Depuis le 24 avril, L’écume des jours est enfin sur grand écran. Dans cette adaptation du chef-d’œuvre de Boris Vian, l’imaginatif Michel Gondry peine à toucher le spectateur, faute à la trop grande présence d’effets visuels dont il est friand, frôlant l’abus.
Lecture obligatoire lors des études pour certains, découverte sur le tard pour d’autres, il est certain que L’écume des jours, œuvre la plus connue de Boris Vian, est la voie royale pour plonger dans l’univers bien particulier de l’auteur.
Cette bulle de poésie courant sur 68 chapitres, Michel Gondry n’y est pas resté insensible. Le réalisateur évoque même avoir eu un déclic lors de sa première lecture et en être ressorti avec une imagination et une créativité renforcée. Si tout ça a pu l’aider à concevoir l’inclassable et sublime Eternal Sunshine of the Spotless Mind, je n’ai qu’une chose à dire : ” Merci Boris ! “.
La trame de l’histoire est fort simple et Boris Vian, avec un sens du résumé exemplaire, la décrivait comme ceci : “Colin aime Chloé, Chloé tombe malade, elle meurt. Colin ne pourra pas vivre longtemps.“
L’intrigue du roman se situe dans un univers réaliste, mais parsemé de touches fantastiques. Ici, les nénuphars sont des maladies, les murs rétrécissent quand la fin est proche et les expressions de la langue française comme “prendre dix ans en une semaine” sont plus vraies que nature. Un défi visuel et sonore qui n’a pas freiné l’imaginatif Gondry.
Trop de génie, tue le génie
L’écume des jours est donc une grande histoire d’amour débordante de jazz, de tendresse et de démesure. Mais malheureusement, la démesure, le réalisateur en abuse pendant une heure et demie. La cascade d’inventions, la myriade de trucages et le puits de créativité sans fond finissent par nous donner une sérieuse indigestion visuelle.
Pourtant pris une à une, ces techniques “gondryennes” frôlent le génie dans certaines scènes.
Le “pianocktail”, cet instrument farfelu que tout bon amateur de boissons rêverait d’avoir, n’aurait pu être mieux transposé à l’écran. De même pour les mets que dégustent Colin et ses amis, ils sont tous réalisés en matériaux textiles, confectionnés par la brillante Bénédicte Charpiat. Et que dire de ce Duke Ellington à la trompette lors des premières minutes du film ou de ces prototypes de véhicules créés par Peugeot tout spécialement pour le film?
Ce trop plein de bonheurs visuels éphémères débouche sur une absence cruelle d’émotions, elles y sont étouffées. De même pour le jeu des acteurs. Romain Duris (Colin), Audrey Tautou (Chloé), Omar Sy (Nicolas), Gad Elmaleh (Chick), les acteurs les plus bankables du moment nous ont habitué à mieux. Au final, le spectateur risque de n’éprouver que très peu d’intérêt pour les personnages.
“Ce qui m’intéresse ce n’est pas le bonheur des hommes, c’est le bonheur de chacun“, évoque Colin dans ces deux œuvres. Alors Michel, si tu me permets, je quitte la salle obscure pour revenir au bon vieux livre papier, c’est mon bonheur à moi. Sans rancune.
L’écume des jours, Michel Gondry, avec Romain Duris, Audrey Tautou, Omar Sy, Gad Elmaleh, Charlotte Le Bon, Aïssa Maïga. Distribution StudioCanal. En salles depuis le 24 avril.
2 réponses sur « L’écume des jours reste dans le vague »
Je pensais que L’Ecume des jours serait un des succès de l’année au cinéma. Mais le film n’a pas dépassé 400.000 entrées en une semaine quand Iron Man 3 faisait 2 millions. C’est un gros gadin.
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