Catégories
Écouter

Une rentrée sur les ondes #7 – 22 septembre

Une nouvelle saison sur les ondes a commencé. Votre chronique radio revient et innove. Comme il n’y a pas de joie sans effort, j’ai pris mon temps pour apprivoiser cette frise chronologique, qui, je l’espère, vous permettra de mieux comprendre et visualiser l’actualité de la radio. Revue de presse, extraits sonores, vidéos, tweets, photos, tout y est intégré. Elle vous rappellera peut-être ces vieux transistors sur lesquels on passait d’une station à l’autre en déplaçant une aiguille le long d’un bande FM matérialisée.

Cliquez ici pour ouvrir la frise chronologique en plein écran et profiter d’une meilleure expérience de lecture. Rafraichissez la page si la frise ne s’affiche pas.

Au programme de cette semaine, peu de création sonore et d’extraits d’émissions. Pas de conseil d’écoute ou de coup de gueule. On y viendra par la suite. L’actualité ayant été très dense, c’est le combat médiatique entre Arthur et Joël Ronez, pour respectivement Oüi FM et Le Mouv’ qui retient notre attention. Un bataille pour des fréquences qui soulève finalement de bonnes questions.

Le mois de septembre a été chargé. France Culture a soufflé ses 50 bougies en famille et en public, tandis que France Bleu Saint-Étienne naissait. L’internationale surgit dans cette revue de presse de la radio grâce à Rozana, radio libre qui enregistre ses programmes à Paris.

Le flux radio

 

 

Catégories
Écouter

Astropolis, adopolis

Mon Astropolis a commencé dans la navette pour le Manoir de Keroual. Le bus est bondé. Un grand noir avec un chapeau rose s’est assis sur mes genoux. La clope au bec, il provoque une copine à propos de la “MD”. Il est 23 h passé, j’ai d’ores et déjà raté Dope D.O.D, mais la nuit ne fait que commencer.

La pression est montée tout l’après-midi. Les rues de Brest se sont progressivement remplies de grappes de jeunes festivaliers. Les caissières des supérettes ont scanné des bouteilles à vitesse grand V.

Bien que le festival électro et techno, 19e du nom, ait commencé jeudi, avec le concert de Woodkid, dans la salle de la Carène, c’est ce samedi que se déroule son temps fort. Que dis-je ? Son sommet ! La célèbre nuit blanche du Manoir de Keroual. Quatre scènes, près de 30 sets et un parc métamorphosé pour l’occasion.

La queue aux guichets de Bibus à Brest. Astropolis 2013. Crédits La Déviation

Une fois les before finis, une belle foule converge vers la place de la Liberté, lieu névralgique de Brest, bien connu pour ses courses de caddies. Les quelques agents de Bibus en service, réfugiés dans leurs chalets tout droit sortis du marché de Noël, vendent tant bien que mal leurs tickets majorés.

La soirée se déroulant en périphérie de Brest, dans le bois de Keroual, la solution du bus est choisie par une majorité. Le voyage commence ici.

Dans une navette directrion le festival. Astropolis 2013. Crédits La Déviation

Dans le bus, donc, je saisis que la MD, dont mon voisin se vante de consommer en “ayant atteint un stade où il ne sent plus les effets”, ne fait pas référence à un antique enregistreur audio, mais bien au psychotrope connu sous le nom d’ecstasy.

Autour, les passagers sont parfois très jeunes et j’imagine que certains viennent fêter leur bac. Des jeunes filles retouchent leur maquillage, tandis que bouteilles et canettes passent de mains en mains. Peu avant d’arriver, la Marseillaise est reprise en cœur entre deux chansons paillardes. Qui a dit qu’on avait oublié les paroles ?

Autant de monde à l'extérieur qu'à l'intérieur du festival. Astropolis 2013. Crédits La Déviation

Sorti du bus, je retrouve Célia. Nous suivons la procession qui se forme, dans une atmosphère à la fois anxiogène et fascinante.

Certains festivaliers titubent au son des basses, d’autres courent, des filles sont allongées dans le fossé, que d’aucuns utilisent comme urinoir. Tenues classes et bariolées se mélangent.

Passage par le stand médias pour retirer nos accréditations. Astropolis 2013. Crédits La Déviation

Avec Célia, nous bifurquons à mi-parcours pour retirer nos accreds presse. Nous évitons ainsi la longue queue de l’entrée, ainsi que les fouilles. Des bénévoles, ravitaillés par une généreuse palette de boissons énergisantes, nous remettent nos bracelets blancs.

Après un tour de reconnaissance, mauvaise surprise, ceux-ci ne nous permettent pas d’accéder aux fosses. Adieu rêves de belles photos des DJ. “Il y a déjà trop de monde”, nous dit-on à l’accueil presse, alors que non, mais passons.

Les décorations sont un peu moins impressionnantes qu'il y a trois ans. Astropolis 2013. Crédits La Déviation

Parce que tout n’est pas perdu, nous cachons deux grandes et belles affiches du festival au milieu d’un buisson, en plein milieu du site. Depuis notre dernière visite il y a trois ans, le Manoir n’a guère changé. La décoration, qui joue pour beaucoup dans l’ambiance cosmique du festival me semble toutefois moins impressionnante.

Des boules enflammées, telles d’immenses flambeaux, éclairent un espace que nous avons connu surmonté d’un grand dôme métallique. Heureusement, les boules à facettes parsèment toujours le site, à commencer par le pigeonnier situé tout à l’entrée.

Notre nouvel ami avec son aligator en plastique. Astropolis 2013. Crédits La Déviation

Le public est quant à lui beaucoup plus dense qu’il y a trois ans. La météo a fait son œuvre et 10.000 teufeurs ont pénétré dans le jardin du Manoir ce samedi, alors qu’il fait sans doute toujours plus de 20°c.

Le revers de la médaille étant qu’il est très difficile d’approcher des scènes sans se séparer. C’est donc d’assez loin que nous assistons aux sets de Dirtyphonics, Kink et autre Gesaffelstein. Les jeux de lumière, sous les chapiteaux ou sur la façade du manoir, n’en rendent pas moins l’expérience planante et immersive.

Dans ce chaos sonore et visuel, je croise subrepticement deux potes du collège, perdus de vue depuis cinq ans. Encore cette fameuse faille temporelle dont on parle tant.

Célia s’accorde une pause entre deux sets. On s’assoie à côté d’un groupe de quatre raveurs qui sniffent leur coke pépère, avant de retourner danser. La scène est récurrente, nous en verrons d’autres. Ce qui n’empêche pas le festival de se dérouler, d’année en année, sans heurt ni accident.

Dirtyphonics sous le chapiteau Mekanik. Astropolis 2013. Crédits La Déviation

Nous nous remettons bientôt sur nos deux jambes. Après la cohue du chapiteau Mekanik, la scène la plus extrême, nous découvrons l’orgie dans la Cour, véritable goulot d’étranglement.

Il est 2 heures passées, Kink pousse les potards et ça envoie.

Disons-le, avec Célia, nous ne sommes pas du tout familier du genre. L’électro nous est presque étrangère le reste de l’année, mais nous remuons nos petits corps. Surtout, la programmation d’Astropolis, reconnue comme étant l’une des plus pointues de France et même d’Europe, nous laisse quelque peu dans la remorque.

La cour du Manoir de Keroual et son jeu de lumière. Astropolis 2013. Crédits La Déviation

C’est un peu comme aller au festival de Cannes sans aller au cinéma de l’année. Remarquez, je le fais aussi.

Ce n’est d’ailleurs que le lendemain que nous apprenons la double annulation de Sebastian et Digitalism, annoncée dans la nuit, et mal vécue par bon nombre de férus d’électro. Une sombre affaire d’avions que les organisateurs n’ont pas dû apprécier.

Quelques jeunes filles dansent dans l'encadrement d'une fenêtre du Manoir de Keroual. Astropolis 2013. Crédits La Déviation

Petits joueurs, nous quittons le site à 5 heures. Pas de nuit blanche, on a beau être dimanche, aujourd’hui c’est boulot. La rosée matinale n’a pas dégradé nos affiches. Les rouleaux sous le bras, on laisse Manu le Malin derrière nous. Les côtes Elisa do Brasil nous resteront inaccessibles cette fois.

La navette est bien plus calme qu’à l’aller. À pieds, dans Brest, nous voyons les astres, et au loin, un faisceau lumineux pointé depuis un bois, qui continue de danser.

Photos et vidéos Célia Caradec

Catégories
Écouter

Une semaine sur les ondes #6 – 23 juin

Dans mon bloc-notes cette semaine, il y a du bruit sur les ondes. Glitch se fait remarquer sur Le Mouv’. Faites corps avec votre machine pour une fête de la musique toute électronique. Les Sales gueules hurlent dans le poste pour la meilleure libre antenne du moment, certifié par les amateurs du putois sur Nanterre. L’est parisien et la Grèce ont un point commun, découvrez lequel.

À la une

Glitch, je souhaitais vous en parler depuis un moment. L’émission radicale du Mouv’, diffusée le vendredi soir à minuit, est un objet radiophonique non identifié. Difficile de la décrire, mais je vais m’y employer. Pendant une heure, une succession de séquences électroniques, tantôt mélodiques, tantôt dissonantes, prennent possession de l’antenne. Nos repères sont troublés, nos sens en éveil, l’heure est propice à la divagation.

Son animateur, Adrien Landivier, intervient parfois avec une voix robotisée pour présenter les artistes indépendants qui composent la playlist, quand ce ne sont pas des extraits de micro-trottoirs qui servent de transitions.

Glitch d'affichage sur la Joconde - La Déviation
Un glitch d’affichage.

Glitch représente en radio le basculement de notre monde vers le numérique. Bien plus que certains programmes qui pensent porter le drapeau d’une nouvelle ère à coup de réseaux sociaux.

J’écoute Glitch sur mon vieil Acer Aspire 9420, attendant le moment où ma machine va percuter la bande son et créer son propre glitch par-dessus Glitch. Oui, car rapide point lexical, le “glitch” est d’abord une sorte de bug en langage informatique, le résultat inattendu d’un dysfonctionnement. Il peut-être auditif ou visuel, en témoigne les bugs d’affichage délibérément provoqués sur les pages internet de l’émission. Esthétisé, le glitch est devenu un art.

Je souhaitais vous en parler depuis un moment, puis ce fut la fête de la musique. La belle affaire, puisque l’émission s’est intégrée au programme spécial de Radio France, en version gonflée aux hormones. Surtout, il était temps. Glitch vient d’être récompensé au festival de la radio de New-York, dans la catégorie “meilleure émission musicale régulière du monde”. L’expérience deviendra peut-être bientôt un phénomène de mode. Certains adeptes de la première heure craignent qu’elle se “démocratise”. Ils ne seront pas rassurés en apprenant que l’émission sera diffusée à 22 h, les samedis et dimanches, pendant tout l’été.

Le Glitch de la Fête de la musique

Le trou noir des ondes

C’était en mai dernier. Avec Vivien, nous rentrons de Cannes. Pendant les 1.000 km de route, nous slalomons entre les fréquences de maintes radios locales et nationales, de Radio Azur à France Inter en passant furtivement par RCF Lyon Fourvière et tant d’autres.

Tours Mercuriales à Bagnolet - La Déviation
En noir sur la ligne d’horizon, les Tours Mercuriales. Crédits Gasdub sur Flickr

Sauf qu’à quelques mètres de l’arrivée, en plein cœur d’une des principales métropoles européennes, sur le périphérique parisien, Vivien me prévient “tu vas voir, ça va bientôt couper”. En cause, deux tours jumelles, les Mercuriales, plantées à Bagnolet, surmontées d’immenses antennes qui brouillent les communication à 2 km à la ronde.

Le Parisien a récemment publié un article sur ce petit scandale. “Les Sans-radio de l’Est parisien repartent au combat“, rappelle que la situation dure depuis dix ans. 40.000 foyers ne disposent que d’une bande FM amputée des fréquences allant de 87,5 à 100 Mhz. Comme le souligne le président de l’association des Sans-radio, Michel Léon, “on ferait ça à Neuilly, ça ne tiendrait pas cinq minutes.” Le CSA et TDF renvoient les habitants au lancement de la RNT, autant dire, aux calendes…

Grecs et toujours maltraités

La semaine dernière, j’ai longuement donné mon point de vue sur le sens de la coupure des émetteurs des télés et radios publiques en Grèce, par le gouvernement Samaras. La question a été rapidement éclipsée des média français. Pourtant, si le conseil d’Etat a bien retoqué cette fermeture unilatérale, lundi 17 juin, les émetteurs n’ont toujours pas été rallumés.

Au passage, ce serait se voiler la face que d’ignorer les sarcasmes de très nombreux internautes commentateurs. Si la fermeture de l’ERT suscite autant de moqueries, malgré l’atteinte franche à la liberté de la presse, c’est bien parce que le journalisme et les médias subissent une défiance généralisée. Nous devons absolument nous en soucier, car ce combat n’est pas corporatiste, loin de là.

France Culture, 50 ans

Heureusement, pour l’heure, dans l’hexagone, notre service public fonctionne toujours. Jeudi, France Culture a publié un beau livre anniversaire pour ses 50 ans, édité par Flammarion. De quoi faire le bonheur de Fanch Langoët, qui a interviewé les deux auteurs de l’ouvrage, Emmanuel Laurentin, producteur de La Fabrique de l’histoire et Anne-Marie Autissier, docteur en sociologie.

France Culture 50 ans - Flammarion - La Déviation

Fanch, fidèle parmi les fidèles, a livré son premier avis sur ce “bouc”. Quant à moi, néophyte parmi les néophytes, je viens de recevoir la somme et je vous en parlerai la semaine prochaine.

Plongeon dans le temps

D’un monde à l’autre, je ne peux pas faire l’impasse sur l’éternel retour de Max, l’animateur qui a bercé les nuits de millions de collégiens et lycéens, entre le milieu des années 1990 et le milieu des années 2000. Francki reprend les reines d’une quotidienne, non pas sur Fun Radio, pas plus sur Radio Néo, mais sur la webradio Prysm.

Manu dans Les Sales Gueules - La Déviation

Amusant de noter que ses anciens compères du Starsystem, Manu et Reego, animent eux aussi une émission de radio (vraiment) libre, chaque jeudi après 22 h, sur leur propre webradio, nommée Les Sales Gueules. Les fans de Gérard de Suresnes préférons cette expérience trash à la libre antenne adolescente du boss déchu.

Hard news

En bref, on retiendra de la semaine passée qu’à Mayotte, la radio reste un marché oligopolistique très nettement dominé par… la télévision publique. Mayotte 1ère appartient en effet au groupe France TV et apparaît en tête de la dernière enquête de Médiamétrie.

L’association Radio Calvi Citadelle était sur la sellette, du fait d’un refus du Fonds de soutien à l’expression radiophonique, le Fser, de lui attribuer ses subventions vitales. Finalement, le tribunal administratif de Paris a tranché et donné gain de cause à la station, membre de la Fédération des radios associatives du Sud-est.

Le patron d’Europe 1, Denis Olivennes, n’y va pas par quatre chemins pour justifier la campagne de com’ autour du nom de Thomas Sotto, futur présentateur de la matinale. “C’est à cause du système déclaratif de la mesure d’audience par Médiamétrie. Pour que les sondés puissent cocher la bonne case, toutes les radios ont intérêt à communiquer sur un horaire et un nom, point barre“, dit-il à Aude Dassonville, pour Télérama. Quand Olivennes qualifie Europe 1 d'”insolente”, là par contre, on se pince.

Europe 1, en perte de vitesse, peut toujours se targuer d’être leader sur la balladodiffusion. France Inter et RTL sont au coude à coude, devant France Culture. Les quatre stations se détachent très nettement de la concurrence.

Un feuilleton qui devrait nous occuper cet été, c’est celui de la reprise de Sud Radio. Le groupe Fiducial, de Christian Latouche, est sur les rangs. Or, le Comité d’entreprise de la station a donné un avis négatif et surtout, le CSA, dont l’avis peut bloquer le rachat, est ouvertement brocardé par Fiducial, vexé par le refus d’un dossier sur la TNT. C’est à lire dans Les Echos.

Le flux radio

Catégories
Écouter

Une semaine sur les ondes #5 – 16 juin

Cette semaine, les ondes sont chargées d’électricité. La soudaine suppression de l’audiovisuel public grec bouleverse ma chronique comme elle bouleverse nos schémas de pensée. Vous m’excuserez, ou pas, mais exceptionnellement, je parlerai aussi des ondes télé.

Ainsi, la radio publique grecque n’existe plus depuis mardi, minuit. La radiotélévision publique grecque dans son ensemble est rayée de la carte, d’un trait de plume ministériel. En un soir, en une heure, rideau, poubelle. 2.600 salariés sur le carreau, vingt-cinq stations de radio bâillonnées, cinq chaînes de télé neutralisées, des archives livrées en pâture. Unilatéralement, sans le soutien de deux des trois partis de la coalition gouvernementale, le premier ministre Antonis Samaras a tranché dans le vif.

Désabusés, nous pourrions constater impassibles que ce n’est qu’une étape de plus dans le chemin de croix de la Grèce. Au chômage qui dépasse les 25 %, s’ajoutent des crises sanitaires, éducatives, sociales et sécuritaires.

En Grèce, on ne parle plus d'”extrême droite”, on parle d’un parti néo-nazi qui surfe sur les peurs pour obtenir 8 % des voix, peut-être bientôt le double et qui soit dit en passant soutient le coup d’état médiatique.

On n’y parle plus de “défaillances du système de santé”, on parle de 57 % d’augmentation du nombre de séropositifs en un an. Même l’Onu déplore la politique d’austérité, qui détruit le pacte social. Cette austérité n’est pas “improductive”, elle est mortelle.

Dans ce sinistre tableau, la suppression du secteur public de l’audiovisuel grec est loin d’être un détail. L’accès à l’information y est d’une absolue nécessité. Malgré toutes les critiques faites à l’ERT sur le clientélisme qui y sévissait, offrir le monopole de l’information au secteur privé, intimement lié – comme en France – au pouvoir politique et au monde des affaires, défie les normes d’un État de droit. Avoir un service public de l’audiovisuel indépendant du pouvoir est pourtant un critère obligatoire pour intégrer l’Union européenne. La violence du procédé a au moins le mérite de lever toute ambiguïté.

Dans l’hypothèse la plus naïve, la politique imposée par la Commission européenne, le FMI et la Banque centrale européenne, le groupe des trois, nommé communément troïka, est irréfléchie. L’autre hypothèse étant qu’elle soit voulue. Aussi, notre Union européenne ne favoriserait ici rien de moins qu’une pratique dictatoriale, digne du temps des colonels.

Cette actualité grecque mérite toute notre attention. Pas seulement parce que nous ne sommes pas à l’abri, en tant que citoyens français, de connaître une pareille stratégie du choc. Pas plus parce que la Grèce est plus proche de nous que l’Érythrée ou la Birmanie. Mais parce que nous sommes responsables, en tant qu’Européens, du sort de nos concitoyens européens.

Arte s’est sentie bien seule dans son acte symbolique de solidarité, lorsque la chaîne a traduit son journal en grec, mercredi soir. Pourquoi Radio France ne figure pas dans la liste des groupes publics demandant la réouverture de l’ERT, qui compte notamment RFI, France Télévision, la RTBF et la RTS ?

Ce sont tous les journalistes, de tous les médias, qui devraient se lever, se mettre aux côtés des confrères qui occupent les locaux de l’ERT pour diffuser des programmes de résistance sur le web (télé et radio) et le satellite (lisez à ce propos l’enquête d’Arrêt sur Images). Et cela commence tout simplement par faire son métier : informer.

Le journal francophone de la radio associative Bubble.

Des étudiants de l’école de journalisme CFJ Paris sont allés rendre visite, en avril, à des bénévoles de Radio Bubble, à Athènes. Il s’agit de professionnels de la radio, qui ont quitté leur média d’origine par souci de retrouver une liberté d’expression et une indépendance vis-à-vis des politiques et des oligarques.

France Culture au Parisien, le choc des mondes ?

Puisque tous les médias se mélangent aujourd’hui, je souhaite revenir sur la très bonne initiative de France Culture. La station publique consacre des journées spéciales aux quotidiens papiers, que l’on sait en grande difficulté. Jeudi, c’est autour du Parisien – Aujourd’hui en France que les émissions ont tourné. La Croix et Libération y étaient déjà passées, l’Huma, Le Monde et Le Figaro suivront.

Notons que l’échange est réciproque, puisque les journalistes de France Culture interviennent également des les colonnes des journaux.

France Culture fait cause commune avec Le Parisien - Aujourd'hui en France - La Déviation

Pour les canards, il ne s’agit pas d’une simple opération de communication. La journée a permis de disséquer les contraintes propres au Parisien dans sa production de l’information, sa logique commerciale, et la confrontation entre sa ligne éditoriale “populaire” (c’est-à-dire avec beaucoup de faits divers) et la déontologie du métier. Pour cela, France Culture a monté son studio au cœur de la rédaction du Parisien. Les équipes de la radio y ont réalisé leurs émissions, de la matinale à La Dispute de 21 h.

Le traitement médiatique de la mort de Clément Méric par Le Parisien et ses concurrents a fait l’objet d’un débat au cours de l’émission Le Grand à moudre d’Hevé Gardette. Invité, Daniel Schneidermann, rédacteu en chef d’Arrêt sur Images, ne s’est pas privé de s’opposer à Henry Vernet, rédacteur-en-chef adjoint du Parisien.

Un œil ouvert

Didier François, grand reporter à Europe 1 et d’Edouard Elias, photographe, sont toujours portés disparus en Syrie.

Je publierai la suite de ma chronique dans quelques heures.

Le flux radio

Catégories
Écouter

Une semaine sur les ondes #4 – 9 juin

L’international domine cette chronique dominicale. Les émetteurs d’ondes courtes s’éteignent les uns après les autres, le changement de nom de Radio Canada provoque un débat national, tandis que des reporters risquent leur vie en Syrie. C’est une nouvelle semaine sur les ondes.

À la une

Savez-vous que l’hymne nord-coréen nous traverse tous les jours. Il est dans l’air, insaisissable, à moins de posséder un poste radio qui reçoit les ondes courtes.

Voice of Korea (j’en reparlerai prochainement), Iran French Radio, Radio Chine Internationale, mais aussi Radio Prague, la BBC, la Deutsche Welle, NHK World, Radio Prague et bien d’autres* diffusent des programmes en langue française grâce à des antennes gigantesques qui se trouvent parfois à des milliers de kilomètres des auditeurs. Les ondes courtes véhiculent autant la propagande que des informations vitales, dans des zones désertiques ou en guerre par exemple.

Sauf que celles qui ont connu leur heure de gloire pendant la guerre froide sont aujourd’hui en voie de disparition. Les réductions de coûts et les changements de stratégies ont eu raison de Radio Bulgaria, Radio Canada International et Radio Netherlands Worldwide ces derniers mois. L’épée de Damoclès plane aussi au-dessus de RFI.

Alexis Ipatovtsev l’avait regretté en janvier sur France Culture.

Le site Syntone vient de publier une interview passionnante de Thomas Witherspoon, fondateur et directeur de l’ONG Ears To Our World. Le radioamateur reste optimiste quant à l’avenir des ondes courtes. Il souligne qu’on “commence à utiliser les ondes courtes pour transmettre des données numériques vers des pays privés d’internet libre, comme la Chine”.

* Vous trouverez ici un annuaire des radios internationales qui proposent des programmes en langue française.

Hot news

Les noctambules français seront-ils bientôt désorientés ? Ceux qui ont l’habitude d’écouter les programmes de la nuit sur France Info connaissent les journaux de Radio Canada, qui sont diffusés comme ceux de la RTS et de la RTBF. Or, l’indicatif changera bientôt.

Les différentes chaînes francophones uniformiseront bientôt leur nom pour officiellement, donner une image plus dynamique au groupe. Les noms des radios et des télés commenceront par “Ici”. Arrêt sur Images relevait cette information vendredi. Le spot explicatif ne suffit pas à convaincre.

L’idée, qui coûte 400.000 $ rien qu’en dépenses de communication fait presque l’unanimité contre elle. Gouvernement, syndicats et auditeurs se rebiffent. Beaucoup craignent que ce soit une façon de mettre de côté le caractère national du diffuseur, dans un pays où la question de l’indépendance du Québecoise reste posée.

On l’a appris cette semaine, des Assises de la radio se tiendront “à l’automne prochain“. C’est ce qu’a annoncée la ministre de la culture Aurélie Filippetti lors des Assises de l’audiovisuel, au Grand Palais, à Paris. Ces assises devraient confronter les professionnels historiques de la radio, aux nouveaux venus de l’ère numérique.

Radio Campus Paris (93.9 FM, de 17 h 30 à 5 h 30) a fêté ses quinze ans, lundi, au cours d’une émission spéciale (à écouter ici). Laurent David des Inrocks a interviewé Felix Paties, le président de la radio étudiante. Preuve de l’intérêt des jeunes pour la radio, les propositions de bénévolat affluent.

Et puis le journaliste d’Europe 1 Didier François, grand reporter, habitué des zones de guerre a été enlevé par des hommes en armes en Syrie, jeudi. Il était en compagnie du photographe Édouard Elias et d’un assistant et traducteur. Le Quai d’Orsay n’a pas de nouvelles du groupe.

didier-françois-edouard-elias-la-deviation
Didier François d’Europe 1 et Edouard Elias, journaliste indépendant, ont été enlevés jeudi en Syrie. DR

Michel Puech propose un portrait des deux français sur son blog. Leur travail relève de l’intérêt international. Comme leurs confrères américains, italiens et d’autres nationalités, ils doivent être libérés.

Décalage

Parmi les dizaines de Tumblr qui passent sur mon écran chaque semaine, “J’ai un physique de radio” m’a évidemment tapé dans l’œil pour son nom. Et parce que les journalistes aussi ont de l’autodérision.

Quand quelqu’un débouche une bouteille pour un pot - "J'ai un physique de radio"
Quand quelqu’un débouche une bouteille pour un pot – Tumblr “J’ai un physique de radio”

Restez connectés et à la semaine prochaine !

Le flux radio

Catégories
Lire

Le Quatre Heures, “que la forme serve le fond”

On connaissait le slow food et le slow travel, voici maintenant la slow info. Treize jeunes journalistes, tout juste diplômés du CFJ Paris, ont lancé Le Quatre Heures, le 29 mai, un site de grand reportage qui offre le temps de digérer l’information sur Internet. Ce qui est pour l’heure un projet étudiant pourrait devenir dans quelques mois une entreprise médiatique, si tant est que des investisseurs se manifestent. 

Le parti pris est radical. Graphiquement, le site se présente sans page d’accueil. Il s’ouvre sur le dernier reportage publié. La navigation se fait sans clic, seulement au scroll de la souris. Une barre latérale peut toutefois être déployée par les lecteurs pour accéder aux reportages précédents. On est très loin de la course aux clics à coups de titres optimisés pour le référencement par Google et de papiers prêts à mâcher.

Le Basque Romain Jeanticou est l’un des fondateurs du Quatre Heures. Âgé de 23 ans, ce passionné de la scène punk et alternative se verrait bien travailler dans une rédaction américaine. Après un stage au Monde, il enchaîne cet été par deux mois à France TV Info. Il travaillera à la rentrée au Parisien, grâce au Prix de l’innovation qu’il vient de remporter, pour son idée de rubrique communautaire et participative autour de la culture locale,  inspirée du site Last.fm.

Slow interview.

D’où vient ce projet du Quatre Heures ?

Le projet est né en janvier 2013. Nos enseignants du CFJ nous ont demandé “à quoi ressemblerait le média de vos rêves ?”. Nous, on s’est rendu compte que ce qu’on aimait dans le journalisme, c’était vraiment le terrain, le grand reportage, le long court, raconter des histoires, faire quelque chose d’assez immersif. Des revues comme XXI n’ont pas d’équivalent sur le web.

Le Quatre Heures - La DéviationDonc on a eu cette volonté de faire du grand reportage sur Internet. On s’est dit qu’aujourd’hui pour que ça marche, il fallait utiliser les outils du web au maximum, c’est-à-dire faire du multimédia à fond, faire de la belle photo, faire de la vidéo, faire du son. Et surtout faire un site qui serve l’histoire, que la forme serve le fond.

On voulait un site sur lequel les gens puissent prendre le temps de lire une histoire et de rentrer dans l’histoire. On a cherché à faire quelque chose de très esthétique, pour que les gens aient envie de resteret de lire l’histoire, que ce soit beau et immersif. C’est pour ça que notre page est techniquement très, très simple. Il n’y a pas de menu, pas de lien, pas de barre de navigation, etc. Il n’y a pas non plus de clic à faire. Les vidéos et les sons se lancent tout seuls. C’étaient un peu les motivations derrière ce projet.

Vous avez travaillé avec un graphiste (Grégory Leduc) et un développeur (Jonathan Fallon). Quelle place ont-ils exactement dans ce projet ?

Pour la version bêta, les treize membres de la rédaction ont fait six reportages, qui sont publiés chaque semaine. Le graphiste est un intervenant de l’école. Il est intervenu après les reportages. Il n’est pas journaliste, donc il avait un point de vue uniquement esthétique. Plus qu’un graphiste on a dit qu’il était directeur artistique, car il s’est aussi occupé de voir si les photos et les vidéos étaient bien, si tout était en harmonie visuellement.

Je le connaissais car je suis aussi l’auteur d’un webdoc qui s’appelle Le Mystère de Grimouville (produit grâce aux dons des internautes, NDLR) et je travaille avec lui.

Et le développeur c’est pareil. Il est arrivé une fois qu’on avait fait les reportages. On lui a donné notre cahier des charges. On lui a dit qu’on voulait de la parallaxeL'effet de parallaxe dans la conception web est la technique qui permet de faire déplacer des images disposées sous différentes couches. L'interaction se fait à partir de la souris ou du scroll afin de créer un effet de vitesse/perspective pour donner une illusion agréable et intéressante de 3D., etc. Et lui est intervenu dans les dernières semaines. Pour nous c’était important d’avoir quelqu’un qui fasse les finitions.

Après les six semaines de bêta, que va devenir Le Quatre Heures ?

Là, c’est une version bêta qui est financée par le CFJ (la directrice de publication est Julie Joly, directrice de l’école parisienne, NDLR). Ça comprend les reportages et le développement. L’objectif avec la bêta c’est de trouver des financements, des bourses, créer une communauté pour pouvoir lancer un vrai média. Que Le Quatre Heures devienne un vrai média, qui fonctionne comme une rédaction et non plus un projet étudiant.

Quel serait votre modèle économique ?

Pour l’instant on cherche des financeurs. On aimerait obtenir des bourses d’entrepreneuriat. Avec cette version bêta, à la fin des six semaines, on enverra des sondages aux lecteurs, pour savoir si ils sont prêts à s’abonner et combien ils seraient prêts à donner.

transexpress-le-quatre-heures-la-deviation
Le deuxième reportage du Quatre Heures porte sur les transsexuelles en Turquie, qui subissent une atroce répression policière encouragée par l’État.

Selon si on arrive à trouver des financements, on pourrait faire du crowdfunding, avec une collecte sur Kiss Kiss pour financer non pas le site, mais les reportages. Parce qu’évidemment il y a les reportages à l’étranger, qui sont super chers. Aucun média ne paye des reportages comme ça, chaque semaine, ce serait impossible. Au niveau du coût ce n’est pas du tout rentable.

Dans l’absolu ce qu’on aimerait faire, c’est qu’il n’y ait pas de publicité, pas d’annonceur, qu’on ne soit pas dépendants éditorialement parlant d’entreprises et que le site ne soit pas pollué par des pubs. Ça fonctionnerait donc sur le système d’abonnement. Les gens payeraient soit à l’unité le reportage, ou alors à l’année. On voudrait quelque chose qui ne soit pas très cher. Et on garderait le principe du reportage chaque mercredi, à seize heures.

C’est important de créer un rendez-vous ?

Oui, ça a pas mal marché. On s’est rendu compte que les gens aimaient bien ce concept de rendez-vous. Sans aller jusqu’au goûter, on n’a pas non plus jouer à fond sur le truc culinaire. C’est mieux que d’envoyer des papiers qui tombent dans tous les sens.

On veut prendre le temps de rentrer dans des histoires. Les gens apprécient qu’on casse la frénésie du “tout info”.

Quels retours avez-vous quelques jours après le lancement ?

On a quelques médias qui commencent à nous contacter. Le premier jour on a eu un peu plus de 1.000 visiteurs uniques. On était assez satisfaits car il n’y a pas eu de buzz particulier pour annoncer le lancement. On a envoyé des dossiers de presse aux médias. Les retours sont positifs, on est contents.

Les gens trouvent ça beau, un peu nouveau et intéressant dans le fond. Nous, on a un parti pris, c’est de ne pas faire du “tout info”, avec des alertes actu. On veut casser le rythme de l’actualité et de l’info en continu. On veut prendre le temps de rentrer dans des histoires, dans des thèmes, à fond, sur le terrain. Les gens apprécient qu’on casse la frénésie du “tout info” et qu’on vienne leur raconter des histoires.

Le site s’inscrit dans le mouvement de la slow info. Quelle consommation as-tu personnellement des sites d’information ?

Je ne suis pas très représentatif, je pense, de mes collègues. Je suis assez branché réseaux sociaux, j’y passe du temps. Les infos qui tombent tout le temps je les vois, mais je les lis peu.

Par contre effectivement, depuis qu’on est dans ce projet, on guette un petit peu les innovations dans le reportage sur le web. Donc nous, clairement dans ce projet, on a été influencés par Snow Fall, qui est un projet du New York Times. Qui a non seulement fait le buzz, car ça a ramené beaucoup de visiteurs, qui sont venus pour voir la gueule que ça avait, mais qui en plus était un objet journalistique hyper réussi, hyper abouti, qui a gagné un prix Pulitzer. C’est du journalisme dans sa plus belle forme et c’est ça qui nous a donné envie.

snow-fall-la-deviation
Le New York Times a mis en ligne Snow Fall le 20 décembre 2012. Le reportage raconte le récit d’un groupe de skieurs surpris par une avalanche. Les infographies, vidéos et photographies côtoient le texte sans prendre le dessus et de façon très esthétique. Pendant six mois, 17 personnes ont travaillé sur ce projet, qui a valu un prix Pulitzer à John Branch.

Non seulement il revient aux sources du journalisme, c’est à dire le terrain, mais en plus avec les outils d’aujourd’hui. C’est ce qu’on voulait faire avec Le Quatre Heures, dans le fond, revenir aux fondamentaux du journalisme, c’est pour nous là où on prend le plus de plaisir. Faire du reportage, ça nous paraît vraiment indispensable, mais en plus utiliser le multimédia et les réseaux sociaux.

Au fur et à mesure qu’on a commencé le projet, on a vu que tout le monde tâtonnait un peu et essayait de faire ça. L’Équipe a lancé L’Équipe explore. Ça ne nous a pas influencé, car on était déjà partis, mais ça nous a conforté dans l’idée que les gens voulaient de longs reportages. Il y en a eu plus à l’étranger qu’en France.

lequipe-explore-la-deviation
L’Équipe Explore, nouvelle rubrique du quotidien sportif L’Équipe, a mis en ligne le portrait de l’alpiniste Carlos Soria, le 26 avril 2013. D’autres volets sont prévus.

Là où on veut être innovants, c’est qu’on veut lancer un média que ne fasse que ça. Que du slow info et que du reportage, une fois par semaine.

Pourquoi, selon toi, les médias français sont si lents à innover ?

Je pense que depuis le début du numérique et la chute des journaux papier, les médias sont un peu en panique sur Internet. À la fois ils ne savent pas où aller et à la fois ils partent dans tous les sens. Comme ils voient les lecteurs partir, ils tentent un peu tout, et dès qu’il y a un truc qui marche, ils s’y ruent à fond sans recul.

Au niveau du slow info, je crois que maintenant tous les médias travaillent là-dessus. Le Monde.fr a récemment sorti un papier sur le gaz de chiste aux États-Unis qui ressemble à Snow Fall avec du multimédia et du long reportage.  Je sais que Libé travaille là-dessus aussi et Rue89 aussi, il me semble, mais ils n’ont rien sorti pour l’instant.

Le plus grand défi, c’est d’arriver à faire lire les gens du long sur leur écran d’ordinateur.

Clairement c’est dans les tuyaux et il y a une demande des internautes de lire des histoires sur leur ordinateur avec du multimédia. Le plus grand défi, c’est d’arriver à faire lire les gens du long sur leur écran d’ordinateur. C’est quelque chose que quasiment personne n’arrive à faire.

Notre version bêta ne marche que sur ordi, elle n’est adaptée ni pour les tablettes, ni pour les mobiles. On n’en a ni les moyens, ni le temps. Mais dans l’absolu, on voudrait que Le Quatre Heures soit adapté multisupports, car aujourd’hui les gens vont lire sur leurs tablettes. J’imagine que les gens ne vont pas le lire à l’arrache en marchant ou en réunion, mais si ils veulent le lire sur leur canapé, sur leur tablette, c’est vraiment ce qu’on vise.

Je pense que pour les mobiles, c’est un peu plus compliqué, car c’est petit et c’est long à scrollerAnglicisme informatique - Faire défiler verticalement le contenu d'un document sur un écran d’ordinateur à l'aide de la molette d'une souris, d’un pavé tactile (touchpad, trackpad), mais également sur un écran tactile de téléphone portable ou de tablette à l’aide d’un doigt.. Moi bizarrement j’aime bien lire sur mon mobile plutôt que sur mon ordi, mais je pense que les tablettes se prêtent encore mieux à ce profil.

Les deux premiers reportages en Grèce et en Turquie sont à découvrir sur Le Quatre Heures. Pour découvrir les prochains, rendez-vous chaque mercredi, à 16 heures.

Vous pouvez découvrir l’équipe du Quater Heures en action dans cette vidéo :

Catégories
Écouter

Une semaine sur les ondes #3 – 2 juin

Passé, présent, futur. C’est ainsi qu’il faut comprendre cette chronique de fin de saison. Le passé et le présent, c’est Le Jeu des 1000 €, qui fonctionne depuis plus de 55 ans, malgré le passage des générations. Le présent, c’est aussi La Radio cousue main, émission en direct sinon rien. L’avenir, ce sont les bouleversements de grille à Europe 1, les rachats de stations et un projet de docu sur une radio de brousse africaine très alléchant.

À la une

Je fais très attention à ne pas transformer ma chronique en communiqué de presse au service des Nouveaux médias de Radio France. Pourtant, je dois bien reconnaître que je parle beaucoup de leurs productions. Elles le méritent et je risque de ne pas m’arrêter là, vu le planning prévisionnel  de l’équipe de Joël Ronez.

Cette semaine, Le Jeu des 1000 € a eu le droit à son webdoc. “Le Jeu des 1000 histoires” n’est pas qu’un hommage au programme historique de la chaîne, qui existait déjà à l’époque de Paris Inter, en 1958. L’émission, présentée depuis 2008 par Nicolas Stoufflet, est un prétexte pour plonger dans la France rurale. Ces petits patelins qui s’animent au passage du Tour de France, du cirque Pinder et donc de la Caravane de France Inter. C’est un road-movie des salles des fêtes et des théâtres municipaux, qui passe par les Ardennes et les Alpes, avant de faire étape avenue du Général Mangin, à Paris.

Le docu est composé d’une trentaine de séquences de trois minutes chacune, qui s’emboîtent au hasard d’un clic. Il permet, entre autres, de découvrir l’humour de Yann Pailleret, producteur et métalophoniste de l’émission, qui exerçait déjà avec Lucien Jeunesse. Le film met en valeur beaucoup d’images fixes. Normal, puisqu’il est réalisé par le photographe Philippe Brault.

Je vous propose ci-dessous de découvrir trois séquences.

J’aime à me souvenir qu’une des banderoles du jeu trône toujours, trois ans après le passage de l’émission, dans un “haut lieu” de Lannion.

Mercato show

La constance du Jeu des 1000 € n’est pas une généralité dans le monde de la radio. Il est donc temps de faire un rapide point mercato. Rapide, car je ne voudrais pas consterner longtemps certains lecteurs, mais nécessaire, car les transferts disent beaucoup des évolutions des chaînes.

La rédaction d’Europe 1 est particulièrement tourmentée. Le pari de Fabien Namias et de Denis Olivennes est de s’appuyer sur des têtes connues pour remonter la courbe de Médiamétrie. La radio n’avait pas connu d’écoute aussi faible depuis 2002. Un homme de télé, Thomas Sotto remplacera Bruce Toussaint, qui n’a pas été reconduit à la présentation de la matinale, faute d’audience. Le rendez-vous n’a pas eu le temps de s’installer. Toussaint est resté deux ans à la matinale. On sait pourtant que la radio est le média de la fidélité.

Wendy Bouchard, qui présente Zone Interdite sur M6, arrive à la midinale, actuellement dirigée par Patrick Roger.

Samuel Étienne remplacera pour l’été Natacha Polony, dans l’exercice de la revue de presse. Il officiera également dans Des cliques et des claques, en début de soirée. Avant de se voir confier une émission à la rentrée ?

Thomas-Sotto-Capital-La-Deviation
Thomas Sotto et Wendy Bouchard arriveront à la rentrée sur Europe 1. Deux nouvelles têtes d’M6 recrutées par Fabien Namias.

Cyril Hanouna, qui a le vent en poupe grâce à son arrivée réussie sur D8, prendra la case de Michel Drucker en fin de matinée. Il quitte donc Virgin Radio, du même groupe Lagardère, sur laquelle il assure la matinale jusqu’à la fin de la saison. Il produira l’an prochain sa comparse Énora Malagré, propulsée sur la libre antenne nocturne de Virgin. Elle aura pour concurrents Cauet, sur NRJ et l’immuable Difool, sur Skyrock.

Pour avoir une idée de la direction que veut prendre Europe 1, il faut savoir que Nicolas Escoulan, rédacteur en chef du Grand Journal, va devenir l’adjoint de Fabien Namias. Un choix qui lui évitera de voir l’émission de Michel Denisot faire sa saison de trop ?

Jean-Marc Morandini, lui, sera toujours là.

Sur France Inter, la matinale devrait être un peu remaniée. Non seulement, Pascale Clark ne conduira plus l’interview de 7h50, (elle devrait toutefois poursuivre la présentation de Comme on nous parle), mais en plus, Colin et Mauduit arrêtent leur pastille humoristique de 7h57. Leur concept est finalement arrivé “au bout du rouleau“, comme l’écrivait Télérama en mars.

Jacques Legros, connu pour être le joker de Jean-Pierre Pernault au 13 H de TF1, ainsi que pour ses émissions trash, arrive cet été sur France Info, pour parler de… faits divers.

Enfin, Michael Youn est pressenti sur Fun Radio, de septembre à décembre, pour animer la nocturne. Lui qui a commencé sa carrière sur Skyrock à la fin des années 1990, juste avant d’être révélé par le Morning Live d’M6, reviendrait donc pour une pige de luxe.

Hot News

Une autre voix va changer d’habitudes. Fabienne Sintes quitte Washington, où elle réalisait la correspondance aux Etats-Unis pour France Info. Elle s’adresse dans une lettre pleine d’humour à son successeur, tout en peignant le tableau d’un pays de “zozos dont on croit qu’ils nous ressemblent parce que nous sommes pétris de leur culture, mais qui n’ont souvent rien de commun avec nous”. Fabienne Sintes sera dès la rentrée aux commandes du 8-10 de France Info.

tendance-ouest-cherbourg-la-deviation
La radio Tendance Ouest s’est infiltrée dans la base navale de Cherbourg, pour réaliser un dossier sur les professions de la marine. Crédits Tendance Ouest

La base navale de Cherbourg ouvre ses portes au public ce dimanche. L’événement était relayée par Tendance Ouest, la station privée normande en pleine croissance. Au-delà de l’opération de communication, les journalistes ont pu rencontrer les militaires en amont, pour réaliser des portraits de ces hommes et femmes, d’ordinaire discrets dans les médias. Le dossier sonore et visuel est à consulter sur le site de la radio.

Alouette est la petite station qui monte. La radio vendéenne, créée par Philippe de Villiers en 1981, vient de racheter Tempo la radio (Finistère) et Magic la Radio (Creuse). Elles devraient dans un premier temps garder leurs noms, produire un programme d’actualités locale, mais diffuser le programme musical d’Alouette. Alouette dépasse régulièrement le point d’audience au niveau national, ce qui lui permet d’apparaître dans les résultats de Mediamétrie.

Au chapitre des rachats, Radio Bonheur s’est emparée de Canal Centre, à Carhaix. La radio a pris vendredi le nom de Radio Douceur, puisque le CSA lui a interdit de devenir Radio Bonheur. Radio Chaleur, Radio Sueur, Radio Serveur… on imagine les déclinaisons possibles des prochains rachats.

Le CSA a distribué ses cartons jaunes et rouges de fin de saison. Ouï FM, Contact, Hot Radio, Littoral FM, Nice Radio et Toulouse FM reçoivent une mise en garde pour un taux de diffusion des chansons françaises trop faible. Skyrock est mis en demeure pour avoir diffusé des propos pornographiques avant 22 heures. La routine. RTL est également mise en demeure pour avoir accordée trop de temps à l’opposition parlementaire.

Il semble que la tension soit vive dans les Hautes-Alpes, entre Alpes 1 et D!ci Radio, deux catégories B très semblables par leur contenu et leur couverture. La création de D!ci TV, dont le lancement est prévu pour septembre sur la TNT, ne semble pas du goût d’Alpes 1, qui laisse entendre qu’il y aurait un scandale autour des subventions attribuées par les collectivités locales, dans un article publié sur son site.

Radio Classique s’essaye à un type de communication original et underground : le concert dans le métro. C’était mardi, station Auber.

Soutien

Vous vous souvenez peut-être du webdocumentaire Kinshasa FM, qui racontait le travail difficile de deux journalistes en République Démocratique du Congo. Et bien, un autre projet de documentaire, dans ce même pays d’Afrique centrale, a vu le jour. Il s’agit de Radio Congo.

Le réalisateur Philippe Ayme veut raconter l’histoire de Radio Nsemo, une radio communautaire de brousse, qui émet depuis le village d’Idiofa, dans la province du Bandundu. Un moteur fonctionnant avec l’huile de palme produite dans le village doit être prochainement installé. Il permettra à la radio de ne plus être dépendante en énergie de l’extérieur et donc d’informer bien plus longuement ses auditeurs. Ce qui, dans un pays en guerre, est d’une importance encore plus cruciale que sous nos latitudes.

Je vois, dans ce projet documentaire, un film politique, humain et poétique, une fenêtre à la taille d’un village, au champ transversal qui me permet de poser un regard attentif sur une initiative originale, participative et citoyenne en République Démocratique du Congo. En filmant l’histoire d’une radio, de sa difficulté de fonctionner jusqu’aux solutions apportées, je filme des hommes en train de rebâtir leur société. Philippe Ayme

Philippe Ayme compte sur la solidarité des internautes pour financer en partie ce documentaire. Il a déjà reçu l’appui d’associations et de diffuseurs potentiels.

radio-congo-la-deviation
Cliquez sur l’image pour accéder au Kiss Kiss Bank Bank du projet.

Temps long

Il est temps d’éteindre votre écran. Pas votre ordinateur, simplement l’écran, une fois que vous aurez fini de lire ces lignes. La Radio cousue main est une émission diffusée régulièrement sur Radio Campus Paris, dans la tranche de Récréation sonore. Découverte pour ma part, de visu, lors du festival Longueurs d’Ondes à Brest, elle a été présentée dans l’Atelier du son de Thomas Baumgartner, le 24 mai.

L’idée, née l’été dernier, au cours d’un atelier Phonurgia Nova à Arles, est de “revenir à la radio essentielle des origines”, sans montage, en mono et avec un seul micro. Et si je m’exprime mal, je me repose sur l’équipe de La Radio cousue main, qui écrit que si “vous ne comprenez rien à ce programme ? C’est normal nous non-plus.”

Bonne écoute et à dimanche prochain !

Le flux radio

Catégories
Écouter

Une douzaine sur les ondes #2 – spécial Cannes

Une fois Cannes débarrassée des images de son tapis rouge, du Grand Journal et des yachts plaqués or, on parle enfin de cinéma. Si un média peut mieux que tout autre délaisser les dorures pour traiter vraiment du 7e art, c’est bien celui qui stimule l’imaginaire, c’est bien la radio. Voici ce qu’il ne fallait pas rater de la douzaine cannoise sur les ondes.

La meilleure initiative web touchant au festival n’est pas sonore, mais elle est due à Radio France. Le groupe public a dépêché les dessinateurs Catherine Meurisse (à La Déviation, on l’aime bien) et Erwann Surcouf sur la Croisette pour qu’ils croquent les scènes de la vie médiatique cannoise. Un reportage dessiné dans les coulisses, à l’image du travail réalisé par Mathieu Sapin pendant la campagne présidentielle. Erwan Surcouf avait déjà collaboré avec Boulet pour couvrir le festival 2012 dans les mêmes conditions. Ses anciens dessins sont visibles sur son blog.

Pour avoir parcouru les mêmes chemins cannois que Meurisse et Surcouf, sans y trouver plus qu’eux ma place, je peux vous garantir que leurs dessins touchent juste. Les scènes cocasses décrites ne sont même pas caricaturales, tant ce festival offre à chaque coin de couloir des situations qui sortent de l’ordinaire. Leur travail se savoure sur ce site, par ordre chronologique et complété par des tweets de festivaliers, eux aussi souvent bien sentis. La meilleure trace à garder de ce grand cirque. À moins que vous ne préfériez les billets quotidiens d’Antoine Guillot sur France Culture.

itineraireauditeurbis-2

Le cinéma inspire souvent les réalisateurs… de radio. Ainsi, cette liste d’émissions au noms évoquant des films, proposée par Le Transistor.

Les archives d’Arte Radio nous permettent de faire un bon dans le passé. Encore faut-il savoir que les reportages d’Arte ont une décennie, car les indices sont minces pour le deviner. Les photo-amateurs sur escabeau qui n’ont pas mis les pieds dans une salle obscure depuis trente ans, les professionnels du cinéma qui se plaignent de la piètre qualité du marché, les critiques qui se souviennent, nostalgiques, du temps où Cannes était une fête avant d’être une salle des ventes géante, etc. Tous sont encore présents aujourd’hui. Cannes, serait-ce éternellement mieux avant ?

Depuis 2003, Arte a semble-t-il lâché l’affaire de la radio pendant le festival pour se concentrer sur le nautisme.

arte-cannes-la-deviation

Parmi les émissions qui parlent de cinéma à la radio, on ne peut pas zapper Le Masque et la plume, émission créée neuf ans après le premier festival de Cannes, c’est-à-dire il y a 58 ans !

Le concept des chroniqueurs qui éparpillent les sorties de la semaine façon puzzle a fait des petits chez les cinéphiles. Je citerai en priorité Extérieur nuit, chaque mercredi, à 20 h, sur Radio Campus Paris. L’occasion de faire un clin d’œil à cette radio associative étudiante qui fête cette semaine ses quinze ans.

Ses chroniqueurs iront peut-être un jour sur Télérama Radio pour opérer le même exercice, dans l’émission Séance tenante, dont plusieurs numéros ont été réalisés pendant Cannes 2013.

Petite annonce : cherche le nom d’une émission entièrement consacrée aux sorties cinéma, écoutée par hasard à Bruxelles, un début d’après-midi, en décembre, sur une radio associative aux moyens limités (la diffusion avait été interrompue soudainement, puis le top horaire de 14 h avait été remplacé par celui du 21 h). L’émission, très longue, interminable même, valait autant par la passion de ses chroniqueurs que par leur savoureux accent. S’agissait-il de Radio Alma, Radio Panik, Radio Campus ou d’une autre station ? Merci d’éclairer ma lanterne. #passérieuxsabstenir

Petit détour par les alpages pour finir. Vous aurez le plaisir de découvrir l’émission Chinese Theater sur la RTS. Catherine Fattebert revient sur des films qui ont marqué leur art, chaque samedi et dimanche. Un très bon prétexte pour réviser l’Histoire. Ce dimanche, c’est “The Servant”, de Joseph Losey, qui est à l’honneur.

Cette chronique reprendra son format normal dimanche prochain. En attendant, si vous me lisez de nuit, n’oubliez pas d’allumer France Info pour écouter sa bande son spéciale musique de films !

Le flux radio

Catégories
Écouter

Une semaine sur les ondes #1 – 12 mai

La radio a pris le temps de souffler cette semaine. Le mercato attendra bien que l’on traverse le pont. Et lorsqu’on parle de reprendre sa respiration, c’est vers France Culture qu’on se tourne. Le retour au pouvoir des socialistes était à l’honneur cette semaine. L’occasion d’ouvrir le placard aux archives. Ce temps retrouvé permet de s’ouvrir vers des écoutes inattendues. Vous ferez bien un voyage dans la soucoupe d’Archeotronics.

À la une

Avec le printemps revient le temps des festivals. Nous en parlons abondamment sur ce site et je n’en remettrais pas une couche si la série d’émissions proposées par CulturesMonde de France Culture n’en valait pas la peine. En quatre tables rondes de 50 minutes, Florian Delorme et ses invités, souvent des chercheurs, ont tenté de comprendre quelles étaient les particularités de ces événements. Comment se différencient-ils des agendas culturels ? Quelles sont leurs origines ? Véhiculent-ils toujours des protestations, des revendications ?

Je vous invite particulièrement à écouter cette émission consacrée aux festivaliers. D’aucuns se reconnaîtront. Pour écouter l’ensemble de la série, rendez-vous sur le site de l’émission.

Hot news

Avec ce “plus long pont de l’année”, que certains grincheux voudraient sabrer, la semaine médiatique a été bien calme. Heureusement, il y avait un anniversaire, celui de l’élection de François Hollande. Les généralistes n’ont pas laissé passer cette chance de se remettre dans le bain si grisant de la présidentielle. Europe 1 a ainsi consacré une journée spéciale, le 6 mai, à la première année d’exercice du pouvoir par le socialiste.

Le Secret des Sources de France Culture a pris l’angle de la communication et du rapport du chef de l’Etat aux journalistes pour analyser cette année de présidence. Le bilan est aussi sévère que sur le plan économique et social. Possible que ça aille de pair, d’ailleurs.

Il y a deux ans, France Culture s’intéresait à une autre présidentielle. Celle conclue le10 mai 1981. La station a permis de revivre l’élection du premier socialiste président de la République grâce à un tout sonore sur cette soirée électorale, précieuse pièce d’histoire. Emmanuel Laurentin partait du postulat que malgré les 32 petites années qui nous séparent du 10 mai 1981, tant l’arrivée des chars russes sur les Champs-Elysée en que l’espoir des ouvriers nous paraissent étrangers.

La série d’émissions est à écouter sur Radio Fanch, qui y consacre un billet.

Et puis tiens, comme on parle d’histoire sur le service public, je partage avec vous ce portrait de Jean Lebrun (accès abonnés), également lisible dans le supplément Télévision du Monde. Où l’on apprend que celui qui s’amusa beaucoup sur France Culture, présente en parallèle de la Marche de l’Histoire, Les Frères Jean, une émission de discussion avec les Français, sur la télévision costarmoricaines (on y retourne toujours) Armor TV.

C’est aussi cette semaine que la radio des Hauts de Rouen, connue sous l’acronyme HDR, s’est retrouvée contrainte de lancer une souscription publique sur Ulule. “HDR doit aujourd’hui régler une dette de 30.000 euros par an, sur 6 ans, dans le cadre d’un redressement, en partie provoqué par le retard de versement de fonds européens en 2008”, explique la station associative.

En quelques jours, près de la moitié des 5.000 € recherchés ont été apportés par des auditeurs, tandis qu’une pétition a déjà recueilli 1.763 signatures (au 11 mai). Deux concerts de soutien auront lieu les 31 mai et 14 juin.

radio-hdr-rouen

Temps long

Et maintenant, parlons d’un métier en voie de disparation. Cela se passe dans le charmant village de Saint-Ouen. Anita était vendeuse des postes de radio et de pièces détachés pour transistors depuis trente ans. Sa boutique a fermé fin mars. Un reportage de Charlène Nouyoux.

Un bien beau métier.

Pour les amoureux du son qui grésille, voici une pépite. Archeotronics est une émission mensuelle “dédiée à l’archéologie des médias sonores et à leurs manipulations”. Une présentation qui a le mérite d’être très floue, pour vous laisser le plaisir de découvrir un montage sonore… stupéfiant.

archeotronics

Dans le rétro

L’Ina a eu l’excellente idée de créer une chaîne de vidéos d’archives consacrées à la naissance des radios libres. Les radios pirates, telles qu’on les appelait à la fin des années 1970, se sont imposées dans le paysage médiatique par la force.

L’Institut national de l’audiovisuel n’offre malheureusement pas la liberté d’intégrer ces vidéos en dehors de Youtube. Il vous faudra vous résoudre à les regarder de ce côté.

Décalage

Un clin d’œil amusant.

On termine cette semaine sur les ondes par une note d’humour, qui fait aussi réfléchir quant au formatage des radios. Le Transistor consacre un billet aux parodies. Bien qu’Hervé semble nostalgique de l’époque de Nuls, il a trouvé sur la radio Couleur 3 une case qui mérite de tendre l’oreille. Voici l’un des “décrochages” proposés par la chaîne suisse. Je vous laisse chercher quelle émission est ici parodiée. Rendez-vous dans les commentaires. Un indice, elle est diffusée des deux côtés des Alpes. Pour en écouter d’autres, filez sur Le Transistor. On se retrouve dans une semaine pour une chronique spéciale cinéma en direct de Cannes. En attendant, voici un avant-goût. C’est une question à laquelle j’essayerai de répondre qui était posée sur Europe 1 hier : le festival de Cannes a-t-il pris un coup de vieux ?

Le flux radio

Catégories
Agiter Lire

« Y’a autant de Plogoff que de gens qui ont vécu les événements »

C’est une bande dessinée engagée que signent le dessinateur Alexis Horellou et sa compagne Delphine Le Lay. Le récit d’une part de l’histoire contemporaine de la Bretagne, racontée du côté des militants antinucléaires. Ces militants, ce sont les habitants de Plogoff, ce village de la Pointe du Raz, qui s’est soulevé, il y a plus de trente ans, contre l’implantation d’une centrale nucléaire sur ses terres.

C’est l’histoire érigée en légende des Plogoffites. De leur prise de conscience des dangers de l’atome, au moment où la Bretagne se lasse de laver ses côtes souillées par le pétrole, au renoncement de l’État sous la nouvelle présidence Miterrand, en 1981. Des années marquées par des combats épiques contre les forces de l’ordre, des rassemblements géants qui marquent les débuts de l’écologie politique, mais aussi des coup de blues et des trahisons. “Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait“, aurait pu écrire d’eux Mark Twain. Delphine Le Lay souhaitait mettre en valeur cet exemple de résistance populaire. Interview.

Sylvain Ernault – Vous êtes originaire de Quimper, mais vous n’aviez qu’un an lors des événements de Plogoff. Qu’est-ce que cette lutte représente pour vous ?

Delphine Le Lay.
Delphine Le Lay est née à Quimper en 1979. Après de multiples expériences professionnelles, elle rencontre Alexis Horellou, dessinateur de bandes dessinées, à Bruxelles, en 2007. Elle met ainsi le pied dans le monde la BD.

Delphine Le Lay – C’était vraiment une légende pour moi Plogoff, le petit village d’irréductibles qui avait résisté à l’envahisseur et qui était sorti vainqueur ; ça n’allait pas très loin, mais ça faisait rêver. Et puis il y a deux ans, il y a eu évidemment la catastrophe à Fukushima et puis en même temps Plogoff fêtait ses trente ans. Là, j’ai entendu une émission de radio qui retraçait les événements. Ça m’a éclairé et ça m’a enthousiasmé bien plus. J’ai découvert une mobilisation, un acte de désobéissance civile très fort et qui était arrivé à une victoire.

Votre ouvrage s’inscrit dans un corpus déjà assez riche, il y a déjà eu un film, des reportages télé, des livres…

…Mais pas encore de BD. Voilà c’est chouette, on est contents de compléter le tableau. J’ai lu, je le pense, tous les ouvrages qui existent sur le sujet et chacun apporte, je trouve, un éclairage différent sur les événements. Il y a deux reportages (télé, NDLR) et chaque personne qui s’est intéressée au sujet pour un média ou pour un autre apporte quelque chose de différent et j’espère qu’on apporte aussi un éclairage par la BD.

Vous avez été surprise de la violence de l’opposition entre les antinucléaires et les policiers, lors de l’enquête d’utilité publique, au printemps 1980 ?

Oui, c’est même choquant. Le film des Le Garrec (Des Pierres contre des fusils, NDLR) est vraiment étonnant. Je le dis assez souvent, même c’est vrai que si notre génération n’avait eu que les témoignages des gens qui ont vécu les événements, moi je ne les aurai pas cru. Je me serais dit “oui bon, l’émotion prend le dessus. Ils ont cru qu’ils allaient mourir mais c’était pas vrai“. En fait quand on voit les images et le son du film des Le Garrec on se dit “mais c’est dingue“, c’est vraiment des scènes de combat et d’affrontements hyper violents et qui n’ont pas eu lieu qu’à Plogoff. Dans d’autres endroits aussi.

“Trois ans après Creis-Malville,
ils faisaient la même à Plogoff.
C’est dingue, c’est énervant en fait.”

À Creis-Malville il y a eu un mort, et c’était trois ans avant les événements à Plogoff, et quelqu’un était déjà tombé, un manifestant sous les grenades offensives des gardes mobiles. Trois ans après, ils faisaient la même à Plogoff et c’est dingue, c’est énervant en fait. Du coup c’est chouette si cette histoire peut en réveiller d’autres et se transmettre.

Plogoff de Delphine Le Lay et Alexis Horellou, affrontements.
De nombreuses pages sont sans dialogue, laissant parler les images qui sont souvent très fortes. Elles laissent aussi une grande place aux paysages.

Nicole et Félix Le Garrec ont écrit la préface de votre BD. Ils sont donc les auteurs d’un film, réalisé pendant la guérilla rurale qui s’est tenue pendant l’enquête d’utilité publique dans le canton de Plogoff en 1980. Comment ont-ils apprécié votre ouvrage ?

Eux, je crois qu’ils sont contents de passer le flambeau, d’après ce qu’ils mettent dans leur préface. Et puis ils sont contents qu’on s’y soit intéressés. Ils y voient un intérêt que des jeunes générations, qui n’ont pas connu les événements, s’emparent du sujet et le racontent. Et puis à la fois que ce soit une BD parce que c’est aussi un médium qui est approché par d’autres générations, par des gens qui ne se sont peut-être pas intéressés par le sujet et qui par la BD vont y venir.

Après, j’ai des retours de gens qui ont vécu les événements et la plupart disent qu’ils s’y retrouvent bien et ils reconnaissent bien les événements et l’ambiance de l’époque et, du coup, on est contents de ne pas avoir trahi les personnes, que ce soit juste.

Vous rencontrez de nouveaux témoins des événements depuis la sortie du livre ?

J’ai rencontré des gens en dédicace. Alexis est allé à Rennes et ensuite, ensemble, on est allés à Brest et à Quimper. On a rencontré des gens qui ont vécu les événements, même parfois très proches. Il y a un tas d’anecdotes qui sont revenues et que j’ignorais, donc je crois que je n’ai pas fini d’en apprendre sur le sujet. Je crois qu’il y a autant de Plogoff que de gens qui ont vécu les événements. C’est assez marrant.

“Un deuxième tome ?
C’est une idée que je laisse à d’autres.
Mais bon, pourquoi pas ?”

J’ai découvert un tas de documentation supplémentaire. On pourrait presque faire un autre livre, avec tout ce que je recueille en dédicaces pour l’instant (rires).

Un deuxième tome, c’est une idée !

Une idée que je laisse à d’autres. Mais bon, pourquoi pas. Il y a encore beaucoup à dire sur le sujet, j’ai dû quand même faire des choix et je n’ai pas pu tout raconter. Déjà tout ce que je savais, je n’ai pas pu tout raconter, alors tout ce que j’ignorais et que j’apprends maintenant, c’est très riche.

Vous avez des contacts avec des policiers qui se sont opposés aux Plogoffites, parfois violemment, pendant l’enquête d’utilité publique ?

Non, je n’ai pas de contact. Je n’ai pas cherché à en avoir parce que leur point de vue était mis en images dans le documentaire de Brigitte Chevet, qui a fait un reportage vingt ans après les événements, et qui est allée à la rencontre de différents acteurs de tous bords. Donc ça rend son reportage très intéressant.

Bon, j’avais ce point de vue là, je devais choisir une trame, donc je suis restée sur ma lignée de départ. Par contre, des gens qui ont vécu les événements m’ont dit que de leur point de vue – c’est un témoignage qui revenait souvent – certains gardes mobiles n’étaient pas bien d’être là.

C’était compliqué pour eux à vivre, ils étaient là parce que c’était leur métier et qu’ils devaient le faire, mais ils étaient mal à l’aise et pas très heureux d’être là. Ça, je l’ai mis dans l’histoire parce que ça me semblait important. Ça revenait beaucoup. C’était pas eux les méchants, en tout cas pas tous (rires), malgré les apparences.

Plogoff de Delphine Le Lay et Alexis Horellou, affrontements.
Les violences policières et le désiquilibre d’armement avec les manifestants antinucléaire est abondamment illustré.

Plogoff reste une lutte emblématique pour les écologistes et altermondialistes bretons. Comment vous l’expliquez ?

Même au niveau national ça reste le combat populaire contre le nucléaire qui a été finalement victorieux. Il n’y a pas eu de centrales à Plogoff. Après, c’est à mettre un peu en demi-mesure parce qu’il y a eu un certain nombre d’éléments qui se sont bien accordés et puis une conjoncture qui a fait qu’en fin de lutte, la victoire est arrivée.

La mobilisation n’a pas été aussi simple que ça. C’est pas comme je le pensais enfant, une bande d’habitants de Plogoff qui ont jeté quelques cailloux à la tête des CRS et les CRS qui ont dit “d’accord on s’en va“. Ça a été, évidemment, bien plus complexe que ça, bien plus long et il y a eu beaucoup d’acteurs qui ont tissé la mobilisation, mois après mois, années après années et puis le contexte politique de la fin avec l’élection de Mitterrand qui a fait que l’opportunité était là, après cette résistance, de finalement mettre un terme au projet.

“C’est plein d’espoirs et, en même temps,
on se rend compte que c’est compliqué,
le pouvoir est quand même très fort.”

Donc ça reste une lutte emblématique au niveau de la Bretagne, mais aussi hors de la Bretagne ; et au niveau du nucléaire et au niveau de toutes les oppositions qu’on peut avoir envie de faire vivre. Celle-ci a abouti par plein d’événements intéressants. C’est pas si simple de réussir une mobilisation comme ils ont réussi la leur. Il a fallu pas mal d’ingrédients qui se connectent les uns avec les autres et au bon moment pour arriver à ça. C’est plein d’espoirs et, en même temps, on se rend compte que c’est compliqué, le pouvoir est quand même très fort.

Mitterrand avait promis que Plogoff ne se ferait pas, mais vous rappelez que depuis 1982, 39 réacteurs ont été mis en service en France.

Malgré des oppositions aussi, des gens se sont opposés partout où des centrale devaient être construites et dans les territoires frontaliers des centrales. Le Luxembourg, l’Allemagne, l’Italie, la Suisse ont soutenu la France dans ces oppositions. Pour le coup, ça ne s’est pas passé comme à Plogoff…

Plogoff de Delphine Le Lay et Alexis Horellou, manifestation.
Plogoff, ce furent aussi des fêtes et des manifestations géantes, tenues sur ce bout du monde qu’est la Pointe du Raz.

Malgré la promesse de Mitterrand, d’autres projets de centrales ont été sérieusement étudiés en Bretagne. Finalement, c’est la catastrophe de Tchernobyl qui a réglé la question. Dans ce flou, comment avez-vous décidé de poser le crayon ?

Le nucléaire en Bretagne - Sortir du Nucléaire
Le nucléaire est bien présent en Bretagne, en particulier à l’Île Longue, près de Crozon. Cliquez sur l’image pour l’agrandir. Crédits Sortir du Nucléaire

Le sifflet de l’arbitre, c’était clairement Mitterrand, malgré le fait qu’il y a eu des rebondissements après ça, la fin n’a pas été aussi simple que ça effectivement. Pour installer quelque chose en Bretagne, depuis c’est compliqué. Je pense qu’on montre les dents assez facilement sur ce territoire là, surtout qu’il y a quand même du nucléaire en Bretagne, militaire ou civil.

Dans l’écriture de la BD, ça s’arrête à 81. En 81, Mitterrand dans ses propositions il y a une proposition qui a trait aux énergies. Ça coupe là et après on arrive à 2012, puisque c’est en 2012 qu’on a terminé notre album. On fait le bilan de la situation énergétique en France, avec 39 réacteurs nucléaires depuis et puis un référendum qu’on attend toujours, des crédits alloués aux énergies renouvelables, des choses comme ça. C’est un bilan finalement assez gris par rapport aux promesses.

Aujourd’hui, Notre-Dame-des-Landes représente une nouvelle lutte des écologistes en Bretagne. Vous avez pensé en faire une BD ?

Non, peut-être dans trente ans, on verra, pour l’instant déjà je ne connais pas très bien le sujet, je sais qu’il y a des parallèles de faits, mais qui ne sont pas évidents non plus. Et puis, il y a un collectif qui a sorti une BD sur Notre-Dame-des-Landes aussi.

Il n’est jamais question de Radio Plogoff dans votre BD. Pourquoi ?

Oui c’est vrai. Non, malheureusement. J’ai quelques regrets de gens que j’ai vite fait mentionné, mais qui avaient une part plus importante que celle que je leur ai laissée dans le bouquin et la radio en fait partie. J’ai eu assez peu d’infos a priori sur ce sujet et du coup je n’en ai pas cherché davantage. J’avais beaucoup beaucoup de choses et c’est passé à côté. Comme Jean Kergrist, le “clown atomique”, ça fait partie des personnages forts de l’histoire que j’ai à peine montré. J’espère qu’ils ne m’en voudront pas trop !

Sur Radio Plogoff, j’ai trouvé très peu d’infos dans les livres. Et puis les gens qui m’ont parlé de Plogoff ne m’ont pas trop parlé de la radio, sauf à dire qu’il y avait une radio. Je ne sais pas qui l’animaient, je ne sais pas combien de temps par jour, par semaine, je n’en sais rien du tout.

Votre prochain projet de BD, il a un rapport avec l’actualité, les luttes…

On a tout le temps plein de projets avec Alexis, mais celui qui, a priori, se fera le plus facilement c’est aussi une forme de mobilisation et c’est aussi en Bretagne. Mais bon, pour l’instant je ne sais pas exactement sous quelle forme ni rien, donc je n’en parle pas tout de suite. Le premier livre qu’on avait fait (Lyz et ses cadavres exquis, NDLR) va être réédité par un autre éditeur et assorti de la suite et fin de l’histoire, donc en 2014 normalement le bouquin sortira, avec 100 pages supplémentaires.

Le couple sera en dédicace, à Lannion, le 25 mai, de 15 h à 18 h, à la librairie Gwalarn.

Plogoff, Delphine Le Lay et Alexis Horellou, Delcourt, mars 2013, 14,95 €.

Catégories
Écouter

Une semaine sur les ondes #0 – 25 mars

Beaucoup de vidéos dans cette première revue de web sur l’univers de la radio. Contradictoire ? On peut se poser la question, à l’heure où chaque station multiplie les captations filmées, les applications web et qu’un film s’apprête à sortir en salles, donnant à voir des voix, celles de Radio France. L’expérience radiophonique évolue en permanence et heureusement, certains prennent pour nous le temps de la décrypter. C’est une semaine sur les ondes, une semaine sur les réseaux.

À la une

Le web ouvre de nouvelles perspectives aux “vieux médias” et la radio n’est pas en reste. Radio France continue d’investir dans le numérique. Le groupe public, par l’intermédiaire du Mouv’, est à l’initiative de “Co³, la science dans ton chez toi”, une pastille lancée jeudi 28 mars, à 18h42 précises. Chaque semaine, trois colocataires, Dorothée, Swan et Axel, vont répondre à une question scientifique ayant trait à la vie quotidienne, dans la toute nouvelle émission Pop Corn. Le genre d’initiative qui pourra, peut-être, remettre la station sur les bons rails.

L’expérience se poursuit sur un site, construit tel un webdocu, mais où l’audio remplace la vidéo. Des lecteurs sont disséminés dans plusieurs pages, lesquelles représentent les pièces de la colocation. C’est beau et intuitif. Dorothée, Swan et Axel, colocs’ et journalistes scientifiques dans le civil, possèdent chacun un compte Twitter.

 

Hot news

Dans le reste de l’actualité radio, il y a peut-être le bout du tunnel pour Bretagne 5. Le CSA organise bientôt une consultation publique en vue de lancer un appel à candidatures en ondes moyennes, à Paris, Bayonne et Saint-Gouéno (Côtes-d’Armor). Bretagne 5 est pour l’heure une association qui dispose de tout le matériel pour émettre en AM sur une partie de la Bretagne, des studios à l’antenne située à Saint-Gouéno. Il ne lui manque qu’une fréquence. La consultation prendra fin le 30 avril. Et si la AM faisait son revival ?

Et quand je vous dis que les passionnés de Bretagne 5 ne font pas les choses à moitié…

 

La radio, c’est aussi de l’éco, et de ce point de vue, les nouvelles ne sont pas trop mauvaises compte tenu de la sinistrose ambiante. Les recettes brutes de la radio baissent de 1,3 % au mois de février. Sans transition, Denis Olivennes, président de Lagardère Active, a accordé une interview au Figaro.fr. Il en a profité pour démentir toute vente de Virgin Radio à NRJ. La station, qui affiche désormais son positionnement pop, vient de lancer une campagne de communication mettant l’accent sur sa playlist, davantage que sur ses animateurs. Il faut dire que Cyril Hanouna n’est pas certain de rempiler en septembre.

 

Loin de toutes ces considérations, les élèves du lycée Suger, à Saint-denis, ont hébergée, lundi, dans leur MDL (Maison des lycéens), un studio de France Info. Plus qu’un simple atelier, le 10-12 d’Agnès Soubiran y était carrément délocalisé, dans le cadre de la Semaine de la presse et des médias à l’école.

La vidéo réalisée à cette occasion est tournée par les élèves de la section audiovisuelle.

Avant-goût

La sortie en salles de “La Maison de la radio”, le film de Nicolas Philibert, est imminente. Si vous avez raté les avant-premières à Brest et Berlin, il se pourrait bien que les nouveaux extraits diffusés par “Les films du losange” vous intéressent. Vous pousserez peut-être même plus loin en consultant l’interview du réalisateur sur Rue89. Nous en parlerons plus longuement dans quelques jours.

Temps long

Si Nicolas Philibert a pris le temps de filmer les voix, les auteurs du blog Syntone prennent quant à eux le temps d’écouter la radio changer. Le numérique – on y revient – modifie notre façon de consommer la radio, et ce n’est pas sans interroger la façon dont on doit la produire. Quatre billets sont programmés, le premier est paru jeudi et il ne faut pas le rater.

 

Dans le rétro

On termine cette revue du web par un petit saut dans le temps. Ce n’est pas vieux, février 2011, mais depuis, quelque chose a changé. Baffie n’est plus à la radio. “Howcast, le nectar de la bande FM” propose d’écouter un medley de deux émissions au ton… baffiesque, dans lequelle on entend (et c’est rare) Denis Olivennes. Et la boucle est bouclée.

Bonne semaine et n’oubliez pas, restez à l’écoute !

Le flux radio


Catégories
Voir

“C’est plus facile de tourner au Japon qu’en Suisse”

L’ignorance pousse souvent à la bêtise, parfois à la tolérance. C’est la seconde issue, bien plus optimiste, que développe la Suisse Maria Nicollier, habituée des documentaires, dans sa première fiction. Comment trois Japonais se méprennent sur le christianisme et font de l’âne un animal sacré au pays du soleil levant.

La comédie de la réalisatrice genevoise nous transporte loin des alpages, mais sous les cerisiers, dans un pays où Maria Nicollier a longtemps vécu et tourné des documentaires, notamment sur le mariage à la sauce occidentale en 2004. C’est d’ailleurs de nouveau un mélange des cultures, traité avec un regard tendre, qu’elle propose aux spectateurs. Nous l’avons rencontrée à l’issue de la projection de Chasse à l’âne – Roba Gari en japonais – en compétition européenne au festival du Film court de Brest vendredi 16 novembre.

Sylvain Ernault – Votre comédie raconte l’histoire de trois Japonais qui cherchent à manger de l’âne sur leur île. D’où vient ce scénario loufoque ?

J’ai eu l’idée du scénario en Roumanie, parce que j’ai été voir un ami roumain et effectivement il voulait manger de l’âne, de la viande d’âne. Ils sont allés chercher un âne, qui s’appelait Igor, mais finalement ils n’ont jamais osé le tuer, même si c’étaient des chasseurs. Donc finalement le scénario vient d’une histoire véritable, mais je l’ai transposée au Japon, pour la simple raison que les Japonais n’ont rien de chrétien et j’avais envie qu’ils aient un regard sur nous. Je trouvais marrant d’utiliser l’âne, qui est dans la crèche de Jésus. Alors après comment est venue cette association d’idées ? C’est un peu difficile de vous dire pourquoi et comment , mais le fait est que j’ai vécu quand même pas mal d’années au Japon et que je parle japonais, donc c’est aussi une source d’inspiration et mon lieu de tournage de prédilection.

C’est la première fiction que vous avez tourné. Avant vous aviez réalisé des documentaires au Japon ?

J’ai tourné des documentaires, des reportages, des news… J’ai tourné beaucoup de choses au Japon, mais jamais de fiction, c’est ma première fiction et pour moi ça allait de soi que j’allais la tourner au Japon en fait. Je pense que c’est plus facile de tourner au Japon qu’en Suisse, parce que déjà les acteurs sont tellement friands de tourner à un niveau international et j’ai pu faire un casting extraordinaire, c’est à dire j’ai vu à peu près 200 acteurs pendant une semaine, un très bon cru. Alors qu’en Suisse ça aurait été beaucoup plus difficile d’avoir les meilleurs acteurs pour un court métrage.

…pour un court-métrage, qui reste un genre qui est peut-être un genre mineur en Suisse et au Japon. D’ailleurs comment on perçoit le film court au Japon ?

C’est aussi un genre mineur je pense, c’est aussi très difficile d’avoir l’argent pour un court. Mais je pense que si les acteurs se sont intéressés à mon film, c’est avant tout parce qu’il était international et que pour une fois ils pouvaient tourner avec des étrangers et que la réalisatrice parlait japonais, donc ça leur permettait de faire ça parce que la plupart des acteurs ne parlent pas anglais. Mais c’est aussi un genre mineur et très difficile à défendre au Japon.

“J’ai beau avoir vécu au Japon, je ne comprends pas toujours les Japonais”

Et d’ailleurs mon film je savais que soit il allait bien fonctionner en Europe et dans le reste du monde, soit au Japon. Bon, soit pas du tout, hein, ça aurait été une autre option (sourire). Et effectivement il fonctionne très bien en Europe et aux États-Unis, mais très très mal au Japon. Alors voilà, maintenant vous dire pourquoi, comment ? Comme quoi j’ai beau avoir vécu au Japon, je ne comprends pas toujours les Japonais.

Célia Caradec – Dans le film on voit un Français un peu tourné en dérision, est-ce que c’est quelque chose que vous avez pu ressentir là-bas, des a priori sur les Européens, sur les Français ?

Oui, alors c’est vraiment par rapport à mon vécu, c’est plus les étrangers qui veulent être plus japonais que japonais. Et en fait je me moque plus des étrangers qui vivent là-bas, et je trouve que les Japonais, mes protagonistes, ont bien raison de rire de lui. C’est ces étrangers qui se disent tout d’un coup maître de thé ou vivent vraiment à la japonaise, d’une façon que les Japonais ne connaissent plus. Le Japonais moderne ne vit plus vraiment sur des tatamis à genoux et à se courber à peu près toutes les vingt secondes, à part dans des milieux très très traditionnels, donc là je ris un peu de mon vécu effectivement et des étrangers qui vont jusqu’à se brider les yeux.

SE : Connaissiez-vous la région dans laquelle le film a été tourné avant d’y tourner Chasse à l’âne ?

Je ne connaissais pas du tout cette partie du Japon avant, qui est dans la préfecture de Nagano, là où ont été tournés des Jeux Olympiques (en 1998, NDLR), c’est à dire au nord de l’île principale (Honshū, NDLR), mais c’est le seul endroit où j’ai trouvé un âne, parce que tous les autres ânes étaient dans des zoos et pour les Japonais c’était hors de question de sortir leur âne du zoo et j’allais pas tourner le film dans un zoo, donc c’est le seul endroit où j’ai trouvé un âne et un propriétaire qui était prêt à me prêter, enfin plutôt à me louer son âne.

Et lui qu’est-ce qu’il faisait avec son âne ? Il lui faisait brouter l’herbe aussi ?

Oui oui, il adorait son âne et c’est vrai c’est une bonne question parce qu’il n’y a tellement pas d’âne au Japon que c’était vraiment quelqu’un de très original finalement. Pourquoi il avait un âne ? Je ne sais toujours pas, mais il l’aimait beaucoup et il en prenait bien soin et on avait besoin de lui pendant le tournage parce que l’âne sans lui ne voulait rien faire.

Chasse à l'âne, Maria Nicollier. Crédits Rec Production
Shohei Sekimoto, Yuki Okamoto et Shoichiro Akaboshi, les trois acteurs principaux du film, préférés au Japon à 200 autres candidats. Crédits Rec Production

C’était un Japonais lui, pas un Français ni un Européen ?

Non, non, alors toute la régie et une grosse partie de l’équipe c’étaient des Japonais. Mais toute l’équipe technique je l’ai prise de Suisse, c’étaient des Suisses, notamment parce que j’ai eu des fonds de soutien de l’État suisse. C’est donc évident qu’il faut des salaires suisses. Donc j’ai pris une grosse équipe avec moi, on était sept à prendre l’avion, ce qui était quand même un coût considérable.

Parlons justement d’économie, par rapport à votre parcours d’ex-documentariste, est-ce que c’est plus difficile de financer un documentaire ou une fiction ?

Une fiction est quand même beaucoup plus chère, c’est ça qui est plus difficile. Même un court métrage de fiction m’a coûté beaucoup plus cher qu’un documentaire de 83 minutes. Donc c’est évident que c’est une contrainte énorme de trouver l’argent pour une fiction c’est beaucoup beaucoup plus difficile et je pense que c’est pour ça que j’ai mis aussi longtemps à faire le pas et à passer dans la fiction.

“Même un court métrage de fiction m’a coûté beaucoup plus cher qu’un documentaire de 83 minutes”

C’est beaucoup plus cher déjà, pour la simple raison qu’il faut des acteurs et qu’il faut les payer et puis ensuite il faut une équipe technique beaucoup plus conséquente. Un documentaire on peut presque se permettre suivant le genre de partir caméra à l’épaule, une fiction non.

Et en Suisse quelle sont les aides ?

Alors en Suisse, il y a une aide étatique culturelle, qui est assez importante, qui reste difficile à obtenir, comme chez vous en France. Ensuite il y a différentes aides je dirais régionales, comme chez vous aussi. Après il y a des aides automatiques, si vous obtenez les autres aides. Donc en fait c’est un peu “celui qui commence à avoir de l’argent a toujours plus d’argent, celui qui n’a pas d’argent au départ n’a pas d’argent du tout”, donc c’est un peu quitte ou double. Et pour ce film j’ai tout de suite eu l’aide étatique, ce qui fait que d’autres fonds ont découlé et j’ai réussi assez facilement à boucler mon budget, mais ça m’a pris un an quand même.

Entre le début de l’écriture et le tournage, c’est ça un an ?

Ah non là c’est deux ans.

Chasse à l'âne, Maria Nicollier. Crédits Rec Production
Les trois amis chasseurs japonais face à l’objet de leurs fantasmes gustatifs, l’un des seuls ânes du Japon. Crédits Rec Production

CC – Quel est votre ressenti par rapport à ce festival du Film court, où vous venez pour la première fois ?

Ce que j’aime bien avec Brest par rapport aux autres festivals que j’ai fait aussi avec ce film-là, c’est que c’est très tourné vers le public et il y a vraiment des salles importantes pour un public important et visiblement ils font une très bonne publicité, parce qu’il y a du monde et c’est toujours très agréable de voir des salles pleines, donc pour ça c’est vraiment génial. Ensuite, on est très bien accueillis. Souvent j’ai été prise dans des festivals de court et de long. Donc le court, malgré tout, est un peu en seconde zone et être pris dans un festival où ce sont que des courts, c’est assez agréable parce qu’on est un peu plus mis en valeur je dirais.

J’imagine que vous êtes attentive aux réactions des spectateurs ? Comment vous l’avez vécu ?

L’angoisse c’était la première en public. Parce que finalement, il y a des moments comiques dans mon film, mais est-ce que les gens vont rire à ces moments-là, est-ce qu’ils ont compris mon humour ? Et c’est la grande angoisse des comédies. Et finalement les gens rient vraiment au moment voulu et ça c’est un immense plaisir et puis après il y a un effet de salle. Parfois les gens réagissent beaucoup moins, parfois beaucoup plus. Cette dernière projection je l’ai trouvée assez bonne, les gens réagissaient pas mal, n’étaient pas trop timides de rire. Et puis après il y a les surprises, où tout d’un coup les gens rient à des moments où vous ne pensiez pas que c’était drôle (rires) donc ça c’est toujours assez amusant.

“Les gens réagissaient pas mal, n’étaient pas trop timides de rire.”

SE – Vous avez d’autres projets de fiction et si oui est-ce que ce sera dans la comédie ?

Ce sera surement une comédie, parce que je crois que je ne serais pas capable de faire autre chose. Et j’espère un long métrage bien sûr, vu que j’ai quarante ans, faut que je me dépêche, pour les fonds, parce que plus on est vieux, plus c’est difficile de trouver des fonds ! (rires)

+ En bonus pour les cinéphiles, le directeur de la photographie du film livre ses secrets techniques du tournage de la scène de la cérémonie du thé.

Trailer de Chasse à l’âne

Chasse à l’âne, Maria Nicollier, avec Shohei Sekimoto, Yuki Okamoto, Shoichiro Akaboshi, 15 minutes, Suisse-Japon, Rec Production, 2011.

Quitter la version mobile