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« Si ça vous a plu, revenez moustachus ! »

Live report – Le festival du Bout du Monde s’est tenu à guichets fermés, du 1er au 3 août, sur la presqu’ile de Crozon dans le Finistère. La recette du succès ? Une jauge calée à 20.000 festivaliers par jour, une ambiance familiale et des groupes mythiques parmi lesquels The Wailers, America et Morcheeba.

Le Bout du Monde c’est aussi des habitués comme Maxime le Forestier, Ibrahim Maalouf, Keziah Jones ou Bernard Lavilliers, rejoints par un régional de l’étape pourtant bizut nommé Miossec.

Enfin, ce qui rend le « boudu » si populaire, ce sont les coups de cœurs internationaux des programmateurs, comme l’Acadienne Lisa Leblanc, le Franco-Malien Electro Bamako, ou encore le Péruvien Dengue Dengue Dengue.

Jour 1 – Vendredi 1er août

C’est dans les bouchons que commence mon périple. Je pars de Brest vers 15 h et je me retrouve coincé sur la seule route qui mène au festival. Je comprends dès lors que je vais littéralement au « bout du monde ». J’arrive au niveau des parkings deux heures plus tard. Par chance, je trouve une place juste à côté du camping où je vais dormir pendant trois nuits. Je prends ma tente et mes sacs. Je dépose mes affaires sur le camp et vais cherche mon bracelet de festivalier.

Je retrouve une dizaine d’amis au camping 3, reste faire connaissance avec mes voisins de tente. Je discute avec beaucoup de monde, et je ne vois vraiment pas le temps passer : il est déjà presque 23 h et je n’ai toujours pas vu un seul concert…

Je me dirige donc vers la grande scène pour voir Keziah Jones, d’assez loin. Je ne connais pas énormément son répertoire, mais je sais sa réputation de bête de scène. Et bien je suis assez déçu. Certes, je suis loin, mais je trouve que le concert manque d’envolée. Un avis partagé autour de moi.

Une part de tartiflette à 6 € plus tard et on reprend des forces pour voir The Wailers.

Festival du Bout du Monde 2014 The Wailers - C Nicolas Le Gruiec - La Déviation

Il a commencé à pleuvoir vraiment beaucoup. C’est donc sous un poncho Vieilles Charrues complètement déchiré que je commence ce concert. Je suis loin d’être un grand fan de reggae et je ne pensais donc pas rester longtemps.

Malgré l’averse, les festivaliers restent devant la scène pour voir « le groupe de Bob Marley ». The Wailers, et Koolant, le chanteur, entame les morceaux mythiques de Bob Marley. Is This Love, Redemption Song, No Woman No Cry… Tout le monde chante en cœur. Et si l’on ferme les yeux quelques minutes, on se croirait presque à un concert de Bob Marley, tant la voix du chanteur des Wailers lui ressemble.

Je me rends compte au fur et à mesure que je connais une bonne moitié des chansons. Le concert se termine, le public est ravi, et la pluie cesse peu après la fin.

Un peu déçu d’avoir loupé les Jolly Boys et Bernard Lavilliers, je retourne au camping.

Jour 2 – Samedi 2 août

Le jour se lève sur la prairie de Landaoudec, le camping commence à reprendre vie. On entend au loin un bagad jouer, façon de rappeler qu’ici, la musique ne s’arrête pas. Comme chaque festival qui se respecte, les toilettes sèches sont prises d’assaut. Elles restent néanmoins très propres.

De nouveau, on s’attarde beaucoup trop longtemps au camping, avant de se déplacer vers le chapiteau, pour le premier concert de Winston McAnuff & Fixi. Le duo, basé sur un chanteur jamaïcain et l’accordéoniste du groupe Java fonctionne vraiment bien. La voix de Winston McAnuff étonne mes amis, qui ne le connaissaient pas.

À la fin du concert, on se dirige vers le bar, lui aussi sous un chapiteau, pour nous désaltérer avec une bière bio. On y croise une fanfare, qui se balade de bars en bars. Bénévoles et festivaliers semblent heureux, et l’attente est assez courte.

On rencontre d’autres festivaliers, âgés d’une quarantaine d’années, qui sont venus de Belgique pour le festival. Ils étaient quelques semaines plus tôt au TWClassic, qui accueillait entre autres les Rolling Stones, Simple Minds et Triggerfinger. Le temps passant, on loupe la totalité du concert de Miossec. Tant pis, on commande des fajitas pour poursuivre la discussion avec nos nouveaux amis belges.

Festival du Bout du Monde 2014 public noir et blanc - C Nicolas Le Gruiec - La Déviation

On ne reste pas manger très longtemps, puisque le concert d’Ibrahim Maalouf commence bientôt. Le trompettiste libanais, récompensé en février par une Victoire de la Musique, et sacré Artiste de l’Année au Victoires du Jazz, rencontre un beau succès.

C’est le deuxième concert d’Ibrahim Maalouf auquel j’assiste. Quelques amis, pas forcément friands de jazz, m’avaient signalé que c’était « sympa mais sans plus ». Et bien on a tous pris une grosse claque. Les 45 minutes de concert sont passées à une vitesse folle.

Le morceau True Sorry fait l’unanimité dans le public, et Ibrahim Maalouf finit son concert en invitant un quintet de sonneurs bretons (dont le maître sonneur Yannick Martin à la bombarde) pour une improvisation qui clôture le meilleur concert que j’ai pu voir sous le chapiteau.

Festival du Bout du Monde 2014 Morsheeba - C Nicolas Le Gruiec - La Déviation

Après ce concert grandiose, nous retrouvons la grande scène, pour aller écouter le groupe de trip-hop Morcheeba.

J’aime beaucoup Skye Edwards, la chanteuse, qui a une voix vraiment exceptionnelle, mais comme le public autour de moi, je n’accroche pas. Je ne sais vraiment pas ce qui a cloché. La setlist ? L’heure à laquelle le groupe était programmé ? Le style de musique pas adapté à l’ambiance du Bout du Monde ? J’ai eu l’impression que c’était un peu un mou. Deux de mes amis, qui aiment Morcheeba, ont néanmoins apprécié le concert.

Je retourne alors écouter Winston McAnuff de loin, pour son deuxième passage (sur les petites scènes, les groupes jouent deux fois 45 minutes, NDLR). Il se fait tard, et la fatigue commence à se faire sentir. Je loupe alors Dengue Dengue Dengue, afin de me reposer pour la dernière journée.

Jour 3 – Dimanche 3 août

Ce dernier jour de festival commence baigné par le soleil. Et aujourd’hui, pas question de rester trainer au camping. Je suis sur le site dès 15 h 30 pour aller voir la belle Agnès Obel.

Festival du Bout du Monde 2014 Agnès Obell - C Nicolas Le Gruiec - La Déviation

Elle arrive sur scène dix minutes plus tard, avec ses deux musiciennes, sous les applaudissements du public. « It feels so good to be at the end of the world… », lance-t-elle, avant d’entamer son premier morceau, Fivefold.

J’aime énormément ses albums, et le concert est très propre, un peu trop peut-être… Je savais que j’allais assister à un moment plutôt tranquille. Peut-être aurait-il fallu la programmer sous le chapiteau, et pas sur la grande scène ?

C’était toutefois un beau concert. Agnès Obel maitrise sa voix et son piano à merveille, et les deux musiciennes mettent vraiment en valeur tout son talent.

On reste sur le site, et on écoute au loin Maxime Le Forestier, qui passe sur la grande scène, sans vraiment y accorder d’importance. On entendra au loin San Francisco, ou encore Né Quelque Part.

Direction Les Ambassadeurs. Groupe malien mythique des années 1970, la formation se produit aujourd’hui avec entre autres Amadou Bagayoko, du groupe Amadou & Mariam.

On reste écouter leur concert en entier. Ils sont une dizaine sur scène. On se retrouve aux côtés d’une quinzaine de personnes qui s’essayent à une battle de danse. Malgré les problèmes techniques d’un des guitaristes pendant plusieurs chansons, on apprécie énormément.

Il est presque 21 h. En retournant vers le camping je m’arrête devant Natalia Doco sur la petite scène Kermarrec. Sa musique folk et joyeuse, accompagnée par sa douce voix et d’une belle énergie a l’air de plaire sacrément au public.

Je ne reste écouter que deux chansons, car je veux absolument assister au concert d’America.

Festival du Bout du Monde 2014 America - C Nicolas Le Gruiec - La Déviation

Je ne connaissais pas vraiment America avant le festival, mis à part quelques-uns de leurs tubes, mais mon père avait adoré leur concert au festival Elixir, il y a déjà 33 ans. Et oui, le groupe commence à se faire vieux !

Pourtant, dès le premier morceau, on se rend compte que les deux chanteurs ont encore énormément d’énergie, et des voix intactes. « La grande classe », comme j’ai pu l’entendre dans le public. Les chanteurs changent d’instrument presque entre chaque chanson.

On a même le droit à leur reprise de California Dreamin’ qui fait danser toute la prairie. Gerry Beckley et Dewey Bunnell terminent leur concert par un rappel sur A Horse With No Name, leur plus grand tube, repris en chœur par tout le public. C’est mon concert préféré du week-end.

Il est déjà 23 h, l’heure d’une bonne crêpe, assis dans la prairie. On loupe le concert de Naâman, mais on se prépare pour celui de Deluxe.

Festival du Bout du Monde 2014 Deluxe - C Nicolas Le Gruiec - La Déviation

Pour la clôture du festival, les programmateurs ont eu la bonne idée de programmer les Aixois de Deluxe. Je commençais à piquer du nez, mais les moustachus ont décidé de nous achever. Il n’a suffi que d’une trentaine de secondes pour qu’ils nous transportent dans leur univers complètement déjanté.

De l’énergie à gogo, un set bien ficelé, c’est le groupe idéal pour conclure ! Mention spéciale à la robe de la chanteuse, en forme de moustache.

Le concert se termine peu avant 3 heures du matin. « Si ça vous a plu, revenez moustachu ! » conclut le groupe.

Je quitte alors le site, retourne au camping, replie ma tente dans le noir, me dirige vers le parking, et rentre chez moi.

Je regrette seulement d’avoir manqué certaines prestations, notamment le vendredi, et je me promets de revenir trois jours l’année prochaine.

Je comprends maintenant pourquoi le festival du Bout du Monde se joue depuis plusieurs années à guichet fermés.

Photos de Nicolas Le Gruiec (Flickr)

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Musiques transatlantiques

De même que Stromae nous rappelle que la chanson francophone n’est pas l’apanage des Français, La Déviation vous propose un tout petit tour d’horizon des artistes québécois qui valent le détour.

Si j’ai pu profiter du Festival d’été de Québec au mois de juillet, c’est parce que j’ai la chance d’habiter dans cette belle ville. Difficile donc de commenter l’actualité politique, musicale ou radiophonique française en étant si loin. Alors j’ai eu envie de vous parler des artistes de la relève francophone québécoise, ceux qui ont du succès ici, et dont les chansons mériteraient définitivement de traverser l’Atlantique.

Parce que non, il n’y a pas que les Cowboys Fringants, Cœur de Pirate, Céline ou Garou au Québec. Une flopée d’artistes talentueux se taillent peu à peu leur place.

Leur playlist se trouve en fin d’article.

Marie-Pierre Arthur

Marie-Pierre Arthur - Crédits Marianne Larochelle - La Déviation
Vous avez peut-être entendu parler de Marie-Pierre Arthur, avec sa chanson Si tu savais, extraite de l’album “Aux alentours”. L’ex-choriste, devenue interprète à part entière, s’est même faufilée dans la programmation des Vieilles Charrues l’été dernier.

Lisa Leblanc

Lisa Leblanc - Crédits Lisa Leblanc - La Déviation

Petite exception dans cette sélection québécoise, Lisa Leblanc, native de la province voisine du Nouveau-Brunswick, a elle aussi vu son premier album sortir en France. Vous ne la connaissez pas ? Mais si, sa vie “c’est d’la marde” comme le dit la chanson éponyme. Une belle voix rauque, un accent acadien à couper au couteau, et des mots anglais à la pelle.

Si vous ne comprenez pas tout, c’est normal. Sa recette folk et authentique et ses déboires sentimentaux ont charmé le public québécois en 2012, ce qui lui a valu de remporter le Félix de la révélation de l’année au gala de l’Adisq, l’équivalent des Victoires de la musique.

Louis-Jean Cormier

Louis-Jean Cormier - Crédits Richmond Lam - La Déviation
Côté hommes, Louis-Jean Cormier. Il fait partie d’un groupe nommé Karkwa depuis 15 ans, mais s’est accordé une pause en solo. Grand bien lui en a pris. Louis-Jean a réalisé l’album acclamé de Lisa Leblanc et en a profité pour réaliser un premier disque perso, qui a lui-même remporté six trophées au dernier gala de l’Adisq. On appelle ça le talent.

Découvrez dans ma playlist Tout le monde en même temp, tiré de l’album “Le treizième étage”.

 Les sœurs Boulay

Les Sœurs Boulay - Crédits Les Soeurs Boulay - La Déviation
Les sœurs Boulay ont été les gagnantes des Francouvertes 2012. Stéphanie et Mélanie : deux voix, une guitare. C’est tout, et c’est particulièrement efficace. La blonde, la brune et le talent. Il n’y a rien à jeter dans leur album “Le poids des confettis”. J’ai choisi de mettre dans ma playlist Des shooters de fort sur ton bras. En québécois le fort signifie l’alcool fort, comme la vodka, le gin.

Comme j’aime beaucoup je recommande aussi Mappemonde ou Par le chignon du cou. Si vous suivez la logique, elles ont aussi été récompensées par deux Félix. En France on a pu les entendre au Printemps de Bourges cette année.

 Alex Nevsky

Alex Nevsky - Crédits Alex Nevsky - La Déviation

Un autre jeune homme s’illustre depuis la fin de l’été, Alex Nevsky. Un mélange de beaux mots et d’émotions colorées.

Sa chanson On leur a fait croire, issue de son second album “Himalaya mon amour”, est un vrai ver d’oreille (comprendre un refrain entêtant). Vous risquez de fredonner son ‘papapapa’ pendant un moment.

Ingrid St-Pierre

Ingrid Saint-Pierre - Crédits Ingrid Saint-Pierre - La Déviation

Ingrid St-Pierre. Sous ses airs de petite chose fragile, la demoiselle cache une grande maîtrise dans ses compositions et une jolie plume. Elle était présente à l’affiche du Festival d’été de Québec cette année.

Avec “L’escapade”, la blonde platine en est déjà à son deuxième album, dont La planque à libellules est extraite. Pour ceux qui trouveraient ça un peu lent, ça décolle à 2’45 !

 Karim Ouellet

Karim Ouellet - Crédits Karim Ouellet - La Déviation

Un dernier représentant de la gent masculine, Karim Ouellet. Je voulais le présenter parce que j’aime beaucoup sa chanson L’Amour, mais j’ai par la suite été un peu déçue, notamment par son passage au Festival d’été. Son album « FOX », inégal, vaut tout de même l’écoute.

Il est passé par Rennes pendant les Trans et a récemment fait la première partie de -M- à Bercy, ce qui devrait aider à le faire percer.

Je vous ai présenté mes chouchous, mais il y en aura d’autres la prochaine fois. Si vous êtes Parisien, peut-être aurez vous la chance de voir ces chanteurs dans des petites salles, si vous êtes en province, priez pour que les maisons de disque fassent plus de promo aux artistes de la francophonie.

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