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Diapéro, l’évangile du diaporama sonore

Reportage – Mardi 26 février avait lieu le cinquième rendez-vous Diapéro, à Paris. Organisée par les journalistes Gilles Donada, Marianne Rigaux et Paul-Alexis Bernard, la rencontre trimestrielle vise à réunir les adeptes du diaporama sonore. À l’heure ou le journalisme web est en constante évolution, quelle place donner à ce format ?

Chez “La Déviation”, aborder la question du diaporama sonore n’est pas anodin. Pour une raison simple : nous évoluons sur le web. Pour des raisons moins simples : nous nous efforçons d’être les producteurs des contenus présents sur ce site, nous cherchons à sortir du temps journalistique de plus en plus rapide et enfin nous nous questionnons sur les formats journalistiques qu’ouvre le web.

D’après Gilles Donada, en charge du développement éditorial de l’audience digitale web chrétien à Bayard, le diaporama sonore répond en partie à nos questionnements de jeunes journalistes. « Contemplatif et informatif », le format est «  plus puissant en terme de narration que les vidéos qu’on trouve sur le web et à la télé ».

Par l’addition de ces deux moyens d’expression, par un travail judicieux, une sorte de contre-point, de dialogue, de danse même… Il y avait une forme d’expression que je n’avais jamais vu jusque-là.

Gilles Donada découvre le diaporama sonore lorsqu’il est, de 2009 à 2012, responsable du site Pelerin.com. Les photo-reporters du média viennent lui proposer de créer une extension web à leurs reportages diffusés sur la version papier. « Le son apporte du relief », explique-t-il.

Ce sont ces premières rencontres qui poussent Gilles Donada à collaborer avec le service iconographique du magazine.

Valoriser le photo-reportage

Aujourd’hui il œuvre à « l’évangélisation » du format au travers de ces rendez-vous trimestriels. Le temps d’une soirée, les Diapéro permettent de découvrir, de visualiser des diaposons, d’échanger entre journalistes, photographes, réalisateurs, diffuseurs, producteurs et curieux.

Échanger, c’est ce que j’ai fait avec Gilles Donada qui se trouve à l’autre bout de mon micro.

Et alors ? Ce cinquième diapéro ?

Le début des festivités annonçait 19 h. Mais pour ce cinquième rendez-vous, l’évènement se déroule dans un quatrième lieu.

Après le Café de Paris et le Comptoir Général, c’est maintenant au tour des Voûtes, rue des Frigos, à Paris, de passer le test de la qualité visuelle et sonore et de la convivialité. Des critères essentiels pour Marianne Rigaux, journaliste et membre très active des Diapéro.

Les portes n’ouvrent pourtant pas avant 20 h. « On a l’image mais pas de son », entend-on. Le message est clair. Direction le bar pour un moment de convivialité.

Il n’y a pas trop le choix de la boisson, mais le lieu sous les voûtes est chaleureux. J’en profite pour discuter avec un jeune journaliste. Il a entendu parler des Diapéro car il vient juste de suivre une formation dirigée par Marianne Rigaux. Panne de courant. Décidément.

Une fois tous installés dans la salle entre les sièges de cinéma et les chaises de campeur, la rencontre débute avec la réalisation d’une journaliste de France Info. Étonnement ! Radio France investirait le diaporama sonore ?

Mon veau s'appelle Hashtag - Crédits France Info - La Déviation

En réalité, la proposition de Clara Beaudoux tient plus de la Pom (comprendre petite oeuvre multimédia). L’équipe des diapéros ne souhaite pas se restreindre au rendez-vous stricte autour du diaporama sonore.

D’ailleurs, les réalisations se permettent très souvent de courts extraits vidéos. Et de toute évidence, le web casse les formats. Les règles sont souvent faites pour ne pas être respectées. C’est dans cet esprit que les trois organisateurs déclarent Mon veau s’appelle hashtag comme étant leur coup de cœur du trimestre.

 Des photo-reporters, on n’a pas ça en stock.

Radio France va-t-elle développer ce genre de format ?

Réponse en demi-teinte. Et c’est Xavier Meunier qui s’y colle. En tant que rédacteur en chef des nouveaux médias à Radio France, il répond en bon communicant.

Après avoir dispersé quelques mots-clés pour rappeler la équalité exceptionnelle de production du groupe Radio Franceé, il faut bien comprendre que les budgets ne sont pas à destination du web.

Cependant, il rappelle, à raison, que le web est un grand chantier qu’il faut investir. Seulement, pour les quelques pigistes qui espèrent collaborer avec la radio publique, la passerelle entre la FM et la toile semble destinée à l’équipe interne.

Ainsi, pour le travail photographique, c’est Clara Beaudoux elle-même qui s’en charge. Pourquoi ? « Des photo-reporters, on n’a pas ça en stock », répond Xavier Meunier.

Journaliste ou réalisateur ?

Entre en scène, Alexandre Marionneau, qui est conseiller documentaire à France 2. Il coordonne notamment le concours de courts-métrages documentaires Infracourts, diffusés dans le cadre de l’émission Infrarouge. Lors de la première édition du concours, qui s’est achevée début janvier, l’équipe de Diapéro avait largement mobilisé ses troupes.

Le résultat est convaincant, au point que le documentaire Revivre de Christophe Siebert et Sonia Winter se voit sélectionné parmi les dix lauréats. S’il est difficile de remettre en cause le travail des deux réalisateurs, l’objet interroge sur le bon équilibre entre le travail sonore et visuel.

Au fil des projections, il semble que le diaporama sonore soit avant tout une affaire de photographes.

L’intervention de Christophe Siebert, photographe, vient confirmer cette impression. Les témoignages sont difficilement audibles, le son n’est pas propre, alors que les images sont parfaitement maîtrisées.

Marianne Rigaux commence d’ailleurs par lui demander « Comment avez-vous effectué votre captation sonore ? Vous étiez loin, non ? ». La réponse est simple : « J’ai pris le son avec mon deuxième appareil photo. »

D’après Alexandre Marionneau, la réalisation a plu au jury car il traitait le sujet de la maladie d’une façon différente et positive.

Pour l’équipe de Diapéro, savoir que Revivre est diffusé sur France 2 est une victoire. Cela signifie que l’image fixe a aussi sa place et son intérêt à la télévision.

Ouvert à toutes propositions

La dernière partie de soirée s’ouvre sur les Diap’open. Le concept est simple. Chacun est libre d’envoyer ses réalisations auprès de l’équipe qui se chargera d’effectuer une sélection. Ce soir-là, sept diaposons se retrouvent diffusés.

La soirée ne manque pas de rythme. Les réalisations font en général trois ou quatre minutes et sont entrecoupées de courtes interventions, de l’équipe organisatrice ou des journalistes-réalisateurs.

S’enchaînent alors les réalisations avant d’arriver à la dernière étape de ce diapéro : la rencontre. Convivialité oblige, le bar est présent et les lumières sont tamisées. Producteurs, diffuseurs et journalistes peuvent alors profiter de cet instant pour étoffer leur carnet d’adresses.

D’ici là, les diaporamas sonores diffusés sont visible sur Vimeo, car il faudra attendre juin pour le Diapéro #6. Les Voûtes semblent parfaites. Et s’il fait beau, le jardin sera investi.

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Mon frère, ma princesse et le théâtre jeunesse

Diaporama sonore – Le festival Désir Désirs œuvre depuis 21 ans, dans la ville de Tours, à offrir une programmation cinématographique autour de la thématique du genre. Cette année le festival s’est associé à la bibliothèque centrale pour proposer la lecture de Mon frère, ma princesse, pièce de théâtre jeunesse de Catherine Zambon.

Les dernières dénonciations entendues dans les Manifs pour tous envers certains ouvrages comme Papa porte une robe ou Tous à poil ont amené certains militants à réclamer la censure de ces livres dans les bibliothèques municipales.

Je me suis rendu à cette lecture. Mon frère, ma princesse représente-t-il un danger ?

Mercredi 19 février, nous sommes à la bibliothèque centrale de Tours et il est bientôt 16h. La compagnie Möbius-Band semble très sereine à quelques minutes de l’entrée en scène.

Les interrogations portent plus sur la rencontre qui aura lieu après. Les bibliothécaires ont aperçu un homme susceptible de perturber la représentation. « Pas d’inquiétude ! C’est un habitué, il aime juste faire valoir son opinion », nous dit-on. Pauline Bourse, metteuse en scène, précise : « Le débat est fait pour les enfants, nous voulons juste parler du texte. »

“Il n’est pas question de faire des sélections”

Car lorsque la bibliothèque centrale a pris connaissance du projet initié par l’équipe du festival Désir Désirs, la polémique n’existait pas encore. Mais depuis début février, la bibliothèque a reçu un message indiquant une liste des ouvrages à retirer, comme cela a été le cas dans d’autres villes.

Si la démarche militante reste très marginale, elle n’en a pas moins fait réagir les personnes concernées. Colette Girard, adjointe à la culture à la ville de Tours, avait déjà profité de l’inauguration du festival, le 12 février, pour s’indigner contre cet appel à la censure.

Pour Céline Gitton, coordinatrice de l’action culturelle pour la bibliothèque municipale de Tours, « il n’est pas question de faire des sélections, c’est hors de propos pour un bibliothécaire ».

Ce texte parle de l’identité, et le théâtre est bien l’endroit où l’on change d’identité.

La représentation théâtrale souffre malgré elle de l’actualité chargée autour du genre. La rencontre prévue après la lecture n’attire que les adultes et transforme ce moment d’échange en débat sur la littérature jeunesse.

“Doit-on donner autant de visibilité à ces problématiques ?” “Sont-elles sur-représentées ?” “Diffuser une œuvre littéraire traitant du genre est-il un geste politique ?”

Si la contestation a trouvé son unique porte-voix dans l’assemblée, son écho retentit sans encombre, obligeant les comédiens, la bibliothèque et les responsables du festival à justifier méticuleusement leur choix et assurer qu’aucun complot ne vise à transformer nos enfants en ce qu’ils ne sont pas.

Contrairement à ce que le titre Mon frère, ma princesse peut laisser suggérer, Alyan, 5 ans, ne cherche pas à tout prix à devenir une princesse. Au fur de la pièce, il se voit en dragon, en maman, en fée Nayla ou encore en pétunia.

La seule chose dont il ne se réclame pas, c’est bien d’être un garçon, ce qui déclenche bien évidemment les réactions de son entourage. Face à l’incompréhension de la mère et aux moqueries des camarades de classe, sa sœur Nina le défend.

« Ce texte parle de l’identité, explique la metteuse en scène, et le théâtre c’est bien l’endroit où l’on change d’identité. » Car les différents protagonistes qui gravitent autour d’Alyan peuvent difficilement se prévaloir d’être les parfaits stéréotypes masculins et féminins.

La mère avoue ne jamais porter de robe et a un poste à grande responsabilité. Nina joue au foot et trouve les princesses stupides. Et enfin Dillo, camarade de Nina, ne veut pas se battre et trouve le rose cool.

Le comédien Mikaël Teyssié passe d'un personnage à l'autre. - La Déviation
Le comédien Mikaël Teyssié passe d’un personnage à l’autre.

Si le texte de Catherine Zambon réussit à apporter un très beau message de tolérance, la lecture théâtralisée proposée par la compagnie Möbius-Band ouvre une autre dimension à ce récit.

Les deux comédiens disposent de codes vestimentaires (bonnets, vestes) pour interpréter les six personnages principaux de la pièce.

Au fur et à mesure que le rythme de la lecture s’accélère et que les personnages se répondent, les changements de costumes s’emmêlent. Dillo ou Ben se retrouve interprété dans l’ombre du costume d’Alyan et inversement.

Outre la magnifique coordination des comédiens qui réussissent à donner une dimension comique à des endroits où elle n’existait pas dans le texte, les personnages se confondent pour leur apporter une nouvelle lecture. On ne sait plus qui parle. On ne sait plus qui est qui. Et peu importe.

Mon frère, ma princesse a reçu le prix Collidram pour l’édition 2012-2013. Chaque année, l’association Posture invite un comité de collégiens à sélectionner 4 pièces de théâtre contemporaines. Il a également reçu le dixième prix de la pièce de théâtre contemporain pour le jeune public, décerné par la bibliothèque de théâtre Armand Gatti, l’Inspection Académique du Var et le rectorat de Nice.

Mon frère, ma princesse, de Catherine Zambon, éditions l’école des loisirs, 2012, mis en scène par Pauline Bourse, Compagnie Möbius-Band avec Émilie Beauvais, Mikaël Teyssié et Pauine Bourse.

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