Catégories
Agiter

La Gazette des confiné·es #3 – Dr Raoult, rapports Nord-Sud et biodiversité

Et le spectacle continue !

Depuis plusieurs jours, les médias tournent en boucle. Le docteur Raoult est-il ou non un génie ? La chloroquine est-elle un remède miracle au coronavirus ? Y a-t-il 1.312 morts du coronavirus en France à 13 h, 1.300 à 13 h 12 ou les deux? À toute ces questions, la gazette vous donne quelques arguments pour trancher le débat une bonne fois pour toutes… et changer de sujet !

Nos ami·es scientifiques connaissent les méfaits de la bibliométrie (ou évaluation des chercheurs par le nombre de publications et le nombre de citations de ces publications dans d’autres articles) : revues prédatrices, auto-citation, etc. Pourtant, il faut avouer qu’on voit rarement des abus comme ce qu’a pu faire le docteur Raoult. Il aurait participé à 1.802 articles, dont de nombreux sur le coronavirus qui ont été acceptés à publication en un jour de relecture. Quelle rapidité !

Il faudrait être mauvaise langue pour remarquer que le directeur de publication de la revue qui accepte lesdits articles est un coauteur des articles du docteur Raoult ! Quant à l’efficacité de la chloroquine, il s’agit d’un débat scientifique en cours complètement disjoint de l’escroquerie Raoult, même si l’habitude médiatique de tout personnaliser fait fureur…

Sur les 63 articles sur le coronavirus considérés scientifiques par l’Inserm – rassurez vous, l’auteur de cette rubrique ne les a pas lus, n’étant pas chercheur dans ce domaine -, il ne semble pas y avoir de conclusions positives (sinon il y aurait un consensus scientifique ce qui est loin d’être le cas). Il faudra sûrement attendre les résultats des nombreux essais cliniques en cours (par exemple l’essai européen Discovery) pour y voir plus clair.

En attendant, l’extrême-droite se coordonne pour faire de la chloroquine le remède miracle : Trump, Estrosi, Le Point, Valeurs actuelles, etc.

Le confinement s’accentue et les conséquences négatives sont occultées

La situation est catastrophique pour toutes les personnes victimes de violences domestiques (enfants maltraités, femmes battues, etc.). Pas d’école pour voir les ami·es, pas de sorties pour se reposer et changer d’air et les amendes pleuvent quand on sort de chez soi.

Heureusement, des initiatives se multiplient sur internet pour aider à mieux vivre le confinement, à soulager le stress et l’anxiété comme ce que propose l’université de Lorraine, même si ce sont de piètres consolations pour les personnes les plus en dangers.

L’impact social du confinement (qui est certes nécessaire pour enrayer la propagation trop rapide du coronavirus) ne fait pas partie du débat public, ce qui empêche de chercher des solutions (hébergement de tous et toutes, réquisition des logements vides comme l’appelle le collectif Droit au logement, Dal).

Pendant que les médias bavardaient, le gouvernement préparait son coup

L’attaque contre le code du travail qu’a fait passer le gouvernement sans aucun contrôle législatif (par ordonnances) est inédite et violente ! On pourra faire travailler des salarié·es jusqu’à 60 heures par semaine ! Cela était souvent déjà imposé, en toute illégalité, pour les soignant·es.

Tant qu’à faire, vu que ça tenait tant bien que mal (ou pas), pourquoi ne pas l’imposer à tout le monde, se dit le gouvernement ?

À voir si les autres professions seront aussi corvéables et se laisseront faire, et espérons que, contrairement à ce qu’on a pu constater jusqu’ici, les syndicats ne prônent pas l’union nationale et choisissent la lutte des classes pour préserver les intérêts des travailleur·euses.

Actions syndicales

Face à l’angoisse générée par la demande de télétravail ou de travail à l’extérieur malgré l’épidémie, les syndicats ripostent.

La CGT lance le site luttevirale.fr pour informer les salarié.es sur leurs droit en temps de coronavirus et Solidaires va mettre en place un numéro de téléphone d’assistance syndicale.

Malheureusement, avec les ordonnances, les règles changent plus vite que les formations syndicales ! Bonne chance à elleux !

Il faut rappeler les évidences

L’OMS doit rappeler aux pays riches que ne pas aider les pays pauvres serait cruel. C’est vrai qu’après les avoir pillés pendant des centaines d’années pour certains, cela ne serait pas très sympa d’ajouter en plus le fait de les laisser seuls pendant cette crise !

En plus, cela risque de se combiner avec une grave crise humanitaire liée à la destruction des récoltes par un essaim de criquet. Invasion de criquets favorisée par quoi ? Le réchauffement climatique causé en grande partie par la pollution des pays les plus riches…

Envolons-nous hors des prisons

La situation est tellement catastrophique dans les prisons que L’Envolée organise une émission de radio tous les soirs, à 19 h, pour nous tenir au courant ! Merci à elleux pour leur super initiative. Continuons de lutter contre les prisons, les centres de rétention administratives (Cra) (où la situation n’est pas meilleure) et pour aider SDF, migrants et personnes dans le besoin !

Écologie & coronavirus

Si vous avez accès à un endroit ou vous pouvez observer les oiseaux, vous avez pu constater qu’ils se portent particulièrement bien en ces temps de confinement ! Il faudra attendre des études plus poussées pour avoir des chiffres précis mais assurément, les animaux sauvages apprécient que les humain·es prennent moins de place sur la planète.

On voit même des dauphins près de la Sardaigne, des ami·es m’ont parlé du retour de variétés de papillons plus vues depuis plusieurs années dans leur jardin. Beaucoup d’entreprises sont à l’arrêt ce qui cause une baisse historique de la production en gaz à effet de serre, principales causes du réchauffement climatique.

Comme quoi, c’est possible de ralentir la folie économique et de lutter contre le réchauffement climatique ! À nous de continuer sur cette lancée une fois que la crise du coronavirus sera terminée pour limiter les dégâts (si l’on continue sur cette lancée, des prévisions prévoient +6° en 2100…).

La lutte pour l’IVG n’est jamais finie…

Alors que les circonstances sont exceptionnelles, le gouvernement refuse d’aménager le droit à l’IVG ! Ce gouvernement avait déjà montré son anti-féminisme en gazant de nombreux rassemblements lors de la journée du 8 mars… Raison de plus pour les virer tous une bonne fois pour toutes !

Illustration : Pills in Packaging Chloroquine 01 by Daniel Foster CC CC BY-NC-SA 2.0

Catégories
Agiter

On s’est fait cintrer en soutien aux espagnoles

Diaporama sonore – Retour en arrière pour l’avortement en Espagne. Depuis le projet de loi déposé en décembre dernier par le gouvernement Rajoy, des manifestations de soutien ont lieu dans toute l’Europe. Vendredi 7 mars, Osez le féminisme 37 organisait, à Tours, une installation plastique participative pour rappeler l’enjeu européen que suscite l’interruption volontaire de grossesse.

Des aiguilles à tricoter, de l’eau de javel, ou encore des cintres, voilà les outils qui seront bientôt à la disposition des femmes espagnoles qui verront les conditions d’accès à l’avortement se réduire au viol et à quelques rares cas de danger psychologique pour la mère.

Outils utilisé dans certains cas d'avortements clandestins. Romain Deschambres - La Déviation
Outils utilisé dans certains cas d’avortements clandestins. Crédits Romain Deschambres

En décembre, Osez le féminisme n’avait pas attendu pour réagir et avait lancé une campagne virale efficace. Un cintre, l’inscription « nunca mas », une photo et un partage sur les réseaux sociaux.

Il y a l’envie de descendre dans la rue autrement que par la manif.

« La présence dans l’espace public, la volonté de soutenir les femmes espagnoles et l’image des cintres qui existait déjà » sont les trois éléments qui ont donné l’envie à Zazou, plasticienne de proposer cette installation à l’antenne locale de l’association.

L’artiste militante fait part de « cette envie de descendre dans la rue autrement que par la manif ». Participer à cette action, ça veut dire « s’engager ou ouvrir le dialogue ».

Car le militantisme ne doit pas uniquement se faire sur les réseaux sociaux. Osez le féminisme 37 revendique le fait de sortir du virtuel pour engager un dialogue réel.

Rencontre en son et en image.

Une loi européenne

Avec Zazou, nous avons parlé de son installation plastique. Une fois le micro coupé « je n’ai pas parlé du plus important », s’empresse-t-elle de dire. On rallume.

« Le but de cette installation est de faire un rapport auprès du Parlement européen ». Il ne s’agit pas uniquement de sensibiliser sur l’avortement et sur la situation espagnole, mais bien d’agir auprès des institutions européennes.

« Le Parlement européen trouve qu’en matière du droit des femmes, c’est la souveraineté des États. Ils ne veulent pas intervenir au niveau européen. Nous, on préférerait qu’il y ait une protection, de manière à ce que l’Irlandaise, l’Espagnole, l’Italienne ou la Française parte sur un même pied d’égalité »

Les militantes sont facilement repérables grâce à leur code vestimentaire unique. La blouse blanche, en symbole du cadre médical dans lequel l’avortement doit continuer de s’effectuer.

« Certains pensent que nous sommes des sages-femmes. ». Un autre combat, qui n’est pas celui d’Osez le féminisme.

Je demande à l’une d’elles « Qui est la présidente de l’association ? » Certainement le meilleur moyen de se faire détester, on ne tarde pas de me répondre qu’il n’y a « pour le moment pas UNE présidente. Tout le monde est à égalité. »

Une organisation horizontale dans les faits, pyramidale sur le papier. Mélanie Goyeau, non-présidente d’Osez le féminisme 37, se présente alors en porte-parole de l’association.

Mélanie Goyeau, porte-parole d'Osez le féminisme 37. Crédits Romain Deschambres - La Déviation
Mélanie Goyeau, porte-parole d’Osez le féminisme 37. Crédits Romain Deschambres

« À Osez le féminisme, on essaie de sensibiliser les gens qui ne sont pas encore sensibilisés ». À travers ces actions, Mélanie Goyeau veut « aller à la rencontre du public, lui faire prendre conscience que ce n’est pas encore gagné l’égalité. »

On ne veut pas simplement recevoir des fleurs pour la Saint-Valentin.

« On essaye de faire ça de façon ludique et drôle ». Elle prend l’exemple d’une campagne visuelle pour la Saint-Valentin intitulée Couchons ensemble avec une image de couche. « Les hommes et les femmes doivent être équitables dans les tâches ménagères. On ne veut pas simplement recevoir des fleurs pour la Saint-Valentin. »

Au stand café et agrafage de photos sur cintre, une militante appelle à l’aide masculine. « Tiens un homme, tu vas pouvoir me réparer mon agrafeuse ». Ça n’est pas une réaction très féministe. Elle esquisse un sourire. C’est une blague évidemment.

Quitter la version mobile