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La Fête du Bruit fait du reuz

Live report – Plus que l’annulation de dernière minute des Babyshambles, c’est la piètre qualité d’accueil des festivaliers par Régie Scène qui marque d’une pierre noire cette sixième édition de la Fête du Bruit. Elle contraste avec la qualité des concerts.

En cinq ans, la Fête du Bruit peut déjà se vanter d’avoir accueilli Placebo, Stromae, Pete Doherty en solo, Snoop Dogg, Moby, Miles Kane, De La Soul, Shaka Ponk ou encore The Bloody Beetroots. Même les fans de David Guetta on pu l’applaudir en 2012 ! Tout ça en plein centre-ville de Landerneau, non loin de Brest.

Cette année, la société Régie Scène et la ville de Landerneau recevaient le samedi 9 août -M-, The Pogues, 2 Many DJ’s, Tiken Jah Fakoly, New Model Army et Siam. Les Babyshambles, programmés ce même jour, ont dû annuler leur venue la veille, officiellement pour raison de santé. C’est Giedré qui a remplacé le groupe de Pete Doherty, au pied levé.

C’est le lendemain de cette volte-face que je suis arrivé sur le festival.

Au programme : The Red Goes Black, Cats On Trees, The Strypes, Chinese Man, The Hives, Woodkid, et Paul Kalkbrenner. Autant vous dire que l’affiche est alléchante.

Le public de la Fête du Bruit pendant The Strypes

Le concert « sympa »

J’arrive sur le site pendant le concert de Cats On Trees. Le duo, qu’on entend en boucle sur toutes les radios depuis environ six mois, a donné un concert plutôt correct. Ils ne sont que deux sur scène, ce qui n’offre pas de grandes possibilités : la chanteuse est au piano, et le batteur l’accompagne.

C’est sympa, mais ça ne me fait ni chaud ni froid. Le public gardera quand-même en tête leur belle reprise de Mad World de Tears For Fears, et le batteur qui fait tomber une de ses percussions en pleine chanson, sous les rires de Nina, la chanteuse.

Cats On Trees Fête du Bruit 2014 - La Déviation

La révélation

J’avais découvert The Strypes en septembre dernier, lors de l’émission Album de la Semaine, sur Canal+. Sans être un grand fan du groupe, j’avais hâte de voir ce que ces petits prodiges irlandais pouvaient faire sur scène. Ils ont entre 16 et 18 ans, et font déjà des concerts un peu partout dans le monde.

Le groupe arrive à 18 h 15 et met le public dans sa poche en quelques morceaux seulement. On oublie l’âge des membres du groupe, tellement ils semblent matures. Je me demande même s’ils n’ont pas déjà pris un peu la grosse tête, mais qu’importe. Je me laisse aller sur les riffs de guitare et les magnifiques solos d’harmonica, qui sonnent à merveille.

The Strypes - 1

Le concert se termine à 19 h 25, et je me dis que ce groupe là ira vraiment loin. Je les imagine déjà aux Vieilles Charrues devant 50.000 personnes, sur la scène Glenmor (la plus grande scène du festival), avant leurs 25 ans.

Un groupe à suivre, ou à découvrir de toute urgence si vous ne les connaissez pas encore !

The Strypes - Fête du Bruit 2014 - La Déviation

La déception

Je ne connaissais pas tout le répertoire de Chinese Man : seulement I’ve Got That Tune et Get Up. Je m’attendais vraiment à être surpris par le groupe avec des morceaux de ce style.

J’apprécie les deux ou trois premiers morceaux, mais je décroche ensuite. Le concert se transforme en un style mi-rap mi-reggae qui me déçoit énormément. Moi qui pensais avoir la même bonne surprise qu’avec Deluxe au festival du Bout du Monde (lire par ailleurs). Deluxe faisant partie du label Chinese Man Records.

Je pars de la foule pour aller m’acheter une barquette de frites. Je me rapproche de la scène pendant les cinq dernières minutes de leur concert, qu’ils finissent en slam dans le public. C’était la dernière date de leur tournée d’été, et ils semblent heureux d’être là, tout comme le public, qui avait l’air ravi. Peut-être aurais-je dû écouter plus en détail les différents albums du groupe ?

Chinese Man - Fête du Bruit 2014 - La Déviation

La claque

J’avais déjà vu The Hives aux Vieilles Charrues en 2013 (écouter par ailleurs). Je me souviens bien de leur concert qui m’avait marqué par leur énergie folle, et par leur chanteur, Howlin’ Pelle Almqvist, qui est pour moi le plus grand show-man que j’ai pu voir sur scène.

C’est donc avec grand enthousiasme que j’attendais ce concert. Le groupe entre sur scène, et commence par la chanson Come On!, pour échauffer le public. Ça y est, le public saute déjà partout, et c’est parti pour une heure dix de leurs tubes punk. Le chanteur s’excuse de ne pas avoir pu venir en 2009, à cause d’une mauvaise chute lors d’un concert donné la veille en Suisse.

The Hives - Fête du Bruit 2014

Après quelques morceaux, une petite averse commence à tomber sur les festivaliers. Le chanteur s’en amuse : « Je suis tellement chaud que Dieu essaye de me rafraîchir ! », plaisante-t-il en Anglais.

L’averse s’arrête quelques minutes plus tard. Mais on voit au loin un gros nuage arriver : et oui, la pluie est de retour ! Encore une fois, le chanteur prend le micro, et nous promet que « la pluie cessera si vous faites autant de bruit que vous pouvez ! ». Et le groupe entame leur plus grand succès, Tick Tick Boom.

La foule est déchaînée, encore plus qu’aux Vieilles Charrues l’année dernière. Voyant que la pluie ne cesse pas, Howlin’ Pelle Almqvist sort de scène pour venir vers le public. « Maintenant, moi aussi je suis mouillé mes amis, alors vous n’avez plus le droit de partir ! » Ce qu’on ne comptait de toute façon pas faire…

Le concert se termine sous les applaudissements de toute la foule, définitivement conquise, ce qui a l’air d’être une habitude pour le groupe suédois. Un grand succès.

La classe

C’était l’avant-dernière fois que Woodkid montait sur scène, avant de se consacrer au cinéma. Avant d’être le musicien que l’on connait bien, Yoann Lemoine était surtout connu pour avoir réalisé des clips pour Lana Del Rey, Katy Perry, ou Moby. C’était donc une réelle chance de pouvoir le voir ici.

Les musiciens arrivent sur scène pour jouer deux minutes de musique instrumentale, et tout à coup, Woodkid arrive, sous les applaudissements du public. Il commence par le morceau Baltimore’s Fireflies.

Au fond de la scène sont projetés les clips qu’il a réalisé, sur un écran géant, ce qui nous rappelle son premier métier. On sent également un réel travail au niveau de la lumière, pour donner l’effet « noir et blanc » que l’on retrouve dans tous ses clips.

Lui et ses musiciens semblent heureux d’être sur scène, étant donné qu’il s’agit du dernier concert de l’été pour eux. Il jouera presque tous les morceaux de son album The Golden Age. La foule s’agite lorsqu’il dit qu’il va jouer un nouveau morceau, mais il s’agit en fait de Volcano, qu’il joue sur scène depuis novembre 2013…  (Lire par ailleurs : Woodkid au Zénith de Paris au printemps 2014).

Woodkid - 2 - Fête du Bruit 2014 - La Déviation

« Messieurs, cette chanson est pour vous », lance-t-il, avant de commencer la chanson I Love You, dont le refrain est repris en chœur par le public.

Woodkid joue ensuite The Great Escape, puis quitte la scène avec ses musiciens. Je regarde mon téléphone : il reste encore quinze minutes de concert. Il revient donc pour jouer Run Boy Run, qui durera environ dix minutes. Il demande au public de chanter la mélodie, ce que tout le monde fait avec grand plaisir.

La chanson s’arrête, mais pas le public, qui continue à chanter. Les musiciens reprennent donc la chanson avec le public. La chanson s’arrête pour de bon, mais le public continue à chanter. Woodkid et ses musiciens ont le sourire aux lèvres. C’est ce genre de moment qui marquent un concert, que ce soit pour le public, ou pour les gens qui sont sur scène.

Le coup de gueule

Le coup de gueule n’est pas destiné à Paul Kalkbrenner, que je ne suis pas allé voir, mais au festival lui-même. C’était la sixième édition du festival, mais il reste néanmoins de gros points noirs selon ce que j’ai pu voir, et selon les témoignages que j’ai pu recueillir.

Les boissons : 2,80 € pour une boisson, alcoolisée ou non, le samedi (voire même 3,80 € pour une bière blanche !). Franchement, peu de personnes sont prêtes à payer ce prix pour un soda ou un jus d’orange. Le dimanche, les tarifs avaient baissé : 2,50 € pour une boisson. Résultat : les tickets boissons achetés le samedi n’étaient plus utilisables, et ne pouvaient pas être échangés.

Le camping : Payant, et situé à quinze minutes de marche du site, c’était en fait un simple terrain, dans lequel étaient disposées cinq toilettes et des douches, pour l’ensemble des festivaliers.

Le site : J’étais allé à la Fête du Bruit l’année dernière, et le site était petit. Cette année, bien qu’agrandi, le site n’était pas nettoyé. Il restait au fond, au niveau des stands de nourriture, un nombre incalculable de gros cailloux. Il suffisait de quelques énervés pour que le terrain se transforme en réel champ de bataille.

La sortie définitive : Le dimanche, les bracelets deux jours étaient coupés par les bénévoles afin que tous ceux qui souhaitent sortir ne puissent pas rentrer à nouveau sur le site. À 70 € le pass deux jours, j’imagine que certains auraient souhaité pouvoir garder le bracelet… Des festivaliers n’ont également pas pu rentrer sur le site le samedi soir après 1 h du matin, alors que rien ne l’indiquait au préalable.

GiedRé : Remplacer les Babyshambles en quelques heures n’était pas chose simple. Mais en programmant GiedRé, la Fête du Bruit propose la tête d’affiche d’un plus petit festival, le West Fest, qui se déroule à quelques kilomètres de Landerneau, à Guipavas, le 30 août. J’imagine que la plupart des personnes qui auront vu GiedRé à Landerneau n’auront pas forcément envie d’aller voir le même spectacle trois semaines plus tard, et c’est la billetterie du West Fest qui en pâtira…

Public - Fête du Bruit 2014 - La Déviation

« Amer de cette organisation et le non respect du bien être des festivaliers», écrit Caro Line sur la page Facebook du festival, « festival qui perd en qualité d’année en année », renchérit Titou Bzh. « Dommage de ruiner la réputation de ce festival à cause d’organisateur (sic) sans cesse à la recherche de la fortune !!! », s’emporte Chopic Saout. Kévin Beaumont parle lui d’« escroquerie », approuvé par 31 “j’aime”.

Je sais bien qu’il est très difficile d’organiser un festival. Il y a énormément de paramètres à prendre en compte. Néanmoins, Régie Scène n’en est pas à son premier festival : elle organise aussi le festival Insolent, et ont, dans le passé, organisé de nombreux festivals depuis 1995 (Saint-Nolff, Polyrock, Yakayalé…). C’est vraiment décevant de voir autant de ratés en seulement deux jours de festival.

La plupart des festivaliers vous le diront : les concerts étaient vraiment exceptionnels, mais l’organisation n’était vraiment pas digne de la programmation artistique.

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« Si ça vous a plu, revenez moustachus ! »

Live report – Le festival du Bout du Monde s’est tenu à guichets fermés, du 1er au 3 août, sur la presqu’ile de Crozon dans le Finistère. La recette du succès ? Une jauge calée à 20.000 festivaliers par jour, une ambiance familiale et des groupes mythiques parmi lesquels The Wailers, America et Morcheeba.

Le Bout du Monde c’est aussi des habitués comme Maxime le Forestier, Ibrahim Maalouf, Keziah Jones ou Bernard Lavilliers, rejoints par un régional de l’étape pourtant bizut nommé Miossec.

Enfin, ce qui rend le « boudu » si populaire, ce sont les coups de cœurs internationaux des programmateurs, comme l’Acadienne Lisa Leblanc, le Franco-Malien Electro Bamako, ou encore le Péruvien Dengue Dengue Dengue.

Jour 1 – Vendredi 1er août

C’est dans les bouchons que commence mon périple. Je pars de Brest vers 15 h et je me retrouve coincé sur la seule route qui mène au festival. Je comprends dès lors que je vais littéralement au « bout du monde ». J’arrive au niveau des parkings deux heures plus tard. Par chance, je trouve une place juste à côté du camping où je vais dormir pendant trois nuits. Je prends ma tente et mes sacs. Je dépose mes affaires sur le camp et vais cherche mon bracelet de festivalier.

Je retrouve une dizaine d’amis au camping 3, reste faire connaissance avec mes voisins de tente. Je discute avec beaucoup de monde, et je ne vois vraiment pas le temps passer : il est déjà presque 23 h et je n’ai toujours pas vu un seul concert…

Je me dirige donc vers la grande scène pour voir Keziah Jones, d’assez loin. Je ne connais pas énormément son répertoire, mais je sais sa réputation de bête de scène. Et bien je suis assez déçu. Certes, je suis loin, mais je trouve que le concert manque d’envolée. Un avis partagé autour de moi.

Une part de tartiflette à 6 € plus tard et on reprend des forces pour voir The Wailers.

Festival du Bout du Monde 2014 The Wailers - C Nicolas Le Gruiec - La Déviation

Il a commencé à pleuvoir vraiment beaucoup. C’est donc sous un poncho Vieilles Charrues complètement déchiré que je commence ce concert. Je suis loin d’être un grand fan de reggae et je ne pensais donc pas rester longtemps.

Malgré l’averse, les festivaliers restent devant la scène pour voir « le groupe de Bob Marley ». The Wailers, et Koolant, le chanteur, entame les morceaux mythiques de Bob Marley. Is This Love, Redemption Song, No Woman No Cry… Tout le monde chante en cœur. Et si l’on ferme les yeux quelques minutes, on se croirait presque à un concert de Bob Marley, tant la voix du chanteur des Wailers lui ressemble.

Je me rends compte au fur et à mesure que je connais une bonne moitié des chansons. Le concert se termine, le public est ravi, et la pluie cesse peu après la fin.

Un peu déçu d’avoir loupé les Jolly Boys et Bernard Lavilliers, je retourne au camping.

Jour 2 – Samedi 2 août

Le jour se lève sur la prairie de Landaoudec, le camping commence à reprendre vie. On entend au loin un bagad jouer, façon de rappeler qu’ici, la musique ne s’arrête pas. Comme chaque festival qui se respecte, les toilettes sèches sont prises d’assaut. Elles restent néanmoins très propres.

De nouveau, on s’attarde beaucoup trop longtemps au camping, avant de se déplacer vers le chapiteau, pour le premier concert de Winston McAnuff & Fixi. Le duo, basé sur un chanteur jamaïcain et l’accordéoniste du groupe Java fonctionne vraiment bien. La voix de Winston McAnuff étonne mes amis, qui ne le connaissaient pas.

À la fin du concert, on se dirige vers le bar, lui aussi sous un chapiteau, pour nous désaltérer avec une bière bio. On y croise une fanfare, qui se balade de bars en bars. Bénévoles et festivaliers semblent heureux, et l’attente est assez courte.

On rencontre d’autres festivaliers, âgés d’une quarantaine d’années, qui sont venus de Belgique pour le festival. Ils étaient quelques semaines plus tôt au TWClassic, qui accueillait entre autres les Rolling Stones, Simple Minds et Triggerfinger. Le temps passant, on loupe la totalité du concert de Miossec. Tant pis, on commande des fajitas pour poursuivre la discussion avec nos nouveaux amis belges.

Festival du Bout du Monde 2014 public noir et blanc - C Nicolas Le Gruiec - La Déviation

On ne reste pas manger très longtemps, puisque le concert d’Ibrahim Maalouf commence bientôt. Le trompettiste libanais, récompensé en février par une Victoire de la Musique, et sacré Artiste de l’Année au Victoires du Jazz, rencontre un beau succès.

C’est le deuxième concert d’Ibrahim Maalouf auquel j’assiste. Quelques amis, pas forcément friands de jazz, m’avaient signalé que c’était « sympa mais sans plus ». Et bien on a tous pris une grosse claque. Les 45 minutes de concert sont passées à une vitesse folle.

Le morceau True Sorry fait l’unanimité dans le public, et Ibrahim Maalouf finit son concert en invitant un quintet de sonneurs bretons (dont le maître sonneur Yannick Martin à la bombarde) pour une improvisation qui clôture le meilleur concert que j’ai pu voir sous le chapiteau.

Festival du Bout du Monde 2014 Morsheeba - C Nicolas Le Gruiec - La Déviation

Après ce concert grandiose, nous retrouvons la grande scène, pour aller écouter le groupe de trip-hop Morcheeba.

J’aime beaucoup Skye Edwards, la chanteuse, qui a une voix vraiment exceptionnelle, mais comme le public autour de moi, je n’accroche pas. Je ne sais vraiment pas ce qui a cloché. La setlist ? L’heure à laquelle le groupe était programmé ? Le style de musique pas adapté à l’ambiance du Bout du Monde ? J’ai eu l’impression que c’était un peu un mou. Deux de mes amis, qui aiment Morcheeba, ont néanmoins apprécié le concert.

Je retourne alors écouter Winston McAnuff de loin, pour son deuxième passage (sur les petites scènes, les groupes jouent deux fois 45 minutes, NDLR). Il se fait tard, et la fatigue commence à se faire sentir. Je loupe alors Dengue Dengue Dengue, afin de me reposer pour la dernière journée.

Jour 3 – Dimanche 3 août

Ce dernier jour de festival commence baigné par le soleil. Et aujourd’hui, pas question de rester trainer au camping. Je suis sur le site dès 15 h 30 pour aller voir la belle Agnès Obel.

Festival du Bout du Monde 2014 Agnès Obell - C Nicolas Le Gruiec - La Déviation

Elle arrive sur scène dix minutes plus tard, avec ses deux musiciennes, sous les applaudissements du public. « It feels so good to be at the end of the world… », lance-t-elle, avant d’entamer son premier morceau, Fivefold.

J’aime énormément ses albums, et le concert est très propre, un peu trop peut-être… Je savais que j’allais assister à un moment plutôt tranquille. Peut-être aurait-il fallu la programmer sous le chapiteau, et pas sur la grande scène ?

C’était toutefois un beau concert. Agnès Obel maitrise sa voix et son piano à merveille, et les deux musiciennes mettent vraiment en valeur tout son talent.

On reste sur le site, et on écoute au loin Maxime Le Forestier, qui passe sur la grande scène, sans vraiment y accorder d’importance. On entendra au loin San Francisco, ou encore Né Quelque Part.

Direction Les Ambassadeurs. Groupe malien mythique des années 1970, la formation se produit aujourd’hui avec entre autres Amadou Bagayoko, du groupe Amadou & Mariam.

On reste écouter leur concert en entier. Ils sont une dizaine sur scène. On se retrouve aux côtés d’une quinzaine de personnes qui s’essayent à une battle de danse. Malgré les problèmes techniques d’un des guitaristes pendant plusieurs chansons, on apprécie énormément.

Il est presque 21 h. En retournant vers le camping je m’arrête devant Natalia Doco sur la petite scène Kermarrec. Sa musique folk et joyeuse, accompagnée par sa douce voix et d’une belle énergie a l’air de plaire sacrément au public.

Je ne reste écouter que deux chansons, car je veux absolument assister au concert d’America.

Festival du Bout du Monde 2014 America - C Nicolas Le Gruiec - La Déviation

Je ne connaissais pas vraiment America avant le festival, mis à part quelques-uns de leurs tubes, mais mon père avait adoré leur concert au festival Elixir, il y a déjà 33 ans. Et oui, le groupe commence à se faire vieux !

Pourtant, dès le premier morceau, on se rend compte que les deux chanteurs ont encore énormément d’énergie, et des voix intactes. « La grande classe », comme j’ai pu l’entendre dans le public. Les chanteurs changent d’instrument presque entre chaque chanson.

On a même le droit à leur reprise de California Dreamin’ qui fait danser toute la prairie. Gerry Beckley et Dewey Bunnell terminent leur concert par un rappel sur A Horse With No Name, leur plus grand tube, repris en chœur par tout le public. C’est mon concert préféré du week-end.

Il est déjà 23 h, l’heure d’une bonne crêpe, assis dans la prairie. On loupe le concert de Naâman, mais on se prépare pour celui de Deluxe.

Festival du Bout du Monde 2014 Deluxe - C Nicolas Le Gruiec - La Déviation

Pour la clôture du festival, les programmateurs ont eu la bonne idée de programmer les Aixois de Deluxe. Je commençais à piquer du nez, mais les moustachus ont décidé de nous achever. Il n’a suffi que d’une trentaine de secondes pour qu’ils nous transportent dans leur univers complètement déjanté.

De l’énergie à gogo, un set bien ficelé, c’est le groupe idéal pour conclure ! Mention spéciale à la robe de la chanteuse, en forme de moustache.

Le concert se termine peu avant 3 heures du matin. « Si ça vous a plu, revenez moustachu ! » conclut le groupe.

Je quitte alors le site, retourne au camping, replie ma tente dans le noir, me dirige vers le parking, et rentre chez moi.

Je regrette seulement d’avoir manqué certaines prestations, notamment le vendredi, et je me promets de revenir trois jours l’année prochaine.

Je comprends maintenant pourquoi le festival du Bout du Monde se joue depuis plusieurs années à guichet fermés.

Photos de Nicolas Le Gruiec (Flickr)

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Astropolis, adopolis

Mon Astropolis a commencé dans la navette pour le Manoir de Keroual. Le bus est bondé. Un grand noir avec un chapeau rose s’est assis sur mes genoux. La clope au bec, il provoque une copine à propos de la “MD”. Il est 23 h passé, j’ai d’ores et déjà raté Dope D.O.D, mais la nuit ne fait que commencer.

La pression est montée tout l’après-midi. Les rues de Brest se sont progressivement remplies de grappes de jeunes festivaliers. Les caissières des supérettes ont scanné des bouteilles à vitesse grand V.

Bien que le festival électro et techno, 19e du nom, ait commencé jeudi, avec le concert de Woodkid, dans la salle de la Carène, c’est ce samedi que se déroule son temps fort. Que dis-je ? Son sommet ! La célèbre nuit blanche du Manoir de Keroual. Quatre scènes, près de 30 sets et un parc métamorphosé pour l’occasion.

La queue aux guichets de Bibus à Brest. Astropolis 2013. Crédits La Déviation

Une fois les before finis, une belle foule converge vers la place de la Liberté, lieu névralgique de Brest, bien connu pour ses courses de caddies. Les quelques agents de Bibus en service, réfugiés dans leurs chalets tout droit sortis du marché de Noël, vendent tant bien que mal leurs tickets majorés.

La soirée se déroulant en périphérie de Brest, dans le bois de Keroual, la solution du bus est choisie par une majorité. Le voyage commence ici.

Dans une navette directrion le festival. Astropolis 2013. Crédits La Déviation

Dans le bus, donc, je saisis que la MD, dont mon voisin se vante de consommer en “ayant atteint un stade où il ne sent plus les effets”, ne fait pas référence à un antique enregistreur audio, mais bien au psychotrope connu sous le nom d’ecstasy.

Autour, les passagers sont parfois très jeunes et j’imagine que certains viennent fêter leur bac. Des jeunes filles retouchent leur maquillage, tandis que bouteilles et canettes passent de mains en mains. Peu avant d’arriver, la Marseillaise est reprise en cœur entre deux chansons paillardes. Qui a dit qu’on avait oublié les paroles ?

Autant de monde à l'extérieur qu'à l'intérieur du festival. Astropolis 2013. Crédits La Déviation

Sorti du bus, je retrouve Célia. Nous suivons la procession qui se forme, dans une atmosphère à la fois anxiogène et fascinante.

Certains festivaliers titubent au son des basses, d’autres courent, des filles sont allongées dans le fossé, que d’aucuns utilisent comme urinoir. Tenues classes et bariolées se mélangent.

Passage par le stand médias pour retirer nos accréditations. Astropolis 2013. Crédits La Déviation

Avec Célia, nous bifurquons à mi-parcours pour retirer nos accreds presse. Nous évitons ainsi la longue queue de l’entrée, ainsi que les fouilles. Des bénévoles, ravitaillés par une généreuse palette de boissons énergisantes, nous remettent nos bracelets blancs.

Après un tour de reconnaissance, mauvaise surprise, ceux-ci ne nous permettent pas d’accéder aux fosses. Adieu rêves de belles photos des DJ. “Il y a déjà trop de monde”, nous dit-on à l’accueil presse, alors que non, mais passons.

Les décorations sont un peu moins impressionnantes qu'il y a trois ans. Astropolis 2013. Crédits La Déviation

Parce que tout n’est pas perdu, nous cachons deux grandes et belles affiches du festival au milieu d’un buisson, en plein milieu du site. Depuis notre dernière visite il y a trois ans, le Manoir n’a guère changé. La décoration, qui joue pour beaucoup dans l’ambiance cosmique du festival me semble toutefois moins impressionnante.

Des boules enflammées, telles d’immenses flambeaux, éclairent un espace que nous avons connu surmonté d’un grand dôme métallique. Heureusement, les boules à facettes parsèment toujours le site, à commencer par le pigeonnier situé tout à l’entrée.

Notre nouvel ami avec son aligator en plastique. Astropolis 2013. Crédits La Déviation

Le public est quant à lui beaucoup plus dense qu’il y a trois ans. La météo a fait son œuvre et 10.000 teufeurs ont pénétré dans le jardin du Manoir ce samedi, alors qu’il fait sans doute toujours plus de 20°c.

Le revers de la médaille étant qu’il est très difficile d’approcher des scènes sans se séparer. C’est donc d’assez loin que nous assistons aux sets de Dirtyphonics, Kink et autre Gesaffelstein. Les jeux de lumière, sous les chapiteaux ou sur la façade du manoir, n’en rendent pas moins l’expérience planante et immersive.

Dans ce chaos sonore et visuel, je croise subrepticement deux potes du collège, perdus de vue depuis cinq ans. Encore cette fameuse faille temporelle dont on parle tant.

Célia s’accorde une pause entre deux sets. On s’assoie à côté d’un groupe de quatre raveurs qui sniffent leur coke pépère, avant de retourner danser. La scène est récurrente, nous en verrons d’autres. Ce qui n’empêche pas le festival de se dérouler, d’année en année, sans heurt ni accident.

Dirtyphonics sous le chapiteau Mekanik. Astropolis 2013. Crédits La Déviation

Nous nous remettons bientôt sur nos deux jambes. Après la cohue du chapiteau Mekanik, la scène la plus extrême, nous découvrons l’orgie dans la Cour, véritable goulot d’étranglement.

Il est 2 heures passées, Kink pousse les potards et ça envoie.

Disons-le, avec Célia, nous ne sommes pas du tout familier du genre. L’électro nous est presque étrangère le reste de l’année, mais nous remuons nos petits corps. Surtout, la programmation d’Astropolis, reconnue comme étant l’une des plus pointues de France et même d’Europe, nous laisse quelque peu dans la remorque.

La cour du Manoir de Keroual et son jeu de lumière. Astropolis 2013. Crédits La Déviation

C’est un peu comme aller au festival de Cannes sans aller au cinéma de l’année. Remarquez, je le fais aussi.

Ce n’est d’ailleurs que le lendemain que nous apprenons la double annulation de Sebastian et Digitalism, annoncée dans la nuit, et mal vécue par bon nombre de férus d’électro. Une sombre affaire d’avions que les organisateurs n’ont pas dû apprécier.

Quelques jeunes filles dansent dans l'encadrement d'une fenêtre du Manoir de Keroual. Astropolis 2013. Crédits La Déviation

Petits joueurs, nous quittons le site à 5 heures. Pas de nuit blanche, on a beau être dimanche, aujourd’hui c’est boulot. La rosée matinale n’a pas dégradé nos affiches. Les rouleaux sous le bras, on laisse Manu le Malin derrière nous. Les côtes Elisa do Brasil nous resteront inaccessibles cette fois.

La navette est bien plus calme qu’à l’aller. À pieds, dans Brest, nous voyons les astres, et au loin, un faisceau lumineux pointé depuis un bois, qui continue de danser.

Photos et vidéos Célia Caradec

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