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[Vidéos] À Lannion, la « régulation » des urgences hospitalières indigne des milliers de manifestants

L’inquiétante dégradation de l’offre de soins dans les Côtes-d’Armor a fait descendre au moins 3.000 personnes dans les rues de Lannion, le samedi 13 janvier 2024. Une affluence qui a dépassé les attentes du comité de défense de l’hôpital, en lutte contre la « régulation » des urgences.

L’accès aux urgences de Lannion, de 19 h à 8 h le lendemain matin, ne sera plus possible qu’après l’accord des médecins régulateurs du Samu, à compter du 1er mars. L’annonce faite aux personnels par la direction mi-décembre a été confirmée à la presse par Ariane Bénard, directrice du groupement hospitalier d’Armor, le 11 janvier. Ces « régulations » sont monnaies courantes depuis l’application de la loi Rist, qui plafonne le recours à l’intérim médical dans le public. En cause, le manque de médecins. Seuls six postes d’urgentistes sur quatorze sont actuellement pourvus.

« LES URGENCES DE LANNION NE FERMERONT PAS », SE PROMETTENT LES MANIFESTANTS - 13 janvier 2024
Le comité de défense de l’hôpital de Lannion a été surpris par l’affluence à sa manifestation du 13 janvier 2024. « J’avais déclaré 500 personnes », s’étonne sa fondatrice, Anne-Marie Durand.

« Est-ce que ce n’est pas encore une stratégie de fabrication de la pénurie, à la mode Guingamp, quand l’Agence régionale de santé préparait la fermeture de la maternité ? », interroge Anne-Marie Durand, lors de sa prise de parole sur les marches de la mairie. La représentante du comité de défense assure que la dégradation de l’accueil des patients aux urgences entraîne une « perte de chances », c’est-à-dire des morts évitables.

« Depuis des dizaines d’années, des réformes successives ont eu comme conséquence de diminuer l’offre du service public de santé. Les hôpitaux auxquels on a imposé des budgets inférieurs aux besoins sont aujourd’hui sinistrés », attaque pour sa part Pascal Lasbleiz. Infirmier et délégué CGT pour l’hôpital, il se fait également porte-parole de Sophie Binet, secrétaire générale de la confédération, qui a transmis un message de soutien aux manifestants.

« Des victimes ? Le devoir de réserve m’interdit de vous le dire »

Une quarantaine d’élus du Trégor ont participé à la manifestation, appelée par le comité de défense, des syndicats et des partis de gauche. La députée LFI de Guingamp était présente, mais pas le député Renaissance de la circonscription. Crédits Maryannick Lavielle

« Nous n’irons pas tous à Necker nous faire soigner en allant à Paris faire nos emplettes, cingle le représentant des pompiers Sébastien Guégan. Il y a-t-il eu des victimes de cette situation ? Le devoir de réserve m’interdit de vous le dire. »

D’après le délégué CGT au Service d’incendie et de secours des Côtes-d’Armor (Sdis 22), des mesures prises à travers la loi Rist pénalisent aussi le financement des sapeurs-pompiers. « Le centre de secours de Tréguier est fermé la journée, avec des incidences qui sont graves. Rostrenen, c’est pareil. Il y a des déserts. […] Ce sont bien les victimes que nous transportons qui trinquent en premier. Où sommes-nous pour imposer le trajet Perros-Guingamp à une victime se tordant de douleur quand l’hôpital de Lannion est fermé ? »

« Nos actions ne s’arrêteront que lorsque nos objectifs communs seront atteints, c’est-à-dire santé et dignité partout et pour tous. »

Olivier Houzet, maire de Saint-Quay-Perros

Olivier Houzet, maire de Saint-Quay-Perros, lit la lettre ouverte adressée cette semaine au gouvernement par plus de 80 élus des Côtes-d’Armor. « Nous demandons à l’État de respecter le droit fondamental de jouir du meilleur état de santé physique et mental possible, sans discrimination. […] Nous demandons à être reçus par les ministres concernés. Nos actions ne s’arrêteront que lorsque nos objectifs communs seront atteints, c’est-à-dire santé et dignité partout et pour tous. »

Le maire PS de Lannion, également président du conseil de surveillance de l’hôpital, prend la parole pour exprimer son « mécontentement contre le fonctionnement du système de santé actuel ». Paul Le Bihan met en avant les emplois générés par l’hôpital, premier employeur public du territoire, et les conséquences en termes d’attractivité pour la ville. « Dès que j’ai eu connaissance du projet de régulation pour plusieurs mois pour 2024, j’ai exprimé ma désapprobation considérant cette proposition comme inacceptable et aggravant fortement la situation déjà insatisfaisante. »

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Quelques manifestants ont rallongé leur marche jusqu’à la permanence du député Rennaissance de Lannion-Paimpol, avec des membres de la fanfare Waso. Crédits Maryannick Lavielle

Une quarantaine d’élus ont participé à la manifestation ceints de leur écharpe tricolore, dont le président macroniste de Lannion Trégor communauté, Gervais Egault, ou la députée (LFI-Nupes) de Guingamp, Muriel Lepvraud.

En revanche, l’absence du député (Renaissance), Eric Bothorel a été remarquée. Quelques dizaines de personnes ont d’ailleurs accompagné la fanfare Waso jusqu’aux marches de sa permanences, place du Marchallac’h, réclamant « du fric pour les services publics ».

« UN ROULEAU-COMPRESSEUR DÉTRUIT L'HÔPITAL », ANNE-MARIE DURAND - Lannion, 13 janvier 2024
Interrogée sur les conséquences potentiellement mortelles de la « régulation » des urgences, Anne-Marie Durand affirme « avoir des témoignages », mais que « les familles en état de sidération n’arrivent pas à demander des comptes à l’administration et ne veulent pas que les causes soient reportées sur les soignants ».

« Cette large mobilisation de la population du Trégor et même de plus loin n’est qu’une première étape. Nous continuerons jusqu’à obtenir des résultats probants », promet Anne-Marie Durand. Le comité de défense demande aux autorités l’organisation d’une table ronde locale associant les citoyens, les personnels, les syndicats, les élus, avant la fin du mois. Le sous-préfet sera également sollicité pour un rendez-vous la semaine prochaine.

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[Vidéos] Des salaires au climat, pourquoi manifestaient-ils ce 13 octobre à Lannion

Quatre mois après les derniers feux de la bataille des retraites, l’intersyndicale du Trégor n’a guère mobilisé au-delà des rangs militants, vendredi 13 octobre 2023. Mais parce qu’il faut se méfier de l’eau qui dort, nous avons tendu l’oreille pour comprendre ce qui fait marcher ceux qui ont fait le déplacement.

Premier rendez-vous syndical majeur depuis la rentrée, si l’on compte à part la mobilisation contre le racisme et les violences policières du 23 septembre, cette journée de grève interprofessionnelle devait rallumer la flamme du mouvement social. À Lannion, sous-préfecture des Côtes-d’Armor, seuls 350 motivés ont suivi les porteurs de banderole pour un « petit tour des ponts » autour du Léguer. Loin des 7.000 manifestants comptés régulièrement par les képis au printemps.

Si les drapeaux de la CGT et de la CFDT ont de nouveau flotté dans la même direction, localement, la confédération Force ouvrière s’est fait porter pâle.

Dans l’argumentaire déployé pour rejoindre les cortèges par la CGT, l’opposition au report de l’âge légal de départ à la retraite n’est plus que la cinquième raison citée. Derrière l’augmentation générale des salaires, l’égalité femmes-hommes, la défense des services publics et la « transition écologique socialement juste ». Volonté de tourner la page ou dépit ? Que ce soit à la tribune ou sur le pavé, nul ne souhaite s’appesantir sur le revers majeur subi plus tôt dans l’année.

« Les riches n’ont jamais été aussi riches et les Restos du cœur n’arrivent plus à fournir »

« MÊME EN TRAVAILLANT SE LOGER DEVIENT COMPLIQUÉ », ROBIN MAILLOT (UNSA) / Lannion - 13 octobre 2023

« C’est une date européenne qui intervient dans un contexte très difficile pour les citoyens qui ont le moins, convient Robin Maillot, représentant du personnel pour l’Unsa dans l’éducation. Plus ça va, plus les prix augmentent et je pense qu’on n’a pas fini de parler de l’énergie. Les coûts de l’énergie pour les collèges et les lycées, qui vont retomber sur les conseils départementaux et régionaux, vont exploser. »

L’été a aussi laissé des traces à l’hôpital. Faute de personnels suffisants, les urgences de nombreux établissements ne sont régulièrement plus accessibles la nuit sans passer par la régulation du Samu. À Guingamp, les accouchements ne sont plus assurés.

« On voit qu’on gère la misère, constate Robin Maillot. Inversement, on a des aides aux entreprises absolument pas assujetties à des contreparties ce qui est particulièrement inadmissible. Les riches n’ont jamais été aussi riches et les Restos du cœur n’arrivent plus à fournir. »

La conférence sociale promise par Emmanuel Macron pour se pencher sur les branches professionnelles dont des échelons débutent sous le Smic et inaugurée le 16 octobre par Élisabeth Borne ne suscite aucun enthousiasme.

Dans les rangs de la jeunesse, si les questions sociales demeurent importantes, les préoccupations environnementales affleurent rapidement.

« Je me suis préparé à mourir »

Pancarte louant « la seule planète le kouign-amann existe », Mona, déplore que « le gouvernement ne fasse rien du tout pour l’écologie ». La lycéenne en arts du cirque à Savina, venue spécialement avec ses camarades de Tréguier, aimerait que les politiques s’attaquent à la fast-fashion, à savoir la mode éphémère qui implique une production massive de vêtements dans des pays où la main-d’œuvre est sous-payée voire exploitée. « On s’habille tous en frip’, donc il y a plein de moyens de faire autrement. »

« IL FAUT AGIR CONTRE LA FAST FASHION », MONA ET ZOÉ, LYCÉENNES / Lannion - 13 octobre 2023

Pas beaucoup plus âgé que Mona, Winaël a déjà expérimenté la violence d’État.

« À Sainte-Soline, avant d’y aller, je me suis préparé à mourir, j’ai dû prévenir des proches que potentiellement j’irai mourir et je suis passé pas très loin de la mort », témoigne dans un calme déconcertant ce lycéen nazairien, dont le casque est décoré d’un autocollant “no bassaran”.

Le 25 mars 2023, il participait à la manifestation contre la construction de méga-bassines dans les Deux-Sèvres, lors de laquelle plus de 5.000 grenades lacrymogènes et de désencerclement ont été tirées par les gendarmes.

Un rapport des observatoires des libertés publiques et des pratiques policières cosigné par la Ligue des droits de l’homme (LDH) reprend le bilan délivré par les Soulèvements de la Terre, à savoir 200 manifestants blessés dont 40 gravement, 20 mutilées ou au pronostic fonctionnel engagé parmi lesquelles une personne au pronostic vital engagé. Peu après les affrontements, le procureur du département avait lui annoncé 47 gendarmes blessés, dont deux en urgence absolue lors de leur prise en charge, et deux journalistes en urgence relative.

« Si le gouvernement me considère comme “éco-terroriste”, ça en devient une légion d’honneur parce que la vraie répression, la vraie violence, elle n’est pas de soutenir les familles des vitrines. Ce sont les gens qui sont mutilés, qui meurent. […] Même l’Onu considère la France comme une démocratie défaillante, poursuit le militant du Mouvement national lycéen (MNL). Là, le gouvernement veut réautoriser le glyphosate, qui cause des troubles sur les cerveaux des enfants. Il favorise le profit avant tout. »

« AVANT SAINTE-SOLINE, JE ME SUIS PRÉPARÉ À MOURIR », WINAËL (MNL) / Lannion - 13 octobre 2023

Les questions internationales ont quant à elles été soigneusement évitées dans le discours lu à trois voix par des représentantes de la FSU, de la CFDT et de la CGT juste avant le défilé. Les organisations syndicales ont rappelé leur « attachement aux valeurs républicaines, aux libertés démocratiques, individuelles et collectives, en particulier le droit de grève et de manifestation ». Est-ce une allusion au télégramme du ministre de l’Intérieur demandant au préfet d’interdire toute manifestation pro-palestinienne ?

Au pied du podium, un tract distribué par l’association France Palestine Solidarité Trégor met les pieds dans le plat. Après une dénonciation « sans ambiguïté » de l’attaque du Hamas qui a « pris pour cible de très nombreux civils non armés », l’organisation alerte sur la réponse du gouvernement israélien. « Une escalade placée sous le signe de la vengeance » face à laquelle l’AFPS réclame des autorités françaises et européennes qu’elles se mobilisent pour un cessez-le-feu immédiat.

Le chaos du monde qui ébranle la coalition de gauche à l’Assemblée nationale mettra-t-elle en sourdine les aspirations sociales et écologistes ? Alors que la résurgence d’attentats islamistes favorise les discours martiaux et la désignation de boucs émissaires, les militants ont de quoi être inquiets.

« CONTRE L’AUSTÉRITÉ EN FRANCE COMME EN EUROPE », DISCOURS INTERSYNDICAL / Lannion - 13 octobre 2023
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[Vidéo] Carence fautive de l’État sur les algues vertes : le ministre de l’écologie Christophe Béchu botte en touche

CARENCE FAUTIVE SUR LES ALGUES VERTES : CHRISTOPHE BÉCHU BOTTE EN TOUCHE / Île-Grande - 25 août 2023
Christophe Béchu n’a pas expliqué comment le gouvernement comptait répondre à l’injonction des juges administratifs de lutter plus efficacement contre les algues vertes, lors de sa visite dans les Côtes-d’Armor, le 25 août 2023.

« Vous avez votre réponse », clôt Christophe Béchu. Et quelle réponse ! Lors de sa visite dans les Côtes-d’Armor, ce vendredi 25 août 2023, le ministre de la Transition écologique a été interrogé au sujet de la récente et inédite condamnation de l’État pour le préjudice écologique causé par la prolifération d’algues vertes en baie de Saint-Brieuc. « À ce stade », le ministre ne peut pas dire quelles suites seront données à cette décision. Tic-tac, il reste trois mois.

Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, s’est rendu à la station ornithologique de l’Île Grande, gérée par la Ligue de protection des oiseaux (LPO), le 25 août 2023. Venu avec Sarah El Haïry (secrétaire d’État à la biodiversité) et Hervé Berville (en charge de la mer) pour inaugurer la récente extension du périmètre de la réserve naturelle des Sept-Îles, qui abrite l’unique colonie de fous de Bassan en France, il a été reçu par le président de la LPO, Allain Bougrain-Dubourg.

Lors d’un rapide point presse, Christophe Béchu a été interrogé au sujet de la décision du tribunal administratif de Rennes rendue le 18 juillet, qui reconnaît pour la première fois le préjudice écologique des marées vertes. L’association Sauvegarde du Trégor Goëlo Penthièvre, présidée par le lanceur d’alerte Yves-Marie Le Lay, a obtenu la condamnation du préfet des Côtes-d’Armor pour carence fautive.

Les juges enjoignent à l’État de prévoir dans un délai de quatre mois des prescriptions applicables aux grandes exploitations agricoles pour limiter l’apport azoté et donc réduire le phénomène d’eutrophisation à l’origine des algues vertes. Les seuils doivent être conformes aux préconisations scientifiques. Le préfet doit aussi programmer un contrôle périodique des installations situées sur le territoire de la réserve naturelle.

Cette saison est marquée par un retour en force des algues vertes en baie de Saint-Brieuc. « Le mois d’août n’a pas connu la décroissance habituelle : leur présence est de 30 % supérieure aux normales saisonnières. À court terme, c’est inquiétant », renseignait Sylvain Ballu, le « monsieur algues vertes » du Centre d’étude et de valorisation des algues (Ceva), le 23 août, dans Ouest-France.

La réponse in extenso de Christophe Béchu

« La décision date du milieu du mois de juillet. On est un mois après. Le ministère est en train de regarder. La volonté de lutter globalement contre la prolifération des algues vertes et l’ensemble de ses conséquences, elle existe. On est plutôt sur des tendances au cours de ces dernières années qui sont moins négatives que celles qu’on a pu connaître par le passé. Ce sont des sujets qu’on prend très au sérieux, sur lesquels on se mobilise, mais je ne peux pas vous répondre de manière spécifique sur la suite qui sera donnée à cette décision du tribunal administratif puisqu’elle fait l’objet d’un examen croisé entre nos différents ministères. En revanche, elle nous rappelle qu’on a la nécessité d’agir et d’agir davantage, on n’a pas attendu cette décision pour le faire et c’est précisément ce que nous faisons depuis quelques années.

– Il semble qu’il y a un rebond de la présence d’algues vertes, en particulier dans les Côtes-d’Armor, cette saison.

– Écoutez pour le moment ce ne sont pas les éléments que j’ai. Vous savez qu’il y a une corrélation assez forte entre la météo et en particulier le taux de pluviométrie et la réalité d’une partie de cette prolifération. Ensuite, je me méfie des chiffres parce qu’entre les chiffres qui consistent à regarder ce qu’on a évacué et les chiffres qui consistent à regarder ce qu’on peut constater, il peut y avoir des écarts donc je ne me prête pas à…

– Non, ce sont les survols du Centre d’étude et de valorisation des algues (Ceva) en fait.

– A ce stade, vous avez votre réponse. »

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« Le syndicalisme pour changer la société », 50 ans de lutte vues par Solidaires Bretagne

C’est un film resté dans les cartons pendant quatre longues années. Une commande passée par Solidaires Bretagne au journaliste Gwenvaël Delanoë. Dans « Le Syndicalisme pour changer la société » – documentaire en trois parties visible ci-dessous -, plusieurs militant·es mus par les idéaux libertaires analysent l’émergence d’une structure singulière dans le paysage syndical, à l’heure du néolibéralisme triomphant.

« On voulait montrer la trahison de la social-démocratie et du syndicalisme d’accompagnement. On n’est pas si nombreux à avoir vécu ça de l’intérieur », explique d’emblée Serge Le Quéau. À 70 ans, l’ancien facteur siège depuis peu au Conseil social économique et environnemental (Cese) au nom de l’Union syndicale Solidaires. La prolongation d’une vie de lutte, essentiellement menée comme postier, du Finistère aux Côtes-d’Armor en passant par Paris. Porteur de divers mandats sous l’étiquette de la CFDT, il a vu son organisation, jadis autogestionnaire, se transformer sous l’ère Mitterrand. Jusqu’à à la rupture et la fondation de Sud PTT, en 1989.

« On pourrait encore en dire beaucoup sur les connivences entre Edmont Maire et Jacques Delors. François Ruffin a repris cette histoire dans “Faut-il faire sauter Bruxelles ?“, un fascicule sorti en 2014 », se remémore celui qui fut aussi l’un des fondateurs d’Attac dans les années 1990.

Floriane Hédé fait partie des militant·es auquel Serge Le Quéau a passé le flambeau, à La Poste comme au sein de Solidaires Côtes-d’Armor. Et qui souhaite faire vivre cette mémoire. Dans le film, elle témoigne depuis le port du Légué de la fermeture du centre de tri de Saint-Brieuc en 2012 et du mouvement des Gilets jaunes, auquel elle a participé.

Le documentaire réalisé par le journaliste Gwenvaël Delanoë aborde le retour du traitement policier des mouvements sociaux. Si la répression n’a fait que s’accentuer depuis 2019, Floriane Hédé retient une évolution positive et inattendue : « Sur les retraites, la CFDT a fait l’union jusqu’au bout ». Pas suffisant néanmoins pour l’emporter.

Rien qui n’empêche de faire circuler ce film, qui, jusqu’à sa mise en ligne la semaine dernière n’avait été vu que par quelques dizaines de privilégiés. Serge Le Quéau et Floriane Hédé aimeraient s’en servir comme support lors de débats publics. Et pourquoi pas tirer un livre des 50 heures de rushes qui dorment pour l’heure sur des disques durs ?

1968 – 1978 : La Révolution qui vient

Le syndicalisme pour changer de société 1
Engouements, perspectives et trahisons après Mai 68

1978-1995 : Un loup dans la bergerie

Le syndicalisme pour changer de société 2
De la « gauche » au pouvoir à la création de Sud

1995 – aujourd’hui : Arrêter le massacre

Le syndicalisme pour changer de société 3
Code du travail, retraites, les services publics : Les enjeux contemporains du syndicalisme

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Survol interdit des Sept-Îles, la Patrouille de France mise en cause dans un rapport

Les meetings de la Patrouille de France nécessitent une extrême précision. Pourtant, un rapport des gestionnaires de la réserve naturelle des Sept-Îles fait état de survols multiples et récurrents de la fragile colonie de fous de Bassan, lorsque les Alpha Jet se produisent à Perros-Guirec. Cela en dépit des arrêtés d’interdiction. L’année 2023 fera-t-elle exception ?

Le 27 août 2022, Armel Deniau et Grégoire Delavaud, salariés de la station LPO de l’île-Grande, près de Lannion (Côtes-d’Armor) embarquent pour une mission singulière. Ils partent pour la réserve naturelle des Sept-Îles, dont la Ligue de protection des oiseaux est gestionnaire. Objectif : observer les avions de la Patrouille de France lors de leur entraînement. Ils recensent 14 survols de l’est de l’archipel « autour et au-dessus des îles Malban et Rouzic », entre 15 h 38 et 16 h 30.

Le lendemain, tandis que la foule se masse à Trestraou ou Ploumanac’h pour admirer les acrobaties aériennes, les gardes techniciens, dont un assermenté, notent dans leur cahier 16 nouveaux survols, entre 15 h 15 et 15 h 54.

Extrait du rapport d'activité de la Réserve naturelle des Sept-Îles pour 2022 (page 20).
Extrait du rapport d’activité de la Réserve naturelle des Sept-Îles pour 2022 (page 20).

L’archipel est le refuge privilégié des oiseaux marins. L’île Rouzic accueille l’unique colonie de reproduction de fous de Bassan de France, la deuxième colonie de phoques gris et la quasi-totalité des macareux moines, puffins des Anglais et pingouins torda visibles dans le pays. Une paix troublée par le passage d’intrus aux ailes métalliques. Le 27 août, les avions ont provoqué huit envols dans la colonie de fous de Bassan, dont deux particulièrement importants. Puis six autres envols le 28 août.

Des survols interdits par arrêté

Ce bilan chiffré est présenté dans le rapport d’activités de la réserve naturelle pour 2022, photos à l’appui (à télécharger ici en pdf).

Ce rapport est accablant pour les autorités car il décrit des violations répétées de l’arrêté interpréfectoral n° 2022/173 du 1er août 2022 (pdf), qui réglemente le spectacle de la Patrouille de France à Perros-Guirec.

Son article 3 indique que « le survol des Sept-Îles est interdit ». La phrase est écrite en gras et surlignée. Plus loin, l’article 14 définit les missions du directeur des vols et de son suppléant. Ils doivent, entre autres, « rappeler lors du briefing préalable aux vols l’interdiction du survol de la zone définie à l’article 3 notamment l’interdiction de tout survol des Sept-Îles » (extrait de nouveau écrit en gras).

Difficile d'être plus explicite (page 3 de l'arrêté préfectoral n°2022/173).
Difficile d’être plus explicite (page 3 de l’arrêté préfectoral n°2022/173).

Selon Pascal Provost, le conservateur de la réserve naturelle, les arrêtés préfectoraux sont bafoués de façon récurrente, générant des envols de fous de Bassan par centaines ou milliers.

Une colonie presque anéantie par l’influenza aviaire

En 2022, ce « dérangement » s’est produit dans un contexte noir. Les oiseaux ont été décimés par le virus de l’influenza aviaire hautement pathogène. La LPO calcule qu’entre 58 et 86 % des adultes sont morts, soit 20.000 à 27.000 individus. En l’absence de leurs parents, seuls 3 à 20 % des juvéniles ont survécu.

Sur leur ilôt rocheux situé à quatre miles nautiques du continent (environ 7,5 km), les oiseaux sont soumis à des pressions multiples, toutes liées aux activités humaines. La liste établie par Pascal Provost s’allonge : baisse des ressources en poissons, captures accidentelles dans les engins de pêche le long des routes migratoires, changement climatique… Le rapport d’activité mentionne aussi la présence d’une nappe d’hydrocarbure de 200 x 80 m, observée le 22 juin 2022. « Les effets combinés [de ces pressions] sont connus pour mener à une extinction locale », s’inquiètent les rapporteurs.

Un an plus tard, la colonie convalescente recevra-t-elle de nouvelles visites indésirables ?

Malgré les polémiques récurrentes sur le coût écologique du meeting de la PAF, Perros-Guirec n’a nullement l’intention d’abandonner ce temps fort de la saison touristique. La cité balnéaire de la côte de Granit Rose s’attend à recevoir 50.000 visiteurs durant le weekend des 19 et 20 août. « Pour nous, l’impact sur l’environnement est relativement minime », estimait le maire (divers droit), Erven Léon, sur France 3, le 9 août dernier.

Pour ce 40e passage de la « PAF » dans la cité des hortensias, des démonstrations de parachutisme et de sauvetage en mer depuis un hélicoptère de la marine nationale sont également prévues.

Patrouille de France / Perros- Guirec / Bretagne/  2021
Meeting de la Patrouille de France à Perros-Guirec en 2021.

L’arrêté préfectoral signé par le préfet maritime de l’Atlantique et le préfet des Côtes-d’Armor le 9 août 2023 (pdf) prévoit à son article 8 des « prescriptions relatives à la protection de l’environnement ». Toutefois, ce ne sont plus « les Sept-Îles » de façon indiscriminée qui sont interdites de survol, mais simplement l’île Rouzic et ses abords (voir carte ci-dessous). Le reste du territoire de la réserve naturelle, dont la superficie a été multipliée par 70, par décret du 19 juillet 2023, peut être survolé à une hauteur minimale de 985 pieds (300 m).

Or, les agents de LPO ont noté dans leur rapport que « des envols importants » de fous de Bassan se sont produits en 2022, « malgré l’altitude du vol ».

La zone d'interdiction totale de survol prévue dans l'arrêté n°2023/154 ne concerne que l'île Rouzic et son estran (carte page 15).
La zone d’interdiction totale de survol prévue dans l’arrêté n°2023/154 ne concerne que l’île Rouzic et son estran (page 15).

Les autorités sont chargées de vérifier les trajectoires des avions. Contactée, la préfecture maritime nous précise que ce contrôle sera assuré par des acteurs civils et militaires.

De son côté, Pascal Provost indique que des agents de la LPO prendront la mer pour mener leurs propres observations. Des fois que l’État ne respecte pas les règles qu’il édicte lui-même.

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[Vidéos et photos] Regard sur le samedi au festival du Chant de marin 2023

Force 5 sur Paimpol. Ce n’est pas le nom d’un des 160 groupes programmées au festival du Chant de marin, mais bien la vitesse atteinte par le vent sur le port. Obligeant les organisateurs à décaler l’ouverture des scènes Pempoull, Michel-Pinc et Le Gallant. Si les billetteries sont restées fermées, la météo n’y est cette fois pour rien. Pour la première fois, la jauge maximale des réservations a été atteinte. Soit plus de 50 000 paires d’oreilles pour écouter Matmatah, Lalala Napoli, Alela Diane, Folkrose, Lila Downs, Maria Mazzota ou encore Denez Prigent.

Pour vous plonger dans l’ambiance autour des quais, regardez par ici.

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Denez Prigent

DENEZ PRIGENT AU FESTIVAL DU CHANT DE MARIN 2023 / PAIMPOL - 5 août 2023

Lalala Napoli

LALALA NAPOLI AU FESTIVAL DU CHANT DE MARIN 2023 / Paimpol - 5 août 2023

Maria Mazzota

MARIA MAZZOTTA AU FESTIVAL DU CHANT DE MARIN 2023 / Paimpol - 5 août 2023

Lila Downs

LILA DOWNS AU FESTIVAL DU CHANT DE MARIN 2023 / Paimpol - 5 août 2023

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[Album photo] Le long des quais de Paimpol pendant le festival du Chant de marin 2023

Pour la première fois de son histoire, le festival du Chant de marin a dû refuser des visiteurs. La totalité des billets du samedi 5 août étaient épuisés la veille au soir. Ce sont donc au moins 45.000 personnes qui ont déambulé sur les quais de Paimpol cet après-midi, ne sachant où donner de la tête entre, d’un côté, 200 vieux gréements amarrés dans le port, et, de l’autre, les fanfares, bagads et autres troupes d’art de rue.

Pour vous remémorer les concerts du samedi en images, regardez par ici.

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[Vidéos] Regard sur le vendredi au festival du Chant de Marin de Paimpol 2023

REGARD SUR LE VENDREDI AU FESTIVAL DU CHANT DE MARIN / Paimpol - 4 août 2023
Avec Stéphan Eicher, Tuuletar, Oumou Sangaré, Ladaniva, Orange Blossom et les Fleurs du mal et La Femme

Voici quatre ans que la marée n’avait pas déposé sa farandole d’artistes et de vieux gréements dans le port de Paimpol. Une olympiade entière à ronger notre frein tant ce rendez-vous tient une place à part dans l’agenda costarmoricain. Dernier aléa en date, ce sérieux coup de vent qui a fait renoncer certaines des plus belles coques de notre patrimoine maritime. Qu’à cela ne tienne, chanteuses, chanteurs, musiciennes et musiciens sont au rendez-vous. Le festival du Chant de marin 2023 commence bien.

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La Femme

LA FEMME AU FESTIVAL DU CHANT DE MARIN 2023 / PAIMPOL - 4 août 2023

Orange Blossom & Les Fleurs du métal

ORANGE BLOSSOM & LES FLEURS DE MÉTAL AU FESTIVAL DU CHANT DE MARIN 2023 / PAIMPOL - 4 août 2023

Oumou Sangaré

OUMOU SANGARÉ AU FESTIVAL DU CHANT DE MARIN 2023 / PAIMPOL - 4 août 2023

Stephan Eicher

STEPHAN EICHER AU FESTIVAL DU CHANT DE MARIN 2023 / PAIMPOL - 4 août 2023

Ladaniva (France-Arménie)

LADANIVA AU FESTIVAL DU CHANT DE MARIN 2023 / PAIMPOL - 4 août 2023

Tuuletar (Finlande)

TUULETAR AU FESTIVAL DU CHANT DE MARIN 2023 / Paimpol - 4 août 2023

La Banda d’Objat

LA BANDA D'OJJAT AU FESTIVAL DU CHANT DE MARIN 2023 / PAIMPOL - 4 août 2023

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[Vidéo] Les Algues vertes : porter l’alerte au cinéma

« METTRE EN LUMIÈRE LE PROBLÈME DES ALGUES VERTES », PIERRE JOLIVET / Plestin - 3 juin 2023

Yves-Marie Le Lay a fait reconnaître cette semaine par la justice administrative le préjudice écologique causé par les marées vertes en baie de Saint-Brieuc. Une victoire qui intervient au moment où le film « Les Algues vertes » de Pierre Jolivet séduit un large public au cinéma. Début juin, nous avions réuni le lanceur d’alerte breton et le réalisateur pour une interview croisée, lors d’une avant-première organisée à Plestin-les-Grèves (22).

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Des Jeunes agriculteurs s’en prennent aux lanceurs d’alerte du film « Algues vertes » à Lannion

Lors de la projection des « Algues vertes », ce jeudi soir, au cinéma de Lannion (Côtes-d’Armor), des membres des Jeunes agriculteurs attendaient les lanceurs d’alerte à la sortie. Insultes, menaces, intimidations : c’est une avant-première sous pression qui s’est déroulée dans l’une des villes où le film de Pierre Jolivet et Inès Léraud a été tourné. Je vous raconte.

Il est 20 h 45 lorsque la séance des « Algues vertes » démarre, dans la salle n°1 des Baladins, à deux pas de la gare de Lannion. Laurent Lintanf et Laurence Perron viennent d’introduire cette séance très spéciale, coorganisée avec la LPO Bretagne, devant 279 spectateurs.

Les militants Nupes du Trégor présentent rapidement le plateau d’intervenants qui viendra répondre aux questions du public quand les lumières se rallumeront : Yves-Marie Le Lay, lanceur d’alerte sur les marées vertes, Pierre Philippe, l’urgentiste que les autorités ont ignoré lorsqu’il a averti sur le danger mortel de l’hydrogène sulfuré dès 1989, Serge Le Quéau, syndicaliste et membre du Cese, sans qui l’affaire des intoxiqués de Nutrea-Triskalia n’aurait sans doute jamais été révélée, Viviane Troadec et Ludovic Brossard de la LPO Bretagne, et Benoît Allain, éleveur laitier membre de la Confédération paysanne.

« On se retrouvera ! »

Les réservations sont closes depuis trois jours. « Aujourd’hui on a reçu cent appels », explique le guichetier à des retardataires qui devront attendre la sortie nationale, le 12 juillet. Au milieu des curieux et des familles venues voir Indiana Jones, se trouve un groupe de jeunes hommes qui n’est visiblement pas là pour l’amour du 7e art.

Il s’agit de membres des Jeunes agriculteurs, émanation de la FNSEA. Certains sont éleveurs de porcs ou de lapins près de Tréguier. Convaincus que le film dessert leurs intérêts. Le ton monte rapidement contre Yves-Marie Le Lay, l’inlassable pourfendeur de agro-industrie, connu comme le loup blanc. Il était suppléant de la candidate LFI-Nupes défaite au second tour des législatives, à Lannion, l’an dernier. Ce que l’un de ses contempteurs ne manquera pas de relever.

230630 - Projection sous tension Les Algues vertes Pierre Jolivet et Inès léraud livres à vendred Crédits Sylvain Ernault
Le livre d’Yves Marie Le Lay « Algues vertes, un scandale d’Etat » était à vendre à la sortie de l’avant-première organisée à Lannion. Crédits Sylvain Ernault

Il est convenu que je dîne avec les intervenants au Breizh Shelter, le restaurant qui fait face du cinéma. Puis que je tienne une table de presse dans le hall pour Splann  !, l’ONG d’enquêtes journalistique en Bretagne cofondée avec Inès Léraud en 2021 (soutenez-vous !).

Du hall, nous arrivons sur les marches, à la demande des responsables du cinéma qui sentent que la situation peut déraper. En effet, le plus bavard et probablement le plus costaud des huit gaillards ne cesse d’affirmer à Le Lay : « On se retrouvera ! » Quarante ans et une tête séparent les deux hommes.

Mon téléphone arraché des mains

J’interviens dans ce qui est devenu une esclandre publique pour mettre des mots sur la situation : une intimidation qui vise à faire taire. Je fais valoir ma qualité de journaliste. Lorsque j’annonce vouloir filmer la scène, le meneur de la bande saisit mon téléphone, m’intimant l’ordre d’effacer la vidéo. Ce dont je n’ai pas l’intention. J’arrache finalement mon appareil, le tirant de fort mauvaises mains, après trente secondes confuses qui auraient pu mal se finir.

Les deux groupes se séparent. Avec les organisateurs et intervenants, nous gagnons le restaurant. Les JA restent un moment sur le parvis des Baladins, avant de s’installer en terrasse. Il y a une vitre entre nous et des serveurs compréhensifs. Entre temps, la police nationale, appelée sur les lieux, est allée discuter avec l’équipe du cinéma et les agriculteurs. J’ai également parlé avec les fonctionnaires, qui me conseillent d’être « prudents ». L’une des agents est munie d’une « caméra piétonne ».

230629 - Projection Les Algues vertes Pierre Jolivet et Inès Léraud plateau d'invités Lannion Crédits Patricia Polyak
Les organisateurs de la soirée ont réuni un plateau d’invités comprenant les lanceurs d’alerte Yves-Marie Le Lay et Pierre Philippe, qui apparaissent dans le film. Crédits Patricia Polyak

Il est convenu qu’une patrouille revienne à l’heure où il nous faudra regagner le cinéma. Une précaution pas tout à fait inutile, puisque si quelques amis ont été prévenus, pour pouvoir témoigner, Le Lay essuie de nouvelles insultes en traversant la terrasse.

Pendant ce temps, le mot a commencé à circuler. Tweet de soutien de Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’EELV, textos et coups de fil aux copains. La députée LFI de Guingamp, Muriel Lepvraud, a même prévenu le préfet Rouvré. A Carhaix, Inès Léraud et Morgan Large expliquent les faits au public carhaisien. Mais dans la salle lannionnaise surchauffée et coupée du réseau mobile, où les applaudissements succèdent au générique de fin, les spectateurs ignorent encore qu’une scène supplémentaire de « l’histoire interdite » vient de se jouer.

C’est donc lors d’échanges avec les invités que la salle apprend stupéfaite que pour la première fois depuis le début des projections-débats des « Algues vertes », soit facilement plus de 50 séances, des membres de la profession agricole ont voulu régler leurs comptes avec certains des protagonistes.

D’ailleurs, la porte de sortie du cinéma est gardée par deux policiers. Autre grande première de la soirée.

Finalement, peut-être las de faire le pied de grue, les agitateurs ont quitté les abords de la salle vers 23 h. Côté public, certains ont eu beaucoup plus de mal à décrocher.

Il semble par ailleurs qu’une énigme ait été résolue ce soir.

230628 - Projection sous tension Les Algues vertes Pierre Jolivet et Inès léraud Yves-Marie Le Lay ciblé Crédits La Déviation
La veille de la projection, un utilitaire ciblant Yves-Marie Le Lay était garé rue Savidan, au moment du rassemblement contre la dissolution des Soulèvements de la Terre. Ce jeudi soir, il était garé devant le cinéma. Crédits La Déviation

L’utilitaire blanc photographié la veille rue Savidan par des participants au rassemblement contre la dissolution des Soulèvements de la Terre – fourgon portant une inscription au feutre visant nommément Yves-Marie Le Lay -, était garé ostensiblement près du cinéma, ce jeudi soir. Avec un écriteau jaune sur le toit portant la mention « convoi exceptionnel ». Dans la journée, Yves-Marie Le Lay m’avait confié : « Signature évidente de la FNSEA. »

Yves-Marie Le Lay compte porter plainte

Contacté ce vendredi midi, Yves-Marie Le Lay annonce son intention de porter plainte « au nom de tous les lanceurs d’alerte qui vivent dans la peur et n’osent pas témoigner publiquement ».

Pris à partie le premier dans le hall du cinéma, un éleveur lui a reproché de s’être introduit dans son élevage de lapins, avec L214. Si le président de Sauvegarde du Trégor-Goëlo-Penthièvre témoigne bien dans une vidéo de l’association antispéciste mise en ligne le 24 janvier 2021 (ci-dessous), il n’a pas participé au tournage réalisé dans l’exploitation et publié trois jours plus tôt.

Article mis à jour le 30 juin 2023 à 13 h 50 afin d’ajouter la mention du dépôt de plainte envisagé par Yves-Marie Le Lay.

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[Vidéo] Retraites : Women on fire (sur l’air de Freed from desire)

RETRAITES : WOMEN ON FIRE (GALA : FREED FROM DESIRE) / Lannion - 7 février 2023

Les slogans féministes fleurissent lors des manifestations contre le report de l’âge légal de départ à la retraite. S’estimant particulièrement pénalisées par le projet de loi porté par Élisabeth Borne et voulu par Emmanuel Macron, des militantes trégorroises ont formé le collectif des Rosies pour interpréter une chorégraphie avant les prises de parole syndicales, à Lannion (Côtes-d’Armor).

Mardi 7 février, entre 4 000 et 7 000 personnes ont de nouveau manifesté autour des quais de Lannion pour protester contre la retraite à 64 ans.

Sur la scène montée pour les prises de parole syndicale, le collectif des Rosies danse sur des chansons détournés par Attac, l’Association pour la taxation des transactions financières pour l’action citoyenne. En témoigne Women on fire, à chanter sur l’air de Freed from desire, le tube de Gala sorti en 1996.

Les Rosies désignent les femmes travailleuses qui ont joué un rôle clé pendant la Seconde Guerre mondiale. Elles étaient représentées dans une célèbre affiche de propagande américaine et travaillaient dans des usines et des chantiers navals pour soutenir l’effort de guerre. Les Rosies ont ouvert de nouvelles opportunités pour les femmes sur le marché du travail et sont considérées comme des symboles de l’émancipation féminine.

Les slogans féministes ont fleuri dans les rangs de la manifestation contre la retraite Macron, à Lannion, le 7 février 2023. Crédits : Sylvain Ernault - La Déviation
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[Vidéo] Lannion veut faire battre Macron en retraite

LANNION POUR LE RETRAIT DE LA RETRAITE MACRON / 31 janvier 2023

Mardi 31 janvier 2023, au moins 7.100 personnes manifestent à Lannion (Côtes-d’Armor) contre le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans et la suppression de plusieurs régimes dits spéciaux. Les syndicats, qui affichent un front uni, revendiquent 10.000 participants. C’est l’une des plus fortes mobilisations sociales dans le Trégor de ces vingt dernières années.

« Chaque gouvernement a sa réforme des retraites. C’est malheureux qu’ils veulent à chaque fois casser au lieu d’améliorer », déplore Romain, étudiant à l’Enssat. Âgé de 24 ans, l’élève ingénieur imagine faire partie des derniers à pouvoir partir à la retraite, avec des indemnités en baisse par rapport à ses aïeux. « Cette réforme va appauvrir une plus grande part de la population. Le régime qu’on a est stable. C’est juste qu’ils veulent le casser pour faire davantage de bénéfices, du côté des entreprises notamment. »

Comme plus de 7.100 trégorrois, Romain a rejoint le point de rendez-vous fixé par l’intersyndicale, sur le quai d’Aiguillon, en centre-ville de Lannion, ce mardi 31 janvier 2023, en fin de matinée. Après les discours, le défilé s’ébranle, rythmé notamment par la fanfare Waso.

« Ajouter une mesure d’âge est inefficace, juge Stéphane Duthil, délégué syndical CFDT chez Nokia. J’ai commencé à 23 ans. Si j’ai 43 années de cotisation, j’arrive à 66 ans. Donc les 64 ans sont utiles pour qui ? » L’inscription d’une mesure d’âge dans le projet de loi a fait basculer la confédération dirigée par Laurent Berger dans le camp des farouches opposants.

« Je n’ai pas envie de travailler jusqu’à 64 ans, renchérit Yann Labarthe, salarié chez Weldom. On a un métier qui est physique, avec des ports de charges lourdes. En plus du service à la personne, on fait pas mal de manutention. »

« Macron ira jusqu’au bout, mais il le paiera très très cher »

Malgré la démonstration de force, les manifestants restent prudents quant aux chances de remporter le bras de fer engagé avec le gouvernement.

Maël, webdesign indépendant, est venu manifester en famille contre la politique d'Emmanuel Macron. Crédits : Sylvain Ernault - La Déviation
Maël, webdesign indépendant, est venu manifester en famille contre la politique d’Emmanuel Macron. Crédits : Sylvain Ernault – La Déviation

Maël rappelle qu’Emmanuel Macron a déjà vécu la loi Travail et Nuit debout sous François Hollande, en 2016, puis la crise des Gilets jaunes, en 2018-2019. « Il ira jusqu’au bout, mais il le paiera très, très cher. Et puis il est jeune, il devra vivre avec ça très longtemps. » Flanqué d’une pancarte en forme de borne routière sur laquelle il est inscrit 49.3, le webdesigner lannionnais prédit « le début d’une série de manifs ou de colères sociales », portant également sur l’hôpital, l’éducation ou « les institutions démocratiques en perte de vitesse ».

Yann Labarthe observe les difficultés de ses collègues à se mettre en grève. « Ils ont déjà des salaires assez restreints, en baisse depuis l’augmentation de tous les prix. »

Parmi les inconnus figurent aussi le maintien de l’unité syndicale, inédite depuis douze ans, et qui a permis d’atteindre des niveaux de participation jamais vus depuis 2010. Nombre de manifestants tablent sur une défection de la CFDT. À ce sujet, Stéphane Duthil se veut rassurant. « Il n’y a pas qu’une seule et même idée, on a tous des idées différentes, mais on est tous rassemblés sous la même bannière pour manifester contre cette injustice. »

Une semaine avant le début de l’examen du projet de loi dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, la mobilisation s’est renforcée dans tout le pays. Au total, entre 1,270 (Intérieur) et 2,800 millions (CGT) de personnes ont défilé dans plus de 200 villes, sans heurts notables. Les villes moyennes connaissent des taux d’engagement proportionnellement plus élevés que les métropoles.

« La réforme des retraites suscite des interrogations et des doutes. Nous les entendons », a assuré la première ministre Elisabeth Borne. Deux nouvelles dates ont été fixées par l’intersyndicale, les mardi 7 et samedi 11 février.

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