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Le mangaka Katsuhiro Ōtomo sacré à Angoulême

Ce 42e Festival international de la bande dessinée d’Angoulême a mis l’Asie à l’honneur.

L’un des pères du mangaBD japonaises en noir et blanc qui se lisent de droite à gauche et qui se présentent souvent en petit format, à peine plus grand qu'un livre de poche. sacré par le Grand Prix, une belle expo rétrospective sur l’œuvre du mangaka préféré des Français Taniguchi, la présentation de l’adaptation d’un best-steller chinois Au pays du cerf blanc en lianuanhua, une exposition de BD traditionnelles chinoises à l’hôtel de ville, le Prix du Patrimoine attribué à San Mao, le petit vagabond du Chinois Zhan Leping restauré avec soin par les éditions franco chinoises Fei…

On a envie de dire… ENFIN !

Katsuhiro Ōtomo lauréat du Grand Prix 2015

Dès jeudi, le FIBD s’était ouvert par une double première : d’abord un Grand Prix spécial décerné à Charlie Hebdo et pour la première fois le Grand Prix du prestigieux festival a été attribué à un auteur de mangas, le Japonais Katsuhiro Ōtomo.

Le festival avait déjà manqué de sacrer, de son vivant, celui que les Japonais considèrent comme le père du mangaBD japonaises en noir et blanc qui se lisent de droite à gauche et qui se présentent souvent en petit format, à peine plus grand qu'un livre de poche., Osamu Tezuka. Mais si ! Vous savez, celui qui a bercé des générations de jeunes avec Astro, le petit robot. La version animée passait même à la télé en France à partir de 1984.

Contrairement à son idole de jeunesse, qui n’aura pas reçu la reconnaissance qu’il méritait, Katsuhiro Ōtomo n’a pas été oublié.

On le connaît pour sa série Akira. Une histoire futuriste qui met en scène une bande de jeunes motards désœuvrés et drogués dans un néo-Tokyo corrompu. Quelques années plus tôt, en 1982, Tokyo a été détruite par une mystérieuse explosion, déclenchant la Troisième Guerre mondiale, et des destructions successives de métropoles, par des armes nucléaires.

Akira explosion nucléaire Katsuhiro Otomo - La Déviation

Le récit se passe 47 ans plus tard, en 2019. Une nuit, le personnage principal, Tetsuo, a un accident de moto en essayant d’éviter un jeune homme qui se trouve sur son chemin. Blessé, il est capturé par l’armée japonaise et fait l’objet d’expériences scientifiques dans le cadre d’un projet ultrasecret visant à repérer des êtres possédant des prédispositions et à développer leurs pouvoirs psychiques (télépathie, téléportation, télékinésie, etc.).

Quand il s’évade et se retrouve en liberté, Tetsuo n’est plus le même et profite de ses nouveaux pouvoirs pour chercher à s’imposer comme un leader parmi les junkies.

En parallèle, se nouent et se dénouent des intrigues politiques… chacun voulant percer le secret d’Akira, le mutant découvert par les militaires, le plus puissant.

 Et oui, Akira a été adapté en film d’animation et c’est Katsuhiro Ōtomo lui-même qui s’en est chargé en 1988, et ce avant même la fin de l’écriture de la bande dessinée, puisqu’il a mis dix ans a écrire cette saga.

Akira, c’est un peu l’œuvre de sa vie. Mais Katsuhiro Ōtomo n’a pas fait que ça. En 1983, un an avant Akira, cette bombe qui lui vaudra une renommée internationale, il publie Dômu, qui se traduit par Rêves d’enfants.

Un huis-clos oppressant, une histoire paranormale dans une cité d’apparence normale où la police cherche à comprendre pourquoi un quartier de tours bétonnées compte autant de suicides et d’accidents inexpliqués. Ōtomo nous ouvre les portes de cette ville inquiétante en brisant les codes de la BD classique, en nous secouant par des rythmes de narration mouvants et une ligne graphique qui nous perd entre réalisme et imaginaire.

Ōtomo a aussi participé à deux films d’animation comme Metropolis en 2002, qu’il a scénarisé, en s’inspirant du mangaBD japonaises en noir et blanc qui se lisent de droite à gauche et qui se présentent souvent en petit format, à peine plus grand qu'un livre de poche. éponyme d’Osamu Tezuka. Il s’agit, là encore d’une histoire urbaine, mais cette fois d’une cité futuriste, où humains et robots cohabitent.

Dernière réalisation connue, l’adaptation d’un de ses mangas Steamboy, en 2004. Une bande dessinée qui fait partie du genre steampunk, une uchronie sur un monde où la machine à vapeur aurait été l’élément essentiel du développement technologique, un passé alternatif imaginé par Ōtomo , avec encore un goût assumé pour l’immodération et l’abîme.

 

En recevant son prix jeudi soir, l’auteur s’est dit très honoré mais surpris d’être lauréat, lui qui ne dessine plus beaucoup en ce moment a-t-il avoué. “Ce prix sera un encouragement et j’ai l’intention de me mettre au travail”. Chic alors, on a hâte.

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Les Jardins du Congo, mémoires d’un colon

Interview audio – Rencontre avec Nicolas Pitz, un auteur bruxellois fort prometteur qui signe avec Les Jardins du Congo son premier one shot.

Dans son livre coloré et subtil il a osé évoquer, dans le même ouvrage, la souffrance des maquisards et la colonisation belge du Congo dans les années 1950, à l’heure où le pays est irrémédiablement en route vers l’indépendance.

L’histoire des Jardins du Congo

Dans les Jardins du Congo, la colonisation est vue aux travers des yeux du colon, Yvon, le grand-père de l’auteur.

Après quatre années interminables passées dans le maquis des Ardennes, Yvon n’a aucune envie de retourner vivre auprès de son père, un homme rude qui l’a mis au travail alors qu’il n’était qu’un enfant. Pour rattraper ses années de jeunesse, perdues au fond d’un bois froid et humide à lutter contre la faim, la folie et la peur, il décide de changer d’horizon et s’embarque pour le Congo belgeDe 1885 à 1908, l’état indépendant du Congo était une possession personnelle du roi Léopold II de Belgique, un territoire sur lequel il avait imposé un régime de travail forcé qui, après une vague de protestation (venant notamment des Etats-Unis et de l'Angleterre) a été annexé par la Belgique en tant que colonie..

Au nom de la lutte philanthropique contre le trafic d’esclaves, l’État belge a confié le territoire à de gros propriétaires qui, tout en y maintenant enfoncé le drapeau noir rouge jaune, exploitaient les ressources du pays. Le Congo a toujours regorgé des besoins de l’économie mondiale du moment : ivoire, caoutchouc, cuivre…

Tout comme Tintin, Yvon n’aurait pas pu parler flamand au Congo.

Seuls regrets ? Que la BD n’ait pas eu une dizaine de pages supplémentaires pour mieux approfondir le lourd passif entre le père et le fils.

Si l’ambiance sensorielle est bien retranscrite par les couleurs, le graphisme, il lui manque un peu l’aspect sonore… en effet, nous, lecteurs, lisons la BD en français… mais tout comme Tintin, Yvon n’aurait pas pu parler flamand au Congo, car il ne s’est jamais agi, dans les faits, d’une colonie bilingue.

À l’image des rapports de force existant alors en Belgique, seul le français était utilisé par l’élite, dans l’administration et pour l’enseignement. Les décrets pour appliquer le bilinguisme n’ont été pris qu’en 1957… et ne sont jamais entrés en vigueur.

Le français était LA clé pour partir dans les colonies. Yvon n’aurait sans doute pas profité de la prospérité du Congo s’il était né de l’autre côté de la frontière linguistique.

Les Jardins du Congo, Nicolas Pitz, éditions La Boîte à Bulles, 2013, 21 €.

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Souvenirs d’Angoulême 2014 en photos

Pendant tout un week-end, avec Klervi Le Cozic, nous avons parcouru Angoulême afin de couvrir le Festival international de la bande dessinée. Au détour d’une rue (pentue), d’un stand (séduisant) ou d’une expo (intéressante), voici quelques morceaux choisis de cette fin de semaine riche en rencontres.

Rechargez la page sur la diaporama n’apparaît pas ci-dessus.

Souvenirs, sourires et rires sont des émotions que nous avons ressenties au moment de prendre ces clichés. Voici quinze petits détails qui font que cette 41e édition était un très bon cru, au-delà des nombreuses polémiques qui sont apparues.

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Angoulême 2014 en 7 polémiques

Angoulême ne serait pas Angoulême sans ses polémiques. Cette année, les organisateurs, qui attendent 200.000 visiteurs en l’espace de quatre jours, doivent répondre aux critiques sur plusieurs fronts.

Abstention de l’académie des Grand prix, lettre ouverte contre l’entreprises israélienne Sodastream, articles critiques sur la réception des éditeurs ou des journalistes web, pétition japonaise contre une exposition coréenne, voici quelques actions qui font du bruit à Angoulême. On fait le point.

1/ La Cité internationale de la BD

C’est une affaire compliquée qui mériterait un dessin. La prochaine fois, promis.

La société 9eArt+, qui gère le festival, est en conflit avec la Cité internationale de la BD, ouverte depuis 2008 à Angoulême. Cet établissement public de production, de commerce et d’exposition, avait pourtant été créé par les pouvoirs publics pour venir en aide au festival.

En novembre, le président du Conseil général de la Charente, Michel Boutant, a imposé que les structures s’entendent pour que le festival obtienne des subventions. Les organisateurs l’ont vécu comme un chantage.

Gilles Ciment, directeur de la Cité de la BD sur la sellette, a même fait un burn-out la semaine dernière après une entrevue houleuse avec Michel Boutant. Il est en arrêt maladie pendant le week-end du festival.

Pour compliquer le tout, le journaliste Didier Pasamonik, éditorialiste du site Actuabd.com, a publié une missive incendiaire, dans laquelle il s’en prend aux organisateurs.

Eric Loret remarque dans Libération qu’on “comprendra surtout que c’est affaire de haines intestines un peu plus compliquées que les Atrides et loin, très loin de quelque pensée que ce soit pour le public“.

2/ Le nouveau règlement du Grand Prix

Le changement de mode de désignation du Grand prix de la ville d’Angoulême, seule récompense vraiment marquante du week-end, a provoqué l’abstention d’une majorité des membres de l’académie des Grands prix.

Sur les 26 académiciens, récompensés lors des 40 éditions précédentes, qui devaient désigner leur successeur, 16 n’ont pas voté cette année. Ils sont courroucés de devoir partager l’urne avec l’ensemble de leurs confrères présents à Angoulême. Philippe Druillet parle même de “mépris”. L’académie s’est donc dissoute, mais une grande partie des anciens distingués voteront tout de même dans le nouveau collège unique.

La BD évolue, s’internationalise, et les avis de l’académie étaient souvent jugés old school et ethno-centrés. Cette année, il en sera forcément autrement. Les finalistes sont Bill Watterson, Katsuhiro Otomo et Alan Moore.

Alan Moore - Grand Prix potentiel du festival d'Angoulême 2014 - La Déviation
“J’ai décidé de ne plus accepter de prix, il ne faut pas m’en vouloir. […] Je ne me rends plus dans les festivals, je n’accepte plus aucune récompense. Je conçois et j’apprécie les sentiments de tous ces gens qui me choisissent, mais je ne veux assumer que ce que j’ai décidé moi-même d’entreprendre, pas ce que les autres veulent de moi.” Alan Moore

Le pire est peut-être à venir, puisque l’Anglais Alan Moore a fait savoir qu’il n’accepterait pas la distinction s’il était élu. Bill Watterson, quant à lui, ne veut plus rencontrer un seul journaliste. Problèmatique quand on sait que le Grand prix d’une année devient le président de l’édition suivante.

3/ Le partenariat avec l’Israélien Sodastream

9eArt+ a perdu plusieurs sponsors privés d’envergure ces derniers temps. Les centres Leclerc et la Fnac ont retiré leurs billes. Un nouvel acteur entre dans le jeu cette année, la compagnie de gazéification de l’eau à domicile Sodastream. L’affaire fait des bulles qui piquent.

Sodastream est une entreprise israélienne. L’association Charente Palestine solidarité est montée au créneau, dénonçant l’implantation d’une usine dans une colonie israélienne en Cisjordanie.

Charente Palestine solidarité appelle au boycott de la marque et prévient d’une action coup de poing pendant le festival.

Sodastream Angoulême 2014 - Page Facebook - La Déviation
Photo de l’espace Sodastream au festival d’Angoulême. Crédits Sodastream page Facebook

Alertés, plusieurs dessinateurs ont signé une lettre ouverte contre ce partenariat, dont Siné, Joe Sacco ou Willis From Tunis. Le délégué général du festival Franck Bondoux défend l’entreprise qui “n’a jamais été condamnée en France”, note-t-il.

4/ La réception de l’éditeur Bamboo

Le septième éditeur en nombre de nouveautés publiées en 2013 ne posera pas ses tréteaux à Angoulême cette année. Bamboo, connu pour ses séries Les Profs ou Les Gendarmes, se sent “méprisé” par les organisateurs.

Dénonçant en bloc le prix trop élevé des stands, le désintérêt des journalistes, le fait d’être tenu à l’écart des distinctions ou le système des dédicaces, qualifiées “d’abattage“, Olivier Sulpice préfère se rendre dans des festivals “à taille humaine”. Ce qu’aurait cessé d’être le FIBD.

5/ La réception de la presse web

Bédéo sèche le festival d’Angoulême” et le revendique.

La position est osée. Considérant qu’il est délaissé au profit des médias de masse, le site spécialisé n’envoie aucune équipe couvrir le premier événement bédé hexagonal.

“Avec les autres sites BD, nous nous étions coordonnés pour proposer un partenariat à la hauteur de l’évènement. Avec cinq sites BD motivés qui captent l’essentiel des bédéphiles du web, nous nous sommes dit que nous allions enfin pouvoir discuter. Que nenni…”, écrit Laurence Seguy dans son édito coup de gueule, concluant d’un cinglant “la BD vit tous les jours en dehors du FIBD et nous l’aimons comme ça ! En revanche, on se demande si le FIBD aime encore la BD“.

6/ La plagiat des Schtroumpfs noirs

Là, c’est d’une polémique en puissance dont il est question. Les éditions La Cinquième couche vendent une nouvelle version des Schtroumpfs noirs (1963). La BD originelle est accusée de racisme. Le synopsis tient en effet dans une maladie, transmise par une mouche, qui transforme les Schtroumpfs bleus en Schtroumpfs noirs en les rendant méchants.

Dans la version anglophone, les petits personnages de Peyo étaient passés au violet pour que l’album puisse être commercialisé. Dans la BD en vente à Angoulême, l’auteur passe du violet au bleu, tournant ainsi l’histoire au ridicule.

Les mêmes éditeurs s’étaient rendus en 2012 à Angoulême avec des albums de Katz, détournement de Maus d’Art Spiegelmann, dans lesquels tous les personnages avaient des têtes de chat. Face à la colère de Flammarion et Spiegelmann, les albums avaient été détruits pour éviter un procès.

7/ L’exposition coréenne sur les “femmes de réconfort”

Encore plus inattendue : la pétition adressée au festival par une association de femmes japonaises. Japanese Women for Justice and Peace reproche la tenue d’une exposition sur les “femmes de réconfort” sur le stand de la Corée du Sud. Près de 14.000 signatures ont été recueillies et transmises aux organisateurs, aux politiques comme à la presse.

Selon le texte de la pétition (disponible en français), la Corée du Sud mènerait une “campagne malveillante anti-japonaise”. Par le biais du festival, elle ferait courir le chiffre de 200.000 esclaves sexuelles coréennes forcées de se prostituer pendant la Seconde Guerre mondiale, au service des militaires japonais.

“On ne nie jamais l’existence des femmes de réconfort. Mais ni 200.000, ni enlevées, ni forcées par l’Armée impériale japonaise ! […] Et au festival, le gouvernement coréen manipule le festival d’Angoulême comme un champ de bataille politique et diplomatique. Il est en train de conspirer contre notre pays”, renchérit l’association japonaise sur un ton nationaliste.

Mercredi, le stand japonais Nextdoor, accusé de négationnisme, a été fermé. La Charente Libre rapporte qu’un huissier est intervenu pour constaté la présence de croix gammées et de saluts nazis sur des planches mises en avant sur le stand.

Difficile d’y voir une apologie de l’Allemagne nazie, chacun en jugera.

Vendredi, l’ambassadeur japonais en France, Yoichi Suzuki, a « regretté vivement que cette exposition ait lieu », estimant qu’il s’agissait « d’un point de vue erroné qui complique davantage les relations entre la Corée du Sud et le Japon ».

Les réactions pro-japonaises sont nombreuses sur les réseaux sociaux.

“La plupart des historiens estiment à 200 000 le nombre de femmes – surtout des Coréennes, Chinoises et Philippines – réduites en esclavage sexuel par Tokyo pendant la Seconde guerre mondiale”, écrit le Nouvel Observateur.

Voici le festival d’Angoulême au cœur d’un conflit diplomatique qui dépasse cette fois de loin les frontières de la Charente. Qui a dit que la BD était un loisir d’enfants ?

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La cigarette en BD, le quizz qui pue la clope

Questionnaire – Ils bouffardent, tirent, gazent, bombardent, font du brouillard, tichent, smokent, chiffardent, comme une vache, un sapeur ou une cheminée. En un mot, ils fument, nos héros de BD. Et ne leur parlez pas de cigarette électronique, la fumasse doit fouetter, quitte à refouler du goulot. Mais qui sont ces auteurs vicelards qui aiment quand ça dégringole du tiroir ?

Le quizz est en train de charger, veuillez patienter… En cas de problème, rechargez la page. Bonne chance !

Collage de la cigarette en bande dessinée - La Déviation

Cliquez ici pour ouvrir la planche du quizz dans une nouvelle page pour zoomer sur les cases.

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Angoulême 2014 en chiffres

Et voilà il est arrivé, comme un bon cru qu’on attend chaque année avec impatience. Le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (FIBD) a débute pour le plus grand plaisir des passionnés du neuvième art et ceux qui ne découvrent que chaque année que la BD n’est pas estampillée “moins de 15 ans”.

Jusqu’au 2 février, la planète littérature met sous le feu des projecteurs la bande dessinée, mise à l’honneur depuis 1974 par le festival d’Angoulême. Côté auteurs, on s’échauffe le poignet en vue des nombreuses dédicaces. Côté festivaliers, on s’organise pour être le plus opérationnel possible une fois dans le grand bain. Et côté Déviation, on vous propose de revenir sur l’événement en quelques chiffres.

Suivez nos reporters Justine Briot et Klervi Le Cozic sur Twitter pour vivre le festival dans leurs bagages et n’oubliez pas de consulter notre revue de presse augmentée pour suivre jour après jour le festival en reportages vidéos, photos, émissions de radios, articles de presse et tweets.

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Parité à Angoulême : vers le début des quotas ?!

Infographie – En cette période électorale, j’ai eu envie d’aller voir où en était le milieu de la BD avec la parité. J’ai analysé les maisons d’éditions présentes au Festival international de la BD d’Angoulême (#FIBD 2014), en me limitant à celles qui font venir cinq auteurs ou plus sur les 128 présentes (histoire d’épargner vos rétines).

Infographie réalisée à partir des données fournies par le festival (pdf).

Chez Glénat, 9 femmes contre 73 hommes font partie des auteurs présents sur le salon, soit 11 % de femmes au total, le ratio est plus impressionnant sur un grand nombre d’auteurs (Glénat compte le nombre le plus importants d’invités).

La médaille d’or est décernée à une maison qui tient bien son nom… Ego comme X : avec parmi ses auteurs, 3 femmes pour 36 hommes présents (8 %). Elle est suivie de près par Dargaud qui affiche 4 femmes pour 36 hommes présents (10 %).

Rappelons aussi que sur les 42 auteurs ayant reçu le prestigieux Grand Prix de la ville d’Angoulême seules 2 femmes ont été distinguées (5 %) : Claire Brétécher (en 1982) et Florence Cestac (en 2000).

La Déviation fait un peu de discrimination positive

Cette petite balade parmi 1.600 auteurs a été l’occasion de croiser quelques noms d’artistes à la virilité revendiquée (merci El Diablo, Terreur graphique, Ancestral Z, je n’ai pas eu à googliser vos noms pour savoir que vous êtes des messieurs) et de se bidonner devant le sérieux de certains autres… B-gnet, Muzotroimil, Mojojojo et la palme revient sans doute à Sarah Fist’hole.

Illustration - Crédits Sébastien Thibault - La DéviationL’occasion aussi de redécouvrir quelques perles au-dessus du panier de crabes (faut bien que ça serve d’être sous-représentées, mesdames). Des pépites qui seront, bien entendu, présentes au FIBD. Saluons donc la Danoise Anneli Furmark qui a signé “Peindre sur le rivage”, en 2010 : un journal intime qui tend vers l’autobiographie, d’une étudiante en arts en proie aux doutes sur sa vocation d’artiste et sur son orientation sexuelle. Un autre de ses bouquins à ne pas manquer : Le Centre de la Terre.

À ne pas louper non plus, la dessinatrice et caricaturiste congolaise Fifi Mukuna. En RDC, elle a publié dessins et caricatures, avec le soutien des rédacteurs, jusqu’en 2000 où elle a remporté la deuxième place au Grand Prix des Médias dans la catégorie caricature. Une reconnaissance qu’il l’a faite connaître, mais sa “couverture” en a pris un coup, puisque beaucoup pensaient que c’était un homme qui se cachait sous son pseudo.

Formose, de Li-Chin Lin, édition Cà-et-là
Formose, de Li-Chin Lin, éditions Cà-et-là.

Émigrée politique, Fifi Mukuna vit aujourd’hui en France et a rejoint, notamment, l’association L’Afrique dessinée, qui œuvre pour la promotion de la bande dessinée africaine. Pour elle, “trop souvent la place d’une femme est jugée comme étant singulière dans un environnement encore essentiellement masculin. La protection et le respect dont je peux bénéficier aujourd’hui ne sont pas le fruit du hasard et quand il s’agit de plancher, je le fais, comme tout dessinateur le ferait. Homme ou femme… même si en tant que femme, je pense avoir apporté un autre regard sur la femme dans le domaine de la caricature”.

Et puis il y en aurait plein d’autres : Li-Chin Lin et son premier roman graphique très prometteur Formose, sur son enfance dans la campagne taïwanaise ; Émilie Plateau, l’auteur du tout petit livre carré “Comme un plateau” qui raconte la vie d’une Française à Bruxelles ; la friponne Aurélia Aurita qui a signé “Fraises et chocolat“, un récit hautement érotique des premières semaines d’une passion amoureuse, cru, franc, tendre et amusant, à dévorer !

Anouk Ricard n’est pas non plus en reste avec son récent “Plan-plan cucul” chez les Requins Marteaux.

À vous maintenant de vous promener dans les allées et de tendre le stylo, l’oreille,ou la main aux artistEUs du neuvième art !

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