« Vous avez votre réponse », clôt Christophe Béchu. Et quelle réponse ! Lors de sa visite dans les Côtes-d’Armor, ce vendredi 25 août 2023, le ministre de la Transition écologique a été interrogé au sujet de la récente et inédite condamnation de l’État pour le préjudice écologique causé par la prolifération d’algues vertes en baie de Saint-Brieuc. « À ce stade », le ministre ne peut pas dire quelles suites seront données à cette décision. Tic-tac, il reste trois mois.
Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, s’est rendu à la station ornithologique de l’Île Grande, gérée par la Ligue de protection des oiseaux (LPO), le 25 août 2023. Venu avec Sarah El Haïry (secrétaire d’État à la biodiversité) et Hervé Berville (en charge de la mer) pour inaugurer la récente extension du périmètre de la réserve naturelle des Sept-Îles, qui abrite l’unique colonie de fous de Bassan en France, il a été reçu par le président de la LPO, Allain Bougrain-Dubourg.
Lors d’un rapide point presse, Christophe Béchu a été interrogé au sujet de la décision du tribunal administratif de Rennes rendue le 18 juillet, qui reconnaît pour la première fois le préjudice écologique des marées vertes. L’association Sauvegarde du Trégor Goëlo Penthièvre, présidée par le lanceur d’alerte Yves-Marie Le Lay, a obtenu la condamnation du préfet des Côtes-d’Armor pour carence fautive.
Cette saison est marquée par un retour en force des algues vertes en baie de Saint-Brieuc. « Le mois d’août n’a pas connu la décroissance habituelle : leur présence est de 30 % supérieure aux normales saisonnières. À court terme, c’est inquiétant », renseignait Sylvain Ballu, le « monsieur algues vertes » du Centre d’étude et de valorisation des algues (Ceva), le 23 août, dans Ouest-France.
La réponse in extenso de Christophe Béchu
« La décision date du milieu du mois de juillet. On est un mois après. Le ministère est en train de regarder. La volonté de lutter globalement contre la prolifération des algues vertes et l’ensemble de ses conséquences, elle existe. On est plutôt sur des tendances au cours de ces dernières années qui sont moins négatives que celles qu’on a pu connaître par le passé. Ce sont des sujets qu’on prend très au sérieux, sur lesquels on se mobilise, mais je ne peux pas vous répondre de manière spécifique sur la suite qui sera donnée à cette décision du tribunal administratif puisqu’elle fait l’objet d’un examen croisé entre nos différents ministères. En revanche, elle nous rappelle qu’on a la nécessité d’agir et d’agir davantage, on n’a pas attendu cette décision pour le faire et c’est précisément ce que nous faisons depuis quelques années.
– Il semble qu’il y a un rebond de la présence d’algues vertes, en particulier dans les Côtes-d’Armor, cette saison.
– Écoutez pour le moment ce ne sont pas les éléments que j’ai. Vous savez qu’il y a une corrélation assez forte entre la météo et en particulier le taux de pluviométrie et la réalité d’une partie de cette prolifération. Ensuite, je me méfie des chiffres parce qu’entre les chiffres qui consistent à regarder ce qu’on a évacué et les chiffres qui consistent à regarder ce qu’on peut constater, il peut y avoir des écarts donc je ne me prête pas à…
– Non, ce sont les survols du Centre d’étude et de valorisation des algues (Ceva) en fait.
Les slogans féministes fleurissent lors des manifestations contre le report de l’âge légal de départ à la retraite. S’estimant particulièrement pénalisées par le projet de loi porté par Élisabeth Borne et voulu par Emmanuel Macron, des militantes trégorroises ont formé le collectif des Rosies pour interpréter une chorégraphie avant les prises de parole syndicales, à Lannion (Côtes-d’Armor).
Mardi 7 février, entre 4 000 et 7 000 personnes ont de nouveau manifesté autour des quais de Lannion pour protester contre la retraite à 64 ans.
Sur la scène montée pour les prises de parole syndicale, le collectif des Rosies danse sur des chansons détournés par Attac, l’Association pour la taxation des transactions financières pour l’action citoyenne. En témoigne Women on fire, à chanter sur l’air de Freed from desire, le tube de Gala sorti en 1996.
Les Rosies désignent les femmes travailleuses qui ont joué un rôle clé pendant la Seconde Guerre mondiale. Elles étaient représentées dans une célèbre affiche de propagande américaine et travaillaient dans des usines et des chantiers navals pour soutenir l’effort de guerre. Les Rosies ont ouvert de nouvelles opportunités pour les femmes sur le marché du travail et sont considérées comme des symboles de l’émancipation féminine.
Mardi 31 janvier 2023, au moins 7.100 personnes manifestent à Lannion (Côtes-d’Armor) contre le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans et la suppression de plusieurs régimes dits spéciaux. Les syndicats, qui affichent un front uni, revendiquent 10.000 participants. C’est l’une des plus fortes mobilisations sociales dans le Trégor de ces vingt dernières années.
« Chaque gouvernement a sa réforme des retraites. C’est malheureux qu’ils veulent à chaque fois casser au lieu d’améliorer », déplore Romain, étudiant à l’Enssat. Âgé de 24 ans, l’élève ingénieur imagine faire partie des derniers à pouvoir partir à la retraite, avec des indemnités en baisse par rapport à ses aïeux. « Cette réforme va appauvrir une plus grande part de la population. Le régime qu’on a est stable. C’est juste qu’ils veulent le casser pour faire davantage de bénéfices, du côté des entreprises notamment. »
Comme plus de 7.100 trégorrois, Romain a rejoint le point de rendez-vous fixé par l’intersyndicale, sur le quai d’Aiguillon, en centre-ville de Lannion, ce mardi 31 janvier 2023, en fin de matinée. Après les discours, le défilé s’ébranle, rythmé notamment par la fanfare Waso.
« Ajouter une mesure d’âge est inefficace, juge Stéphane Duthil, délégué syndical CFDT chez Nokia. J’ai commencé à 23 ans. Si j’ai 43 années de cotisation, j’arrive à 66 ans. Donc les 64 ans sont utiles pour qui ? » L’inscription d’une mesure d’âge dans le projet de loi a fait basculer la confédération dirigée par Laurent Berger dans le camp des farouches opposants.
« Je n’ai pas envie de travailler jusqu’à 64 ans, renchérit Yann Labarthe, salarié chez Weldom. On a un métier qui est physique, avec des ports de charges lourdes. En plus du service à la personne, on fait pas mal de manutention. »
« Macron ira jusqu’au bout, mais il le paiera très très cher »
Malgré la démonstration de force, les manifestants restent prudents quant aux chances de remporter le bras de fer engagé avec le gouvernement.
Maël rappelle qu’Emmanuel Macron a déjà vécu la loi Travail et Nuit debout sous François Hollande, en 2016, puis la crise des Gilets jaunes, en 2018-2019. « Il ira jusqu’au bout, mais il le paiera très, très cher. Et puis il est jeune, il devra vivre avec ça très longtemps. » Flanqué d’une pancarte en forme de borne routière sur laquelle il est inscrit 49.3, le webdesigner lannionnais prédit « le début d’une série de manifs ou de colères sociales », portant également sur l’hôpital, l’éducation ou « les institutions démocratiques en perte de vitesse ».
Yann Labarthe observe les difficultés de ses collègues à se mettre en grève. « Ils ont déjà des salaires assez restreints, en baisse depuis l’augmentation de tous les prix. »
Parmi les inconnus figurent aussi le maintien de l’unité syndicale, inédite depuis douze ans, et qui a permis d’atteindre des niveaux de participation jamais vus depuis 2010. Nombre de manifestants tablent sur une défection de la CFDT. À ce sujet, Stéphane Duthil se veut rassurant. « Il n’y a pas qu’une seule et même idée, on a tous des idées différentes, mais on est tous rassemblés sous la même bannière pour manifester contre cette injustice. »
Une semaine avant le début de l’examen du projet de loi dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, la mobilisation s’est renforcée dans tout le pays. Au total, entre 1,270 (Intérieur) et 2,800 millions (CGT) de personnes ont défilé dans plus de 200 villes, sans heurts notables. Les villes moyennes connaissent des taux d’engagement proportionnellement plus élevés que les métropoles.
« La réforme des retraites suscite des interrogations et des doutes. Nous les entendons », a assuré la première ministre Elisabeth Borne. Deux nouvelles dates ont été fixées par l’intersyndicale, les mardi 7 et samedi 11 février.
Les soignant·es du Kremlin-Bicêtre ont-iels applaudi Macron en pleine épidémie de Covid-19 ou est-ce l’Élysée qui pratique la propagande des temps de guerre ? La guerre, ce n’est pas nous qui en parlons c’est l’État qui la nomme, la fait aux Zad et y prépare la jeunesse par le SNU. Quelques réflexions et un tour d’horizon dans une gazette qui se détache de la rumeur des bottes et du bruit des grenades.
Technopolice & stratégie du choc
On s’y attendait, c’est maintenant sûr ! Les gouvernements veulent profiter de la crise du coronavirus pour imposer leurs réformes destructrices.
C’est ce que Naomi Klein appelle la stratégie du choc. Et là, on peut être certain·e que les promoteurs de la technopolice se frottent déjà les mains : Thalès, Huawei, IBM… Les projets de surveillance les plus démentiels fleurissent dans les médias.
Bornage téléphonique, GPS, cartes bancaires (rendues presque obligatoires puisque le liquide est de moins en moins accepté) cartes de transport, vidéosurveillance avec reconnaissance faciale : de nombreuses options existent pour nous espionner, comme les a recensées Mounir Mahjoubi, ancien secrétaire d’État au Numérique reconverti en VRP attitré des outils de traçages pour lutter contre le virus.
Il note aussi trois finalités au traçage : observer les pratiques collectives de mobilité, tracer les contacts des gent·es et contrôler des confinements individuels. Pour le moment, le gouvernement communique uniquement sur une application pour tracer toutes nos rencontres, sur la base du volontariat.
Est-ce qu’une telle application sera seulement utile pour lutter contre le coronavirus ? Il se peut même qu’un tel projet ait des effets pervers en incitant les gent·es à cacher leur maladie pour ne pas devenir des pestiféré·es sociaux et sociales… Mais le gouvernement n’a pas besoin de justifier quoi que ce soit : après tout, la moindre augmentation de son pouvoir de surveillance est bonne à prendre ! Encore une fois, on nous vend des « solutions » technologiques (voir la notion de religion du progrès) à un « problème écologique ».
Avant de nous précipiter sur des remèdes miracles, utilisons les outils déjà à notre disposition. Le gouvernement a retardé autant que possible des mesures simples, comme porter un masque en tissu pour éviter de contaminer les autres en toussant, soit-disant parce qu’il n’y avait aucune preuve scientifique que ça marchait (ce qui est faux). Il semble pourtant se précipiter aujourd’hui vers des technologies qui n’ont jamais été testées…
Contre la surveillance généralisée, informons nous, parlons-en et agissons. Individuellement, nous pouvons nous renseigner sur la Quadrature du Net ou lire des brochures d’Infokiosques.net.
On peut aussi montrer le documentaire « Nothing to hide » à ses proches. Et on peut utiliser Tor et Tails ou encore remplir les cartes collaboratives des caméras de sécurité.
La dénomination « crise », quant à elle, nous laisse une impression de distance : tout comme une crise de nerfs est faite par une personne, la crise sanitaire est faite par le virus, ou la crise climatique est faite par le climat. Or, tant pour le climat que pour le virus, ces « crises » sont les conséquences de rapports sociaux.
Ne transposons cependant pas le type de mesures prises dans le cas de la pandémie covid-19 à l’environnement : les temporalités (à priori brève / longue), les acteurs (humain·es / tout le vivant) ne sont pas les mêmes.
Ce qui reste bien commun entre ces deux phénomènes, c’est l’utilisation qui peut en être faite par les systèmes politiques et économiques. Le « business as usual » du capitalisme continue de tourner, dans une classique privatisations des profits – socialisation des pertes, qu’il s’agisse d’externalités environnementales ou d’exploitation de nos vies, avec toutes les conséquences délétères associées.
Les situations dites de crise offrent aux systèmes en place des occasions de se débarrasser de plus en plus des garde-fous démocratiques, utilisant ainsi une « stratégie du choc ». Et dans les scénarios de cette stratégie, on peut trouver le coup d’Etat climatique tout comme le coup d’Etat pandémique, des « coup[s] d’Etat ne nécessitant de tirer aucun coup de feu ».
SNU : stoppez la note urgemment !
Garde à vous ! Le Service national universel (SNU) plie, mais ne rompt pas (les rangs). Le secrétaire d’État en charge de la Jeunesse, Gabriel Attal, a simplement annoncé le 5 avril une inversion du programme. Les « engagé·es volontaires » commenceront par une mission d’intérêt général fin juin-début juillet avant un séjour de cohésion dans une brigade, « quand les conditions sanitaires le permettront ».
« Le jour d’après ne sera pas un retour au jour d’avant », déclarait quasi-mystique Emmanuel Macron lundi 16 mars, au moment d’annoncer le confinement. Peut-être ressemblera-t-il plutôt au siècle précédent, tant le SNU sent la naphtaline.
L’uniforme bleu marine et blanc des participant·es est floqué d’une immense cocarde tricolore. Quant aux activités, elles parleront d’avantage aux bidasses qu’aux Copains du monde du Secours pop’. Lever au drapeau à 5 h 30, parcours d’obstacles, culture patriotique, cérémonies en tout genre… Souvenez-vous des malaises survenus pendant l’inauguration d’une statue du général de Gaulle, à Evreux, en plein cagnard, l’an passé.
« L’architecture initiale a en partie été construite par le général Menaouine et son groupe de travail », prévenait Gabriel Attal en janvier 2019. L’armée est décidément un vivier de recrutement majeur pour la macronie, qui vient de charger le général Lizurey d’un auditeur sur la crise du covid-19. Nous en parlions dans notre précédente gazette.
Le site gouvernemental etudiant.gouv.fr fait moins semblant que l’exécutif lorsqu’il explique que le SNU comporte en réalité trois phases et que la dernière, facultative, est celle de l’engagement, notamment dans un corps en uniforme. Les ambitions d’un pouvoir pour sa jeunesse, en somme.
Si cette promesse présidentielle ravit certainement l’électorat réactionnaire, le SNU n’en a pas moins un coût. Sa généralisation à l’horizon 2024 pèserait entre 2,4 et 3 milliards d’euros par an dans le budget de l’État, estime un rapport remis au premier ministre en 2018. Entre 1 et 1,5 milliard, communique plus timidement le gouvernement. Ce qui ne comprend dans aucun des cas les lourds investissements de base pour retaper les casernes.
Il est toutefois permis de douter que ce projet dépassera le stade de l’expérimentation.
D’ailleurs, les inscriptions sont prolongées, malgré les relances incessantes auprès des profs, dont a pris connaissance la Fédération nationale de la libre pensée, qui milite pour l’abrogation du SNU.
Quant au coût, il faudra d’autant plus le justifier à l’heure où les CHU créent des cagnottes Leetchi. Sans parler des associations qui s’asphyxient, malgré leurs qualités reconnues en termes d’émancipation, de solidarité et de mixité.
Aucun·e journaliste… ou presque, puisque La Gazette des confiné·es avait des yeux et des oreilles à l’hôpital universitaire du Kremlin-Bicêtre, jeudi 9 avril, lors d’un déplacement présidentiel cette fois très verrouillé. Témoignage.
« On a su que Macron venait un quart d’heure avant qu’il ne mette effectivement les pieds dans le hall du bâtiment Barré-Sinoussi. Les soignant·es le regardaient depuis les mezzanines aux étages, on n’avait pas le droit de descendre (et nos patient·es qui arrivaient en ambulance des maisons de retraite étaient bloqué·es dehors).
Plusieurs soignant·es l’ont interpellé sur sa politique de gestion de l’hôpital avant le covid et ont fait référence aux « gilets jaunes ».
Il a répondu qu’il n’était pas responsable des politiques des précédents gouvernements, ce à quoi on lui a répondu qu’il avait empiré la situation depuis qu’il était là.
On a applaudi à deux moments : quand une des infirmières l’a interpellé un peu plus agressivement que les autres, et ensuite lorsqu’une a demandé à ce qu’on s’applaudisse entre nous, soignant·es.
Pendant ce temps, des mecs en costard tournaient dans les trois étages de mezza pour empêcher les gens de filmer, sans doute pour pas perturber la com’ officielle. Il faut dire que ça ne se balade pas tout seul, un président de la République, il y avait au moins une trentaine d’agents de sécurité postés un peu partout dans et autour du bâtiment.
Le soir, tout ce beau monde était à Marseille pour rencontrer Raoult : en termes de stratégie de confinement, trimbaler autant de gens dans des hôpitaux plein de malades du covid, alors même qu’on empêche les familles des malades de venir, est une aberration… »
Les syndicats français préféraient éviter les chambres de réa. Solidaires, se bat sur le terrain judiciaire pour obtenir la fermeture de six sites. Le tribunal judiciaire de Nanterre se prononcera mardi 14 avril. Onze dossiers de salarié·es souhaitant faire valoir leur droit de retrait ont par ailleurs été transmis aux prud’hommes, indique Laurent Degousée, co-secrétaire de Sud Commerce.
La CGT de Douai a assigné l’entreprise en référé pour « mise en danger de la vie d’autrui ».
Quant à l’ultimatum de Muriel Pénicaud, lancé le 5 avril et arrivant à échéance le 8, il ne semble pas avoir le moins du monde perturbé les petites affaires de la firme de Seattle.
Industrialisation & coronavirus
Et si la pandémie en cours avait été causée par la société industrielle dans laquelle nous vivons ?
Un article du Monde diplomatique rappelle que la transmission des virus des animaux vers les humain·es est favorisée par la destruction des habitats des espèces, comme la déforestation, en prenant de multiples exemples antérieurs à la pandémie actuelle : ébola, maladie de Lyme, etc.
De plus, les zones détruites sont souvent utilisées pour faire de l’élevage industriel qui offre les « conditions idéales pour que les microbes se muent en agents pathogènes mortels ».
Mais ne tombons pas pour autant dans l’excès en prétendant que le virus est une vengeance contre notre société car cela nous orienterait vers un éco-fascisme destructeur.
Tout cela n’empêche pas l’agrobusiness de continuer comme si de rien n’était : alors que quasiment tout le monde est confiné, des transports de veaux à travers l’Europe dans des conditions scandaleuses sont maintenus comme le dénonce l’association L214 !
Évacuation de Zad pendant le confinement
Ce qui est pratique quand on est un État qui met en confinement toute sa population, c’est qu’on peut ne pas respecter ses propres règles.
La gazette envoie tout son soutien à la vingtaine de zadistes évacué·es et abandonné·es dans la rue en fin de soirée par la police en pleine crise sanitaire.
Nous aurons besoin des Zad plus que jamais pour lutter contre tous les projets imposés, inutiles et destructeurs qui se préparent avec la relance économique dont le capitalisme va avoir besoin (en Chine, le gouvernement lance des plans d’investissements massifs). Alors préparons-nous !
Au menu du jour, on parle des effets amplifiés du Covid sur les personnes précaires, celles qui sont dans des structures de soins psychiatriques et celles qui sont continuent de travailler pour enrichir les patrons. On vous propose aussi des moyens de lutter, en mettant en place des solidarités, inventant nos propres gestes barrières et en questionnant les stratégies du gouvernement contre le virus, qui reposent entre autres sur l’armée et le système judiciaire.
Inégalités sociales renforcées : la solidarité est indispensable
Les inégalités sociales tuent de multiples manières ; un exemple classique est donné par la ville de Glasgow où la différence d’espérance de vie est de 11 ans entre les quartiers pauvres et les quartiers riches.
Le coronavirus ne fait pas exception comme le montre la surmortalité en Seine-Saint-Denis. En cause : la difficulté à mettre en place les mesures de distanciation sociale du fait de la promiscuité, la pauvreté qui oblige les habitant·es, en premier lieu les femmes, à accepter des métiers exposés, et finalement les inégalités face à l’accès aux soins.
Le confinement a été pensé par et pour les urbains riches : en effet plus de 17 % des habitant·es de Paris ont pu se réfugier ailleurs (où iels ont pu par exemple avoir accès à un jardin) alors que les plus pauvres n’ont pas eu cette chance. Aux Etats-Unis, pouvoir rester chez soi est un privilège. Ainsi, les personnes aux revenus les moins élevés ont mis en moyenne quatre jours de plus que les plus riches avant de pouvoir appliquer les consignes de confinement.
On vient de le rappeler, ce sont les plus précaires qui subissent en premier les conséquences du confinement : impossibilité de compléter son revenu via des petits boulots, pas de contrat de travail qui protège dans ce cas de figure, etc.
A l’université, les étudiant·es qui n’ont pas pu rentrer chez leurs parents (par exemple les étrangèr·es ou celleux originaires des départements d’outre-mer), sont confiné·es dans des chambres de Crous de 9m2 quelquefois insalubres.
Heureusement, il y a de la solidarité entre précaires. Celleux de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) appellent justement dans leur communiqué, entre autres choses, à la suspension des loyers des résident·es des Crous durant la période du confinement et à l’octroi d’une année de bourse supplémentaire pour les étudiant·es boursièr·es. De plus, a été mise en place une caisse d’urgence pour les précaires (étudiant·es ou travaillant dans l’ESR) pour soutenir les personnes dans des situations parfois critiques à cause du confinement ainsi qu’un tumblr pour parler de leurs situations.
Le gouvernement fait céder La Poste au profit des patrons de presse
Qui a dit que le « quatrième pouvoir » était mort ? La presse écrite vient d’obtenir une victoire. Enfin, ses patrons, pas ses journalistes. Dans un communiqué commun avec l’Alliance pour la presse d’information générale publié jeudi, La Poste s’engage à rétablir progressivement la distribution des journaux les lundis et mardis.
Aggraver la crise sanitaire et en profiter, Amazon excelle dans le « en même temps »
Ni l’acheminement des quotidiens ni celui du courrier ne mobilisent autant les postièr·es que la livraison des colis. Une télécommande vocale, des bouteilles de gouache ou encore un casque de « gamer » s’affichent au palmarès des meilleures ventes d’Amazon au 6 avril.
Comme le raconte Jean-Baptiste Malet dans Le Monde Diplomatique, les hangars d’Amazon tournent à plein régime, sans garantir le moindre respect des fameux « gestes barrières » et encore moins de la distanciation sociale. « On se confine à plus de mille. » Soit près de 900.000 travailleur·euses à travers le globe.
Le champion de l’évasion fiscale symbolise les tensions qui traversent l’administration française.
Si la ministre du Travail, a fixé le 5 avril un ultimatum de trois jours à Amazon pour se mettre en conformité, il faut se souvenir que les premières remontrances publiques de Muriel Pénicaud datent du dimanche précédent.
Sous pression de leur ministère de tutelle, les directions générales des entreprises (Direccte) semblent plus soucieuses de protéger le PIB que les salarié·es. « Notre mot d’ordre doit être : l’activité économique pour tous les secteurs DOIT reprendre et se poursuivre », écrivait jeudi 26 mars la directrice départementale de la Marne, dans un courriel révélé par Mediapart. Un courrier, parmi d’autres, qui ulcère les syndicats, mais qui a au moins le mérite de la franchise.
Deuil en temps de pandémie
Concernant les décès liés au coronavirus, le conseil scientifique préconisait, le 23 mars, qu’« au moins un membre de la famille [puisse] voir le visage [du défunt] » et, pour les autres, « de relayer cet échange par l’intermédiaire d’un enregistrement vidéo », trouvant ces mesures suffisantes pour permettre un deuil potable.
Le gouvernement s’est finalement montré un peu plus humain que les scientifiques, autorisant jusqu’à 20 personnes à se rendre aux enterrements (sauf dans certains gros foyers de contamination) et permettant de reporter les obsèques, sur avis préfectoral, jusqu’à six mois après le décès. Le choix du mode d’inhumation est également garanti. Néanmoins, les proches ne pourront voir que brièvement le visage de la personne décédée à travers la housse. Une amélioration car au début de la crise, la mise en bière se faisait sans aucune possibilité pour la famille de voir le défunt.
Ces règles, tout comme celles limitant le nombre de visites à l’hôpital aux personnes sur le point de décéder, sont difficiles à accepter pour les proches, et entraîneront des deuils longs et difficiles. Il importe de rester vigilant·es quant à leur rationalité – en effet, les mort·es ne toussent pas…
Un critère de la « vie réussie »
Dans les unités de soins psychiatriques des hôpitaux, s’organiser pour lutter contre le Covid-19 se fait aussi, sous des modalités qui semblent similaires aux autres unités. Le sens attribué à l’arrêt du serrage de main pour se dire bonjour apparaît cependant porteur de bien plus de signification.
Au-delà d’un simple geste barrière, c’est un geste de proximité entre un·e soignant·e et un·e patient·e, à l’heure où certain·es médecins le refusent encore par dégoût de ce type de pathologie. La distanciation sociale imposée par le virus remet à l’ordre du jour ce mépris et annule de nombreuses pratiques du soin psychiatrique. La gestion de la crise du Covid-19 devient ainsi une anti-psychiatrie.
Si la psychiatrie a dû, tout comme les autres services de l’hôpital public, souffrir des nombreuses restrictions budgétaires, elle sait aussi aujourd’hui que ses patient·es ne seront pas prioritaires. Et même au sein des patient·es, plus la pathologie par laquelle on les aura défini·es sera jugée lourde, moins ielles auront de chance d’être accepté·es en réanimation.
Dans un monde où l’écoute, l’interaction et la reconnaissance en tant que personne devraient faire partie intégrante du soin, tout cela a des relents de fonction de régulation sociale plus drastique encore que ce qui est déjà discuté. Regarder ce qui est défini comme maladie psychiatrique nous montre ce que la société considère comme une « vie réussie ».
Et au-delà du confinement et des patient·es aujourd’hui dans les unités ou en soin, des psychiatres pensent à l’après. De nombreux·ses soignant·es livrent des témoignages glaçants de la crise et ielles seront probablement nombreux·ses à souffrir de ce qui est nommé syndrome post-traumatique.
Les personnes confiné·es dans des conditions difficiles, ou ayant dû travailler dans des conditions difficiles aussi. Et même sans conditions difficiles, que dire de toutes ces personnes qui arrivent à gérer des symptômes d’angoisse au quotidien mais n’ont plus les ressources habituelles pour y faire face ? Quel·les soignant·es seront encore présent·es pour prendre soin de toutes ces personnes ? Comment pouvons-nous nous aussi penser à prendre soin d’elles après, et pas seulement pendant ?
C’est peut-être l’occasion de regarder vers une pratique autogestionnaire du soin, par exemple ici ou là.
« Masquarade »
Dans un récent communiqué, l’Académie des sciences recommande le port généralisé du masque, comme en République Tchèque et dans d’autres pays.
Selon les sources des collectifs masks4all et stop-postillons, le masque, même non optimal, réduit la probabilité de contaminer autrui par les microgoutelettes lorsqu’on éternue ou qu’on parle, notamment pour les personnes asymptomatiques mais contagieuses. Ce geste s’ajoute, sans les remplacer, aux autres gestes barrières (la contamination reste possible si on ne se lave pas les mains après avoir touché une surface infectée). Le masque dissuade en outre de porter la main au visage.
Mais les masques se font rares, entre autres à l’hôpital, où les masques chirurgicaux et FFP2 restent l’option la plus sûre pour éviter la contamination par les grandes quantités de virus aérosolisées par les patient-es toussant dans les respirateurs. Les stocks de masques non utilisés peuvent être ramenés en pharmacie.
Le gouvernement, un temps opposé à la généralisation du masque, pourrait changer d’avis, se rangeant tardivement derrière l’avis de son conseil scientifique. Les masques pourraient devenir obligatoires pendant et après le confinement.
L’État organisera-t-il la production d’un certain type de masques, interdisant les autres et contrôlant par là nos déplacements ? Pour l’en empêcher, généralisons la production de masques artisanaux et améliorons les pour qu’ils deviennent le plus efficace possible. A vos machines !
Quelles stratégies face au virus ?
Lorsque les stratégies des différents États sont évoquées, un axe semble faire consensus dans une partie de la presse : il y a les gentils qui confinent et les irresponsables qui veulent l’immunité de groupe.
Cette opposition, simpliste, n’a pourtant pas beaucoup de sens. Que peut-il arriver au virus ? Soit il circule librement et massivement (herpès, HPV), soit il est complètement éradiqué (variole), soit une part importante de la population est immunisée et les résurgences sont rares et localisées (oreillons, rougeole).
Annoncée le 25 mars, l’opération Résilience se déploie petit à petit dans les régions. L’armée était déjà bien associée à la gestion de la crise, avec la présence à Matignon du général ayant supervisé l’évacuation de la ZAD de NDDL. Et maintenant, cette opération lui donne des missions de santé, de logistique et de protection, tout ça de façon assez floue.
Il faut bien occuper les militaires, puisqu’avec le confinement l’opération Sentinelle perd un peu de son sens (ça au moins c’est de l’adaptation résiliente). La protection, ce sera donc celle de convois de masques, d’entrées d’hôpitaux, de rues vides…
Mais protection contre quoi ? Contre qui ? Si l’on en croit Macron, c’est la guerre contre le virus. A moins qu’il ne se persuade que des armes l’arrêtent, doit-on penser qu’il s’agit alors de neutraliser de potentiel·les porteur·euses du virus qui, tel·les des zombies, se rueraient sur les livraisons de masques ? Peut-être qu’il nous faut alors entendre résiliation plutôt que résilience…
Ce qui semble plus certain, c’est que les vieilles habitudes ne changent pas : les « banlieues » restent désignées comme les irresponsables indisciplinées, le député LR Eric Ciotti ayant justement suggéré d’y envoyer l’armée tout récemment.
Quant aux opérations hors de France, si les militaires français·es en Irak ont été rapatrié·es « temporairement », le reste semble continuer à rouler. L’outil militaire de gestion de crise aujourd’hui déployé en France a contribué à la création ou à l’intensification de bien d’autres crises ailleurs. On reprend les mêmes, on recommence avec les mêmes recettes : pas très résilient tout ça.
Sous le masque de l’efficacité, le bâillon des libertés
Des prévenu·es, présumé·es innocent·es dans l’attente de leur jugement, restent derrière les barreaux sans pouvoir se défendre. L’ordonnance du 25 mars modifiant la procédure pénale prolonge de deux ou trois mois la durée maximale des détentions provisoires ordonnées lors d’informations judiciaires sur des délits et de six mois dans les procédures criminelles.
Des dispositions dénoncées par l’Association des avocats pénalistes, l’Union des jeunes avocats, le Syndicat des avocats de France, la Ligue des droits de l’homme, l’Observatoire international des prisons et donc le Syndicat de la magistrature. Leur référé a été rejeté sans débat, fût-il organisé en visio.
La libération de 9 % des prisonnièr·es, en fin de peine, annoncée par la chancellerie au 1er avril ne règle pourtant pas le problème de la surpopulation carcérale, pour laquelle la France est régulièrement condamnée. Maisons d’arrêt et centres pénitentiaires comptent encore plus de 66.000 détenu·es pour environ 61.000 places, au mépris de la loi qui impose l’encellulement individuel.
Parallèlement, l’épidémie se propage. Le nombre de détenus testés positif au Covid-19 a bondi de 55 %, passant en cinq jours jours de 31 à 48, selon l’administration. Des données probablement sous-estimées quand, au même moment, 114 agents pénitentiaires sont testés positifs et 931 renvoyés chez eux. Au moins un prisonnier et un surveillant en sont morts.
Un bilan qui n’empêche pas les juges de prononcer des mandats de dépôt pour violation répétée du confinement. Le Panier à salade en recense douze au 6 avril à 11 h, grâce aux articles parus dans la presse nationale et régionale, auxquels s’ajoute un placement sous surveillance électronique pour un garçon de 19 ans, contrôlé quatre fois sans attestation en bon et due forme, dans l’agglomération de Grenoble. Soit 60 mois de prison ferme distribués, compte L’Envolée dans son flash info sur les prisons.
Ce nouveau délit voté par les parlementaires dans le cadre de la loi d’urgence sanitaire fait d’ailleurs l’objet d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), déposée par plusieurs avocats dont Raphaël Kempf. Elle a néanmoins peu de chances d’être examinée. Le gouvernement, pour une fois prévoyant, a suspendu l’obligation de traitement des QPC jusqu’au 30 juin. Un bâillon qu’accepte de porter le Conseil constitutionnel, qui a validé le volet organique de la loi d’urgence sanitaire, alors même que l’article 46 de la loi fondamentale a été violé en pleine conscience.
Illustrations : Bénévole cuisinier à la Table de Jeanne-Marie à Tours Tous droits réservés
Un rapport remis en mai 2019 à Santé publique France recommandait de fournir, en cas de pandémie, une boîte de 50 masques par foyer, soit un milliard d’unités au total. Dix mois plus tard et faute de stocks suffisants pour faire face au Covid-19, le gouvernement dissuade les citoyens de se couvrir le visage, y compris dans un magasin. En revanche, veuillez remettre vos exemplaires en pharmacie messieurs-dames !
« On ne peut pas dire qu’il y a eu un défaut d’anticipation de cette crise, bien au contraire », défendait la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, sur CNews, lundi 23 mars. Pourtant, cette semaine encore, la pénurie de masques, de tests et de réactifs pèse sur la capacité de la France à lutter correctement contre l’épidémie de coronavirus Covid-19, dont le nombre de victimes dépassera probablement les 2.000 d’ici 24 ou 48 heures.
De l’aveu même d’Olivier Véran, interrogé le 17 mars sur France Inter, l’Etat ne dispose alors plus que de 110 millions de masques chirurgicaux dans ses stocks stratégiques, malgré les réquisitions annoncées quatre jours plus tôt par le premier ministre.
Pis, aucun masque FFP2, plus performant, ne traîne dans ses greniers. Jusqu’en 2011, un milliard de masques chirurgicaux et 700 millions de FFP2 étaient entreposés en permanence à travers le pays.
Les pouvoirs publics misent sur la capacité des usines chinoises à irriguer le marché en cas de crise. Sans anticiper l’effet qu’aurait une pandémie apparaissant précisément dans ce pays !
Une alerte encore plus récente aurait pu, ou dû, amener le gouvernement à revoir sa doctrine.
Un rapport commandé par la Direction générale de la Santé (DGS) [1] en 2016 et remis à l’agence nationale de santé publique en mai 2019 établi noir sur blanc la nécessité d’équiper la population en masques.
Le groupe d’experts présidé par le Pr Jean-Paul Stahl formule plusieurs recommandations. Celles relatives aux masques sont exprimées en deuxième position, immédiatement après la question des antiviraux.
« En cas de pandémie, le besoin en masques est d’une boîte de 50 masques par foyer, à raison de 20 millions de boîtes en cas d’atteinte de 30 % de la population. » Cela équivaut donc à un milliard de masques. Le même nombre qu’il y a dix ans.
« Le risque [de pandémie] doit être considéré comme important », soulignent les scientifiques, qui alertent dès la quatrième page de leur rapport sur la nécessité de faire primer les enjeux sanitaires sur les considérations d’ordre économiques.
« Un stock peut arriver à péremption sans qu’il y ait eu besoin de l’utiliser. Cela ne remet pas en cause la nécessité d’une préparation au risque. La constitution d’un stock devrait être considérée comme le paiement d’une assurance, que l’on souhaite, malgré la dépense, ne jamais avoir besoin d’utiliser. Sa constitution ne saurait ainsi être assimilée à une dépense indue. »
« Rapidité d’intervention »
Ils ne précisent cependant pas la taille de ce stock, estimant qu’elle est « à considérer en fonction des capacités d’approvisionnement garanties par les fabricants ». Capacités qui, on l’a vu, se sont révélées pour le moins défaillantes, la production ayant été délocalisée en Asie. Ce rapport ne propose pas de modélisation médico-économique, en l’absence des données nécessaires, selon ses auteurs.
Plus loin, les professionnels insistent sur la « rapidité d’intervention ». L’exemple de nos voisins helvètes guide leur préconisation.
« La Suisse a recommandé à ses habitants de constituer un stock de 50 masques disponibles en préventif au domicile. Pour cela, la Suisse a dû créer le marché et nouer un accord avec l’industrie pour réduire les coûts d’achat (pour le fixer à environ 7 centimes). Cette recommandation a été relativement bien suivie par la population. »
Loin d’écouter ce conseil, la France demeure en situation de pénurie plus de deux mois après la première alerte de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) concernant le Covid-19. Bien que le pic épidémique ne soit pas encore atteint et que le bilan officiel fasse déjà état, au 26 mars, de 1.696 morts dans l’hexagone, le gouvernement demande aux Français de remettre leur stock personnel en pharmacie afin d’équiper les soignants.
Autre écueil identifié par les rapporteurs, le manque de coordination entre pays voisins. Leur septième principe préalable concerne en effet « le besoin d’une collaboration européenne ». C’est pourtant tout le contraire qui s’est produit, la Commission en étant toujours à l’élaboration d’un « marché public conjoint » au 26 mars, bien après que le vieux continent est devenu l’épicentre mondial de la pandémie.
Les pays asiatiques absents du rapport
Ces recommandations auraient pu être encore plus strictes, mais le rapport n’est lui-même pas dépourvu de biais.
Il s’appuie en effet sur une comparaison internationale des performances, un « benchmark », qui ne s’appuie que sur cinq pays occidentaux : le Canada, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Suisse.
Le compte rendu de l’audition du Pr Fabrice Carrat est en cela révélatrice. S’il estime, au regard d’un faible corpus d’études, que « peu d’éléments factuels permettent d’affirmer que le masque est une protection très efficace dans la communauté » [l’ensemble de la population, NDR], il observe aussi que « le port du masque n’est pas culturellement admis en Europe, contrairement à ce qui est observé en Asie ».
Notre prophylaxie déficiente nous mène au confinement
« L’adoption du masque diffère donc de façon très significative suivant les zones géographiques, contrairement à l’utilisation de la solution hydro-alcoolique qui est désormais mieux admise en communauté, poursuit-il. De ce fait, les recommandations devront être assorties de mesures sociales en vue d’inciter les personnes à rester à leur domicile. »
En d’autres termes, notre prophylaxie déficiente et en particulier l’absence de campagne de prévention nous mène au confinement. Avec son cortège de défaillances économiques.
Une étude portant sur ces différences culturelles rapidement balayées aurait-elle permis d’adapter nos méthodes ? Les experts insistent sur « l’impérieuse nécessité de communication et de pédagogie coordonnée, à destination du grand public ».
L’intégration de spécialistes des sciences humaines et sociales dans le groupe d’experts aurait-elle corrigé cet angle mort ? On peut l’imaginer.
Quoi qu’il en soit, il est surtout permis de douter des capacités du gouvernement à en tenir compte. Jean-Paul Stahl se demande lui-même dans Le Canard Enchaîné du 25 mars si son rapport « n’a pas servi à caler une table au ministère ». Le dogme libéral dominait toujours jusqu’au déclenchement de « la plus grave crise sanitaire qu’ait connu la France depuis un siècle ». Parole de président.
[1] Avis d’experts relatifs à la stratégie de constitution d’un stock de contre-mesures médicales face à une pandémie grippale, Santé Publique France, 20 mai 2019, consulté en ligne le 26 mars 2020.
Les sénateurs et les députés se sont entendus sur le projet de loi qui instaure l’état d’urgence sanitaire pour deux mois et habilite le gouvernement Philippe à légiférer par ordonnances. Son adoption définitive par les deux chambres est intervenue dimanche après-midi, sans les voix des communistes, insoumis et socialistes. L’opposition de gauche déplore le manque de contrôle du Parlement, des reculs sociaux et l’alourdissement des peines en cas de non-respect répété du confinement.
La principale pierre d’achoppement concernait le dépôt des listes pour les municipales, la droite craignant des tripatouillages en cas de report trop tardif. Finalement, les candidats auront jusqu’au 2 juin pour se rendre en préfecture et le second tour se tiendra le 21 juin, à condition que le comité scientifique donne un feu vert, ce qui est très hypothétique.
Un fragile garde-fou est posé concernant le départ anticipé en congés payés, pour lesquels un accord d’entreprise sera nécessaire (à moins d’un accord de branche), « dans la limite de six jours ouvrables ». Toutes les entreprises pourront bénéficier du chômage partiel, pris en charge par l’Etat à hauteur de 84 % du salaire net ou 100 % dans le cas de travailleurs tombant sous le Smic.
Ces mesures d’essence avant tout patronales ne sont pas bornées dans le temps, contrairement à la suspension du jour de carence dans le privé comme dans le public, qui ne vaut que « pour la seule période de l’urgence sanitaire ».
Un amendement “pleins pouvoirs” permet à l’exécutif de limiter davantage encore les libertés d’aller et venir, d’entreprendre et de réunion pour mettre fin à la catastrophe sanitaire, sur simple décret. Il sera possible de contester ces mesures par le biais d’un référé-suspension devant le tribunal administratif.
Le sport en extérieur ainsi que certains marchés risquent d’ailleurs d’être interdits, suite aux injonctions du Conseil d’Etat, saisi par des médecins demandant un confinement plus strict de la population.
Une quadruple entorse aux mesures de confinement en l’espace d’un mois est désormais passible d’une peine de six mois d’emprisonnement, prononcée en comparution immédiate. Me Kempf dénonce un amendement scélérat, le principe de proportionnalité étant probablement bafoué.
Au moment où la justice tourne au ralenti, où les avocats sont tenus à l’écart des gardes à vue et où la promiscuité carcérale est particulièrement dangereuse pour la santé des détenus comme des surveillants, la création de ce délit rappelle le penchant répressif du pouvoir. L’arbitraire policier risque de prospérer. On pense avant tout aux quartiers populaires qui subissent déjà les contrôles au faciès et où le confinement rime avec enfermement.
Enfin, malgré les alertes venues des bancs de la droite, le volet organique du projet de loi suspend le délai d’examen des questions prioritaires de constitutionnalité (QPC). Le gouvernement n’entend pas voir son échafaudage s’effondrer comme un château de carte. Le Conseil constitutionnel sera toutefois saisi de cette partie du texte, qui prévoit précisément de le mettre en sourdine.
On n’a pas de masques, mais on a des LBD
Le préfet de police de Paris, Didier Lallement, promeut l’usage de drones équipés de haut-parleurs (et de caméras) en tant qu’outils de dissuasion contre les promeneurs, dans un clip diffusé par l’AFP. Le réel dépasse la science-fiction. Les mêmes images ont été filmées à Nice, sur la promenade des Anglais, et plus tôt en Italie ou bien sûr en Chine.
S’il s’agit surtout d’un gadget servant la propagande techno-policière, profitons-en pour souligner qu’au moment où les stocks stratégiques de masques se vidaient, passant de 1,6 milliards en 2010 à 150 millions en 2020, selon le ministre de la Santé lui-même, l’Etat investissait massivement dans l’armement.
Les esprits malicieux remarqueront que les Gilets jaunes se sont équipés de masques FFP2 voire FFP3 pour se protéger des lacrymo. D’autres esprits plus cruels ajouteront que leurs équipements ont été saisis par la maréchaussée lors de fouilles permises par la loi dite anti-casseurs votée l’an passé !
Les bon samaritains des télécoms
“Nous sommes en guerre“, a répété Emmanuel Macron lors de son allocution du 16 mars annonçant (sans le dire explicitement) le confinement du pays. Les industriels ont entendu le signal et surtout repéré les opportunités qu’une telle situation ouvre.
Ainsi, le PDG d’Orange, Stéphane Richard, propose que les données des abonnés de l’ex-entreprise publique servent à modéliser la propagation de la maladie grâce à la géolocalisation des téléphones. Seul obstacle, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), qui n’apprécie guère ce type de manœuvres. Qu’à cela ne tienne, le patron trouvera sûrement des oreilles plus attentives dans les ministères.
Des propositions similaires ont été formulées aux Etats-Unis, tandis que la Chine utilise déjà la reconnaissance faciale alliée au permis social dans certaines mégapoles pour asseoir son contrôle.
Par ailleurs, la neutralité du net pourrait faire les frais de la situation au nom de la priorité donnée au télétravail dans l’utilisation du réseau. Qu’entendait Macron au juste, le 12 mars, lorsqu’il parlait des “faiblesses de nos démocraties” ?
L’entraide contre la « stratégie du choc »
Comment réagir lorsque le confinement répond à une logique de santé publique mais qu’il renforce du même coup l’Etat policier ? Par l’auto-organisation bien entendu !
Un réseau de solidarité nommé #Covid-Entraide France met en relation les multiples groupes qui se créent partout sur le territoire, avec l’appui de personnalités et professionnels de la santé, de l’alimentation ou du spectacle. Leur appel a été relayé dans des médias de gauche tels que Mediapart, Reporterre ou Lundi Matin. Pas moins de 246 groupes sont recensés au 22 mars sur une carte interactive.
« On arrête tout, on réfléchit, et c’est pas triste »
Le député-reporter LFI François Ruffin réalise une libre-antenne chaque soir, lors de laquelle il donne la parole à des travailleuses, travailleurs mais aussi à des scientifiques ou penseurs des dérèglements de notre monde. Cette émission diffusée en direct sur les réseaux sociaux s’inscrit dans une démarche plus générale autour de son site L’An 01, en référence à la BD de Gébé et au film éponyme. Une autre façon de résister et pour Ruffin de poser un jalon pour l’avenir.
De radio des luttes à radio des huttes
L’Acentrale est le pendant du réseau de sites d’info participatifs Mutu. Créée en décembre pour couvrir les jours de manifs contre la retraite Macron au plus près du terrain, ce collectif de radios diffusant sur les ondes ou sur le web reprend du service pour une mission strictement inverse sur le papier : nous accompagner dans notre confinement.
Tisser du lien pour se donner de la force, partager les initiatives, éviter le repli sur soi, parler politique en pensant aux dominés qui souffrent avant tous les autres de la crise, etc. La lutte ne s’arrête pas dans le foyer !
Une journée de lutte marathon contre le projet de retraite à points s’est conclue à Lannion (Côtes-d’Armor) dans la salles des Ursulines, où les élu·e·s de l’agglomération et leurs invité·e·s partageaient le traditionnel buffet consécutif aux vœux de bonne année, ce vendredi 24 janvier.
Après une première manifestation dans la matinée, puis un déplacement en car vers celle organisée à Saint-Brieuc, la première retraite aux flambeaux des syndicats lannionnais finit par bifurquer. Au lieu de se disperser sur la place du Marchallac’h, les 300 manifestant·e·s trégorrois·e·s prennent le chemin du parvis des Droits de l’Homme, entre la salle de spectacle du Carré Magique et la salle polyvalente des Ursulines, réservée pour un buffet musical. Trop tard pour assister au dernier discours de vœux du président Le Jeune, mais pas pour obtenir une réponse des maires à la lettre envoyée par l’intersyndicale la semaine dernière. Celle-ci leur demande de se positionner sur le projet de réforme gouvernemental.
« Une réforme est nécessaire »
Gardés à distance par quelques policiers, les représentants syndicaux finissent par obtenir l’arrivée d’une délégation d’élus, par l’entremise du commandant Petitbois. Le président LREM (ex-PS) de Lannion Trégor Communauté, Joël Le Jeune, se présente entouré de plusieurs vice-présidents, dont le maire divers droite de Perros-Guirec, Erven Léon (possible successeur), le maire PS de Plouzélambre, André Coënt, le maire PS de Cavan, Maurice Offret, et le maire divers droite de Pleubian, Loïc Mahé.
« Je crois qu’une réforme est nécessaire, répond Joël Le Jeune à Erwan Trézéguet, secrétaire général départemental de la CGT. Elle doit être menée et je suis pour qu’elle soit négociée. Je regrette que la CGT, notamment, ne discute pas. Discutez ! Il y a déjà eu des évolutions qui ont été faites. Aujourd’hui le système ne tient plus. »
« Aux municipales, ça va faire mal »
Interpellé dans une ambiance houleuse par une travailleuse qui lui fait remarquer qu’une personne seule avec un enfant handicapé ne peut pas vivre dignement avec 1.000 €, le président de l’agglo accepte de recevoir une délégation syndicale dans les prochains jours. Le groupe de maires repart sous les huées, les protestataires promettant de les sanctionner lors des élections municipales, en mars.
Pendant ce temps, un premier groupe de manifestant·e·s parvient à pénétrer dans la salle en passant par les cuisines. Ceux restés entendre les élus les rejoignent, drapeaux en mains. Le secrétaire de l’union locale CGT, Benoît Dumont, dont le bureau se trouve d’ailleurs à l’étage, fait une lecture au mégaphone de la lettre adressée aux élu·e·s. L’immense majorités des invité·e·s lui tournent le dos.
Sous l’immense boule à facette, deux mondes qui pourtant se connaissent – Lannion est un grand village de 20.000 habitants -, s’observent en chien de faïence. Pas plus l’hymne anti-Macron des Gilets jaunes que la chorégraphie des travailleuses « We can do it ! » ne dérident l’assemblée. Après quelques petits fours, les manifestants repartent, discrètement accompagnés par les musiciens de jazz, payés pour ambiancer la soirée.
Figure de la gauche briochine, cofondateur d’Attac, engagé auprès des victimes des pesticides comme des mal-logés, Serge Le Quéau est avant tout syndicaliste. Le retraité de La Poste qui avait claqué la porte de la CFDT en 1989 pour fonder Sud PTT Bretagne fait le lien entre la privatisation des entreprises publiques et le projet de retraite à points du gouvernement Philippe-Macron.
Quel bilan tirez-vous de ce septième temps fort de la mobilisation, dans les Côtes-d’Armor ?
On est satisfaits de la mobilisation qui a eu lieu aujourd’hui parce que dans tout le pays il y a des manifestations. Hier soir, il y a eu des manifestations aux flambeaux dans une centaine de villes en France.
Dans les Côtes-d’Armor, ça a été très, très fort. Sur Saint-Brieuc, sur Dinan, sur Lannion, sur Guingamp et aujourd’hui encore à Saint-Brieuc nous sommes plus de 3.000 à dire notre opposition à la réforme des retraites du gouvernement Philippe et Macron.
Aujourd’hui, le gouvernement a présenté en conseil des ministres le projet de loi avec tous les articles et quand on les analyse – il y a des gens qui travaillent dessus en ce moment -, on s’aperçoit que le diable se niche dans les détails. En fin de compte, il y a énormément de régressions sociales à travers ce projet de loi. Pratiquement aucune catégorie sociale, aucun salarié ni même aucun travailleur indépendant, pratiquement personne ne va bénéficier d’avantages avec cette réforme-là. Ça va être une régression formidable.
L’âge pivot qui a été retiré et finalement réintroduit – ils appellent ça un âge d’équilibre -, le fait que les retraites soient calculées sur la carrière ça ne peut entraîner que mathématiquement une baisse des pensions. En plus, il y a aussi une dépossession des syndicats et du patronat du calcul des retraites donc du montant des retraites puisque ça permettra avec le point de laisser la main libre au gouvernement pour moduler les retraites comme comme bon lui semblera.
Neuf ans que le point d’indice des fonctionnaires est bloqué
On l’a bien vu par exemple aujourd’hui il y a un blocage dans la fonction publique du point d’indice depuis 2010. Ça fait neuf ans que le point d’indice est bloqué. On peut s’attendre, si la réforme par points passe, que le gouvernement gèle la valeur du point et donc fasse baisser d’une manière automatique les retraites. Donc plus que jamais nous restons mobilisés jusqu’au retrait de ce projet néfaste pour tout le monde.
Comme Pierre Mayeur, le directeur général de l’Ocirp, union d’institutions de prévoyance, vous dites que ce projet acte l’étatisation du régime de retraite.
C’est une rupture totale avec ce qui avait été mis en place au sortir de la guerre, en 1945, avec le système de sécurité sociale qui était un exemple dans le monde entier. Aujourd’hui, on voit bien que les néolibéraux avec Macron et puis l’oligarchie ne se contentent pas d’avoir déjà capté toute la richesse que produisaient les services publics non régaliens.
Les grands services publics, que ce soient La Poste, France Télécom, EDF et la SNCF maintenant, tous ces grands services publics qui rendaient des services aux usagers, à la population dans son entier, qui étaient un moyen de redistribution des richesses dans le pays, tout ça est passé au secteur privé marchand. Il y a des fortunes considérables qui sont faites avec ces services publics non-régaliens privatisés.
Le gouvernement s’attaque en ce moment à l’éducation nationale et à la santé. On le voit bien avec la crise sociale qui existe dans ces secteurs.
Le budget de la sécu est supérieur à celui de l’Etat
Cela ne suffit pas pour satisfaire les marchés financiers et finalement ils s’attaquent à la manne de la protection sociale. Il faut se rappeler que c’est 400 milliards d’euros par an, c’est plus important que le budget de l’Etat et qu’aujourd’hui le gouvernement Macron est en train de mettre à disposition du capitalisme financier international cette manne financière qui jusqu’à présent était un système de répartition, gérée par les organisations syndicales et patronales.
C’est un recul considérable, c’est une rupture totale avec le modèle social français. On est en train de glisser doucement mais sûrement vers un néolibéralisme à l’anglaise ou à l’américaine.
Un mot sur la stratégie de l’intersyndicale à Saint-Brieuc ou dans les Côtes-d’Armor plus généralement.
On appelle évidemment à se rassembler chaque samedi, à 11 h, devant la gare de Saint-Brieuc, en soutien à la mobilisation des cheminots.
Solidaires appelle au rassemblement organisé par la coordination régionale des Gilets Jaunes [le samedi 25 janvier, NDR]. Ils ont choisi la ville de Saint-Brieuc pour se mobiliser, à 14 h 30, place de la préfecture. On appelle également au rassemblement mercredi 29 janvier. Ce sera encore une grande journée de mobilisation interprofessionnelle.
Nous à Solidaire on se félicite que l’intersyndicale CGT-FO-FSU et Solidaires fonctionne extrêmement bien et on se réjouit aussi qu’on s’entende parfaitement bien avec les Gilets Jaunes de Saint-Brieuc. Il y a une unité très forte, qui laissera des traces.
La grève à la SNCF et la RATP diminue. Il vous faut trouver des actions qui marquent médiatiquement, comme ces marches aux flambeaux, qui semblent avoir un certain écho. On voit les avocats, d’autres professions qui déposent leurs outils. C’est un peu nouveau ça ?
Oui, c’est nouveau. On est obligé face à la détermination du gouvernement qui veut passer en force de multiplier les actions et on ne peut pas être seulement dans la grève. Il faut avoir de l’imagination dans la lutte.
Je pense que ce qu’on a été capable de faire ça permet de maintenir une pression, parce que ce que nous disons depuis pas mal de semaines c’est qu’il n’y aura pas de paix sociale dans le pays tant que le gouvernement s’entêtera à maintenir son projet.
On va vers un type d’actions de guérilla sociale finalement. Le gouvernement veut un affrontement frontal avec les syndicats et les salariés et nous on va multiplier les actions. On ne va pas lui laisser de repos. Nous pensons que c’est la bonne stratégie pour garder des forces et ne pas lâcher le combat et faire céder le gouvernement.
Engagés dans une course de fond pour faire échec à la réforme des retraites du président Macron, les syndicats CGT, FO, FSU, CFE-CGC et Solidaires ont de nouveau battu le pavé dans les rues de Saint-Brieuc, le vendredi 24 janvier. Un rendez-vous fixé à l’échelle nationale pour répondre à la présentation du projet de loi en conseil des ministres.
Ce vendredi 24 janvier, entre 2.000 et 3.000 opposants à la retraite à points répondent à l’appel des syndicats, dans les rues de la préfecture des Côtes-d’Armor, lors de ce septième temps fort national. Une affluence en hausse comparée aux précédentes manifestations, toutefois bien inférieure à celle du 5 décembre, qui inaugurait ce mouvement social.
« La mobilisation éclairée par des flambeaux a permis à beaucoup de continuer à exiger le retrait du projet de réforme des retraites, se réjouit Matthieu Nicol, secrétaire général de la CGT des Côtes-d’Armor. Dans le même temps, la grève se poursuit dans de nombreuses professions, qui se mobilisent et multiplient les actions de dépôt des outils de travail dans les lieux symboliques. Ce matin, plus de cent enseignants étaient à l’inspection académique pour un jeté de livres, de cartables et de chaussures. »
« Ils n’ont aucune raison de continuer »
Augmenter les salaires, atteindre l’égalité salariale, mettre fin à la précarité, prendre en compte les années d’études, soumettre à cotisations les plateformes numériques, mettre fin ou compenser les exonérations patronales, réorienter les crédits d’impôts aux entreprises vers le régime de retraite, élargir l’assiette de cotisation ou encore lutter contre la fraude et l’évasion fiscale en instaurant une contribution sociale pour la protection sociale sur les revenus du capital : l’intersyndicale expose ses contre-propositions afin d’éviter « toute ouverture à la capitalisation ».
« Deux-cents milliards d’exonérations ont été accordées au patronat. Après 2027, c’est pas 14 % c’est moins de 12 % du PIB que représenterait la question des retraites, calcule Martial Collet, secrétaire départemental de la CGT-Force Ouvirère. C’est à dire un rien ! Ils n’ont aucune raison de continuer, hormis une question dogmatique et libérale. »
Réunis dans la lutte depuis près de deux mois, les responsables syndicaux affichent leur volonté de poursuivre la mobilisation sans baisse de régime. En plus du rendez-vous hebdomadaire sur le parvis de la gare, chaque samedi, ils appellent à une nouvelle manifestation départementale à Saint-Brieuc, mercredi 29 janvier, à 13 h 30. Ce sera la veille de l’ouverture de la conférence de financement convoquée par le gouvernement, sur proposition de la CFDT.
Outre la pause décidée par la CFE-CGC, le syndicat des cadres, un point de divergence apparaît concernant la place laissée aux Gilets jaunes, dont la méfiance vis-à-vis de toute organisation traditionnelle reste palpable. Seule l’Union syndicale Solidaires par la voix de sa figure locale, Serge Le Quéau, appelle à rejoindre leur propre manifestation, samedi 25 janvier. « Même si Macron le veut pas… »
Des bons points retraite pour les travailleurs sages
Une lettre déposée à la permanente du député LREM Eric Bothorel, une autre à la sous-préfecture de Lannion. La mobilisation contre la politique socio-économique d’Emmanuel Macron prend encore la forme du dialogue social, dans ce coin de Bretagne. Pourtant, personne ne se faisait guère d’illusion sur l’orientation du futur gouvernement Philippe III, lors de la manifestation qui a rassemblé 600 à 700 trégorrois·es ce mardi 9 octobre 2018.
Un an après l’adoption des ordonnances Travail, dérégulant un peu plus le marché de l’emploi, la CGT, FSU, FO et Solidaires ont retrouvé le chemin de la rue. Sans attirer la foule des grands jours, mais sans donner l’image de syndicats abandonnés. Le cortège reprend des couleurs. L’affaire Benalla est passée par là et surtout la hausse de la CSG ou l’échec de Parcousup.
Interview de Gilbert Fegar (CGT énergie) contre la privatisation de l’énergie
Le 12 septembre 2017, environ 1.000 Lannionnais·es ou Trégorrois·es ont participé à la manifestation organisée par l’intersyndicale CGT-FSU-Solidaires, contre les ordonnances Macron modifiant le code du travail.
Parti de La Poste, le cortège s’est arrêté devant la maison du département, pour protester contre la privatisation du service des soins à la personne par l’exécutif LR-UDI, avant de revenir sur les quais d’Aiguillon en passant par la gare.
Désobéissant à leur secrétaire général Jean-Claude Mailly, des militants de FO sont venus gonfler les rangs. La France Insoumise a défilé derrière sa banderole, après les syndicats. Le groupe local du parti, dont le leader Jean-Luc Mélenchon est arrivé 2e au premier tour de l’élection présidentielle à Lannion, est lui-même membre du Front social, avec la CNT, Solidaires ou Nuit Debout Lannion. Ce collectif milite pour la convergence des luttes contre la politique libérale du gouvernement d’Edouard Philippe.
Des salarié·e·s de Nokia, ex-Alcatel-Lucent, confrontés à un nouveau plan de 91 suppressions d’emplois sur le site de Lannion Pégase, ont fait entendre leur voix.
Présent à titre personnel, le militant CFE-CGC François Schmetz (ex-Alcatel-Lucent, licencié lors du plasn Shift) nous explique pourquoi il s’oppose aux ordonnances, notamment le plafonnement des indemnités prud’homales, étant lui-même juge salarié au tribunal de Guingamp.