Pour la première fois de son histoire, le festival du Chant de marin a dû refuser des visiteurs. La totalité des billets du samedi 5 août étaient épuisés la veille au soir. Ce sont donc au moins 45.000 personnes qui ont déambulé sur les quais de Paimpol cet après-midi, ne sachant où donner de la tête entre, d’un côté, 200 vieux gréements amarrés dans le port, et, de l’autre, les fanfares, bagads et autres troupes d’art de rue.
Voici quatre ans que la marée n’avait pas déposé sa farandole d’artistes et de vieux gréements dans le port de Paimpol. Une olympiade entière à ronger notre frein tant ce rendez-vous tient une place à part dans l’agenda costarmoricain. Dernier aléa en date, ce sérieux coup de vent qui a fait renoncer certaines des plus belles coques de notre patrimoine maritime. Qu’à cela ne tienne, chanteuses, chanteurs, musiciennes et musiciens sont au rendez-vous. Le festival du Chant de marin 2023 commence bien.
L’idéal, pendant les Tonnerres de Brest, c’est de pouvoir prendre la mer… Rien de mieux pour approcher de plus près les géants à voiles et avoir une vue sur l’ensemble de la rade. Report Ouest a eu la chance d’embarquer sur le Lys Noir, un voilier de 1913.
À peine posé le pied sur le pont du Lys Noir, le ton est donné : qui veut participer aux manœuvres sera le bienvenu. En ce premier jour des Tonnerres, c’est un coup de chance, la pluie n’a pas encore pointé son nez. On pourra donc hisser les voiles. Le capitaine Alexandre Lozouet donne une seule consigne : rester assis jusqu’à la sortie du port, visibilité oblige.
Juste le temps de photographier le Sedov qui arrive au 5e bassin, et c’est l’heure de la mise sous voiles : tirer sur le bout et ne jamais s’arrêter. Et voilà le bateau lancé à sa vitesse de croisière. Edmond, l’un des matelots, va alors nous conter deux mots sur notre embarcation.
Le Lys Noir est construit en 1913 sous l’impulsion d’un noble autrichien, le Prince de Roquelyne. Le lys sombre, c’est son blason. Mis à l’eau en 1914 le bateau est cependant vite confisqué à son propriétaire, dès le début de la guerre. Un temps laissé en cale sèche, il est la propriété d’une famille d’Arcachon, jusqu’en 1950.
1913 – 2012 : le compte est facile, une partie du bateau (un tiers) est bientôt centenaire. Aujourd’hui, il est exploité par une association de Granville, qui comprend 180 adhérents.
Les cinq membres d’équipage qui nous entourent sont donc des bénévoles qui, en échange de quelques coups de marteau et de pinceau, naviguent sur la belle coque de Pâques à la Toussaint. Le plus vieux c’est Edmond, 65 ans; la plus jeune Capucine, 10 ans. Une demoiselle très à l’aise sur le pont… Normal, quand on est la fille du capitaine !
Granville, Cancale, Saint-Brieuc, Lézardrieux, Morlaix, l’Aber Wrac’h et Brest : le périple pour venir aux Tonnerres a souvent été arrosé de pluie… Mais pour Edmond, la rade de Brest, c’est l’idéal : “on a le vent, mais pas la grosse mer.” Et même si le grand repas des équipages a dû être annulé (la faute à la météo), Edmond n’a aucun doute sur l’ambiance de la semaine à venir : “les fêtes de Brest, je les ai toutes faites ! C’est que du bonheur…”