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[Vidéo] Lannion veut faire battre Macron en retraite

LANNION POUR LE RETRAIT DE LA RETRAITE MACRON / 31 janvier 2023

Mardi 31 janvier 2023, au moins 7.100 personnes manifestent à Lannion (Côtes-d’Armor) contre le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans et la suppression de plusieurs régimes dits spéciaux. Les syndicats, qui affichent un front uni, revendiquent 10.000 participants. C’est l’une des plus fortes mobilisations sociales dans le Trégor de ces vingt dernières années.

« Chaque gouvernement a sa réforme des retraites. C’est malheureux qu’ils veulent à chaque fois casser au lieu d’améliorer », déplore Romain, étudiant à l’Enssat. Âgé de 24 ans, l’élève ingénieur imagine faire partie des derniers à pouvoir partir à la retraite, avec des indemnités en baisse par rapport à ses aïeux. « Cette réforme va appauvrir une plus grande part de la population. Le régime qu’on a est stable. C’est juste qu’ils veulent le casser pour faire davantage de bénéfices, du côté des entreprises notamment. »

Comme plus de 7.100 trégorrois, Romain a rejoint le point de rendez-vous fixé par l’intersyndicale, sur le quai d’Aiguillon, en centre-ville de Lannion, ce mardi 31 janvier 2023, en fin de matinée. Après les discours, le défilé s’ébranle, rythmé notamment par la fanfare Waso.

« Ajouter une mesure d’âge est inefficace, juge Stéphane Duthil, délégué syndical CFDT chez Nokia. J’ai commencé à 23 ans. Si j’ai 43 années de cotisation, j’arrive à 66 ans. Donc les 64 ans sont utiles pour qui ? » L’inscription d’une mesure d’âge dans le projet de loi a fait basculer la confédération dirigée par Laurent Berger dans le camp des farouches opposants.

« Je n’ai pas envie de travailler jusqu’à 64 ans, renchérit Yann Labarthe, salarié chez Weldom. On a un métier qui est physique, avec des ports de charges lourdes. En plus du service à la personne, on fait pas mal de manutention. »

« Macron ira jusqu’au bout, mais il le paiera très très cher »

Malgré la démonstration de force, les manifestants restent prudents quant aux chances de remporter le bras de fer engagé avec le gouvernement.

Maël, webdesign indépendant, est venu manifester en famille contre la politique d'Emmanuel Macron. Crédits : Sylvain Ernault - La Déviation
Maël, webdesign indépendant, est venu manifester en famille contre la politique d’Emmanuel Macron. Crédits : Sylvain Ernault – La Déviation

Maël rappelle qu’Emmanuel Macron a déjà vécu la loi Travail et Nuit debout sous François Hollande, en 2016, puis la crise des Gilets jaunes, en 2018-2019. « Il ira jusqu’au bout, mais il le paiera très, très cher. Et puis il est jeune, il devra vivre avec ça très longtemps. » Flanqué d’une pancarte en forme de borne routière sur laquelle il est inscrit 49.3, le webdesigner lannionnais prédit « le début d’une série de manifs ou de colères sociales », portant également sur l’hôpital, l’éducation ou « les institutions démocratiques en perte de vitesse ».

Yann Labarthe observe les difficultés de ses collègues à se mettre en grève. « Ils ont déjà des salaires assez restreints, en baisse depuis l’augmentation de tous les prix. »

Parmi les inconnus figurent aussi le maintien de l’unité syndicale, inédite depuis douze ans, et qui a permis d’atteindre des niveaux de participation jamais vus depuis 2010. Nombre de manifestants tablent sur une défection de la CFDT. À ce sujet, Stéphane Duthil se veut rassurant. « Il n’y a pas qu’une seule et même idée, on a tous des idées différentes, mais on est tous rassemblés sous la même bannière pour manifester contre cette injustice. »

Une semaine avant le début de l’examen du projet de loi dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, la mobilisation s’est renforcée dans tout le pays. Au total, entre 1,270 (Intérieur) et 2,800 millions (CGT) de personnes ont défilé dans plus de 200 villes, sans heurts notables. Les villes moyennes connaissent des taux d’engagement proportionnellement plus élevés que les métropoles.

« La réforme des retraites suscite des interrogations et des doutes. Nous les entendons », a assuré la première ministre Elisabeth Borne. Deux nouvelles dates ont été fixées par l’intersyndicale, les mardi 7 et samedi 11 février.

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L’IUT de Lannion va-t-il cuire à l’étouffée ?

Hervé Chuberre est représentant du personnel (SNPREES-FO) à l’IUT de Lannion. Professeur de physique à l’Enssat, il nous explique les raisons de l’entretien sollicité auprès de la sous-préfète, Christine Royer, et du rassemblement organisé simultanément sous ses fenêtres, le jeudi 25 octobre 2018.

L’avenir de l’Institut universitaire de technologie trégorrois s’écrit en pointillés. L’établissement public fait les frais d’une politique austéritaire qui devrait s’amplifier. Rennes 1, dont il dépend, a été placé sous tutelle du rectorat, et donc du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche dirigé par Frédérique Vidal, à cause d’un déficit atteignant 2,8 millions d’euros cette année.

Un plan social à Rennes 1

Ce jeudi, le conseil d’administration de l’université a validé le plan de retour à l’équilibre présenté par son président David Alis. Il prévoit la suppression de 120 postes, dont 28 enseignants-chercheurs, sur un total de 3.300 personnels, d’ici la rentrée 2021. La masse salariale représente 213 millions d’euros sur un budget de 283 millions.

Yann Le Page, secrétaire de la CGT-Ferc, calcule même que 274 postes seront économisés, grâce au non renouvellement de contractuels.

« Cette amputation fait suite au plan de 100 suppressions de postes en cours depuis 2016 » et s’ajoute « à la baisse de 25 % sur les cinq dernières années des crédits affectés par l’université aux formations et laboratoires de recherche, et prévoit une baisse supplémentaire de 15 % alors que, sur la même période, le nombre d’étudiants ne cesse d’augmenter (+ 12 %) », renseigne l’intersyndicale, qui organisait également un rassemblement dans la capitale bretonne.

Dans une interview accordée à Ouest-France, David Alis demande un soutien financier du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche pour payer les fonctionnaires et rénover le parc immobilier de l’université.

Menace sur le DUT journalisme

Les conséquences se feront particulièrement sentir à Lannion. Selon la trajectoire dessinée par le PREQ, en septembre 2019 et par comparaison avec la rentrée 2015, l’IUT aura perdu 13 % de ses personnels. Dans le même temps, les dotations versées par l’université auront baissé de près de 50 %.

Six postes d’enseignants-chercheurs sur 70 pourraient disparaître en 2019 (8,6 % de l’effectif), plus trois postes non-enseignants sur 36 (8,3 %).

Certaines filières sont déjà fragilisées. Le département information-communication a perdu trois maîtres de conférence en quelques années, d’abord gelés, puis supprimés. Il pourrait encore voir partir trois contractuels et un professeur d’anglais.

Le DUT journalisme vient pourtant d’être confirmé comme l’une des quatorze formations nationales reconnues par la CPNEJ, au même titre que l’ESJ Lille, le Celsa ou le Cuej. Avec Cannes, Lannion est la seule école à recruter des étudiants en journalisme au niveau bac. Un choix revendiqué par les enseignants, qui y voient une manière d’apporter de la diversité dans une profession où la reproduction sociale joue à plein.

Département de sciences sociales isolé dans une université qui se tourne de plus en plus vers les sciences dites dures. Campus situé dans une petite ville éloignée des lieux de pouvoir dans un contexte de métropolisation. Le particularisme lannionnais semble aujourd’hui en grand danger, à cause du tarissement de ses ressources.

L’Enssat, l’école d’ingénieurs de Lannion qui dépend de Rennes 1, est également concernée. C’est pourquoi la prochaine assemblée générale sera commune aux deux établissements, après les vacances de la Toussaint. Encouragés par la sous-préfète, la délégation compte élargir sa recherche de soutiens locaux en contactant les industriels locaux, tels que Nokia ou Orange.

Disclaimer
L’auteur a étudié pendant trois ans le journalisme à l’IUT de Lannion. Il y intervient aujourd’hui comme vacataire d’enseignement.

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