Interview audio – Rencontre avec Nicolas Pitz, un auteur bruxellois fort prometteur qui signe avec Les Jardins du Congo son premier one shot.
Dans son livre coloré et subtil il a osé évoquer, dans le même ouvrage, la souffrance des maquisards et la colonisation belge du Congo dans les années 1950, à l’heure où le pays est irrémédiablement en route vers l’indépendance.
L’histoire des Jardins du Congo
Dans les Jardins du Congo, la colonisation est vue aux travers des yeux du colon, Yvon, le grand-père de l’auteur.
Après quatre années interminables passées dans le maquis des Ardennes, Yvon n’a aucune envie de retourner vivre auprès de son père, un homme rude qui l’a mis au travail alors qu’il n’était qu’un enfant. Pour rattraper ses années de jeunesse, perdues au fond d’un bois froid et humide à lutter contre la faim, la folie et la peur, il décide de changer d’horizon et s’embarque pour le Congo belgeDe 1885 à 1908, l’état indépendant du Congo était une possession personnelle du roi Léopold II de Belgique, un territoire sur lequel il avait imposé un régime de travail forcé qui, après une vague de protestation (venant notamment des Etats-Unis et de l'Angleterre) a été annexé par la Belgique en tant que colonie..
Au nom de la lutte philanthropique contre le trafic d’esclaves, l’État belge a confié le territoire à de gros propriétaires qui, tout en y maintenant enfoncé le drapeau noir rouge jaune, exploitaient les ressources du pays. Le Congo a toujours regorgé des besoins de l’économie mondiale du moment : ivoire, caoutchouc, cuivre…
Tout comme Tintin, Yvon n’aurait pas pu parler flamand au Congo.
Seuls regrets ? Que la BD n’ait pas eu une dizaine de pages supplémentaires pour mieux approfondir le lourd passif entre le père et le fils.
Si l’ambiance sensorielle est bien retranscrite par les couleurs, le graphisme, il lui manque un peu l’aspect sonore… en effet, nous, lecteurs, lisons la BD en français… mais tout comme Tintin, Yvon n’aurait pas pu parler flamand au Congo, car il ne s’est jamais agi, dans les faits, d’une colonie bilingue.
À l’image des rapports de force existant alors en Belgique, seul le français était utilisé par l’élite, dans l’administration et pour l’enseignement. Les décrets pour appliquer le bilinguisme n’ont été pris qu’en 1957… et ne sont jamais entrés en vigueur.
Le français était LA clé pour partir dans les colonies. Yvon n’aurait sans doute pas profité de la prospérité du Congo s’il était né de l’autre côté de la frontière linguistique.
Ils sont de toutes les playlists branchées qui se sont déversées dans nos téléphones, transistors ou autoradios cet été. FAUVE. Un prénom unisexe, générique, commun à tout ce collectif d’artistes, dont les membres viennent et s’en vont.
FAUVE. Une marque de fabrique “pas fait exprès” composée de textes crus, qui collent à la vie des jeunes. Qu’ils nous parlent de drague ratée, de plans culs blasés ou de cette sempiternelle peur de la routine et d’une vie dont ils ne voudraient pas, ou plus, le message coule, comme une poésie susurrée, vomie, crachée, libérée.
La Déviation les a rencontrés cet été, au festival du Chant de Marin de Paimpol. Pas de photo, pas de vidéo, le groupe tient à préserver son anonymat, alors on a respecté la consigne, bien calés au fond d’un petit voilier anglais en bois vernis, bercés par la houle légère qui soufflait parmi la centaine de bateaux amarrés dans la cité des Islandais. Ambiance.
Écoutez maintenant. Après tout, FAUVE, c’est une rencontre musicale, alors, pour une fois, satisfaisons-nous du son.
L’interview a été réalisée avec Gwenaël Kéré, l’animateur de l’émission Pop Skeud sur Radio Bro Gwened.
Et même si ce n’est pas forcément leur registre, on a demandé à Fauve de nous chanter un petit air marin… Ils ont dit oui.
Agglutinés sur le ponton, leurs copains se sont joints à la chorale improvisée, pour nous interpréter (sans se tromper dans les paroles), l’intégralité de Fanny de Laninon.
Fauve c’est qui veut. Et si ça se trouve demain on sera nombreux ≠.
Au cas où vous seriez passé à côté, petite session rattrapage.
C’est l’ultime podcast des Vieilles Charrues 2013, enregistré au milieu du public, au cœur de la prairie, entre un set de Busy P et un excellent concert de clôture de Phoenix. Notre club de la presse revient notamment sur les prestations de Santana, The Vaccines, Alt-J, Marc Lavoine et La Gale.
Un merci tout particulier à Klervi, qui bien qu’absente sur la bande son, était membre de notre team sur le festival des Vieilles Charrues. Merci également à Suzy Colin pour ses jolies photos des artistes et du public, qui illustrent certains de nos articles. À l’année prochaine les Charrues !
Nos camarades de la presse musicale reviennent sur les concerts du samedi 20 juillet, autour de notre table. Au menu, Neil Young, Féfé, Asaf Avidan, Gentleman, Benjamin Biolay, Hanni El Khatib, The Roots, Oxmo Puccino, Superpoze, Cashmere Cat et le jeune groupe des Superets.
Sans oublier un petit mot sur l’ambiance, les priorités pour dimanche et les conditions de travail des journalistes.
Autour de la table, Louis et Paola pour Sound Culture’All et Cécile pour La Déviation et Talents Frais, Etienne pour Radio VL, Nicolas de RMN FM, Romain et Foulques de Hag Fm. L’émission est présentée par Sylvain Ernault, depuis le village presse des Vieilles Charrues.
On a écouté Rokia Traoré, Patriiick, M, Paul Kalkbrenner, mais aussi Lilly Wood & The Prick, Keny Arkana, Lescop, les Naïve New Beaters et MmMmM, le vendredi 19 juillet aux Vieilles Charrues. Nos humeurs sont à écouter dans notre café de la presse musicale.
Autour de la table, Morgan pour Tous les Festivals, Thomas pour Kickzic, Louis pour Sound Cultur’All et Cécile pour La Déviation et Talents Frais. L’émission est présentée par Sylvain Ernault, depuis le village presse des Vieilles Charrues.
“On préfère que le live soit un truc où on envoie, où les gens s’amusent, puissent danser”. Interview vidéo des Call Me Señor.
Le mélange entre la pop et les sons électro/claviers marche à merveille. Et ça, les Call Me Señor l’ont bien compris. À l’origine en duo, actuellement en quatuor, ces Parisiens pondent des titres à refrains très catchy. De quoi bouger tout l’été.
Et pourtant… pourtant, officiellement, ils n’en sont qu’à leur premier EP, sorti tout juste le 1er Juillet. Et déjà, les Solidays se sont ouverts à eux cette année. Ce petit succès est compréhensible, notamment au vu du travail fourni par le duo Alex-JB en amont de la formation définitive. À eux seuls, ils composent deux EP, qui cernent déjà l’identité du groupe.
Plus tard, à quatre, l’idée reste, le duo avance, se charge toujours de la composition des titres qui arrivent même jusqu’aux oreilles délicates des spectateurs de Canal +, via la “Short List” de Damien Cabrespines. Et ce, avec un clip où les trois-quarts du groupe essayent de se suicider. Chapeau bas les gars.
Loin du Call Me Maybe/Baby, Alex, JB, Julien et JB sont frais et entraînants. Cela grâce au chant, toujours avec cet accent mi-anglais mi-je parle-avec-mon-nez, à leurs arrangements electro-pop et leurs rythmiques atypiques.
On retient, des compositions précédentes, – outre la naissance d’une formation déjà pleine d’idées – l’aspect un peu honteux/porno de la pochette de l’EP (I’m Not Saying This) Just To Have Sex With You. Rigolo de faire de l’anatomie tout en écoutant un groupe sur internet.
Call Me Señor, en session live, interprête Chilling In Chile. Enregistré le 9 juin, à Paris.
Par rapport à l’EP qui vient de sortir, on a clairement deux titres qui sortent du lot : Begging for Trouble – single-phare du groupe, avec un clip énorme derrière – et Graduation, très electro, beaucoup de synthé et de rythmiques, pour un refrain hyper entêtant. Allez, tous en cœur “Last night, you talked too much…” Avec un petit coup de vocaliser à la Daft Punk à la fin.Ça passe crème.
Du côté des autres morceaux, on a We Get By. La chanson en soi tire son originalité par le mini-passage pendant lequel c’est une autre personne que JB qui chante. Sinon on reste dans ces sonorités très “Pony Pony Run Run et cie”.
Enfin, pour finir le petit tour de cette création à quatre, on a Brand. Le titre le moins représentatif de la créativité du groupe, un peu trop répétitif à mon goût, même si l’on retrouve ce même schéma couplet-refrain.
Cependant, les créations du quatuor ne s’arrêtent pas là. À la base, pas fan de tout ce qui est reprises, tremplins et compagnie, le groupe a réussi à créer sa propre version de Take Me Out de Franz Ferdinand (écouter plus bas). Une reprise extra par son originalité, qui complète et redonne du dynamisme à ce classique rock, avec l’ajout de cet electro si particulière qui entoure la musique de Call Me Señor. Pas étonnant qu’ils se soient retrouvés finalistes du tremplin organisé par Virgin Radio.
Bref, avec leur allure d’hipsters-gentlemen de la pop, ces mecs vont aller loin, comme des boss. Call them Señor.
«On s’appelle Call Me Señor car on aimait bien l’idée de brouiller les pistes.»
Dans mon bloc-notes cette semaine, il y a du bruit sur les ondes. Glitch se fait remarquer sur Le Mouv’. Faites corps avec votre machine pour une fête de la musique toute électronique. Les Sales gueules hurlent dans le poste pour la meilleure libre antenne du moment, certifié par les amateurs du putois sur Nanterre. L’est parisien et la Grèce ont un point commun, découvrez lequel.
À la une
Glitch, je souhaitais vous en parler depuis un moment. L’émission radicale du Mouv’, diffusée le vendredi soir à minuit, est un objet radiophonique non identifié. Difficile de la décrire, mais je vais m’y employer. Pendant une heure, une succession de séquences électroniques, tantôt mélodiques, tantôt dissonantes, prennent possession de l’antenne. Nos repères sont troublés, nos sens en éveil, l’heure est propice à la divagation.
Son animateur, Adrien Landivier, intervient parfois avec une voix robotisée pour présenter les artistes indépendants qui composent la playlist, quand ce ne sont pas des extraits de micro-trottoirs qui servent de transitions.
Glitch représente en radio le basculement de notre monde vers le numérique. Bien plus que certains programmes qui pensent porter le drapeau d’une nouvelle ère à coup de réseaux sociaux.
J’écoute Glitch sur mon vieil Acer Aspire 9420, attendant le moment où ma machine va percuter la bande son et créer son propre glitch par-dessus Glitch. Oui, car rapide point lexical, le “glitch” est d’abord une sorte de bug en langage informatique, le résultat inattendu d’un dysfonctionnement. Il peut-être auditif ou visuel, en témoigne les bugs d’affichage délibérément provoqués sur les pages internet de l’émission. Esthétisé, le glitch est devenu un art.
Je souhaitais vous en parler depuis un moment, puis ce fut la fête de la musique. La belle affaire, puisque l’émission s’est intégrée au programme spécial de Radio France, en version gonflée aux hormones. Surtout, il était temps. Glitch vient d’êtrerécompensé au festival de la radio de New-York, dans la catégorie “meilleure émission musicale régulière du monde”. L’expérience deviendra peut-être bientôt un phénomène de mode. Certains adeptes de la première heure craignent qu’elle se “démocratise”. Ils ne seront pas rassurés en apprenant que l’émission sera diffusée à 22 h, les samedis et dimanches, pendant tout l’été.
Le Glitch de la Fête de la musique
Le trou noir des ondes
C’était en mai dernier. Avec Vivien, nous rentrons de Cannes. Pendant les 1.000 km de route, nous slalomons entre les fréquences de maintes radios locales et nationales, de Radio Azur à France Inter en passant furtivement par RCF Lyon Fourvière et tant d’autres.
Sauf qu’à quelques mètres de l’arrivée, en plein cœur d’une des principales métropoles européennes, sur le périphérique parisien, Vivien me prévient “tu vas voir, ça va bientôt couper”. En cause, deux tours jumelles, les Mercuriales, plantées à Bagnolet, surmontées d’immenses antennes qui brouillent les communication à 2 km à la ronde.
Le Parisien a récemment publié un article sur ce petit scandale. “Les Sans-radio de l’Est parisien repartent au combat“, rappelle que la situation dure depuis dix ans. 40.000 foyers ne disposent que d’une bande FM amputée des fréquences allant de 87,5 à 100 Mhz. Comme le souligne le président de l’association des Sans-radio, Michel Léon, “on ferait ça à Neuilly, ça ne tiendrait pas cinq minutes.” Le CSA et TDF renvoient les habitants au lancement de la RNT, autant dire, aux calendes…
Grecs et toujours maltraités
La semaine dernière, j’ai longuement donné mon point de vue sur le sens de la coupure des émetteurs des télés et radios publiques en Grèce, par le gouvernement Samaras. La question a été rapidement éclipsée des média français. Pourtant, si le conseil d’Etat a bien retoqué cette fermeture unilatérale, lundi 17 juin, les émetteurs n’ont toujours pas été rallumés.
Au passage, ce serait se voiler la face que d’ignorer les sarcasmes de très nombreux internautes commentateurs. Si la fermeture de l’ERT suscite autant de moqueries, malgré l’atteinte franche à la liberté de la presse, c’est bien parce que le journalisme et les médias subissent une défiance généralisée. Nous devons absolument nous en soucier, car ce combat n’est pas corporatiste, loin de là.
France Culture, 50 ans
Heureusement, pour l’heure, dans l’hexagone, notre service public fonctionne toujours. Jeudi, France Culture a publié un beau livre anniversaire pour ses 50 ans, édité par Flammarion. De quoi faire le bonheur de Fanch Langoët, qui a interviewé les deux auteurs de l’ouvrage, Emmanuel Laurentin, producteur de La Fabrique de l’histoire et Anne-Marie Autissier, docteur en sociologie.
Fanch, fidèle parmi les fidèles, a livré son premier avis sur ce “bouc”. Quant à moi, néophyte parmi les néophytes, je viens de recevoir la somme et je vous en parlerai la semaine prochaine.
Plongeon dans le temps
D’un monde à l’autre, je ne peux pas faire l’impasse sur l’éternel retour de Max, l’animateur qui a bercé les nuits de millions de collégiens et lycéens, entre le milieu des années 1990 et le milieu des années 2000. Francki reprend les reines d’une quotidienne, non pas sur Fun Radio, pas plus sur Radio Néo, mais sur la webradio Prysm.
Amusant de noter que ses anciens compères du Starsystem, Manu et Reego, animent eux aussi une émission de radio (vraiment) libre, chaque jeudi après 22 h, sur leur propre webradio, nommée Les Sales Gueules. Les fans de Gérard de Suresnes préférons cette expérience trash à la libre antenne adolescente du boss déchu.
Hard news
En bref, on retiendra de la semaine passée qu’à Mayotte, la radio reste un marché oligopolistique très nettement dominé par… la télévision publique. Mayotte 1ère appartient en effet au groupe France TV et apparaît en tête de la dernière enquête de Médiamétrie.
L’association Radio Calvi Citadelle était sur la sellette, du fait d’un refus du Fonds de soutien à l’expression radiophonique, le Fser, de lui attribuer ses subventions vitales. Finalement, le tribunal administratif de Paris a tranché et donné gain de cause à la station, membre de la Fédération des radios associatives du Sud-est.
Europe 1, en perte de vitesse, peut toujours se targuer d’être leader sur la balladodiffusion. France Inter et RTL sont au coude à coude, devant France Culture. Les quatre stations se détachent très nettement de la concurrence.
Un feuilleton qui devrait nous occuper cet été, c’est celui de la reprise de Sud Radio. Le groupe Fiducial, de Christian Latouche, est sur les rangs. Or, le Comité d’entreprise de la station a donné un avis négatif et surtout, le CSA, dont l’avis peut bloquer le rachat, est ouvertement brocardé par Fiducial, vexé par le refus d’un dossier sur la TNT. C’est à lire dans Les Echos.
C’est après avoir enchaîné les salles de concerts et festivals avec son ancien groupe, Brooklyn, que l’on retrouve aujourd’hui Ben Ellis dans son projet solo. En solo, oui, mais toujours bien accompagné sur scène par des musiciens tout aussi talentueux. Et cela fonctionne.
Le groupe, formé par Ben, Étienne Loiseau (guitare), Sébastien Richelieu (basse) et Éléonore Tallet- Scheubeck nous offre une musique rythmée, pop, dansante. Bref, tout ce qu’on aime.
Cette formation, de tout juste neuf mois, nous fait découvrir une pop hyper dynamique et super bien rodée. Le fruit d’une musique quasiment complétement enregistrée/produite par Ben lui même. Des morceaux écrits sans prise de tête, selon l’inspiration du moment, les rêves de la nuit, les idées sorties de nulle part. Pour, au final, donner des sons qui te font bouger en même temps que te donner de l’espoir.
De l’espoir , du courage, de la volonté d’aller de l’avant. Oui. Et en particulier (gros coup de cœur) avec le titre « Into the light », disponible en ligne et bientôt sur le prochain EP. Des frissons, beaucoup de joie, beaucoup de plaisir.
Pour écouter quelques morceaux de plus, ça se passe ici et là.
En parlant EP, la qualité des sons se ressent aussi par le fait qu’il n’y ait « officiellement » qu’une seule chanson en ligne. Et, déjà, les concerts de la formation se remplissent plutôt très bien ! En plus de profiter de ce bouche à oreille fulgurant, Ben Ellis peut se vanter d’être hyper bien relayé via la presse (les Inrocks, notamment), Radio France ; ainsi que par les médias en ligne.
Côté concert, on retrouve le groupe à l’aise, hyper dynamique, qui nous offre jusqu’à trois percussions en même temps. Toujours très rythmé et hyper mélodique. Des chansons à texte soutenues par des refrains entraînants.
Bref, on aime, on danse dessus seul chez soi , avec des amis, en concert. Partout. Et ça fait du bien.
Côté actu, on attend avec impatience le premier EP, le 2 juillet, la sortie d’un clip tourné à Pékin, et la tournée de septembre à janvier pour soutenir l’EP.
« La musique comme un exercice de psychothérapie. »
L’international domine cette chronique dominicale. Les émetteurs d’ondes courtes s’éteignent les uns après les autres, le changement de nom de Radio Canada provoque un débat national, tandis que des reporters risquent leur vie en Syrie. C’est une nouvelle semaine sur les ondes.
À la une
Savez-vous que l’hymne nord-coréen nous traverse tous les jours. Il est dans l’air, insaisissable, à moins de posséder un poste radio qui reçoit les ondes courtes.
Voice of Korea (j’en reparlerai prochainement), Iran French Radio, Radio Chine Internationale, mais aussi Radio Prague, la BBC, la Deutsche Welle, NHK World, Radio Prague et bien d’autres* diffusent des programmes en langue française grâce à des antennes gigantesques qui se trouvent parfois à des milliers de kilomètres des auditeurs. Les ondes courtes véhiculent autant la propagande que des informations vitales, dans des zones désertiques ou en guerre par exemple.
Sauf que celles qui ont connu leur heure de gloire pendant la guerre froide sont aujourd’hui en voie de disparition. Les réductions de coûts et les changements de stratégies ont eu raison de Radio Bulgaria, Radio Canada International et Radio Netherlands Worldwide ces derniers mois. L’épée de Damoclès plane aussi au-dessus de RFI.
Alexis Ipatovtsev l’avait regretté en janvier sur France Culture.
Le site Syntone vient de publier une interview passionnante de Thomas Witherspoon, fondateur et directeur de l’ONG Ears To Our World. Le radioamateur reste optimiste quant à l’avenir des ondes courtes. Il souligne qu’on “commence à utiliser les ondes courtes pour transmettre des données numériques vers des pays privés d’internet libre, comme la Chine”.
* Vous trouverez ici un annuaire des radios internationales qui proposent des programmes en langue française.
Hot news
Les noctambules français seront-ils bientôt désorientés ? Ceux qui ont l’habitude d’écouter les programmes de la nuit sur France Info connaissent les journaux de Radio Canada, qui sont diffusés comme ceux de la RTS et de la RTBF. Or, l’indicatif changera bientôt.
Les différentes chaînes francophones uniformiseront bientôt leur nom pour officiellement, donner une image plus dynamique au groupe. Les noms des radios et des télés commenceront par “Ici”. Arrêt sur Images relevait cette information vendredi. Le spot explicatif ne suffit pas à convaincre.
L’idée, qui coûte 400.000 $ rien qu’en dépenses de communication fait presque l’unanimité contre elle. Gouvernement, syndicats et auditeurs se rebiffent. Beaucoup craignent que ce soit une façon de mettre de côté le caractère national du diffuseur, dans un pays où la question de l’indépendance du Québecoise reste posée.
On l’a appris cette semaine, des Assises de la radio se tiendront “à l’automne prochain“. C’est ce qu’a annoncée la ministre de la culture Aurélie Filippetti lors des Assises de l’audiovisuel, au Grand Palais, à Paris. Ces assises devraient confronter les professionnels historiques de la radio, aux nouveaux venus de l’ère numérique.
Radio Campus Paris (93.9 FM, de 17 h 30 à 5 h 30) a fêté ses quinze ans, lundi, au cours d’une émission spéciale (à écouter ici). Laurent David des Inrocks a interviewé Felix Paties, le président de la radio étudiante. Preuve de l’intérêt des jeunes pour la radio, les propositions de bénévolat affluent.
Et puis le journaliste d’Europe 1 Didier François, grand reporter, habitué des zones de guerre a été enlevé par des hommes en armes en Syrie, jeudi. Il était en compagnie du photographe Édouard Elias et d’un assistant et traducteur. Le Quai d’Orsay n’a pas de nouvelles du groupe.
Michel Puech propose un portrait des deux français sur son blog. Leur travail relève de l’intérêt international. Comme leurs confrères américains, italiens et d’autres nationalités, ils doivent être libérés.
Décalage
Parmi les dizaines de Tumblr qui passent sur mon écran chaque semaine, “J’ai un physique de radio” m’a évidemment tapé dans l’œil pour son nom. Et parce que les journalistes aussi ont de l’autodérision.
La radio a pris le temps de souffler cette semaine. Le mercato attendra bien que l’on traverse le pont. Et lorsqu’on parle de reprendre sa respiration, c’est vers France Culture qu’on se tourne. Le retour au pouvoir des socialistes était à l’honneur cette semaine. L’occasion d’ouvrir le placard aux archives. Ce temps retrouvé permet de s’ouvrir vers des écoutes inattendues. Vous ferez bien un voyage dans la soucoupe d’Archeotronics.
À la une
Avec le printemps revient le temps des festivals. Nous en parlons abondamment sur ce site et je n’en remettrais pas une couche si la série d’émissions proposées par CulturesMonde de France Culture n’en valait pas la peine. En quatre tables rondes de 50 minutes, Florian Delorme et ses invités, souvent des chercheurs, ont tenté de comprendre quelles étaient les particularités de ces événements. Comment se différencient-ils des agendas culturels ? Quelles sont leurs origines ? Véhiculent-ils toujours des protestations, des revendications ?
Je vous invite particulièrement à écouter cette émission consacrée aux festivaliers. D’aucuns se reconnaîtront. Pour écouter l’ensemble de la série, rendez-vous sur le site de l’émission.
Hot news
Avec ce “plus long pont de l’année”, que certains grincheux voudraient sabrer, la semaine médiatique a été bien calme. Heureusement, il y avait un anniversaire, celui de l’élection de François Hollande. Les généralistes n’ont pas laissé passer cette chance de se remettre dans le bain si grisant de la présidentielle. Europe 1 a ainsi consacré une journée spéciale, le 6 mai, à la première année d’exercice du pouvoir par le socialiste.
Le Secret des Sources de France Culture a pris l’angle de la communication et du rapport du chef de l’Etat aux journalistes pour analyser cette année de présidence. Le bilan est aussi sévère que sur le plan économique et social. Possible que ça aille de pair, d’ailleurs.
Il y a deux ans, France Culture s’intéresait à une autre présidentielle. Celle conclue le10 mai 1981. La station a permis de revivre l’élection du premier socialiste président de la République grâce à un tout sonore sur cette soirée électorale, précieuse pièce d’histoire. Emmanuel Laurentin partait du postulat que malgré les 32 petites années qui nous séparent du 10 mai 1981, tant l’arrivée des chars russes sur les Champs-Elysée en que l’espoir des ouvriers nous paraissent étrangers.
La série d’émissions est à écouter sur Radio Fanch, qui y consacre un billet.
Et puis tiens, comme on parle d’histoire sur le service public, je partage avec vous ce portrait de Jean Lebrun (accès abonnés), également lisible dans le supplément Télévision du Monde. Où l’on apprend que celui qui s’amusa beaucoup sur France Culture, présente en parallèle de la Marche de l’Histoire, Les Frères Jean, une émission de discussion avec les Français, sur la télévision costarmoricaines (on y retourne toujours) Armor TV.
C’est aussi cette semaine que la radio des Hauts de Rouen, connue sous l’acronyme HDR, s’est retrouvée contrainte de lancer une souscription publique sur Ulule. “HDR doit aujourd’hui régler une dette de 30.000 euros par an, sur 6 ans, dans le cadre d’un redressement, en partie provoqué par le retard de versement de fonds européens en 2008”, explique la station associative.
En quelques jours, près de la moitié des 5.000 € recherchés ont été apportés par des auditeurs, tandis qu’une pétition a déjà recueilli 1.763 signatures (au 11 mai). Deux concerts de soutien auront lieu les 31 mai et 14 juin.
Temps long
Et maintenant, parlons d’un métier en voie de disparation. Cela se passe dans le charmant village de Saint-Ouen. Anita était vendeuse des postes de radio et de pièces détachés pour transistors depuis trente ans. Sa boutique a fermé fin mars. Un reportage de Charlène Nouyoux.
Un bien beau métier.
Pour les amoureux du son qui grésille, voici une pépite.Archeotronics est une émission mensuelle “dédiée à l’archéologie des médias sonores et à leurs manipulations”. Une présentation qui a le mérite d’être très floue, pour vous laisser le plaisir de découvrir un montage sonore… stupéfiant.
Dans le rétro
L’Ina a eu l’excellente idée de créer une chaîne de vidéos d’archives consacrées à la naissance des radios libres. Les radios pirates, telles qu’on les appelait à la fin des années 1970, se sont imposées dans le paysage médiatique par la force.
L’Institut national de l’audiovisuel n’offre malheureusement pas la liberté d’intégrer ces vidéos en dehors de Youtube. Il vous faudra vous résoudre à les regarder de ce côté.
On termine cette semaine sur les ondes par une note d’humour, qui fait aussi réfléchir quant au formatage des radios. Le Transistor consacre un billet aux parodies. Bien qu’Hervé semble nostalgique de l’époque de Nuls, il a trouvé sur la radio Couleur 3 une case qui mérite de tendre l’oreille. Voici l’un des “décrochages” proposés par la chaîne suisse. Je vous laisse chercher quelle émission est ici parodiée. Rendez-vous dans les commentaires. Un indice, elle est diffusée des deux côtés des Alpes. Pour en écouter d’autres, filez sur Le Transistor. On se retrouve dans une semaine pour une chronique spéciale cinéma en direct de Cannes. En attendant, voici un avant-goût. C’est une question à laquelle j’essayerai de répondre qui était posée sur Europe 1 hier : le festival de Cannes a-t-il pris un coup de vieux ?