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Ils y ont laissé leur santé, deux ouvriers en guerre contre l’agro-industrie

Pascal Brigant a rendez-vous aux prud’hommes de Guingamp le 28 février 2019. Claude Le Guyader s’apprête à lancer une procédure pour « faute inexcusable » contre Nutréa-Triskalia. La suite d’un marathon judiciaire pour ces deux anciens salariés du site de stockage des céréales de Plouisy (Côtes-d’Armor), atteints d’hypersensibilité aux produits chimiques multiples et licenciés pour inaptitude à leur poste.

En 2009, l’un travaille dans un bureau accolé au poste de fabrication d’aliments du bétail, l’autre charge les céréales puis les transporte en camion dans les fermes. Leur santé se dégrade rapidement, comme celles de Laurent Guillou et Stéphane Rouxel, deux collègues chargés de réceptionner les céréales amenées depuis les silos.

Quelques mois plus tôt, la direction a décidé de couper la ventilation pour faire des économies. Très vite, la température grimpe et permet aux charançons et aux vers de farine de proliférer, au point de dégager une odeur pestilentielle.

Pour sauver les 20.000 tonnes de céréales, Triskalia décide au printemps 2009 d’asperger du Nuvan Total, un insecticide interdit depuis déjà deux ans. Malgré les premières alertes, le même scénario se reproduit l’année suivante. Les céréales sont cette fois traitées avec du Nuvagrain, avant d’être acheminées dans des exploitations où, ingurgitées par les bêtes, elles intègrent la chaîne alimentaire.

Le combat de leur vie

Mécontents vis-à-vis de la CFDT, qu’ils accusent d’être un « syndicat-maison », les ouvriers trouvent du soutien auprès de Serge Le Quéau, de l’Union syndicale Solidaires, à Saint-Brieuc. Laurent Guillou et Stéphane Rouxel réussissent à déposer plainte à la gendarmerie en mai 2010, ouvrant la procédure pénale.

Pascal Brigant, Claude Le Guyader, Laurent Guillou et Stéphane Rouxel empilent les dossiers de procédure depuis dix pour faire condamner la coopérative Nutréa-Triskalia, responsable de leur empoisonnement aux pesticides. Crédit Serge Le Quéau
Pascal Brigant, Claude Le Guyader, Laurent Guillou et Stéphane Rouxel empilent les dossiers de procédure depuis dix pour faire condamner la coopérative Nutréa-Triskalia, responsable de leur empoisonnement aux pesticides. Crédit Serge Le Quéau

Défendus par Me François Lafforgue, avocat spécialisé dans la défense des victimes d’accidents du travail et de maladies professionnelles, Laurent Guillou et Stéphane Rouxel obtiennent en 2014 la condamnation de Nutréa pour faute inexcusable devant le tribunal des affaires de sécurité sociale de Saint-Brieuc.

Entre-temps Pascal Brigant et Claude Le Guyader rejoignent le combat.

En septembre 2015, c’est la veuve de Gwénaël Le Goffic qui obtient la reconnaissance du suicide de son mari comme accident du travail, contre l’avis de la Mutuelle sociale agricole (MSA). Ce chauffeur s’est pendu dans un hangar du site de Plouisy avec une pièce de son camion. Lui-même avait été victime d’un accident lors du déchargement de sacs d’aliments médicamenteux destinés aux porcelets. Sa lettre d’adieu est écrite sur l’étiquette des produits qu’il suspectait de lui avoir brûlé les yeux.

Les victoires s’enchaînent et en septembre 2016, Laurent Guillou et Stéphane Rouxel obtiennent 100.000 € de dédommagements pour le préjudice subi. Une première pour une affaire d’hypersensibilité dans l’agroalimentaire. Leur licenciement est ensuite jugé « sans cause réelle et sérieuse pour manquement à l’obligation de sécurité et insuffisance de recherche de reclassement ». La coopérative leur doit près de 21.000 € chacun.

Claude Le Guyader obtient à son tour une reconnaissance de son hypersensibilité comme maladie professionnelle en mars 2018. Ce n’est pas le cas de Pascal Brigant, auquel une commission reproche l’absence d’une prise de sang.

Interrogés par Le Monde en 2016, les DRH de Nutréa et Triskalia, Frédéric Soudon et Nicolas Douillard, estiment que ce dossier les dépasse. « Certains veulent faire interdire les pesticides le plus vite possible et Triskalia sert de bouc émissaire. […] Nous menons aujourd’hui une politique de protection, de formation des salariés. Il y a vingt ans, les précautions à l’encontre des produits phytosanitaires n’existaient pas, témoigne Frédéric Soudon. Ce sont des produits dangereux, on ne va pas affirmer le contraire. »

Des victimes devenues sentinelles

Si ces affaires n’ont pas encore motivé les industriels à se passer des pesticides de synthèse, elles ont commencé à briser l’omerta dans le milieu agricole. Jusqu’ici dispersés, les opposants à l’agriculture intensive comme la Confédération paysanne, Attac, Solidaires et Eaux et Rivières de Bretagne se sont regroupés pour mener des actions.

Le combat pour les victimes des pesticides a réuni des associations et partis autour du syndicat Solidaires Bretagne, en pointe dans la dénonciation de ce scandale sanitaire. Crédit Serge Le Quéau
Le combat pour les victimes des pesticides a réuni des associations et partis autour du syndicat Solidaires Bretagne, en pointe dans la dénonciation de ce scandale sanitaire. Crédit Serge Le Quéau

Un colloque lors lequel s’est exprimé Laurent Guillou a poussé la sénatrice PS de la Charente, Nicole Bonnefoy, à organiser une mission sénatoriale. Son rapport intitulé « Les pesticides et leur impact sur la santé » rendu en 2012 conclut que « les protections contre les pesticides n’étaient pas à la hauteur des dangers et des risques ». Il débouche sur la loi Labbé, du nom du sénateur EELV du Morbihan, qui réduit l’usage des pesticides par les collectivités et les particuliers.

En 2018, des experts européens ainsi que le commissaire à la santé à Bruxelles, Vytenis Andriukaitis, ont rencontré des victimes des pesticides lors d’une enquête en Bretagne. La commission européenne avait accepté le dépôt d’une pétition portant sur le non respect des directives en matière de pesticides et sur les carences de l’Etat français en matière de contrôle.

L’institution, bien que lointaine, semble montrer plus d’égard envers les victimes des pesticides que la région Bretagne. Le président de cette dernière, le socialiste Loïg Chesnais-Girard, a confirmé en début d’année l’entrée de la collectivité au capital du groupe D’Aucy, dont la fusion annoncée avec Triskalia promet de créer un géant de l’industrie agricole.

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Lannion se lève contre l’antisémitisme

Rare moment de concorde républicaine à Lannion (Côtes-d’Armor), ce mardi 19 février. Plus de 250 citoyen·nes de diverses sensibilités politiques se sont réunis pour dire « stop » à l’antisémitisme devant le Carré Magique, la salle de spectacle trégorroise dont l’entrée débouche sur le parvis des droits de l’Homme. Reportage.

Un collectif d’organisations dont le PCF, Europe-écologie Les Verts, l’UDB, LREM ou les unions locales CFDT et CFTC sont à l’origine de cette manifestation, communiquée par voie de presse la veille au soir. Elle s’inscrit dans le cadre d’une journée nationale de mobilisation contre la haine des juifs, proposée par le Parti socialiste. C’est d’ailleurs le maire PS de Lannion, Paul Le Bihan, qui s’exprime le premier.

Dans l’assistance, quelques drapeaux de la France insoumise flottent près des pancartes antiracistes. Le maire divers droite de Perros-Guirec et d’autres élus sont venus sans leur écharpe. Le président de l’association France Palestine Solidarité Trégor, les responsables du collectif de soutien aux sans-papiers du Trégor ainsi que bon nombre de militants associatifs et syndicalistes de gauche se tiennent côte à côte. Deux d’entre-eux ont revêtu un gilet jaune.

Sur les marches de la salle de spectacle, Christian Madec lit au micro un texte coécrit par les initiateurs du rassemblement local, ponctué de citations d’Albert Einstein, Franz Fanon et Annah Arendt.

« Instaurer une formation continue sur l’histoire »

Le porte-parole énumère les récentes dégradations et violences à l’encontre des juifs qui justifient ces rassemblements. L’apparition d’un tag « Juden » sur la vitrine d’un restaurant Bagelstein ou de croix gammées sur le visage de Simone Veil, à Paris. La destruction des arbres plantés en hommage à Ilan Halimi, jeune homme assassiné par le gang des barbares. Ou encore les insultes proférées face à Alain Finkielkraut lors d’une manifestation de gilets jaunes dans la capitale.

« De façon plus générale, quand, en France depuis l’an 2000, nous avons une moyenne de 574 actes antisémites par an, comment pouvons-nous ne pas réagir ? » Christian Madec propose de renforcer l’enseignement de l’histoire à l’école. Il suggère aussi d’instaurer « une sorte de formation continue sur l’histoire et l’esprit civique », sous forme de conférences-débats, de films ou d’expositions.

Le militant LREM n’oublie pas le volet répressif, à l’heure où le gouvernement prépare une loi contre les propos haineux en ligne, qui froisse les défenseurs des libertés. « Il ne faudrait pas oublier d’intervenir sur Internet, sur les réseaux sociaux, de façon réaliste et respectueuse des droits humains », conclut-il.

Répondre à la bêtise par la solidarité

« J’ai écrit quelques mots en pensant à un monsieur, à un médecin, à un résistant, mort à Auschwitz parce qu’étoilé comme juif. Le grand-père de ma femme. » Gilles Jucla lance ensuite un poignant cri du cœur contre « la brutalité, le mensonge, l’ignorance, la bêtise, la sauvagerie ».

Se tournant vers l’avenir, il appelle l’assemblée – plutôt grisonnante -, à « écouter la sagesse de nos enfants, qui veulent sauver notre planète ». Connu pour son engagement syndical chez Solidaires et sa défense des mal-logés, Gilles Jucla ne ne prive pas de dénoncer la pénalisation de la solidarité, quand des citoyens secourant des demandeurs d’asile sont assimilés à des passeurs. « À nous pour ne pas nous laisser ensevelir, de lever haut la fraternité, de déployer la solidarité, d’accueillir sans frontière, sans mur, sans haine. »

Après de courts applaudissements, la petite foule se tait pendant de longues secondes. Personne n’ose rompre le silence. C’est en cette période de tumulte un court moment d’unité.

Des actes et des paroles antisémites en Bretagne

Même si la Bretagne apparaît relativement épargnée par l’antisémitisme, ses manifestations existent. Des tags nazis ont par exemple été découverts en 2016 sur une usine désaffectée à Cavan. Des œuvres sur la Seconde Guerre mondiale, la Shoah et la Résistance ont été vandalisés dans la médiathèque de Lannion, à plusieurs reprises, la même année. « Pardonnez-moi, je ne parviens même pas à jouer la révolte quand j’apprends par Ouest-France que même dans un coin paisible comme Lannion mes bouquins ou films se font défoncer parce qu’il y a “rabbin” dans le titre », s’était ému l’auteur de BD Joann Sfarr.

Plus récemment, ce sont les plaques de rue du Boulevard Simone-Veil qui ont été barbouillées à Dinan. Le maire Didier Lechien a porté plainte contre ces dégradations et la réception d’un courrier violemment antisémite à la mairie.

La Bretagne est aussi la région dont se revendique Boris Le Lay, un pamphlétaire antisémite âgé de 37 ans, qui sévit sur des sites hébergés à l’étranger. Lui-même condamné à plusieurs peines de prison ferme pour incitation à la haine raciale et contestation de crime contre l’humanité se cacherait au Japon. Quatre cents personnes ont manifesté à Rennes en 2018 contre l’extrême-droite et le fichage de militants de gauche solidaires des migrants, auquel se livre l’agitateur de la fachosphère.

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L’IUT de Lannion va-t-il cuire à l’étouffée ?

Hervé Chuberre est représentant du personnel (SNPREES-FO) à l’IUT de Lannion. Professeur de physique à l’Enssat, il nous explique les raisons de l’entretien sollicité auprès de la sous-préfète, Christine Royer, et du rassemblement organisé simultanément sous ses fenêtres, le jeudi 25 octobre 2018.

L’avenir de l’Institut universitaire de technologie trégorrois s’écrit en pointillés. L’établissement public fait les frais d’une politique austéritaire qui devrait s’amplifier. Rennes 1, dont il dépend, a été placé sous tutelle du rectorat, et donc du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche dirigé par Frédérique Vidal, à cause d’un déficit atteignant 2,8 millions d’euros cette année.

Un plan social à Rennes 1

Ce jeudi, le conseil d’administration de l’université a validé le plan de retour à l’équilibre présenté par son président David Alis. Il prévoit la suppression de 120 postes, dont 28 enseignants-chercheurs, sur un total de 3.300 personnels, d’ici la rentrée 2021. La masse salariale représente 213 millions d’euros sur un budget de 283 millions.

Yann Le Page, secrétaire de la CGT-Ferc, calcule même que 274 postes seront économisés, grâce au non renouvellement de contractuels.

« Cette amputation fait suite au plan de 100 suppressions de postes en cours depuis 2016 » et s’ajoute « à la baisse de 25 % sur les cinq dernières années des crédits affectés par l’université aux formations et laboratoires de recherche, et prévoit une baisse supplémentaire de 15 % alors que, sur la même période, le nombre d’étudiants ne cesse d’augmenter (+ 12 %) », renseigne l’intersyndicale, qui organisait également un rassemblement dans la capitale bretonne.

Dans une interview accordée à Ouest-France, David Alis demande un soutien financier du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche pour payer les fonctionnaires et rénover le parc immobilier de l’université.

Menace sur le DUT journalisme

Les conséquences se feront particulièrement sentir à Lannion. Selon la trajectoire dessinée par le PREQ, en septembre 2019 et par comparaison avec la rentrée 2015, l’IUT aura perdu 13 % de ses personnels. Dans le même temps, les dotations versées par l’université auront baissé de près de 50 %.

Six postes d’enseignants-chercheurs sur 70 pourraient disparaître en 2019 (8,6 % de l’effectif), plus trois postes non-enseignants sur 36 (8,3 %).

Certaines filières sont déjà fragilisées. Le département information-communication a perdu trois maîtres de conférence en quelques années, d’abord gelés, puis supprimés. Il pourrait encore voir partir trois contractuels et un professeur d’anglais.

Le DUT journalisme vient pourtant d’être confirmé comme l’une des quatorze formations nationales reconnues par la CPNEJ, au même titre que l’ESJ Lille, le Celsa ou le Cuej. Avec Cannes, Lannion est la seule école à recruter des étudiants en journalisme au niveau bac. Un choix revendiqué par les enseignants, qui y voient une manière d’apporter de la diversité dans une profession où la reproduction sociale joue à plein.

Département de sciences sociales isolé dans une université qui se tourne de plus en plus vers les sciences dites dures. Campus situé dans une petite ville éloignée des lieux de pouvoir dans un contexte de métropolisation. Le particularisme lannionnais semble aujourd’hui en grand danger, à cause du tarissement de ses ressources.

L’Enssat, l’école d’ingénieurs de Lannion qui dépend de Rennes 1, est également concernée. C’est pourquoi la prochaine assemblée générale sera commune aux deux établissements, après les vacances de la Toussaint. Encouragés par la sous-préfète, la délégation compte élargir sa recherche de soutiens locaux en contactant les industriels locaux, tels que Nokia ou Orange.

Disclaimer
L’auteur a étudié pendant trois ans le journalisme à l’IUT de Lannion. Il y intervient aujourd’hui comme vacataire d’enseignement.

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Des « Gaulois·es réfactaires » répondent à Macron dans la rue

Une lettre déposée à la permanente du député LREM Eric Bothorel, une autre à la sous-préfecture de Lannion. La mobilisation contre la politique socio-économique d’Emmanuel Macron prend encore la forme du dialogue social, dans ce coin de Bretagne. Pourtant, personne ne se faisait guère d’illusion sur l’orientation du futur gouvernement Philippe III, lors de la manifestation qui a rassemblé 600 à 700 trégorrois·es ce mardi 9 octobre 2018.

Un an après l’adoption des ordonnances Travail, dérégulant un peu plus le marché de l’emploi, la CGT, FSU, FO et Solidaires ont retrouvé le chemin de la rue. Sans attirer la foule des grands jours, mais sans donner l’image de syndicats abandonnés. Le cortège reprend des couleurs. L’affaire Benalla est passée par là et surtout la hausse de la CSG ou l’échec de Parcousup.

Interview de Gilbert Fegar (CGT énergie) contre la privatisation de l’énergie

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La maternité de Guingamp va-t-elle crever ?

Le Comité de défense de l’hôpital de Guingamp a pris place dans le cortège intersyndical qui a rassemblé 600 fonctionnaires le long des quais, à Lannion, le mardi 22 mai 2018. Le même jour, l’Agence régionale de Santé (ARS Bretagne) a annoncé la fermeture de la maternité de Guingamp pour fin janvier 2019.

Dix ans après le combat des Carhaisiennes et Carhaisiens pour sauver leur maternité, c’est au tour de la population guingampaise de se mobiliser. Les craintes exprimées par le personnel du centre hospitalier depuis plusieurs mois se sont concrétisées le jour même de la mobilisation nationale pour les services publics avec l’annonce de l’ARS, consécutive à l’avis négatif exprimé la veille par une commission chargée d’évaluer la pérennité du service.

Pour l’ARS, le territoire de santé « connaît une baisse significative de ses naissances » (moins 24 % sur cinq ans). Cette évolution était « devenue nécessaire au vu des enjeux de sécurité des prises en charge et des caractéristiques démographiques du territoire […] Faute de renforts suffisants […] et de recrutement pérennes [en pédiatrie et anesthésie] la couverture médicale du service sur ces deux spécialités reste fragile ».

Un centre de périnatalité sera créé, mais « à compter du 1er février 2019, les accouchements seront pris en charge dans les maternités environnantes. »

Le nombre de maternité ne cesse de diminuer en France, pour des raisons essentiellement budgétaires. En 2016, sept établissements ont fermé, dont six privés. On en comptait 491 en France métropolitaine à la fin de cette année.

Thierry Pérennes, figure de l’Union locale CGT de Guingamp et par ailleurs candidat du NPA aux législatives dans la quatrième circonscription des Côtes-d’Armor, communique avec le comité de défense de la maternité de Carhaix pour obtenir des conseils juridiques.

Unité pour la mater’, le 26 mai dans la rue

Conscient que la lutte se jouera surtout dans la rue, il regrette l’initiative unilatérale de cinq élus PS, dont l’ex-députée maire de Guingamp et présidente du conseil de surveillance de l’hôpital. Dans un communiqué transmis la veille à la presse, ils ont convoqué une manifestation le samedi 26 mai sans avoir contacté le comité guingampais. Ce dernier prendra néanmoins part à l’action, aux côtés du comité de soutien de l’hôpital de Paimpol, des syndicats CGT et CFDT de l’hôpital, de LFI, du NPA, de l’UBD, et bien sûr des usagères et usagers.

La « marée populaire » contre la politique jugée antisociale du gouvernement est appelée le même jour par un collectif national d’une cinquantaine d’associations, de partis et de syndicats, dont la CGT. Un défilé est prévu à Saint-Brieuc.

Parmi les autres corps de métiers de la fonction publique représentants ce mardi 22 mai à Lannion, quelques pompiers craquent des fumigènes. François Ollivier dénonce la réduction des effectifs. Le périmètre des missions est revu à la baisse, sans que d’autres agents ne prennent le relais, notamment pour intervenir dans le Ehpad.

Pire, le risque de passer à côté d’un appel d’urgence vitale grandit. Quelques jours après la mort de Naomie Musenga, moquée par une opératrice du Samu, le délégué syndical CGT du Sdis 22 estime que la plateforme commune au 18 et au 112 dans les Côtes-d’Armor a pu connaître une situation similaire faute de moyens.

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Yann Guéguen mène la grève à Lannion Trégor Communauté

Environ 150 agents de Lannion Trégor Communauté ont manifesté du siège de l’agglo vers le centre-ville, le jeudi 17 mai 2018. La grève contre la hausse du temps de travail et l’instauration d’une prime au mérite a commencé le mardi 15 mai, à l’appel de l’intersyndicale CGT-CFDT.

Qu’ils travaillent dans les déchetteries, les piscines, les services administratifs, à l’aquarium de Trégastel ou au volant d’un bus, les fonctionnaires territoriaux s’estiment lésés par l’harmonisation du volume de travail annuel à 1.607 heures, soit 35 heures par semaine, par la déduction de jours de congés. Ils jugent que le travail n’est pas récompensé, alors que les fusions rapides et successives entraînent des réorganisations dans les services.

Selon Yann Guéguen, professeur à l’école de musique du Trégor, représentant CGT et candidat LO aux législatives, les salariés de Lannion Trégor Communauté ne comptent par leurs heures. La suppression de congés permettrait surtout selon lui à l’agglo de se passer d’agents contractuels. L’assemblée générale propose de travailler un quartd’heure de plus par jour pour arriver au seuil recommandé par la Cour régionale des comptes.

Autre pierre d’achoppement, l’intégration d’une part variable dans la rémunération, basée sur l’évaluation des agents. Les grévistes dénoncent une mesure budgétaire qui risque de mettre en concurrence les agents et de dégrader l’ambiance de travail. Tout en facilitant le copinage, quand les critères sont difficilement quantifiables.

Après deux réunions de négociations, mardi puis mercredi, la délégation de grévistes ne note pas d’avancée de la part du président de Lannion Trégor Communauté. La direction de LTC renvoie à des négociations le 29 mai. Le mouvement se poursuivra ce vendredi 18 mai et pourrait durer, au moins, jusqu’au 22 mai, journée nationale de grève dans les trois fonctions publiques.

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Lannion : « Carnaval es arribat »

Une dizaine d’organisatrices et organisateurs de l’Agora des luttes du 10 mars ont battu le rappel dans les rues de Lannion, le jeudi 8 mars 2018, pendant le marché. Un carnaval populaire doit clore le rassemblement militant organisé place des Patriotes, devant l’ancienne bibliothèque des Ursulines.

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Intermarché, champ de bataille de la guerre des prix

Mercredi 7 février, des exploitants agricoles membres de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs des Côtes-d’Armor (JA 22) ont bloqué les accès du magasin Intermarché situé à Saint-Agathon, près de Guingamp. Avec une dizaine de tracteurs tirant des remorques, ils ont déversé divers déchets à partir de 10 h 30, environ.

Le directeur du magasin, Erik Soret, est venu discuter sur le parking avec des manifestants, dont Jean-Marc Lohier, leader de la FDSEA dans la canton de Plouaret et responsable départemental de la section lait au sein de son syndicat.

Répartition de la valeur et des marges

Les négociations commerciales annuelles, qui s’arrêtent le 28 février, ne satisfont pas les producteurs. Ils reprochent aux distributeurs ainsi qu’aux transformateurs de ne pas respecter les engagements pris lors des Etats généraux de l’alimentation organisées par le gouvernement. Notamment de limiter les promotions.

Si des mesures du projet de loi qui en découle les intéressent, ils demandent son application immédiates.

L’UFC Que Choisir estime que la hausse de 10 % du seuil de revente à perte inscrite dans la loi présentée en conseil des ministres coûtera 5 milliards d’euros, à la charge des consommateurs.

La manif’ proche de déraper

Les échanges tendus ont été interrompus par le conjoint d’une agricultrice, venu spécialement pour s’opposer aux manifestants. Il reproche aux membres de la FDSEA de ne pas l’avoir soutenu dans un conflit avec la coopérative Sodiaal, qui ramasse le lait, voire d’avoir précipité l’arrêt de sa production à Brélidy, près de Bégard. En colère contre le système productiviste, il estime que l’avenir se trouve dans les circuits courts et une montée en gamme.

La tension est encore montée d’un cran un peu plus tard, cette fois avec des salariés de l’enseigne, obligés de dégager à la main les ordures pour permettre la reprise de l’activité. Ce magasin avait déjà été ciblé le 26 janvier, par un raid nocturne. Intermarché, Leclerc, Géant et Carrefour sont dans la ligne de mire de la FDSEA depuis fin janvier, en particulier dans l’ouest des Côtes-d’Armor. Après quelques grillades, les agriculteurs se sont rendus à Carrefour, dans l’après-midi.

D’autres groupes ont mené des actions simultanées à Dinan, Châteaulin ou Vannes et ces « mercredis des négos » pourraient s’étendre à d’autres départements, en dehors de la Bretagne, dans les prochains jours.

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=XPO : le design au secours de l’égalité hommes-femmes

Noëllie Perrusset et Marine Le Razavet ont convaincu douze artistes suédois.es et français.es de leur prêter leurs œuvres sur le thème de l’égalité entre les sexes pour une exposition organisée à Lannion (22), dans l’espace municipal Sainte-Anne. Avec pour objectif d’interroger les visiteurs.

Les deux jeunes designeuses, originaires de Lyon et Lannion, sont parties à Stockholm, en Suède, entre mai et novembre 2017, profitant de leur césure après la fin de leurs études. Un pays que les jeunes femmes décrivent comme plus ouvert que la France sur les questions de genres.

Précédemment, à Göteborg, Marine Le Razavet avait réalisé dans le cadre de ses études le tabouret bancal FREDO, sur lequel on ne peut s’asseoir qu’en ayant les deux pieds posés au sol. Ainsi, les hommes et les femmes dont l’attitude diffère généralement en raison de la norme sociale, se retrouvent sur un pied d’égalité.

Le scandale des abus sexuels pratiqués par Harvey Weinstein à Hollywood et son onde de choc mondiale s’est déclaré en pleine préparation de l’exposition. L’artiste Jenny Edlund a justement rebondi sur les mots-clés #metoo et #balancetonporc, qui ont participé à la libération de la parole des victimes. Son oeuvre participative consiste à broder le nom de son agresseur sur du tissu.

Noëllie Perrusset et Marine Le Razavet n’en insistent pas moins sur la réciprocité de l’égalité hommes-femmes, en ce qui concerne les congés parentaux, notamment. Elles espèrent pouvoir présenter leur exposition à Lyon, Nantes et Stockholm.

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Dominique Lalanne, physicien nucléaire contre la bombe

Ni la France, ni les Etats-Unis, ni la Grande-Bretagne n’ont envoyé d’ambassadeur à Oslo, le 10 décembre, lors de la remise du prix Nobel de la paix à l’Ican, la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires. Un geste de défiance de ces puissances atomiques vis-à-vis du traité d’interdiction que ce collectif d’environ 500 ONG a réussi à faire adopter par l’Assemblée générale des Nations unies (Onu), par 122 pays sur 192, en juillet.

Dominique Lalanne représente l’Ican en France en tant qu’administrateur de l’association Abolition des armes nucléaires – Maison de vigilance. Nous avons rencontré ce physicien nucléaire du CNRS à la retraite lors de son passage à Lannion, le 13 décembre, au lendemain d’une conférence grand public organisée par Réseau « Sortir du nucléaire » Trégor.

Au lieu de préparer le démantèlement des armes nucléaires, les grandes puissances investissent des milliards pour renouveler leur arsenal. Pourtant, selon Dominique Lalanne, la dissuasion nucléaire ne fonctionne pas. En témoignerait l’incapacité de la communauté internationale d’empêcher la Corée du Nord de développer son programme nucléaire.

Le Quai d’Orsay tire des conclusions diamétralement opposées, jugeant ce traité « inadapté au contexte sécuritaire international, caractérisé par des tensions croissantes et la prolifération des armes de destruction massive, dont témoigne notamment la menace nucléaire nord-coréenne. »

Au lieu de protéger les populations, ces armes font peser une menace sur l’humanité toute entière, car si cette stratégie vient à rater n’importe où, la Terre pourrait sombrer dans un hiver nucléaire à cause des incendies causés par les bombes. Les terres deviendraient incultivables, entraînant une immense famine.

Le traité d’interdiction, de possession, de fabrication, d’utilisation et de menaces nucléaires voté cet été à l’Onu n’a pas de valeur contraignante sur les pays qui ne l’adoptent pas, mais il exerce une pression diplomatique sur eux. Par ailleurs, toutes les activités liées à l’armement nucléaire, notamment bancaires, étant interdites, l’Ican espère que cela perturbe les Etats dotés de la bombe. Il n’entrera en application qu’une fois ratifiée par cinquante pays.

Dominique Lalanne s’inquiète aussi pour le poids que fait peser le nucléaire civil sur les générations futures, du fait par exemple des déchets générés, impossibles à recycler. Entretien.

« La dissuasion nucléaire ne marche pas »

Votre militantisme pour le désarmement nucléaire est-il lié à vos anciennes activité de chercheur ?

Dominique Lalanne – Les physiciens nucléaires, mes collègues, ne sont pas plus motivés que l’opinion publique en général. Je me suis intéressé à la question parce que j’ai travaillé dans les années 1980 avec Solange Fernex et Théodore Monod qui ont dit que l’arme nucléaire était vraiment une arme d’abord immorale et qu’il fallait supprimer pour plein de raisons éthiques.

Mais je me suis intéressé à ça aussi parce qu’au niveau nucléaire, je pense qu’on a une réflexion générale à avoir sur ce qu’on lègue aux générations suivantes.

Léguer aux générations suivantes des déchets nucléaires, au niveau du nucléaire civile, c’est une première interrogation, laisser aux générations suivantes la possibilité de s’entre-tuer et de détruire l’humanité ça ça me semble absolument intolérable et je pense que notre message fort pour les générations suivantes c’est de dire aller essayer de trouver une situation de sécurité pour vos enfants, vos petits-enfants et les générations suivantes.

Vous êtes très critique vis-à-vis de la stratégie de dissuasion. Vous dites que si elle échoue, c’est la catastrophe totale.

Avec quelques centaines de bombes qui explosent sur les villes, d’abord les villes sont détruites, les réseaux téléphoniques, informatiques de communication, de distribution d’eau, d’électricité, tout ça c’est remis en cause.

Scénario de l’hiver nucléaire

Ce qui est plus grave, c’est que les fumées qui sont dégagées par les incendies dans les villes obscurcissent l’atmosphère, c’est ce qu’on appelle le scénario de l’hiver nucléaire et à ce moment-là, même quelques centaines de bombes qui dans un conflit local comme l’Inde et le Pakistan par exemple incendieraient des villes, à ce moment-là ça obscurcirait l’atmosphère sur tout l’hémisphère nord et on ne pourrait plus avoir de récolte agricole, en France par exemple, s’il y avait un conflit en Inde.

Le scénario de l’hiver nucléaire provoque la famine et la fin de l’humanité. Ceux qui ne meurent pas sous la bombe meurent de faim.

Partagez-vous le constat selon lequel nous sommes dans une période de « renucléarisation » d’un point de vue militaire, avec la Corée du Nord, le Quatar aussi ?

Absolument. Le Quatar n’en est pas encore là du point de vue des armes nucléaires, mais il a acheté un douzaine de bombardiers nucléaires à la France récemment.

Tous les pays qui ont des armes nucléaires ont des programmes de modernisation. En 2018, la France va voter au niveau parlementaire une loi de programmation pour construire des sous-marins, des missiles et des avions pour les années 2030-2040, pour renouveler tout notre arsenal nucléaire.

On est effectivement dans une étape de modernisation des armes nucléaires. Il y en a actuellement 15.000 en service, 2.000 en état d’alerte et il faut déjà penser aux générations suivantes pour prendre la relève des armes qui seront obsolètes dans les vingt prochaines années.

Quel est le dispositif nucléaire français ?

Ici vous avez des sous-marins, à côté d’ici, à l’Île Longue. En permanence il y a un sous-marin qui est en mer pour assurer l’état d’alerte, qui est prêt à envoyer 10.000 fois Hiroshima sur des villes. Ça c’est une permanence en mer. On a aussi des bombardiers qui sont plutôt sur la côte méditerranéenne, à Istres.

Donc on a en permanence ce qu’on appelle l’état d’alerte et si jamais nos « intérêts vitaux » – je cite là le vocabulaire officiel du ministère de la Défense –, si nos intérêts vitaux sont atteints nous engageons un frappe d’avertissement nucléaire pour convaincre un pays à ne pas continuer dans son attitude agressive.

Quelle scénario proposez-vous à la France pour abandonner la dissuasion nucléaire ?

Le scénario c’est celui du traité d’interdiction. Pour changer fondamentalement les choses, il faut repenser à la doctrine dissuasion. La dissuasion ne marche pas. Il y a plein d’exemples. L’Argentine a attaqué la Grande-Bretagne qui a des armes nucléaires, l’Egypte a attaqué Israël qui a des armes nucléaires.

On sait que la dissuasion ne marche pas car si jamais la dissuasion échoue, c’est la désintégration de tout le monde et celui qui agresse comme celui qui est agressé, tout le monde meurt à la fin.

Changement de mentalité plus qu’un changement militaire

On sait que ce n’est pas un scénario crédible donc ce qu’on propose c’est que les pays remettent en cause cette doctrine de dissuasion et qu’ensuite ils voient les uns avec les autres comment petit à petit éliminer tous les arsenaux et changer de doctrine, non plus de méfiance les uns par rapport aux autres, mais de confiance les uns par rapport aux autres.

C’est plus un changement de mentalité qui nous préoccupe, qu’un changement militaire. Après le changement militaire changera de façon inévitable.

La France n’a pas envoyé d’ambassadeur lors de la remise du prix Nobel de la paix, ce qui est inhabituel. Quel diriez-vous à la ministre des Armées (Florence parly) si elle était devant vous ?

Ça m’arrive de rencontrer aussi bien à l’Elysée les conseillers défense que au niveau du ministère des Affaires étrangères ou du ministère de la Défense, des Armées maintenant, ça a changé de nom.

Je leur dis qu’est-ce que vous pensez au fond pour la sécurité de la France. Est-ce que vous votre doctrine de dissuasion c’est la seule doctrine possible ou est-ce que vous imaginez qu’il n’y a pas un effet pervers : vous dites avoir trouvé la solution , mais imaginez qu’elle ne marche pas, est-ce que vous vous posez la question du plan B ? Si la dissuasion ne marche pas, avez-vous un plan B ?

Souvent, ce qu’ils me répondent et qui est très décevant pour moi, c’est qu’il n’y a pas de plan B. Et donc je me dis qu’il y a un effet pervers terrible de l’arme nucléaire, c’est qu’on a la solution, c’est une arme psychologique, on essaye de convaincre des ennemis de ne pas nous attaquer, mais s’ils ne sont pas convaincus on n’a pas de solution.

Pour moi l’absence de réflexion sur réellement les conflits qu’on peut avoir au XXIe siècle ça ça me semble très grave.

L’année se termine par la remise du prix Nobel de la paix à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (Ican), qui récompense l’action qui a permis d’aboutir au traité d’interdiction voté par l’Assemblée générale des Nations unies, en juillet. Un traité qui n’engage pas les pays détenteurs de la bombe, comme la France, la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis, qui ont d’ailleurs boudé la cérémonie à Oslo.

Il a été voté par 122 pays, contre un, les Pays-Bas. C’est un traité d’interdiction des armes nucléaires, d’interdiction de possession, de fabrication, d’utilisation, mais aussi d’interdiction de menaces.

C’est-à-dire que la théorie de la dissuasion nucléaire devient maintenant interdite internationalement. C’est une grande étape que l’on pourrait comparer à l’interdiction des armes chimiques et bactériologiques et c’est une étape qui va permettre d’imaginer maintenant un processus d’élimination puisque ces armes sont interdites.

Avant les armes étaient autorisées, donc c’était difficile d’imaginer que les pays qui en ont les éliminent. Maintenant qu’elles sont interdites, on peut discuter des processus d’élimination.

Les activités de financement ou d’aide au financement des armes nucléaires vont être interdites.

C’est un traité qui a une valeur diplomatique et une valeur symbolique on pourrait dire pour montrer qu’on franchit une étape dans les armes nucléaires. Mais c’est un traité qui va aussi avoir une valeur diplomatique, économique et industrielle parce qu’il interdit toute activité qui a un lien avec les armes nucléaires.

Les activités de fabrication de bombardiers et de sous-marins vont être interdites, les activités bancaires de financement ou d’aide au financement des armes nucléaires vont être interdites.

Pour des pays qui refusent de signer le traité, évidemment ils ne sont pas concernés, mais la plupart des industries, la plupart des banques travaillent au niveau international et donc ça va perturber un certain nombre de fonctionnements, qui sont liés ou mis en place par le nucléaire et donc ça va vraiment changer la situation internationale.

Combien d’années de travial pour aboutir à ce traité ?

Ican a commencé en 2007, donc c’est dix années de travail, pour faire du lobbying, faire du plaidoyer et faire des dossiers pour obtenir ce vote à l’ONU, qui est historique, d’un traité d’interdiction. Maintenant il est ouvert à signatures et quand il y aura cinquante pays qui l’auront signé et ratifié, il entrera en vigueur et donc deviendra une vraie loi internationale.

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Alain Stéphan alerte sur le Ceta

Aligner les normes sociales, économiques, sanitaires et environnementales pour faciliter le commerce entre pays est un principe clé du libéralisme autant qu’une évidence pour la plupart des gouvernements du monde, qui s’y emploient activement depuis les années 1990 sous l’égide de l’OMC.

Dans le viseur des nouveaux accords : les « barrières non tarifaires » comme les appellations géographiques protégées ou la protection de la vie privée.

L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada est entré partiellement en application le 21 septembre 2017, avant même sa ratification par les parlements nationaux. Ainsi, les barrières douanières ont été levées par le Ceta (Comprehensive Economic and Trade Agreement), mais la cour d’arbitrage, tribunal d’exception qui doit trancher les différends entre Etats et multinationales, doit attendre un peu. La France n’a pas publié de calendrier de ratification.

Les opposants au Ceta s’appuient notamment sur l’exemple de la compagnie américaine Lone Pine, dont le permis d’extraction de gaz de schiste au Québec a été révoqué en 2012 suite à un moratoire canadien. La multinationale réclame 150 M$ canadiens aux pouvoirs publics, en s’appuyant sur l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena).

Selon une étude du chercheur Scott Sinclair du Centre canadien de politiques alternatives cité par Le Devoir, le Canada a été poursuivi à 39 reprises par des entreprises étrangères, pour 60 % concernant des règles environnementales.

Comme l’Alena, le Ceta ou encore le Tafta (Union européenne – Etats-Unis) risque de remettre en cause le principe de précaution.

Le samedi 18 novembre, Attac France (Officiel) organisait une journée d’actions pour demander un référendum au gouvernement français sur la ratification du Ceta. Des militants ont fait signer une pétition à Guingamp, dont Alain Stéphan, membre du collectif Stop Tafta-Ceta-Tisa Trégor, basé à Lannion.

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Fabrice Nicolino témoigne contre les pesticides

Dans « Pesticides : Révélations sur un scandale français », paru en 2007, Fabrice Nicolino, journaliste pour Charlie Hebdo, revenait sur l’exploitation des découvertes chimiques de la Seconde Guerre mondiale par l’agriculture intensive.

Plus de cinquante ans après les révélations de la scientifique américaine Rachel Carson, les dangers des pesticides pour la santé n’empêchent pas leur utilisation massive, en particulier en Bretagne.

Le 20 octobre dernier, Fabrice Nicolino témoignait au tribunal de Guingamp (22) en faveur de sept « faucheurs », poursuivis pour avoir dégradé des produits à base de glyphosate (dont le Roundup de Monsanto) dans des jardineries des Côtes-d’Armor.

« Depuis 1962, on sait que les pesticides sont dangereux »

« Au point de départ, après la Seconde Guerre mondiale où il fallait nourrir la France – il y avait des tickets de rationnement jusqu’en 1949 -, l’agriculture était ruinée. La découverte de molécules chimiques qui paraissaient miraculeuses comme le DTT a entraîné un véritable enthousiasme dans les milieux agricoles, dans les milieux de recherche, l’Inra venait de naître.

Pendant une quinzaine d’années ça a été la « belle vie » si j’ose dire. Ces molécules nouvelles ou redécouvertes sur fond de guerre mondiale ont permis à l’agriculture de se débarrasser de beaucoup de ravageurs des récoltes, donc ça paraissait être formidable, jusqu’au moment où en 1962, une Américaine, Rachel Carson, océanologue, grande vulgarisatrice, écrit un livre sensationnel qui s’appelle « Printemps silencieux », dans lequel elle révèle que les pesticides, le DDT au premier chef, sont des poisons terribles pour tous les organismes vivants : les oiseaux, mais aussi les hommes.

Entreprise de désinformation

Le livre de Rachel Carson, marque le commencement d’une période de très mauvaise foi, où l’industrie chimique devenue puissante, qui a beaucoup d’intérêts commerciaux à défendre se lance dans des entreprises de désinformation pour tromper l’opinion pour essayer de lui faire croire que les pesticides ne sont pas dangereux.

On peut dire que depuis 1962, on sait que les pesticides sont dangereux pour la santé, mais l’industrie chimique, qui a des moyens collossaux, dont le chiffre d’affaires souvent dépasse celui d’Etat de la planète, l’industrie chimique, celle des pesticides, essaye de cacher par tous les moyens la vérité simple, scientifique sur la dangerosité des pesticides. »

Complément

La présidente du tribunal correctionnel de Saint-Brieuc a décidé de saisir la Cour de justice de l’Union européenne avant de se prononcer sur d’éventuelles sanctions contre les militants anti-glyphosate jugés à Guingamp. Elle a donc accepté les cinq questions préjudicielles posées par l’avocat des accusés, à la grande satisfaction de ceux-ci, et n’a pas rendu de délibéré le 15 décembre.

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