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Les « Gilets jaunes » de Paimpol attendus au tournant

Depuis leur cabane rudimentaire construite au bord du rond-point de la Lande-Blanche, les « Gilets jaunes » de Paimpol observent les automobilistes tourner. Cela fait bientôt six mois qu’ils y maintiennent une présence régulière. Mais après avoir reçu l’ordre du maire de quitter les lieux, ils abordent eux aussi un tournant.

Au moins ont-ils facilité la tâche des chercheurs qui se pencheront sur les archives de la presse régionale dans plusieurs décennies. Impossible d’en douter, ce 1er mai se déroule bien en 2019, à l’amorce d’une troisième année de présidence Macron. Les chasubles fluos envahissent le cadre et même s’ils ne sont qu’une vingtaine, leurs porteurs rendent la marche paimpolaise un brin plus dynamique qu’à l’accoutumée.

Des « Gilets jaunes » aux côtés des drapeaux rouges, l’image devient coutumière. Loin, pourtant, des premiers mots d’ordre du mouvement, qui fleuraient bon l’anti-syndicalisme. L’élargissement progressif des revendications les a rapprochés des organisations de gauche. Ils parlent aujourd’hui d’inégalités sociales et fiscales à résorber et d’institutions à démocratiser. C’est d’ailleurs l’appel clairement anticapitaliste rédigé lors de la deuxième Assemblée des assemblées, dite de Saint-Nazaire, qui a tenu lieu de discours à ses représentantes, juste après les prises de parole de FO et de la CGT.

Le gilet s’effiloche

Témoin d’une époque déjà révolue, le groupe Facebook paimpolais s’appelle encore « Non à l’augmentation des taxes ». Créé le 29 octobre 2018, il a connu son pic d’activité le weekend du 17 novembre. Des centaines d’habitants avaient alors investi pas moins de quatre ronds-points et barrés le pont de Lézardrieux nuit et jour. Un début en fanfare qui avait incité France 2 et RMC à dépêcher des équipes dans ce petit bout de Bretagne nord, à la recherche de caractères bien trempés.

Jamais éteinte, la flamme s’est toutefois considérablement tassée. Par lassitude, éloignement des revendications de base ou par la magie des annonces présidentielles ? Les Paimpolais réunissaient 400 citoyens pour l’un des premiers débats publics de l’hexagone, début janvier. Puis 150, deux jours plus tard, sur les pavés.

Malgré l’arrivée des beaux jours, leurs dernières initiatives n’ont pas connu pareil succès. Une trentaine de participants lors d’un défilé carnavalesque le 10 mars et une cinquantaine le samedi suivant, en comptant les militants écologistes venus manifester pour le climat. À l’image de Roland Jeanjean, ancien routier présent depuis le premier jour, les Paimpolais ont d’ailleurs épousé la cause des « Coquelicots » contre les pesticides de synthèse. Au risque de froisser leurs voisins agriculteurs dans cette région légumière.

La cabane du phœnix

Les « Gilets jaunes » se sont d’ailleurs faits quelques ennemis. De retour près de leur cabane totémique après la manifestation du 1er mai, Roland Jeanjean se remémore le déménagement consécutif à l’incendie subi dans la nuit du 18 au 19 décembre. Les militants ont démonté Ker Melen – le lieu jaune, en breton -, d’abord érigé près de l’aire de covoiturage de la Lande-Blanche, pour le rebâtir sur le terre-plein situé entre la route qui mène à la déchetterie et la départementale qui plonge vers la zone commerciale de Kerpuns. Le début d’une longue série. « Si ça continue on va la construire en papaings », ironise le retraité, qui pense tenir une piste.

« On est sur quelqu’un qui vient assez souvent enlever des objets qu’on met : des affiches, les croix des douze personnes qui sont décédées sur les ronds-points, énumère Roland Jeanjean. Pour la cabane on n’a pas la preuve formelle, mais c’est peut-être indirectement les mêmes personnes. »

Le coup de grâce, c’est peut-être le maire UDI de Paimpol, Jean-Yves de Chaisemartin, qui l’a porté. Au lendemain de la fête internationale des travailleurs, il fixe un ultimatum aux « Gilets jaunes », les obligeant à plier bagage d’ici le 7 mai à minuit. Les raisons invoquées sonnent comme un prétexte. Des problèmes de sécurité routière et le dépôt de listes estampillées « gilets jaunes » aux européennes. Notamment celles menées par le chanteur Francis Lalanne et le forgeron du Vaucluse Christophe Chalençon. « On n’a donné aucune consigne de vote », rappelait pourtant Cécile Paracice, la veille.

La perte de l’appui municipal fragilise un peu plus les irréductibles paimpolais, au moment où ceux-ci cherchent à raviver la flamme. Un banquet citoyen est d’ailleurs organisé ce 4 mai. « Pour que les gens comprennent pourquoi on est encore dans la rue, explique Cécile Paracice. On veut pas des miettes, on ne veut pas de la mendicité, on ne veut pas de l’assistanat. On veut vivre tout simplement de notre travail. »

Mise à jour du 8 mai 2019 : La commune a mis à exécution sa menace en rasant la cabane mardi 7 mai, à l’aube, en présence du maire UDI Jean-Yves de Chaisemartin, qui est par ailleurs vice-président en charge des infrastructures routières au conseil départemental des Côtes-d’Armor. L’opération s’est déroulée dans le calme, en présence de « Gilets jaunes » qui ont surveillé les lieux toute la nuit. Ils se sont ensuite installés sur une prairie avoisinante et confient leur volonté de mettre sur un pied un nouveau QG.

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L’OM éteint un peu plus la flamme de l’espoir guingampaise

L’Olympique de Marseille a battu l’En Avant de Guingamp par 3 buts à 1, au stade municipal de Roudourou, lors de la 33e journée de Ligue 1 de football, le 20 avril 2019. L’OM, provisoirement 4e, se rapproche de Lyon dans l’optique du podium. L’EAG s’éloigne à quatre points de Dijon pour accrocher la 18e place, synonyme de barrage pour le maintien.

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Jovetic et Monaco privent Guingamp des trois points

L’En Avant de Guingamp a été rejoint au score dans les dernières secondes du temps additionnel. Stevan Jovetic a égalisé, profitant d’un cafouillage dans la surface. Il répond à Félix Eboa Eboa, auteur d’une tête à la 23e minute.

Le partage des points est logique dans cette rencontre de la 31e de journée de Ligue 1 de football, où chaque équipe a gagné une période. Il n’en est pas moins rageant pour Guingamp, dernier de Ligue 1, malgré la défaite caennaise face à Nîmes.

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Profs aux enchères, décision du ministère

Des élèves du lycée Savina de Tréguier ont bradé leurs profs et leurs spécialités lors d’une parodie de vente aux enchères, le mercredi 27 mars 2019. Une performance théâtrale pour dénoncer une baisse de moyens alloués par le rectorat, somme toute logique dans un établissement formant de futurs artistes.

Le lycée général et professionnel Savina propose plusieurs spécialités artistiques, comme le cinéma, le cirque ou le théâtre. Des options danse et arts plastiques doivent s’ouvrir en septembre 2019, mais l’équipe enseignante dénonce l’absence de moyens accordés par le ministère de l’Education nationale pour fonctionner correctement.

À l’image d’Anne Huonnic, professeure d’anglais et de danse, beaucoup refusent ce qu’ils considèrent comme l’imposition implicite d’un choix entre options à proposer.

Le conseil d’administration a voté le 7 février contre une dotation globale horaire (DGH) en baisse de 59 heures (pour un total de 860 heures). Elle s’appuie sur un recul des inscriptions (135 élèves contre 165, en moyenne, ces dernières années) prévu par le rectorat. Un calcul contesté par les enseignants.

Une des cinq classes de seconde fermera à la rentrée et un départ à la retraite d’un professeur de lettres ne sera pas remplacé. Le corps enseignant, dont une majorité était en grève le 24 janvier, craint d’être confronté à des classes surchargées, atteignant 40 élèves en terminale S.

C’est plus largement la logique de la réforme des lycées portée par le ministre Jean-Michel Blanquer, censée donner plus d’autonomie aux établissements, qui soulève l’hostilité. Des collègues du lycée Pavie de Guingamp étaient d’ailleurs présents à Savina ce 27 mars et des relations existent aussi avec Kerraoul à Paimpol et Le Dantec, à Lannion.

Si aucun drapeau syndical ou politique n’a été brandi, plusieurs écharpes de maires étaient en revanche visibles lors de cette « vente ». Des élus de Tréguier et Minihy-Tréguier se sont joints aux manifestants.

Des élèves affirment leur intention de se constituer en syndicat. Un premier noyau compterait une quarantaine de membres. En plus des actions touchant à l’éducation, 250 lycéennes et lycéens avaient aussi participé à la grève mondiale pour le climat, relayée le vendredi 15 mars, dans les rues de Tréguier.

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Pour Pierre Pézerat, amiante et pesticides, même combat

Pierre Pézerat présente son film documentaire « Les Sentinelles » (2017) disponible en DVD depuis le 16 février 2019, date anniversaire des dix ans de la mort d’Henri Pézerat.

Le père du réalisateur a découvert le caractère cancérigène de l’amiante en 1973 puis animé le Comité anti-amiante de Jussieu. Son activité scientifique et militante a contribué à faire interdire ce silicate en 1997. L’association qui porte son nom défend aussi bien les victimes de l’amiante que celles du nucléaire ou des pesticides de synthèse.

Dans les années 1990, l’amiante devient un enjeu de santé publique ainsi qu’un synonyme de scandale. Des travailleurs meurent de cancers de la plèvre à cause d’un maux identifié vingt ans plus tôt par le toxicologue Henri Pézerat. Il s’était rendu dans l’usine de filage et de tissage d’amiante Amisol, alors en grève, à Clermont-Ferrand, pour alerter les ouvrières et les ouvriers.

Pierre Pézerat a retrouvé Josette Roudaire, qui avait ouvert les portes de l’usine à son père. Le début d’un très long combat pour accompagner les victimes qu’il met en parallèle avec celui de Paul François, un agriculteur intoxiqué par un pesticide produit par Monsanto ainsi que les ex-ouvriers agricoles de Nutréa-Triskalia, devenus hyper-sensibles aux produits chimiques multiples.

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L’En Avant de Gourvennec passe devant le Dijon de Kombouaré

L’En Avant de Guingamp est sorti de la zone rouge pour la première fois depuis août 2018, en battant le Dijon Football Côtes-d’Or, 1 à 0, lors de la 29e journée de Ligue 1 de football, le samedi 16 mars 2019, au stade municipal de Roudourou. Ludovic Blas a transformé un penalty (86e), sifflé après une faute du gardien Bobby Allain sur Marcus Thuram.

Ce match sans relief a été marqué par l’entrée de Ronny Rodelin (72e) pour remplacer le milieu Medhdi Merghem, pour la première fois titulaire en Ligue 1 et auteur d’une prestation solide. L’ancien caennais, pris en grippe par le public, a été copieusement sifflé, ce qui a fortement déplu au joueur et à certains de ses coéquipiers. En signe de protestation, la traditionnelle – bien que rare cette saison -, célébration de la victoire a d’abord été snobée par une partie du groupe.

Au bout de cinq minutes de palabres, sur la pelouse comme dans les couloirs, les Guingampais (dont Rodelin) sont réapparus sur le terrain pour un « clapping » orchestré par Ludovic Blas face au Kop Rouge. Jocelyn Gourvennec, Bertrand Desplat comme Jérémy Sorbon ont minimisé l’incident en zone mixte.

Les hommes de Jocelyn Gourvennec (22 points) passent devant ceux d’Antoine Kombouaré (21) et doublent également les Caennais (20), lourdement battus par Saint-Etienne (0-5), au même moment. Les Guingampais peuvent maintenant profiter de la trêve internationale pour préparer leur finale de Coupe de la Ligue, qui sera jouée le 30 mars, face au RC Strasbourg, à Lille.

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« La mer s’élève, nous aussi ! »

La jeunesse lannionnaise a massivement rejoint le mouvement international de grève scolaire pour le climat, le vendredi 15 mars 2019. Près de 500 lycéen·ne·s et étudiant·e·s ont manifesté entre le lycée Le Dantec et le parvis de la mairie pour obliger les décideurs à accélérer les efforts de réduction de gaz à effet de serre, principaux responsables du dérèglement climatique.

L’appel à la grève scolaire pour le climat

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Premières de corvées, premières mobilisées à Guingamp

Les femmes ont toujours été impliquées dans les luttes sociales, mais leur présence est particulièrement remarquée depuis le début du mouvement des « gilets jaunes ». Ce sont elles qui tenaient le mégaphone lors de la manifestation intersyndicale du 5 février 2019, à Guingamp. Rencontre avec Frambroise Clausse, conseillère en orientation professionnelle, Soizic Roche, aide-soignante dans un Ehpad, et Marie-Françoise Zanchi, secrétaire générale de la CGT de l’aide et des soins à domicile des Côtes-d’Armor.

Plusieurs dizaines de « gilets jaunes » ont répondu à l’appel des syndicats CGT, Solidaires et FSU, lors de la journée de grève du 5 février 2019, à Guingamp. Une première pour un mouvement qui veille jalousement à son indépendance vis-à-vis de toute structure établie et au sujet duquel nombre de syndicalistes ont d’abord eu de la méfiance, y voyant la main de l’extrême-droite et des mots d’ordre poujadistes.

Quatre prises de parole ont inauguré le rassemblement, entre le rond-point du Vally et l’ancien monastère des Augustines hospitalières – réhabilité en mairie. Flora Bochet, secrétaire générale de l’union locale CGT, a d’abord lu le texte commun, dénonçant notamment « la précarité organisée dans les entreprises locales, notamment dans l’agroalimentaire, le commerce, les services » (vidéo ci-dessous).

Framboise Clausse, « gilet jaune » de Kernilien a livré un témoignage plus personnel, racontant la maltraitance dont a souffert sa mère, en maison de retraite « du fait du manque de moyens » (idem).

« Les femmes sortent de leurs cuisines, elles sortent de leurs usines »

Auteure d’un livre publié en 2009 intitulé « À ma mère, à mes filles, à vous toutes » (éditions Épée Et Chemins), dans lequel est relaté son « parcours de guérison » après le viol dont elle a été victime à l’âge de 18 ans, la militante féministe se réjouit de la mobilisation en cours.

« On n’a jamais vu autant de femmes dans les rues, constate Framboise Clausse. Ça, c’est très particulier, parce que les hommes ont l’habitude d’occuper le terrain, c’est plus facile. Pour nous les femmes c’est toujours un effort supplémentaire d’agir dans le domaine public, de se montrer, de prendre la parole. Et aujourd’hui, les femmes sortent de leurs cuisines, sortent de leurs usines, parce qu’elles voudraient que le monde soit meilleur pour leurs enfants. »

Les premières études sociologiques confirment cette observation. (lire l’encadré ci-dessous)

Des travailleuses malades du « care »

Les femmes étant largement majoritaires dans les professions du soin, du « care » en anglais, c’est assez logiquement que se trouve à Guingamp une délégation 100 % féminine du syndicat départemental CGT de l’aide et du soin à domicile.

Ces aides à domicile et autres aides-soignantes courent la campagne pour veiller sur des personnes fragiles, le plus souvent âgées. Un travail qui nécessite de l’empathie, pratiqué en dépit de contrats à temps partiel, comprenant des amplitudes horaires souvent indécentes (9 h – 19 h, payés 5 heures), pour un salaire inférieur au Smic, résume Soizic Roche, qui travaille dans un Ehpad, à Plestin-Les-Grèves. « Nos métiers sont en train de disparaître », tranche-t-elle, en appelant au Conseil départemental, à l’Agence régionale de santé et à l’Etat.

Sa secrétaire générale, Marie-Françoise Zanchi, est convaincue que les employeurs profitent d’une certaine docilité de ces travailleuses pour rogner sur les primes et même sur les frais de déplacement. Le syndicat dénonce la fusion des 80 structures des Côtes-d’Armor, initiée en 2017 par le Conseil départemental à majorité LR-UDI, qui aboutit à des compressions d’effectifs et à des temps de trajets rallongés. Des groupes privés ont parfois repris l’activité gérée jusqu’à présent par des associations, en lien avec les collectivités locales.

Plusieurs marches de femmes « gilets jaunes » ont illustré le besoin de mettre en avant des revendications spécifiques, comme l’égalité de salaires entre les sexes ou la pénalisation réelle des violences conjugales. L’une des plus importantes s’est d’ailleurs déroulée le dimanche 26 janvier, à Saint-Brieuc. Menée par des militantes grimées en Marianne, elle avait réunie près de 300 personnes. Les journalistes présents avaient souligné le caractère pacifique de cette manifestation, contrastant avec les violences observées la veille, à Rennes.

Des femmes majoritaires chez les « gilets jaunes », plus qu’une impression
Selon l’enquête menée par cinq sociologues de Sciences Po Grenoble, par le biais de questionnaires en ligne diffusés sur 300 groupes Facebook de « gilets jaunes », 56 % des 1.455 réponses exploitées émanent de femmes. Elles apparaissent toutefois surreprésentées dans l’échantillon des manifestant·e·s « moins actif·ve·s ».
Les chercheurs insistent sur l’importante proportion de « gilets jaunes » en situation de forte précarité. Ils sont 74 %, soit le double de la moyenne nationale. Les femmes (78 %) sont plus touchées que les hommes (68 %).

Leurs prises de parole


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Caillard préserve le point de Guingamp face à Nantes

L’En Avant de Guingamp a grignoté un point face au Football Club de Nantes, en obtenant le nul (0 – 0) au stade municipal de Roudourou, le 3 mars 2019, lors de la 27e journée de championnat.

Marc-Aurèle Caillard a détourné la frappe de Valentin Rongier sur le penalty sifflé dans le temps additionnel pour une main de Félix Eboa Eboa. Les Guingampais restent derniers de Ligue 1, mais se rapprochent à un point de Caen et de Dijon, qui ont perdu ce weekend.

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La revanche du Guingampais Lucas Deaux contre Angers

L’En Avant de Guingamp a remporté sa deuxième victoire au stade municipal de Roudourou en championnat de Ligue 1 de football cette saison, face au SCO d’Angers, le samedi 23 février 2019, sur le score de 1 à 0. Lucas Deaux a inscrit le seul but de la rencontre en reprenant un centre de Marcus Coco, dans le temps additionnel.

Les Guingampais restent derniers avec 18 points après 26 matches, mais ils recollent aux concurrents pour le maintien. Monaco, Dijon et Caen, qui comptent une journée de retard, possèdent respectivement 22, 20 et 19 points. Les Angevins restent provisoirement 12e, avec 33 points. Ils peuvent être dépassés par Bordeaux (un match de retard), dans ce ventre mou.

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Ils y ont laissé leur santé, deux ouvriers en guerre contre l’agro-industrie

Pascal Brigant a rendez-vous aux prud’hommes de Guingamp le 28 février 2019. Claude Le Guyader s’apprête à lancer une procédure pour « faute inexcusable » contre Nutréa-Triskalia. La suite d’un marathon judiciaire pour ces deux anciens salariés du site de stockage des céréales de Plouisy (Côtes-d’Armor), atteints d’hypersensibilité aux produits chimiques multiples et licenciés pour inaptitude à leur poste.

En 2009, l’un travaille dans un bureau accolé au poste de fabrication d’aliments du bétail, l’autre charge les céréales puis les transporte en camion dans les fermes. Leur santé se dégrade rapidement, comme celles de Laurent Guillou et Stéphane Rouxel, deux collègues chargés de réceptionner les céréales amenées depuis les silos.

Quelques mois plus tôt, la direction a décidé de couper la ventilation pour faire des économies. Très vite, la température grimpe et permet aux charançons et aux vers de farine de proliférer, au point de dégager une odeur pestilentielle.

Pour sauver les 20.000 tonnes de céréales, Triskalia décide au printemps 2009 d’asperger du Nuvan Total, un insecticide interdit depuis déjà deux ans. Malgré les premières alertes, le même scénario se reproduit l’année suivante. Les céréales sont cette fois traitées avec du Nuvagrain, avant d’être acheminées dans des exploitations où, ingurgitées par les bêtes, elles intègrent la chaîne alimentaire.

Le combat de leur vie

Mécontents vis-à-vis de la CFDT, qu’ils accusent d’être un « syndicat-maison », les ouvriers trouvent du soutien auprès de Serge Le Quéau, de l’Union syndicale Solidaires, à Saint-Brieuc. Laurent Guillou et Stéphane Rouxel réussissent à déposer plainte à la gendarmerie en mai 2010, ouvrant la procédure pénale.

Pascal Brigant, Claude Le Guyader, Laurent Guillou et Stéphane Rouxel empilent les dossiers de procédure depuis dix pour faire condamner la coopérative Nutréa-Triskalia, responsable de leur empoisonnement aux pesticides. Crédit Serge Le Quéau
Pascal Brigant, Claude Le Guyader, Laurent Guillou et Stéphane Rouxel empilent les dossiers de procédure depuis dix pour faire condamner la coopérative Nutréa-Triskalia, responsable de leur empoisonnement aux pesticides. Crédit Serge Le Quéau

Défendus par Me François Lafforgue, avocat spécialisé dans la défense des victimes d’accidents du travail et de maladies professionnelles, Laurent Guillou et Stéphane Rouxel obtiennent en 2014 la condamnation de Nutréa pour faute inexcusable devant le tribunal des affaires de sécurité sociale de Saint-Brieuc.

Entre-temps Pascal Brigant et Claude Le Guyader rejoignent le combat.

En septembre 2015, c’est la veuve de Gwénaël Le Goffic qui obtient la reconnaissance du suicide de son mari comme accident du travail, contre l’avis de la Mutuelle sociale agricole (MSA). Ce chauffeur s’est pendu dans un hangar du site de Plouisy avec une pièce de son camion. Lui-même avait été victime d’un accident lors du déchargement de sacs d’aliments médicamenteux destinés aux porcelets. Sa lettre d’adieu est écrite sur l’étiquette des produits qu’il suspectait de lui avoir brûlé les yeux.

Les victoires s’enchaînent et en septembre 2016, Laurent Guillou et Stéphane Rouxel obtiennent 100.000 € de dédommagements pour le préjudice subi. Une première pour une affaire d’hypersensibilité dans l’agroalimentaire. Leur licenciement est ensuite jugé « sans cause réelle et sérieuse pour manquement à l’obligation de sécurité et insuffisance de recherche de reclassement ». La coopérative leur doit près de 21.000 € chacun.

Claude Le Guyader obtient à son tour une reconnaissance de son hypersensibilité comme maladie professionnelle en mars 2018. Ce n’est pas le cas de Pascal Brigant, auquel une commission reproche l’absence d’une prise de sang.

Interrogés par Le Monde en 2016, les DRH de Nutréa et Triskalia, Frédéric Soudon et Nicolas Douillard, estiment que ce dossier les dépasse. « Certains veulent faire interdire les pesticides le plus vite possible et Triskalia sert de bouc émissaire. […] Nous menons aujourd’hui une politique de protection, de formation des salariés. Il y a vingt ans, les précautions à l’encontre des produits phytosanitaires n’existaient pas, témoigne Frédéric Soudon. Ce sont des produits dangereux, on ne va pas affirmer le contraire. »

Des victimes devenues sentinelles

Si ces affaires n’ont pas encore motivé les industriels à se passer des pesticides de synthèse, elles ont commencé à briser l’omerta dans le milieu agricole. Jusqu’ici dispersés, les opposants à l’agriculture intensive comme la Confédération paysanne, Attac, Solidaires et Eaux et Rivières de Bretagne se sont regroupés pour mener des actions.

Le combat pour les victimes des pesticides a réuni des associations et partis autour du syndicat Solidaires Bretagne, en pointe dans la dénonciation de ce scandale sanitaire. Crédit Serge Le Quéau
Le combat pour les victimes des pesticides a réuni des associations et partis autour du syndicat Solidaires Bretagne, en pointe dans la dénonciation de ce scandale sanitaire. Crédit Serge Le Quéau

Un colloque lors lequel s’est exprimé Laurent Guillou a poussé la sénatrice PS de la Charente, Nicole Bonnefoy, à organiser une mission sénatoriale. Son rapport intitulé « Les pesticides et leur impact sur la santé » rendu en 2012 conclut que « les protections contre les pesticides n’étaient pas à la hauteur des dangers et des risques ». Il débouche sur la loi Labbé, du nom du sénateur EELV du Morbihan, qui réduit l’usage des pesticides par les collectivités et les particuliers.

En 2018, des experts européens ainsi que le commissaire à la santé à Bruxelles, Vytenis Andriukaitis, ont rencontré des victimes des pesticides lors d’une enquête en Bretagne. La commission européenne avait accepté le dépôt d’une pétition portant sur le non respect des directives en matière de pesticides et sur les carences de l’Etat français en matière de contrôle.

L’institution, bien que lointaine, semble montrer plus d’égard envers les victimes des pesticides que la région Bretagne. Le président de cette dernière, le socialiste Loïg Chesnais-Girard, a confirmé en début d’année l’entrée de la collectivité au capital du groupe D’Aucy, dont la fusion annoncée avec Triskalia promet de créer un géant de l’industrie agricole.

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Lannion se lève contre l’antisémitisme

Rare moment de concorde républicaine à Lannion (Côtes-d’Armor), ce mardi 19 février. Plus de 250 citoyen·nes de diverses sensibilités politiques se sont réunis pour dire « stop » à l’antisémitisme devant le Carré Magique, la salle de spectacle trégorroise dont l’entrée débouche sur le parvis des droits de l’Homme. Reportage.

Un collectif d’organisations dont le PCF, Europe-écologie Les Verts, l’UDB, LREM ou les unions locales CFDT et CFTC sont à l’origine de cette manifestation, communiquée par voie de presse la veille au soir. Elle s’inscrit dans le cadre d’une journée nationale de mobilisation contre la haine des juifs, proposée par le Parti socialiste. C’est d’ailleurs le maire PS de Lannion, Paul Le Bihan, qui s’exprime le premier.

Dans l’assistance, quelques drapeaux de la France insoumise flottent près des pancartes antiracistes. Le maire divers droite de Perros-Guirec et d’autres élus sont venus sans leur écharpe. Le président de l’association France Palestine Solidarité Trégor, les responsables du collectif de soutien aux sans-papiers du Trégor ainsi que bon nombre de militants associatifs et syndicalistes de gauche se tiennent côte à côte. Deux d’entre-eux ont revêtu un gilet jaune.

Sur les marches de la salle de spectacle, Christian Madec lit au micro un texte coécrit par les initiateurs du rassemblement local, ponctué de citations d’Albert Einstein, Franz Fanon et Annah Arendt.

« Instaurer une formation continue sur l’histoire »

Le porte-parole énumère les récentes dégradations et violences à l’encontre des juifs qui justifient ces rassemblements. L’apparition d’un tag « Juden » sur la vitrine d’un restaurant Bagelstein ou de croix gammées sur le visage de Simone Veil, à Paris. La destruction des arbres plantés en hommage à Ilan Halimi, jeune homme assassiné par le gang des barbares. Ou encore les insultes proférées face à Alain Finkielkraut lors d’une manifestation de gilets jaunes dans la capitale.

« De façon plus générale, quand, en France depuis l’an 2000, nous avons une moyenne de 574 actes antisémites par an, comment pouvons-nous ne pas réagir ? » Christian Madec propose de renforcer l’enseignement de l’histoire à l’école. Il suggère aussi d’instaurer « une sorte de formation continue sur l’histoire et l’esprit civique », sous forme de conférences-débats, de films ou d’expositions.

Le militant LREM n’oublie pas le volet répressif, à l’heure où le gouvernement prépare une loi contre les propos haineux en ligne, qui froisse les défenseurs des libertés. « Il ne faudrait pas oublier d’intervenir sur Internet, sur les réseaux sociaux, de façon réaliste et respectueuse des droits humains », conclut-il.

Répondre à la bêtise par la solidarité

« J’ai écrit quelques mots en pensant à un monsieur, à un médecin, à un résistant, mort à Auschwitz parce qu’étoilé comme juif. Le grand-père de ma femme. » Gilles Jucla lance ensuite un poignant cri du cœur contre « la brutalité, le mensonge, l’ignorance, la bêtise, la sauvagerie ».

Se tournant vers l’avenir, il appelle l’assemblée – plutôt grisonnante -, à « écouter la sagesse de nos enfants, qui veulent sauver notre planète ». Connu pour son engagement syndical chez Solidaires et sa défense des mal-logés, Gilles Jucla ne ne prive pas de dénoncer la pénalisation de la solidarité, quand des citoyens secourant des demandeurs d’asile sont assimilés à des passeurs. « À nous pour ne pas nous laisser ensevelir, de lever haut la fraternité, de déployer la solidarité, d’accueillir sans frontière, sans mur, sans haine. »

Après de courts applaudissements, la petite foule se tait pendant de longues secondes. Personne n’ose rompre le silence. C’est en cette période de tumulte un court moment d’unité.

Des actes et des paroles antisémites en Bretagne

Même si la Bretagne apparaît relativement épargnée par l’antisémitisme, ses manifestations existent. Des tags nazis ont par exemple été découverts en 2016 sur une usine désaffectée à Cavan. Des œuvres sur la Seconde Guerre mondiale, la Shoah et la Résistance ont été vandalisés dans la médiathèque de Lannion, à plusieurs reprises, la même année. « Pardonnez-moi, je ne parviens même pas à jouer la révolte quand j’apprends par Ouest-France que même dans un coin paisible comme Lannion mes bouquins ou films se font défoncer parce qu’il y a “rabbin” dans le titre », s’était ému l’auteur de BD Joann Sfarr.

Plus récemment, ce sont les plaques de rue du Boulevard Simone-Veil qui ont été barbouillées à Dinan. Le maire Didier Lechien a porté plainte contre ces dégradations et la réception d’un courrier violemment antisémite à la mairie.

La Bretagne est aussi la région dont se revendique Boris Le Lay, un pamphlétaire antisémite âgé de 37 ans, qui sévit sur des sites hébergés à l’étranger. Lui-même condamné à plusieurs peines de prison ferme pour incitation à la haine raciale et contestation de crime contre l’humanité se cacherait au Japon. Quatre cents personnes ont manifesté à Rennes en 2018 contre l’extrême-droite et le fichage de militants de gauche solidaires des migrants, auquel se livre l’agitateur de la fachosphère.

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