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[Vidéos] Des salaires au climat, pourquoi manifestaient-ils ce 13 octobre à Lannion

Quatre mois après les derniers feux de la bataille des retraites, l’intersyndicale du Trégor n’a guère mobilisé au-delà des rangs militants, vendredi 13 octobre 2023. Mais parce qu’il faut se méfier de l’eau qui dort, nous avons tendu l’oreille pour comprendre ce qui fait marcher ceux qui ont fait le déplacement.

Premier rendez-vous syndical majeur depuis la rentrée, si l’on compte à part la mobilisation contre le racisme et les violences policières du 23 septembre, cette journée de grève interprofessionnelle devait rallumer la flamme du mouvement social. À Lannion, sous-préfecture des Côtes-d’Armor, seuls 350 motivés ont suivi les porteurs de banderole pour un « petit tour des ponts » autour du Léguer. Loin des 7.000 manifestants comptés régulièrement par les képis au printemps.

Si les drapeaux de la CGT et de la CFDT ont de nouveau flotté dans la même direction, localement, la confédération Force ouvrière s’est fait porter pâle.

Dans l’argumentaire déployé pour rejoindre les cortèges par la CGT, l’opposition au report de l’âge légal de départ à la retraite n’est plus que la cinquième raison citée. Derrière l’augmentation générale des salaires, l’égalité femmes-hommes, la défense des services publics et la « transition écologique socialement juste ». Volonté de tourner la page ou dépit ? Que ce soit à la tribune ou sur le pavé, nul ne souhaite s’appesantir sur le revers majeur subi plus tôt dans l’année.

« Les riches n’ont jamais été aussi riches et les Restos du cœur n’arrivent plus à fournir »

« MÊME EN TRAVAILLANT SE LOGER DEVIENT COMPLIQUÉ », ROBIN MAILLOT (UNSA) / Lannion - 13 octobre 2023

« C’est une date européenne qui intervient dans un contexte très difficile pour les citoyens qui ont le moins, convient Robin Maillot, représentant du personnel pour l’Unsa dans l’éducation. Plus ça va, plus les prix augmentent et je pense qu’on n’a pas fini de parler de l’énergie. Les coûts de l’énergie pour les collèges et les lycées, qui vont retomber sur les conseils départementaux et régionaux, vont exploser. »

L’été a aussi laissé des traces à l’hôpital. Faute de personnels suffisants, les urgences de nombreux établissements ne sont régulièrement plus accessibles la nuit sans passer par la régulation du Samu. À Guingamp, les accouchements ne sont plus assurés.

« On voit qu’on gère la misère, constate Robin Maillot. Inversement, on a des aides aux entreprises absolument pas assujetties à des contreparties ce qui est particulièrement inadmissible. Les riches n’ont jamais été aussi riches et les Restos du cœur n’arrivent plus à fournir. »

La conférence sociale promise par Emmanuel Macron pour se pencher sur les branches professionnelles dont des échelons débutent sous le Smic et inaugurée le 16 octobre par Élisabeth Borne ne suscite aucun enthousiasme.

Dans les rangs de la jeunesse, si les questions sociales demeurent importantes, les préoccupations environnementales affleurent rapidement.

« Je me suis préparé à mourir »

Pancarte louant « la seule planète le kouign-amann existe », Mona, déplore que « le gouvernement ne fasse rien du tout pour l’écologie ». La lycéenne en arts du cirque à Savina, venue spécialement avec ses camarades de Tréguier, aimerait que les politiques s’attaquent à la fast-fashion, à savoir la mode éphémère qui implique une production massive de vêtements dans des pays où la main-d’œuvre est sous-payée voire exploitée. « On s’habille tous en frip’, donc il y a plein de moyens de faire autrement. »

« IL FAUT AGIR CONTRE LA FAST FASHION », MONA ET ZOÉ, LYCÉENNES / Lannion - 13 octobre 2023

Pas beaucoup plus âgé que Mona, Winaël a déjà expérimenté la violence d’État.

« À Sainte-Soline, avant d’y aller, je me suis préparé à mourir, j’ai dû prévenir des proches que potentiellement j’irai mourir et je suis passé pas très loin de la mort », témoigne dans un calme déconcertant ce lycéen nazairien, dont le casque est décoré d’un autocollant “no bassaran”.

Le 25 mars 2023, il participait à la manifestation contre la construction de méga-bassines dans les Deux-Sèvres, lors de laquelle plus de 5.000 grenades lacrymogènes et de désencerclement ont été tirées par les gendarmes.

Un rapport des observatoires des libertés publiques et des pratiques policières cosigné par la Ligue des droits de l’homme (LDH) reprend le bilan délivré par les Soulèvements de la Terre, à savoir 200 manifestants blessés dont 40 gravement, 20 mutilées ou au pronostic fonctionnel engagé parmi lesquelles une personne au pronostic vital engagé. Peu après les affrontements, le procureur du département avait lui annoncé 47 gendarmes blessés, dont deux en urgence absolue lors de leur prise en charge, et deux journalistes en urgence relative.

« Si le gouvernement me considère comme “éco-terroriste”, ça en devient une légion d’honneur parce que la vraie répression, la vraie violence, elle n’est pas de soutenir les familles des vitrines. Ce sont les gens qui sont mutilés, qui meurent. […] Même l’Onu considère la France comme une démocratie défaillante, poursuit le militant du Mouvement national lycéen (MNL). Là, le gouvernement veut réautoriser le glyphosate, qui cause des troubles sur les cerveaux des enfants. Il favorise le profit avant tout. »

« AVANT SAINTE-SOLINE, JE ME SUIS PRÉPARÉ À MOURIR », WINAËL (MNL) / Lannion - 13 octobre 2023

Les questions internationales ont quant à elles été soigneusement évitées dans le discours lu à trois voix par des représentantes de la FSU, de la CFDT et de la CGT juste avant le défilé. Les organisations syndicales ont rappelé leur « attachement aux valeurs républicaines, aux libertés démocratiques, individuelles et collectives, en particulier le droit de grève et de manifestation ». Est-ce une allusion au télégramme du ministre de l’Intérieur demandant au préfet d’interdire toute manifestation pro-palestinienne ?

Au pied du podium, un tract distribué par l’association France Palestine Solidarité Trégor met les pieds dans le plat. Après une dénonciation « sans ambiguïté » de l’attaque du Hamas qui a « pris pour cible de très nombreux civils non armés », l’organisation alerte sur la réponse du gouvernement israélien. « Une escalade placée sous le signe de la vengeance » face à laquelle l’AFPS réclame des autorités françaises et européennes qu’elles se mobilisent pour un cessez-le-feu immédiat.

Le chaos du monde qui ébranle la coalition de gauche à l’Assemblée nationale mettra-t-elle en sourdine les aspirations sociales et écologistes ? Alors que la résurgence d’attentats islamistes favorise les discours martiaux et la désignation de boucs émissaires, les militants ont de quoi être inquiets.

« CONTRE L’AUSTÉRITÉ EN FRANCE COMME EN EUROPE », DISCOURS INTERSYNDICAL / Lannion - 13 octobre 2023
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« Le syndicalisme pour changer la société », 50 ans de lutte vues par Solidaires Bretagne

C’est un film resté dans les cartons pendant quatre longues années. Une commande passée par Solidaires Bretagne au journaliste Gwenvaël Delanoë. Dans « Le Syndicalisme pour changer la société » – documentaire en trois parties visible ci-dessous -, plusieurs militant·es mus par les idéaux libertaires analysent l’émergence d’une structure singulière dans le paysage syndical, à l’heure du néolibéralisme triomphant.

« On voulait montrer la trahison de la social-démocratie et du syndicalisme d’accompagnement. On n’est pas si nombreux à avoir vécu ça de l’intérieur », explique d’emblée Serge Le Quéau. À 70 ans, l’ancien facteur siège depuis peu au Conseil social économique et environnemental (Cese) au nom de l’Union syndicale Solidaires. La prolongation d’une vie de lutte, essentiellement menée comme postier, du Finistère aux Côtes-d’Armor en passant par Paris. Porteur de divers mandats sous l’étiquette de la CFDT, il a vu son organisation, jadis autogestionnaire, se transformer sous l’ère Mitterrand. Jusqu’à à la rupture et la fondation de Sud PTT, en 1989.

« On pourrait encore en dire beaucoup sur les connivences entre Edmont Maire et Jacques Delors. François Ruffin a repris cette histoire dans “Faut-il faire sauter Bruxelles ?“, un fascicule sorti en 2014 », se remémore celui qui fut aussi l’un des fondateurs d’Attac dans les années 1990.

Floriane Hédé fait partie des militant·es auquel Serge Le Quéau a passé le flambeau, à La Poste comme au sein de Solidaires Côtes-d’Armor. Et qui souhaite faire vivre cette mémoire. Dans le film, elle témoigne depuis le port du Légué de la fermeture du centre de tri de Saint-Brieuc en 2012 et du mouvement des Gilets jaunes, auquel elle a participé.

Le documentaire réalisé par le journaliste Gwenvaël Delanoë aborde le retour du traitement policier des mouvements sociaux. Si la répression n’a fait que s’accentuer depuis 2019, Floriane Hédé retient une évolution positive et inattendue : « Sur les retraites, la CFDT a fait l’union jusqu’au bout ». Pas suffisant néanmoins pour l’emporter.

Rien qui n’empêche de faire circuler ce film, qui, jusqu’à sa mise en ligne la semaine dernière n’avait été vu que par quelques dizaines de privilégiés. Serge Le Quéau et Floriane Hédé aimeraient s’en servir comme support lors de débats publics. Et pourquoi pas tirer un livre des 50 heures de rushes qui dorment pour l’heure sur des disques durs ?

1968 – 1978 : La Révolution qui vient

Le syndicalisme pour changer de société 1
Engouements, perspectives et trahisons après Mai 68

1978-1995 : Un loup dans la bergerie

Le syndicalisme pour changer de société 2
De la « gauche » au pouvoir à la création de Sud

1995 – aujourd’hui : Arrêter le massacre

Le syndicalisme pour changer de société 3
Code du travail, retraites, les services publics : Les enjeux contemporains du syndicalisme

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[Vidéo] Retraites : Women on fire (sur l’air de Freed from desire)

RETRAITES : WOMEN ON FIRE (GALA : FREED FROM DESIRE) / Lannion - 7 février 2023

Les slogans féministes fleurissent lors des manifestations contre le report de l’âge légal de départ à la retraite. S’estimant particulièrement pénalisées par le projet de loi porté par Élisabeth Borne et voulu par Emmanuel Macron, des militantes trégorroises ont formé le collectif des Rosies pour interpréter une chorégraphie avant les prises de parole syndicales, à Lannion (Côtes-d’Armor).

Mardi 7 février, entre 4 000 et 7 000 personnes ont de nouveau manifesté autour des quais de Lannion pour protester contre la retraite à 64 ans.

Sur la scène montée pour les prises de parole syndicale, le collectif des Rosies danse sur des chansons détournés par Attac, l’Association pour la taxation des transactions financières pour l’action citoyenne. En témoigne Women on fire, à chanter sur l’air de Freed from desire, le tube de Gala sorti en 1996.

Les Rosies désignent les femmes travailleuses qui ont joué un rôle clé pendant la Seconde Guerre mondiale. Elles étaient représentées dans une célèbre affiche de propagande américaine et travaillaient dans des usines et des chantiers navals pour soutenir l’effort de guerre. Les Rosies ont ouvert de nouvelles opportunités pour les femmes sur le marché du travail et sont considérées comme des symboles de l’émancipation féminine.

Les slogans féministes ont fleuri dans les rangs de la manifestation contre la retraite Macron, à Lannion, le 7 février 2023. Crédits : Sylvain Ernault - La Déviation
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La retraite aux flambeaux finit au buffet de Lannion agglo

Une journée de lutte marathon contre le projet de retraite à points s’est conclue à Lannion (Côtes-d’Armor) dans la salles des Ursulines, où les élu·e·s de l’agglomération et leurs invité·e·s partageaient le traditionnel buffet consécutif aux vœux de bonne année, ce vendredi 24 janvier.

Après une première manifestation dans la matinée, puis un déplacement en car vers celle organisée à Saint-Brieuc, la première retraite aux flambeaux des syndicats lannionnais finit par bifurquer. Au lieu de se disperser sur la place du Marchallac’h, les 300 manifestant·e·s trégorrois·e·s prennent le chemin du parvis des Droits de l’Homme, entre la salle de spectacle du Carré Magique et la salle polyvalente des Ursulines, réservée pour un buffet musical. Trop tard pour assister au dernier discours de vœux du président Le Jeune, mais pas pour obtenir une réponse des maires à la lettre envoyée par l’intersyndicale la semaine dernière. Celle-ci leur demande de se positionner sur le projet de réforme gouvernemental.

« Une réforme est nécessaire »

Gardés à distance par quelques policiers, les représentants syndicaux finissent par obtenir l’arrivée d’une délégation d’élus, par l’entremise du commandant Petitbois. Le président LREM (ex-PS) de Lannion Trégor Communauté, Joël Le Jeune, se présente entouré de plusieurs vice-présidents, dont le maire divers droite de Perros-Guirec, Erven Léon (possible successeur), le maire PS de Plouzélambre, André Coënt, le maire PS de Cavan, Maurice Offret, et le maire divers droite de Pleubian, Loïc Mahé.

« Je crois qu’une réforme est nécessaire, répond Joël Le Jeune à Erwan Trézéguet, secrétaire général départemental de la CGT. Elle doit être menée et je suis pour qu’elle soit négociée. Je regrette que la CGT, notamment, ne discute pas. Discutez ! Il y a déjà eu des évolutions qui ont été faites. Aujourd’hui le système ne tient plus. »

« Aux municipales, ça va faire mal »

Interpellé dans une ambiance houleuse par une travailleuse qui lui fait remarquer qu’une personne seule avec un enfant handicapé ne peut pas vivre dignement avec 1.000 €, le président de l’agglo accepte de recevoir une délégation syndicale dans les prochains jours. Le groupe de maires repart sous les huées, les protestataires promettant de les sanctionner lors des élections municipales, en mars.

Pendant ce temps, un premier groupe de manifestant·e·s parvient à pénétrer dans la salle en passant par les cuisines. Ceux restés entendre les élus les rejoignent, drapeaux en mains. Le secrétaire de l’union locale CGT, Benoît Dumont, dont le bureau se trouve d’ailleurs à l’étage, fait une lecture au mégaphone de la lettre adressée aux élu·e·s. L’immense majorités des invité·e·s lui tournent le dos.

Sous l’immense boule à facette, deux mondes qui pourtant se connaissent – Lannion est un grand village de 20.000 habitants -, s’observent en chien de faïence. Pas plus l’hymne anti-Macron des Gilets jaunes que la chorégraphie des travailleuses « We can do it ! » ne dérident l’assemblée. Après quelques petits fours, les manifestants repartent, discrètement accompagnés par les musiciens de jazz, payés pour ambiancer la soirée.

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« Macron met la sécu à disposition du capitalisme financier », accuse Serge Le Quéau

Figure de la gauche briochine, cofondateur d’Attac, engagé auprès des victimes des pesticides comme des mal-logés, Serge Le Quéau est avant tout syndicaliste. Le retraité de La Poste qui avait claqué la porte de la CFDT en 1989 pour fonder Sud PTT Bretagne fait le lien entre la privatisation des entreprises publiques et le projet de retraite à points du gouvernement Philippe-Macron. 

Quel bilan tirez-vous de ce septième temps fort de la mobilisation, dans les Côtes-d’Armor ?

On est satisfaits de la mobilisation qui a eu lieu aujourd’hui parce que dans tout le pays il y a des manifestations. Hier soir, il y a eu des manifestations aux flambeaux dans une centaine de villes en France.

Dans les Côtes-d’Armor, ça a été très, très fort. Sur Saint-Brieuc, sur Dinan, sur Lannion, sur Guingamp et aujourd’hui encore à Saint-Brieuc nous sommes plus de 3.000 à dire notre opposition à la réforme des retraites du gouvernement Philippe et Macron.

Aujourd’hui, le gouvernement a présenté en conseil des ministres le projet de loi avec tous les articles et quand on les analyse – il y a des gens qui travaillent dessus en ce moment -, on s’aperçoit que le diable se niche dans les détails. En fin de compte, il y a énormément de régressions sociales à travers ce projet de loi. Pratiquement aucune catégorie sociale, aucun salarié ni même aucun travailleur indépendant, pratiquement personne ne va bénéficier d’avantages avec cette réforme-là. Ça va être une régression formidable.

L’âge pivot qui a été retiré et finalement réintroduit – ils appellent ça un âge d’équilibre -, le fait que les retraites soient calculées sur la carrière ça ne peut entraîner que mathématiquement une baisse des pensions. En plus, il y a aussi une dépossession des syndicats et du patronat du calcul des retraites donc du montant des retraites puisque ça permettra avec le point de laisser la main libre au gouvernement pour moduler les retraites comme comme bon lui semblera.

Neuf ans que le point d’indice des fonctionnaires est bloqué

On l’a bien vu par exemple aujourd’hui il y a un blocage dans la fonction publique du point d’indice depuis 2010. Ça fait neuf ans que le point d’indice est bloqué. On peut s’attendre, si la réforme par points passe, que le gouvernement gèle la valeur du point et donc fasse baisser d’une manière automatique les retraites. Donc plus que jamais nous restons mobilisés jusqu’au retrait de ce projet néfaste pour tout le monde.

Comme Pierre Mayeur, le directeur général de l’Ocirp, union d’institutions de prévoyance, vous dites que ce projet acte l’étatisation du régime de retraite.

C’est une rupture totale avec ce qui avait été mis en place au sortir de la guerre, en 1945, avec le système de sécurité sociale qui était un exemple dans le monde entier. Aujourd’hui, on voit bien que les néolibéraux avec Macron et puis l’oligarchie ne se contentent pas d’avoir déjà capté toute la richesse que produisaient les services publics non régaliens.

Les grands services publics, que ce soient La Poste, France Télécom, EDF et la SNCF maintenant, tous ces grands services publics qui rendaient des services aux usagers, à la population dans son entier, qui étaient un moyen de redistribution des richesses dans le pays, tout ça est passé au secteur privé marchand. Il y a des fortunes considérables qui sont faites avec ces services publics non-régaliens privatisés.

Le gouvernement s’attaque en ce moment à l’éducation nationale et à la santé. On le voit bien avec la crise sociale qui existe dans ces secteurs.

Le budget de la sécu est supérieur à celui de l’Etat

Cela ne suffit pas pour satisfaire les marchés financiers et finalement ils s’attaquent à la manne de la protection sociale. Il faut se rappeler que c’est 400 milliards d’euros par an, c’est plus important que le budget de l’Etat et qu’aujourd’hui le gouvernement Macron est en train de mettre à disposition du capitalisme financier international cette manne financière qui jusqu’à présent était un système de répartition, gérée par les organisations syndicales et patronales.

C’est un recul considérable, c’est une rupture totale avec le modèle social français. On est en train de glisser doucement mais sûrement vers un néolibéralisme à l’anglaise ou à l’américaine.

Un mot sur la stratégie de l’intersyndicale à Saint-Brieuc ou dans les Côtes-d’Armor plus généralement. 

On appelle évidemment à se rassembler chaque samedi, à 11 h, devant la gare de Saint-Brieuc, en soutien à la mobilisation des cheminots.

Solidaires appelle au rassemblement organisé par la coordination régionale des Gilets Jaunes [le samedi 25 janvier, NDR]. Ils ont choisi la ville de Saint-Brieuc pour se mobiliser, à 14 h 30, place de la préfecture. On appelle également au rassemblement mercredi 29 janvier. Ce sera encore une grande journée de mobilisation interprofessionnelle.

Nous à Solidaire on se félicite que l’intersyndicale CGT-FO-FSU et Solidaires fonctionne extrêmement bien et on se réjouit aussi qu’on s’entende parfaitement bien avec les Gilets Jaunes de Saint-Brieuc. Il y a une unité très forte, qui laissera des traces.

La grève à la SNCF et la RATP diminue. Il vous faut trouver des actions qui marquent médiatiquement, comme ces marches aux flambeaux, qui semblent avoir un certain écho. On voit les avocats, d’autres professions qui déposent leurs outils. C’est un peu nouveau ça ?

Oui, c’est nouveau. On est obligé face à la détermination du gouvernement qui veut passer en force de multiplier les actions et on ne peut pas être seulement dans la grève. Il faut avoir de l’imagination dans la lutte.

Je pense que ce qu’on a été capable de faire ça permet de maintenir une pression, parce que ce que nous disons depuis pas mal de semaines c’est qu’il n’y aura pas de paix sociale dans le pays tant que le gouvernement s’entêtera à maintenir son projet.

On va vers un type d’actions de guérilla sociale finalement. Le gouvernement veut un affrontement frontal avec les syndicats et les salariés et nous on va multiplier les actions. On ne va pas lui laisser de repos. Nous pensons que c’est la bonne stratégie pour garder des forces et ne pas lâcher le combat et faire céder le gouvernement.

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La maternité de Guingamp va-t-elle crever ?

Le Comité de défense de l’hôpital de Guingamp a pris place dans le cortège intersyndical qui a rassemblé 600 fonctionnaires le long des quais, à Lannion, le mardi 22 mai 2018. Le même jour, l’Agence régionale de Santé (ARS Bretagne) a annoncé la fermeture de la maternité de Guingamp pour fin janvier 2019.

Dix ans après le combat des Carhaisiennes et Carhaisiens pour sauver leur maternité, c’est au tour de la population guingampaise de se mobiliser. Les craintes exprimées par le personnel du centre hospitalier depuis plusieurs mois se sont concrétisées le jour même de la mobilisation nationale pour les services publics avec l’annonce de l’ARS, consécutive à l’avis négatif exprimé la veille par une commission chargée d’évaluer la pérennité du service.

Pour l’ARS, le territoire de santé « connaît une baisse significative de ses naissances » (moins 24 % sur cinq ans). Cette évolution était « devenue nécessaire au vu des enjeux de sécurité des prises en charge et des caractéristiques démographiques du territoire […] Faute de renforts suffisants […] et de recrutement pérennes [en pédiatrie et anesthésie] la couverture médicale du service sur ces deux spécialités reste fragile ».

Un centre de périnatalité sera créé, mais « à compter du 1er février 2019, les accouchements seront pris en charge dans les maternités environnantes. »

Le nombre de maternité ne cesse de diminuer en France, pour des raisons essentiellement budgétaires. En 2016, sept établissements ont fermé, dont six privés. On en comptait 491 en France métropolitaine à la fin de cette année.

Thierry Pérennes, figure de l’Union locale CGT de Guingamp et par ailleurs candidat du NPA aux législatives dans la quatrième circonscription des Côtes-d’Armor, communique avec le comité de défense de la maternité de Carhaix pour obtenir des conseils juridiques.

Unité pour la mater’, le 26 mai dans la rue

Conscient que la lutte se jouera surtout dans la rue, il regrette l’initiative unilatérale de cinq élus PS, dont l’ex-députée maire de Guingamp et présidente du conseil de surveillance de l’hôpital. Dans un communiqué transmis la veille à la presse, ils ont convoqué une manifestation le samedi 26 mai sans avoir contacté le comité guingampais. Ce dernier prendra néanmoins part à l’action, aux côtés du comité de soutien de l’hôpital de Paimpol, des syndicats CGT et CFDT de l’hôpital, de LFI, du NPA, de l’UBD, et bien sûr des usagères et usagers.

La « marée populaire » contre la politique jugée antisociale du gouvernement est appelée le même jour par un collectif national d’une cinquantaine d’associations, de partis et de syndicats, dont la CGT. Un défilé est prévu à Saint-Brieuc.

Parmi les autres corps de métiers de la fonction publique représentants ce mardi 22 mai à Lannion, quelques pompiers craquent des fumigènes. François Ollivier dénonce la réduction des effectifs. Le périmètre des missions est revu à la baisse, sans que d’autres agents ne prennent le relais, notamment pour intervenir dans le Ehpad.

Pire, le risque de passer à côté d’un appel d’urgence vitale grandit. Quelques jours après la mort de Naomie Musenga, moquée par une opératrice du Samu, le délégué syndical CGT du Sdis 22 estime que la plateforme commune au 18 et au 112 dans les Côtes-d’Armor a pu connaître une situation similaire faute de moyens.

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Yann Guéguen mène la grève à Lannion Trégor Communauté

Environ 150 agents de Lannion Trégor Communauté ont manifesté du siège de l’agglo vers le centre-ville, le jeudi 17 mai 2018. La grève contre la hausse du temps de travail et l’instauration d’une prime au mérite a commencé le mardi 15 mai, à l’appel de l’intersyndicale CGT-CFDT.

Qu’ils travaillent dans les déchetteries, les piscines, les services administratifs, à l’aquarium de Trégastel ou au volant d’un bus, les fonctionnaires territoriaux s’estiment lésés par l’harmonisation du volume de travail annuel à 1.607 heures, soit 35 heures par semaine, par la déduction de jours de congés. Ils jugent que le travail n’est pas récompensé, alors que les fusions rapides et successives entraînent des réorganisations dans les services.

Selon Yann Guéguen, professeur à l’école de musique du Trégor, représentant CGT et candidat LO aux législatives, les salariés de Lannion Trégor Communauté ne comptent par leurs heures. La suppression de congés permettrait surtout selon lui à l’agglo de se passer d’agents contractuels. L’assemblée générale propose de travailler un quartd’heure de plus par jour pour arriver au seuil recommandé par la Cour régionale des comptes.

Autre pierre d’achoppement, l’intégration d’une part variable dans la rémunération, basée sur l’évaluation des agents. Les grévistes dénoncent une mesure budgétaire qui risque de mettre en concurrence les agents et de dégrader l’ambiance de travail. Tout en facilitant le copinage, quand les critères sont difficilement quantifiables.

Après deux réunions de négociations, mardi puis mercredi, la délégation de grévistes ne note pas d’avancée de la part du président de Lannion Trégor Communauté. La direction de LTC renvoie à des négociations le 29 mai. Le mouvement se poursuivra ce vendredi 18 mai et pourrait durer, au moins, jusqu’au 22 mai, journée nationale de grève dans les trois fonctions publiques.

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L’hôpital de Bégard bat le pavé pour la santé

À dire vrai, les manifestants ne croisent pas grand monde, en ce mardi matin, dans les rues de Bégard. L’hôpital psychiatrique géré par la fondation du Bon Sauveur est le premier employeur de la commune. Cette ville dans la ville emploie près de 800 professionnels aux métiers divers, tandis que le chef lieu de canton des Côtes-d’Armor n’a plus dépassé les 5.000 habitants depuis la fin des 1980.

La nuée de drapeaux rouges se dirige tout naturellement vers la mairie, où les attendent le maire communiste Gérard Le Caër et son adjointe Cindirella Bernard, cheffe du groupe PCF au conseil départemental et candidate aux législatives. Des militants mélenchonistes distribuent des tracts et les soutiens des uns et des autres à la gauche du PS se taquinent gentiment. Le co-secrétaire de l’union locale CGT de Guingamp Thierry Pérennès est présent. Le 16 février, il discourait aux côtés de Philippe Poutou, en meeting à Bégard.

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Chapitre : les salariés occupent les lieux

Reportage – Depuis l’annonce de la liquidation judiciaire de l’enseigne Chapitre le 2 décembre, les 57 librairies françaises avaient deux mois pour trouver acheteur. Le 10 février, le tribunal de commerce de Paris a statué la fermeture définitive de 23 d’entre elles. Depuis, la CGT, syndicat majoritaire des salariés, appelle à l’occupation des lieux afin d’obtenir la réévaluation des primes de licenciement.

Pour les salariés des enseignes de Lyon, Boulogne ou encore Tours, le dernier chapitre n’a pas eu le dénouement espéré. Parmi les 23 librairies qui ont dû fermer leurs portes lundi soir, neuf sont actuellement occupées d’après la CGT. J’ai rencontré les occupants à Tours.

Mardi 11 février 2014, 16 h. “L’heure tranquille” est un nom qui sonne parfois comme une malédiction pour le centre commercial qui accueille les 17 salariés de l’enseigne Chapitre tourangelle. Ils ne sont pas nombreux à arpenter la galerie commerciale en ce jour pluvieux. Seuls quelques rares passants marmonnent leur soutien à la vue des drapeaux CGT, et des doux messages à l’attention des patrons du groupe.

“Il n’y a jamais eu autant de clients qu’en ce moment”

À l’intérieur, Damien, libraire spécialisé BD, polar et science fiction, est seulement accompagné d’une militante CGT. Ils gardent le fort pendant que le reste de l’équipe rencontre Marie-France Beaufils, maire communiste de Saint-Pierre-des-Corps et sénatrice d’Indre-et-Loire. “Il n’y a jamais eu autant de clients qu’en ce moment”, blague Damien.

La librairie n’a jamais réellement décollé depuis son installation en 2009. “L’heure tranquille” serait-elle trop tranquille ? Damien acquiesce. Le climat désertique de ce centre commercial ne permettait pas d’espérer une potentielle reprise de l’activité.

De l'extérieur, les passants découvrent la situation des salariés.
De l’extérieur, les passants découvrent la situation des salariés.

Depuis lundi soir, ils sont “quatre, allez cinq salariés” à participer à cette occupation. Douze manquent à l’appel. “Ils ne se sentent pas concernés, ils ont tourné la page”, regrette Séverine, libraire ultra-mobilisée. On ne la verra que quelques courtes minutes. Elle court partout pour mobiliser médias et politiques.

Une prime de 880 €

À l’origine, ce sont les salariés de Montbéliard qui les ont appelés pour leur proposer d’organiser cette mobilisation. “C’est un mouvement qui est venu des salariés syndiqués”, précise Damien. Car à Tours, aucun n’appartient à la CGT.

Il n’y aura plus de reprise possible, ils n’y ont jamais cru. Mais les conditions de départ ne sont pas satisfaisantes. Avec cinq ans d’ancienneté, un salarié comme Damien partira avec une prime de 880 €. La direction a été intransigeante. Les primes ne dépasseront pas les minimums légaux.

Seulement pour Damien il s’agit d’un non-sens. “Le stock restant des 23 librairies représente 11 millions d’euros et nos dirigeants préfèrent embaucher des intérimaires qui seront payés 50 % de plus pour emballer le stock. Ça veut dire qu’il y a bien de la trésorerie. Selon lui, les salariés qui avaient été licenciés plus tôt en 2012 à Saint-Nazaire avaient pu partir avec près de 20 000 euros d’indemnités. Aujourd’hui, la stratégie des occupants est bien de garder les stocks et d’empêcher l’arrivée des intérimaires.

La militante CGT en profite pour lire "Astérix chez les pictes". De quoi militer dans la détente.
La militante CGT en profite pour lire “Astérix chez les pictes”. De quoi militer dans la détente.

Jeudi prochain, un CE exceptionnel se tiendra pour éventuellement étudier la réévaluation des indemnités. “On n’a pas fixé de montant précis, mais partir avec moins de 1 000 euros, il y a un malaise”, confie notre hôte, même s’il ne croît pas un seul instant que les négociations aboutiront positivement.

L’occupation continuera-t-elle ? Damien hésite à se prononcer. La fatigue se ressent déjà et les soutiens semblent trop peu nombreux. Pourtant la CGT a envoyé ses délégués départementaux.

“Si on s’ennuie, on a de la lecture”

Aucune manifestation n’est prévue pour le moment, mais la ministre et ancienne députée de Tours Marisol Touraine doit se rendre dans sa ville. Pour la syndicaliste, c’est l’occasion d’attirer l’attention au sein d’une autre mobilisation. Pendant ce temps, on s’occupe comme on peut. On s’informe sur La Rotative, le webzine engagé local.

“Des amis vont nous ramener un Scrabble, et puis si on s’ennuie on a de la lecture”. Avant de partir Damien m’invite à découvrir la sélection littéraire très spéciale qu’ils ont mis en exposition dans la vitrine. “Le livre pour trouver votre travail”, “Manifeste des chômeurs heureux” ou encore “Avant de disparaître”.

Si la fin de partie des salariés de Chapitre ne connaît pas de fin heureuse, elle aura au moins le mérite d’être bien documentée.

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