’Express et biens d’autres y ont consacré un article.
Mais comment les auteurs de cette article arrivent-ils à cette conclusion ? Ils remarquent statistiquement que, parmi les départements les plus atteints, ceux dans lesquels la participation a été haute n’auraient pas eu plus d’hospitalisations après l’élection que les autres départements.
Mais, outre le fait qu’il soit assez hasardeux de comparer des données venant d’hôpitaux différents alors qu’au début de la crise du Covid-19 chaque établissement faisait un peu « à sa sauce », hospitalisant ou non les malades selon le nombre de lits disponibles ou des critères de gravité non standardisés, il ne faut pas oublier que la participation aux municipales est liée à des paramètres qui influencent eux-même la propagation de l’infection.
Ainsi, dans les quartiers les plus pauvres, moins de personnes se déplacent pour aller voter, et c’est aussi dans ces quartiers que le virus a fait le plus de dégâts car d’une part les personnes continuaient à aller travailler, et d’autre part la prévalence de l’obésité et des maladies métaboliques (diabète, etc.) y est plus forte. De quoi effacer une éventuelle corrélation entre diffusion du virus et élection.
Enfin, l’article note tout de même que l’abstention a bondi de 18,8 points entre 2014 et 2020… sans se demander un instant ce qui se serait passé si les bureaux de vote avaient été aussi remplis que d’habitude, ni si le résultat des élections pourrait s’en trouver substantiellement modifié.
La science n’est pas toujours impartiale, et ne répond qu’aux questions qu’elle veut bien se poser…
On a toujours peu d’informations sur la probabilité d’une deuxième vague de Covid-19
Des travaux de recherche divers ont été menés sur le Covid-19 et sa propagation depuis le début de l’épidémie, avec des outils de modélisation mathématique notamment.
Un article (en anglais) publié au tout début du confinement indique que pour éviter l’embolisation des services de réanimation, il faudrait recourir à des confinements itératifs, plus ou moins drastiques, pendant de nombreuses années, alors qu’une deuxième vague, puis une troisième, une quatrième, etc. de la maladie s’enchaîneraient…
Un article plus récent, issu du travail d’un groupe de recherche en France, liste de son côté plusieurs conditions à remplir pour contrôler l’épidémie, comme ne pas doubler les contacts infectieux après le 11 mai.
Parmi les inconnues des modèles actuels figure un chiffre clef : quel pourcentage de la population a déjà eu le Covid, et est-elle désormais immunisée ? Ou même, serait-il possible que des exposition à d’autres virus proches par le passé aient permis à des individu·es de développer des anticorps actifs contre le virus du Covid-19 (ce qu’on nomme l’immunité croisée) ? C’est en effet ce que suggèrent des études récentes, encore non relues et évaluées par les pairs, l’une conduite en Allemagne et l’autre aux États-Unis (les deux études sont en anglais, sous forme d’article scientifique). Notons bien que dans ces deux études, les auteur·ices avertissent qu’iels ont pris en compte peu de sujets (86 dans la première et 40 dans la seconde).
La baisse du nombre de morts et de patient·es en réanimation, même après la fin du confinement, semblerait pour le moment donner raison aux perspectives optimistes (comme celle de l’immunité croisée) ; néanmoins, il ne faut pas oublier que si nous sommes plus libres de nos mouvements, la plupart des activités réunissant du monde (manifs, universités, bars, etc.) ne reprendront pas avant le 2 ou le 22 juin, et nous appliquons encore des mesures de précaution, ce qui limite la propagation de l’épidémie. Nul·le ne peut prédire ce qui se passera quand les mesures du post-confinement se relâcheront et il est encore un peu tôt pour connaître précisément les effets du déconfinement sur la propagation du Covid-19, notamment à cause du décalage temporel entre la contamination et l’admission en réanimation des cas graves.
Par ailleurs, comme le souligne une récente synthèse de l’Académie de médecine, la diffusion du virus semble notablement diminuée par la hausse des températures (ce qui expliquerait notamment pourquoi l’Afrique est peu impactée jusqu’à maintenant), faisant craindre un rebond de la pandémie, non pendant l’été, mais au cours de l’automne ou de l’hiver…
D’autre part, certain·es commencent à s’interroger : avons-nous vécu une première vague ou une deuxième vague depuis mars ? En Italie, la secrétaire générale de la fédération des médecins généralistes de Lombardie remarquait que, dans la région de Bergame, on avait constaté un taux élevé de pneumonies et bronchites inexpliquées, dont certains cas mortels vers octobre 2019. Octobre 2019 soit plusieurs mois avant l’arrivée « officielle » de la pandémie en Europe en février 2020. On ne saura jamais s’il s’agissait des premiers cas européens, le diagnostic de pneumonie au Covid-19 ne pouvant se faire que sur une PCR (qui n’était pas disponible à l’époque, puisqu’on ne connaissait pas encore l’existence du virus) ou sur un scanner (qui en pratique n’est que rarement réalisé pour une pneumonie classique, une simple radiographie de thorax étant suffisante, plus rapide et moins coûteuse).
Les doutes subsistent donc en de nombreux endroits. Comme pourraient le dire des chercheur·ses, ici, il nous faut plus de travaux afin d’étayer les différentes hypothèses. De notre côté, dans le doute, sortons masqué·es.
*Ce groupe de recherche a fait l’effort de publier des rapports sur son travail en français, avec une visée didactique en ce qui concerne le fonctionnement des modèles mathématiques épidémiologiques : voir la rubrique « Notes » de son site internet entre autres.
Parcoursup, contrôle continu et confinement : les lycéen·nes dans la tourmente
Pas facile d’être au lycée sous Macron ! Pour la troisième année consécutive, la plateforme Parcoursup va stresser de nombreux·ses lycéen·nes pendant de longs mois le temps qu’elle fasse son sale boulot d’orientation.
Le 19 mai, les premiers résultats sont tombés et il faudra attendre un peu avant que des études statistiques précises soient publiées même si le Groupe Jean-Pierre Vernant a déjà commencé. Il estime via les données parcellaires fournies par le ministère que seulement 54 % des bachelièr·es ont reçu une offre et que seulement 13 % ont obtenu leur premier choix.
Dans la droite ligne des réformes récentes, on annule les épreuves écrites du bac qu’on souhaitait de toute manière remplacer autant que possible par le contrôle continu et on poursuit le tri social !
Un article publié en 2019 par Lundi matin analysait bien les enjeux de Parcoursup. Une des conséquences les plus évidentes étant d’autoriser la sélection pour compenser l’augmentation démographique sans créer de nouvelles universités. On peut cependant noter d’autres avantages que tire le gouvernement de Parcoursup : l’effet d’angoisse généré par la « mise en attente » fait accepter avec soulagement une formation pour laquelle le ou la candidat·e n’a ni affinité ni appétence. D’autre part, l’algorithme dépossède les jeunes adultes de leur autonomie et simultanément les rend responsables de leur position sociale.
En continuant à utiliser Parcoursup après les échecs des années précédentes [3], le gouvernement se rend directement responsable de souffrances psychologiques de masse : ainsi du 25 mai au 15 juillet, les candidat·es ne recevant toujours pas de propositions auront un délai d’uniquement trois jours pour répondre à toute nouvelle proposition qui peut arriver à tout moment. Si vous voulez avoir un peu de temps pour réfléchir à votre avenir et vous déconnecter d’internet pendant l’été, Parcoursup est votre ennemi. Un article payant du Monde corrobore ces souffrances : sentiment d’impuissance, angoisse, poids cognitif et affectif…
Et cette année, en plus de Parcoursup, le baccalauréat et le confinement ont déjà stressé les lycéen·nes. Ainsi les élèves de première viennent tout juste d’apprendre que l’oral du bac de français est annulé, après un long moment de stress. De même que pour les autres épreuves, la notation sera celle du contrôle continu sur les deux premiers trimestres. Si vous espériez vous rattraper lors des exams finaux ou lors du 3e trimestre, le ministère de l’Éducation nationale n’en a rien à faire. Ou bien si, il annonce dans sa grande mansuétude que les rattrapages seront maintenus…
Éducation : un enseignement à distance « obligatoire »
Une proposition de loi du 19 mai suggère un petit changement dans le code de l’éducation. Un changement minime, puisque cette proposition de loi est constituée d’un unique article, de deux lignes.
« Au deuxième alinéa de l’article L 131 ?2 du code de l’éducation, après le mot : “est”, il est inséré le mot : “obligatoirement”. »
Mais qu’est-ce que ce deuxième alinéa de l’article L 131-2 ? C’est celui qui dit, avec l’ajout de ce petit mot : « Dans le cadre du service public de l’enseignement et afin de contribuer à ses missions, un service public du numérique éducatif et de l’enseignement à distance est obligatoirement organisé pour, notamment : […] ».
Avec un obligatoirement en plus, il s’agit donc de systématiser l’usage du numérique dans l’enseignement à distance, de l’école à l’université. La proposition de loi émane de la députée LR Frédérique Meunier. Elle met en avant quelques avantages qui justifieraient cet enseignement distanciel obligatoire. Par exemple, si des élèves sont malades, ou se retrouvent bloqué·es dans les transports en commun, si l’instruction se fait à la maison ou encore si les parents ne peuvent payer à leur enfants un logement proche de leur fac, etc.
Ces justifications soulèvent de nombreux problèmes et semblent surtout symptomatiques d’une façon de considérer les apprentissages. Si l’éducation nationale appelle à une différenciation des apprentissages afin de s’adapter aux besoins et niveaux hétérogènes des élèves en classe, c’est ici une individualisation forte qui apparaît. L’idéologie méritocratique fait des dégâts chez certain·es profs qui mettent en avant l’avantage de l’enseignement à distance pour certain·es élèves qui ne seraient alors pas ralenti·es par la classe (comme par exemple dans des commentaires de ce débat sur le site Néoprofs).
D’autant plus qu’il a déjà été bien signalé que l’accès à internet est très hétérogène entre élèves, et dépend notamment de la situation sociale. Une enquête menée par des chercheurs et des chercheuses d’Aix-Marseille Université pendant le confinement confirme ces inégalités, sur un ensemble de 6.000 réponses, et décrit aussi celles entre profs. Inégalités entre les profs qui connaissent bien les arcanes d’internet et de l’informatique et celleux qui ont dû utiliser l’ordinateur d’un·e conjoint·e pour travailler. Ou inégalités entre celleux qui ont du mal avec les PDF et celleux qui sont à l’aise avec divers formats numériques et sont mis en avant, comme Cyril et Nicolas, cités par Stanislas Dehaene ou interrogés par le Café pédagogique…
On peut se poser aussi la question du droit à la déconnexion dont l’étendue actuelle est expliquée dans cette fiche. D’abord pour les profs, dont on imagine qu’iels devraient alors obligatoirement faire cours dans la journée et assurer l’enseignement numérique à distance en dehors de leur cours. Mais aussi pour les élèves, qui devraient suivre les cours même malades ou bloqué·es dans les transports en commun. Dans quelle mesure cette obligation d’enseignement à distance empiétera-t-elle sur des moments qui ne devraient pas être travaillés ? Sur la vie de la famille des élèves absent·es pour lesquel·les les parents devront aussi probablement assurer le suivi de l’enseignement à distance ?
Cette proposition de loi pourrait être un essai pour ensuite accentuer la part du numérique et du distanciel dans l’enseignement. Il semblerait en tout cas que l’institution souhaite se donner des moyens d’évaluer l’apport du numérique… en profitant des évaluations communes nationales de CP, CE1, sixième et seconde, à la rentrée 2020. Ces évaluations avaient été critiquées lors de leur mise en place par exemple par le Snes ou par Sud éducation. Ces syndicats relevaient notamment que les tests avaient été imposés d’en haut, qu’ils ne prenaient en compte qu’un point de vue quantitatif et qu’ils avaient pour ambition de comprendre comment améliorer la réussite des élèves alors qu’aucune mesure concrète n’était prévue ensuite…
Le Conseil scientifique de l’Éducation nationale propose d’utiliser ces évaluations (pdf, p16) pour savoir dans quelle mesure le confinement a eu un effet sur l’acquisition des savoirs par les élèves, ce qui « permettrait d’évaluer rétrospectivement l’efficacité des outils et des efforts déployés ».
Malgré un travail aux sources scientifiques multiples et indiquées, ces Recommandations pédagogiques pour accompagner le confinement et sa sortie manquent ici un point essentiel de la démarche scientifique : la prise en compte des facteurs confondants. Évaluer l’impact du confinement sur la scolarité ne permettra pas nécessairement d’en conclure sur l’efficacité des outils numériques puisque de nombreux autres facteurs entrent en jeu (accès à internet, apprentissages collectifs vs. individuels, impact psychologique du confinement, etc.), que le Conseil scientifique de l’Éducation nationale ne mentionne pas.
Notons aussi que ce même Conseil scientifique se fend d’un magnifique « ce n’est pas l’outil écran qui est problématique, son caractère bénéfique ou problématique dépend intégralement du contenu pédagogique et de l’usage qui en est fait ». Or, si, les outils peuvent être problématiques : on vous avait à ce propos déjà parlés d’Ivan Illich et de son approche de l’outil. Pour lui, lorsqu’un outil, passé un certain seuil, ne vise plus que son auto-reproduction, il devient destructeur. Où en est-on en ce qui concerne le numérique éducatif, soutenu par un ensemble d’acteurs autres qu’éducatifs (voir d’ailleurs notre autre papier à ce sujet), pour lesquels le développement et la reproduction de ces outils sont source de capitalisation financière, quel que soit leur usage ?
Un peu partout en Europe, des enfants auraient développé à la suite de l’infection au Covid-19 une atteinte proche de la maladie de Kawasaki. Cent quarante-quatre cas auraient été recensés en France, dont un mortel chez un garçon de neuf ans à Marseille.
La maladie de Kawasaki est une vascularite, c’est-à-dire une attaque des vaisseaux sanguins par les cellules du système immunitaire. Les vaisseaux sanguins étant présents dans tout l’organisme, les vascularites donnent des symptômes assez variés, qui peuvent toucher divers organes. La maladie de Kawasaki est ainsi caractérisée par une conjonctivite, une modification caractéristique de la langue poétiquement décrite comme une « langue framboisée », une forte fièvre et, surtout, dans les cas graves, une atteinte cardiaque. La maladie peut en effet causer une inflammation du muscle cardiaque, la « myocardite », et surtout des anévrismes des coronaires, c’est-à-dire des dilatations des artères qui approvisionnent le muscle cardiaque en sang.
Au niveau de ces dilatations, les artères sont plus fragiles et peuvent se rompre comme un tuyau d’arrosage dont on aurait limé la paroi. Le traitement de la maladie consiste à stopper l’action du système immunitaire qui s’est emballé ; l’évolution est en général favorable.
On ne sait pas exactement à quoi est due la maladie de Kawasaki ; néanmoins on suppose qu’il s’agit de la rencontre entre un enfant génétiquement « prédisposé » et une source d’inflammation (en général, une infection virale banale, comme les enfants en ont souvent à cet âge) qui va entraîner l’emballement du système immunitaire.
Pourquoi les pédiatres suspectent-ils que les nouveaux cas de maladies de Kawasaki soient liés au Covid ? Parce qu’elle ne ressemble pas à la maladie de Kawasaki « classique ». Les enfants atteints actuellement ont entre cinq et 20 ans, alors que la maladie de Kawasaki frappe habituellement entre six mois et cinq ans. Par ailleurs, le Kawasaki est assez rare en Europe (contrairement à l’Asie), il est donc inhabituel d’avoir autant de cas en si peu de temps.
Enfin, d’après des publications chinoises mais aussi des retours du terrain que nous avons, des cas de myocardite ont été constatés chez de jeunes adultes testés positifs au Covid-19. Si cette affection peut occasionner des douleurs thoraciques et une fatigue de plusieurs semaines, elle guérit habituellement sans séquelle.
Pas de panique néanmoins : 144 cas, dont un seul mortel, cela reste peu pour une maladie qui a autant diffusé dans la population en si peu de temps. À titre de comparaison, 20.000 enfants naissent chaque année avec une malformation cardiaque en France. Comme le souligne la Société française de pédiatrie, le risque de développer une forme grave reste faible chez l’enfant et il faut réfléchir aux implications d’un confinement sur leur développement psycho-affectif. D’un autre point de vue, nous ne savons pas vraiment à quel point les enfants peuvent transmettre la maladie, et donc si leur retour en classe peut mettre en danger leur entourage familial…
L’article met en évidence des points communs entre ces douze événements : « pas de preuve, pas de témoins, pas d’enquête journalistique ». Pour une de ces morts, celle de Romain le 1er mai, le collectif Désarmons-les a réalisé un travail de remise en contexte, montrant les différentes zones d’ombre du côté de la police, mais aussi celles laissées ou favorisées par le traitement médiatique.
Plusieurs documents produits récemment, portant sur la période du confinement ou non, peuvent nous permettre d’appréhender plus largement la situation (et on ne prétend pas être exaustif·ve ici, on vous signale ce qu’on a apprécié).
Le film À nos corps défendants, qui propose une vision de la domination de l’État et des violences qu’il inflige dans les quartiers populaires, est disponible sur une plateforme bien connue (et le site internet du film propose aussi une filmographie sur le sujet).
Egalement filmé dans les quartiers populaires, Covid 18 : dans le nord de Paris sous confinement est un témoignage du quotidien, celui du 18e arrondissement, qui montre bien à quel point les logiques de contrôle social ont été exacerbées pendant cette période.
On pourra consulter aussi, dans une perspective internationale, le site Mitard du confinement qui répertorie les informations concernant les lieux d’enfermement durant les deux mois précédant le 11 mai. Il cherche à « rendre compte de ce que fait la gestion de l’État à ceux qui sont ou se retrouvent le plus à sa merci ».
« Peine avant l’heure », « objets d’une traque d’État », « laboratoire de la répression », « épée de Damoclès », les mots choisis par les militant·es de Bure pour décrire la répression qu’iels subissent sont forts. Pourtant, ils semblent justifiés au regard de l’ampleur de ce qu’iels subissent : écoutes téléphoniques massives, interdiction de se contacter entre proches, lutte permanente contre l’intériorisation des contraintes du contrôle judiciaire tout en se méfiant de tout pour ne pas finir en prison comme un de leurs camarades a pu l’expérimenter pendant quatre mois à partir du 19 juillet 2019.
Une tribune récente de militant·es de Bure, « Pour que cesse le confinement de nos luttes et de nos amitiés », essaie de donner du sens à ce que signifie pour une personne d’être interdite de contacter ses proches, obligée de prévoir l’ensemble de ses déplacements pour éviter de se croiser, etc. Ce mardi 19 mai, trois militant·es de Bure interdit·es de rentrer en contact entre elleux ont participé à une discussion en direct sur Facebook, un geste symbolique fort qui, on l’espère, n’aura pas de répercussions judiciaires.
La doctrine d’Etat qui consiste à ne pas laisser de nouvelles Zad s’installer durablement annoncée par Edouard Philippe en 2018 se confirme. On se souvient de l’expulsion du bois Lejuc à Bure, en février 2018, puis de la destruction d’une partie de la Zad de Notre-Dame-des-Landes"Zone d'aménagement différé" pour les pouvoirs publics et "Zone à défendre" pour les anti-aéroports de Notre-Dame-des-Landes. Ses occupants se font appeler les zadistes. en avril de la même année. Plus récemment, l’Amassada a été expulsée le 8 octobre 2019 et la Zad de la Dune le 8 avril 2020 pendant le confinement. Que faire quand la répression s’abat sur les militant·es et nous enlève nos lieux d’organisation et de lutte ?
En attendant de trouver des réponses à cette question complexe, n’oublions pas de soutenir les militant·es qui subissent la répression judiciaire. Voici une liste loin d’être exhaustive :
L’Amassada appelle à soutiens pour un procès le 10 juin à Rodez suite à des interpellations lors d’une manifestation de réoccupation.
Sur une commune à l’Est d’Orléans, Mardié, le département souhaite construire un pont au-dessus de la Loire. Les opposant·es qualifient ce pont et la déviation dite de Jargeau de grand projet inutile et imposé (GPII).
Ce pont, qui coûterait 100 millions d’euros, mais probablement plus d’après les opposant·es, est le point névralgique d’un projet de contournement routier d’Orléans en cours de construction. De nombreux autres projets économiques y sont adossés, notamment le développement de centres logistiques et l’exploitation de carrières.
Le conseil départemental du Loiret a longtemps nié ces dimensions du projet (pdf) préférant mettre en avant un meilleur confort de vie des habitant·es de Jargeau où la circulation sur un pont déjà existant est souvent embouteillée aux heures de pointe : autour de 8 h 30 le matin et 18 h le soir pour les trajets domicile-travail. Pourtant, les opposant·es remarquent que le projet de réouverture d’une ligne de train reliant Orléans à Châteauneuf-sur-Loire est ignorée par les pouvoirs publics alors qu’il permettrait de soulager le trafic sur le pont de manière plus écologique.
Depuis 25 ans, une association, Mardiéval, lutte contre ce pont via de nombreux recours juridiques (encore en cours). On lui doit l’installation d’une caméra, la Balbucam, depuis 2016, qui diffuse tout les jours en direct sur internet pour voir le nid des balbuzards pécheurs (si vous allez la voir, vous pourrez peut-être constater que les œufs ont éclos très récemment). Elle développe aussi des argumentaires disponibles sur internet.
En 2019, une nouvelle dynamique s’est lancée via l’installation temporaire du Village de la Loire. Il s’est ensuite pérennisé malgré de nombreux déboires, qui ont déjà provoqué deux déménagements. Le Wiki du Village de la Loire, très bien fait, répertorie de nombreuses ressources contre le pont et son monde dont des chansons, un fanzine et des visuels des deux événements de 2019 : le Village de la Loire du 11 au 18 août qui a accueilli un millier de personnes et la Buldo’fête les 31 août et 1er septembre.
Juste après ceux-ci, des travaux de déboisement pour faire des fouilles archéologiques ont été effectués entre les 11 et 13 septembre 2019, malgré une forte opposition sur le terrain. Face aux gendarmes anti-terroristes du PSIG-Sabre se trouvaient des opposant·es avec des « arm-locks » (tubes en PVC) pour s’enchaîner aux arbres et des équipes en haut de plateformes sur les arbres.
Depuis, l’opposition au projet se réorganise malgré des dissensions à la fois internes au collectif et avec la présidence de Mardiéval. Les plans pour le futur de la lutte sont nombreux avec entre autres la création d’un jardin forêt, technique mêlant permaculture et agroforesterie, comme au Jardin d’émerveille via une nouvelle association. Sur place, les opposant·es sont ouvert·es à toute nouvelle énergie souhaitant les rejoindre pour aider à l’organisation d’événements cet été ou même rester sur place pour continuer la lutte. Il s’agira notamment de préparer la venue de l’Alter-Tour les 9 et 10 août 2020 et une semaine de formation en construction de yourtes et de maisons figues sera peut-être organisée. Alors n’hésitez pas à leur rendre visite en prévenant à l’avance par mail ou à vous abonner à leur lettre d’information pour être tenu·es au courant !
Lors de ce déconfinement, le vélo semble s’ériger en nouveau roi de la circulation. Contrairement aux transports en commun, la bicyclette facilite la distanciation physique. Du moins, quand cette option est possible pour se rendre à son travail, critère majeur dans une métropole comme Paris.
Les multinationales n’ont pas chômé pendant le confinement. Une partie d’entre elles a mis ses finances à contribution face à la crise sanitaire, ce qui est analysé par cet article du site Equal Times comme pouvant résulter soit d’une stratégie de communication pour garantir leur moralité, soit du reflet d’une idéologie libertarienne où elles refusent que seul l’État s’occupe de l’intérêt général. S’il ne s’agit pas des deux « en même temps ».
Quelles que soient les raisons des multinationales, cette sorte de responsabilité et d’indépendance affichée leur permet surtout de peser aujourd’hui dans les prises de décisions, en tant qu’acteurs pertinents et respectueux. Plus de chances de les écouter donc si elles nous disent de foncer vers la reprise économique, environnement au cœur ou non d’ailleurs. La deuxième loi de finances rectificative pour 2020 inclut un fond de 20 milliards d’euros pour les « entreprises stratégiques », dont plusieurs organisations avaient réclamé qu’il soit conditionné par des critères sociaux et environnementaux. Finalement, ce n’est pas le cas et c’est l’État, via son Haut conseil pour le climat – qui demandait des transformations structurelles pour une transition bas-carbone suite à la crise -, qui devra s’assurer que tout se passe bien.
En tout cas, reprendre et aller au boulot, c’est bien ce que ces grandes entreprises nous demandent. « Il faut travailler plus tout au long de la vie », nous assène Agnès Verdier-Molinié, parmi d’autres mesures pour sortir de la crise (la tribune est en accès payant, mais de toute façon on vous conseille plutôt d’aller lire cette critique de Acrimed, sur Agnès Verdier-Molinié et son think-thank l’Ifrap). L’Institut Montaigne, autre think-thank gravitant autour du Medef, vient de publier deux notes listant des pistes pour « Rebondir face au Covid-19 ». Elles concernent l’investissement et de nouveau le temps de travail. Sans surprise, elles appellent à l’allègement de la fiscalité des entreprises, l’assouplissement du droit du travail et incluent aussi une série de recommandations concernant les fonctionnaires (et pas pour leur bien).
Si la grève des loyers ne dépasse pas le seuil de l’invocation en France, le mouvement semble s’amplifier outre-Atlantique. Les actions sont répertoriées sur un planisphère accessible en ligne.
A l’échelle des Etats-Unis, les destructions d’emplois sont comparables par leur ampleur et leur vitesse foudroyante aux débuts de la grande dépression de 1929. Le taux de chômage a gagné plus de 11 points en deux mois pour atteindre 14,7 % en avril. Il pourrait encore doubler, selon certaines projections.
Dans l’impossibilité de payer leurs loyers, de nombreux foyers se retrouvent entre le marteau et l’enclume. Reste alors à transformer cette impasse individuelle en cause politique.
La création d’une simple discussion de groupe sur un logiciel de messagerie instantanée peut parfois déboucher sur une telle initiative. C’est l’histoire racontée par Emily Witt, qui s’est rendue à Brooklyn pour The New Yorker. « Fin mars, environ les deux tiers des locataires ont décidé de faire grève des loyers, un groupe qui comprenait ceux qui avaient perdu leur emploi et d’autres qui retenaient leur loyer par solidarité. »
Le 1er mai, ce sont 12.000 locataires représentant 100 immeubles new-yorkais qui ont refusé de payer leur loyer, selon l’organisation Housing justice for all. Une goutte d’eau par rapport aux 2,2 millions d’appartements dédiés à la location dans la capitale économique des Etats-Unis, mais un signe encourageant pour ses initiateur·ices.
Des draps blancs sur lesquels étaient peints des slogans revendicatifs sont apparus aux fenêtres et un groupe de manifestant·es s’est rendu devant la résidence du gouverneur. Iels réclament plus que le moratoire qui interdit toute expulsion jusqu’au 20 juin. Par exemple l’annulation des loyers et des prêts immobiliers. Cette dernière mesure est soutenue par la jeune figure de gauche au Congrès, Alexandria Ocasio-Cortez, qui se verrait bien à la tête d’un mouvement plus large contre la politique de l’administration Trump.
« Il y a un jardinier au chômage avec un diplôme en agriculture dans sa poche, un tatoueur, un éducateur précaire, il y a des travailleurs du secteur du divertissement, des musiciens et des enseignants, des experts en communication », détaille le quotidien communiste Il Manifesto, qui ajoute que l’immeuble est « peut-être l’initiative la plus visible au milieu d’une mer agitée d’initiatives en ligne ».
Droit au logement manifestera les 30 et 31 mai
En France, la trêve des expulsions locatives n’a certes plus d’hivernale que le nom, mais le répit semble de courte durée. Les associations s’attendent à une explosion des procédures sitôt passée l’échéance de juillet. Le délégué général de la Fédération des acteurs de la solidarité demande d’« étendre cette trêve sur toute l’année 2020, le temps de trouver des solutions stables aux sans-abri ».
Avant même le Coronavirus et son cortège de drames, la Fondation Abbé-Pierre estime que quatre millions de personnes étaient mal logées en France et plus de douze millions en situation de fragilité, dont 1,2 million de locataires en impayés.
L’association Droit au logement réitère sa demande de réquisition des trois millions de logements vacants. « Pour l’instant, le gouvernement ne nous répond pas. Silence radio, alors que nous avons sollicité des rendez-vous. Mais le ministre du Logement ne semble pas vouloir discuter avec le DAL. C’est la première fois, depuis 25 ans, que l’on ne rencontre pas un ministre », déplore son porte-parole Jean-Baptiste Eyraud cité par France Culture.
Comme à New York ou Bologne, le rapport de force semble inévitable. Le DAL annonce d’ailleurs un weekend de mobilisation les 30 et 31 mai. Des collectifs se sont créés à Marseille ainsi que dans le grand Ouest. Des guides et des foires aux questions apparaissent sur le web, notamment sur le site belge francophone Grevedesloyers.be, qui publie aussi une lettre type, des visuels et un annuaire d’associations. Sa caisse de grève en ligne affiche 5.730 € de dons, au douzième jour de collecte. Les petits ruisseaux font les grandes rivières.
Sous Macron, l’économie est reine et les promesses écologiques du vent. Ou du greenwashing pour les multinationales. Bien réelle, la répression s’abat sur les classes populaires et les luttes. Violences policières, Zad détruite, squats menacés… Au Village de la Loire comme à Bure, sur la Zad de la Dune et à l’Amassada, les militant·es attendent du soutien sur le terrain et face à la justice. Dans les immeubles de New-York, Bologne et peut-être bientôt de Rennes ou Paris, les menaces d’expulsions locatives poussent à la solidarité. Se transformera-t-elle en mouvement politique ?
Entre appel à l’aide et désir de changement, des locataires retiennent leur loyer en redoutant la rue
Si la grève des loyers ne dépasse pas le seuil de l’invocation en France, le mouvement semble s’amplifier outre-Atlantique. Les actions sont répertoriées sur un planisphère accessible en ligne.
A l’échelle des Etats-Unis, les destructions d’emplois sont comparables par leur ampleur et leur vitesse foudroyante aux débuts de la grande dépression de 1929. Le taux de chômage a gagné plus de 11 points en deux mois pour atteindre 14,7 % en avril. Il pourrait encore doubler, selon certaines projections.
Dans l’impossibilité de payer leurs loyers, de nombreux foyers se retrouvent entre le marteau et l’enclume. Reste alors à transformer cette impasse individuelle en cause politique.
La création d’une simple discussion de groupe sur un logiciel de messagerie instantanée peut parfois déboucher sur une telle initiative. C’est l’histoire racontée par Emily Witt, qui s’est rendue à Brooklyn pour The New Yorker. « Fin mars, environ les deux tiers des locataires ont décidé de faire grève des loyers, un groupe qui comprenait ceux qui avaient perdu leur emploi et d’autres qui retenaient leur loyer par solidarité. »
Le 1er mai, ce sont 12.000 locataires représentant 100 immeubles new-yorkais qui ont refusé de payer leur loyer, selon l’organisation Housing justice for all. Une goutte d’eau par rapport aux 2,2 millions d’appartements dédiés à la location dans la capitale économique des Etats-Unis, mais un signe encourageant pour ses initiateur·ices.
Des draps blancs sur lesquels étaient peints des slogans revendicatifs sont apparus aux fenêtres et un groupe de manifestant·es s’est rendu devant la résidence du gouverneur. Iels réclament plus que le moratoire qui interdit toute expulsion jusqu’au 20 juin. Par exemple l’annulation des loyers et des prêts immobiliers. Cette dernière mesure est soutenue par la jeune figure de gauche au Congrès, Alexandria Ocasio-Cortez, qui se verrait bien à la tête d’un mouvement plus large contre la politique de l’administration Trump.
« Il y a un jardinier au chômage avec un diplôme en agriculture dans sa poche, un tatoueur, un éducateur précaire, il y a des travailleurs du secteur du divertissement, des musiciens et des enseignants, des experts en communication », détaille le quotidien communiste Il Manifesto, qui ajoute que l’immeuble est « peut-être l’initiative la plus visible au milieu d’une mer agitée d’initiatives en ligne ».
Droit au logement manifestera les 30 et 31 mai
En France, la trêve des expulsions locatives n’a certes plus d’hivernale que le nom, mais le répit semble de courte durée. Les associations s’attendent à une explosion des procédures sitôt passée l’échéance de juillet. Le délégué général de la Fédération des acteurs de la solidarité demande d’« étendre cette trêve sur toute l’année 2020, le temps de trouver des solutions stables aux sans-abri ».
Avant même le Coronavirus et son cortège de drames, la Fondation Abbé-Pierre estime que quatre millions de personnes étaient mal logées en France et plus de douze millions en situation de fragilité, dont 1,2 million de locataires en impayés.
L’association Droit au logement réitère sa demande de réquisition des trois millions de logements vacants. « Pour l’instant, le gouvernement ne nous répond pas. Silence radio, alors que nous avons sollicité des rendez-vous. Mais le ministre du Logement ne semble pas vouloir discuter avec le DAL. C’est la première fois, depuis 25 ans, que l’on ne rencontre pas un ministre », déplore son porte-parole Jean-Baptiste Eyraud cité par France Culture.
Comme à New York ou Bologne, le rapport de force semble inévitable. Le DAL annonce d’ailleurs un weekend de mobilisation les 30 et 31 mai. Des collectifs se sont créés à Marseille ainsi que dans le grand Ouest. Des guides et des foires aux questions apparaissent sur le web, notamment sur le site belge francophone Grevedesloyers.be, qui publie aussi une lettre type, des visuels et un annuaire d’associations. Sa caisse de grève en ligne affiche 5.730 € de dons, au douzième jour de collecte. Les petits ruisseaux font les grandes rivières.
Leur déconfinement économique ne sera jamais écologique
Lors de ce déconfinement, le vélo semble s’ériger en nouveau roi de la circulation. Contrairement aux transports en commun, la bicyclette facilite la distanciation physique. Du moins, quand cette option est possible pour se rendre à son travail, critère majeur dans une métropole comme Paris.
Les multinationales n’ont pas chômé pendant le confinement. Une partie d’entre elles a mis ses finances à contribution face à la crise sanitaire, ce qui est analysé par cet article du site Equal Times comme pouvant résulter soit d’une stratégie de communication pour garantir leur moralité, soit du reflet d’une idéologie libertarienne où elles refusent que seul l’État s’occupe de l’intérêt général. S’il ne s’agit pas des deux « en même temps ».
Quelles que soient les raisons des multinationales, cette sorte de responsabilité et d’indépendance affichée leur permet surtout de peser aujourd’hui dans les prises de décisions, en tant qu’acteurs pertinents et respectueux. Plus de chances de les écouter donc si elles nous disent de foncer vers la reprise économique, environnement au cœur ou non d’ailleurs. La deuxième loi de finances rectificative pour 2020 inclut un fond de 20 milliards d’euros pour les « entreprises stratégiques », dont plusieurs organisations avaient réclamé qu’il soit conditionné par des critères sociaux et environnementaux. Finalement, ce n’est pas le cas et c’est l’État, via son Haut conseil pour le climat – qui demandait des transformations structurelles pour une transition bas-carbone suite à la crise -, qui devra s’assurer que tout se passe bien.
En tout cas, reprendre et aller au boulot, c’est bien ce que ces grandes entreprises nous demandent. « Il faut travailler plus tout au long de la vie », nous assène Agnès Verdier-Molinié, parmi d’autres mesures pour sortir de la crise (la tribune est en accès payant, mais de toute façon on vous conseille plutôt d’aller lire cette critique de Acrimed, sur Agnès Verdier-Molinié et son think-thank l’Ifrap). L’Institut Montaigne, autre think-thank gravitant autour du Medef, vient de publier deux notes listant des pistes pour « Rebondir face au Covid-19 ». Elles concernent l’investissement et de nouveau le temps de travail. Sans surprise, elles appellent à l’allègement de la fiscalité des entreprises, l’assouplissement du droit du travail et incluent aussi une série de recommandations concernant les fonctionnaires (et pas pour leur bien).
Nouvelles récentes du Village de la Loire qui continue sa lutte contre la bétonisation
Sur une commune à l’Est d’Orléans, Mardié, le département souhaite construire un pont au-dessus de la Loire. Les opposant·es qualifient ce pont de grand projet inutile et imposé (GPII).
Ce pont, qui coûterait 100 millions d’euros, mais probablement plus d’après les opposant·es, est le point névralgique d’un projet de contournement routier d’Orléans en cours de construction. De nombreux autres projets économiques y sont adossés, notamment le développement de centres logistiques et l’exploitation de carrières.
Le conseil départemental du Loiret a longtemps nié ces dimensions du projet (pdf) préférant mettre en avant un meilleur confort de vie des habitant·es de Jargeau où la circulation sur un pont déjà existant est souvent embouteillée aux heures de pointe : autour de 8 h 30 le matin et 18 h le soir pour les trajets domicile-travail. Pourtant, les opposant·es remarquent que le projet de réouverture d’une ligne de train reliant Orléans à Châteauneuf-sur-Loire est ignorée par les pouvoirs publics alors qu’il permettrait de soulager le trafic sur le pont de manière plus écologique.
Depuis 25 ans, une association, Mardiéval, lutte contre ce pont via de nombreux recours juridiques (encore en cours). On lui doit l’installation d’une caméra, la Balbucam, depuis 2016, qui diffuse tout les jours en direct sur internet pour voir le nid des balbuzards pécheurs (si vous allez la voir, vous pourrez peut-être constater que les œufs ont éclos très récemment). Elle développe aussi des argumentaires disponibles sur internet.
En 2019, une nouvelle dynamique s’est lancée via l’installation temporaire du Village de la Loire. Il s’est ensuite pérennisé malgré de nombreux déboires, qui ont déjà provoqué deux déménagements. Le Wiki du Village de la Loire, très bien fait, répertorie de nombreuses ressources contre le pont et son monde dont des chansons, un fanzine et des visuels des deux événements de 2019 : le Village de la Loire du 11 au 18 août qui a accueilli un millier de personnes et la Buldo’fête les 31 août et 1er septembre.
Juste après ceux-ci, des travaux de déboisement pour faire des fouilles archéologiques ont été effectués entre les 11 et 13 septembre 2019, malgré une forte opposition sur le terrain. Face aux gendarmes anti-terroristes du PSIG-Sabre se trouvaient des opposant·es avec des « arm-locks » (tubes en PVC) pour s’enchaîner aux arbres et des équipes en haut de plateformes sur les arbres.
Depuis, l’opposition au projet se réorganise malgré des dissensions à la fois internes au collectif et avec la présidence de Mardiéval. Les plans pour le futur de la lutte sont nombreux avec entre autres la création d’un jardin forêt, technique mêlant permaculture et agroforesterie, comme au Jardin d’émerveille via une nouvelle association. Sur place, les opposant·es sont ouvert·es à toute nouvelle énergie souhaitant les rejoindre pour aider à l’organisation d’événements cet été ou même rester sur place pour continuer la lutte. Il s’agira notamment de préparer la venue de l’Alter-Tour les 9 et 10 août 2020 et une semaine de formation en construction de yourtes et de maisons figues sera peut-être organisée. Alors n’hésitez pas à leur rendre visite en prévenant à l’avance par mail ou à vous abonner à leur lettre d’information pour être tenu·es au courant !
Répression des luttes à Bure, à l’Amassada et sur la Zad de la Dune
Peine avant l’heure, objets d’une traque d’État, laboratoire de la répression, épée de Damoclès en permanence sur leur tête, les mots choisis par les militant·es de Bure pour décrire la répression qu’iels subissent sont forts. Pourtant, ils semblent justifiés au regard de l’ampleur de ce qu’iels subissent : écoutes téléphoniques massives, interdiction de se contacter entre proches, lutte permanente contre l’intériorisation des contraintes du contrôle judiciaire tout en se méfiant de tout pour ne pas finir en prison comme un de leurs camarades a pu l’expérimenter pendant quatre mois à partir du 19 juillet 2019.
Une tribune récente de militant·es de Bure, « Pour que cesse le confinement de nos luttes et de nos amitiés », essaie de donner du sens à ce que signifie pour une personne d’être interdite de contacter ses proches, obligée de prévoir l’ensemble de ses déplacements pour éviter de se croiser, etc. Ce mardi 19 mai, trois militant·es de Bure interdit·es de rentrer en contact entre elleux ont participé à une discussion en direct sur Facebook, un geste symbolique fort qui, on l’espère, n’aura pas de répercussions judiciaires.
La doctrine d’Etat qui consiste à ne pas laisser de nouvelles Zad s’installer durablement annoncée par Edouard Philippe en 2018 se confirme. On se souvient de l’expulsion du bois Lejuc à Bure, en février 2018, puis de la destruction d’une partie de la Zad de Notre-Dame-des-Landes"Zone d'aménagement différé" pour les pouvoirs publics et "Zone à défendre" pour les anti-aéroports de Notre-Dame-des-Landes. Ses occupants se font appeler les zadistes. en avril de la même année. Plus récemment, l’Amassada a été expulsée le 8 octobre 2019 et la Zad de la Dune le 8 avril 2020 pendant le confinement. Que faire quand la répression s’abat sur les militant·es et nous enlève nos lieux d’organisation et de lutte ?
En attendant de trouver des réponses à cette question complexe, n’oublions pas de soutenir les militant·es qui subissent la répression judiciaire. Voici une liste loin d’être exhaustive :
L’Amassada appelle à soutiens pour un procès le 10 juin à Rodez suite à des interpellations lors d’une manifestation de réoccupation.
L’article met en évidence des points communs entre ces douze événements : « pas de preuve, pas de témoins, pas d’enquête journalistique ». Pour une de ces morts, celle de Romain le 1er mai, le collectif Désarmons-les a réalisé un travail de remise en contexte, montrant les différentes zones d’ombre du côté de la police, mais aussi celles laissées ou favorisées par le traitement médiatique.
Plusieurs documents produits récemment, portant sur la période du confinement ou non, peuvent nous permettre d’appréhender plus largement la situation (et on ne prétend pas être exaustif·ve ici, on vous signale ce qu’on a apprécié).
Le film À nos corps défendants, qui propose une vision de la domination de l’État et des violences qu’il inflige dans les quartiers populaires, est disponible sur une plateforme bien connue (et le site internet du film propose aussi une filmographie sur le sujet).
Egalement filmé dans les quartiers populaires, Covid 18 : dans le nord de Paris sous confinement est un témoignage du quotidien, celui du 18e arrondissement, qui montre bien à quel point les logiques de contrôle social ont été exacerbées pendant cette période.
On pourra consulter aussi, dans une perspective internationale, le site Mitard du confinement qui répertorie les informations concernant les lieux d’enfermement durant les deux mois précédant le 11 mai. Il cherche à « rendre compte de ce que fait la gestion de l’État à ceux qui sont ou se retrouvent le plus à sa merci ».
Kawasaki, ques a quo ?
Un peu partout en Europe, des enfants auraient développé à la suite de l’infection au Covid-19 une atteinte proche de la maladie de Kawasaki. Cent quarante-quatre cas auraient été recensés en France, dont un mortel chez un garçon de neuf ans à Marseille.
La maladie de Kawasaki est une vascularite, c’est-à-dire une attaque des vaisseaux sanguins par les cellules du système immunitaire. Les vaisseaux sanguins étant présents dans tout l’organisme, les vascularites donnent des symptômes assez variés, qui peuvent toucher divers organes. La maladie de Kawasaki est ainsi caractérisée par une conjonctivite, une modification caractéristique de la langue poétiquement décrite comme une « langue framboisée », une forte fièvre et, surtout, dans les cas graves, une atteinte cardiaque. La maladie peut en effet causer une inflammation du muscle cardiaque, la « myocardite », et surtout des anévrismes des coronaires, c’est-à-dire des dilatations des artères qui approvisionnent le muscle cardiaque en sang.
Au niveau de ces dilatations, les artères sont plus fragiles et peuvent se rompre comme un tuyau d’arrosage dont on aurait limé la paroi. Le traitement de la maladie consiste à stopper l’action du système immunitaire qui s’est emballé ; l’évolution est en général favorable.
On ne sait pas exactement à quoi est due la maladie de Kawasaki ; néanmoins on suppose qu’il s’agit de la rencontre entre un enfant génétiquement « prédisposé » et une source d’inflammation (en général, une infection virale banale, comme les enfants en ont souvent à cet âge) qui va entraîner l’emballement du système immunitaire.
Pourquoi les pédiatres suspectent-ils que les nouveaux cas de maladies de Kawasaki soient liés au Covid ? Parce qu’elle ne ressemble pas à la maladie de Kawasaki « classique ». Les enfants atteints actuellement ont entre cinq et 20 ans, alors que la maladie de Kawasaki frappe habituellement entre six mois et cinq ans. Par ailleurs, le Kawasaki est assez rare en Europe (contrairement à l’Asie), il est donc inhabituel d’avoir autant de cas en si peu de temps.
Enfin, d’après des publications chinoises mais aussi des retours du terrain que nous avons, des cas de myocardite ont été constatés chez de jeunes adultes testés positifs au Covid-19. Si cette affection peut occasionner des douleurs thoraciques et une fatigue de plusieurs semaines, elle guérit habituellement sans séquelle.
Pas de panique néanmoins : 144 cas, dont un seul mortel, cela reste peu pour une maladie qui a autant diffusé dans la population en si peu de temps. À titre de comparaison, 20.000 enfants naissent chaque année avec une malformation cardiaque en France. Comme le souligne la Société française de pédiatrie, le risque de développer une forme grave reste faible chez l’enfant et il faut réfléchir aux implications d’un confinement sur leur développement psycho-affectif. D’un autre point de vue, nous ne savons pas vraiment à quel point les enfants peuvent transmettre la maladie, et donc si leur retour en classe peut mettre en danger leur entourage familial…
Avec le déconfinement, certain·es membres de la Gazette vont sortir plus souvent sur le terrain pour lutter, gagner leur croûte ou voir leurs proches. Nous aurons donc moins de temps pour nous renseigner et pour écrire. Nous avons donc décidé de ralentir le rythme de la publication, mais rassurez-vous : il y aura bien une Gazette des confiné·es #15 !
Nous avons profité de ce moment particulier pour tirer un bilan collectif de notre expérience d’écriture de ces quatorze numéros, à mi-chemin entre la revue de presse et la chronique du confinement. Nous vous partageons quelques réflexions que nous nous sommes faites.
Nous nous connaissions avant de commencer la Gazette, à des degrés divers, et cette réflexion et écriture collective a renforcé ces liens, de même qu’elle a en créés dans notre décision de faire collectif.
L’espace de discussion créé par la Gazette a été réconfortant pendant cette période (nous étions toustes confiné·es à distance les un·es des autres) et nous a permis des réflexions communes, partant de l’écriture de la Gazette et au-delà.
Écrire sur l’actualité permet de désamorcer le côté anxiogène de celle-ci et de gagner en sérénité.
Nous avons appris de nombreuses choses sur le « travail journalistique » : recherche d’illustrations, d’informations et de sources.
Nous avons gagné en confiance sur notre capacité à produire des textes et à les diffuser, en particulier sur le réseau Mutu.
Nous avons réalisé un travail de structuration pour faire la Gazette (organisation de l’écriture, de la relecture, etc) et c’est donc bien plus qu’un assemblage de brèves : c’est un apport dans une logique d’autonomisation, individuelle et collective.
Nous sommes plutôt content·es de nos quatorze Gazettes et nous espérons qu’elles vous ont plu à vous, nos lecteur·ices.
Ce succès médiatique de la théorie de l’effondrement ne date pas d’hier comme le rappelle cet article du Monde diplomatique, signé par Jean-Baptiste Malet l’an dernier. Greta Thunberg est l’une des ambassadrices.
Qu’est-ce qu’exactement la théorie de l’effondrement ou la collapsologie ?
En effet, la théorie de l’effondrement est loin de faire l’unanimité au sein de la gauche radicale. Ainsi Comment tout peut s’effondrer avait été critiqué pour son invitation au fatalisme, à la passivité et son apolitisme. Il n’y aurait pas de coupable de l’effondrement et tout le monde serait logé à la même enseigne. De plus, il est reproché à cette théorie de naturaliser les rapports sociaux de pouvoir, comme l’explique Elisabeth Lagass dans un article de la revue critique communiste Contretemps.
« Derrière cette idée de l’effondrement de la société réside une vision du monde qui met en avant le système plutôt que les acteur.rices et les rapports sociaux de pouvoirs. […] Pour prouver cet effondrement, les collapsologues s’en réfèrent généralement à des données quantitatives, issues des sciences naturelles. Ce faisant, ils effectuent un glissement entre les sciences naturelles et les sciences sociales, en étudiant la société comme un « écosystème », et en déduisant de données « physiques », un effondrement social. »
Mais depuis, les collapsologues ont légèrement modifié leurs discours, notamment dans le livre Une autre fin du monde est possible (Pablo Servigne (encore lui), Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle), suite de Comment tout peut s’effondrer. Ils intègrent des dimensions de luttes, l’importance du capitalisme dans la destruction des écosystèmes et la nécessité de projets alternatifs. Cependant, Daniel Tanuro explique dans un article de Contretemps en quoi cet ouvrage ne va pas assez loin et reste confus. La lutte anticapitaliste et écologiste serait uniquement invoquée et sa réalisation concrète ne serait pas assez approfondie. D’autre part, les collapsologues utiliseraient des théories réactionnaires comme celles de Carl Gustav Jung.
Un article du média belge L’Entonnoir se penche sur la volonté hégémonique du discours de l’effondrement. En voulant mettre toutes les dimensions de l’effondrement dans un unique melting pot théorique, les collapsologues ne pensent que de manière systémique et négligent les histoires locales qui nourrissent les luttes et leur permettent de tenir dans la durée.
On peut légitimement se demander si l’approche collapsologue répond aux critères de scientificité de Karl Popper quand l’on constate que tout nouveau fait pouvant invalider la théorie de l’effondrement peut juste être ajouté à l’ensemble théorique de la collapsologie ce qui la rend ainsi non réfutable. À vouloir intégrer absolument toutes les connaissances dans un unique discours, on se prend les pieds dans le tapis et on ne se rend pas compte de ses propres erreurs et errements.
Sauf que l’équipe de surveillance de l’étude a démissionné massivement depuis pour dénoncer une communication hasardeuse de résultats entachés de malhonnêteté intellectuelle. Les critères d’évaluation ont en effet été modifiés en cours de route – sans doute parce que les premiers critères choisis ne permettaient pas de trouver une différence entre le traitement et le placebo.
Les données en question ne sont par ailleurs toujours pas publiées et on ne sait pas précisément quels sont les nouveaux critères retenus, ce qui jette un peu plus le doute sur cette nouvelle molécule miracle – qui contrairement à la chloroquine n’est heureusement pas accessible directement dans toutes les pharmacies, ce qui évitera des empoisonnements.
Cela nous servira de leçon : nous aurions dû garder plus de distance critique vis-à-vis d’une information qui ne se trouvait pas encore dans la presse scientifique, et qui s’est avérée n’être qu’une vaine marque d’autosatisfaction du directeur de l’AP-HP. Par ailleurs, dans l’article que nous citions, publié sur le site du Vidal, pourtant supposément sérieux puisqu’il constitue la référence en matière de médicaments en France, il était fait mention d’une étude chinoise qui non seulement n’avait pas de groupe témoin pour comparer les effets du traitement par rapport au placebo (comme les études du professeur Raoult), mais en plus s’extasiait de la disparition de la fièvre des patient·es traité·es.
Il s’agit en fait d’un effet direct bien connu des anti-IL6, comme du paracétamol, et donc pas du tout d’un signe de régression de la maladie ! La fièvre est un des systèmes de protection de l’organisme, qui peut s’emballer, mais la baisse de la température ne signifie pas que les phénomènes inflammatoires disparaissent… D’ailleurs on peut aussi développer une hypothermie dans une infection sévère.
Il a été proposé de traiter les malades du Covid-19 par des immunosuppresseurs (molécules qui atténuent plus ou moins fortement la réponse immunitaire) comme le tocilizumab car il semblerait que dans certains cas, le Covid-19 entraîne un emballement de la réponse immunitaire, comme dans les formes graves d’hépatite A, par exemple. Cet emballement serait responsable de la destruction pulmonaire par de la fibrose.
Dans d’autres maladies où un sur-emballement du système immunitaire aggrave le pronostic, (par exemple la méningite bactérienne), un immunosuppresseur est ajouté aux antibiotiques qui vont tuer la bactérie. À noter cependant que contrairement aux bactéries, on n’a actuellement pas de traitement qui vienne directement tuer le Coronavirus à la place du système immunitaire qu’on réduit au silence…
Mais admettons que les immunosuppresseurs soient la bonne solution : pourquoi avoir choisi une de ces nouvelles molécules « high-tech », dont le prix journalier est de presque 30 euros et non pas un corticoïde comme la dexaméthasone (environ un euro par comprimé), qui est utilisée dans la méningite ?
Si la recherche médicale concentre beaucoup d’espoirs, souvenons-nous qu’elle n’est exempte ni des jeux d’ego et de la course à la publimétrie qui minent le monde scientifique, ni de conflits d’intérêts avec le privé.