On a écouté Rokia Traoré, Patriiick, M, Paul Kalkbrenner, mais aussi Lilly Wood & The Prick, Keny Arkana, Lescop, les Naïve New Beaters et MmMmM, le vendredi 19 juillet aux Vieilles Charrues. Nos humeurs sont à écouter dans notre café de la presse musicale.
Autour de la table, Morgan pour Tous les Festivals, Thomas pour Kickzic, Louis pour Sound Cultur’All et Cécile pour La Déviation et Talents Frais. L’émission est présentée par Sylvain Ernault, depuis le village presse des Vieilles Charrues.
Coups de gueule et coups de cœur, on fait le point sur la journée du jeudi 18 juillet aux Vieilles Charrues, avec les concerts de Rammstein, The Hives, Vitalic VTLZR et Raphaël ; on parle de l’ambiance et on se prépare à la journée du vendredi.
Les amis chroniqueurs autour de la table, Naiko de Hard Force, qui décortique la prestation de Rammstein, Cécile de Talents Frais, Thomas de Kickzic et Louis de Sound Cultur’All. L’émission est présentée par Sylvain Ernault, au village presse des Vieilles Charrues.
Def Leppard Festival d'été de Québec 13 juillet 2013 Scène Bell des plaines d'Abraham (Crédit : Renaud Philippe)
Les festivals français, on connaît. Les européens, un peu, si on a la chance d’y aller. Mais on parie que vous n’êtes pas des habitués des festivals américains. Ça tombe bien, on était au Festival d’été de Québec, du 4 au 14 juillet.
Le Festival d’été de Québec s’est achevé dimanche sur la prestation de Stevie Wonder (à laquelle on a eu la flemme d’assister), après pas moins de onze jours de concerts, en plein cœur de la ville éponyme. Le FEQ, de son petit surnom, prend place sur les plaines d’Abraham, parc historique de plus de 100 hectares, à côté du parlement québécois (voir sur Google Map).
Le bracelet à puce du festival, et le macaron, qui ne sert à rien sinon à te faire clignoter le téton avec une LED rouge.
Lors de la conférence de presse-bilan qui s’est tenue lundi, les organisateurs ont annoncé une édition déficitaire, pour la toute première fois. Dix-mille laissez-passer n’ont pas été vendus, mais 140 000 personnes en ont quand même pris plein les oreilles entre le 4 et le 14 juillet.
Les onze jours debout, à marcher et sauter, il faut les tenir sur la durée. Mais le FEQ finit tôt, généralement avant minuit, ce qui facilite la tâche. Par contre, pas de camping prévu, les hôtels se frottent les mains. Côté orga, le pass – un bracelet à puce – et la fouille très sommaire, où on ne cherche en gros que la bière, rendent l’entrée très fluide. Le laissez-passer coûtait 80 dollars (soit un peu moins de 60 euros) cette année. Même si ça fait moins de 10$ par jour, les Québécois trouvent que c’est vraiment très cher, mais surtout que le prix a tendance à augmenter énormément d’une année sur l’autre.
La scène principale « Bell », au bord du fleuve Saint-Laurent, est taillée pour le rock et l’electro de masse. Les programmateurs n’osent clairement pas y inviter des artistes aux répertoires un peu moins fédérateurs.
Les groupes de moins grande envergure doivent se contenter du Parc de la Francophonie, plus intime, mais qui montre vite ses limites de capacité, du fait qu’il soit clôturé pour l’évènement. Il faut sinon s’aventurer en basse-ville de Québec, dans l’intimité des petites salles partenaires.
La typologie du spectateur : ado, les cheveux longs, la casquette à l’envers.
Le public québécois, un peu statique, est prêt à se laisser conquérir si on y met les arguments. Mais il ne faut pas s’attendre à des pogos dans la foule, et le slam se fait au compte-goutte, même avec les groupes les plus rock.
La typologie du spectateur du FEQ : ado, les cheveux longs, la casquette à l’envers et le T-shirt sans manche pour les garçons, les shorts très très courts et pas beaucoup de tissus pour les filles (un peu la norme ici). Le festival est sinon très familial.
La scène Bell, avec le Saint-Laurent à l’arrière, et la ville voisine de Lévis au fond. Crédits Renaud Philippe.
On peut souligner quelques faits notoires : on n’a pas vu un drapeau breton (!), les toilettes restent étonnamment hygiéniques après huit jours de festival (et c’est quand même bien sympa).
Le bénévolat est ici particulier, les vendeurs de bière ou de shots de whisky en tenue sexy se déplacent dans la foule pendant les concerts et se font des salaires grâce aux pourboires.
Le cartable-chaise, l’atout senior du FEQ.
On peut aussi se procurer du « fort » comme on appelle ça ici (gin, vodka, rhum), ou même acheter des bouteilles de vin au bistro officiel, et pourtant, on croise peu de festivaliers très imbibés.
Enfin, pour parler tendance, on pallie l’interdiction des tabourets sur le site avec une nouvelle arme, le cartable qui devient une assise avec dossier ! Le vieux Québécois adore.
Côté prog : de tout. Et de partout. Alors on a fait une mini mini sélection. Notamment le jeudi 11 juillet, l’une des soirées electro de la dizaine, probablement celle où il y a eu le plus de monde et le plus de décibels.
On a raté le talentueux Madeon à cause de la file d’attente. Dommage.
Martin Solveig : une vraie déception. Martin aime beaucoup ce qu’il fait. Tant mieux pour lui. Il s’adresse à la foule en anglais (au Québec…) ou dans un français teinté d’accent américain ridicule. Il mixe du Daft Punk (pour l’originalité on repassera), le groupe Fun… et tes propres compos à succès mec ?
Tiësto, tête d’affiche du jeudi 11 juillet
Wolfgang Gartner enchaîne, se coulant dans la masse electro-club, faisant « la job » de façon efficace.
Vient Tiësto, le Néerlandais tête d’affiche de la soirée, se contente du minimum d’échanges avec son public, mais personne n’a vraiment l’air de s’en soucier.
Habitué des soirées à Ibiza, le DJ livre un gros show boum-boum, avec de la pyrotechnie tout le long, avant un feu d’artifice final impressionnant, qui explique en partie les 250.000 dollars de sa prestation. Merci pour la cécité temporaire et l’acouphène !
Parmi les artistes français, on comptait Zaz (non merci, on n’a pas quitté la France pour ça), mais aussi -M-. La presse québécoise lui a reproché d’avoir trop peu joué ses dernières chansons et de se reposer sur ses lauriers musicaux.
On pense au contraire qu’il a eu la meilleure stratégie, face à un public pas forcément conquis (comme il peut l’être en France), en se basant sur ses classiques, en se faisant pédagogue et en usant de beaucoup d’instrumentaux et d’improvisations pour faire bouger les plaines.
On dit le public québécois policé, -M- le rend polisson
On dit le public québécois policé, -M- le rend polisson, « hum tu m’excites ! » Et ça marche. Dans la province, pourtant bastion féministe, les filles reprennent en chœur « macho macho j’adore ».
Si tu le pousses un peu, le public québécois se laisse même aller à quelques mouvements de bras.
Tête d’affiche très attendue, le 8 juillet, Bruno Mars, en bon américain, se déplace avec une équipe de 80 personnes et fait le show.
Chemise léopard et déhanché langoureux, il enchaîne les succès radio, passant du reggae aux influences seventies, avant de dégainer l’atout charme ultime : le piano.
Bruno fait la cour à sa cour. Le public est, sans surprise, majoritairement composé de jeunes filles en fleurs aux cris suraigus. Il gratifie cette foule hormonée de plusieurs « Koubec je t’aime, bisou ».
On a beau avoir dépassé l’adolescence, on se laisse prendre au jeu. On salue les courageux parents accompagnateurs.
On pourra regretter un Bruno Mars un poil trop sûr de son effet. Lorsqu’il entonne When I was your man, chanson sur le thème très très original d’un amour perdu, il explique que « c’est dur de chanter ça ce soir ». Quelque chose nous dit qu’il le raconte tous les soirs…
Parce qu’il y en avait aussi pour un public plus mûr, la chanteuse Emmylou Harris, accompagnée de Rodney Crowell, le charisme tranquille, la voix parfaitement maîtrisée, a apporté une touche country folk au festival.
Les fans, moins nombreux ce mardi soir-là, n’en ont pas moins été en communion avec l’artiste à la tignasse blanche immaculée, qui se fait très rare en Europe. Les petits avantages de l’Amérique.
On a aussi vu Ellie Goulding, géniale, MGMT, ça sentait le joint comme jamais et c’était mou, Cœur de pirate, les Black Keys, les Trois Accords, le meilleur concert décrète la groupie en nous, Karim Ouellet, mouais, Cafeïne, ouais, Weezer, énergique !
Ne reste plus qu’à se reposer un peu avant le prochain festival de Québec. Celui des bières, en août !
Mon Astropolis a commencé dans la navette pour le Manoir de Keroual. Le bus est bondé. Un grand noir avec un chapeau rose s’est assis sur mes genoux. La clope au bec, il provoque une copine à propos de la “MD”. Il est 23 h passé, j’ai d’ores et déjà raté Dope D.O.D, mais la nuit ne fait que commencer.
La pression est montée tout l’après-midi. Les rues de Brest se sont progressivement remplies de grappes de jeunes festivaliers. Les caissières des supérettes ont scanné des bouteilles à vitesse grand V.
Bien que le festival électro et techno, 19e du nom, ait commencé jeudi, avec le concert de Woodkid, dans la salle de la Carène, c’est ce samedi que se déroule son temps fort. Que dis-je ? Son sommet ! La célèbre nuit blanche du Manoir de Keroual. Quatre scènes, près de 30 sets et un parc métamorphosé pour l’occasion.
Une fois les before finis, une belle foule converge vers la place de la Liberté, lieu névralgique de Brest, bien connu pour ses courses de caddies. Les quelques agents de Bibus en service, réfugiés dans leurs chalets tout droit sortis du marché de Noël, vendent tant bien que mal leurs tickets majorés.
La soirée se déroulant en périphérie de Brest, dans le bois de Keroual, la solution du bus est choisie par une majorité. Le voyage commence ici.
Dans le bus, donc, je saisis que la MD, dont mon voisin se vante de consommer en “ayant atteint un stade où il ne sent plus les effets”, ne fait pas référence à un antique enregistreur audio, mais bien au psychotrope connu sous le nom d’ecstasy.
Autour, les passagers sont parfois très jeunes et j’imagine que certains viennent fêter leur bac. Des jeunes filles retouchent leur maquillage, tandis que bouteilles et canettes passent de mains en mains. Peu avant d’arriver, la Marseillaise est reprise en cœur entre deux chansons paillardes. Qui a dit qu’on avait oublié les paroles ?
Sorti du bus, je retrouve Célia. Nous suivons la procession qui se forme, dans une atmosphère à la fois anxiogène et fascinante.
Certains festivaliers titubent au son des basses, d’autres courent, des filles sont allongées dans le fossé, que d’aucuns utilisent comme urinoir. Tenues classes et bariolées se mélangent.
Avec Célia, nous bifurquons à mi-parcours pour retirer nos accreds presse. Nous évitons ainsi la longue queue de l’entrée, ainsi que les fouilles. Des bénévoles, ravitaillés par une généreuse palette de boissons énergisantes, nous remettent nos bracelets blancs.
Après un tour de reconnaissance, mauvaise surprise, ceux-ci ne nous permettent pas d’accéder aux fosses. Adieu rêves de belles photos des DJ. “Il y a déjà trop de monde”, nous dit-on à l’accueil presse, alors que non, mais passons.
Parce que tout n’est pas perdu, nous cachons deux grandes et belles affiches du festival au milieu d’un buisson, en plein milieu du site. Depuis notre dernière visite il y a trois ans, le Manoir n’a guère changé. La décoration, qui joue pour beaucoup dans l’ambiance cosmique du festival me semble toutefois moins impressionnante.
Des boules enflammées, telles d’immenses flambeaux, éclairent un espace que nous avons connu surmonté d’un grand dôme métallique. Heureusement, les boules à facettes parsèment toujours le site, à commencer par le pigeonnier situé tout à l’entrée.
Le public est quant à lui beaucoup plus dense qu’il y a trois ans. La météo a fait son œuvre et 10.000 teufeurs ont pénétré dans le jardin du Manoir ce samedi, alors qu’il fait sans doute toujours plus de 20°c.
Le revers de la médaille étant qu’il est très difficile d’approcher des scènes sans se séparer. C’est donc d’assez loin que nous assistons aux sets de Dirtyphonics, Kink et autre Gesaffelstein. Les jeux de lumière, sous les chapiteaux ou sur la façade du manoir, n’en rendent pas moins l’expérience planante et immersive.
Dans ce chaos sonore et visuel, je croise subrepticement deux potes du collège, perdus de vue depuis cinq ans. Encore cette fameuse faille temporelle dont on parle tant.
Célia s’accorde une pause entre deux sets. On s’assoie à côté d’un groupe de quatre raveurs qui sniffent leur coke pépère, avant de retourner danser. La scène est récurrente, nous en verrons d’autres. Ce qui n’empêche pas le festival de se dérouler, d’année en année, sans heurt ni accident.
Nous nous remettons bientôt sur nos deux jambes. Après la cohue du chapiteau Mekanik, la scène la plus extrême, nous découvrons l’orgie dans la Cour, véritable goulot d’étranglement.
Il est 2 heures passées, Kink pousse les potards et ça envoie.
Disons-le, avec Célia, nous ne sommes pas du tout familier du genre. L’électro nous est presque étrangère le reste de l’année, mais nous remuons nos petits corps. Surtout, la programmation d’Astropolis, reconnue comme étant l’une des plus pointues de France et même d’Europe, nous laisse quelque peu dans la remorque.
C’est un peu comme aller au festival de Cannes sans aller au cinéma de l’année. Remarquez, je le fais aussi.
Ce n’est d’ailleurs que le lendemain que nous apprenons la double annulation de Sebastian et Digitalism, annoncée dans la nuit, et mal vécue par bon nombre de férus d’électro. Une sombre affaire d’avions que les organisateurs n’ont pas dû apprécier.
Petits joueurs, nous quittons le site à 5 heures. Pas de nuit blanche, on a beau être dimanche, aujourd’hui c’est boulot. La rosée matinale n’a pas dégradé nos affiches. Les rouleaux sous le bras, on laisse Manu le Malin derrière nous. Les côtes Elisa do Brasil nous resteront inaccessibles cette fois.
La navette est bien plus calme qu’à l’aller. À pieds, dans Brest, nous voyons les astres, et au loin, un faisceau lumineux pointé depuis un bois, qui continue de danser.
“On préfère que le live soit un truc où on envoie, où les gens s’amusent, puissent danser”. Interview vidéo des Call Me Señor.
Le mélange entre la pop et les sons électro/claviers marche à merveille. Et ça, les Call Me Señor l’ont bien compris. À l’origine en duo, actuellement en quatuor, ces Parisiens pondent des titres à refrains très catchy. De quoi bouger tout l’été.
Réviser l’anatomie avec la pochette de l’EP Sex With You.
Et pourtant… pourtant, officiellement, ils n’en sont qu’à leur premier EP, sorti tout juste le 1er Juillet. Et déjà, les Solidays se sont ouverts à eux cette année. Ce petit succès est compréhensible, notamment au vu du travail fourni par le duo Alex-JB en amont de la formation définitive. À eux seuls, ils composent deux EP, qui cernent déjà l’identité du groupe.
Plus tard, à quatre, l’idée reste, le duo avance, se charge toujours de la composition des titres qui arrivent même jusqu’aux oreilles délicates des spectateurs de Canal +, via la “Short List” de Damien Cabrespines. Et ce, avec un clip où les trois-quarts du groupe essayent de se suicider. Chapeau bas les gars.
Loin du Call Me Maybe/Baby, Alex, JB, Julien et JB sont frais et entraînants. Cela grâce au chant, toujours avec cet accent mi-anglais mi-je parle-avec-mon-nez, à leurs arrangements electro-pop et leurs rythmiques atypiques.
On retient, des compositions précédentes, – outre la naissance d’une formation déjà pleine d’idées – l’aspect un peu honteux/porno de la pochette de l’EP (I’m Not Saying This) Just To Have Sex With You. Rigolo de faire de l’anatomie tout en écoutant un groupe sur internet.
Call Me Señor, en session live, interprête Chilling In Chile. Enregistré le 9 juin, à Paris.
Par rapport à l’EP qui vient de sortir, on a clairement deux titres qui sortent du lot : Begging for Trouble – single-phare du groupe, avec un clip énorme derrière – et Graduation, très electro, beaucoup de synthé et de rythmiques, pour un refrain hyper entêtant. Allez, tous en cœur “Last night, you talked too much…” Avec un petit coup de vocaliser à la Daft Punk à la fin.Ça passe crème.
Du côté des autres morceaux, on a We Get By. La chanson en soi tire son originalité par le mini-passage pendant lequel c’est une autre personne que JB qui chante. Sinon on reste dans ces sonorités très “Pony Pony Run Run et cie”.
Enfin, pour finir le petit tour de cette création à quatre, on a Brand. Le titre le moins représentatif de la créativité du groupe, un peu trop répétitif à mon goût, même si l’on retrouve ce même schéma couplet-refrain.
Cependant, les créations du quatuor ne s’arrêtent pas là. À la base, pas fan de tout ce qui est reprises, tremplins et compagnie, le groupe a réussi à créer sa propre version de Take Me Out de Franz Ferdinand (écouter plus bas). Une reprise extra par son originalité, qui complète et redonne du dynamisme à ce classique rock, avec l’ajout de cet electro si particulière qui entoure la musique de Call Me Señor. Pas étonnant qu’ils se soient retrouvés finalistes du tremplin organisé par Virgin Radio.
Bref, avec leur allure d’hipsters-gentlemen de la pop, ces mecs vont aller loin, comme des boss. Call them Señor.
«On s’appelle Call Me Señor car on aimait bien l’idée de brouiller les pistes.»
Dans mon bloc-notes cette semaine, il y a du bruit sur les ondes. Glitch se fait remarquer sur Le Mouv’. Faites corps avec votre machine pour une fête de la musique toute électronique. Les Sales gueules hurlent dans le poste pour la meilleure libre antenne du moment, certifié par les amateurs du putois sur Nanterre. L’est parisien et la Grèce ont un point commun, découvrez lequel.
À la une
Glitch, je souhaitais vous en parler depuis un moment. L’émission radicale du Mouv’, diffusée le vendredi soir à minuit, est un objet radiophonique non identifié. Difficile de la décrire, mais je vais m’y employer. Pendant une heure, une succession de séquences électroniques, tantôt mélodiques, tantôt dissonantes, prennent possession de l’antenne. Nos repères sont troublés, nos sens en éveil, l’heure est propice à la divagation.
Son animateur, Adrien Landivier, intervient parfois avec une voix robotisée pour présenter les artistes indépendants qui composent la playlist, quand ce ne sont pas des extraits de micro-trottoirs qui servent de transitions.
Un glitch d’affichage.
Glitch représente en radio le basculement de notre monde vers le numérique. Bien plus que certains programmes qui pensent porter le drapeau d’une nouvelle ère à coup de réseaux sociaux.
J’écoute Glitch sur mon vieil Acer Aspire 9420, attendant le moment où ma machine va percuter la bande son et créer son propre glitch par-dessus Glitch. Oui, car rapide point lexical, le “glitch” est d’abord une sorte de bug en langage informatique, le résultat inattendu d’un dysfonctionnement. Il peut-être auditif ou visuel, en témoigne les bugs d’affichage délibérément provoqués sur les pages internet de l’émission. Esthétisé, le glitch est devenu un art.
Je souhaitais vous en parler depuis un moment, puis ce fut la fête de la musique. La belle affaire, puisque l’émission s’est intégrée au programme spécial de Radio France, en version gonflée aux hormones. Surtout, il était temps. Glitch vient d’êtrerécompensé au festival de la radio de New-York, dans la catégorie “meilleure émission musicale régulière du monde”. L’expérience deviendra peut-être bientôt un phénomène de mode. Certains adeptes de la première heure craignent qu’elle se “démocratise”. Ils ne seront pas rassurés en apprenant que l’émission sera diffusée à 22 h, les samedis et dimanches, pendant tout l’été.
Le Glitch de la Fête de la musique
Le trou noir des ondes
C’était en mai dernier. Avec Vivien, nous rentrons de Cannes. Pendant les 1.000 km de route, nous slalomons entre les fréquences de maintes radios locales et nationales, de Radio Azur à France Inter en passant furtivement par RCF Lyon Fourvière et tant d’autres.
En noir sur la ligne d’horizon, les Tours Mercuriales. Crédits Gasdub sur Flickr
Sauf qu’à quelques mètres de l’arrivée, en plein cœur d’une des principales métropoles européennes, sur le périphérique parisien, Vivien me prévient “tu vas voir, ça va bientôt couper”. En cause, deux tours jumelles, les Mercuriales, plantées à Bagnolet, surmontées d’immenses antennes qui brouillent les communication à 2 km à la ronde.
Le Parisien a récemment publié un article sur ce petit scandale. “Les Sans-radio de l’Est parisien repartent au combat“, rappelle que la situation dure depuis dix ans. 40.000 foyers ne disposent que d’une bande FM amputée des fréquences allant de 87,5 à 100 Mhz. Comme le souligne le président de l’association des Sans-radio, Michel Léon, “on ferait ça à Neuilly, ça ne tiendrait pas cinq minutes.” Le CSA et TDF renvoient les habitants au lancement de la RNT, autant dire, aux calendes…
Grecs et toujours maltraités
La semaine dernière, j’ai longuement donné mon point de vue sur le sens de la coupure des émetteurs des télés et radios publiques en Grèce, par le gouvernement Samaras. La question a été rapidement éclipsée des média français. Pourtant, si le conseil d’Etat a bien retoqué cette fermeture unilatérale, lundi 17 juin, les émetteurs n’ont toujours pas été rallumés.
Au passage, ce serait se voiler la face que d’ignorer les sarcasmes de très nombreux internautes commentateurs. Si la fermeture de l’ERT suscite autant de moqueries, malgré l’atteinte franche à la liberté de la presse, c’est bien parce que le journalisme et les médias subissent une défiance généralisée. Nous devons absolument nous en soucier, car ce combat n’est pas corporatiste, loin de là.
France Culture, 50 ans
Heureusement, pour l’heure, dans l’hexagone, notre service public fonctionne toujours. Jeudi, France Culture a publié un beau livre anniversaire pour ses 50 ans, édité par Flammarion. De quoi faire le bonheur de Fanch Langoët, qui a interviewé les deux auteurs de l’ouvrage, Emmanuel Laurentin, producteur de La Fabrique de l’histoire et Anne-Marie Autissier, docteur en sociologie.
Fanch, fidèle parmi les fidèles, a livré son premier avis sur ce “bouc”. Quant à moi, néophyte parmi les néophytes, je viens de recevoir la somme et je vous en parlerai la semaine prochaine.
Plongeon dans le temps
D’un monde à l’autre, je ne peux pas faire l’impasse sur l’éternel retour de Max, l’animateur qui a bercé les nuits de millions de collégiens et lycéens, entre le milieu des années 1990 et le milieu des années 2000. Francki reprend les reines d’une quotidienne, non pas sur Fun Radio, pas plus sur Radio Néo, mais sur la webradio Prysm.
Amusant de noter que ses anciens compères du Starsystem, Manu et Reego, animent eux aussi une émission de radio (vraiment) libre, chaque jeudi après 22 h, sur leur propre webradio, nommée Les Sales Gueules. Les fans de Gérard de Suresnes préférons cette expérience trash à la libre antenne adolescente du boss déchu.
Hard news
En bref, on retiendra de la semaine passée qu’à Mayotte, la radio reste un marché oligopolistique très nettement dominé par… la télévision publique. Mayotte 1ère appartient en effet au groupe France TV et apparaît en tête de la dernière enquête de Médiamétrie.
L’association Radio Calvi Citadelle était sur la sellette, du fait d’un refus du Fonds de soutien à l’expression radiophonique, le Fser, de lui attribuer ses subventions vitales. Finalement, le tribunal administratif de Paris a tranché et donné gain de cause à la station, membre de la Fédération des radios associatives du Sud-est.
Europe 1, en perte de vitesse, peut toujours se targuer d’être leader sur la balladodiffusion. France Inter et RTL sont au coude à coude, devant France Culture. Les quatre stations se détachent très nettement de la concurrence.
Un feuilleton qui devrait nous occuper cet été, c’est celui de la reprise de Sud Radio. Le groupe Fiducial, de Christian Latouche, est sur les rangs. Or, le Comité d’entreprise de la station a donné un avis négatif et surtout, le CSA, dont l’avis peut bloquer le rachat, est ouvertement brocardé par Fiducial, vexé par le refus d’un dossier sur la TNT. C’est à lire dans Les Echos.
Le Pont du Rock détient l’une des plus belles programmations du grand Ouest. Chaque scène a sa pointure. Tenez plutôt : Kavinsky pour l’électro, Wax Tailor pour le hip-hop, Arno côté rock, Les Ogres de Barback pour la chanson française et The Bellrays pour le soul-punk.
C’est injustement que le festival, qui se déroulera les 26 et 27 juillet à Malestroit dans le Morbihan, reste dans l’ombre des plus grands, malgré son ancienneté. Tout ça pourrait bientôt changer. Interview de son programmateur, Tony Brulé.
Pourrais-tu nous raconter rapidement l’histoire du plus ancien festival breton de l’été, le Pont du Rock ?
Tout commence par un pont. Celui du 15 août 1989. Une bande de potes décident de secouer la torpeur de leur village, le Roc-Saint-André (à environ 10 km de Malestroit) en organisant un festival. Ils fondent une association, Les enfants du Roc’k en hommage à l’émission du même nom, diffusée sur Antenne 2 dans les années 1980.
Le festival se déroule au Roc-Saint-André jusqu’en 1992. Après deux années sans, il réapparaît en 1995 à Malestroit, avec la fusion de deux associations : Les Enfants du Roc’k et Malestroit Arts et Culture pour créer Aux Arts Etc., qui organise le festival jusqu’à aujourd’hui.
Mais non ! Le Pont du Rock n’a pas besoin de reconnaissance parisienne pour exister. (détournement chopé sur Facebook)
Comment le Pont du Rock a-t-il réussi à tenir aussi longtemps ?
Si le festival continue à exister, c’est par la motivation de nos membres et de nos bénévoles. On est des passionnés de musique et on continue à prendre énormément de plaisir à organiser notre festival.
Peux-tu nous présenter la programmation ?
Cette année, on a voulu mélanger des artistes confirmés comme Olivia Ruiz, Arno ou Wax Tailor à des groupes moins médiatisés. On a également voulu équilibrer la soirée du vendredi avec celle du samedi.
Le vendredi avec Wax Tailor, Kavinsky, Stupeflip et Breton entre autres, on n’avait jamais réussi jusque-là à caler une telle soirée et le samedi on a également une très belle prog’ avec Olivia Ruiz, Les Ogres de Barback, Arno et Féfé par exemple. On est très fiers de tous les groupes calés et pour nous, chaque groupe a été pleinement choisi. Il n’y a pas eu de choix par défaut.
Le visuel de cette année nous annonce une affiche rugissante. Qui, pour toi, est digne d’un tigre sur l’affiche ?
Le tigre cette année irait bien aux Jim Jones Revue, étant donné leur sauvagerie sur scène, un pur moment de Rock’n Roll.
La troisième scène c’est une manière pour vous de vous faire un peu plaisir en programmation avec des coups de cœurs ?
Le côté découverte nous a vraiment motivé et c’est pour ça que l’on a ajouté cette troisième scène sous chapiteau, car depuis quelques temps nous étions un peu frustrés de ne pas pouvoir caler certains groupes, faute de place.
En parlant de coups de cœurs, quel est LE groupe que tu attends de pied ferme cette année à Malestroit ?
Pour l’édition de cette année, j’ai déjà vu presque tous les groupes sur scène à part Carbon Airways, donc je dirais eux, même si tous les autres sont bons sur scène, ce qui est aussi un critère dans nos choix.
Souvent, les têtes d’affiche étrangères arrêtent leur tournée aux Vieilles Charrues.
Quelles sont les difficultés pour mettre en place une programmation comme la vôtre ?
Les difficultés pour notre programmation viennent en partie de notre date (26 et 27 juillet, NDLR), car beaucoup de têtes d’affiche étrangères ne sont pas en tournée fin juillet. Souvent, elles arrêtent leur tournée aux Vieilles Charrues et pour ceux qui y sont encore, ils jouent au Paléo Festival en Suisse le même week-end que nous.
Souffrez-vous de la concurrence des autres festivals et si oui, comment ?
Avec les autres festivals bretons, cela se passe bien, en général on réussit y à s’arranger.
La journée du vendredi était déjà vraiment bien… Et vous nous annoncez Kavinsky et Breton pour enfoncer le clou, pas mal non ?
Oui, on a eu de la chance de pouvoir caler ces deux artistes, même si cela nous à pris un certain temps, on voulait bien clôturer notre programmation et je pense que l’on y est parvenu.
L’association a-t-elle d’autres activités que le Pont du Rock sur l’année ?
Dans l’année, on organise le tremplin pour le festival, car pour nous, il est nécessaire de pouvoir aider un jeune groupe à se faire connaître.
Un scoop pour RockFanch ?
Pour l’édition de cette année, ce sont les Ogres de Barback qui nous ont directement contacté pour venir jouer et depuis le temps que l’on voulait les faire, on était assez flattés qu’ils nous choisissent.
Cette semaine, les ondes sont chargées d’électricité. La soudaine suppression de l’audiovisuel public grec bouleverse ma chronique comme elle bouleverse nos schémas de pensée. Vous m’excuserez, ou pas, mais exceptionnellement, je parlerai aussi des ondes télé.
Ainsi, la radio publique grecque n’existe plus depuis mardi, minuit. La radiotélévision publique grecque dans son ensemble est rayée de la carte, d’un trait de plume ministériel. En un soir, en une heure, rideau, poubelle. 2.600 salariés sur le carreau, vingt-cinq stations de radio bâillonnées, cinq chaînes de télé neutralisées, des archives livrées en pâture. Unilatéralement, sans le soutien de deux des trois partis de la coalition gouvernementale, le premier ministre Antonis Samaras a tranché dans le vif.
Désabusés, nous pourrions constater impassibles que ce n’est qu’une étape de plus dans le chemin de croix de la Grèce. Au chômage qui dépasse les 25 %, s’ajoutent des crises sanitaires, éducatives, sociales et sécuritaires.
En Grèce, on ne parle plus d'”extrême droite”, on parle d’un parti néo-nazi qui surfe sur les peurs pour obtenir 8 % des voix, peut-être bientôt le double et qui soit dit en passant soutient le coup d’état médiatique.
Dans ce sinistre tableau, la suppression du secteur public de l’audiovisuel grec est loin d’être un détail. L’accès à l’information y est d’une absolue nécessité. Malgré toutes les critiques faites à l’ERT sur le clientélisme qui y sévissait, offrir le monopole de l’information au secteur privé, intimement lié – comme en France – au pouvoir politique et au monde des affaires, défie les normes d’un État de droit. Avoir un service public de l’audiovisuel indépendant du pouvoir est pourtant un critère obligatoire pour intégrer l’Union européenne. La violence du procédé a au moins le mérite de lever toute ambiguïté.
Dans l’hypothèse la plus naïve, la politique imposée par la Commission européenne, le FMI et la Banque centrale européenne, le groupe des trois, nommé communément troïka, est irréfléchie. L’autre hypothèse étant qu’elle soit voulue. Aussi, notre Union européenne ne favoriserait ici rien de moins qu’une pratique dictatoriale, digne du temps des colonels.
Cette actualité grecque mérite toute notre attention. Pas seulement parce que nous ne sommes pas à l’abri, en tant que citoyens français, de connaître une pareille stratégie du choc. Pas plus parce que la Grèce est plus proche de nous que l’Érythrée ou la Birmanie. Mais parce que nous sommes responsables, en tant qu’Européens, du sort de nos concitoyens européens.
Arte s’est sentie bien seule dans son acte symbolique de solidarité, lorsque la chaîne a traduit son journal en grec, mercredi soir. Pourquoi Radio France ne figure pas dans la liste des groupes publics demandant la réouverture de l’ERT, qui compte notamment RFI, France Télévision, la RTBF et la RTS ?
Ce sont tous les journalistes, de tous les médias, qui devraient se lever, se mettre aux côtés des confrères qui occupent les locaux de l’ERT pour diffuser des programmes de résistance sur le web (télé et radio) et le satellite (lisez à ce propos l’enquête d’Arrêt sur Images). Et cela commence tout simplement par faire son métier : informer.
Le journal francophone de la radio associative Bubble.
Des étudiants de l’école de journalisme CFJ Paris sont allés rendre visite, en avril, à des bénévoles de Radio Bubble, à Athènes. Il s’agit de professionnels de la radio, qui ont quitté leur média d’origine par souci de retrouver une liberté d’expression et une indépendance vis-à-vis des politiques et des oligarques.
France Culture au Parisien, le choc des mondes ?
Puisque tous les médias se mélangent aujourd’hui, je souhaite revenir sur la très bonne initiative de France Culture. La station publique consacre des journées spéciales aux quotidiens papiers, que l’on sait en grande difficulté. Jeudi, c’est autour du Parisien – Aujourd’hui en France que les émissions ont tourné. La Croix et Libération y étaient déjà passées, l’Huma, Le Monde et Le Figaro suivront.
Notons que l’échange est réciproque, puisque les journalistes de France Culture interviennent également des les colonnes des journaux.
Pour les canards, il ne s’agit pas d’une simple opération de communication. La journée a permis de disséquer les contraintes propres au Parisien dans sa production de l’information, sa logique commerciale, et la confrontation entre sa ligne éditoriale “populaire” (c’est-à-dire avec beaucoup de faits divers) et la déontologie du métier. Pour cela, France Culture a monté son studio au cœur de la rédaction du Parisien. Les équipes de la radio y ont réalisé leurs émissions, de la matinale à La Dispute de 21 h.
Le traitement médiatique de la mort de Clément Méric par Le Parisien et ses concurrents a fait l’objet d’un débat au cours de l’émission Le Grand à moudre d’Hevé Gardette. Invité, Daniel Schneidermann, rédacteu en chef d’Arrêt sur Images, ne s’est pas privé de s’opposer à Henry Vernet, rédacteur-en-chef adjoint du Parisien.
Un œil ouvert
Didier François, grand reporter à Europe 1 et d’Edouard Elias, photographe, sont toujours portés disparus en Syrie.
Je publierai la suite de ma chronique dans quelques heures.
C’est après avoir enchaîné les salles de concerts et festivals avec son ancien groupe, Brooklyn, que l’on retrouve aujourd’hui Ben Ellis dans son projet solo. En solo, oui, mais toujours bien accompagné sur scène par des musiciens tout aussi talentueux. Et cela fonctionne.
Le groupe, formé par Ben, Étienne Loiseau (guitare), Sébastien Richelieu (basse) et Éléonore Tallet- Scheubeck nous offre une musique rythmée, pop, dansante. Bref, tout ce qu’on aime.
Cette formation, de tout juste neuf mois, nous fait découvrir une pop hyper dynamique et super bien rodée. Le fruit d’une musique quasiment complétement enregistrée/produite par Ben lui même. Des morceaux écrits sans prise de tête, selon l’inspiration du moment, les rêves de la nuit, les idées sorties de nulle part. Pour, au final, donner des sons qui te font bouger en même temps que te donner de l’espoir.
De l’espoir , du courage, de la volonté d’aller de l’avant. Oui. Et en particulier (gros coup de cœur) avec le titre « Into the light », disponible en ligne et bientôt sur le prochain EP. Des frissons, beaucoup de joie, beaucoup de plaisir.
Pour écouter quelques morceaux de plus, ça se passe ici et là.
En parlant EP, la qualité des sons se ressent aussi par le fait qu’il n’y ait « officiellement » qu’une seule chanson en ligne. Et, déjà, les concerts de la formation se remplissent plutôt très bien ! En plus de profiter de ce bouche à oreille fulgurant, Ben Ellis peut se vanter d’être hyper bien relayé via la presse (les Inrocks, notamment), Radio France ; ainsi que par les médias en ligne.
Côté concert, on retrouve le groupe à l’aise, hyper dynamique, qui nous offre jusqu’à trois percussions en même temps. Toujours très rythmé et hyper mélodique. Des chansons à texte soutenues par des refrains entraînants.
Bref, on aime, on danse dessus seul chez soi , avec des amis, en concert. Partout. Et ça fait du bien.
Côté actu, on attend avec impatience le premier EP, le 2 juillet, la sortie d’un clip tourné à Pékin, et la tournée de septembre à janvier pour soutenir l’EP.
« La musique comme un exercice de psychothérapie. »
L’actualité musicale est tellement dense à l’approche de l’été et de ses nombreux festivals qu’il en devient difficile d’opérer une sélection de sept vidéos pour cette semaine en musique. Dans ce numéro, vous avez le choix entre la case prison ou filer sur une route désertique. Pour Vampire Weekend et Suede, on a choisi de faire n’importe quoi pendant quelques minutes, histoire de se détendre. Il y a aussi du rêve et de l’amitié, le plus important.
Mon Pote – Flynt ft. Orelsan
Accompagné d’Orelsan, le rappeur parisien Flynt crée la sensation avec le clip de Mon Pote, une chanson tirée de son deuxième album, Itinéraire bis. Pendant plus de trois minutes, les deux hommes revisitent plusieurs scènes cultes du cinéma français et hollywoodien. Le duo évolue alors aux côtés des acteurs et dans les décors de Very Bad Trip, Men in Black, Pulp Fiction, Las Vegas Parano, La Haine, Les Visiteurs, Les Valseuses, et j’en passe. C’est le réalisateur Francis Cutter qui est derrière cette excellente idée. À vous de reconnaître toutes les scènes de la vidéo !
Kveikur – Sigur Rós
Le groupe Sigur Rós a révélé ces derniers jours la vidéo du titre Kveikur de l’album du même nom, qui sortira le mardi. Réalisé par Sarah Hopper, le clip est un avant-goût de l’habillage qui sera présent sur scène aux côtés de Jónsi et sa bande lors de la future tournée. Entre ombres et flou, on devine un cheval, des explosions, des flammes… Un univers bien étrange comme les Islandais savent en proposer depuis 1994. Cet été, ils seront notamment aux Nuits de Fourvière, le 30 juillet, à Lyon, leur seule date française.
Diane Young – Vampire Weekend
Après le clip de Ya Heyet la sortie de leur troisième album Modern Vampires Of The City le 14 mai, le groupe new-yorkais nous propose de découvrir une nouvelle réalisation de leur cru. Dans le clip de Diane Young, nous avons rendez-vous avec Léonard de Vinci et son célèbre tableau, La Cène, qui représente le dernier repas du Christ entouré de ses douze apôtres. Bon, ici, c’est une version très actuelle. Jésus est cagoulé, il joue sur son smartphone pendant que les apôtres font la fête, mâche des chewing-gums et dansent au son des guitares électriques. Où les voir en live ? Au festival Musilac le 14 juillet ou/et au Zénith de Paris le 21 novembre.
Hit Me – Suede
Les musées c’est pas trop votre tasse de thé ? Pour les deux protagonistes du dernier clip de Suede c’est également le cas. Alors pourquoi ne pas en faire qu’à sa tête ? Ajouter deux ou trois détails sur une peinture d’un siècle révolu, prendre un malin plaisir à détruire une installation contemporaine et le tour est joué ! Hit Me est le deuxième single de ce groupe de rock anglais et est extrait du nouvel album Bloodsports sorti en mars dernier. Prévenez les musées, j’arrive avec mes bombes pour faire de jolis graffitis.
Penny – Hanni El Khatib
Alors oui, l’Américain Hanni El Khatib assurera bien la première partie de Johnny Hallyday pour ses trois dates à Bercy le 14, 15 et 16 juin prochains, avant de se produire aux Vieilles Charrues en juillet. Bientôt des sosies d’Hanni et des reprises ratées de Penny par centaines ? Je n’espère pas. Dans cette dernière vidéo parue sur la toile, c’est ambiance gros bras et taulards, mais avec cet air entraînant, ils ont l’air presque sympathiques. Le morceau est présent sur le second album de l’artiste Head In The Dirt sortit le 22 avril dernier. You’re my perfect, my perfect, my perfect, my perfect little penny…
Fiction – The XX
Fiction de The XX est un nouvel extrait de leur deuxième album Coexist, sorti en septembre 2012. Pour ce clip, le chanteuse Romy Madley Croft et sa bande ont de nouveau eu recours aux services de Young Replicant, qui avait déjà planché sur la mise en images de Chained. Dans un univers sombre, tout en noir et blanc, le deuxième chanteur du groupe Oliver Sim est victime d’insomnies dans une maison des plus cossues tandis que ses acolytes Romy Madley Croft et Jamie Smith rêvent pour lui…. Planant, mais toujours aussi réussi. Cet été, rendez-vous pour Le Rock dans tous ses états pour avoir la chance d’apprécier leur travail en live.
I’m Waiting Here – David Lynch & Lykke Li
Une semaine après avoir annoncé l’arrivée dans les bacs, le 15 juillet prochain, de son deuxième album The Big Dream, David Lynch a mis en ligne le clip qui illustre son premier single I’m Waiting Here, sur lequel on trouve également la chanteuse suédoise Lykke Li et sa voix à tomber. Imaginée par cette dernière avec l’artiste Daniel Desure, la vidéo consiste en une longue promenade de six minutes dans le désert, le long d’une route sans un chat, jusqu’au crépuscule, puis la nuit. Allez, venez on prend la route avec eux pour découvrir où elle nous mène… À la semaine prochaine !
L’international domine cette chronique dominicale. Les émetteurs d’ondes courtes s’éteignent les uns après les autres, le changement de nom de Radio Canada provoque un débat national, tandis que des reporters risquent leur vie en Syrie. C’est une nouvelle semaine sur les ondes.
À la une
Savez-vous que l’hymne nord-coréen nous traverse tous les jours. Il est dans l’air, insaisissable, à moins de posséder un poste radio qui reçoit les ondes courtes.
Voice of Korea (j’en reparlerai prochainement), Iran French Radio, Radio Chine Internationale, mais aussi Radio Prague, la BBC, la Deutsche Welle, NHK World, Radio Prague et bien d’autres* diffusent des programmes en langue française grâce à des antennes gigantesques qui se trouvent parfois à des milliers de kilomètres des auditeurs. Les ondes courtes véhiculent autant la propagande que des informations vitales, dans des zones désertiques ou en guerre par exemple.
Sauf que celles qui ont connu leur heure de gloire pendant la guerre froide sont aujourd’hui en voie de disparition. Les réductions de coûts et les changements de stratégies ont eu raison de Radio Bulgaria, Radio Canada International et Radio Netherlands Worldwide ces derniers mois. L’épée de Damoclès plane aussi au-dessus de RFI.
Alexis Ipatovtsev l’avait regretté en janvier sur France Culture.
Le site Syntone vient de publier une interview passionnante de Thomas Witherspoon, fondateur et directeur de l’ONG Ears To Our World. Le radioamateur reste optimiste quant à l’avenir des ondes courtes. Il souligne qu’on “commence à utiliser les ondes courtes pour transmettre des données numériques vers des pays privés d’internet libre, comme la Chine”.
* Vous trouverez ici un annuaire des radios internationales qui proposent des programmes en langue française.
Hot news
Les noctambules français seront-ils bientôt désorientés ? Ceux qui ont l’habitude d’écouter les programmes de la nuit sur France Info connaissent les journaux de Radio Canada, qui sont diffusés comme ceux de la RTS et de la RTBF. Or, l’indicatif changera bientôt.
Les différentes chaînes francophones uniformiseront bientôt leur nom pour officiellement, donner une image plus dynamique au groupe. Les noms des radios et des télés commenceront par “Ici”. Arrêt sur Images relevait cette information vendredi. Le spot explicatif ne suffit pas à convaincre.
L’idée, qui coûte 400.000 $ rien qu’en dépenses de communication fait presque l’unanimité contre elle. Gouvernement, syndicats et auditeurs se rebiffent. Beaucoup craignent que ce soit une façon de mettre de côté le caractère national du diffuseur, dans un pays où la question de l’indépendance du Québecoise reste posée.
On l’a appris cette semaine, des Assises de la radio se tiendront “à l’automne prochain“. C’est ce qu’a annoncée la ministre de la culture Aurélie Filippetti lors des Assises de l’audiovisuel, au Grand Palais, à Paris. Ces assises devraient confronter les professionnels historiques de la radio, aux nouveaux venus de l’ère numérique.
Radio Campus Paris (93.9 FM, de 17 h 30 à 5 h 30) a fêté ses quinze ans, lundi, au cours d’une émission spéciale (à écouter ici). Laurent David des Inrocks a interviewé Felix Paties, le président de la radio étudiante. Preuve de l’intérêt des jeunes pour la radio, les propositions de bénévolat affluent.
Et puis le journaliste d’Europe 1 Didier François, grand reporter, habitué des zones de guerre a été enlevé par des hommes en armes en Syrie, jeudi. Il était en compagnie du photographe Édouard Elias et d’un assistant et traducteur. Le Quai d’Orsay n’a pas de nouvelles du groupe.
Didier François d’Europe 1 et Edouard Elias, journaliste indépendant, ont été enlevés jeudi en Syrie. DR
Michel Puech propose un portrait des deux français sur son blog. Leur travail relève de l’intérêt international. Comme leurs confrères américains, italiens et d’autres nationalités, ils doivent être libérés.
Décalage
Parmi les dizaines de Tumblr qui passent sur mon écran chaque semaine, “J’ai un physique de radio” m’a évidemment tapé dans l’œil pour son nom. Et parce que les journalistes aussi ont de l’autodérision.
Quand quelqu’un débouche une bouteille pour un pot – Tumblr “J’ai un physique de radio”
La France n’a pas que Mireille Mathieu et les Daft Punk qui s’exportent à l’étranger. Colt Silvers, dont l’album Red Penda est sorti en mars, commence à se faire un nom en outre-Rhin, où son indie rock à tendance électro est salué. Colt Silvers voyage comme ils nous font voyager. Le groupe revenait de la Grande Muraille de Chine quand Nicolas, alias Liet, le bassiste, nous a répondu. Y étaient-ils allés caresser les pandas ?
Pourquoi ce nom de Colt Silvers ?
Je ne sais plus… haha. Évidemment, c’est une référence à l’homme qui tombe à pic. On est fans. On préfère cette orthographe différente pour le côté cinéma, l’argent ajoute du danger. Le “Colt”, c’est le revolver certes, mais aussi le poulain. On est fascinés par les chevaux. On aime bien faire revenir ces thèmes, en clin d’œil. Silver Horses, c’est notre pamphlet sur l’album, le titre qui nous définit en opposition. Dans le clip d’As We Walk, Tristan met fin à ses jours avec un Colt argenté. Mais il n’y avait pas de balles dedans, hein.
Comment s’est formé le groupe ?
On s’est rencontrés au Festival du film fantastique de Strasbourg il y a cinq ans. Les premières discussions tournaient autour des zombies et de l’électro. On avait eu d’autres projets avant, chacun de son côté. Mais celui-là est passionnel, on s’aime vraiment.
Quelles sont vos influences ?
Notre influence majeure est le cinéma. On est très sensibles à l’image et l’imaginaire. Les films de Spielberg, Aronofsky, Gondry… L’année dernière on a créé un ciné-concert sur Blade Runner, c’était comme s’attaquer à un monstre pour nous. On aime les mélodies grandioses, qui te transportent. Sur Red Panda, on a eu recours à des orchestrations et des arrangements classiques pour certains titres. Après, tout ça est mêlé à notre background rock. On a grandi avec les sons de The Cure, Depeche Mode, Bowie, Peter Gabriel… puis on a écouté Daft Punk, The Faint, TV On The Radio…
Je ne sais pas si la France est exclusive, mais en tout cas, nous, on ne l’est pas.
Vous venez de Strasbourg, c’est rare de voir un groupe éclore là-bas. De la scène alsacienne on ne connaissait que Matt Pokora nous ?
Tu oublies Cookie Dingler là ! Ecoute, on espère que ça va se généraliser, et on fait tout pour au sein de notre label Deaf Rock Records, qui est plutôt un collectif quand on y pense. On essaye de faire les choses bien, entre potes, mais de manière professionnelle. Ça fait 3 ans maintenant qu’on en vit. Il se passe vraiment des trucs cool à Strasbourg, il y a énormément de bons groupes qui ne demandent qu’à exploser.
Le truc aussi ici, c’est qu’on joue sur les deux tableaux, il y a l’Allemagne juste à côté et on y tourne beaucoup, notre musique marche à fond là-bas. Alors je sais pas si la France est exclusive, mais en tout cas, nous, on ne l’est pas. Ça commence à bien prendre et ce n’est que le début on espère.
Vous aimez les pandas ?
On en profite pour faire un signe de la patte à tous nos lecteurs pandas. Ne lâchez rien !
On a un peu bloqué sur le panda roux, qui est une espèce vraiment à part. Plus proche du raton-laveur que du panda en fait. On aimerait en avoir un, mais c’est impossible. On est en contact avec le Red Panda Network, et on a fait apparaître une femelle du zoo d’Amnéville dans As We Walk. C’était super long à tourner, elle était super timide. Le soigneur l’attirait près du crâne, lentement, avec des grains de raisin. On était fascinés.
De quels groupes français (ou étrangers) vous sentez-vous les plus proches musicalement parlant ?
On se sent très proches de 1984, on se retrouve sur beaucoup de points dans notre façon d’écrire. On a d’ailleurs écrit le titre Youth avec Étienne, le chanteur. De manière plus générale, on aime l’approche des Shoes, très esthétique. Woodkid aussi, même si on n’a toujours pas écouté l’album. Et plus simplement, on a toujours aimé Daft Punk, Phoenix, Air…
Les Inrocks ont dit de vous que vous étiez la “Réponse française à Alt-J”, que pensez vous de cette comparaison ?
Alt-J, c’est très, très différent quand même. Mais on aime beaucoup leur album, alors tant mieux. Je trouve ça plus justifié pour Foals à la limite.
Vous avez même remixé leur titre Breezeblocks. Comment vous est venu l’idée ? Vous êtes fans du groupe ?
Quand on s’ennuie, on aime remixer des titres qu’on aime. Breezeblocks est super catchy, avec cette vibe hip-hop, mais ce chant qui reste très mélancolique. On voulait creuser.
Un scoop pour Rockfanch ?
As We Walk n’est pas le seul clip qu’on a tourné ce mois-ci !