Catégories
Écouter

La Fête du Bruit fait du reuz

Live report – Plus que l’annulation de dernière minute des Babyshambles, c’est la piètre qualité d’accueil des festivaliers par Régie Scène qui marque d’une pierre noire cette sixième édition de la Fête du Bruit. Elle contraste avec la qualité des concerts.

En cinq ans, la Fête du Bruit peut déjà se vanter d’avoir accueilli Placebo, Stromae, Pete Doherty en solo, Snoop Dogg, Moby, Miles Kane, De La Soul, Shaka Ponk ou encore The Bloody Beetroots. Même les fans de David Guetta on pu l’applaudir en 2012 ! Tout ça en plein centre-ville de Landerneau, non loin de Brest.

Cette année, la société Régie Scène et la ville de Landerneau recevaient le samedi 9 août -M-, The Pogues, 2 Many DJ’s, Tiken Jah Fakoly, New Model Army et Siam. Les Babyshambles, programmés ce même jour, ont dû annuler leur venue la veille, officiellement pour raison de santé. C’est Giedré qui a remplacé le groupe de Pete Doherty, au pied levé.

C’est le lendemain de cette volte-face que je suis arrivé sur le festival.

Au programme : The Red Goes Black, Cats On Trees, The Strypes, Chinese Man, The Hives, Woodkid, et Paul Kalkbrenner. Autant vous dire que l’affiche est alléchante.

Le public de la Fête du Bruit pendant The Strypes

Le concert « sympa »

J’arrive sur le site pendant le concert de Cats On Trees. Le duo, qu’on entend en boucle sur toutes les radios depuis environ six mois, a donné un concert plutôt correct. Ils ne sont que deux sur scène, ce qui n’offre pas de grandes possibilités : la chanteuse est au piano, et le batteur l’accompagne.

C’est sympa, mais ça ne me fait ni chaud ni froid. Le public gardera quand-même en tête leur belle reprise de Mad World de Tears For Fears, et le batteur qui fait tomber une de ses percussions en pleine chanson, sous les rires de Nina, la chanteuse.

Cats On Trees Fête du Bruit 2014 - La Déviation

La révélation

J’avais découvert The Strypes en septembre dernier, lors de l’émission Album de la Semaine, sur Canal+. Sans être un grand fan du groupe, j’avais hâte de voir ce que ces petits prodiges irlandais pouvaient faire sur scène. Ils ont entre 16 et 18 ans, et font déjà des concerts un peu partout dans le monde.

Le groupe arrive à 18 h 15 et met le public dans sa poche en quelques morceaux seulement. On oublie l’âge des membres du groupe, tellement ils semblent matures. Je me demande même s’ils n’ont pas déjà pris un peu la grosse tête, mais qu’importe. Je me laisse aller sur les riffs de guitare et les magnifiques solos d’harmonica, qui sonnent à merveille.

The Strypes - 1

Le concert se termine à 19 h 25, et je me dis que ce groupe là ira vraiment loin. Je les imagine déjà aux Vieilles Charrues devant 50.000 personnes, sur la scène Glenmor (la plus grande scène du festival), avant leurs 25 ans.

Un groupe à suivre, ou à découvrir de toute urgence si vous ne les connaissez pas encore !

The Strypes - Fête du Bruit 2014 - La Déviation

La déception

Je ne connaissais pas tout le répertoire de Chinese Man : seulement I’ve Got That Tune et Get Up. Je m’attendais vraiment à être surpris par le groupe avec des morceaux de ce style.

J’apprécie les deux ou trois premiers morceaux, mais je décroche ensuite. Le concert se transforme en un style mi-rap mi-reggae qui me déçoit énormément. Moi qui pensais avoir la même bonne surprise qu’avec Deluxe au festival du Bout du Monde (lire par ailleurs). Deluxe faisant partie du label Chinese Man Records.

Je pars de la foule pour aller m’acheter une barquette de frites. Je me rapproche de la scène pendant les cinq dernières minutes de leur concert, qu’ils finissent en slam dans le public. C’était la dernière date de leur tournée d’été, et ils semblent heureux d’être là, tout comme le public, qui avait l’air ravi. Peut-être aurais-je dû écouter plus en détail les différents albums du groupe ?

Chinese Man - Fête du Bruit 2014 - La Déviation

La claque

J’avais déjà vu The Hives aux Vieilles Charrues en 2013 (écouter par ailleurs). Je me souviens bien de leur concert qui m’avait marqué par leur énergie folle, et par leur chanteur, Howlin’ Pelle Almqvist, qui est pour moi le plus grand show-man que j’ai pu voir sur scène.

C’est donc avec grand enthousiasme que j’attendais ce concert. Le groupe entre sur scène, et commence par la chanson Come On!, pour échauffer le public. Ça y est, le public saute déjà partout, et c’est parti pour une heure dix de leurs tubes punk. Le chanteur s’excuse de ne pas avoir pu venir en 2009, à cause d’une mauvaise chute lors d’un concert donné la veille en Suisse.

The Hives - Fête du Bruit 2014

Après quelques morceaux, une petite averse commence à tomber sur les festivaliers. Le chanteur s’en amuse : « Je suis tellement chaud que Dieu essaye de me rafraîchir ! », plaisante-t-il en Anglais.

L’averse s’arrête quelques minutes plus tard. Mais on voit au loin un gros nuage arriver : et oui, la pluie est de retour ! Encore une fois, le chanteur prend le micro, et nous promet que « la pluie cessera si vous faites autant de bruit que vous pouvez ! ». Et le groupe entame leur plus grand succès, Tick Tick Boom.

La foule est déchaînée, encore plus qu’aux Vieilles Charrues l’année dernière. Voyant que la pluie ne cesse pas, Howlin’ Pelle Almqvist sort de scène pour venir vers le public. « Maintenant, moi aussi je suis mouillé mes amis, alors vous n’avez plus le droit de partir ! » Ce qu’on ne comptait de toute façon pas faire…

Le concert se termine sous les applaudissements de toute la foule, définitivement conquise, ce qui a l’air d’être une habitude pour le groupe suédois. Un grand succès.

La classe

C’était l’avant-dernière fois que Woodkid montait sur scène, avant de se consacrer au cinéma. Avant d’être le musicien que l’on connait bien, Yoann Lemoine était surtout connu pour avoir réalisé des clips pour Lana Del Rey, Katy Perry, ou Moby. C’était donc une réelle chance de pouvoir le voir ici.

Les musiciens arrivent sur scène pour jouer deux minutes de musique instrumentale, et tout à coup, Woodkid arrive, sous les applaudissements du public. Il commence par le morceau Baltimore’s Fireflies.

Au fond de la scène sont projetés les clips qu’il a réalisé, sur un écran géant, ce qui nous rappelle son premier métier. On sent également un réel travail au niveau de la lumière, pour donner l’effet « noir et blanc » que l’on retrouve dans tous ses clips.

Lui et ses musiciens semblent heureux d’être sur scène, étant donné qu’il s’agit du dernier concert de l’été pour eux. Il jouera presque tous les morceaux de son album The Golden Age. La foule s’agite lorsqu’il dit qu’il va jouer un nouveau morceau, mais il s’agit en fait de Volcano, qu’il joue sur scène depuis novembre 2013…  (Lire par ailleurs : Woodkid au Zénith de Paris au printemps 2014).

Woodkid - 2 - Fête du Bruit 2014 - La Déviation

« Messieurs, cette chanson est pour vous », lance-t-il, avant de commencer la chanson I Love You, dont le refrain est repris en chœur par le public.

Woodkid joue ensuite The Great Escape, puis quitte la scène avec ses musiciens. Je regarde mon téléphone : il reste encore quinze minutes de concert. Il revient donc pour jouer Run Boy Run, qui durera environ dix minutes. Il demande au public de chanter la mélodie, ce que tout le monde fait avec grand plaisir.

La chanson s’arrête, mais pas le public, qui continue à chanter. Les musiciens reprennent donc la chanson avec le public. La chanson s’arrête pour de bon, mais le public continue à chanter. Woodkid et ses musiciens ont le sourire aux lèvres. C’est ce genre de moment qui marquent un concert, que ce soit pour le public, ou pour les gens qui sont sur scène.

Le coup de gueule

Le coup de gueule n’est pas destiné à Paul Kalkbrenner, que je ne suis pas allé voir, mais au festival lui-même. C’était la sixième édition du festival, mais il reste néanmoins de gros points noirs selon ce que j’ai pu voir, et selon les témoignages que j’ai pu recueillir.

Les boissons : 2,80 € pour une boisson, alcoolisée ou non, le samedi (voire même 3,80 € pour une bière blanche !). Franchement, peu de personnes sont prêtes à payer ce prix pour un soda ou un jus d’orange. Le dimanche, les tarifs avaient baissé : 2,50 € pour une boisson. Résultat : les tickets boissons achetés le samedi n’étaient plus utilisables, et ne pouvaient pas être échangés.

Le camping : Payant, et situé à quinze minutes de marche du site, c’était en fait un simple terrain, dans lequel étaient disposées cinq toilettes et des douches, pour l’ensemble des festivaliers.

Le site : J’étais allé à la Fête du Bruit l’année dernière, et le site était petit. Cette année, bien qu’agrandi, le site n’était pas nettoyé. Il restait au fond, au niveau des stands de nourriture, un nombre incalculable de gros cailloux. Il suffisait de quelques énervés pour que le terrain se transforme en réel champ de bataille.

La sortie définitive : Le dimanche, les bracelets deux jours étaient coupés par les bénévoles afin que tous ceux qui souhaitent sortir ne puissent pas rentrer à nouveau sur le site. À 70 € le pass deux jours, j’imagine que certains auraient souhaité pouvoir garder le bracelet… Des festivaliers n’ont également pas pu rentrer sur le site le samedi soir après 1 h du matin, alors que rien ne l’indiquait au préalable.

GiedRé : Remplacer les Babyshambles en quelques heures n’était pas chose simple. Mais en programmant GiedRé, la Fête du Bruit propose la tête d’affiche d’un plus petit festival, le West Fest, qui se déroule à quelques kilomètres de Landerneau, à Guipavas, le 30 août. J’imagine que la plupart des personnes qui auront vu GiedRé à Landerneau n’auront pas forcément envie d’aller voir le même spectacle trois semaines plus tard, et c’est la billetterie du West Fest qui en pâtira…

Public - Fête du Bruit 2014 - La Déviation

« Amer de cette organisation et le non respect du bien être des festivaliers», écrit Caro Line sur la page Facebook du festival, « festival qui perd en qualité d’année en année », renchérit Titou Bzh. « Dommage de ruiner la réputation de ce festival à cause d’organisateur (sic) sans cesse à la recherche de la fortune !!! », s’emporte Chopic Saout. Kévin Beaumont parle lui d’« escroquerie », approuvé par 31 “j’aime”.

Je sais bien qu’il est très difficile d’organiser un festival. Il y a énormément de paramètres à prendre en compte. Néanmoins, Régie Scène n’en est pas à son premier festival : elle organise aussi le festival Insolent, et ont, dans le passé, organisé de nombreux festivals depuis 1995 (Saint-Nolff, Polyrock, Yakayalé…). C’est vraiment décevant de voir autant de ratés en seulement deux jours de festival.

La plupart des festivaliers vous le diront : les concerts étaient vraiment exceptionnels, mais l’organisation n’était vraiment pas digne de la programmation artistique.

Catégories
Écouter

On y était : Woodkid au Zénith de Paris

Après un premier passage exceptionnel – et à guichets fermés – au Zénith de Paris, le 5 novembre, Woodkid avait programmé une date supplémentaire pour le public parisien. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que celui-ci n’a pas du tout été déçu !

Cette fois-ci aussi, ce 7 février 2014, Woodkid affiche complet au Zénith, parc de la Villette. Pourtant, lorsque j’arrive vers 19 h 30, il y a peu de monde. La fosse est encore presque vide, ce qui me permet de me placer à quelques mètres de la scène.

C’est une petite heure plus tard que commence la première partie du concert. Une mission toujours un peu ingrate, surtout pour ce soir-là où Woodkid se faisait grandement attendre.

En entendant cette première partie, j’ai compris pourquoi la fosse et le Zénith étaient vide jusqu’à 20 h 30. Pour ceux que ça intéresserait, écoutez un titre (mélange bizarre de style des années 1980-90) de Lawrence Rothman ici.

La première partie évacuée, le Zénith s’est rempli très très vite et la fosse s’est serrée progressivement jusqu’à ce qu’elle soit pleine à craquer.

Mais Woodkid s’est fait encore attendre.

Jusqu’à environ 21 h 30, quand les lumières s’éteignent brusquement, laissant le public crier dans le noir. Le rideau s’ouvre, mètre après mètre, et dévoile l’orchestre au complet sur une scène en escalier. Les cordes, les cuivres, les percus : elles sont toutes là !

Woodkid au Zénith de Paris - Crédits : Julien Baldacchino - La Déviation

La musique commence doucement sur l’air de Baltimore’s Fireflies et la voix douce et grave de Yoann Lemoine remplit la salle. Les cuivres, puissants, viennent par-dessus l’ostinato au piano. La mise en scène ne laisse rien au hasard. L’orchestre disposé sur ces escaliers laisse un large couloir central où Woodkid a la liberté de déambuler.

Derrière lui : un écran géant de cinéma projette les images animées créées par Yoann Lemoine : à chaque titre son thème et ses images – abstraites ou figuratives.

Le second titre s’enchaîne : il s’agit de The Golden Age, une des meilleures compo de l’album. Au milieu de la chanson, les percussions – dont les caisses s’illuminent à chaque son – entrent en jeu et le rythme s’accélère.

Avant d’entamer son titre le plus célèbre, Woodkid s’approche de la scène et dit, s’adressant à son public : “Messieurs, j’ai quelque chose à vous dire: I love you“. Le son est aussi bon qu’on pouvait l’espérer : les cordes vous arrachent des larmes et les cuivres des frissons.

Mécaniquement, tels des robots, les musiciens exécutent un moment brillant, intense, de musique.

L’ambiance monte et monte encore au fur et à mesure du concert. Plus on avance et plus la mélancolie et les sentiments de quelques morceaux laissent place aux sons énergiques et rapides, rythmés par les interventions de Woodkid et le son des caisses claires qui résonne.

Puis soudain, au milieu du concert, dix tambours apparaissent en haut de la scène et descendent vers la scène qui s’avance au milieu de la fosse. Mécaniquement, tels des robots, les musiciens exécutent un moment brillant, intense, de musique. Que des percus et la foule aime ça !

Puis vient le Stabat Mater, œuvre grandiloquente. Une introduction au rythme des tambours fait monter l’ambiance. Woodkid apparaît, frappe ses points dans l’air à chaque percu qui résonne, puis vient l’entrée fracassante des cuivres puis des cordes !

Le souffle épique enflamme la foule !

Il faut d’ailleurs noter que bon nombre des titres de l’album ont été introduits par des compositions inédites qui accompagnaient le jeu de lumière sur scène. En parlant de morceaux inédits, Woodkid en a présenté deux : Go, une douce ballade musicale, et Volcano, un morceau 100 % instru et percussions au rythme complètement démonté.

Woodkid a interprété aussi un de ses premiers titres disponible sur son EP : Brooklyn. Un quartier new-yorkais important pour lui car c’est là-bas qu’il a émigré pendant quelques années.

À la fin de Run Boy Run, l’un des derniers morceaux de ce concert grandiose, la foule a chanté pendant de longues minutes devant un Woodkid ému, le sourire large derrière sa barbe et les mains sur la tête à écouter son public au bord de la scène.

Une présentation de ses musiciens plus tard, il entame The Other Side – “encore une chanson joyeuse qui parle de la mort” plaisante t-il – pour laisser son public sur une note plus douce.

En ré-écoutant l’album le lendemain, ses enregistrements paraissent désormais bien “fades” comparés au spectacle épique auquel 6 000 chanceux ont eu droit ce soir-là.

Woodkid au Zénith de Paris - Crédits @LéaHbrt - La Déviation
Woodkid au Zénith de Paris – Crédits : @LéaHbrt

Connaître les dates de la tournée de Woodkid.

Quitter la version mobile