J’aurais préféré vous parler des archives de la radio, de leur usage ou du péril qui les guette. Comme j’aurais préféré vous parler des 50 ans de France Inter, célébrés à travers des pastilles sonores, un blog et un livre. J’aurais même préféré vous parler d’économie, de chiffres manipulés et du marché du streaming. Hélas, cette semaine est d’abord à marquer d’une pierre noire, après l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, reporters de RFI en mission au nord du Mali.
28 juillet : journée de vote sans incident à Kidal
(01:32)
Dans cette double semaine sur les ondes, vous apprendrez que des mythes s’effondrent du côté d’Europe 1 et de CBS, vous découvrirez que les radios destinées aux enfants renaissent grâce à internet, vous saurez pour quel documentaire France Culture a remporté un nouveau prix international, vous plongerez dans le bain bouillonnant de l’univers de la radio.
Dans cette période, cette journée en particulier, au cours de laquelle les valeurs démocratiques sont mises à mal au profit d’un ratatinement intellectuel, accompagné par bon nombre de médias, cette revue de web sur la radio est dédiée aux grands reporters. Celles et ceux qui portent haut les valeurs du journalisme.
Manifestement, à l’heure où le prix Bayeux des correspondants de guerre est remis aux courageux qui bravent la mort en Syrie pour nous informer et nous rendre plus libres, alors que quatre journalistes français, dont deux de radio, sont retenus et bâillonnés là-bas (une centaine de petites mains de l’information y ont été tués), le grand reportage apparaît comme le parent pauvre des genres journalistiques sur les ondes.
La soirée de remise des prix Bayeux est à réécouter sur WGR, la toute nouvelle webradio des reporters de guerre et des grands voyageurs.
Marine Olivesi, journaliste indépendante, a remporté le prix Bayeux du reportage radio pour Moussa et Al Omari, livreurs sur une ligne de front, diffusé sur la radio canadienne CBC (à écouter, en anglais, ci-dessous). Ses reportages sont disponibles sur Soundcloud ici.
Paradoxalement, les entreprises de radio ne consacrent guère de budget pour les reportages sonores, mais elles mettent de l’argent pour développer leur site web, avec des contenus souvent de qualité, comme ce nouveau webdoc proposé par France Info sur la Marche des Beurs de 1983.
Dans cette dixième Semaine sur les ondes, il est aussi question de voix, d’hier et d’aujourd’hui, à l’image de Pierre Bouteiller, Alba Ventura et Robert Arnaut, dans des registres divers. Et puis ça vous manquerait si nous ne mettions pas dans la lumière une radio locale. Cette semaine, notre “page des régions” est consacrée à la Radio des Meilleurs Jours. C’est tout ce qu’on se souhaite.
La foisonnante actualité de cette rentrée sur les ondes ne doit pas nous empêcher de prendre le temps d’écouter. Et de lire. Le 19 septembre est paru chez Buchet Chastel “Captain Teacher”, le récit d’une aventure hors du commun qui s’est déroulée en Afghanistan.
Raphaël Krafft, que l’on a connu à vélo pendant la dernière campagne présidentielles, a intégré l’armée française en décembre 2009. Un engagement pris dans le seul but de créer une radio communautaire à Subobi, au sud de Kaboul. Ce projet, piloté par la grande muette, a malheureusement fait long feu.
Dans cette revue de presse hebdomadaire, vous écouterez également un hommage à Gilles Verlant, des témoignages d’artisans de la presse alternative ; vous découvrirez une radio associative des Pyrénées-Atlantiques tournée vers la culture, une webradio consacrée aux cours de l’or et quelques pépites dénichées sur la toile. De ce qui fait le plus de bruit dans ce petit monde, à ce qui passe (presque) inaperçu sur l’écran des sonomètres.
Une nouvelle saison sur les ondes a commencé. Votre chronique radio revient et innove. Comme il n’y a pas de joie sans effort, j’ai pris mon temps pour apprivoiser cette frise chronologique, qui, je l’espère, vous permettra de mieux comprendre et visualiser l’actualité de la radio. Revue de presse, extraits sonores, vidéos, tweets, photos, tout y est intégré. Elle vous rappellera peut-être ces vieux transistors sur lesquels on passait d’une station à l’autre en déplaçant une aiguille le long d’un bande FM matérialisée.
Au programme de cette semaine, peu de création sonore et d’extraits d’émissions. Pas de conseil d’écoute ou de coup de gueule. On y viendra par la suite. L’actualité ayant été très dense, c’est le combat médiatique entre Arthur et Joël Ronez, pour respectivement Oüi FM et Le Mouv’ qui retient notre attention. Un bataille pour des fréquences qui soulève finalement de bonnes questions.
Le mois de septembre a été chargé. France Culture a soufflé ses 50 bougies en famille et en public, tandis que France Bleu Saint-Étienne naissait. L’internationale surgit dans cette revue de presse de la radio grâce à Rozana, radio libre qui enregistre ses programmes à Paris.
Dans mon bloc-notes cette semaine, il y a du bruit sur les ondes. Glitch se fait remarquer sur Le Mouv’. Faites corps avec votre machine pour une fête de la musique toute électronique. Les Sales gueules hurlent dans le poste pour la meilleure libre antenne du moment, certifié par les amateurs du putois sur Nanterre. L’est parisien et la Grèce ont un point commun, découvrez lequel.
À la une
Glitch, je souhaitais vous en parler depuis un moment. L’émission radicale du Mouv’, diffusée le vendredi soir à minuit, est un objet radiophonique non identifié. Difficile de la décrire, mais je vais m’y employer. Pendant une heure, une succession de séquences électroniques, tantôt mélodiques, tantôt dissonantes, prennent possession de l’antenne. Nos repères sont troublés, nos sens en éveil, l’heure est propice à la divagation.
Son animateur, Adrien Landivier, intervient parfois avec une voix robotisée pour présenter les artistes indépendants qui composent la playlist, quand ce ne sont pas des extraits de micro-trottoirs qui servent de transitions.
Glitch représente en radio le basculement de notre monde vers le numérique. Bien plus que certains programmes qui pensent porter le drapeau d’une nouvelle ère à coup de réseaux sociaux.
J’écoute Glitch sur mon vieil Acer Aspire 9420, attendant le moment où ma machine va percuter la bande son et créer son propre glitch par-dessus Glitch. Oui, car rapide point lexical, le “glitch” est d’abord une sorte de bug en langage informatique, le résultat inattendu d’un dysfonctionnement. Il peut-être auditif ou visuel, en témoigne les bugs d’affichage délibérément provoqués sur les pages internet de l’émission. Esthétisé, le glitch est devenu un art.
Je souhaitais vous en parler depuis un moment, puis ce fut la fête de la musique. La belle affaire, puisque l’émission s’est intégrée au programme spécial de Radio France, en version gonflée aux hormones. Surtout, il était temps. Glitch vient d’êtrerécompensé au festival de la radio de New-York, dans la catégorie “meilleure émission musicale régulière du monde”. L’expérience deviendra peut-être bientôt un phénomène de mode. Certains adeptes de la première heure craignent qu’elle se “démocratise”. Ils ne seront pas rassurés en apprenant que l’émission sera diffusée à 22 h, les samedis et dimanches, pendant tout l’été.
Le Glitch de la Fête de la musique
Le trou noir des ondes
C’était en mai dernier. Avec Vivien, nous rentrons de Cannes. Pendant les 1.000 km de route, nous slalomons entre les fréquences de maintes radios locales et nationales, de Radio Azur à France Inter en passant furtivement par RCF Lyon Fourvière et tant d’autres.
Sauf qu’à quelques mètres de l’arrivée, en plein cœur d’une des principales métropoles européennes, sur le périphérique parisien, Vivien me prévient “tu vas voir, ça va bientôt couper”. En cause, deux tours jumelles, les Mercuriales, plantées à Bagnolet, surmontées d’immenses antennes qui brouillent les communication à 2 km à la ronde.
Le Parisien a récemment publié un article sur ce petit scandale. “Les Sans-radio de l’Est parisien repartent au combat“, rappelle que la situation dure depuis dix ans. 40.000 foyers ne disposent que d’une bande FM amputée des fréquences allant de 87,5 à 100 Mhz. Comme le souligne le président de l’association des Sans-radio, Michel Léon, “on ferait ça à Neuilly, ça ne tiendrait pas cinq minutes.” Le CSA et TDF renvoient les habitants au lancement de la RNT, autant dire, aux calendes…
Grecs et toujours maltraités
La semaine dernière, j’ai longuement donné mon point de vue sur le sens de la coupure des émetteurs des télés et radios publiques en Grèce, par le gouvernement Samaras. La question a été rapidement éclipsée des média français. Pourtant, si le conseil d’Etat a bien retoqué cette fermeture unilatérale, lundi 17 juin, les émetteurs n’ont toujours pas été rallumés.
Au passage, ce serait se voiler la face que d’ignorer les sarcasmes de très nombreux internautes commentateurs. Si la fermeture de l’ERT suscite autant de moqueries, malgré l’atteinte franche à la liberté de la presse, c’est bien parce que le journalisme et les médias subissent une défiance généralisée. Nous devons absolument nous en soucier, car ce combat n’est pas corporatiste, loin de là.
France Culture, 50 ans
Heureusement, pour l’heure, dans l’hexagone, notre service public fonctionne toujours. Jeudi, France Culture a publié un beau livre anniversaire pour ses 50 ans, édité par Flammarion. De quoi faire le bonheur de Fanch Langoët, qui a interviewé les deux auteurs de l’ouvrage, Emmanuel Laurentin, producteur de La Fabrique de l’histoire et Anne-Marie Autissier, docteur en sociologie.
Fanch, fidèle parmi les fidèles, a livré son premier avis sur ce “bouc”. Quant à moi, néophyte parmi les néophytes, je viens de recevoir la somme et je vous en parlerai la semaine prochaine.
Plongeon dans le temps
D’un monde à l’autre, je ne peux pas faire l’impasse sur l’éternel retour de Max, l’animateur qui a bercé les nuits de millions de collégiens et lycéens, entre le milieu des années 1990 et le milieu des années 2000. Francki reprend les reines d’une quotidienne, non pas sur Fun Radio, pas plus sur Radio Néo, mais sur la webradio Prysm.
Amusant de noter que ses anciens compères du Starsystem, Manu et Reego, animent eux aussi une émission de radio (vraiment) libre, chaque jeudi après 22 h, sur leur propre webradio, nommée Les Sales Gueules. Les fans de Gérard de Suresnes préférons cette expérience trash à la libre antenne adolescente du boss déchu.
Hard news
En bref, on retiendra de la semaine passée qu’à Mayotte, la radio reste un marché oligopolistique très nettement dominé par… la télévision publique. Mayotte 1ère appartient en effet au groupe France TV et apparaît en tête de la dernière enquête de Médiamétrie.
L’association Radio Calvi Citadelle était sur la sellette, du fait d’un refus du Fonds de soutien à l’expression radiophonique, le Fser, de lui attribuer ses subventions vitales. Finalement, le tribunal administratif de Paris a tranché et donné gain de cause à la station, membre de la Fédération des radios associatives du Sud-est.
Europe 1, en perte de vitesse, peut toujours se targuer d’être leader sur la balladodiffusion. France Inter et RTL sont au coude à coude, devant France Culture. Les quatre stations se détachent très nettement de la concurrence.
Un feuilleton qui devrait nous occuper cet été, c’est celui de la reprise de Sud Radio. Le groupe Fiducial, de Christian Latouche, est sur les rangs. Or, le Comité d’entreprise de la station a donné un avis négatif et surtout, le CSA, dont l’avis peut bloquer le rachat, est ouvertement brocardé par Fiducial, vexé par le refus d’un dossier sur la TNT. C’est à lire dans Les Echos.
Beaucoup de vidéos dans cette première revue de web sur l’univers de la radio. Contradictoire ? On peut se poser la question, à l’heure où chaque station multiplie les captations filmées, les applications web et qu’un film s’apprête à sortir en salles, donnant à voir des voix, celles de Radio France. L’expérience radiophonique évolue en permanence et heureusement, certains prennent pour nous le temps de la décrypter. C’est une semaine sur les ondes, une semaine sur les réseaux.
À la une
Le web ouvre de nouvelles perspectives aux “vieux médias” et la radio n’est pas en reste. Radio France continue d’investir dans le numérique. Le groupe public, par l’intermédiaire du Mouv’, est à l’initiative de “Co³, la science dans ton chez toi”, une pastille lancée jeudi 28 mars, à 18h42 précises. Chaque semaine, trois colocataires, Dorothée, Swan et Axel, vont répondre à une question scientifique ayant trait à la vie quotidienne, dans la toute nouvelle émission Pop Corn. Le genre d’initiative qui pourra, peut-être, remettre la station sur les bons rails.
L’expérience se poursuit sur un site, construit tel un webdocu, mais où l’audio remplace la vidéo. Des lecteurs sont disséminés dans plusieurs pages, lesquelles représentent les pièces de la colocation. C’est beau et intuitif. Dorothée, Swan et Axel, colocs’ et journalistes scientifiques dans le civil, possèdent chacun un compte Twitter.
Comment rester éveillé sans flinguer son horloge biologique ? bit.ly/16b4sfw Découvrez #CO3 sur http:/co3.lemouv.fr
Dans le reste de l’actualité radio, il y a peut-être le bout du tunnel pour Bretagne 5. Le CSA organise bientôt une consultation publique en vue de lancer un appel à candidatures en ondes moyennes, à Paris, Bayonne et Saint-Gouéno (Côtes-d’Armor). Bretagne 5 est pour l’heure une association qui dispose de tout le matériel pour émettre en AM sur une partie de la Bretagne, des studios à l’antenne située à Saint-Gouéno. Il ne lui manque qu’une fréquence. La consultation prendra fin le 30 avril. Et si la AM faisait son revival ?
Et quand je vous dis que les passionnés de Bretagne 5 ne font pas les choses à moitié…
@fcpixel passionnée de radio l’équipe de Bretagne 5 au point d’avoir construit un émetteur ondes moyennes en Bretagne ! twitter.com/radiobretagne5…
La radio, c’est aussi de l’éco, et de ce point de vue, les nouvelles ne sont pas trop mauvaises compte tenu de la sinistrose ambiante. Les recettes brutes de la radio baissent de 1,3 % au mois de février. Sans transition, Denis Olivennes, président de Lagardère Active, a accordé une interview au Figaro.fr. Il en a profité pour démentir toute vente de Virgin Radio à NRJ. La station, qui affiche désormais son positionnement pop, vient de lancer une campagne de communication mettant l’accent sur sa playlist, davantage que sur ses animateurs. Il faut dire que Cyril Hanouna n’est pas certain de rempiler en septembre.
— programmesradios (@programmesradio) 31 mars 2013
Loin de toutes ces considérations, les élèves du lycée Suger, à Saint-denis, ont hébergée, lundi, dans leur MDL (Maison des lycéens), un studio de France Info. Plus qu’un simple atelier, le 10-12 d’Agnès Soubiran y était carrément délocalisé, dans le cadre de la Semaine de la presse et des médias à l’école.
La vidéo réalisée à cette occasion est tournée par les élèves de la section audiovisuelle.
Avant-goût
La sortie en salles de “La Maison de la radio”, le film de Nicolas Philibert, est imminente. Si vous avez raté les avant-premières à Brest et Berlin, il se pourrait bien que les nouveaux extraits diffusés par “Les films du losange” vous intéressent. Vous pousserez peut-être même plus loin en consultant l’interview du réalisateur sur Rue89. Nous en parlerons plus longuement dans quelques jours.
Temps long
Si Nicolas Philibert a pris le temps de filmer les voix, les auteurs du blog Syntone prennent quant à eux le temps d’écouter la radio changer. Le numérique – on y revient – modifie notre façon de consommer la radio, et ce n’est pas sans interroger la façon dont on doit la produire. Quatre billets sont programmés, le premier est paru jeudi et il ne faut pas le rater.
[nouveau] Peut-être une blague et en même temps c’est très sérieux. Allons-nous vers un art radiophonique numérique? ow.ly/jxODD
On termine cette revue du web par un petit saut dans le temps. Ce n’est pas vieux, février 2011, mais depuis, quelque chose a changé. Baffie n’est plus à la radio. “Howcast, le nectar de la bande FM” propose d’écouter un medley de deux émissions au ton… baffiesque, dans lequelle on entend (et c’est rare) Denis Olivennes. Et la boucle est bouclée.
Bonne semaine et n’oubliez pas, restez à l’écoute !