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Interview – Chabat ranime le Marsupilami

En tournée promo dans les Côtes-d’Armor, l’acteur-réalisateur français a présenté le 15 mars à Lannion sa dernière fiction, dans laquelle il apparaît aux côtés de son ami Jamel Debbouze. Détendu mais pressé, Alain Chabat a répondu aux questions des spectateurs des Baladins et de So Ouest avant la projection du Marsupilami.

Qu’est-ce qui vous a motivé à réaliser le Marsupilami ?

Ça part de deux envies. D’abord retravailler avec Jamel, ça faisait longtemps qu’on avait envie de faire un duo. Dans les précédents films nous n’avions pas de scène ensemble. Et puis j’adore le petit personnage du Marsupilami, créé par André Franquin (en 1951, NDLR), un dessinateur belge. Ce personnage est vraiment extraordinaire. Il ne m’a jamais quitté et j’avais envie de l’avoir en vrai. Car c’est un vrai (rires). Je le précise car les enfants le savent, mais les adultes en doutent. On l’a trouvé en Palombie.

Avec la crise, est-ce que vous avez des difficultés à financer ce genre de film ?

Faire un film c’est compliqué, c’est un parcours du combattant. Il faut réunir des financements, réunir un casting idéal. Il y a plein d’embûches. Là, j’espère qu’il y a du spectacle, parce que c’est le but du jeu. Il faut des gens qui font des décors, des maquilleurs, des coiffeurs, des “repéreurs”, des effets spéciaux, des sculpteurs, des peintres, des monteurs… beaucoup de monde à faire bosser. C’est plutôt joyeux comme genre d’entreprise, mais effectivement ça a un prix. Le film coûte plus de 160 000 palombos !

Alain Chabat - Lannion - 15 mars 2012
Alain Chabat a confessé ne pas connaître la Bretagne. Crédits So Ouest

Aviez-vous pensé à tourner en 3D ?

Oui, j’avais même fait faire des essais pour tourner en relief qui m’avaient emballé en stéréoscopie, en 3D native. Après on a regardé les difficultés que ça entrainait car on a tourné dans des vraies jungles, qui sont très humides et très chaudes. A l’époque les caméras ne supportaient pas ces températures extrêmes. Du coup on a abandonné le tournage en relief pour faire un film normal en 2D, en 35mm dans les salles équipées. Mais le film est en Imax (le premier film européen dans cette norme, NDLR). Il n’y a pas beaucoup d’écrans en France, cinq, mais on l’a redimensionné pour l’image et le son.

Justement, les conditions du tournage au Mexique étaient-elles compliquées ?

C’était super franchement. Le Mexique c’est un pays extraordinaire. Les gens, les villes et les jungles qui étaient magnifiques. On était bien préparés pour ces tournages un peu extrême. J’avais une super bonne équipe avec des gens tout-terrain et rigolos en plus. On est passés à travers les difficultés sans accident, ce qui était vraiment le but principal. Qu’il n’y ait pas de gens blessés ou piqués par des bestioles dans la jungle. On était bien préparés car on a pu s’amuser.

Le Marsupilami est-il connu au Mexique ?

Non, ils avaient seulement vu quelques images. Des peluches sont en vente sans qu’ils sachent bien qui est le personnage. Les tout-petits connaissent, les plus de 40 ans aussi, au milieu c’est un peu flou. Mais c’est une bonne manière de présenter, j’espère, le personnage à ceux qui ne le connaissent pas.

Tourner avec Jamel, c’était une envie de votre part ?

Non, j’étais obligé pour des raisons d’argent. Je lui dois de l’argent. J’avais perdu un pari sur Astérix, que j’ai honoré là. Sa famille est plus nombreuse que la mienne et ils sont plus costauds. C’était une menace, il n’y avait aucun plaisir là-dedans… Non, c’était une envie que nous avions depuis Astérix. Je l’ai pensé à l’écriture en me disant que j’avais envie que nous formions un couple à l’écran. Si il n’y avait pas Jamel, il n’y avait pas de film. Ça faisait parti de l’envie de départ.

Alain Chabat - magazine vue
Alain Chabat incarne un journaliste dans le Marsupilami. Il a pris la pose pour le magazine des étudiants en journalisme de l'IUT de Lannion. Crédits So Ouest

Il y a aussi des gens moins familiers avec la comédie comme Lambert Wilson, qui sortait des Hommes et des dieux. Et puis Jacques Webert qui a un parcours très éclectique. Aissa Maiga, qui est super et Liya Kébédé, qui était dans Or Noir et dans Perles du désert. On mélange des gens qui ont envie de faire rire.

On a aussi un catcheur américain, le Great Khaly, qui mesure 2m21. Je ne connaissais pas bien le catch. J’ai cherché en France des gars impressionnants, il y a Jérôme Le Banner, qui en plus est un bon acteur. Mais je voulais plus encore.

Vous avez joué dans La nuit au musée 2. Avez-vous une envie de carrière aux États-Unis ?

La nuit au musée c’était vraiment une très bonne expérience. Je me suis très bien entendu avec Ben Stiller. J’adore le cinéma américain. Quand il y a un projet bien j’ai envie de faire des choses. Ce sont des ponts. J’ai plein d’amis là-bas, que je vais visiter, qui sont dans le cinéma ou pas du tout.

Allez-vous reformer les Nuls dans un film ?

Je ne pense pas que ce sera un film. J’ai l’impression que c’est une trop grosse entreprise. On n’a pas de projet précis, mais on a toujours des envies qui trainent. Peut-être de la télé, des sketchs sur le net ou sur scène…

A quand la sortie de Red is dead en version longue ?

Très bonne idée ! Je vous la pique et je dirai que c’est la mienne. Je ne sais pas ce qui reste comme rush et comme images de ce truc là. La cité de la peur a eu 18 ans le 9 mars dernier. C’est drôle car effectivement on en parle beaucoup avec Dominique [Farrugia] et Chantal [Lauby] et ça nous rappelle des souvenirs.

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Il n’y a pas que le rugby dans la vie

Comme tous les quatre ans, l’ovalie prend sa revanche l’espace d’une Coupe du Monde. Ses valeurs de respect, d’humilité, de solidarité, d’effort et de convivialité sont plaquées à la figure des footeux. Oui mais voilà, sans le football, point de rugby !

A l’origine, il y avait la soule. Une pratique sportive née de notre côté de la Manche, qui colonisa petit à petit les îles Britanniques par le biais de Guillaume Le Conquérant. Des siècles et des siècles plus tard, le jeu se modernisa, perdit en violence et gagna des règles. Dans les publics schools, on parla alors de football, puis de rugby pour sa variante pratiquée avec les mains. Une légende attribue la naissance de ce sport à William Webb Ellis et à son jeu de main révolutionnaire, 163 ans avant Maradona. Si cette histoire n’est qu’une fable, le théâtre du schisme se trouve néanmoins planté. En 1963, la Fédération anglaise de football naît dans un pub. Les partisans du ballon porté quittent la négociation et créent huit ans plus tard la Rugby Football Union.

Dès lors et pour aller plus loin, les passionnés de ballon rond sont invités à consulter le DonQui Foot du journaliste Hubert Artus. Son dictionnaire paru aux éditions Don Quichotte multiplie les entrées sur l’histoire du football. A l’image d’Albert Camus qui écrivit que “le football, c’est pour les gens de gauche ; le rugby c’est pour ceux de droite”, l’auteur privilégie les icônes de Sedan aux étoiles du Real. Dans ce livre que l’on dévore aussi vite que Messi traverse une défense, les figures qui marquèrent la planète foot s’entremêlent. On y slalome entre Alfredo di Stefano, Pierre Chayrigues, Éric Cantona, Guy Roux, Lucien Laurent et Just Fontaine. Les palmarès n’ont pas leur place dans cet ouvrage à la hiérarchie très subjective dans lequel les grands oubliés côtoient les stars éternelles.

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Au-delà des grands noms, Hubert Artus s’intéresse aux phénomènes qui ancrent le football dans la société. La “fièvre verte” qui emporte la France de l’après-68, la lutte anti-hooligans sous Thatcher, le Red Star et ses résistants communistes, le Qatar son gaz et sa Coupe du Monde, Rupert Murdoch et le foot business, la Colombie sous cocaïne, ils trouvent tous leur place dans cette encyclopédie. Nourris par un travail de recherche qu’on devine méticuleux, certains articles sur le football ouvrier ou la naissance du football féminin, sa mort et sa renaissance, sont de véritables perles.

L’auteur y dépeint surtout les tourments d’un sport mondialisé, qui survécut aux tranchées de la Grande Guerre, fut pratiqué de chaque côté du rideau de fer puis dans les stades post-apartheid d’Afrique du Sud. Sans concession, mais avec l’amour du maillot, des bad boys et du beau jeu, Hubert Artus réussit à satisfaire les amateurs comme les néophytes. Gageons même qu’il réussira à convaincre les rugbymaniaques les plus fermés, du moment qu’ils se donnent la peine d’ouvrir le DonQui Foot.

Donqui Foot – Hubert Artus

  • DonQui Foot, Hubert Artus, Don Quichotte, 496 pages, 19,90
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Diaporama sonore – chronologie de l’affaire Plogoff

De l’accord pour la construction d’une centrale nucléaire en Bretagne en 1975, à l’abandon du projet par François Mitterrand tout juste élu en 1981, la Bretagne vit six années d’une lutte antinucléaire intense, dont l’affaire de Plogoff est le sommet.

La chronologie animée que nous vous proposons dans ce dossier n’est qu’un court résumé des principales dates du conflit qui oppose d’un côté le gouvernement Giscard et EDF et de l’autre les habitants de Plogoff avec les militants antinucléaires français. Les événements de Plogoff se déroulent au printemps 1980, pendant l’enquête d’utilité publique que les habitants refusent fermement.

Conseil de lecture : le diaporama est conçu pour être lu la première fois d’une traite, sans intervenir manuellement, afin de profiter de l’ambiance sonore qui correspond aux images. Vous pouvez ensuite revenir sur certains passages pour approfondir des informations grâce aux boutons en forme de croix.

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Bikini mag, le bien ficelé

Scandale moral dans l’après-guerre pudibonde, le bikini était une bombe d’indécence et de vulgarité. Soixante-cinq ans plus tard, les bouts de tissus se muent en magazine, qui sans créer l’effroi, souffle un vent de fraîcheur dans le paysage médiatique breton.

Distribué depuis avril 2011 en Bretagne administrative, Bikini est un nouveau bimestriel très mini. Oui, mais il est gratuit ! Noyé parmi toutes sortes de publications publicitaires et/ou institutionnelles sur les présentoirs des cafèts universitaires et des bars associatifs, Bikini ne mérite pas de boire la tasse. Car malgré sa taille de prospectus pour opérateur mobile, le magazine n’utilise pas des formules creuses pour amadouer le client. Voyons plutôt.

“Rendez-vous en aire inconnue”

En cinquante-six pages hautes en couleurs, Bikini nous envoie loin des sentiers battus. Avec un dossier sur “la plouc culture” de la jeunesse du Kreiz Breizh, une rencontre avec un raëlien et un reportage sur la gestion des chiottes rennaises, la rédac’ n’y est pas allée de main morte dès son premier numéro. Sous couvert de franche rigolade, les articles sont fouillés et les témoignages nombreux. Un militant anti-sectes analyse la présence des organisations pseudo-religieuses dans la péninsule, le rappeur rural MC Circulaire témoigne de la vitalité des campagnes, le responsable propreté de la ville de Rennes décrit le quotidien de ses cuvettes préférées… Il n’en reste pas moins difficile de placer, au détour d’une discussion entre amis, que vous connaissez la proportion des boxes individuels dans le parc des toilettes publiques de la ville. Tentez le coup, vous verrez bien !

Parce que Manau comme représentant du rap breton, ça suffit maintenant.
Parce que Manau comme représentant du rap breton, ça suffit maintenant.

La lubie des journalistes pour les questions incongrues se poursuit dans le numéro deux. Comment vit une aire d’autoroute la nuit ? Qui choisit la programmation musicale des supermarchés ? Respectivement, ce sont Julien Marchand – directeur de la publication et ancien élève de l’IUT de Lannion – et Régis Delanoë – un habitué des pages de So Foot -, qui lèvent les interrogations que nous n’avions pas. C’est de l’enquête de proximité et il fallait y penser !

Le gratuit version haut de gamme

Même si Bikini n’est pas un simple agenda culturel, il demeure un magazine classé dans la catégorie “presse magazine régionale gratuite d’information culturelle & spectacles” au côtés du Cri de l’Ormeau briochin ou du Black Pepper nantais, la plus-value journalistique en plus. Ce qui fait la différence.

Fidèle à sa thématique, le numéro de juin est d’ailleurs consacré en grande partie aux festivals musicaux de l’été, côté scène, coulisse, fosse et comptoir. Outre les conseils de groupes à écouter et de nourritures à fuir, le magazine propose un très bon article sur l’aïeul des Vieilles Charrures, le Festival Elixir. Un flashback dans les années 80 pour se rappeler qu’avant Bruce Sprinsteen à Kerampuilh, il y eut Jimmy Cliff à Saint-Pabu.

Au fil des pages, la personnalité du mag’ s’affirme. Plutôt Sexy Sushi que Nolwen Leroy, Philippe Katerine que Yannick Noah, pour une fois les rédacteurs n’oublient pas de donner leur avis. Sans non plus aller à contre-courant, l’équipe exprime ses choix et multiplie les portraits. Ça fait zizir.

Pour couvrir la saison des festivals, Bikini sévira tout l’été sur Internet. Ce qui nous fait penser à So Ouest, que la concurrence sera rude dans les algecos-presse.

    Les finistériens n'ont pas attendus Christian Troadec pour écouter du rock dans la poussière.
Les finistériens n’ont pas attendus Christian Troadec pour écouter du rock dans la poussière.

A l’image de Tracks sur Arte, Bikini est parfois trash, souvent fun, pop, hype et beaucoup de termes anglais à la fois. Les “18-35 ans” apprécieront ce concept, de mémoire inédit en Bretagne. Vivant uniquement de la publicité, Bikini compte sur un maximum de retours des lecteurs pour convaincre et fidéliser les annonceurs. Espérons donc que les bretons se ruent sur Bikini pour que vive l’impertinence sur papier glacé.

Faites-vous un avis, consultez les versions numériques des deux premiers numéros.

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