Et voilà il est arrivé, comme un bon cru qu’on attend chaque année avec impatience. Le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (FIBD) a débute pour le plus grand plaisir des passionnés du neuvième art et ceux qui ne découvrent que chaque année que la BD n’est pas estampillée “moins de 15 ans”.
Jusqu’au 2 février, la planète littérature met sous le feu des projecteurs la bande dessinée, mise à l’honneur depuis 1974 par le festival d’Angoulême. Côté auteurs, on s’échauffe le poignet en vue des nombreuses dédicaces. Côté festivaliers, on s’organise pour être le plus opérationnel possible une fois dans le grand bain. Et côté Déviation, on vous propose de revenir sur l’événement en quelques chiffres.
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Infographie – En cette période électorale, j’ai eu envie d’aller voir où en était le milieu de la BD avec la parité. J’ai analysé les maisons d’éditions présentes au Festival international de la BD d’Angoulême (#FIBD 2014), en me limitant à celles qui font venir cinq auteurs ou plus sur les 128 présentes (histoire d’épargner vos rétines).
Chez Glénat, 9 femmes contre 73 hommes font partie des auteurs présents sur le salon, soit 11 % de femmes au total, le ratio est plus impressionnant sur un grand nombre d’auteurs (Glénat compte le nombre le plus importants d’invités).
La médaille d’or est décernée à une maison qui tient bien son nom… Ego comme X : avec parmi ses auteurs, 3 femmes pour 36 hommes présents (8 %). Elle est suivie de près par Dargaud qui affiche 4 femmes pour 36 hommes présents (10 %).
Rappelons aussi que sur les 42 auteurs ayant reçu le prestigieux Grand Prix de la ville d’Angoulême seules 2 femmes ont été distinguées (5 %) : Claire Brétécher (en 1982) et Florence Cestac (en 2000).
La Déviation fait un peu de discrimination positive
Cette petite balade parmi 1.600 auteurs a été l’occasion de croiser quelques noms d’artistes à la virilité revendiquée (merci El Diablo, Terreur graphique, Ancestral Z, je n’ai pas eu à googliser vos noms pour savoir que vous êtes des messieurs) et de se bidonner devant le sérieux de certains autres… B-gnet, Muzotroimil, Mojojojo et la palme revient sans doute à Sarah Fist’hole.
L’occasion aussi de redécouvrir quelques perles au-dessus du panier de crabes (faut bien que ça serve d’être sous-représentées, mesdames). Des pépites qui seront, bien entendu, présentes au FIBD. Saluons donc la Danoise Anneli Furmark qui a signé “Peindre sur le rivage”, en 2010 : un journal intime qui tend vers l’autobiographie, d’une étudiante en arts en proie aux doutes sur sa vocation d’artiste et sur son orientation sexuelle. Un autre de ses bouquins à ne pas manquer : Le Centre de la Terre.
À ne pas louper non plus, la dessinatrice et caricaturiste congolaise Fifi Mukuna. En RDC, elle a publié dessins et caricatures, avec le soutien des rédacteurs, jusqu’en 2000 où elle a remporté la deuxième place au Grand Prix des Médias dans la catégorie caricature. Une reconnaissance qu’il l’a faite connaître, mais sa “couverture” en a pris un coup, puisque beaucoup pensaient que c’était un homme qui se cachait sous son pseudo.
Émigrée politique, Fifi Mukuna vit aujourd’hui en France et a rejoint, notamment, l’association L’Afrique dessinée, qui œuvre pour la promotion de la bande dessinée africaine. Pour elle, “trop souvent la place d’une femme est jugée comme étant singulière dans un environnement encore essentiellement masculin. La protection et le respect dont je peux bénéficier aujourd’hui ne sont pas le fruit du hasard et quand il s’agit de plancher, je le fais, comme tout dessinateur le ferait. Homme ou femme… même si en tant que femme, je pense avoir apporté un autre regard sur la femme dans le domaine de la caricature”.
Et puis il y en aurait plein d’autres :Li-Chin Lin et son premier roman graphique très prometteur Formose, sur son enfance dans la campagne taïwanaise ; Émilie Plateau, l’auteur du tout petit livre carré “Comme un plateau” qui raconte la vie d’une Française à Bruxelles ; la friponne Aurélia Aurita qui a signé “Fraises et chocolat“, un récit hautement érotique des premières semaines d’une passion amoureuse, cru, franc, tendre et amusant, à dévorer !
Anouk Ricard n’est pas non plus en reste avec son récent “Plan-plan cucul” chez les Requins Marteaux.
À vous maintenant de vous promener dans les allées et de tendre le stylo, l’oreille,ou la main aux artistEUs du neuvième art !
Infographie – À moins d’avoir passé le week-end dans une grotte isolée, perdue au milieu du Vercors, oui vous êtes au courant : le Front national a gagné une importante élection dimanche au soir, à Brignoles. Oui, le Front national a triomphé ! Oui, le Front National progresse inévitablement dans le cœur des électeurs !
Mais au fait, de quelle élection parle-t-on ? De l’élection présidentielle ! Non ? Ah non. Il s’agit d’une législative partielle alors ? Le FN progresse à l’Assemblée nationale ? Non non. Une élection régionale peut-être ? Non, rien de tout cela car il s’agissait en réalité d’une élection cantonale. Qu’est-ce qu’une cantonale ? Tout simplement l’élection des conseillers généraux.
Quoi, seulement ?
Oui, il ne s’agit seulement que d’un seul conseiller général. Pourquoi cette question ? Parce que la couverture médiatique dont cette petite cantonale partielle a bénéficié est incroyable tant elle est démesurée. Voyez plutôt :
La presse écrite affiche des unes qui font peur, les chaînes d’info en continu sont en couverture spéciale pendant toute la soirée, alternant entre une déclaration de Marine Le Pen sur le recul de la pensée unique et le candidat frontiste nouvellement élu affichant fièrement ses ambitions et sa fierté de travailler pour les “vrais Français”.
Les mots employés sont cruels, terribles : le front républicain est mort, le Front National progresse à vue d’œil. Vraiment ?
Sur les onze élections partielles (législatives et cantonales) tenues depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir en 2012, le Front national a été éliminé dès le premier tour huit fois, soit 72 % du temps.
Le front républicain a été appelé trois fois et a fonctionné deux fois. Cette élection est donc la première à voir le front républicain faillir face au Front national. De là à parler de sa mort (c’est-à-dire de sa totale incapacité à refonctionner à l’avenir) c’est totalement précipité et probablement faux.
Sur les résultats des dernières législatives partielles, on peut d’ailleurs constater que les bons scores du Front national sont réalisés dans des départements où le vote d’extrême-droite est déjà un peu plus élevé que la moyenne nationale.
De plus, si l’on prend le premier tour, on s’aperçoit que le Front national perd des voix dans certaines circonscriptions. Dans l’Hérault, le FN avait rassemblé 11.329 voix aux législatives de juin 2012 et seulement 8.240 en décembre 2012, soit une baisse de 28 %.
Dans l’Oise, la frontiste Florence Italiani qui est arrivée au second tour, a réuni au premier tour 7.249 électeurs en mars 2013 contre 11.185 en juin 2012, soit là aussi une baisse conséquente (35 %) ! Ce qui montre que le vote d’adhésion seul ne permet pas au Front National de faire de gros scores. Il lui faut atteindre le second tour pour que son score bondisse, parfois du simple au double. Il y a donc clairement un vote de rejet qui profite au FN. Ce vote de rejet étant systématiquement dirigé contre l’UMP, une partie de l’électorat de gauche alimente le vote Front national, comme l’explique très justement Nicolas Lebourg, historien des droites extrêmes, au Monde.fr.
La couverture délirante et dérangeante de cette minuscule élection fait une publicité incroyable au Front national et laisse à penser que le parti progresse et qu’il s’agit d’une importante victoire. Mais il y a 4.030 conseillers généraux en France ! Et il ne s’agit que d’un seul siège, oui un seul !
Pour rappel, voici le nombre de conseillers généraux par parti politique en France.
Alors pourquoi avoir parlé de cette cantonale en particulier ?
Saviez-vous que deux autres cantonales partielles ont eu lieu cette année, dans l’anonymat médiatique le plus complet ? Et vous savez quoi ? Le FN y a fait des scores inférieurs (troisième place avec 11,6 % à Mantes-la-Jolie et quatrième place avec 15,89 % à Aubenton).
Ce qui revient à dire que sur les trois cantonales partielles de 2013, le FN a fait un bon score sur une élection sur trois. Voilà qui remet les choses en perspective, loin de la surenchère dangereuse d’une bonne partie des médias à Brignoles.
Finalement, ceux qui en parlent le mieux, ce sont encore les guignols de l’info.
Infographie – Qui de François-Hollande ou de Jean-Luc Mélenchon agite le plus de drapeaux français ? Qui d’entre eux deux porte le mieux la cravate ? Nos meilleurs statisticiens se sont penchés sur ces questions, à l’occasion de la sortie de deux albums photos qui retracent leurs campagnes respectives.
Six mois après la présidentielle, les leaders de la gauche s’opposent de nouveau dans nos calculettes.
Disclaimer
Les illustrations présentes dans cette infographie sont issues des deux ouvrages sus-cités. Ces albums permirent de récolter – le plus sérieusement du monde – les présentes données, qui donnèrent forme aux compteurs, diagrammes et autres camemberts que vous venez d’admirer. Nous vous prions de croire que bien que maintes fois manipulés, les livres n’ont à aucun moment souffert.
L’album de campagne de François Hollande est réalisé par le reporter-photographe indépendant et “Corrézien de souche” Marc Chaumeil, né en 1962, qui a “partagé depuis février 2011 l’essentiel du quotidien de campagne” du candidat PS “des premiers meetings à la victoire”.
L’éditeur, Privat, avait déjà publié l’essai du candidat à la candidature socialiste, intitulé “Le rêve français”, pendant l’été 2011. Bien qu’il s’agisse d’un livre à la gloire de notre monarque républicain (et que son nom soit sanctifié, amen), les auteurs revendiquent un regard avec “distance et ironie” et veulent produire un compte-rendu “apaisé, sincère et lumineux” de la campagne.L’album de Jean-Luc Mélenchon, ou plutôt du Front de Gauche, est réalisé par Stéphane Burlot “photographe autodidacte, né à Sarcelles en 1969“. Il est de la famille, on lui dit “tu, camarade” puisque photographe officiel du Parti de Gauche et membre du Front de Gauche.
La maison d’édition, Bruno Leprince, propose en premier lieu des livres sur la gauche, mais aussi des ouvrages érotiques et des BD. Rarement les trois à la fois, bien qu’il faudrait y penser… Bref.
L’album de François Hollande compte 29 pages de moins que celui de Jean-Luc Mélenchon du Front de Gauche, il est aussi deux fois plus petit. Il est pourtant plus cher de 30 %. Il y a 2,4 fois plus de photos de communistes (dont 17 doubles-pages, 131 vignettes et 77 photos en noir et blanc) que de socialistes (dont 25 doubles-pages, 75 vignettes et aucune photo en noir et blanc). Ce calcul d’apothicaire permet de déterminer que la photo du PS coûte 13,17 centimes, alors que celle du FDG coûte 4,21 centimes ! Deux visions du monde. Mais que voulez-vous ? C’est la rigueur le sérieux de gauche.
Le militant, transi d’admiration, saura vite choisir le bon bouquin chez le libraire. Il faut dire qu’ils sont déjà bien partis, l’un à la fête de la rose de Bihlac, l’autre à la fête de l’Huma. Mais le Français normal ma bonne dame, celui qui chôme dur ou pointe au chômage, lequel de ces précieux témoignages de photojournalistes il doit acheter ? Je vous le demande ! Le Hollande à 20 € ou le Merluche à 15 ? Après des heures de débats, nos statisticiens ont ménagé la chèvre et le chou avant de pondre une motion de synthèse molle. La voici en exclusivité :
“Considérons A, François Hollande, 32 drapeaux étoilés sur fond bleu, les deux pieds dans la bouse, la cravate de travers, un verre à la main, de plus en plus entouré par la foule, mais de plus en plus séparé d’elle par les vitres, les journalistes ou ses soutiens politiques. Puis considérons B, Jean-Luc Mélenchon, 34 drapeaux syndicaux dont 29 CGT, un petit livre rouge à la main, parmi les ouvriers, de plus en plus entouré par la foule, souvent sur des podiums et parfois derrière la banderole de tête. Sachant que A rencontre Jacques Chirac et B Éva Joly, compte tenu que A serre des mains à 14 personnes et B à 3, mais que les deux prient parfois avec leurs mains. Alors A (devenu président) + B (membre de l’opposition) sont très différents, mais pas fâchés à jamais. Équation valable dans cinq ans.”
François Hollande. Président élu, Marc Chaumeil, Serge Raffy, Sibylle Vincendon, Editions Privat, 19€50.
Résistance. L’album de campagne du Front de gauche, Stéphane Burlot, Bruno Leprince éditions, 15 €.