Catégories
Actualité Agiter

[Vidéo] Les Algues vertes : porter l’alerte au cinéma

« METTRE EN LUMIÈRE LE PROBLÈME DES ALGUES VERTES », PIERRE JOLIVET / Plestin - 3 juin 2023

Yves-Marie Le Lay a fait reconnaître cette semaine par la justice administrative le préjudice écologique causé par les marées vertes en baie de Saint-Brieuc. Une victoire qui intervient au moment où le film « Les Algues vertes » de Pierre Jolivet séduit un large public au cinéma. Début juin, nous avions réuni le lanceur d’alerte breton et le réalisateur pour une interview croisée, lors d’une avant-première organisée à Plestin-les-Grèves (22).

Rejoignez les 2 677 autres abonnés
Catégories
Agiter

[Vidéo] Inès Léraud, la plume dans la plage

« MON SUJET, C'EST LA FABRIQUE DU SILENCE EN BRETAGNE », INÈS LÉRAUD / Callac - 2 juin 2023

Passer de journaliste pigiste à héroïne de film, c’est la trajectoire inattendue suivie par Inès Léraud, dont trois années de vie sont portées sur grand écran dans « Les Algues vertes », de Pierre Jolivet. Méthode de travail, risques, engagements… Nous l’avions rencontrée le 2 juin 2023, lors d’une avant-première organisée dans le cinéma associatif de Callac (22).

Les Algues vertes est sorti en salles le 12 juillet 2023.

Rejoignez les 2 677 autres abonnés
Catégories
Agiter Voir

Pour Pierre Pézerat, amiante et pesticides, même combat

Pierre Pézerat présente son film documentaire « Les Sentinelles » (2017) disponible en DVD depuis le 16 février 2019, date anniversaire des dix ans de la mort d’Henri Pézerat.

Le père du réalisateur a découvert le caractère cancérigène de l’amiante en 1973 puis animé le Comité anti-amiante de Jussieu. Son activité scientifique et militante a contribué à faire interdire ce silicate en 1997. L’association qui porte son nom défend aussi bien les victimes de l’amiante que celles du nucléaire ou des pesticides de synthèse.

Dans les années 1990, l’amiante devient un enjeu de santé publique ainsi qu’un synonyme de scandale. Des travailleurs meurent de cancers de la plèvre à cause d’un maux identifié vingt ans plus tôt par le toxicologue Henri Pézerat. Il s’était rendu dans l’usine de filage et de tissage d’amiante Amisol, alors en grève, à Clermont-Ferrand, pour alerter les ouvrières et les ouvriers.

Pierre Pézerat a retrouvé Josette Roudaire, qui avait ouvert les portes de l’usine à son père. Le début d’un très long combat pour accompagner les victimes qu’il met en parallèle avec celui de Paul François, un agriculteur intoxiqué par un pesticide produit par Monsanto ainsi que les ex-ouvriers agricoles de Nutréa-Triskalia, devenus hyper-sensibles aux produits chimiques multiples.

Catégories
Agiter

Ils y ont laissé leur santé, deux ouvriers en guerre contre l’agro-industrie

Pascal Brigant a rendez-vous aux prud’hommes de Guingamp le 28 février 2019. Claude Le Guyader s’apprête à lancer une procédure pour « faute inexcusable » contre Nutréa-Triskalia. La suite d’un marathon judiciaire pour ces deux anciens salariés du site de stockage des céréales de Plouisy (Côtes-d’Armor), atteints d’hypersensibilité aux produits chimiques multiples et licenciés pour inaptitude à leur poste.

En 2009, l’un travaille dans un bureau accolé au poste de fabrication d’aliments du bétail, l’autre charge les céréales puis les transporte en camion dans les fermes. Leur santé se dégrade rapidement, comme celles de Laurent Guillou et Stéphane Rouxel, deux collègues chargés de réceptionner les céréales amenées depuis les silos.

Quelques mois plus tôt, la direction a décidé de couper la ventilation pour faire des économies. Très vite, la température grimpe et permet aux charançons et aux vers de farine de proliférer, au point de dégager une odeur pestilentielle.

Pour sauver les 20.000 tonnes de céréales, Triskalia décide au printemps 2009 d’asperger du Nuvan Total, un insecticide interdit depuis déjà deux ans. Malgré les premières alertes, le même scénario se reproduit l’année suivante. Les céréales sont cette fois traitées avec du Nuvagrain, avant d’être acheminées dans des exploitations où, ingurgitées par les bêtes, elles intègrent la chaîne alimentaire.

Le combat de leur vie

Mécontents vis-à-vis de la CFDT, qu’ils accusent d’être un « syndicat-maison », les ouvriers trouvent du soutien auprès de Serge Le Quéau, de l’Union syndicale Solidaires, à Saint-Brieuc. Laurent Guillou et Stéphane Rouxel réussissent à déposer plainte à la gendarmerie en mai 2010, ouvrant la procédure pénale.

Pascal Brigant, Claude Le Guyader, Laurent Guillou et Stéphane Rouxel empilent les dossiers de procédure depuis dix pour faire condamner la coopérative Nutréa-Triskalia, responsable de leur empoisonnement aux pesticides. Crédit Serge Le Quéau
Pascal Brigant, Claude Le Guyader, Laurent Guillou et Stéphane Rouxel empilent les dossiers de procédure depuis dix pour faire condamner la coopérative Nutréa-Triskalia, responsable de leur empoisonnement aux pesticides. Crédit Serge Le Quéau

Défendus par Me François Lafforgue, avocat spécialisé dans la défense des victimes d’accidents du travail et de maladies professionnelles, Laurent Guillou et Stéphane Rouxel obtiennent en 2014 la condamnation de Nutréa pour faute inexcusable devant le tribunal des affaires de sécurité sociale de Saint-Brieuc.

Entre-temps Pascal Brigant et Claude Le Guyader rejoignent le combat.

En septembre 2015, c’est la veuve de Gwénaël Le Goffic qui obtient la reconnaissance du suicide de son mari comme accident du travail, contre l’avis de la Mutuelle sociale agricole (MSA). Ce chauffeur s’est pendu dans un hangar du site de Plouisy avec une pièce de son camion. Lui-même avait été victime d’un accident lors du déchargement de sacs d’aliments médicamenteux destinés aux porcelets. Sa lettre d’adieu est écrite sur l’étiquette des produits qu’il suspectait de lui avoir brûlé les yeux.

Les victoires s’enchaînent et en septembre 2016, Laurent Guillou et Stéphane Rouxel obtiennent 100.000 € de dédommagements pour le préjudice subi. Une première pour une affaire d’hypersensibilité dans l’agroalimentaire. Leur licenciement est ensuite jugé « sans cause réelle et sérieuse pour manquement à l’obligation de sécurité et insuffisance de recherche de reclassement ». La coopérative leur doit près de 21.000 € chacun.

Claude Le Guyader obtient à son tour une reconnaissance de son hypersensibilité comme maladie professionnelle en mars 2018. Ce n’est pas le cas de Pascal Brigant, auquel une commission reproche l’absence d’une prise de sang.

Interrogés par Le Monde en 2016, les DRH de Nutréa et Triskalia, Frédéric Soudon et Nicolas Douillard, estiment que ce dossier les dépasse. « Certains veulent faire interdire les pesticides le plus vite possible et Triskalia sert de bouc émissaire. […] Nous menons aujourd’hui une politique de protection, de formation des salariés. Il y a vingt ans, les précautions à l’encontre des produits phytosanitaires n’existaient pas, témoigne Frédéric Soudon. Ce sont des produits dangereux, on ne va pas affirmer le contraire. »

Des victimes devenues sentinelles

Si ces affaires n’ont pas encore motivé les industriels à se passer des pesticides de synthèse, elles ont commencé à briser l’omerta dans le milieu agricole. Jusqu’ici dispersés, les opposants à l’agriculture intensive comme la Confédération paysanne, Attac, Solidaires et Eaux et Rivières de Bretagne se sont regroupés pour mener des actions.

Le combat pour les victimes des pesticides a réuni des associations et partis autour du syndicat Solidaires Bretagne, en pointe dans la dénonciation de ce scandale sanitaire. Crédit Serge Le Quéau
Le combat pour les victimes des pesticides a réuni des associations et partis autour du syndicat Solidaires Bretagne, en pointe dans la dénonciation de ce scandale sanitaire. Crédit Serge Le Quéau

Un colloque lors lequel s’est exprimé Laurent Guillou a poussé la sénatrice PS de la Charente, Nicole Bonnefoy, à organiser une mission sénatoriale. Son rapport intitulé « Les pesticides et leur impact sur la santé » rendu en 2012 conclut que « les protections contre les pesticides n’étaient pas à la hauteur des dangers et des risques ». Il débouche sur la loi Labbé, du nom du sénateur EELV du Morbihan, qui réduit l’usage des pesticides par les collectivités et les particuliers.

En 2018, des experts européens ainsi que le commissaire à la santé à Bruxelles, Vytenis Andriukaitis, ont rencontré des victimes des pesticides lors d’une enquête en Bretagne. La commission européenne avait accepté le dépôt d’une pétition portant sur le non respect des directives en matière de pesticides et sur les carences de l’Etat français en matière de contrôle.

L’institution, bien que lointaine, semble montrer plus d’égard envers les victimes des pesticides que la région Bretagne. Le président de cette dernière, le socialiste Loïg Chesnais-Girard, a confirmé en début d’année l’entrée de la collectivité au capital du groupe D’Aucy, dont la fusion annoncée avec Triskalia promet de créer un géant de l’industrie agricole.

Quitter la version mobile