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« Si ça vous a plu, revenez moustachus ! »

Live report – Le festival du Bout du Monde s’est tenu à guichets fermés, du 1er au 3 août, sur la presqu’ile de Crozon dans le Finistère. La recette du succès ? Une jauge calée à 20.000 festivaliers par jour, une ambiance familiale et des groupes mythiques parmi lesquels The Wailers, America et Morcheeba.

Le Bout du Monde c’est aussi des habitués comme Maxime le Forestier, Ibrahim Maalouf, Keziah Jones ou Bernard Lavilliers, rejoints par un régional de l’étape pourtant bizut nommé Miossec.

Enfin, ce qui rend le « boudu » si populaire, ce sont les coups de cœurs internationaux des programmateurs, comme l’Acadienne Lisa Leblanc, le Franco-Malien Electro Bamako, ou encore le Péruvien Dengue Dengue Dengue.

Jour 1 – Vendredi 1er août

C’est dans les bouchons que commence mon périple. Je pars de Brest vers 15 h et je me retrouve coincé sur la seule route qui mène au festival. Je comprends dès lors que je vais littéralement au « bout du monde ». J’arrive au niveau des parkings deux heures plus tard. Par chance, je trouve une place juste à côté du camping où je vais dormir pendant trois nuits. Je prends ma tente et mes sacs. Je dépose mes affaires sur le camp et vais cherche mon bracelet de festivalier.

Je retrouve une dizaine d’amis au camping 3, reste faire connaissance avec mes voisins de tente. Je discute avec beaucoup de monde, et je ne vois vraiment pas le temps passer : il est déjà presque 23 h et je n’ai toujours pas vu un seul concert…

Je me dirige donc vers la grande scène pour voir Keziah Jones, d’assez loin. Je ne connais pas énormément son répertoire, mais je sais sa réputation de bête de scène. Et bien je suis assez déçu. Certes, je suis loin, mais je trouve que le concert manque d’envolée. Un avis partagé autour de moi.

Une part de tartiflette à 6 € plus tard et on reprend des forces pour voir The Wailers.

Festival du Bout du Monde 2014 The Wailers - C Nicolas Le Gruiec - La Déviation

Il a commencé à pleuvoir vraiment beaucoup. C’est donc sous un poncho Vieilles Charrues complètement déchiré que je commence ce concert. Je suis loin d’être un grand fan de reggae et je ne pensais donc pas rester longtemps.

Malgré l’averse, les festivaliers restent devant la scène pour voir « le groupe de Bob Marley ». The Wailers, et Koolant, le chanteur, entame les morceaux mythiques de Bob Marley. Is This Love, Redemption Song, No Woman No Cry… Tout le monde chante en cœur. Et si l’on ferme les yeux quelques minutes, on se croirait presque à un concert de Bob Marley, tant la voix du chanteur des Wailers lui ressemble.

Je me rends compte au fur et à mesure que je connais une bonne moitié des chansons. Le concert se termine, le public est ravi, et la pluie cesse peu après la fin.

Un peu déçu d’avoir loupé les Jolly Boys et Bernard Lavilliers, je retourne au camping.

Jour 2 – Samedi 2 août

Le jour se lève sur la prairie de Landaoudec, le camping commence à reprendre vie. On entend au loin un bagad jouer, façon de rappeler qu’ici, la musique ne s’arrête pas. Comme chaque festival qui se respecte, les toilettes sèches sont prises d’assaut. Elles restent néanmoins très propres.

De nouveau, on s’attarde beaucoup trop longtemps au camping, avant de se déplacer vers le chapiteau, pour le premier concert de Winston McAnuff & Fixi. Le duo, basé sur un chanteur jamaïcain et l’accordéoniste du groupe Java fonctionne vraiment bien. La voix de Winston McAnuff étonne mes amis, qui ne le connaissaient pas.

À la fin du concert, on se dirige vers le bar, lui aussi sous un chapiteau, pour nous désaltérer avec une bière bio. On y croise une fanfare, qui se balade de bars en bars. Bénévoles et festivaliers semblent heureux, et l’attente est assez courte.

On rencontre d’autres festivaliers, âgés d’une quarantaine d’années, qui sont venus de Belgique pour le festival. Ils étaient quelques semaines plus tôt au TWClassic, qui accueillait entre autres les Rolling Stones, Simple Minds et Triggerfinger. Le temps passant, on loupe la totalité du concert de Miossec. Tant pis, on commande des fajitas pour poursuivre la discussion avec nos nouveaux amis belges.

Festival du Bout du Monde 2014 public noir et blanc - C Nicolas Le Gruiec - La Déviation

On ne reste pas manger très longtemps, puisque le concert d’Ibrahim Maalouf commence bientôt. Le trompettiste libanais, récompensé en février par une Victoire de la Musique, et sacré Artiste de l’Année au Victoires du Jazz, rencontre un beau succès.

C’est le deuxième concert d’Ibrahim Maalouf auquel j’assiste. Quelques amis, pas forcément friands de jazz, m’avaient signalé que c’était « sympa mais sans plus ». Et bien on a tous pris une grosse claque. Les 45 minutes de concert sont passées à une vitesse folle.

Le morceau True Sorry fait l’unanimité dans le public, et Ibrahim Maalouf finit son concert en invitant un quintet de sonneurs bretons (dont le maître sonneur Yannick Martin à la bombarde) pour une improvisation qui clôture le meilleur concert que j’ai pu voir sous le chapiteau.

Festival du Bout du Monde 2014 Morsheeba - C Nicolas Le Gruiec - La Déviation

Après ce concert grandiose, nous retrouvons la grande scène, pour aller écouter le groupe de trip-hop Morcheeba.

J’aime beaucoup Skye Edwards, la chanteuse, qui a une voix vraiment exceptionnelle, mais comme le public autour de moi, je n’accroche pas. Je ne sais vraiment pas ce qui a cloché. La setlist ? L’heure à laquelle le groupe était programmé ? Le style de musique pas adapté à l’ambiance du Bout du Monde ? J’ai eu l’impression que c’était un peu un mou. Deux de mes amis, qui aiment Morcheeba, ont néanmoins apprécié le concert.

Je retourne alors écouter Winston McAnuff de loin, pour son deuxième passage (sur les petites scènes, les groupes jouent deux fois 45 minutes, NDLR). Il se fait tard, et la fatigue commence à se faire sentir. Je loupe alors Dengue Dengue Dengue, afin de me reposer pour la dernière journée.

Jour 3 – Dimanche 3 août

Ce dernier jour de festival commence baigné par le soleil. Et aujourd’hui, pas question de rester trainer au camping. Je suis sur le site dès 15 h 30 pour aller voir la belle Agnès Obel.

Festival du Bout du Monde 2014 Agnès Obell - C Nicolas Le Gruiec - La Déviation

Elle arrive sur scène dix minutes plus tard, avec ses deux musiciennes, sous les applaudissements du public. « It feels so good to be at the end of the world… », lance-t-elle, avant d’entamer son premier morceau, Fivefold.

J’aime énormément ses albums, et le concert est très propre, un peu trop peut-être… Je savais que j’allais assister à un moment plutôt tranquille. Peut-être aurait-il fallu la programmer sous le chapiteau, et pas sur la grande scène ?

C’était toutefois un beau concert. Agnès Obel maitrise sa voix et son piano à merveille, et les deux musiciennes mettent vraiment en valeur tout son talent.

On reste sur le site, et on écoute au loin Maxime Le Forestier, qui passe sur la grande scène, sans vraiment y accorder d’importance. On entendra au loin San Francisco, ou encore Né Quelque Part.

Direction Les Ambassadeurs. Groupe malien mythique des années 1970, la formation se produit aujourd’hui avec entre autres Amadou Bagayoko, du groupe Amadou & Mariam.

On reste écouter leur concert en entier. Ils sont une dizaine sur scène. On se retrouve aux côtés d’une quinzaine de personnes qui s’essayent à une battle de danse. Malgré les problèmes techniques d’un des guitaristes pendant plusieurs chansons, on apprécie énormément.

Il est presque 21 h. En retournant vers le camping je m’arrête devant Natalia Doco sur la petite scène Kermarrec. Sa musique folk et joyeuse, accompagnée par sa douce voix et d’une belle énergie a l’air de plaire sacrément au public.

Je ne reste écouter que deux chansons, car je veux absolument assister au concert d’America.

Festival du Bout du Monde 2014 America - C Nicolas Le Gruiec - La Déviation

Je ne connaissais pas vraiment America avant le festival, mis à part quelques-uns de leurs tubes, mais mon père avait adoré leur concert au festival Elixir, il y a déjà 33 ans. Et oui, le groupe commence à se faire vieux !

Pourtant, dès le premier morceau, on se rend compte que les deux chanteurs ont encore énormément d’énergie, et des voix intactes. « La grande classe », comme j’ai pu l’entendre dans le public. Les chanteurs changent d’instrument presque entre chaque chanson.

On a même le droit à leur reprise de California Dreamin’ qui fait danser toute la prairie. Gerry Beckley et Dewey Bunnell terminent leur concert par un rappel sur A Horse With No Name, leur plus grand tube, repris en chœur par tout le public. C’est mon concert préféré du week-end.

Il est déjà 23 h, l’heure d’une bonne crêpe, assis dans la prairie. On loupe le concert de Naâman, mais on se prépare pour celui de Deluxe.

Festival du Bout du Monde 2014 Deluxe - C Nicolas Le Gruiec - La Déviation

Pour la clôture du festival, les programmateurs ont eu la bonne idée de programmer les Aixois de Deluxe. Je commençais à piquer du nez, mais les moustachus ont décidé de nous achever. Il n’a suffi que d’une trentaine de secondes pour qu’ils nous transportent dans leur univers complètement déjanté.

De l’énergie à gogo, un set bien ficelé, c’est le groupe idéal pour conclure ! Mention spéciale à la robe de la chanteuse, en forme de moustache.

Le concert se termine peu avant 3 heures du matin. « Si ça vous a plu, revenez moustachu ! » conclut le groupe.

Je quitte alors le site, retourne au camping, replie ma tente dans le noir, me dirige vers le parking, et rentre chez moi.

Je regrette seulement d’avoir manqué certaines prestations, notamment le vendredi, et je me promets de revenir trois jours l’année prochaine.

Je comprends maintenant pourquoi le festival du Bout du Monde se joue depuis plusieurs années à guichet fermés.

Photos de Nicolas Le Gruiec (Flickr)

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30 Seconds To Mars : les photos que vous n’auriez pas dû voir

Récit – Elles ne sont pas vraiment belles et ont pourtant suscité la fureur du groupe de l’Américain Jared Leto aux Vieilles Charrues. Mes photos ont bien failli être effacées à la demande du staff de 30 Seconds To Mars, au mépris de la loi.

Il est 23 h 40 et la prairie de Kerampuilh s’est déjà bien vidée ce dimanche soir. Tout est relatif quand on parle du premier festival de France en fréquentation. Il reste sans doute encore deux bonnes dizaines de milliers de spectateurs.

Je me restaure avec un ami sous le chapiteau de la crêperie centrale et deux chemins s’ouvrent à nous. Monter écouter Birth Of Joy sur la scène Grall, ou descendre voir 30 Seconds To mars devant Glenmor. Nous choisissons la deuxième option, curieux de voir la relation entre le chanteur-acteur Jared Leto et ses groupies.

Depuis quatre jours, je couvre le festival pour ma radio, enchaînant les interviews et les photos destinées aux réseaux sociaux du média, comme convenu dans mon accréditation. C’est la cinquième année consécutive que je viens à Carhaix comme reporter, toujours volontaire car ravi d’y trouver un terrain d’expérimentations journalistiques hors normes.

Dernier concert du week-end, derniers clichés. Nous progressons tranquillement, sans difficulté. Le public n’est compact que dans les cinq premiers rangs.

Le show est très visuel. Les effets de lumière sont réussis et le lancer de gros ballons multicolores plutôt photogénique. Un spectacle unanimement qualifié de “ridicule” par les critiques.

30 Seconds To Mars - Vieilles Charrues 2014 - La Déviation

J’avance encore. Comme souvent, j’emprunte une partie de la prairie un peu creuse. Le dénivelé est défavorable et l’espace souvent innocupé. Quelques mètres plus loin, Jared Leto utilise pleinement l’avancée de scène d’une vingtaine de mètres qui s’enfonce dans le public. Parfait.

30 Seconds To Mars - Agent de sécurité - Capture vidéo de Nolwenn .C.
Le membre du staff du groupe me pointe du doigt pour me faire baisser l’appareil photo. Capture d’écran de la vidéo de Nolwenn C. publiée sur Youtube.

Cinq mètres derrière le public, l’oeil dans le viseur – et non l’appareil porté à bout de bras – je déclenche une première salve. Un agent de sécurité monte soudain sur le marche-pied de la crash-barrière et me fait de grands signes (vous le verrez surgir sur cette vidéo). Le message est clair. Un peu las, je m’arrête. Quelques heures plus tôt j’ai déjà été escorté vers la sortie pour aussi peu (lire l’encadré ci-dessous).

Vous ne verrez donc pas Jared Leto enroulé dans un drapeau breton, ni le jeune fan monté sur scène pour dire quelques mots.

30 Seconds To Mars Jared Leto - Vieilles Charrues - La Déviation

Je sais que les photographies du concert de 30 Seconds To Mars sont prohibées pour les professionnels. L’annonce a été faite sur le tableau de bord des photographes dans l’espace presse. Mais écrire en capitales et souligner trois fois n’accorde pas une subite autorité sur la loi.

30 Seconds To Mars - Consignes Vieilles Charrues 2014 - La Déviation

Malgré ces recommandations amicales, une quinzaine de minutes plus tard et toujours à la même place, je décide de pointer mon appareil vers la scène, pour une dernière illustration du public, joyeux et parfois même excité. Nombreux sont celles (et ceux) qui photographient où filment avec leur téléphone ou leur compact. Jared Leto invitera même ses fans à brandir leur téléphone à la fin du concert pour une photo relayée sur Instagram et vous n’aurez pas trop de mal à trouver de nombreuses vidéos sur Youtube.

L’ambiance est aux triangles avec les doigts, mais le ton va subitement changer pour moi. Acharnement et caprice : je suis de nouveau visé. Mon humble reflex Pentax K-x, équipé d’en objectif Sigma 18-200 mm d’entrée de gamme semble faire très peur à la sécurité.

“Seven, six, five, four, three, two, one…”

Le même agent enjambe la barrière et me rejoint. C’est en fait un membre du staff du groupe. Il est Américain et c’est peu dire que le dialogue s’engage difficilement. Il veut que je supprime les photos devant lui, or j’ai pris soin de cacher la carte mémoire dans ma poche.

PLUSIEURS PRÉCÉDENTS – J’ai reçu de nombreux “rappels à l’ordre” de la part des agents de sécurité depuis 2010. Toujours pour cause de “photos prises depuis le public”. Un cap a été franchi l’an dernier, lorsque j’ai été exfiltré par plusieurs gros bras pendant le concert de The Roots. J’avais accepté de supprimer la plupart de mes prises de vue. Cette année, pendant Ky Mani Marley, trois agents m’ont mené manu militari vers l’espace presse, me confisquant momentanément ma carte de presse. Les responsables de l’accueil leur ont rappelés que j’étais dans mon bon droit. Mauvaise transmission de consignes ? J’ai alerté les organisateurs sur ce point lors de la conférence de presse de clôture. C’était quelques heures avant 30 STM. Vous connaissez la suite…

Ultimatum, je sors ma carte de presse, rien n’y fait. “OK”, je fouille mes poches. Je crois perdre ma carte SD et avec elle tous mes clichés. En toute bonne foi je ne la retrouve pas. Ce quiproquo va jouer pour moi. Compte à rebours : “Seven, six, five, four, three, two, one…” décollage ! Deux autres agents, ceux du festival cette fois, franchissent la barrière et m’empoignent. Ce qui soit dit en passant provoque une certaine agitation. Nous passons de l’autre côté du décor, Jared continue de chanter. Ils m’envoient dans les coulisses, on s’entend mieux pour discuter.

Arrivée près des loges : je suis toujours fermement tenu alors que je n’oppose aucune résistance. Rapide discussion entre le très tatillon membre du staff californien et le chef de la sécurité. Dans l’intermède je retrouve ma carte et accepte la suppression des derniers clichés. Je préfère éviter de passer de mains en mains pendant des heures, puisque je n’ai de toutes façons pas grand chose d’intéressant à sauver. Le président du festival Jean-Luc Martin est juste à côté et, conséquence ou non, la courtoisie est désormais de mise pour les agents qui évitent bien de créer un scandale.

Le chef sécu n’arrive pas à supprimer les photos et en moins de cinq minutes je suis reconduis dehors. Il ne m’a jamais été reproché d’avoir gêné le public, d’avoir créé le moindre trouble à la sécurité ou la bonne poursuite du concert. On ne m’adresse ni justification ni excuse.

Je veux rejoindre mon ami dans le public, mais nouvelle surprise, un jeune agent au polo rose me pousse violemment sur le chemin opposé. Ultime et si dérisoire usage de la force. Ce, de nouveau sous le regard interloqué des techniciens et bénévoles qui passent par là.

J’apprendrai plus tard que l’équipe de Jared Leto n’a cessé de donner des consignes aux réalisateurs vidéo pour qu’ils choisissent leurs plans. Seuls les écrans géants fonctionnaient ce soir-là, tous les téléviseurs, disposés notamment dans l’espace presse, ayant été coupés. Une fois encore, les voeux du groupe ont été exaucés.

Notes complémentaires

AU FAIT, ET LA LOI ? – Je ne suis pas légaliste et cette situation si absurde et décalée, vu les enjeux, ne devrait pas mériter un tel rappel. Pourtant, je dois constater que ce n’est pas en mettant un mouchoir sur ce genre de comportement que les conditions de travail des journalistes s’amélioreront devant les concerts de festivals. Nous devons pouvoir rendre compte de ces moments publics au public. Vous savez, ça commence comme ça et… Je dois donc de nouveau citer le photographe Clovis Gauzy dont la synthèse des textes sur son site est très claires. “Le photo-journaliste, dans le cadre de son activité, ne peut se voir refuser l’accès à un événement seulement pour des questions de sécurité du public ou des artistes, ou de capacité d’accueil, en vertu des articles L333-6 et suivants du Code du Sport. […]  D’après l’article 20-4 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la Liberté de communication, l’article L333-7 du Code du Sport est applicable aux événements de toute nature qui présentent un grand intérêt pour le public. […] La jurisprudence considère que les artistes, dans le cadre de leurs activités professionnelles, donnent leur autorisation tacite pour la diffusion. Cette autorisation est néanmoins limitée à des activités artistiques ou d’information de la part du photographe, et il n’est pas possible, pour l’auteur, de fournir ces droits à un tiers pour une activité commerciale ou de communication publicitaire.” Journaliste professionnel, je ne commercialise pas mes clichés à un tiers et j’informe mes lecteurs : je suis parfaitement concerné.

PHOTOGRAPHIER OU BOYCOTTER ? – De nombreux journalistes, sans doute fatigués par ces exigences, renoncent à photographier les concerts marqués par le sceau de la censure. Ils en font parfois mention dans leurs articles. Je m’y suis souvent résolu, considérant que les photos servaient la communication des artistes. Ne pas en publier, c’est en quelques sortes les punir en retour en les privant d’une exposition médiatique. Sur les commentaires du site de Ouest-France, le journaliste Antoine Vicot écrit : “Aucun mot, car aucune image. Il nous a été interdit de filmer ou de prendre des photos lors du concert de 30 Seconds To Mars. Dans ces conditions pourquoi parler d’un groupe qui nous empêche de faire notre travail.” Or nul ne devrait nous “interdire” de photographier voire même de filmer un extrait de concert public. Comme on l’a vu précédemment, le droit est de notre côté. J’ai donc désormais décidé de passer outre. Sans provocation a priori, mais sans oubli a posteriori. Ces artistes et leurs agents, dont je dénonçais l’attitude dans un précédent papier consacré aux contrats, doivent assumer publiquement leurs basses manœuvres. La presse ne devrait pas faire le dos rond face à ces pressions mais les affronter de front. J’estime que même les plus petits combats méritent d’être menés. Et soutenus.

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Dimanche aux Vieilles Charrues : Lily Allen, Girls in Hawaii…

Album photo – Un dimanche de clôture sportif aux Vieilles Charrues. Des agents de sécu qui font du zèle, des concerts écourtés pour des caprices de stars, un album photo qui aurait bien pu ne jamais paraître si le staff de 30 Seconds To Mars avait réussi à formater ma carte (lire par ailleurs)… et finalement quelques souvenirs avec en particulier l’énergie sauvage de Von Pariah et la douce folie de Girls In Hawaii.

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Samedi aux Vieilles Charrues : Arctic Monkeys, Disiz…

Album photo – Journée d’exception aux Vieilles Charrues. The Arctic Monkeys ont secoué la prairie, après Julien Doré et avant Disiz. Shaka Ponk a conclu une journée au cours de laquelle Bertrand Cantat a fait un retour remarqué à Carhaix, treize ans après.

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Vendredi aux Vieilles Charrues : Stromae, Franz Ferdinand…

Album photo – Deuxième journée des Vieilles Charrues, avec notamment Tinariwen, Elton John, Stromae, Franz Ferdinand et Gesaffelstein. La prairie de Kerampuilh pleine à craquer pour ce vendredi 18 juillet 2014.

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Jeudi aux Vieilles Charrues : The Black Keys, Indochine…

Album photo – Indochine, Vanessa Paradis, Shantel, The Black Keys étaient notamment à l’affiche de cette première journée des Vieilles Charrues 2014. Retrouvez-les dans cet album, avec de nombreuses photos de festivaliers.

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La fille maudite du capitaine pirate

Critique – Il a illustré la Bible, la divine comédie de Dante, les contes de Charles Perrault, il a donné l’ultime coup de pouce à Rabelais, Cervantès ou Shakespeare pour achever leur gloire posthume.

Il a inspiré le cinéaste Cecil B. DeMille pour sa version titanesque des Dix Commandements, mais aussi les scènes surnaturelles de La Belle et la Bête réalisé par Jean Cocteau (1946) et aurait même insufflé à Tim Burton le goût d’une nature anthropomorphe peuplée de fantômes et de visions merveilleuses ou cauchemardesques.

G.Doré a inspiré le cinéaste Cecil B. DeMelille pour sa version titanesque des Dix Commandements - La Déviation
G.Doré a inspiré le cinéaste Cecil B. DeMille pour sa version titanesque des Dix Commandements

Gustave Doré est une légende, et l’éloge itératif de l’exposition qui lui était consacré au Musée d’Orsay a célébré, une nouvelle fois, cet artiste atypique.

En sortant de l’expo ou après avoir surfé sur Google Images vous vous êtes peut-être demandé ce que Gustave Doré aurait bien pu présenter comme histoire s’il était l’un de nos contemporains. Est-ce qu’il délaisserait la gravure pour le cinéma, conversion qu’avait choisi son ami Nadar en abandonnant ses pinceaux ?

Pas besoin de machine à remonter le temps pour le savoir. La réponse est là, sous vos yeux. Il existe un jeune artiste talentueux dont le graphisme et l’univers fantastique donnent à croire que Gustave Doré est encore de ce monde.

À l’image de son âme sœur artistique découverte comme coup de foudre, un jour, dans une boutique (écoutez l’interview !), Jeremy Bastian aurait pu signer la même phrase, désormais célèbre : « J’illustrerai tout ».

Avec un univers graphique, littéraire, et parfois acoustique, totalement immersif, l’artiste américain repousse les limites de la raison pour plonger tous nos sens au fond des océans, dans une quête qui n’a rien à envier à Alice aux pays des merveilles, Peter pan et autres récits de flibustiers.

Jeremy Bastian. La fille maudite du capitaine pirate, éditions La Cerise - La Déviation
Jeremy Bastian. La fille maudite du capitaine pirate, éditions La Cerise

Ouvrir La Fille maudite du capitaine pirate c’est savourer une excentricité assumée, dans la mise en page (des phylactères enluminurés, au format des cases) comme dans le propos. Cet artiste du Michigan, qui partage ses journées entre ses élevages de poules, canards et moutons, ses explorations des boutiques d’antiquaires et sa table à dessin, a curieusement préféré l’univers aquatique, à celui des grands paysages, la liberté de peupler les profondeurs des grands lacs plutôt que la surface des océans.

La délicatesse, la minutie des travaux d’Arthur Rackham, la rigueur du graveur énigmatique Albrecht Dürer inspirent Jeremy Bastian, qui préfère aux dessins des comics, croqués mécaniquement pour répondre à la demande, les graphismes des vieux livres d’histoire.

« Au départ, comme tout môme, je voulais être dessinateur pour Marvel ou DC, mais au fur et à mesure que je me suis imprégné des influences d’autres dessinateurs, j’ai réalisé que je ne pourrais jamais accepter de travailler pour les grosses compagnies, à cause du temps imparti pour dessiner », ajoute-t-il.

De la patience, il en a fallu à l’artiste pour accoucher de son premier ouvrage, d’abord proposé en one shot, dans une maison d’édition américaine, qui a finalement coulé, puis pour reprendre le récit et lui offrir la profondeur qui manquait. Jeremy Bastian travaille actuellement sur le tome 2, à Château Brignon. Passionné par nos arbres français (qui composent la majeure partie de ses photos souvenirs apparemment), ses prochaines pages garderont sans doute quelques effluves de Gironde, de son architecture ou au moins de son patrimoine végétal.

Jeremy Bastian. La fille maudite du capitaine pirate, éditions La Cerise - La Déviation

L’ouvrage a été choisi par les libraires Canal BD et Album pour la période du 1er mars au 30 avril 2014. Sélectionné au Prix des Libraires de bande dessinée cette année, La Fille maudite du capitaine pirate n’a pas été lauréate… mais il est à parier que le travail prometteur de Jeremy Bastian pourrait bien obtenir d’autres reconnaissances dans le milieu de la bande dessinée.

L’interview

Et avant de vous lancer dans la lecture, profitez du doux accent du Michigan de Jeremy Bastian avec cette interview réalisée lors de l’Escale du livre de Bordeaux. Un grand merci à Patrick Marcel, le traducteur de « The Cursed Pirate Girl » qui a accepté de traduire également, les paroles de l’artiste.

La Fille maudite du capitaine pirate - La Déviation

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Une journée aux Vaches Folks

Qui a eu cette idée folle d’un jour inventer la vadrouille des Vaches Folks ? Quatre lieux, quatre artistes l’après-midi, suivis d’un apéro-concert gratuit puis d’un spectacle dans les règles de l’art. J’étais à Cast dans le Finistère, j’ai kiffé, je vous le raconte comme si vous y étiez.

Avant toute chose, je tiens à présenter mes excuses à tous ceux qui déclareront des hémorragies oculaires devant mes photos. Appareil vieillot + soleil incroyable + des mains qui refusent de se synchroniser avec les yeux, voilà le pourquoi du comment. Maintenant nous pouvons y aller.

8 h 30

Il fait un temps de rêve, je suis dispo. Le souvenir d’une affiche dans une vitrine me titille… Après tout, au pire, je ramasserai un refus. Je décroche mon téléphone. Allô ? C’est Roger Mauguen, le chef d’orchestre des Vaches Folks. Il pose l’ambiance. Deux minutes plus tard c’est réglé. « Départ à 15 h, mais ce serait bien d’arriver avant. » J’y serai Roger, t’en fais pas.

12 h 45

Crème solaire, bouteille d’eau, appareil photo, carnet de notes, stylo, check. Pour le reste, advienne que pourra.

13 h 15

Je repère les lieux. Le barnum finit de se monter sur la place. Départ du bus, caisse centrale, espace restauration, scène mobile… Au premier coup d’œil, cette petite journée de balade ressemble furieusement à un festival qui ne dirait pas son nom. Où sont les toilettes ? Les bénévoles continuent d’arriver, s’équipent de leurs tee-shirts. J’ai le temps de siroter un petit noir au café du coin.

Place de la mairie à Cast
Place de la mairie à Cast

13 h 30

Accueil de la caisse centrale, je trouve Roger. Je vais embarquer pour le circuit en bus, ça roule. Mais pourquoi changer de formule ? « On organise des concerts le soir depuis presque 10 ans, on avait envie de changer de la routine, mettre un peu de piment. » Pas de blabla communicationnel. On aime, on y va, voilà.

Embarquement de la petite centaine de privilégiés, destination la vadrouille des Vaches Folks.
Embarquement de la petite centaine de privilégiés, destination la vadrouille des Vaches Folks.

14 h 30

Les participants arrivent, ça s’agite autour des bus. Roger vient me trouver pendant que je lézarde et me confie à Michel, l’un des conducteurs. « Tu ne me lâches pas. » Pas de souci Michel, je te suis.

Ça n’a pas été trop dur de trouver des artistes qui acceptent de prendre le risque du hors-cadre ? « C’est Tété qui a tout déclenché. Quand il a dit okay, on a dit banco pour le 17 mai. On avait peur que le plus difficile soit de trouver des artistes pour aller jouer dans la nature, et puis en fait pas du tout. Ils ont tous répondu présent immédiatement. Nous ? On est un noyau dur d’une dizaine de personnes, mais pour la journée, on a du renfort. »

Premier lieu, la chapelle Saint Gildas.
Premier lieu, la chapelle Saint Gildas.

14 h 55

La petite centaine de privilégiés embarque. Les départs des circuits pédestres et en bus se font du même endroit. Au programme, quatre lieux, quatre artistes, quatre spectacles. En fait, sept – 77 ans c’est pour les petits joueurs.

Aux Vaches Folks on fait dans le neuf mois – 90 ans. Tout trouve sa place, chaises pliantes et poussette. Un chien ? On va s’arranger.

Arrivée au pied du calvaire, les Dalton Telegramme nous attendent.
Arrivée au pied du calvaire, les Dalton Telegramme nous attendent.

15 h 16

Chapelle Saint Gildas, tout le monde descend. Les Dalton Telegramme nous attendent sur le calvaire derrière le bâtiment. Ils sont quatre, ils sont belges et jouent ensemble depuis 2009 : Monsieur de La Praline (Quentin Maquet, chant, guitare, ukulélé), Buddy Ribs (Rémi Rotsaert, guitare, banjo, chœurs), Marjorie, la rousse la plus sexy de la planète (Bernard Thoorens, contrebasse, chœurs) et Pipette, le flûte-à-bec-hero du groupe (Olivier Cox, percussions, chœurs + plein de trucs complètement incongrus).

Les Dalton Telegramme sur le calvaire de la chapelle Saint Gildas
Les Dalton Telegramme sur le calvaire de la chapelle Saint Gildas.

L’eau de la fontaine située non loin de la chapelle est supposée guérir de la rage. Visiblement, ça ne prend pas sur l’humour. En même temps, une petite voix me susurre que ça ne carbure pas à la flotte par ici. C’est plutôt rock’n chanson à texte version rencontre homme-femme, le choc des titans. Il y a des bouts de New Orleans dedans, le tout est hyper bien écrit, musicalement parfaitement rodé et à découvrir sur toutes les plateformes en ligne dignes de ce nom.

Nous aurons droit également à un pot-pourri, un mashup, que dis-je, un medley de la grande chanson française des années nonantes, gare à l’émotion (© Quentin Maquet) avec Hey oh de Tragédie et Femme like U de K-maro. C’est à peu près aussi abusé que Ma Benz’ de NTM repris par Brigitte.

Viteuf’ entre le retour de la vadrouille et l’apéro concert, je tope Monsieur de La Praline et Pipette au détour d’une partie de cartes. Il ne manque qu’un pianiste à chapeau melon et des girls dansant le cancan en arrière plan.

Ça vous a plu de venir jouer dans la campagne bretonne ?

Monsieur de La Praline. Pour le moment c’est une belle mise en bouche oui. Nous sommes friands des endroits décalés. C’est très agréable.

Si vous deviez donner envie de vous découvrir à ceux qui ne vous connaissent pas, vous diriez quoi ?

Nous sommes le groupe qu’il faut pour les gens qui prennent plaisir aux histoires, à la BD et au western.

Vous avez sorti récemment un six titres, vous pouvez nous en parler un peu ?

Oui, c’est plutôt un EP, il est sorti il y a deux semaines.

Pipette. En fait il faut expliquer que c’est une trilogie. Le but, c’est raconter une histoire en trois volets, comme le ferait une BD. C’est un western. Le premier épisode, La Cavale est sorti en octobre 2013. Le deuxième, La Planque vient d’arriver. Le troisième est à venir pour octobre prochain. Il y aura sans doute un album disponible en France en fin d’année.

Retrouvez les Dalton Telegramme sur leur site et leur page Facebook.

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Aksebo met la littérature en box

Test – Depuis décembre, Christelle Moreau, psychanalyste, et Simon Tripnaux, développeur web, forment le couple parfait pour se lancer dans l’aventure de la première box littéraire française. 0 % tête de gondole et 100 % découverte, Aksebo s’annonce comme un remède pour les curieux qui ne veulent plus bouffer ce qu’on leur donne.

15 jours avant la fin du mondeLa racine de l’OmbuLe 116, centre d’art contemporainLes Oiseaux architectes – Le montreur d’AdzirieInterview de Christelle Moreau

Le ton est donné. Dans cette box, on ne retrouvera pas les derniers ouvrages de Marc Levy, ni le dernier tome d’Astérix et Obélix. En lisant le dossier de presse, les seuls mots mis en gras sont se laisser surprendre. Une idée qui n’a rien pour me déplaire.

Être surpris oui, mais pas sans filet. Aksebo me propose alors de choisir des thématiques qui me correspondent. Théâtre, arts visuels, architecture, BD, la liste est vite trouvée.

La Box Aksebo n’est certainement pas la plus aguicheuse du marché. Dans mon carton, un simple papier noir vient enrober un sac en papier kraft estampillé du logo. De la simplicité, et du recyclé-recyclable. Jusque-là, mon âme d’écolo-bobo est plutôt satisfaite.

À l’intérieur, pas moins de sept marque-pages viennent accompagner cette promesse de découverte littéraire. Si l’objet est utile, la perspective de commencer sept livres à la fois ne m’enchante guère. Admettons alors cette coquetterie de lecteur, qui coûte peu de choses, et qui ne risque pas encore de détruire nos forêts.

À cela s’ajoute un petit cale-livre toujours utile, quelques flyers (au hasard, Sortir du nucléaire), et enfin le fanzine du mois. Car tous les mois un fanzine différent est envoyé avec la box.

Ici, il s’agit d’IF Magazine, semestriel culturel toulousain, distribué dans toute la France.

Et ces livres alors ?

15 jours avant la fin du monde, LL de Mars, 6 pieds sous terre, 2004

Trente pages de bande dessinée dans lesquelles l’auteur nous décrit une banale discussion entre deux hommes férus de salles de sport. Le temple du culte du corps nous offre un théâtre rempli de haine, d’individualisme, de racisme et d’inculture.

Sous cette plume drôle et acide, il ne pouvait se cacher qu’un auteur maudit par la vie, un peu trop engagé dans une lutte contre l’inculture qu’il ne gagnera jamais. C’est du moins ce que l’on peut comprendre en lisant sa très cynique biographie.

En bon soldat contre la bien-pensance et la culture de masse, c’est ainsi qu’il écrit en 2005 Henri, le lapin aux grosses couilles. Titre provocateur qui ne peut que nous rappeler les récentes manifestations contre ces ouvrages de littérature jeunesse qui viendraient pervertir nos enfants.

La racine de l’Ombu, Julio Cortazar et Alberto Cedron, CMDE, 2013

Éditée aux éditions CMDE en 2013, la bande dessinée des deux Argentins date pourtant des années 1970. L’artiste peintre Julio Cortazar et l’écrivain Alberto Cedron mettent des images et des mots sur la dictature argentine.

Censuré dans leur propre pays, l’ouvrage ne sera édité qu’à 300 exemplaires au Vénézuela sans même l’accord de leurs auteurs. Ce n’est que 30 ans plus tard que les familles des auteurs rencontrent Mathias de Breyne pour lui demander de le traduire et de l’éditer en France.

Avec ses influences punk, difficile de rester à l’aise devant des images aussi puissantes que morbides. L’histoire de l’argentine du XXe siècle nous est racontée sur fond de tête de mort, de couleurs criardes, de corps déformés et d’hommes-larves (qui ressemblent plus à de grosses sauterelles qu’à des larves).

Les hommes-larves, qui représentent ici la dictature, ne sont pas sans rappeler les rhinocéros de Ionesco, qui dénonçait déjà la montée du totalitarisme avant la Seconde Guerre mondiale. Si toutefois Rhinocéros était bien ancré dans le théâtre de l’absurde, La racine de l’Ombu a quant à elle, au moins un pied dans le réel. Ce qui n’a rien de rassurant.

Le 116, centre d’art contemporain, Isabella Chiesa, Carapace, 2014

La maison d’édition Carapace est née de la volonté de valoriser le patrimoine architectural lyonnais. Depuis sa création en janvier 2013, Françoise Debuyst s’est lancé pour objectif de publier un ouvrage par mois.

C’est dans ce petit format d’une trentaine de pages que l’architecture trouve un écho simple, très grand public et abordable.

Ce septième numéro est consacré au centre d’art contemporain, Le 116, à Montreuil. Architecture qui impressionne par l’extension contemporaine de son architecte Bernard Desmoulin, sur une maison bourgeoise du XIXe siècle.

Affaire à suivre pour les amateurs d’architecture.

Les Oiseaux architectes – Le montreur d’Adzirie, Roland Shön, IIM L’Entretemps, 2009

Les éditions de L’Entretemps sont spécialisées dans les arts du spectacle. En collaboration avec l’Institut international de la marionnette, ils livrent deux textes de l’auteur Roland Shön, commentés par Jean-Luc Mattéloi.

L’ouvrage en question a permis la naissance d’une collection Interlignes dédiée à l’art de la marionnette. Entre 2009 et aujourd’hui, on s’étonne tout de même que la collection n’ait pas été alimentée au-delà.

Pourtant ce recueil de deux pièces pour marionnettes, très richement complété par les analyses de Jean-Luc Mattéoli, offre une immersion dans le travail de Roland Shön, essentielle pour les metteurs en scène et autres spécialistes des arts scéniques.

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Les agents d’artistes deviennent des truands

La photographie de concert marche sur la tête. Les agents d’artistes se croient tout permis. Je ne publierai aucune (autre) photo du festival Panoramas.

Et ça me donne un excellent prétexte pour gueuler un bon coup contre des pratiques en coulisses qui deviennent détestables.

Le petit monde de la photographie de concert est très secoué par la révolution numérique. Les photographes professionnels sont en voie d’extinction, conséquence logique mais non moins regrettable de la démocratisation des appareils reflex et de la multiplication des blogs et webzines accrédités pour chaque festival (désolé). Pourtant, s’il y a bien une cause contre laquelle les photographes professionnels, amateurs et les photo-journalistes (comme nous) doivent se liguer, c’est la généralisation des contrats.

Je ne fréquente les fosses de festival que depuis 2010. Je n’ai pas beaucoup de recul, mais je constate déjà une accélération des dérives. De plus en plus d’artistes refusent la présence de photographes en front de scène pendant leur concert. Que les groupes aient quelques exigences quant à leur mise en scène, soit. Qu’ils empêchent les reporters de rendre compte des événements, non.

Pendant longtemps, la norme était d’accepter les photographes pendant les trois premiers morceaux.

La pratique est déjà aberrante, car globalement il ne se passe rien pendant le premier quart-d’heure. Les chanteurs attendent un peu pour faire tomber la chemise. Amassés dans un périmètre très réduit, en contre-plongée par rapport à la scène, nous avons ont peu de chance de briller par notre originalité. Je l’ai vécu, pendant les festivals, la succession des concerts nous oblige à courir en permanence pour accéder aux sacro-saintes trois premières chansons.

Les conditions de travail étaient déjà compliquées, mais elles se compliquent drastiquement.

La confiance est rompue

Les agents d’artistes réclament désormais que les photographes signent un contrat avant d’accéder aux fosses.En d’autres termes, nous devrions accepter d’expédier nos clichés pour un accord préalable avant publication (lire les consignes ci-dessous, très explicites).

C’est une forme d’extorsion, et je pèse mes mots. Les agents voudraient être juges et parties. Ces contrats contreviennent à la liberté de la presse et il est grand temps de remettre les choses en place. Ne pas les signer est une question d’éthique, un devoir pour ne pas saborder la profession.

Le seul contrat qui doit exister, il n’est pas écrit, il est moral, c’est la confiance mutuelle entre les professionnels. La confiance dans l’honnêteté d’autrui, qui n’empêche pas pour autant l’expression d’opinions négatives. C’est évidemment cette marge qui déplaît aux communicants les plus zélés.

Si nous voulons photographier les pieds d’un DJ, s’il nous prend l’envie de publier la grimace d’un guitariste, si nous voyons un intérêt à montrer le regard embué d’un rappeur, nous devons avoir l’entière liberté de le faire. Sans passer sous les fourches caudines de la censure, cela va de soi ! Peut-être qu’à force de renier les droits des photographes, les agents se sont sentis pousser des ailes. Ne comptez pas sur nous pour accepter ce jeu plus longtemps.

Une pratique illégale

Ces contrats sont illégaux. Une cession de droit ne peut pas être concrétisée avant la réalisation des clichés, selon l’article L131-1 du code de la propriété intellectuelle.

J’aurais donc pu sans crainte balader mon boîtier ce week-end à Panoramas. Mais j’évite de parapher n’importe quel document et tout simplement de rentrer dans un jeu de dupes. Je préfère mettre les choses au point. Participer serait cautionner, or nous devons mettre le holà.

Comme il ne suffirait pas de taper à l’aveugle contre tous les agents, voici la liste des équipes qui ont mené la guerre aux photographes et vidéastes au festival Panoramas : Rone, S-Crew, Bakermat, Klingande, Kölsch, Amide Edge & Dance, Cleavage, Pan-Pot, Sarah W Papsun, Claptone, The Popopopops, Danton Eeprom.

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Notez la mention “pour une utilisation strictement à titre promotionnel” de S-Crew, des rappeurs qui connaissent bien les lois du biz. Réduire la presse à un support promotionnel, c’est évidemment tentant vu ses perpétuelles compromissions, mais un tel aveu dénote surtout une belle étroitesse d’esprit. Oui messieurs, parfois, un article peut être critique et la photographie l’illustrer.

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Nous ne travaillons pas pour vous, mais pour nos lecteurs.

J’accorde le bénéfice du doute aux artistes qui ont peut-être d’autres chats à fouetter. C’est pour ça que j’adresse mon billet à leurs agents. Je ne les excuse pas pour autant d’accepter ce système qui finira par leur nuire, quand plus personne ne voudra relayer leurs performances.

Pour prévenir toute mauvaise interprétation de mes propos,

  • je précise que les organisateurs du festival Panoramas sont également victimes de ces méthodes.
  • je n’aborde ici que la question de la fosse, l’espace situé entre la scène et le public, régit par des règles spéciales pour ne nuire ni aux artistes ni aux spectateurs (“no flash”). De nombreux festivals – ou en tout cas de nombreux agents de sécurité – oublient que les photo-reporters (journalistes) ont le droit de prendre des photos à n’importe quel moment de n’importe quel concert, depuis le public. “La jurisprudence considère que les artistes, dans le cadre de leurs activités professionnelles, donnent leur autorisation tacite pour la diffusion. Cette autorisation est néanmoins limitée à des activités artistiques ou d’information de la part du photographe”, pour reprendre les mots de Clovis Gauzy sur son blog.

Disclaimer

J’ai couvert une dizaine de festivals bretons entre 2010 et 2012 en tant qu’accrédité presse, sans être détenteur de la carte de presse, pour des médias associatifs. J’ai de nouveau été accrédité à plusieurs festivals depuis 2013, en possédant cette fois une carte de presse “pigiste”, pour publier mes photos exclusivement sur “La Déviation”, site qui n’a pas le statut d’entreprise de presse, bien qu’il poursuive les mêmes objectifs d’information. Je n’ai jamais cédé mes photos à des tiers et je n’ai tout simplement jamais tiré de revenu de cette activité. Mes photos n’ont d’ailleurs pas de valeur commerciale et je pense ainsi ne pas concurrencer les photographes professionnels. Notez que la carte de presse n’est pas obligatoire pour pratiquer la profession de journaliste.

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Sauver le monde par Candy Crush Saga

Question de Jane McGonigal, conceptrice de jeux vidéo : « À quoi les joueurs sont-ils bons ? ». Réponse de Toby Walsh, mathématicien, « Trouver des solutions à des problèmes de type NP-difficile ». Il serait même possible d’en tirer parti. Parlons alors conséquences. La révolution du numérique ne fait que commencer, et il va falloir trouver des réponses.

Une très sérieuse étude publiée sur arXivArXiv est une plateforme web qui permet aux scientifiques de soumettre leurs travaux à l’analyse critique de leur communauté. La démarche diffère significativement d’une publication dans une revue scientifique à comité de lecture, dans laquelle chaque article est validé par un groupe d’experts reconnus du domaine. par Toby Walsh montrerait que les Candy crushers sont des mathématiciens qui s’ignorent : Candy Crush is NP-hard. Selon l’auteur, pour gagner, les joueurs doivent trouver des réponses à des problèmes annotés « NP-difficile » en théorie de la complexité.

Qu’est ce qu’un problème NP-difficile

Il existe une branche des sciences qui étudie la quantité de ressources nécessaires pour la résolution de problèmes pratiques en les mettant en équation.

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Par exemple, lorsque nous utilisons un GPS, celui-ci nous propose des itinéraires. Pour une raison qui échappe totalement à cette foutue boîte qui prend un malin plaisir à perdre le signal au plus mauvais moment, nous souhaitons emprunter le chemin le plus court possible et obtenir une réponse rapide.

Voilà donc un problème, la détermination d’un itinéraire, à résoudre avec efficacité.

Pour faire simple (et probablement très approximatif), en théorie de la complexité, un problème est dit NP-complet lorsqu’on peut tester facilement la validité de toutes les réponses possibles mais qu’on ne sait pas le faire de façon économe. Plus balaise encore que les problèmes de type NP-complet : les problèmes de type NP-difficile. La simple compréhension du concept est un défi, que je ne relèverai pas.

Et Candy Crush Saga là-dedans ?

L’article de Toby Walsh démontre que certaines configurations de jeu de Candy Crush Saga peuvent être décrites par des équations qui appartiennent à la catégorie NP-difficile. Il s’agit des cas dans lesquels les joueurs doivent réaliser un score donné en un nombre limité de coups.

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Pour gagner, les joueurs doivent produire des stratégies de résolution valides. En effet, bien que la plupart du temps nous n’en ayons pas conscience, pour gagner, nous mettons au point des méthodes puis les appliquons. Que les sceptiques sur la question aillent faire un tour sur les forums de theorycraftingAnalyse mathématique des mécaniques de jeu qui vise à optimiser son comportement. de World of Warcraft ou WoWWiki, puis on en reparle.

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Or les stratégies de résolution sont descriptibles à l’aide d’algorithmes, c’est à dire des formules qui permettent à un ordinateur de reproduire le comportement mis au point par le joueur.

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Le jeu vidéo est un Eden de mathématiciens qui s’ignorent

Cet article n’est pas une première. Une étude publiée en 2012 sur arXivArXiv est une plateforme web qui permet aux scientifiques de soumettre leurs travaux à l’analyse critique de leur communauté. La démarche diffère significativement d’une publication dans une revue scientifique à comité de lecture, dans laquelle chaque article est validé par un groupe d’experts reconnus du domaine. parvenait aux mêmes conclusions pour Mario, Donkey Kong, Zelda, Metroid et Pokémon. Celle-ci référence également des communications scientifiques sur le même type de sujet dont la plus ancienne remonte à 2004.

Un joueur qui roxe du poney à Candy Crush Saga développe donc les mêmes capacités cognitives que les développeurs lorsqu’ils suent sang et eau pour mettre au point des algorithmes. Ah ! Ça fait quand même bien plus classe dit comme ça que « espèce de no-life qui gâche ta vie et ton pognon à jouer ».

Toby Walsh va encore bien plus loin. En fin d’article, il franchit un cap.

Plusieurs millions d’heures ont été dépensées à résoudre Candy Crush. Peut-être pourrions nous en faire bon usage en dissimulant des problèmes NP-difficiles pratiques dans ces puzzles ?

Ce qui nous donne :

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Autrement dit, le jeu vidéo peut être utilisé comme une interface permettant à n’importe qui de s’amuser (travailler) à la résolution de problèmes concrets, sans aucun prérequis technique, culturel ou éducationnel.

Jouer pour changer le monde

Au delà du fait que la proposition de Toby Walsh est simplement brillantissime, elle répond à une question posée par une conceptrice de jeux vidéos à l’occasion des TED 2010. Il s’agit de séries de conférences sur « des idées qui méritent d’être diffusées ». Elles ont notamment eu comme invités Bono du groupe U2, Bill Clinton ou Tim Berners-Lee, l’inventeur du web.

En quelques mots, Jane McGonigal constate que des millions de personnes à travers la planète consacrent des milliards d’heures à jouer. Elle propose d’en tirer parti et se demande alors : « À quoi les joueurs sont-ils bons ? ».

(sous-titres français disponibles)

Les réponses qu’elle apporte à sa propre question peuvent laisser sceptique. Imaginons maintenant la même intervention dans laquelle Jane McGonigall pourrait répondre : « Les joueurs sont bons à résoudre des problèmes de mathématiques appliquées de type NP-difficile ». Ça claque là.

Merveilleux, j’achète !

Crédit illustration : 401(K) 2013, licence CC-BY-SA 2.0, disponible en partage sous FlickR
Crédit illustration : 401(K) 2013, licence CC-BY-SA 2.0, disponible en partage sous Flickr.

Oulah, que d’empressement monsieur l’industriel ! Je te comprends. Toi qui paie des cerveaux brillants à résoudre tes problèmes, la perspective d’en avoir des millions mis en réseau sous le coude pour quasi que dalle doit te sembler bien séduisante.

Seul souci, les modèles économiques basés sur le jus de cerveau reposent sur le brevet, c’est à dire un titre de propriété pour une idée.

Parlons protection des données personnelles et propriété intellectuelle

Nous offrons nos données personnelles aux quatre vents des diffuseurs de pubs qui savent en tirer une valeur marchande. Nous serions “rémunérés” à ce titre par le service offert. Admettons.

Mais qu’en serait-il de l’utilisation de solutions conçues, certes à leur insu, peu importe, par des internautes ? Peut-on accepter de livrer cette manne d’intelligence collective à des intérêts privés ? Cela pourrait mener à des situations complètement délirantes, comme devoir payer pour utiliser ce qu’on a contribué à mettre au point gratuitement.

Or, l’expérience le prouve tous les jours. Le rapport de force entre le citoyen lambda et les grosses sociétés abouti systématiquement à ce que nous nous fassions enfler tous ensemble, tous ensemble, ouais, ouais ! Autant y réfléchir en amont.

Le droit (français) est clair quant à la paternité d’une idée

La paternité d’une idée ne peut être retirée à son ou ses concepteurs. Dans ce cas, les concepteurs s’ignorent eux-mêmes. Qui alors pour défendre ne serait-ce que leurs droits à la paternité, sans même parler de protéger leurs éventuels intérêts financiers ?

De mon point de vue, cela amène une autre question, bien plus vaste. Dans ce nouveau paradigme d’internet, peut-on continuer à traiter les idées selon une logique de propriété ? Le concept est déjà mis à mal dans tous les domaines culturels, édition, musique, cinéma. Mais alors, quel autre modèle?

On demande un informaticien pour traduire ça en bonbons colorés. Peut-être la petite Babylou, 7 ans et demi aura-t-elle une stratégie à proposer. À moins que ça ne soit pour améliorer la gestion des énergies renouvelables sur le réseau EDF !

Crédit illustration : Jane McGonigal, montage réalisé à partir d’une photo d’Alan Levine, licence CC-BY-SA.

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12 avril, jour du marronnier dans les JT ?

Dataviz – 12 avril 1961, Youri Gagarine devient le premier homme à voyager dans l’espace. Depuis, que s’est-il passé à la Saint-Jules, jour du marronnier dans le calendier républicain ? Analyse des JT du 12 avril de 1970 à 2010, grâce aux archives de l’Ina.

Les journaux télévisés

Disclaimer

Ce travail ne constitue pas une enquête scientifique. Les données collectées pour cette analyse de contenu ne représentent pas un corpus assez important pour en tirer des conclusions. Par ailleurs, les éditions de 1972 et 1975 ne figurent pas dans les résultats car il n’a pas été mis en ligne par l’Ina.
De 1970 à 1973, il s’agit des JT de 13 h de la Première chaîne de l’ORTF. En 1974, c’est le JT de 20 h de la Première chaîne de l’ORTF. De 1976 à 1978, ce sont des JT de 20 h d’Antenne 2 (ORTF). En 1979, il s’agit du JT de 20 h de TF1 (ORTF). De 1980 à 1984, il s’agit des JT de 20 h d’Antenne 2. En 1985, c’est le Soir 3 d’FR3 qui est pris en compte. De 1986 à 1989, ce sont de nouveau les JT de 20 h d’Antenne 2. De 1990 à 1992, on utilise le 19/20 d’FR3. Enfin, de 1993 à 2010 ce sont les JT de 20 h de France 2 qui sont pris comme référence.

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